Cannes 2015: Carte postale de Corée du sud

Posté par vincy, le 20 mai 2015

Le modèle français a du bon. En reproduisant le schéma de financement du cinéma français, le cinéma de Corée du sud est devenu un acteur majeur de la cinéphilie mondiale, en moins de vingt ans, profitant d'une "movida" liée à la libéralisation politique du début des années 80.

Non seulement les films nationaux cartonnent au box office, et même à l'export, mais en plus, cela a donné toute une génération de nouveaux auteurs devenus cultes, renouvelant, notamment, le film de genre.

A Cannes, les deux cinémas - le traditionnel et le moderne - cohabitent depuis le début du millénaire. Im Kwon-taek, Park Chan-wook, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Im Sang-soo, Kim Jee-woon sont devenus des grands noms du cinéma avec des oeuvres radicalement différentes, parfois extrêmes, parfois poétiques, flirtant avec la SF ou ancré dans un réalisme social.

Et aucun de ces styles n'a été oublié par les jurys des différentes éditions depuis 2000: la mise en scène pour Im Kwon-taek avec le très beau Ivre de femmes et de peinture, le Grand prix du jury avec l'ultra-violent Old Boy et le prix du jury pour Thirst, ceci est mon sang, tous deux de Park Chan-wook, le scénario pour Lee Chang-dong avec l'étrange Poetry, le Prix Un Certain regard pour Hong Sang-soo avec Hahaha et pour Kim Ki-duk avec Arirang.

En pleine renaissance, ce "jeune" cinéma sud-coréen a largement mieux conquis le monde que ceux de ses voisins en misant sur la variété. contrairement au cinéma de Hong Kong, il n'a pas voulu produire que des polars, thrillers et autres séries B même brillantes ; contrairement au Japon, il n'a pas laissé ses auteurs sans moyens de production et de diffusion ; contrairement à la Chine, il n'y a pas de système de censure qui empêche l'épanouissement des cinéastes. A cela s'ajoute la création du plus grand Festival et marché du cinéma en Asie, à Pusan, et une farouche envie de ne pas se laisser envahir par les productions étrangères (avec un système de quotas).

Pas étonnant, dans ce cas, que chaque année, parmi les 200 films produits dans le pays, des films sud-coréens soient sélectionnés à Cannes ou ailleurs. Les sud-coréens sont des cinéphiles exigeants: avec 215 millions de spectateurs vont dans les salles chaque année (plus qu'en France donc) et la moitié de ces entrées concernent des films nationaux.

Alcool au volant : les Intouchables s’engagent

Posté par wyzman, le 20 mai 2015

"Moi j'ai adoré la vie... J'aurais juste aimé dure un peu plus longtemps."

Après Ivresse de Guillaume Canet, l’association Ferdinand de Patrick Chesnais et la Fondation VINCI Autoroutes s'engagent à nouveau dans la lutte contre l'alcool au volant grâce à nouveau court-métrage : Le bon vivant. Réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache, celui-ci vise une nouvelle fois à sensibiliser les risques de l'alcool au volant, puisqu'il demeure la première cause de mortalité des 18-24 ans sur la route.

Diffusé à la télévision et dans les salles de cinéma depuis aujourd'hui, Le bon vivant met en scène le quotidien de Lucas, jeune étudiant de 20 ans qui aime tout ce que l'on aime à cet âge-là : les potes, la fête, les filles et la vie... Sans jamais faire dans le larmoyant ou le rocambolesque, les réalisateurs d'Intouchables et de Samba livre à travers ce petit film, une oeuvre pleine de sensibilité et particulièrement touchante. Plus court et moins troublant que Lorsque l'amour sera mort d'Erick Zonca, le dernier spot de la Sécurité routière, Le bon vivant fait mouche et devrait en faire réfléchir plus d'un.

Le bon vivant est à voir ici.

Cannes 2015 : retrouvailles avec Sharunas Bartas

Posté par MpM, le 20 mai 2015

Sharunas Bartas

Cinq ans. Cinq longues années qu’on n’avait plus vraiment de nouvelles de Sharunas Bartas. Bien sûr, on l’a vu à l’affiche du singulier Vanishing Waves de sa compatriote Kristina Buozyte, ou encore des Salauds de Claire Denis (2013). Mais de son cinéma sensoriel, mutique et profondément humain, pas une image ne nous était parvenue depuis Indigène d'Eurasie sélectionné à Berlin en 2010. Il nous manquait. Le voilà de retour, par la grande porte, avec un film au titre évocateur et déjà envoûtant : Peace to us in our dreams.

