9 films en langue étrangère toujours en lice pour les Oscars 2018

Posté par vincy, le 15 décembre 2017

On n'est plus à une absurdité près dans cette catégorie des Oscars: le meilleur film en langue étrangère. Le film favori des critiques (cinq associations, dont celles de New York et de Los Angeles) avaient fait de 120 Battements par minute leur vainqueur.

Mais il semble que le film de Robin Campillo, qui a été un flop au box office nord-américain (86000$ seulement en 8 semaines), ne fasse pas la même unanimité qu'en France. Un lot de consolation aux European Film Awards (le montage) et zéro nomination aux Golden Globes démontrent que l'engouement des critiques et professionnels français n'est pas partagé ailleurs. Pour les Oscars, les votants ont préféré deux autres films Queer, Les initiés et Une femme fantastique.

La liste des demi-finalistes pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère colle à peu près à celle des Golden Globes, à une exception près: le film d'Angelina Jolie (First They Killed My Father) représentant le Cambodge. Hormis ça, l'Ours d'or, la Palme d'or, et et deux Grand prix du jury (Berlin, Venise, puisque celui de Cannes c'était 120 BPM) s'affronteront pour les 5 places finales révélées fin janvier. Sur les 9 films, trois étaient à Cannes, quatre à Berlin, deux à Venise.

Les 9 finalistes:

Les initiés (Afrique du sud), sélectionné à Berlin
In the Fade (Allemagne), prix d'interprétation féminine à Cannes
Une femme fantastique (Chili), prix du scénario et Teddy Award à Berlin
Corps et âme (Hongrie), Ours d'or à Berlin
Foxtrot (Israël), Grand prix du jury à Venise
L'insulte (Liban), prix d'interprétation masculine à Venise
Faute d'amour (Russie), prix du jury à Cannes
Félicité (Sénégal), Grand prix du jury à Berlin
The Square (Suède), Palme d'or à Cannes

Call me by your name et The Shape of Water plébiscités par les critiques de L.A.

Posté par vincy, le 4 décembre 2017

Les critiques de Los Angeles ont ignoré Lady Bird, favori de ceux de New York, The Post, élu par le National Board of Review, et confirmé le choix des Gotham Awards, en plébiscitant Call Me By Your Name qui hérite de trois grands prix.

Mais la Los Angeles Film Critics Association a aussi invité The Shape of Water, Lion d'or à Venise, dans les films oscarisables. Jusque là le film de Guillermo del Toro n'avait pas été récompensé dans les premiers palmarès de l'année. Là il ramasse trois prix. Finalement, les Golden Globes joueront sans doute les arbitres, tout comme les palmarès des guildes. Une chose est certaine: il y a des favoris qui se détachent -  notamment Willem Dafoe qui fait un grand chelem en second-rôle masculin, Visages, Villages, le documentaire d'Agnès Varda, et 120 battements par minute - parmi lesquels le jeune Timothée Chalamet, primé aux Gotham, à New York et à Los Angeles, alors que Gary Oldman semblait favori pour l'Oscar du meilleur acteur.

Toute la question est de savoir si les votants aux Oscars récompenseront de nouveau un film indépendant, dont le sujet est une fois de plus une histoire d'amour entre deux hommes (comme Moonlight l'an dernier). Les critiques de Los Angeles ont rarement choisi l'Oscar du meilleur film, même s'ils ne se sont pas trompés depuis deux ans avec Spotlight et Moonlight. La compétition est ouverte...

Meilleur film: Call me by your name (finaliste: The Florida Project)
Meilleur réalisateur: Guillermo del Toro (The Shape of Water) et Luca Guadagnino (Call Me by Your Name)

Meilleure actrice: Sally Hawkins (The Shape of Water); finaliste: Frances McDormand (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)
Meilleur acteur: Timothée Chalamet (Call me by your name) ; finaliste James Franco (The Disaster Artist)
Meilleur second-rôle féminin: Laurie Metcalf (Lady Bird); finaliste: Mary J. Blige (Mudbound)
Meilleur second-rôle masculin: Willem Dafoe (The Florida Project); finaliste: Sam Rockwell (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)

Meilleur film d'animation: Parvana, une enfance en Afghanistan de Nora Twomey (finaliste: Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina)
Meilleur documentaire: Visages, villages d'Agnès Varda et JR (finaliste: Jane de Brett Morgen)
Meilleur film en langue étrangère: 120 battements par minute de Robin Campillo et Faute d'amour de Andrey Zvyagintsev

Meilleur scénario: Get Out (finaliste: Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)
Meilleure image: The Shape of Water (finaliste: Blade Runner 2049)
Meilleure musique: Phantom Thread (finaliste: The Shape of Water)
Meilleurs décors: Blade Runner 2049 (finaliste: The Shape of Water)
Meilleur montage: Dunkerque (finaliste: I, Tanya)

3 raisons d’aller voir La Villa de Robert Guédiguian

Posté par kristofy, le 29 novembre 2017

Un vieil homme fatigué est victime d’un grave malaise. Tellement inquiétant que ses derniers jours vont arriver. Alors ses proches vont se retrouver autour de lui au seuil de la mort, et surtout entre eux pour un constat nostalgique de leurs vies… « Tous ces hommes et toutes ces femmes ont un sentiment commun. Ils sont à un moment de leur vie où ils ont une conscience aiguë du temps qui passe, du monde qui change... Ils savent que leur monde disparaîtra avec eux... Ils savent aussi que le monde continuera sans eux... Sera-t-il meilleur, pire ? Grâce à eux, à cause d’eux ?... »

La Villa est le 20ème film réalisé par Robert Guédiguian, et une nouvelle fois, le décor est une calanque près de Marseille, où ses comédiens fétiches Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan et Jacques Boudet sont rassemblés et entourés de la génération suivante d’acteurs de la troupe comme Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin ou Yann Trégouët. Les frères et la sœur, les parents, les amis, les amants, les voisins se retrouvent donc presque dans un huis-clos en bord de mer. C’est le moment de se faire des reproches, de confronter des convictions, peut-être de prendre un nouveau départ… Bref il faut faire le bilan.

