Posté par MpM, le 19 mai 2015
Séduisant, Tadanobu Asano l’est assurément, avec son air rebelle, son regard effronté et sa gueule d'ange déchu. Mais pour se distinguer des falots pop-idols qui se battent pour avoir sa place, il a opté pour un détachement qui transpire jusque dans la moitié de sa filmographie. Depuis ses débuts, le comédien alterne en effet les rôles de personnages gauches et paumés avec des compositions plus extériorisées de psychopathes borderline.
Qui est-il vraiment ? La légende veut qu’il soit dans le privé un homme simple, père modèle et rangé, dont les seuls excès consistent à chanter dans le groupe Mach 1.67 qu’il a créé avec le réalisateur Gakuryû Ishii. Devenu acteur un peu par hasard (il refuse d’ailleurs toujours le terme) lorsque son père, agent de comédiens, lui obtient un rôle dans un série télévisée, il se fait remarquer pour la première fois en 1993 dans Fried Dragon Fish de Shunji Iwai. Il a vingt ans, et le cinéma ne semble attendre que lui.
Dans la décennie qui suit, on le retrouve chez Kore-Eda (Maborosi, Distance), Shinji Aoyama (Helpless), Ishii Katsuhito (Shark Skin Man and Peach Hip Girl, Party 7), Nagisa Oshima (Tabou) et Takashi Miike (Ichi the killer). Rien qu’en 2003, il est à l’affiche de quatre films asiatiques de premier plan : Café lumière de Hou Hsiao-Hsien dans lequel il dirige une boutique de bouquinistes et enregistre à ses heures perdues le bruit des trains qui traversent la ville ; Jellyfish de Kyoshi Kurosawa, où il incarne un jeune homme obsédé par une méduse et sombrant dans une folie criminelle ; Last life in the universe de Pen-ek Ratanaruang qui le met en scène en jeune homme mutique et suicidaire (encore) confronté à une violence qui le dépasse ; Zatoichi de Takeshi Kitano où il est un samouraï virtuose.
L’éclectisme et la variété dont fait preuve l’acteur a quelque chose de vertigineux et de jouissif. Rien ne lui semble impossible, et de ce fait les metteurs en scène de tous horizons le sollicitent, lui proposant sans a priori des rôles violents ou contemplatifs, légers ou terrifiants, décalés ou absurdes. Il participe ainsi à la très belle aventure de The taste of tea, chronique familiale barrée, poétique et sensible de Ishii Katsuhito, puis se laisse à nouveau entraîner dans un polar poisseux et étrange avec les Vagues invisibles de Pen-ek Ratanaruang, se mue en Ghengis Khan pour le Mongol de Sergey Bodrov, souffre d’amnésie pour Shinya Tsukamoto (Vital)… Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne laisse enfermer dans aucun type de personnage, jouant tout avec gourmandise, et succès.
Curieusement, le début des années 2010 marque un tournant dans ses choix de comédien. A-t-il fini par se lasser ou s’est-il laissé charmer par les sirènes d’une carrière internationale ? Tadanobu Asano tourne plus souvent hors d’Asie et accepte des superproductions hollywoodiennes. En 2011, il rejoint ainsi l’équipe de Thor réalisé par Kenneth Branagh pour interpréter Hogun, l’un des amis du personnage principal. "J’ai du sang néerlandais et norvégien, donc j’ai le sentiment qu’il était nécessaire que je rejoigne le film", explique-t-il à l’époque. "Car j’ai l’impression que Thor est le point de départ pour trouver mes racines. J’ai découvert que j’ai de la famille aux Etats-Unis, je veux prendre mon temps et faire de mon mieux pour que les spectateurs étrangers me connaissent mieux, et c’est aussi un processus dont je veux profiter." Il y aura ensuite Battleship de Peter Berg, Thor 2 d’Alan Taylor et 47 Ronin de Carl Erik Rinsch.