Pour beaucoup, ce sera un film parmi d’autres, et comment leur en vouloir ? Cannes est une longue succession de films à peine savourés, déjà remplacés. Les stars se succèdent, et ne savent plus comment occuper le terrain pour exister plus des quelques minutes qu’il faut pour monter les marches rouges. Alors un film lituanien potentiellement abscons et sans égérie L’Oréal en tête d’affiche… Mais qu’importe. Pour certains, la projection de Peace to us in our dreams sera le véritable événement de ce 68e Festival de Cannes. Un moment hors du temps, suspendu, qui marquera les retrouvailles avec un cinéaste qui, film après film, creuse son sillon singulier.

Des récits arides et contemplatifs

Qu’il rompe définitivement avec le cinéma dépouillé, contemplatif et vertigineux de ses débuts (Corridor, Few of us, The house…) ou qu’au contraire, il repousse les frontières de l’expérimentation formelle, nous espérons être surpris, chamboulé, électrisé, tétanisé, et même peut-être foudroyé, voire anéanti. Renouer en tout cas avec les émotions fortes et irrésistibles qui nous avaient saisis devant les visages, les regards, les silences des personnages de Sharunas Bartas. Des sensations rarement éprouvées au cinéma, mêlant fraternité hébétée et compassion absolue, désarroi et vacuité, mais aussi une distance et un hermétisme qui rehaussent la puissance indomptable de ces récits arides et contemplatifs.

Devant un film du cinéaste lituanien, le cinéma, à nouveau, trouve toute sa mesure, et redevient cet art audiovisuel qui fait appel à tous les sens par la simple magie de l’image, de la mise en scène, du son et du montage. Dans nos rêves de cinéphiles, peut-être ne sommes-nous pas en paix, mais à coup sûr, il y a un Sharunas Bartas qui tourne des films inlassablement.

Cannes 2015: Qui est Zhao Tao ?

Posté par MpM, le 20 mai 2015

zhao taoL'actrice chinoise Zhao Tao ne se destinait pas au cinéma, mais à la danse, qu’elle a pratiqué durant toute sa jeunesse. Devenue professeur à l’université, elle rencontre le réalisateur Jia Zhang-ke par hasard lors du casting pour Platform. A la recherche d’étudiantes, il décide finalement de lui proposer le principal rôle féminin. C’est le début d’une collaboration (et d’une histoire d’amour) qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.

Ensemble, ils se font l’écho d’une jeunesse désenchantée et paumée (Plaisirs inconnus, 2002), explorent l’univers confiné d’un parc d’attractions, métaphore d’une Chine aux apparences trompeuses (The world, 2004), dénoncent les victimes collatérales du "miracle économique" (Still life, 2006), témoignent encore et toujours des impacts de la transformation de l’économie planifiée à l’économie de marché à travers le démantèlement d’une cité ouvrière modèle (24 city, 2008) ou des bouleversements de la ville de Shanghai (I wish I knew, 2010), et n’en finissent plus de dénoncer les injustices et la colère qui monte dans une société où la violence semble le dernier recours (A touch of sin, 2013). Cette année, ils sont de retour à Cannes, où la majorité de leurs films ont été présentés, avec un nouveau projet intitulé Mountains May Depart, en course pour la Palme d’or.

Mais si Zhao Tao, de son propre aveu, « s’arrange » pour participer à tous les projets de son mari, elle mène aussi de son mieux une carrière parallèle. On l’a notamment vue dans Dada de Yuan Zhang, Ten thousands waves d’Isaac Julien aux côtés de Maggie Cheung ou La petite Venise d’Andrea Segre, qui lui a valu un prix d’interprétation au Festival de Venise.

D’après Jia Zhang-ke, la principale qualité de Zhao Tao serait de se "fondre" dans les lieux où elle évolue, si bien qu’elle donne toujours l’impression d’appartenir réellement à ce lieu et non d’y être "une touriste". Elle est également pour lui une source d’inspiration, à la fois pour les idées qu’elle apporte sur le tournage, et pour les expériences personnelles dont elle peut nourrir ses personnages. Elle a par exemple travaillé dans un parc d’attractions comme celui qui apparaît dans The world, et avait déjà expérimenté la sensation pesante de répétition infinie qui y règne et que retranscrit le film.