Le temps qui passe : comme toujours chez Robert Guédiguian, le film est imprégné de nostalgie. Le capitalisme et l’individualisme, valeurs régnantes du présent, gagnent sur l’idéal de fraternité et de solidarité du passé. Les personnages s’en souviennent, et ils essaient de sauver les meubles et les apparences. Il se dégage un certain sentiment d’impuissance, mais faut-il s’en résigner ? Un court flashback sur l’insouciance de la jeunesse des personnages est en fait un extrait du film Ki lo sa ? tourné ensemble il y a déjà une trentaine d’année. Une petite audace narrative qui met en miroir deux époques et deux intentions de cinéma.

L’utopie : il y a toujours cet idéal du "vivre-ensemble", et de s’ouvrir aux autres. C’était mieux avant, mais on peut essayer que ça ne devienne pas trop pire demain. La Villa est avant tout un mélodrame familial, délicat et humble, mais le film s’ouvre aussi à l’actualité du monde avec la crise des migrants. La noirceur n'est jamais loin de la lumière provençale. Il y aurait quelques réfugiés arrivés dans les environs dont des enfants, alors que faire ? C'est le prétexte au débat, aux enjeux, aux questionnements. Entre la mort et l'art, l'amour et la vie, le film est une tragédie intime et délicate. Guédiguian veut encore croire au pouvoir des fleurs. Plutôt que d'acheter une couronne mortuaire pour ses rêves.

Le fil d’Ariane : ce n’est pas seulement le titre d’un autre film de Guédiguian, sa muse Ariane Ascaride est le moteur principal de cette histoire : elle revient pour quelques jours se reconnecter à ses racines et un douloureux secret. Dans le film c’est une actrice de théâtre renommée et son charisme sur scène avait fait forte impression. Robinson Stévenin, jeune pêcheur à la vie simple, se passionne lui aussi pour le théâtre et malgré la différence d'âge, il s’imagine lui déclarer sa flamme… Une romance ("macronienne") inattendue serait possible, et c’est d’ailleurs un souffle d’air frais dans ce film lourd de mélancolie.

3 raisons d’aller voir Ex Libris, The New York Public Library

Posté par vincy, le 1 novembre 2017

En compétition au dernier Festival de Venise, et reparti injustement sans aucune distinction, Ex Libris, The New York Public Library est le dernier documentaire du vétéran Frederick Wiseman, qui célèbre ses 50 ans de cinéma cette année, à qui l'on doit des immersions tentaculaires dans de sublimes institutions comme L'Opéra de Paris, La Comédie française ou la National Gallery. Cette fois-ci il plonge dans le réseau des bibliothèques publiques de New York.

Un portrait de l'Amérique. Sans voix off ni interviews ni commentaires, le film montre la diversité ethnique, sociale, générationnelle des usagers de ces bibliothèques, et tous les corps de métiers (et autant de compétences) qui sont nécessaires au fonctionnement de celles-ci. C'est un condensé du pays qui nous ait ainsi offert, des "stars" comme Elvis Costello et Patti Smith, aux petites mains qui numérisent, classent, ou trient les livres et les archives en passant par les animateurs, les pédagogues et les dirigeants. Davantage qu'une histoire de visages, il s'agit aussi d'une histoire de "village". Tout s'y croise: le social (aide aux immigrants, aux handicaps, aux chômeurs), le culturel (concerts, expositions), le personnel (selon ce que l'on recherche), l'économie (du besoin de mécènes aux contraintes des financiers publics), l'éducatif (pour les petits comme pour les plus grands)...

Un film très politique. Frederick Wiseman l'affirme. L'élection de Donald Trump a influé sur son montage. A travers ce tableau d'un lieu emblématique fréquenté par 17 millions de personnes chaque année, on voit bien que le cinéaste a cherché une antidote à cette Amérique de Trump. D'abord en valorisant le travail (la noble mission même) des bibliothécaires et archivistes qui ne cessent de s'adapter à leur époque, notamment avec l'accès numérique, et aux populations, parfois précaires ou délaissées par la mondialisation. Ensuite en laissant la parole à des artistes et des écrivains engagés ou des conférenciers qui fouillent les racines d'une Amérique en quête d'identité, à commencer par les questions liées aux Afro-américains et à l'esclavagisme ou celles sur la lutte des classes et le rapport aux dominants. Enfin, en rappelant qu'une bibliothèque est un pilier de la démocratie - c'est un accès à la connaissance ouvert à tous donc un rempart à l'ignorance -, en décryptant les contraintes financières dépendant à la fois des agendas publics locaux et nationaux et des attentes pas forcément d'intérêt général des mécènes et donateurs privés, il prouve si besoin est qu'une bibliothèque d'envergure mondiale comme une filiale de quartier sont des des lieux de service public (les derniers?) nécessaires à la "communauté".