Comme pour prouver que l’Occident n’a aucune prise sur lui, l’acteur poursuit en parallèle une carrière asiatique, mais ses films s’exportent moins qu’autrefois. Comme s’il traversait le premier passage à vide de sa carrière, près de vingt-cinq ans après ses débuts. Un passage à vide tout de même plus que relatif, puisque Martin Scorsese a fait appel à lui pour son prochain film, Silence, et qu’il sera présent une nouvelle fois sur la Croisette avec Journey to the shore de Kiyoshi Kurosawa. On a vu des agendas moins bien remplis.
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Posté par cynthia, le 18 mai 2015
Sixième jour du Festival de Cannes, et malgré la fatigue naissante de tous les accrédités le gratin du septième art n'est pas perturbé. Décolleté noyant, fesse apparente... la chair était à l'honneur en ce début de semaine.
Des traînes, des fesses et de l'amouuuuur
Sous le célèbre Alexandrie, Alexandra de feu Claude François, Virginie Ledoyen est arrivée sur la Croisette toute en rouge: sans ses cheveux, nous aurions pu croire qu'il s'agissait d'un prolongement du tapis. Nous nous attendions même à un accident avec sa longue traîne. Par exemple un membre du jury en retard qui marche en plein dedans, se vautre et se retrouve à fusionner avec le sol. Mais pour l'instant aucun accident grave à cause d'une traîne. A croire que la loi de Newton a disparu avec la chaleur. Ce qui a disparu aussi, c'est la culotte de Paris Hilton. La demoiselle (sans emploi mais plus riche que vous et moi) est arrivée avec une robe (enfin si on peut ainsi nommer ce filet de pêche doré) transparente sur le côté des fesses. Commé prévu, la blonde a laissé son minou prendre l'air. Et bien oui les filles, la "pussy" c'est comme les chiens, il faut les sortir. Entre quelques traînes sur le tapis (c'est officiel c'est le dress code de cette année... si vous venez en jupe courte vous serez marginalisée) et de nombreuses femmes enceintes, nous avons pu voir Clovis Cornillac littéralement décoiffé mais toujours sexy. Ce dernier était en compagnie de sa femme qu'il embrassait à pleine bouche! Ah que c'est beau l'amour un peu, beaucoup, aveuglément!
Vice-Versa: l'équipe vf et vo (enfin presque)
L'événement de cette soirée était l'avant-première du nouveau Pixar: Vice-Versa. Toute l'équipe vocale, française et américaine, était présente. Et puisque l'on était en France, les caméras ont légèrement ignoré l'équipe VO que nous avons à peine aperçue. Côté VF, nous avons remarqué Gilles Lellouche et Pierre Niney lookés comme dans Men In Black à qui one ne la fait pas (les hommes sont désespérément banals), mais aussi Mélanie Laurent en plein remake de la petite sirène avec une robe couverte de strass jusqu'au bout des seins, Charlotte Le Bon, magnifique en robe virginale blanche (c'est aussi une tendance), et Marilou Berry qui nous a décrochés la mâchoire en style années 50.
Côté vo: Mindy Kaling est arrivée en robe rose et violette façon Bollywood et ce fut raté! Nous avons plus eu envie de la rhabiller que de lui offrir un poulet tandoori. À l'instar de sa collègue Amy Poehler, pourtant radieuse en noir, Mindy n'a pas marqué notre subconscient. Mais après tout c'était sa première montée, c'est excusable.
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Posté par MpM, le 18 mai 2015

Chers Tarzan & Arab Nasser,
Dans Dégradé, sélectionné à la Semaine de la Critique, vous avez choisi de raconter Gaza à travers le huis clos d'un salon de beauté où une douzaine de femmes se retrouvent prisonnières malgré elles. Plutôt que l'horreur et le sang, vous faites le portraits de femmes diverses, de tous âges, milieux sociaux et origines, qui essayent simplement de continuer à avancer dans une ville en proie aux luttes intestines (le film se situe avant la nouvelle guerre avec Israël entamée en 2014).