Muse, collaboratrice et comédienne chevronnée, Zhao Tao prouve ainsi triplement, s’il en était besoin, qu’elle n’est pas seulement "la compagne de" mais bien une artiste à part entière. Que l’on rêve juste de voir plus souvent à l'écran.

L’instant Glam’: entre brillances, selfies et embouteillages

Posté par cynthia, le 20 mai 2015

Septième jour du Festival de Cannes (bonté divine que ça passe vite) et les stars se font toujours aussi nombreuses et clinquantes. Robes, talons (oui il y en a malgré la polémique), nibards et autres selfies (interdites), retour sur une montée des marches étincelante malgré la pluie battante.

Embouteillage et autres contrariétés

Ce soir, la première célébrité à nous avoir tapé dans l’œil est la belle Golshifteh Farahani. Terminé le temps où il lui était interdit de porter des robes "européennes". La belle s'est rebellée et elle a bien fait! L'Iranienne arborait un décolleté très prononcé mais sans pour autant être vulgaire. De toute beauté, elle a rayonné sur la croisette. Prochainement à l'affiche de Pirates des Caraïbes 5 (oui encore un épisode), l'actrice a expliqué son choix en affirmant qu'il était important de faire les deux : films indépendants et films tout publics. Nous sommes entièrement d'accord avec elle, il n'y a qu'à voir les stars du moment qui concilient à la perfection blockbusters et films indépendants : Jennifer Lawrence, Shailene Woodley ou encore Emma Stone.

Outre la jolie brune qui ne compte pas pour des prunes (d'accord je sors...) nous avons remarqué le papa de Michael Jackson qui est arrivé avec toute sa clique sur le tapis et s'est lancé dans une pluie interminable de selfies (on a dit que c'était interdit!!). Cela a provoqué un embouteillage digne de la A4 à 18h. Voilà pourquoi il faut éviter les selfies sur le tapis rouge. Une montée de 30 min se transforme en une montée de 1h45. Au moment où l'embouteillage s'est estompé, Doutzen Kroes est arrivée et a accentué la meute : la faute aux photographes qui l'appelaient de tous les côtés. Quelque chose nous dit qu'elle en a fait craquer, des bas de smoking.

Une autre en a fait baver plus d'un : Cate Blanchett. Toujours sublime, l'actrice est apparue en noir et a laissé l'assemblée bouché bée de par sa beauté. Juste derrière elle, nous avons aperçu Xavier Dolan toujours aussi sexy, que ce soit sur un tapis rouge ou à côté d'un GROS Magnum juteux, mais aussi Sami Nacéri qui a pris un sacré coup de vieux et Antonio Banderas accompagné d'un mannequin botoxé (sa femme?).

Pendant ce temps les fans cassaient de la voix: "Emily Emily Emilyyyyyyyyyyy". C'est qu'ils ont du coffre sur la croisette ! Et cela n'a pas laissé indifférente l'actrice Emily Blunt venue présenter Sicario de Denis Villeneuve. La belle est restée longuement avec ses fans à signer des autographes et à prendre des photos. Sublime en argentée, Emily brillait sur la croisette telle une boule à facette. Aux côtés de la belle Britannique, deux mâles en puissance : Benicio Del Toro et Josh Brolin. Tout sourire et presque hilares, les deux acteurs ont mis du swing sur les marches. Autant vous dire que nous étions de bonne humeur pour le reste de la soirée (et pourquoi pas de la nuit)... en attendant les aventures de demain.

Cannes 2015 : retrouvailles avec Gaspar Noé et sa « dimension organique de l’état amoureux »

Posté par kristofy, le 19 mai 2015


Cher Gaspar (sans d),

Vous êtes déjà venu plusieurs fois à Cannes, en fait presque à chaque fois que vous aviez réussi à finir un film. On pourrait penser que vous êtes un enfant du Festival de Cannes, mais vous êtes aussi en même temps une sorte de patron. A la première annonce des films retenus en sélection officielle, la principale question était bien: " Love de Gaspar Noé ?", comme s'il était évident que vous seriez parmi nous cette année.
Cannes a beau jeu d’équilibrer sa sélection entre habitués et nouveaux, s'il y a bien un réalisateur que l’on attend de voir sur la Croisette c’est évidement vous (et la confirmation de votre sélection a été annoncée quelques jours plus tard).