Un objet cinématographique unique. D'une durée de 3h20, cette épopée particulièrement bien rythmée pour ne jamais s'ennuyer, si richement variée pour nous passionner, est un film singulier, avec ses réflexions, ses dialogues et ses respirations. C'est un grand documentaire sur le fond. Mais en ne cherchant jamais à séduire par la forme - à l'inverse d'un Michael Moore par exemple - il révèle aussi son intégrité. Du début à la fin, sans morale dictée, mais non sans subjectivité, Ex Libris, The New York Public Library prend le temps de faire le tour d'un espace multiforme, où l'on circule d'un plan à l'autre sans avoir l'impression d'avoir bougé.

92 candidats pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 6 octobre 2017

92 partants pour seulement 5 finalistes. Les Oscars ont reçu un nombre record de candidatures pour la catégorie de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. C'est sept de plus que l'an dernier.

En attendant la shortlist de décembre puis les nommés définitifs le 23 janvier (les Oscars, eux, seront remis le 4 mars 2018), on notera quelques anecdotes: la langue espagnole est dominante avec 14 films (contre 8 où l'on parle français); deux films sont sans dialogues (le tunisien et l'ukrainien) ; 5 films étaient en compétition à Cannes (4 d'entre eux étaient au palmarès) et il y a aussi le Teddy Award de Berlin comme le film franco-libanais L'insulte primé à Venise ; Haïti, le Honduras, le Laos, le Mozambique, le Sénégal et la Syrie proposent un film pour la première fois ; enfin on soulignera l'entrée du Cambordge avec un film produit par Rithy Panh dont la réalisatrice n'est autre qu'Angelina Jolie.

Les 92 pays candidats (en rouge les films en français, en souligné les films coproduits par la France):

Afghanistan: A Letter To The President de Roya Sadat
Afrique du SudLes initiés (Inxeba) de John Trengove
Albanie : Daybreak de Gentian Koçi
AlgérieLa route d’Istanbul de Rachid Bouchareb
AllemagneIn the Fade de Fatih Akin
ArgentineZama de Lucrecia Martel
ArménieYeva de Anahit Abad
AustralieThe Space between de Ruth Borgobello
AutricheHappy End de Michael Haneke
AzerbaijanPomegranate Orchard d’Ilgard Najaf
BelgiqueLe fidèle de Michaël R. Roskam
BengladeshThe Cage (Khacha) d’Akram Khan
BolivieDark Skull de Kiro Russo
Bosnie-HerzégovineMen Don’t Cry d’Alen Drljevic
BrésilBingo – The King of the Mornings (Bingo : O Rei das Manhãs) de Daniel Rezende
BulgarieGlory de Kristina Grozeva et Petar Valchanov
CambodgeFirst They Killed My Father : A Daughter of Cambodia Remembers d'Angelina Jolie
CanadaHochelaga, terre des âmes de François Girard
ChiliUne femme fantastique de Sebastián Lelio
ChineWolf Warrior 2 de Wu Jing
ColombieGuilty Men (Pariente) d’Ivan D. Gaona
Costa Rica :The Sound of Things d’Ariel Escalante
Corée du sudA Taxi Driver de Jang Hun
CroatieQuit Staring at My Plate de Hana Juši?
DanemarkYou Disappear de Peter Schønau Fog
EgypteSheikh Jackson d’Amr Salama
EquateurAlba d’Ana Cristina Barragán
EspagneEté 93 de Carla Simon
EstonieNovember d’Andrus Kivirahk
FinlandeTom of Finland de Dome Karukoski
France120 battements par minute de Robin Campillo
Géorgie :  Scary Mother d'Ana Urushadze
Grèce : Amerika Square de Yannis Sakaridis
HaïtiAyiti mon amour de Guetty Felin
HondurasMorazán de Hispano Durón
HongkongMad World de Wong Chun
HongrieCorps et âme (On body and soul) d’Ildikó Enyedi
Inde : Newton d’Amit V Masurkar
Indonésie :Turah de Wicaksono Wisnu Legowo
Irak : Reseba - The Dark Wind de Hussein Hassan
IrlandeSong of Granite de Pat Collins
IranBreath de Narges Abyar
IslandeUnder the Tree de Hafsteinn Gunnar Sigurdsson
IsraëlFoxtrot de Samuel Maos
Italie : A Ciambra de Jonas Carpignano
Japon :  Her Love Boils Bathwater de Ryota Nakano
KazakhstanThe Road to Mother d'Akan Satayev
KenyaKati Kati de Mbithi Masya
KirghizstanCentaur (Kentavr) d’Aktan Arym Kubat
KosovoUnwanted d’Edon Rizvanolli
LaosDearest Sister de Mattie Do
LettonieThe Chronicles of Melanie de Viestur Kairish
Liban : L'insulte de Ziad Doueiri
Lituanie : Frost de Sharunas Bartas
LuxembourgBarrage de Laura Schroeder
MarocRazzia de Nabil Ayouch
MexiqueTempestad de Tatiana Huezo
Mongolie The Children of Genghis de Zolbayar Dorj
MozambiqueThe Train of Salt and Sugar de Licinio Azevedo
NépalWhite Sun (Seto Surya) de Deepak Rauniyar
NorvègeThelma de Joachim Trier
Nouvelle-ZélandeOne Thousand Ropes de Tusi Tamasese
PakistanSaawan de Farhan Alam
PalestineWajib d’Annemarie Jacir
PanamaBeyond Brotherhood d’Arianne Benedetti
ParaguayLos Buscadores de Juan Carlos Maneglia et Tana Schembori
Pays-BasLayla M. de Mijke de Jong
PérouRosa Chumbe de Jonatan Relayze
PhilippinesBirdshot de Mikhail Red
Pologne Spoor d’Agnieszka Holland
PortugalSaint-Georges de Marco Martins
République dominicaineWoodpeckers de José María Cabral
République TchèqueIce Mother de Bohdan Slama
RoumanieFixeur d’Adrian Sitaru
Royaume-UniMy Pure Land de Sarmad Masud
RussieFaute d’amour d’Andreï Zvyaguintsev
Sénégal: Félicité de Alain Gomis
Serbie : Requiem for Mrs J de Bojan Vuleti?
SingapourPop Aye de Kirsten Tan
Slovaquie The Line de Peter Bebjak
SlovénieMiner d'Hanna A. W. Slak
SuèdeThe Square de Ruben Östlund
SuisseL’ordre divin de Petra Volpe
SyrieLittle Gandhi de Sam Kadi
Taïwan Small Talk de Hui-Chen Huang
ThailandeBy the Time it Gets Dark d’Anocha Suwichakornpong
TunisieThe Last of Us d’Ala Eddine Slim
TurquieAyla: The Daughter of War de Can Ulkay
UkraineBlack Level de Valentyn Vasyanovych
UruguayAnother Story of the World de Guillermo Casanova
Venezuela : El Inca d'Ignacio Castillo Cottin
ViêtnamFather and Son de Luong Dinh Dung