Au fil des conversations, on découvre la personnalité de chacune ainsi que des détails sur la vie quotidienne : électricité un jour sur deux, pénurie d'essence, absurdités liées à la rivalité entre Hamas et Fatah, affrontements armés... Vous utilisez un ton souvent léger ainsi que le prétexte de bavardages sans conséquence pour ne pas transformer prématurément le film en tragédie. Pourtant, on sent la lassitude des protagonistes ainsi que leur résignation.
Immaquablement, Dégradé évoque deux films qui, comme lui, utilisaient le lieu confiné d'un salon de beauté pour décortiquer la réalité des rapports sociaux et de la condition féminine en France (Vénus beauté (Institut) de Tonie Marschall) et au Liban (Caramel de Nadine Labaki). A la différence près que votre premier long métrage est forcément plus grave et plus désespéré. Il va plus loin dans l'analyse sans fard d'une situation rendue absurde par les privations et les luttes internes de pouvoir. On comprend entre les lignes que pour la plupart des clientes du salon de beauté gazaoui, venir se faire coiffer, maquiller ou épiler n'a pas la même signification qu'en Europe.
Pour ces femmes, c'est avant tout un défi au monde qui les entoure : monde masculin qui leur intime de se cacher, monde religieux où la futilité n'est pas de mise, monde social avec son cortège de misère... Pour elles, le salon de beauté devient comme le seul havre de paix qui leur soit accessible, et s'y faire coiffer revient alors à résister à l"oppression et à la peur. Quand tout semble insurmontable, chacun lutte avec les armes à sa disposition. Se "faire belle" est aussi une manière de cultiver un certain espoir en la vie et de continuer à croire qu'il reste malgré tout de belles choses à vivre. C'est d'ailleurs ce qui émeut peut-être le plus dans Dégradé : constater qu'en des temps aussi troublés, il est encore possible d'être amoureux.
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Posté par vincy, le 18 mai 2015

Avec la France et les Etats-Unis, l'Italie est le pays qui compte le plus important nombre de films primés sur Croisette. L'Italie est à moins d'une heure de voiture de Cannes, mais ceci n'explique pas cela. Le Festival de Cannes a construit une grande partie de sa renommée mondiale sur la Riviera française avec 11 palme d'or, 10 Grand prix, 3 prix du jury, 2 prix du scénario, un prix de la mise en scène. N'en jetez plus: de Fellini à Begnini, de Scola à Rohrwacher, de Visconti à Sorrentino, d'Antonioni à Moretti, malgré les crises du 7e art italien, il a toujours été présent au fil des décennies.
Né en 1896, le cinéma "italiano" a vécu plusieurs vies, dont certaines ont influencé le cinéma mondial, à commencer par le néoréalisme, dont le plus illustre représentant, Roberto Rossellini, époux d'Ingrid Bergman et père d'Isabella, a été honoré d'un Grand prix cannois (ancienne Palme d'or) en 1946 avec Rome ville ouverte.
Car Rome est bien la cousine de Cannes: de La Dolce Vita à La Grande Bellezza, la ville éternelle est l'une de celles qu'on connaît le mieux dans le Palais des Festivals.
On a longtemps cru que ce 7e art italien allait mourir, avec l'omniprésence de la télévision, la chute de la fréquentation en salles, l'emprise de Berlusconi sur la culture et les médias. Pourtant il a résisté. Il s'est même renouvelé, du film noir à Gomorra, de la comédie sociale à Nos meilleures années.
Mais on ne peut pas parler de renouveau. Certes, il s'est produit plus de 200 films l'an dernier, soit bien plus que les années précédentes. mais les entrées en salles sont en baisse, les budgets moyens par film aussi et la part de marché des films italiens est loin de ses scores d'antan. Cannes apparaît alors comme un refuge pour un cinéma qui refuse de disparaître alors qu'on annonce sa mort depuis si longtemps. La preuve encore cette année avec trois films en compétition.