Tout vos films ont d’abord été découvert à Cannes. Ils étaient tellement inattendus que le nouveau est maintenant devenu très attendu. Carne en 1991 et Seul contre tous en 1998 (Semaine de la Critique), le controversé Irreversible en 2002 (en compétition officielle), Enter the Void en 2009 (en compétition officielle), 7 jours à la Havane-Ritual en 2012 (à Un Certain Regard, aux côtés de sept réalisateurs différents). On n’oublie pas non plus La bouche de Jean-Pierre avec Lucile Hadzihalilovic en 1996 (à Un Certain Regard) ni les courts-métrages - We Fuck Alone (dans Destricted, Semaine de la Critique dont il a été le parrain) ou comme 8 (sur le thème du sida).

Un malentendu subsiste depuis la projection à minuit de Irreversible, malentendu pas dissipé avec Enter the void: vous seriez un réalisateur sulfureux qui fait des films violents et presque pornographiques. Il s’agit avant tout d’histoires d’amour qui meurent, des films pessimistes, désenchantés, formellement intrigants mais volontiers provocateurs (n'hésitant pas à être politiquement incorrects). Certains vous haïssent, ou rejettent, d'autres vous adorent. La passion selon Noé: vous ne laissez pas indifférent. Et c’est encore le cas de votre nouveau film où l’amour dégouline même du titre : Love.  "Au cours d'une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d'amour, deux ans avec Electra. Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d'excès et d'erreurs..." Les affiches annoncent du sexe, du sperme, des seins, un gland. Bref ce que l'on peut voir sur Tumblr, mais cela choque-t-il encore? Lars Von trier a aussi introduit la pornographie dans films. Le lesbianisme a envahit les publicités de marque de luxe. Quant au triolisme, de Korine à Bertolucci, ce n'est plus très neuf.

On devine qu’aujourd’hui la projection en 3D à minuit hors-compétition risque de ne pas faire bander Cannes: certains journalistes dorment déjà à la projection de 19 heures, d'autres festoient sur les plages. Il est loin le temps où un Noé annonçait un peu de frisson et de sensations dans les discussion.

Alors vous avez publié une note d'intention pour bien expliquer votre démarche: "Pendant des années, j'ai rêvé de faire un film qui reproduise au mieux la passion amoureuse d'un jeune couple dans tous ses excès physiques et émotionnels. Une sorte d'amour fou, comme la quintessence de ce que mes amis ou moi-même avons pu vivre. Un mélodrame contemporain qui intègre de multiples scènes d'amour, et dépasse le clivage ridicule qui fait qu'un film normal ne doit pas montrer des séquences trop érotiques alors que tout le monde adore faire l'amour. Je voulais filmer ce que le cinéma peut rarement se permettre, pour des raisons commerciales ou légales, c'est- à- dire filmer la dimension organique de l'état amoureux. Pourtant, dans la plupart des cas, c'est là que réside l'essence même de l'attraction à l'intérieur d' un couple. Le parti-pris était donc de montrer une passion intense sous un jour naturel, donc animal, ludique, jouissif et lacrymal. Contrairement à mes projets précédents, pour une fois, il n'est question que de violence sentimentale et d'extase amoureuse."

Cannes 2015 : Lettre à Brillante Mendoza

Posté par MpM, le 19 mai 2015

Cher Brillante Mendoza,

Taklub signifie "piège". C'est le titre de votre dernier film présenté à Cannes 2015 dans la section Un certain regard, qui raconte les suites du passage du typhon Haiyan aux Philippines en 2013, et notamment les conditions de survie de plusieurs habitants de la ville de Tacloban dévastée par la catastrophe.

Sous une forme très proche du documentaire, en mouvement et au plus près de vos personnages, vous filmez les conditions précaires, voire périlleuses, des réfugiés, leurs difficultés pour obtenir de l'aide, leur combat pour retrouver le corps de leurs proches disparus. Vous montrez les stratagèmes de chacun pour continuer à avancer et se reconstruire, ainsi que la peur d'une nouvelle catastrophe qui sourd.

On croirait presque un état des lieux exhaustif, et à la portée universelle, du statut de victime. Certaines images nous sont familières pour occuper les journaux télévisés à chaque nouveau drame humain : campements de fortune, maisons en ruine, rescapés démunis... Comme c'est souvent le cas dans votre cinéma, rien ne nous est épargné de la misère et de l'horreur, de la douleur et du sordide. Au début du film, le plan qui s'attarde sur le corps calciné d'une mère serrant encore un enfant dans ses bras est ainsi purement insupportable.