The Disaster Artist de James Franco triomphe à San Sebastian

Posté par vincy, le 2 octobre 2017

James Franco a été consacré par le jury du Festival de San Sebastian pour son long métrage The Disaster Artist, en lui décernant le Coquillage d'Or (Concha de Oro) du meilleur film.

Le film marque ainsi un point pour les Oscars après sa présentation (en version inachevée) au South by Southwest Film Festival au printemps puis en version complète à Toronto (où il a été l'un des films les plus appréciés). James Franco sort de ses films intellos ou expérimentaux avec cette comédie qui retrace le tournage du film culte The Room de Tommy Wiseau, considéré comme un des pires de l'histoire du cinéma par la critique et pourtant prix du public au New York International Independent Film & Video Festival. Echec au box office, le film est devenu culte grâce à ses défauts. Franco a été séduit par la folie et le rêve de Tommy Wiseau, rejeté par Hollywood, et déterminé à faire son film.

The Disaster Artist, qui doit sortir en décembre aux Etats-Unis, réunit une myriade de vedettes aux côtés de James Franco: Alison Brie, Kristen Bell, Zac Efron, Dave Franco, Adam Scott, Bryan Cranston, Josh Hutcherson, Seth Rogen et Sharon Stone.

Marcela Said récompensée à San Sebastian et à Biarritz

Le jury de cette 65e édition, présidé par John Malkovich, entouré de Dolores Fonzi, Jorge Guerricaechevarria, William Oldroyd, Emma Suárez, André Szankowski et Paula Vaccaro, a aussi distingué l'Argentine Anahi Berneri, pour son film Alanis, qui devient la première femme à recevoir le prix de la mise en scène, film également récompensé par le prix d'interprétation féminine pour Sofia Gala Castiglione, le Roumain Bogdan Dumitrache comme meilleur acteur pour son rôle dans Pororoca de Constantin Popescu, le film espagnol Handia (prix spécial du jury), le film argentin Una especie de familia (prix du scénario, et par ailleurs prix d'interprétation masculine au Festival de Biarritz ce week-end) et le film allemand Der Hauptmann (The Captain) (meilleure image). Le jury a attribué une mention spéciale à l'actrice belge Anne Gruwez (Ni juge, ni soumise).

Par ailleurs, dans la section Horizontes Latinos, le jury d'Angela Molina a décerné son prix du meilleur film latino-américain à Mariana (Los Perros) de la réalisatrice chilienne Marcela Said, film sur la dictature d'Augusto Pinochet, également récompensé à Biarritz avec le prix du jury.

Deux films primés à Venise plébiscités par le public

Le prix Nouveaux Talents a récompensé la française Marine Francen pour Le semeur. Le prix du public a plébiscité Three Billboards outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh (qui avait reçu le prix du scénario à Venise et le prix du public à Toronto). Le public a aussi voté pour Jusqu'à la garde de Xavier Legrand à titre de meilleur film européen (après le prix de la mise en scène et le prix du meilleur premier film à Venise). Les deux films devancent Borg/McEnroe et La villa de Robert Guédiguian. Les spectateurs de San Sebastien ont moins aimé Call me by your name, 120 battements par minute, Happy End, Le musée des merveilles, Beautiful Day, The Florida Project, Faute d'amour ou The Big Sick, pourtant très appréciés et même primés à Sundance, Berlin ou Cannes. Mais le film qui a suscité le plus de rejet est Mother! de Darren Aronofsky.

Enfin, le prix FIPRESCI de la critique internationale a préféré le film espagnol Life and Nothing More de Antonio Méndez Esparza

San Sebastian a aussi honoré trois artistes avec un prix Donostia : Ricardo Darin, Monica Bellucci et Agnès Varda.