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Posté par vincy, le 18 mai 2015

Alors que la presse internationale lui a décerné la meilleure moyenne parmi les films en compétition pour Carol, le réalisateur Todd Haynes, cinéaste rare, a déjà annoncé son prochain film. Il adaptera le roman jeunesse Après la foudre (Wonderstruck) de Brian Selznick (auteur de L'invention d'Hugo Cabret, transposé par Martin Scorsese). Après la foudre est l'histoire de Ben et Rose qui auraient préféré que leurs vies soient différentes. Ben regrette de ne pas connaître son père, Rose est obsédée par la vie d'une actrice mystérieuse. Les deux enfants vont finalement vouloir trouver ce qui leur manque. Les deux histoires se déroulent avec 50 années d'écart, en 1977 et en 1927.
Miles Teller sera le boxeur Vinny Paz dans Bleed for this. Le tournage est achevé. La vie du champion de boxe va donc être dans les mois qui viennent un biopic sur les grands écrans. Le champion de boxe avait fait un retour triomphant sur le ring après avoir été victime d'un accident de voiture en 1991, alors qu'il était au sommet de sa carrière. Contre l'avis des médecins, il a repris l'entraînement et a gagné d'autres titres par la suite. Martin Scorsese est parmi les producteurs de ce film réalisé par Ben Younger.
En compétition à Cannes cette année avec Valley of Love, Guillaume Nicloux a déjà son prochain film en tête. Les confins du monde sera un drame historique, se déroulant pendant la Guerre d'Indochine, et inspiré du récit du journaliste et ancien parachutiste Erwan Bergot, Commandant Vandenberghe: Le pirate du Delta, publié en 1973. Scénarisé par Jérôme Beaujour (qui avait déjà collaboré avec Nicloux sur La Religieuse), le film explore la vie d'un commandant dans l'Indochine des années 40, entre premiers conflits rebelles et romance avec une vietnamienne. Gérard Depardieu serait en négociations pour le rôle. Le tournage est prévu au Cambodge au printemps 2015.
Et enfin, un petit post-scriptum: Louis Garrel sera le partenaire de Marion Cotillard dans l'adaptation du roman Mal de Pierres de Milena Agus (lire notre article du 12 juillet 2014) et réalisée par Nicole Garcia.
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Posté par vincy, le 18 mai 2015
C'est une habituée de la Croisette. Il y a quatorze ans déjà, Valérie Donzelli est révélée à la Quinzaine des réalisateurs avec son rôle dans Martha... Martha de Sandrine Veysset. Elle revient à la Quinzaine sept ans plus tard, en 2008, avec son deuxième court métrage, Il fait beau dans la plus belle ville du monde. Mais c'est en 2011 que l'actrice-scénariste-réalisatrice fait l'événement sur la Croisette, du côté de la Semaine de la critique avec La Guerre est déclarée. Inspiré par la vie du couple à l'écran et à la ville qu'elle forme avec Jérémie Elkaïm, le film insuffle son style rafraîchissant et vif à une histoire bouleversante, mais sans pathos. Le film est un succès en salles (plus de 800000 entrées) et récolte de nombreux prix dans les Festivals et six nominations aux César.
Nous voici en 2015 et Valérie Donzelli est en compétition, dans la cour des grands, avec Marguerite et Julien. On est très loin de ses précédentes réalisations puisqu'il s'agit d'un film historique (et romantique).
En plein XVIe siècle, Julien (Jérémie Elkaïm) et Marguerite (Anaïs Demoustier) de Ravalet, progénitures du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance, qui, avec le temps, se transformer en passion incestueuse dévorante. Scandale. Ils doivent fuir… Mais la société ne l'entend pas ainsi: ils sont jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient, et sont condamnés à la décapitation.
