Pierre Mondy (1925-2012) : l’un des derniers anciens combattants de la comédie française s’éteint

Posté par vincy, le 15 septembre 2012

Pierre Mondy est décédé à l'âge de 87 ans. Porte-drapeau de la comédie française, dans ses aspects les plus caricaturaux parfois, il avait, cependant joué de nombreuses fois dans des films plus dramatiques, avant de devenir une star du petit écran avec la série (avouons-le, ringarde) "Cordier juge et flic", créée il y a vingt ans sur TF1. Acteur très populaire à la télévision et au théâtre, le cinéma lui a rarement donné de grands personnages à défendre.

Né le 10 février 1925 à Neuilly-sur-Seine, Pierre Cuq, son vrai nom (Mondy est le nom de jeune fille de ma grand-mère maternelle. ), grandit dans le Tarn avant de débuter devant la caméra de Jacques Becker dans Rendez-vous de juillet en 1949. Ancien étudiant des cours Simon, il regrettera souvent de ne pas avoir été un premier rôle de cinéma. Cela ne l'a pas empêché d'être à l'affiche de près de 100 films.

Si Mondy, dans l'esprit des spectateurs, est associé aux gros succès de Robert Lamoureux, la franchise La 7e compagnie, dans les années 70, il a été aussi filmé par quelques grands cinéastes comme Claude Autant-Lara (le Comte de Monte-Cristo, où il incarne Caderousse, tailleur devenu aubergiste, un peu assassin puis forçat évadé), Henri Verneuil (Des gens sans importance, où il est routier, L'affaire d'une nuit, Week-end à Zuydcoote), Yves Allégret (en commissaire dans Quand la femme s'en mêle), Jean Duvivier (Boulevard), André Hunebelle (Les Mystères de Paris), et Costa-Gavras (Compartiment tueurs, là encore en flic, aux côtés d'Yves Montand). Plus récemment, on l'a vu dans Le fils préféré de Nicole Garcia.

C'est évidemment en Napoléon Bonaparte dans Austerlitz d'Abel Gance (1960) qu'il trouve son plus grand rôle sur grand écran.

Mais le grand public le connaît essentiellement pour ses comédies. "La comédie, c'est un terrain de jeu où j'ai joué junior, senior et vétéran!", expliquait-il. Il fut ainsi vedette des films de Jacques Pinoteau (Le Triporteur), Yves Robert (Bébert et l'Omnibus, Les Copains), Gérard Oury (Le crime ne paie pas), Pierre Richard (Les Malheurs d'Alfred, en Guy Lux pétant les plombs), Marc Simenon (Signé Furax), Gérard Jugnot (Pinot simple flic), et un nombre incalculable de navets. On peut cependant sauver sa participation dans La cage aux folles d'Edouard Molinaro. Certes, on ne l'y voit pas mais il est la voix française de Renato (Ugo Tognazzi). Il avait d'ailleurs mis en scène en 1974 "La cage aux folles", la pièce écrite par son ami Jean Poiret. Elle sera jouée plus de 1 500 fois.

Sur les planches il interprète Feydeau, Goldoni, Sacha Guitry, Neil Simon, David Mamet, joue avec Jacqueline Maillan ou Michel Serrault, remplit les salles jusqu'en 2007. Il met en scène Knock ou le triomphe de la médecine, Le Canard à l'orange et surtout Le Dîner de cons de Francis Veber.

Veber avait scénarisé Appelez-moi Mathilde, seul film que Mondy a réalisé, en 1969. Sacré casting : Jacqueline Maillan, Michel Serrault, Robert Hirsch, Guy Bedos, Jacques Dufilho et Bernard Blier.

L'homme était sensible, généreux, sincère, tendre. Il n'avait jamais arrêté de travailler entre 1948 et 2011. La maladie a été plus forte que son envie de continuer : "Si j'arrête, je me rouille. Tant que vous avez la mémoire, l'énergie et l'envie, il n'y a pas de raison d'arrêter". Mondy a finalement pris sa retraite, contraint et forcé.

L’artisan bricoleur Chris Marker a soufflé sa dernière bougie (1921-2012)

Posté par vincy, le 30 juillet 2012

Chris Marker est mort le jour de son anniversaire, hier, 29 juillet 2012, le jour de ses 91 ans. Dans un tweet, Gilles Jacob, président du Festival de Cannes, lui a immédiatement rendu hommage : "Esprit curieux, cinéaste infatigable, poète amoureux des chats, vidéaste, personnage secret, immense talent, sommes orphelins de Chris Marker."