Venise 2017 : Bilan de la 74e Mostra

Posté par kristofy, le 12 septembre 2017

Cette 74ème édition du Festival de Venise s'est clôturée avec un Lion d'or sacrant Guillermo Del Toro pour The Shape Of Water : enfin une grande et belle reconnaissance pour le génial conteur d'histoire mexicain! Ce nouveau film (dont la sortie française a été décalée à février 2018, au moment des Oscars) renoue avec l'esprit de son plus grand succès Le Labyrinthe de Pan qui avait eu trois nominations aux Oscars dont celle du meilleur film en langue étrangère et  du meilleur scénario. Le jury cannois d'alors l'avait quand même oublié à son palmarès (le prix de la mise en scène avait été remis à son ami et compatriote Alejandro González Iñárritu pour Babel). A noter que le Prix de la meilleure musique de film a été remis à Alexandre Desplat pour la partition de ce film.

L'ensemble des films de la compétition était d'un beau niveau, avec une belle part de cinéastes attendus - Guillermo Del Toro, Darren Aronofsky, George Clooney, Alexander Payne, Paul Schrader, Andrew Haigh, Paolo Virzì, Abdellatif Kechiche, Ziad Doueiri, Hirokazu Kore-eda, Martin McDonagh...

Deux favoris, trois cancres

Avant l'annonce du palmarès, deux films avaient rassemblé presque de manière unanime la critique et le public :  The Shape of Water (qui était notre Lion d'or aussi), et Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh pour lequel on prédisait comme une évidence un prix du scénario (la récompense effectivement obtenue) qui aurait pu être doublée d'un prix d'interprétation féminine pour son actrice Frances McDormand, qui semble d'ailleurs être promise de nouveau à être nommée à un Oscar (dix ans après sa nomination pour L'affaire Josey Aimes et 20 ans après avoir gagné cette statuette pour Fargo). Les films les moins appréciés semblent avoir été Una Famiglia de Sebastiano Risio (avec Patrick Bruel jouant en italien), La Villa de Robert Guediguian (qui a quand même la considération d'autres jurys avec deux prix parallèles), et (surprise) Mother! de Darren Aronofsky plutôt fraichement reçu.

Autre certitude, le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir ne pouvait être remis que au jeune Charlie Plummer pour son rôle dans Lean on Pete de Andrew Haigh (Week-end, 45 Years). Avec ses faux airs de River Phoenix, le jeune comédien de 18 ans, révélé par la série "Boardwalk Empire", trouve ici son premier grand rôle.

Pour les prix d'interprétation le palmarès était assez ouvert. Etrange cependant d'avoir récompensé pour le meilleur acteur Kamel El Basha dans L’Insulte de Ziad Doueiri alors que le rôle principal est tenu par Adel Karam, d'ailleurs très bon. On est évidemment ravi pour Charlotte Rampling pour son deuxième grand prix dans sa carrière grâce à Hannah d'Andrea Pallaoro: elle porte vraiment le film puisque qu'elle est quasiment seule à l'image tout au long du film. On a remarqué avec un certain amusement que certains noms se retrouvaient dans plusieurs films de ce festival : Matt Damon dans Downsizing et Suburbicon, Javier Bardem dans Mother! et dans Loving Pablo, Matthias Schoenaerts dans Le Fidèle et Our Souls at Night, Kristen Wiig dans Downsizing et Mother! ;  et que le musicien Alexandre Desplat était lui au générique de trois films avec Espèces menacées, Suburbicon et The Shape of Water.

Carte Senior

La constante de ce festival est la belle présence de 'seniors' à l'écran : quand le scénario est trop simplet où quand la mise en scène est trop soporifique, c'est leur charisme qui sauve le film ou qui en fait tout son intérêt. C'est donc le cas pour Our Souls at Night qui ressemble à un téléfilm gentillet (ce sera d'ailleurs sur Netflix et pas en salles) qui réunit une nouvelle fois le couple Robert Redford et Jane Fonda qui cabotinent un peu pour notre plaisir. Dans The Leisure Seeker on y suit un vieil homme qui perd la mémoire et sa femme atteinte d'un cancer partir pour leurs dernières vacances en camping-car. Le film est attachant grâce aux talents conjugués de Helen Mirren et de Donald Sutherland. Il aurait été impossible de récompenser l'un sans l'autre au palmarès, mais Hollywood a déjà prévu en parallèle un prochain Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière à Donald Sutherland. C’est aussi le premier film américain du réalisateur italien Paolo Virzì. Andrea Pallaoro, italien, a tourné de son côté Hannah en français avec Charlotte Rampling (nota bene: les films 100% italiens étaient très inégaux). Dans Hannah les plans sont assez longs avec une caméra presque fixe et la narration, avec peu de dialogues, avance lentement, par ellipses, autour d'une vieille femme seule: son mari avait un secret immoral, elle n'est plus la bienvenue chez son fils et son petits-fils, et on ressent avec elle le poids des années et de la tristesse. De premier abord assez austère Hannah révèle sa dimension grâce à Rampling. Ne serait-ce qu'avec ce plan de cri primitif dans un cours d'expression corporelle (où elle n'arrivera pas à réciter son texte) et un plan de son corps nu sous la douche d'une piscine (qui ne veut pas d'elle comme membre à cause de son âge), Charlotte Rampling est à la fois Hannah le personnage et Hannah le film: sa Coupe Volpi est amplement méritée.