Donzelli et Elkaïm ont adapté un scénario écrit dans les années 70 à l’origine par Jean Gruault pour François Truffaut, dont elle est fan. A 42 ans, l'ancienne vendeuse vosgienne de chez Ladurée a réussi à s'imposer avec un style singulier. Dès son premier film en tant que réalisatrice, La Reine des pommes (2009), elle séduit et obtient le prix du public au Festival Premiers Plans d'Angers. En 2012, avec Main dans la main (et Valérie Lemercier en vedette), elle prend quelques risques formels et propose une comédie presque musicale où la danse fait figure d'allégorie. On doit aussi ajouter à sa filmographie le téléfilm Que d'amour!, adaptation du Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux avec les comédiens de la Comédie-Française, pour Arte.
Car s'il y a bien un fil conducteur dans ses films, c'est le couple et sa capacité à résister sur la durée, cette passion romanesque qui peut se confronter aux obstacles du quotidien ou de la société. Burlesque ou tragi-comique, le style allège toujours les drames qui couvent. Donzelli l'avoue régulièrement: le désir est essentiel, et l'amour est fusionnel: "Je ne suis pas très intelligente, pas analytique, je raisonne comme une casserole, je suis foutraque..." Elle est aussi gourmande, "de rencontres, de vie, d’amour". D'Albator à Marilyn, ses héros reflètent sa génération touche-à-tout, insatiable, contradictoire, capable de passer des Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes à King Kong Théorie de Virginie Despentes, de Lolita de Stanley Kubrick à Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock
On retrouve cet éclectisme dans ses choix de comédienne. En tant qu'actrice, Donzelli a surtout été un second-rôle: Cette femme-là de Guillaume Nicloux, Qui a tué Bambi ? de Gilles Marchand, Le plus beau jour de ma vie de Julie Lipinski, Voici venu le temps d'Alain Guiraudie, L'Intouchable de Benoît Jacquot, Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Les Grandes Ondes (à l'ouest) de Lionel Baier, Opium d'Arielle Dombasle, Saint Laurent de Bertrand Bonello, Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse...
La seule chose qui pourrait nous inquiéter c'est son rapport au jeu. En lice pour la Palme d'or, cette mauvaise joueuse acceptera-t-elle de perdre? "Je suis même prête à tout pour gagner" avoue-t-elle... Elle a la carte dans le cinéma français, mais pour le coup, à Cannes, ce n'est pas elle qui a les cartes en mains.
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Posté par MpM, le 17 mai 2015
Cher Samuel Benchetrit,
En adaptant pour le grand écran vos Chroniques de l'asphalte, vous offrez à ce 68e festival de Cannes un petit grain de folie qui fait un bien fou. Drôle, précis, attachant, Asphalte nous fait découvrir une poignée de solitaires qui habitent dans le même immeuble triste de banlieu.
Chacun va vivre, le temps du film, une rencontre inattendue aux accents tour à tour romantiques, absurdes ou poétiques. Il y a l'actrice des années 80 qui sympathise avec son voisin adolescent ; la mère de famille qui accueille un cosmonaute littéralement tombé du ciel et le voisin grincheux du premier qui, suite à un accident, se retrouve contraint d'utiliser l'ascensceur en cachette.
Reléguant les dialogues un peu au second plan, vous faites un remarquable travail visuel, générant parfois le fou-rire en trois plans juxtaposés, ou l'émotion à travers une ellipse. Mais ce qui touche le plus, c'est l'importance que vous donnez au facteur humain. Vous filmez des individus ordinaires, parfois même un peu cabossés par la vie, qui se rencontrent, se découvrent, tissent quelque chose de ténu qui n'est pas vraiment de l'amitié, mais du partage et de la complicité, voire une relation quasi filiale comme dans le cas d'Aziza et du cosmonaute américain.
Véritable hymne à l'échange et au vivre ensemble, Asphalte s'oppose à l'individualisme forcené pour prôner un lacher-prise qui ouvre la porte aux autres. Il montre que ce n'est ni le lieu, ni le décor qui font la qualité des relations humaines, et que dans ces conditions, le plus gros danger est le repli sur soi. Une vision du monde esquissée de manière généreuse et jamais didactique... c'est toujours bon à prendre !