Christian François Bouche-Villeneuve, alias Chris Marker, gârce à ses documentaires et films expérimentaux, a profondément influencé le cinéma mondial. Il a commencé en coréalisan avec Alain Resnais Les Statues meurent aussi (1953). Il fut aussi directeur de collection chez un grand éditeur, écrivain, illustrateur, traducteur, intellectuel, réalisateur, photographe, éditeur, philosophe, essayiste, critique, poète, artiste vidéaste, professeur à la Fémis, voyageur, communiste, existentialiste (il a eu Sartre comme professeur), résistant, moraliste... Ses photos avaeint aussi fait l'objet d'expositions (y compris aux Rencontres d'Arles).

Son cinéma, singulier et poétique, s'est affirmé au moment où la Nouvelle vague cherchait une nouvelle voie narrative : Dimanche à Pékin (1956), Lettre de Sibérie (1957), Description d’un combat (1961), Cuba Si (1961). Il témoigne d'un monde en pleine guerre froide, entre Guerre du Vietnam et Mai 68, luttes gauchistes et pouvoirs communistes...

C'est évidemment avec La Jetée (1962), montage cinématographique composé de photos fixes qu'il inventa un style et une nouvelle écriture cinématographique.La durée total des rushes e ce photo-roman était de 55 heures! Le film sera culte et inspirera de nombreux cinéastes et sera la base du scénario Twelve Monkeys (L'armée des douze singes) de Terry Gilliam.

En 1963, avec Pierre Lhomme, il coréalise son premier long métrage, Le joli mai (prix de la meilleure oeuvre au Festival de Venise).you

Dans les années 70, il réalisera La Solitude du chanteur de fond (sur Yves Montand, en 1974), Le fond de l’air est rouge (1977), Junktopia (César du meilleur cout métrage), Sans Soleil (1983), A.K. , film sur le tournage de Ran, d’Akira Kurosawa (1985), Mémoires pour Simone (1986), en hommage à Simone Signoret, sa grande amie et sa protectrice, L’Héritage de la Chouette (1989), Le Tombeau d’Alexandre (1993), Level Five (1997), Le Souvenir d’un avenir (2003), et enfin dernier court-métrage réalisé en 2007 Leila Attacks.

La Cinémathèque française lui a immédiatement rendu hommage : "Grand moraliste, Chris Marker avait le regard d’un ethnographe engagé, soucieux de styliser son écriture cinématographique. Ecrivain, photographe, auteur de nombreux collages qu’il envoyait à ses amis de par le monde, au Japon, en Amérique et partout ailleurs, en se servant des nouvelles technologies et d’Internet, grand voyageur solitaire, Chris Marker, figure libre et souveraine, aimait entretenir le mystère sur sa personne, refusant d’être photographié ou de présenter ses propres films."

"Dans le monde cinématographique de Marker, tout se tient : l’individuel et le collectif, le présent et la mémoire, l’intime et le spectaculaire des luttes, le bricolage et la haute technologie, la « petite forme » (la danse sublime de l’éléphant sur une musique de Stravinsky pendant les quatre minutes de Slon Tango, 1993) et la grande histoire (Le fond de l’air est rouge, L’Héritage de la chouette). Du grand art à l’échelle d’un seul homme" poursuit le communiqué.

Dans un entretien à Image & Son en 1963, Resnais disait de lui : "Chris Marker me paraît un personnage fascinant, à ma connaissance unique au monde. Je ne connais personne qui puisse avoir à la fois ce sens des problèmes politiques contemporains, ce goût du beau, cette espèce de joie devant la culture et devant l'art, cet humour ; et qui arrive, lorsqu'il fait un film à ne se séparer d'aucune de ces tendances." Il avait été son assistant réalisateur sur Nuit et brouillard.

Il a également collaboré avec Costa Gavras (L'aveu, photographe de playeau), Jorge Semprun (Les deux mémoires, monteur, ingénieur du son), Patrico Guzman et Alexandre Sokourov (producteur) , Arielle Dombasle (conseiller artistique avec Eric Rohmer sur Les Pyramide bleues). Sans oublier ses innombrables participations (devant la caméra ou à d'autres format comme les vidéo-clips).

Sur Youtube, il diffusait des vidéos sous le pseudo de Kosinki.