Le rejet de l'autre

Signe des temps présents, une thématique particulière infusait de nombreux films cette année à Venise : le rejet de l'autre. Le racisme envers les noirs est évoqué sans détour pour les Etats-Unis à la fois dans Suburbicon de George Clooney et dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh, et dans une moindre mesure dans The Shape of Water de Guillermo Del Toro. Ailleurs aussi, par exemple en Australie dans Sweet Country Warwick Thornton (récompensé du prix spécial du jury). Les américains détestent les russes The Shape of Water, un libanais chrétien éprouve un lourd ressentiment contre un palestinien musulman dans L'insulte. Il y a un flic violent qui tabasse des gens dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, un policier pédophile dans Angels wear white de la chinoise Vivian Qu, un propriétaire blanc qui viole une esclave aborigène dans Sweet Country. Et on recherche aussi un violeur dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri.

Le monde des adultes en place est souvent brutal avec les enfants : un adolescent devient un moment sans abri et se fait voler son argent dans Lean on Pete, une fillette est victime d'un prédateur dans Angels wear white et manquera de la protection de sa mère (qui la punira en lui coupant les cheveux) et de certains médecins (qui vont nier son agression physique), des bébés seront vendus comme de la marchandise dans Une famiglia de Sebastiano Risio, et un petit garçon fera office de bouclier lors du divorce entre sa mère et son père parfois violent dans Jusqu'à la garde de Xavier Legrand (le prix de la mise en scène qui a été une surprise tant on attendait plutôt Abdellatif Kechiche à ce niveau).

Décidément bien des choses ne tournent pas rond : le bienfaiteur d'une église est responsable d'une pollution de l'eau dans First reformed de Paul Schrader, les migrants sont symbole d'une crise qu'on se sait pas gérer dans le documentaire Human Flow de Ai Weiwei. La plupart de ces films en compétition à Venise pourront être découverts prochainement en France, et le premier de ceux-ci sera à voir en salles dans quelques jours : Mother! de Darren Arofsky est un tour de force qui ne laisse pas indifférent en plus de provoquer de multiples résonances...

Primé à Venise, Ziad Doueiri sous la menace d’une condamnation au Liban

Posté par vincy, le 11 septembre 2017

Le réalisateur franco-libanais Ziad Doueiri, ancien assistant de Quentin Tarantino, vit sans doute son plus étrange week-end. Samedi soir, son dernier film, L'insulte, coproduit par Julie Gayet, a été distingué à Venise avec le prix d'interprétation masculine pour l'acteur palestinien Kamel El Basha. Il revient au Liban dimanche, auréolé de ce prix prestigieux pour le cinéma de son pays. Et en fait il est arrêté à l'aéroport...

Durant deux heures et demi, il est interrogé. On lui confisque ses passeports français et libanais. Ziad Doueiri apprend alors qu'il doit "comparaître [lundi] à neuf heures du matin devant un tribunal militaire pour une investigation concernant un chef d'accusation" qu'il ignore.

Selon le quotidien libanais L’Orient le jour, le réalisateur, après trois heures au tribunal militaire de Beyrouth ce lundi, a bénéficié d’un non-lieu: le juge en charge de l’affaire ayant estimé que les faits étaient prescrits.

Le réalisateur "était accusé d'avoir violé l'article 285 du code pénal libanais qui interdit toute visite en territoire ennemi sans autorisation préalable" des autorités libanaises, a précisé son avocat Najib Lyan au quotidien. Cela concernait son film L'attentat, récompensé à San Sebastian, Marrakech et Istanbul.

En effet, pendant qu'il était en Italie, des journalistes et militants libanais ont lancé une polémique, en réclamant de sa part des excuses pour avoir tourné en Israël une partie de L'attentat, son avant-dernier film. Pour certains, il s'agissait de trahison, d'autres l'accusaient d'acter une "normalisation" des relations avec le territoire voisin ennemi (les frontières entre les deux pays sont fermées). Le film avait d'ailleurs été interdit au Liban en 2013 à sa sortie, parce que le cinéaste avait tourné partiellement en Israël avec quelques acteurs israéliens.

"Les gens qui me combattent essaient d'empêcher la diffusion de mon nouveau film L'insulte. Mais j'ai été longuement interrogé et la justice a constaté que je n'avais aucune intention criminelle vis-à-vis de la cause palestinienne" a expliqué le réalisateur après sa matinée au Tribunal. Profondément blessé, il a ajouté: "Des membres de ma famille sont morts en défendant la cause palestinienne".

Délit d'entrée sur le territoire d'un pays ennemi

Cependant tout n'est pas terminé puisque le juge a expliqué qu'il était "possible que l'affaire soit déférée devant un tribunal militaire, pour un délit d'entrée sur le territoire d'un pays ennemi sans autorisation préalable". Un délit passible d'une peine d'emprisonnement d'au moins un an au regard du droit libanais.

La coproductrice Julie Gayet a réagit dans les colonnes du Figaro: "Nous sommes tous choqués et dénonçons cette absurdité, qui n'est qu'une intimidation. C'est un prétexte absurde et moyenâgeux qui fait surface la veille de la sortie de son film à Beyrouth. Tout ceci est complètement fou, surtout quand on sait que L'insulte est un film qui prône la discussion, la paix et l'importance de s'ouvrir." L'Union nationale des critiques de films (SNCCI), et la Semaine de la critique de Venise, apportant leur soutien au réalisateur, ont aussi évoqué un "inacceptable acte d’intimidation" et un "intolérable abus de pouvoir".