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Posté par cynthia, le 17 mai 2015
Grosse paire de seins, flashs insistants et encore et toujours des traînes, le dimanche à Cannes est loin de ressembler à un dimanche habituel.
Un dimanche habituel: Vous vous levez la tête dans un étau (il faut se remettre la soirée de la veille), partez faire votre jogging de la semaine au parc afin de vous déculpabiliser de la part de gâteau supplémentaire d'hier, vous prenez une douche en deux secondes, sortez boire un verre avec des amis, reprenez le métro où vous êtes compressez comme une paire de testicule dans un string, vous rentrez chez vous gaiement jusqu'à ce qu'un vieillard édenté vous fasse la cour puis vous poursuivez votre journée devant les téléfilms de RTL 9 en pyjama avec un pot de glace presque vide.
Nous sommes bien loin d'un dimanche à la croisette et pour cause ce dimanche a été lumineux...
Un dimanche au Festival de Cannes: Vous vous levez avec un grand sourire (malgré les soirées arrosées de la veille), cheveux au vent vous vous la jouez Alerte à Malibu et partez faire votre jogging sur la Croisette avant de sauter sous la douche et de vous préparer pour une séance matinale en attendant d'arpenter le tapis rouge en fin de journée. Alors, vêtu de votre plus belle tenue (ça vient de Zara mais vous dites à tout le monde que c'est signé Oscar De La Renta), vous vous rendez au palais des festivals. Vous croisez Benicio Del Toro, sexy et fringué comme un membre des blues brothers et répondant aux journalistes avec ferveur "je rêverai d'être Alain Delon" au détour d'une question. Benicio Delon... cela donnerait un sacré mélange! Mais vous avez à peine le temps d'imaginer la chose, qu'une horde de mannequins arrivent sur la croisette: une robe qui ne cache rien, un kimono... un kimono??? On aura tout vu...
Vous avancez timidement vers le tapis rouge et là vous apercevez Salma Hayek. Et Dieu qu'il y a du monde au balcon... trop de monde! La belle s'affiche aux bras de son époux, sponsor du Festival, avec un décolleté qui laisse peu de place à l'imagination. Même ce pauvre Didier Allouch a été perturbé "il y avait son mari, j'ai fait attention de ne pas regarder!" Oh Didier, fais-toi plaisir, tu bosses dur toute l'année. Salma est sexy, il ne faut pas se mentir et ce n'est pas le brailleur derrière vous qui va vous contredire. "SALMAAAAAAAAAAAA"!!! Serait-ce un appel ou un orgasme? Avec les photographes cannois on ne sait jamais.
En continuant votre balade cannoise vous croisez Manuel Valls, une femme vêtue d'une robe couverte de pellicule (on ne sait pas de quel film cela provient... Vu son tour de taille ça doit être un court-métrage). Eva Longoria sublime, Mélanie Thierry radieuse qui se fait hurler dessus par un photographe qui trouve qu'elle ne se place pas bien sur le tapis rouge "La face...LA FACE...". Vous croisez aussi Rossy De Palma qui manque de spoiler le dernier Woody Allen, Jake Gyllenhaal qui vous fait exploser un ovule sur son passage, mais aussi Sienna Miller bras dessus bras dessous avec Xavier Dolan... Sienna tu nous files ta place ???
Avec tout ce monde vous ne savez même plus pour quel film vous êtes sur le tapis... Ah oui Carol! Ce film au casting quatre étoiles que vous attendiez depuis la montée des marches prévécdentes (Mon Roi). D'ailleurs l'équipe du film arrive enfin: Todd Haynes et son noeud de papillon de travers (à la mode à Hollande), Cate Blanchett et sa robe graphique, couleur de nuit, aussi impressionnante que sa prestation dans Carol et enfin Rooney Mara en robe blanche et fluide, virginale et rayonnante. Le matin au Photocall, elles avaient aussi joué sur le contraste: Cate en noir et Rooney en immaculée conception.