Susanne Lothar (1960-2012) : ruban noir pour l’actrice d’Haneke

Posté par vincy, le 26 juillet 2012

51 ans, c'est jeune. « Les mandataires ne donneront aucune explication complémentaire sur le décès pour des raisons que l'on peut comprendre » explique l'avocat de la famille. Laconique, mystérieux. Susanne Lothar, l'une des comédiennes allemandes les plus connues dans le cinéma mondial actuel, est décédée.

Bien sûr, on revoir son visage dans les films de Michael Haneke : Le château, Funny Games (surtout Funny Games, où elle partageait l'affiche avec son mari, Ulrich Mühe, décédé en 2007), La Pianiste, et la Palme d'or, Le Ruban blanc, où elle incarnait la sage femme.

Cette comédienne, fille de comédiens (Hanns Lothar et Ingrid Andree), avait la réputation d'être "extrême". A l'étranger, elle avait aussi été vue dans Amen de Costa-Gavras, Import/Export d'Ulrich Seidl (en compétition à Cannes), The Reader de Stephen Daldry.

Elle s'était faîte remarquée dès 1983 avec un film peu conformiste, Eisenhans (prix de l'Âge d'or de la Cinémathèque royale de Belgique). Il s'agissait de son premier rôle au cinéma, qui lui avait valu un prix pour son interprétation aux German Films Awards. Cependant elle a tourné la moitié de sa filmographie à partir de 2008. Très présente sur le petit écran, la comédienne avait passé l'essentiel de ses débuts, de 1980 à 1992 sur les planches.

Elle avait tourné récemment Staub auf Unseren Herzen, d'Hanna Doose, présenté début juillet au festival de Munich, et Anna Karenine, où son nom n'apparaît pas au générique (prestigieux : Knightley, Law, Watson, ...). Le film de Joe Wright, qui sera présenté à Toronto, en avant première mondial en septembre, sera dans les salles françaises en mars 2013. Elle y incarne la Princesse Sherbatsky.

Au moment de sa mort, elle était sur le plateau d'Inner Amok, de Peter Brunner, initialement prévu dans les salles l'an prochain.

La Master Class de Steven Spielberg suivie par 10 000 internautes

Posté par vincy, le 10 janvier 2012

Steven Spielberg est à l'honneur de la Cinémathèque française, depuis hier et jusqu'au 3 mars. Un honneur d'autant plus logique que cet amoureux du cinéma mondial a deux films à l'affiche actuellement. Les aventures de Tintin, sorti en octobre en France et pour les fêtes en Amérique du nord, a déjà dépassé les 330 millions de $ de recettes internationales. Cheval de guerre, qui sortira sur les écrans français le 22 février, film épique dans la veine des oeuvres de David Lean, sorti le jour de noël en Amérique du nord, a déjà rapporté 60 millions de $ malgré sa longueur et son sujet dramatique.

La Cinémathèque française, à l'occasion de la rétrospective intégrale des films de Spielberg, avait organisé lundi 9 janvier une Master Class animée par Serge Toubiana, directeur de l'institution, et Costa-Gavras, président, avant la projection en avant-première de Cheval de guerre. Cette Leçon de cinéma était simultanément diffusée sur les sites internet d'Arte.TV et de la Cinémathèque. 10 000 internautes ont suivi le streaming. A noter que la vidéo est disponible durant un an sur les deux sites, en VO et en VF.

"Si je n'ai pas d'histoire à raconter, je deviens fou" a assuré le réalisateur devant une salle depuis longtemps complète. Standing ovation du public, "Je t'aime", en français du cinéaste qui s'avoue surtout "raconteur d'histoire". Il ne semble pas se lasser de faire des films : il a si soif de travail qu'il peut travailler sur deux films en même temps, à des vitesses différentes (trois ans pour Tintin, 7 mois pour Cheval de Guerre, écriture incluse).

Enfant prodige du cinéma américain de ces 40 dernières années, désormais vétéran vénérable et honoré, il partage son expérience devant une salle comblée. "Le premier conseil, c'est de bien choisir son casting. J'y consacre beaucoup de temps et, une fois que c'est fait, le second point, c'est d'écouter les acteurs choisis. A quoi ça sert, sinon, de sélectionner des gens talentueux ? En écoutant vos acteurs, vous écoutez votre histoire".