L'insulte doit être présenté en avant-première nationale mardi. Il doit être aussi présenté aux festivals de Telluride et Toronto. Il était jusqu'à présent le candidat officiel pour les Oscars 2018.

Venise 2017: Guillermo del Toro sacré, Charlotte Rampling couronnée, Xavier Legrand révélé

Posté par vincy, le 9 septembre 2017

La 74e Mostra de Venise (vous pouvez retrouver ici notre suivi quotidien) s'est achevée ce samedi 9 septembre avec une succession de palmarès des diverses sections, dont celui du jury de la compétition présidé par Annette Bening.

On félicitera le jury d'avoir sacré enfin un cinéaste comme Guillermo del Toro pour sa fresque The Shape of Water. L'immense cinéaste mexicain, entre grand récit classique et film de genre, est enfin récompensé par l'une des plus prestigieuses récompenses du 7e art. Il a dédié son prix à l'ensemble des jeunes cinéastes mexicains. "Je crois en la vie, je crois en l'amour et je crois en cinéma" a-t-il conclu lors de son discours de remerciement.

Ours d'argent de la meilleure actrice en 2015 et nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice en 2016, Charlotte Rampling (Hannah d'Andrea Pallaoro) remporte le deuxième grand prix de sa carrière, confirmant le respect pour ses choix et leur audace.

Le cinéma américain a tout raflé ou presque, en réalité virtuelle. Archi dominant dans la compétition, il repart presque bredouille pour le reste. Face à Matt Damon et Ethan Hawke, larges favoris, c'est le palestinien Kamel El Basha qui a remporté le prix du meilleur acteur. Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, lui aussi en haut de la liste pour le Lion d'or, a du se contenter du prix du scénario.

Le Grand prix du jury a distingué Foxtrot de l'israélien Samuel Maoz, Lion d'or à la Mostra de Venise en 2009 pour Lebanon.

Notons enfin la jolie performance du cinéma français. L'acteur Xavier Legrand a ainsi remporté le prix du meilleur premier film avec Jusqu'à la garde (avec avec Léa Drucker et Denis Ménochet) ET le prix de la mise en scène en compétition. Un double aussi rare qu'exceptionnel pour une première œuvre. Au second prix, il en a pleuré - franchement bouleversant -, remerciant le jury de Bening pour ce "cadeau". Sélectionné aussi à Toronto et San Sebastian, il sortira le 7 février 2018 chez Haut et court.

Dans la section Orizzonti, trois prix ont été décernés à des films français. Parmi les prix remis en marge du festival, on distinguera les trois prix pour M, premier film de l'actrice Sara Forestier et le Queer Lion pour Marvin d'Anne Fontaine.

Compétition
Lion d'or: The Shape Of Water de Guillermo Del Toro
Grand prix du jury: Foxtrot de Samuel Maoz
Prix de la mise en scène: Xavier Legrand pour Jusqu'à la garde
Prix spécial du jury: Sweet Country de Warwick Thornton
Coupe Volpi de la meilleure actrice: Charlotte Rampling pour Hannah d'Andrea Pallaoro
Coupe Volpi du meilleur acteur: Kamel El Basha pour L’Insulte de Ziad Doueiri
Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir: Charlie Plummer (Lean on Pete)
Prix du scénario: Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de et écrit par Martin McDonagh

Lion du futur, Prix Luigi de Laurentiis (meilleur premier film): Jusqu'à la garde de Xavier Legrand

Section Orizzonti
Meilleur film: Nico, 1988 de Susanna Nicchiarelli
Meilleur réalisateur: No Date, No Signature (Bedoone Tarikh, Bedoone Emza) de Vahid Jalilvand
Prix spécial du jury: Caniba de Lucian Castaing-Taylor & Verena Paravel
Prix spécial du meilleur acteur: Navid Mohammadzadeh pour No Date, No Signature (Bedoone Tarikh, Bedoone Emza)
Prix spécial de la meilleure actrice: Lyna Koudry pour Les bienheureux
Meilleur scénario: Los versos del olvido d'Alireza Khatami
Meilleur court métrage: Gros chagrin de Céline Devaux

Autres prix de la sélection officielle
Meilleur court métrage:
Meilleur documentaire sur le cinéma (Classici): The Prince and the Dybbuk de Piotr Rosolowski et Elwira Niewiera
Meilleur film restauré (Classici): Requiem pour un massacre d'Elem Klimov
Lion d'or pour l'ensemble de la carrière: Robert Redford, Jane Fonda
Prix Jaeger-Lecoultre pour un cinéaste: Stephen Frears, prix spécial pour Catherine Deneuve

Réalité virtuelle
Meilleur film en réalité virtuelle: Arden's Wake (Expanded) de Eugene Yk Chung
Meilleure expérience en réalité virtuelle: La camera insabbiata de Laurie Anderson et Hsin-chien Huang
Meilleur histoire en réalité virtuelle: Bloodless de Gina Kim

Autres prix
Prix Fipresci (critique internationale) - compétition : Ex Libirs- The New York Public Library de Frederick Wiseman
Prix Fipresci - premier film: Los versos del olvido d'Alireza Khatami