Il faut témoigner, inlassablement et sans fard, des injustices et des horreurs du monde. Faut-il pour autant le faire à n'importe quel prix ? Talklub répond à la question à sa manière, plutôt démonstrative. Mais votre acharnement à donner film après film une voix à ceux qui en sont privés va bien au-delà d'une question de morale cinématographique. C'est une nécessité vitale.

Cannes 2015: Jane Fonda, la productrice de Zero Dark Thirty et Olivia de Havilland à l’honneur

Posté par cynthia, le 19 mai 2015

Jane Fonda, Megan Ellison et Olivia de Havilland ont été mises à l’honneur lors du Dîner de la Présidence du Festival de Cannes, co-organisé avec Kering.

À l'occasion de la première édition du programme Women in Motion destiné à mettre en valeur et célébrer la contribution des femmes au 7ème art, Kering et le Festival de Cannes ont célébré l’engagement et la carrière exceptionnelle de l’actrice américaine, productrice et philanthrope Jane Fonda, primée deux fois aux Oscars en tant que meilleure actrice pour Klute et Le Retour. Elle a aussi été nommée pour On achève bien les chevaux, Julia, Le syndrome chinois, La Maison du lac et Le lendemain du crime.

La jeune productrice Megan Ellison (Annapurna Pictures) a également été récompensée lors de cette soirée. Pierre Lescure, Président du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, Délégué général du Festival de Cannes et François-Henri Pinault, Président-Directeur général du groupe Kering, ont remis leurs prix respectifs aux deux lauréates de la soirée. Megan Ellison a notamment produit quelques films présentés à cannes comme Des hommes sans loi, Cogan: Killing them softly et Foxcatcher, mais aussi True Grit, Zero Dark Thirty, The Grandmaster, Spring Breakers, Her, American Bluff et le prochain Terminator Genesys.

Enfin, la comédienne Olivia de Havilland, 98 ans aujourd'hui et résidant à Paris, a été la troisième femme récompensée, malgré son absence. Eternelle Melanie dans Autant en emporte le vent, la comédienne a été deux fois oscarisée et a arrêté sa carrière en 1988.

Claudia Cardinale, Salma Hayek Pinault, Isabelle Huppert, Sophie Marceau, Julie Gayet, ou encore Charlotte Le Bon, Golshifteh Farahani et même Benicio del Toro, John Turturro et Jake Gyllenhaal, ont participé à la cérémonie.

Ce dîner fut l’occasion de célébrer la contribution des femmes au cinéma et de marquer le lancement de l’initiative Women in Motion au Festival de Cannes. A compter de 2016, le programme comprendra deux prix Women in Motion : le premier récompensera une contribution significative à la cause des femmes au cinéma et le second, une jeune cinéaste talentueuse, afin d’aider les jeunes talents féminins à obtenir davantage de visibilité et de reconnaissance au sein du monde du cinéma.

Cannes 2015: Carte postale du Canada

Posté par vincy, le 19 mai 2015

L'an dernier, le Canada était représenté par trois films en compétition au festival de Cannes: Cronenberg (qui a ramené un prix d'interprétation féminine), Egoyan et Dolan (qui est reparti avec un prix du jury). Trois des grandes figures cannoises de ces vingt dernières années. David Cronenberg avait soulevé les passions avec Crash, Atom Agoyan avait frôlé la Palme avec De Beaux lendemains (Grand prix du jury tout de même) et Xavier Dolan est né sur la Croisette (côté Quinzaine des réalisateurs), où il a présenté tous ses films à l'exception de Tom à Ferme et est, déjà, le cinéaste canadien le plus primé du Festival.

Cette année encore, un cinéaste canadien va monter les marches: Denis Villeneuve, qui a déjà goûté au festival dans les sélections parallèles et a gagné une Palme d'or du court métrage, avant de migrer à Hollywood et devenir abonné au Festival de Toronto. Anglophones, francophones, acadiens ou allophones, les cinéastes canadiens ont toujours réussi à démontrer que le cinéma nord-américain n'était pas réservé qu'à leurs voisins, même s'ils empruntent leurs capitaux ou s'ils emploient leurs stars.

Mais il a aussi sa singularité. Rappelons nous en 2001 quand Zacharias Kunuk révélait Atanarjuat, premier film inuit sélectionné au Festival, et emportait avec lui la Caméra d'or. C'est surtout le cinéma québécois qui a brisé les préjugés sur le cinéma canadien. Ainsi Denys Arcand a gagné ses galons de cinéaste majeur sur la Croisette: meilleur scénario (Les invasions barbares en 2003), Prix du jury (Jésus de Montréal en 1989) et Prix FIPRESCI (Le déclin de l'empire américain en 1986).