C'est François Truffaut qui lui a donné le meilleur conseil: "On s'est rencontré à Mobile, Alabama, il venait de terminer 'L'Argent de poche' et il m'a dit: tu devrais travailler avec des enfants, travailler pour les enfants. Et c'est ça que je suis aujourd'hui: ce que vous êtes transparaît dans vos films. Et dans le fond, je ne me suis jamais éloigné de l'enfant que j'étais".

Mais l'enfant est désormais analysé par tous les critiques, experts, professeurs de cinéma. Son succès mondial en a fait une star aussi populaire que les acteurs. La Cinémathèque organise des conférences cet hiver : "Spielberg / Eastwood : chronique du chaos et de l'au-delà" le 16 janvier, "Spielberg 2001-2005 : récits abimés, récits de l'abyme" le 23 janvier et une table ronde sur 'Le cinéma américain ou l'art de raconter des histoires : Eastwood - Spielberg - Altman (et les autres..." le 4 février.

Dernier métro pour le comédien allemand Heinz Bennent (1921-2011)

Posté par vincy, le 13 octobre 2011

Le public français le connaissait surtout pour son interprétation du mari de Catherine Deneuve dans Le dernier métro de François Truffaut. Il y était un auteur et metteur en scène de théâtre, jaloux de Gérard Depardieu, réfugié dans les sous-sols du théâtre d'où il écoute les répétitions et les représentations.

Décédé le 12 octobre à Lausanne en Suisse, Heinz Bennent avait 90 ans. L'annonce de son décès a été faite par le théâtre berlinois "Renaissance".

Il avait retrouvé Catherine Deneuve dans le téléfilm Princesse Marie, de Benoît Jacquot, où il jouait Sigmund Freud et elle, sa patiente et amie. Il a souvent tourné en France : Section Spéciale et Clair de femme de Costa Gavras, Possession d'Andrzej Zulawski, Une femme française de Régis Wargnier et aussi avec Alain Fleischer, Yves Boisset, Maurice Dugowson, Marion Hänsel, Nelly Kaplan, le suisse Alain Tanner. Il a surtout été remarqué dans L'Honneur perdu de Katharina Blum, de Volker Schlöndorff et Margarethe von Trotta et dans Le Tambour, du même Schlöndorff, Palme d'or à Cannes en 1979. On l'a aussi vu dans L'oeuf du serpent, d'Ingmar Bergman.

Bennent avait été nommé aux Césars du meilleur second rôle masculin pour Le dernier métro et avait reçu un prix honorifique au German Film Awards à l'occasion de Im Jahr der Schildkröte d'Ute Wieland.

Né à Aix-la-Chapelle en 1921, résidant en Suisse depuis les années 70, sa carrière fut cinématographique, télévisuelle (Tatort, Derrick, Maigret) et théâtrale.

Le temps du silence pour Jorge Semprun (1923-2011)

Posté par vincy, le 8 juin 2011

Déporté. Résistant. Communiste. ministre sous un gouvernement socialiste. Espagnol. Français membre de l'Académie Goncourt. Engagé toujours. Citoyen à jamais. Ecrivain sur le tard (mais quel écrivain!). Dramaturge. Biographe (on lui doit un document magnifique sur son ami Yves Montand). Jorge Semprun était tout cela à la fois. Né à Madrid 13 ans avant de devoir s'exiler pour cause de Franco, son ennemi. Mort à Paris ce mardi soir.

C'était aussi un homme de cinéma. L'ami de Montand certes, mais aussi celui de Costa-Gavras.

Il a d'abord collaboré, en 1966, avec Pierre Schoendoerffer, écrivain et cinéaste : Objectif : 500 mllions, avec Bruno Cremer. La même année, il écrit le scénario du film d'Alain Resnais, La guerre est finie, avec Yves Montand et Genviève Bujold. semprun est cité pour l'Oscar du meilleur scénario. le film remporte le Prix Louis-Delluc.

En 1969, il signe Z pour Costa-Gavras, avec Montand, Irene Papas et Jean-Louis Trintignant. Toujours des films politiques, s'insurgeant contre les dictatures. Deuxième nomination à l'Oscar du meilleur scénario. Le film récolte l'Oscar du meilleur film étranger et deux prix à Cannes. L'année suivante il signe l'adaptation de L'aveu, toujours de Costa-Gavras, encore avec Montand, et aussi Simone Signoret.