Prix Future Film Festival Digital: The Shape of Water de Guillermo del Toro
Mention spéciale: Gatta Cenerentola de A. Rak, I. Cappiello, M. Guarnieri et D. Sansone

Semaine de la Critique: Tout le palmarès

Prix de la Fédération des critiques de film d'Europe et de Méditerranée:
Film: Eye on Juliet de Kim Nguyen
Nouveau cinéaste: Sara Forestier pour M
Acteur: Redouanne Harjanne pour M

Venice Days Award:
GdA Director's Award: Candelaria de Jhonny Hendrix Hinestroza.
Label Europa Cinema: M de Sara Forestier
Prix du public: Ga'agua (Longing) de Savi Gabizon

Prix Mouse d’Oro - compétition: Mektoub my love (chant 1) d'Abdellatif Kechiche
Prix Mouse d’Argento – hors competition: Gatta Cenerentola de A. Rak, I. Cappiello, M. Guarnieri et D. Sansone

Prix Unesco: Human Flow d'Ai Weiwei

Queer Lion Award: Marvin d'Anne Fontaine

SIGNIS Award: La villa de Robert Guédiguian
Mention spéciale : Foxtrot de Samuel Maoz

Prix de la meilleure musique de film: Alexandre Desplat pour The Shape of Water
Prix spécial pour Ammore e Malavita des frères Manetti.
Prix pour l'ensemble de sa carrière à Andrea Guerra

Venise 2017 : John Woo revient au polar avec Manhunt

Posté par kristofy, le 9 septembre 2017

Le maestro du polar Hongkongais John Woo est de retour avec Manhunt présenté en première mondiale à Venise. D’ailleurs le montage a été terminé juste un peu avant le festival. Est-ce que John Woo va nous éblouir de nouveau avec sa maestria de gunfights et de cascades ? Pour les scènes d’action, on se retrouve en terrain connu. Cette chasse à l’homme nous renvoie aux standards du genre plusieurs dizaines d’années en arrière. L’ensemble est plaisant, mais pas époustouflant.

On adore justement John Woo pour son sens de l’esbroufe des années 80 à Hong-Kong (Les Larmes d'un héros, Le Syndicat du crime, The killer, Une balle dans la tête…) qu’il a su régénérer ensuite aux Etats-Unis (Broken Arrow, Volte-face, Mission impossible 2…) avant de retourner en Chine pour des films d’époque en costumes (Les Trois Royaumes, Le Règne des assassins, Crossing…). Le souhait de beaucoup était de revoir John Woo aux commandes d’un polar comme il en faisait avant (un projet de remake de The Killer est dans l’air), ce vœu est exaucé maintenant avec Manhunt. On aurait aimé qu'il soit satisfaisant.

Un avocat d’une grande firme pharmaceutique est accusé à tort d’un crime qu’il n’a pas commis, il est poursuivi à la fois par des tueurs et par un flic. Il va devoir évité d’être tué, protéger une femme qui veut se venger, convaincre le flic qu’il est innocent, et bien entendu contrer les projets de… (tadaaa : une grande firme pharmaceutique). Le scénario de ce genre de polar est connu d’avance (c’est toujours l’ex-employeur). C’est d’ailleurs un remake du Manhunt japonais de 1976 avec l’acteur Ken Takakura, auquel John Woo rend ainsi hommage : "la première fois que je l’ai vu dans des films ça m’a marqué, c’était des histoires de gangsters ou d’évasion de prison. Il avait beaucoup de charisme. Je me suis inspiré de son image pour la personnage de Chow Yun-fat dans Le syndicat du crime et The killer, avec par exemple un long manteau."

La séquence d’introduction où le héros croise par hasard deux tueuses nous met dans l’ambiance avec une fusillade en règle. De plus c’est la première fois chez John Woo que les ‘méchants’ sont des 'méchantes'. Ensuite le scénario est conduit de façon à faire se suivre les scènes d’action attendues : course dans le métro, poursuite en scooter de mer, assaillants sur des motos lors d’un mariage, fusillade dans une maison où le héros est menotté au flic, combat rapproché dans un laboratoire, et bien entendu, OUI!, un envol de colombes ! C'est sa signature.

On y pend certes plaisir mais les autres scènes qui font progresser l’histoire sont laborieuses. Les faiblesses de Manhunt sont d’abord liées à son mode de fabrication, tout se passe au Japon mais c’est une co-production avec un casting panasiatique : l’actrice Qi Wei est chinoise, Ha Ji-won est coréenne, Okammoto Tao est japonaise (auparavant vue dans des films de super-héros américains), Angeles Woo, la fille du réalisateur est aussi présente. Dans les deux rôles principaux masculins le flic est le japonais Masaharu Fukuyama (vu dans les films de Hirokazu Kore-eda mais peu crédible ici, il est surtout un chanteur populaire dans son pays), et le héros fugitif est le chinois Zhang Hanyu (déjà héros pour Tsui Hark et Dante Lam). Cette variété de talents (pour que le film soit le plus exportable possible) est une belle réunion, mais l’ensemble est très inégal ou mal dirigé (avec des moments presque parodiques). Surtout, dans certaines situations, les dialogues sont en japonais ou en mandarin et dans d’autres en anglais sans aucune logique (et les répliques anglaises sont risibles), ce qui provoque des rires involontaires.

John Woo est de retour avec une carte de visite de ce qu’il sait bien faire, espérons que cela lui permettra de nous offrir ensuite un film d’un tout autre calibre.