Et dire que tout ça ce passe en moins d'une heure! Il n'y a pas à dire le dimanche à Cannes c'est plus palpitant que le dimanche chez la belle-famille!
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Posté par kristofy, le 17 mai 2015

Cette année c’est le 68e Festival de Cannes, mais ce n'est que le 60e anniversaire de la Palme d’Or. Le plus prestigieux des trophées du cinéma est à la fois un objet de fantasme et symbolise un film considéré comme un chef-d’œuvre. La Palme d’Or et son histoire (surtout récente) est l’objet d’un documentaire qui vient donc d’être découvert dans son berceau, le Festival de Cannes, en séance spéciale. L’objet a changé de design et de présentation. Depuis quelques années, il est en or 18 carats élaboré par le joaillier Chopard, à la fois partenaire du festival et mécène de ce documentaire. On y voit quelques séquences à propos de la fabrication (jusqu'à l’extraction de l’or en Colombie).
La légende de la Palme d’Or réalisé par Alexis Veller est d’ailleurs en lice cette année à la fois pour le prix de la Caméra d’Or (c’est un premier film) et pour le prix l’œil d’Or du documentaire. A la projection, il y avait donc le jury emmenés par Sabine Azéma (avec aussi Delphine Gleize, Yann Gonzelez…) et celui de Rithy Panh (avec aussi Nicolas Philibert, Irène Jacob…). Dans la salle étaient aussi présents d’autres invités comme le producteur Harvey Weinstein et le chanteur Robbie Williams.
Ce documentaire invite une poignée de réalisateurs à faire part de leurs souvenirs à propos de leur Palme d’Or à eux. Témoignages, en vrac.
Wim Wenders, Palme d’Or 1984 pour Paris-Texas, évoque un fardeau qui l'aurait empêché de tourner durant 3 ans. En 1989 quand il était à son tour président du jury, il a remis ce trophée à un tout jeune cinéaste inconnu de 26 ans : Steven Soderbergh pour Sexe, Mensonge et Vidéo.
Steven Soderbergh révèle l'anecdote savoureuse à propos du destin : cette année là Wenders était président à la place de Francis Ford Coppola initialement prévu, et son film était d’abord à Un Certain Regard avant d’être placé en compétition officielle à la place d’un film de Dennis Hopper...
Emir Kusturica est lui l’un des rares cinéastes à avoir gagné deux Palme d’Or (en 1985 avec Papa est en voyage d’affaire, puis en 1995 pour Underground). Absent lors de la clôture pour sa première Palme, le prix avait été pris sur scène par son producteur que beaucoup ont confondu avec lui. C’est Kusturica devenu à son tour président qui fera des frères Luc et Jean-Pierre Dardenne les récipiendaires d’une deuxième Palme d’Or (en 2005 pour L’enfant, après celle en 1999 pour Rosetta).
Ils nous apprennent que c’est la direction du Festival de Cannes qui, le dernier jour après les délibérations du jury, les prévient par téléphone que leur présence est souhaitée pour la cérémonie de clôture, sans préciser pour quel prix.
Nanni Moretti confie qu’il aurait bien aimé avoir un autre prix après sa Palme d’Or en 2001 pour La chambre du fils, mais en 2006 pour Le Caiman il a attendu vainement un coup de téléphone qui n’est jamais arrivé. Le cinéaste italien avait d’ailleurs pris soin de garder sa palme avec lui dans l’avion. Mais en arrivant chez lui, il s’est aperçu qu’il avait en fait oublié le sac dans l’aéroport (qu'il a vite retrouvé).