L'attentat en 1972, avec Trintignant, Jean Seberg et Michel Piccoli, marque ses début,s avec le réalisateur Yves Boisset. Là encore, la rébellion, l'insurrection, l'actualité post-coloniale inspirent celui dont le parcours et la création ne font qu'un.

Il réalise un documentaire en 1974, Les deux mémoires. Cannes sélectionne Stavisky, d'Alain Resnais, avec Jean-Paul Belmondo. Huées qui seront réparées cette année avec une Palme d'or pour l'acteur. Charles Boyer recevra le prix d'interprétation masculine au festival. Le film n'est d'ailleurs pas raté et reste l'un des plus gros succès du cinéaste.

Costa-Gavras le réengage pour Section spéciale, en 1975, avec Michael Lonsdale et Louis Seigner. Cannes encore, avec un prix de la mise en scène.Semprun écrira ensuite Une femme à sa fenêtre (avec Romy Schneider et Philippe Noiret), Les routes du Sud, de Joseph Losey (avec Montand et Miou-Miou) ou encore K, d'Alexandre Arcady (avec Patrick Bruel et Marhe Keller).

Un seul de ses livres sera porté à l'écran, par Jacques Deray : Netchaiev est de retour, incarné par Vincent Lindon, en compagnie d'Yves Montand, dont ce sera l'avant-dernier film.

Semprun a été membre du jury du festival de Cannes en 1984. Jamais sa ferveur et son espoir de voir un monde plus humaniste ne l'avaient quittés, malgré les déchirures du siècle qu'il a subies et les blessures qu'il n'a pas pu panser. Il laisse des scénarios d'une grande intelligence, non dénué d'action et de tension humaine. Des histoires universelles qui reflétaient nos civilisations destructrices, et les forces qui s'y opposent.

Costa-Gavras retrouve Kassovitz pour un thriller financier

Posté par vincy, le 1 juin 2011

Costa-Gavras revient au cinéma, deux ans après Eden à l'Ouest, et retrouve Mathieu Kassovitz, 9 ans après Amen. Le Capital sera un thriller dramatique où l'acteur-réalisateur incarnera Marc Tourneuil, pur produit de  l'Ecole Polytechnique à la tête d'une des plus grandes banques d'investissements européennes. Sa banque fait l'objet d'une OPA hostile par un fond d'investissement américain.

Entre mécanique de pouvoir et coulisses de la finance, ce film sera tourné en français et en anglais. Gabriel Byrne fera partie des actionnaires de la banque.

Le scénario a été écrit par le fils du réalisateur, Romain Gavras, Jean Claude Grumberg et Karim Boucherka. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme publié en 2004 chez Grasset. La satire est toujours présente dans le script mais selon le réalisateur, le banquier est plus humain et moins cynique. Le film s'annonce donc moins noir que Le couperet.

Le tournage de ce film budgété à 8 millions d'euros débutera en septembre et fera des détours à Paris, Londres, Miami, New York et Tokyo. La sortie en salles est prévue pour 2012.

Kassovitz sera aussi à l'affiche de L'ordre et la morale, qu'il a réalisé. Il n'avait pas tourné, en tant que comédien, depuis 2005 (Munich).

Julien Guiomar, second rôle tragi-comique, est mort (1928-2010)

Posté par vincy, le 23 novembre 2010

Avec sa voix grave, sa rondeur et sa gueule, Julien Guiomar, était un second-rôle idéal pour un cinéma de dialogues, pouvant donner une tonalité tragique ou désespérée à des dialogues comiques comme ceux d'Audiard qu'il a souvent mis en bouche. Décédé en Dordogne d'un malaise cardiaque lundi 22 novembre à l'âge de 82 ans, il a pourtant une trajectoire plus variée qu'on ne le croit.

Ainsi Guiomar, de 1966 à 2003, a tourné chez les plus grands : Louis Malle (Les voleurs), Nelly Kaplan (Duc inoubliable dans La fiancée du pirate), Luis Bunuel (curé espagnol dans La voix lactée), Jacques Deray (Borsalino), Jean-Paul Rappeneau (Les mariés de l'An II), André Téchiné (Souvenirs d'en France, Barocco), Claude Sautet (Mado). Il joue même Dieu le père chez Arthur Joffé (Que la lumière soi!) et tourne sous l'oeil de Serge Gainsbourg (Equateur). Capable de jouer le désespoir comme la monstruosité, il a ce talent de faire passer l'horreur de manière douce, la colère avec désespoir, à la manière d'un Marielle, George Wilson, Michel Galabru ou d'un Pierre Brasseur. Il peut tenir tête aux monstres sacrés.