Plus loin dans le temps, Michel Brault (Les Ordres, 1975) a gagné un prix de la mise en scène. Car le cinéma québécois a surtout brillé à Cannes dans les années 70. On a oublié que Jean Pierre Lefebvre reste le cinéaste canadien le plus projeté à Cannes, avec 11 films présentés dans les diverses sélections. Jean Beaudin, André Brassard, Carole Laure, Gilles Carle, Ted Kotcheff, Jean-Claude Lauzon, André Forcier, Jean-Claude Labrecque, Robert Lepage, Denis Côté, Philippe Falardeau, et on en oublie, sont tous passés par la Côte d'azur.

Avec 80 longs métrages environ produits côté anglophone et une trentaine en moyenne côté francophone, le Canada continue bon an mal an à exister dans le 7e art mondial. La part de marché reste fragile et l'export est devenu une nécessité. Mais depuis une quinzaine d'années, de nouveaux auteurs émergent et jamais autant de films canadiens n'ont été nommés aux Oscars ou aux César. Cela peut durer si les institutions restent aussi solides qu"auparavant, ce qui n'est pas sûr: la culture est loin d'être une priorité politique depuis quelques années.

Cannes 2015 : retrouvailles avec Marthe Keller

Posté par vincy, le 19 mai 2015

marthe keller amnesia

On est si heureux de la retrouver... Marthe Keller, 70 ans, fut une star durant les années 60 et 70. En 50 ans de carrière, la comédienne s'est affranchie des frontières: celles entre le théâtre, le cinéma et la télévision (Les Demoiselles d'Avignon) ; mais aussi les frontières géographiques, puisqu'elle a travaillé aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Italie...

Depuis 1966, Marthe Keller n'a jamais arrêté. Pourtant, avec Amnesia, elle revient au 68e Festival de Cannes, en Séances spéciales, après 13 ans d'absence sur les marches (même si, au début des années 2010, elle déambulait sur la Croisette en sélections parallèles). La dernière fois, elle était membre du jury de la Caméra d'or. Elle avait déjà présidé ce même jury, en 1994. Et au sommet de sa carrière internationale, l'actrice helvète avait été membre du jury de la Compétition en 1977.

Côté films, on l'a rarement vue, à notre plus grand désespoir. Deux fois hors compétition avec Toute une vie de Claude Lelouch en 1974 et Fedora de Billy Wilder en 1978. Deux fois en compétition avec Les Yeux noirs de Nikita Mikhalkov en 1987 et L'Ecole de la Chair de Benoît Jacquot en 1998.

De Broca et Pacino

Il est impossible d'ignorer Frau Keller. Jeune, elle était gracieuse, coquine, irrésistible, craquante, mutine dans les comédies de son compagnon d'alors, le réalisateur Philippe de Broca. Elle s'offrit en joueuse proche de la nymphomanie dans Le Diable par la queue en 1968, et en espiègle qui fait tourner les têtes dans Les Caprices de Marie en 1970. Des comédies françaises elle passa aux productions hollywoodiennes Marathon Man de John Schlesinger, Black Sunday de John Frankenheimer, Bobby Deerfield de Sydney Pollack, avec Al Pacino (qui deviendra un temps son compagnon et reste un grand ami). Ainsi, récemment, on pouvait la croiser aussi bien chez Clint Eastwood (Au-delà) que chez Bouli Lanners (Les géants, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2011).

De grands écarts qui la font tourner dans des romances comme des thrillers, des films noirs à de la SF, de la comédie légère (Le derrière de Valérie Lemercier) aux films d'auteur (Au galop, à la Semaine de la critique en 2012). Sur les planches, elle met en scène des opéras et se laisse diriger par Patrice Chéreau, Lucian Pintilie, Yannick Haenel, ...

Entre autorité naturelle et charme évident, elle peut jouer les dominatrices comme les romantiques. Souvenir d'enfance dans des comédies populaires ou des films hollywoodiens inaltérables, elle s'est mue en grande actrice, libre, au fil des ans. En incarnant Martha dans Amnesia, de Barbet Schroeder, Keller nous plonge dans une histoire de solitude et d'amour. Un rejet du passé qui lui sied bien. Même si nous n'avons pas envie d'oublier sa présence charismatique dans des films qui ont accompagné notre existence.