En général la plupart des cinéastes interrogés confie avoir rangé ce trophée à l’abri, dans un placard de leur bureau. Sauf Apitchatpong Weerasethakul qui lui en fait don à la cinémathèque de Thaïlande. Ainsi en 1994 Quentin Tarantino avait été prévenu de ne pas repartir de Cannes. Une rumeur évoquait Trois couleurs : Rouge de Kieslowski, alors il pensait avoir un prix du scénario ou celui de la mise en scène ou alors un prix d’interprétation pour John Travolta ou un prix spécial au fur et à mesure de l’énonciation des différents prix. Puis est venue l’annonce de la Palme d’Or : le jury de Clint Eastwood et Catherine Deneuve avait choisi Pulp Fiction ! Il entrait ainsi dans le panthéon des meilleurs cinéastes du monde.
Seule femme à avoir gagné ce prix, Jane Campion (en 1993 pour La leçon de piano) évoque un souvenir plus douloureux : à l’époque du festival elle était enceinte, mais son bébé est décédé quelques jours après sa naissance. Elle a mis du temps à reconsidérer cette récompense.
Martin Scorsese se rappelle de sa Palme d’Or (en 1976 pour Taxi Driver) et considère sa récompense comme la plus précieuse, celle qui symbolise un encouragement à devenir plus audacieux dans ses films suivants.
C’est Emir Kusturica qui aura la phrase qui résume le pouvoir de la Palme d’Or : « ce n’est pas comme les Oscars, la Palme d’Or c’est un jugement esthétique ».
Et enfin, une devinette : quel acteur américain est au générique de trois films qui ont gagnés la Palme d’Or ?
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Posté par MpM, le 17 mai 2015
Le nouveau film de Miguel Gomes, présenté à la Quinzaine des réalisateurs cette année au Festival de Cannes, dure environ 6h et se présente sous la forme de trois volets projetés à plusieurs jours d'intervalle. Plutôt logique pour un film "feuilletonnant" inspiré de la structure des Mille et une nuits et qui entend donc tenir le spectateur en haleine. Avec le premier volet, L'inquiet, pari plutôt réussi puisqu'on est follement impatient de découvrir la suite. Le cinéaste sera-t-il capable, telle une Schéhérazade des temps modernes, de tenir la longueur sans se répéter ? La première partie est en tout cas prometteuse.
Pendant vingt-cinq minutes, le film raconte en parallèle la fermeture du chantier naval et la lutte contre des guêpes tueuses d'abeilles dans la ville de Viana de Castello. À l'image comme dans la bande-son, les deux se mêlent. Un ouvrier licencié témoigne tandis qu'à l'écran un nid de guêpe brûle. Le récit du tueur de guêpes et les souvenirs des ouvriers au chômage alternent. En parallèle, Miguel Gomes se met lui-même en scène en réalisateur bourré d'angoisses qui fuit son équipe de tournage. Ce qui l'amène à leur raconter des histoires pour garder la vie sauve.
Passée cette première partie qui hésite entre documentaire et auto fiction barrée, le film laisse alors la place à la version moderne, sociale et portugaise des 1001 nuits. Non pas une adaptation des histoires originales, mais une succession d'histoires inspirées de la situation du Portugal en 2013.
Ce premier volet permet de découvrir trois récits et d'avoir un premier aperçu sur le ton général du film, qui s'avère caustique, engagé et cruel. Gomes se moque des dirigeants politiques, de la Banque centrale européenne, de la troïka. Il dénoncent ceux qui veulent faire taire les contestataires ou empêcher l'éveil des consciences. Il raconte crûment la lente descente aux enfers de ceux qui se retrouvent au chômage. Avec un ton satirique, fantastique et même grotesque, il tire sur les profiteurs qui saignent le Portugal aux quatre veines et brosse un portrait terrible de la crise portugaise.
Tel un Robin des bois cinématographique, le réalisateur prend donc (du temps de parole) aux puissants pour donner aux faibles. C'est réjouissant, foisonnant d'idées d'écriture et de mise en scène, baroque et totalement libre. Tout simplement brillant et malin. Car une fois le premier volet terminé, on est comme le roi du conte : suspendu aux lèvres du narrateur.
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