C'est évidemment Costa-Gavras qui lui offre son plus beau rôle, celui d'un colonel dans Z. Ils se retrouveront dans Section spéciale 6 ans plus tard.

Mais sa filmographie se remplira aussi des comédies à succès de Claude Zidi et Philippe de Broca, où il incarnera avec délectation des personnages truculents. On le croise ainsi, familièrement dans La moutarde me monte au nez, L'incorrigible (film culte où il est démesuré face à son complice Belmondo), L'aile ou la cuisse, L'animal, La zizanie, Inspecteur la Bavure, ou encore Les Ripoux, en patron de flics hilarant à force d'être cocaïné. Des films du dimanche soir.

Mais ce breton s'est aussi expatrié. Outre Bunuel, on le voit chez Elio Petri, Dino Risi, et dans le Carmen de Francesco Rosi.

La télévision ne sera pas en reste, passant de Molière à Capitaine Fracasse, tout comme le théâtre l'a longtemps comblé. L'aventure avait commencé rue Blanche puis continué avec Jean Vilar en Avignon avec Shakespeare, Strindberg et Brecht.

Finalement son premier rôle au cinéma le définissait bien. Le Roi de coeur (De Broca) est une histoire de fou, de rêveur sur la Grande Guerre. Un tragédie né qui avait marqué les esprits avec sa faconde et son burlesque. Un clown, pas toujours triste, apte à jouer Corneille, Racine et fanfaronnant chez Jean-Marie Poiré.

Jill Clayburgh, une « gueule » au féminin et une actrice culte (1944-2010)

Posté par vincy, le 7 novembre 2010

jill clayburghJill Clayburgh n'était peut-être pas la plus connue des actrices hollywoodiennes, et pourtant, elle fut l'une des plus respectées. Entertainment Weekly l'avait classée parmi ses 25 plus grandes comédiennes en 1999 ; façon de dire qu'elle avait un immense talent mais qu'elle était sous-exploitée. Voix grave, véritable gueule, sans renier son côté sexy, Jill Clayburgh, comme Gena Rowlands, Kathleen Turner ou Sally Field à la même époque, n'a jamais voulu se compromettre dans des blockbusters insipides, préférant toujours de vrais rôles sur grand écran, avec de bons réalisateurs si possible. Et quand la roue a tourné, le théâtre et surtout le petit écran étaient là.

Son mari, le scénariste David Rabe (La Firme) a annoncé son décès en date du vendredi 5 novembre, à l'âge de 66 ans, d'une leucémie.

Deux fois nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice, à chaque fois pour des personnages de femmes émancipées et indépendantes, elle avait obtenu le prix d'interprétation (ex-aequo avec Isabelle Huppert) au Festival de Cannes 1978 pour An Unmarried Woman (La femme libre), son rôle le plus marquant, le plus irrésistible même.

Née dans un milieu favorisée, ayant fréquenté les meilleures écoles, elle a démarré dans les années 60 sur scène, qu'elle ne quitta jamais jusqu'aux années 2000, jouant dans de nombreuses pièces, dont celles de Neil Simon et surtout des comédies musicales de Bob Fosse (retenons Pippin).

Sa carrière cinématographique fut à son apogée à la fin des années 70, après avoir été la compagne d'Al Pacino.

En 1972, elle trouve son premier grand rôle avec Le complexe de Portnoy, d'Ernest Lehman. Le film, adapté d'un roman de Philip Roth, est assassiné par la critique, mais elle plus que remarquée. On la voit alors dans des seconds rôles de films aussi divers que la comédie The Thief who came to diner (avec Warren Beatty et Jacqueline Bisset), le thriller The Terminal (d'après un livre de Michael Crichton, avec George Segal), un biopic sur Clark Gable et Carolle Lombard, Gable and Lombard, où elle incarne la comédienne face à James Brolin (le père de Josh Brolin) ou encore une comédie policière culte, Silver Streak (Transamerica Express), avec Gene Wilder et Richard Pryor.

Car, étrangement, c'est dans la comédie qu'elle se révèle la plus à l'aise au cinéma. Dans Semi-Tough (Les faux-durs), en 1977,  elle donne la réplique à Burt Reynolds et Kris Kristofferson, avec qui elle forme un triangle amoureux, et le film trouve un bel écho dans les salles.

L'année suivante avec La femme libre, elle reçoit tous les honneurs, de Cannes à Hollywood. Femme plaquée par son mari pur une "jeunette", envahie par la tristesse et la colère, elle se régénère grâce à ses amis et une liberté inattendue. Le rôle de sa vie. Elle entre en état de grâce avec trois films qui lui apporteront une nomination aux Golden Globes et même une seconde nomination aux Oscars, avec Starting Over (Merci d'avoir été ma femme...) en 1978. Alan J. Pakula lui fait retrouver Burt Reynolds et la met face à Candice Bergen. Clayburgh devient la liaison d'un homme récemment séparé.

Dans La Luna, de Bernardo Bertolucci, elle incarne une cantatrice dont le fils adolescent apprend que son père n'est pas son géniteur biologique. Dans First Monday in October, de Ronald Neame, où elle devient une juge de la cour suprême américaine, très conservatrice, et opposé au progressiste joué par Walter Matthau.

À partir de là, Clayburgh va s'éloigner des  plateaux. Les films ne sont pas mauvais mais le public n'est pas au rendez-vous. Elle tourne avec des cinéastes étrangers : Costa-Gavras (Hanna K., avec Jean Yanne et Gabriel Byrne), Andrei Konchalvsky (Shy People, Le bayou en vf, sélectionné à Cannes en 1987), Alexandre Arcady (Le grand pardon II, aux côtés de Christopher Walken). Avant de devenir un second-rôle de prestige dans des films sans valeur.

Son dernier film sera Love and other drugs, d'Edward Zwick, avec Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway, qui sort aux USA le 24 novembre.

Les spectateurs l'ont peut-être oubliée, mais il reste le petit écran où elle a brillé  dans des séries comme Nip/Tuck, Ally McBeal (elle était la mère de l'héroïne) et récemment Dirty Sexy Money, en épouse de Donald Sutherland.

L'actrice a également été plusieurs fois nominée aux Emmy Awards.

Coup d’envoi du 6e Panorama du cinéma grec contemporain de Paris

Posté par MpM, le 1 décembre 2009

6e Panorama du cinéma grec contemporain à ParisPour son ouverture ce mardi 1er décembre, le 6e Panorama du cinéma grec contemporain propose une œuvre forte et glaçante qui ne manquera pas de faire forte impression auprès des spectateurs, Canine de Yorgos Lanthimos, Prix Un certain regard au dernier festival de Cannes. Très réussi, le film est par ailleurs assez représentatif du succès que rencontre la cinématographie grecque à l’international, et du renouveau que l’on croit percevoir de ce côté-là de la Méditerranée.

A ses côtés seront présentés onze longs et six courts métrages dont une majorité d’œuvres remarquées et récompensées dans des festivals internationaux. On pense notamment à l’Académie de Platon de Filippos Tsitos, Léopard du meilleur acteur et prix du jury œcuménique à Locarno en 2009, mais aussi à Réparation de Thanos Anastopoulos, sélectionné à Berlin en 2008. Une vraie chance, pour les spectateurs franciliens, de découvrir la production récente d’une cinématographie qui ne se résume ni à ses grands exilés (Costa-Gavras), ni à son représentant le plus célèbre, le palmé Théo Angelopoulos.

L’occasion aussi de s’intéresser à la situation d’une nation de cinéma autrefois florissante et hyper-créative. La Grèce fut en effet de 1955 à 1969 le pays au monde qui produisait le plus de films (une centaine par an) proportionnellement à son nombre d’habitants, avant de connaître une véritable déchéance dans les années 70. Aujourd’hui, si une vingtaine de films d’auteurs voit le jour chaque année, la situation est loin d’être réglée. Ainsi, les cinéastes grecs réclament un changement du système de financement et notamment des incitations fiscales pour les investisseurs privés. En signe de protestation face à l’immobilisme gouvernemental, 140 professionnels (dont Yorgos Lanthimos) ont d’ailleurs purement et simplement boycotté le Festival de Thessalonique qui se tenait du 13 au 22 novembre derniers.

Une raison de plus pour ne pas leur faire faux-bon, et partir à la découverte des œuvres présentées dans le cadre de ce Panorama...

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6e Panorama du cinéma grec contemporain à Paris
Cinéma des Cinéastes (paris 17e)
Du 2 au 8 décembre 2009-12-01

Programme et informations