Julien Guiomar, second rôle tragi-comique, est mort (1928-2010)

Posté par vincy, le 23 novembre 2010

Avec sa voix grave, sa rondeur et sa gueule, Julien Guiomar, était un second-rôle idéal pour un cinéma de dialogues, pouvant donner une tonalité tragique ou désespérée à des dialogues comiques comme ceux d'Audiard qu'il a souvent mis en bouche. Décédé en Dordogne d'un malaise cardiaque lundi 22 novembre à l'âge de 82 ans, il a pourtant une trajectoire plus variée qu'on ne le croit.

Ainsi Guiomar, de 1966 à 2003, a tourné chez les plus grands : Louis Malle (Les voleurs), Nelly Kaplan (Duc inoubliable dans La fiancée du pirate), Luis Bunuel (curé espagnol dans La voix lactée), Jacques Deray (Borsalino), Jean-Paul Rappeneau (Les mariés de l'An II), André Téchiné (Souvenirs d'en France, Barocco), Claude Sautet (Mado). Il joue même Dieu le père chez Arthur Joffé (Que la lumière soi!) et tourne sous l'oeil de Serge Gainsbourg (Equateur). Capable de jouer le désespoir comme la monstruosité, il a ce talent de faire passer l'horreur de manière douce, la colère avec désespoir, à la manière d'un Marielle, George Wilson, Michel Galabru ou d'un Pierre Brasseur. Il peut tenir tête aux monstres sacrés.

C'est évidemment Costa-Gavras qui lui offre son plus beau rôle, celui d'un colonel dans Z. Ils se retrouveront dans Section spéciale 6 ans plus tard.

Mais sa filmographie se remplira aussi des comédies à succès de Claude Zidi et Philippe de Broca, où il incarnera avec délectation des personnages truculents. On le croise ainsi, familièrement dans La moutarde me monte au nez, L'incorrigible (film culte où il est démesuré face à son complice Belmondo), L'aile ou la cuisse, L'animal, La zizanie, Inspecteur la Bavure, ou encore Les Ripoux, en patron de flics hilarant à force d'être cocaïné. Des films du dimanche soir.

Mais ce breton s'est aussi expatrié. Outre Bunuel, on le voit chez Elio Petri, Dino Risi, et dans le Carmen de Francesco Rosi.

La télévision ne sera pas en reste, passant de Molière à Capitaine Fracasse, tout comme le théâtre l'a longtemps comblé. L'aventure avait commencé rue Blanche puis continué avec Jean Vilar en Avignon avec Shakespeare, Strindberg et Brecht.

Finalement son premier rôle au cinéma le définissait bien. Le Roi de coeur (De Broca) est une histoire de fou, de rêveur sur la Grande Guerre. Un tragédie né qui avait marqué les esprits avec sa faconde et son burlesque. Un clown, pas toujours triste, apte à jouer Corneille, Racine et fanfaronnant chez Jean-Marie Poiré.

Mords-moi sans hésitation : un pastiche parfois incisif

Posté par elodie, le 23 novembre 2010

L'histoire : Le cœur de Becca est écartelé entre deux garçons ; l’un, mystérieux, ténébreux et trop pâle pour être en bonne santé, et l’autre équilibré et gentil qui lui fait penser à « un petit frère gay ». Dans sa quête amoureuse pour les départager, Becca va devoir affronter un dîner de famille (sans en devenir elle-même le plat principal), et échapper à un groupe de vampires aux allures de Black Eyed Peas qui aimeraient eux aussi la déguster !
Comme si ses difficultés sentimentales (et gastronomiques) ne suffisaient pas, Becca doit aussi compter avec un paternel obsédé du contrôle, qui la voit encore comme une petite fille et insiste pour la transporter partout dans un porte-bébé…
Le bal de fin d’année approche, et Becca va devoir faire des choix difficiles.

Notre avis : C’est devenu un peu une religion aux Etats-Unis. Lorsqu’un film fait un carton au box-office, il a droit à sa parodie. Après la longue (trop longue) série des Scary movie (quatre au compteur et bientôt un cinquième) c’est au tour du film phénomène Twilight d’en faire les frais. La saga qui a réuni des millions de fans à travers le monde est donc sérieusement tournée en dérision par les réalisateurs, Jason Friedberg et Aaron Seltzer, déjà bien expérimentés dans ce genre cinématographique (Spartatouille, Big Movie).

Le scénario est un pur copier-coller des deux premiers volets de la série Twilight. Ne prenant aucun risque, les deux réalisateurs ont tout simplement repris les scènes cultes des films qui, mises bout à bout et agrémentées d’un humour plus ou moins trash, donnent au final Mords-moi sans hésitation (Vampire suck en anglais : les Vampires sucent, jeu de mot  bien plus incitatif comme titre). Un clin d’œil est tout de même fait à d’autres succès de l’année comme Alice au pays des merveilles et Lady Gaga. Et puis le succès de l’original a inspiré la scène où les jeunes fans d’Edward et Jacob se battent à coup de pelles et de battes de Baseball pour savoir qui est le plus beau des deux, probablement l’une des meilleures idées du film.

Dès la première scène, le ton est donné. En voiture avec son père à l’entrée de la ville, Becca est témoin d’une poursuite entre une jeune fille et un vampire. La pauvre victime se fait croquer toute crue devant les yeux de Becca, incrédule qui malgré cet exemple flagrant n’arrive pas à comprendre que la ville est peuplée de vampires. Les chinois sont aussi pris en grippe dans ce film. En effet, losrqu’ils ne servent pas de bouclier pour arrêter une voiture folle, ils sont donnés en pâture à des vampires assoiffés de sang. Dernier détail qui stigmatise toujours les Etats-Unis,  la jeune fille est obsédée par le bal de fin d’année et le titre de reine du bal, prête à tous les vices pour arriver à ses fins (même truquer les votes). Les garces à la Nelly Olsen ont toujours plus la cote que les gentilles petites filles de La maison dans la prairie.

Toutefois, le mordant du film s’essouffle au fur et à mesure qu’on avance dans le scénario. Les multiples gags qui le ponctuent sont de plus en plus prévisibles lorsqu’on a vu les films originaux. Une chose est tout de même à souligner : la ressemblance assez troublante entre les acteurs de Twilight et ceux de la parodie. Peut-être une façon de vampiriser les spectateurs ?

Takers : il n’y a pas que le casse qui est foireux

Posté par geoffroy, le 23 novembre 2010

takersL'histoire : Amis de longue date, Gordon Jennings, John Rahway, A.J. et les frères Attica vivent dans le luxe. Leur secret ? Des braquages de banque ultra sophistiqués. Un seul par an, d’une extraordinaire audace et réglé dans les moindres détails. Mais leur dernier exploit a précipité l’inspecteur Jack Welles à leurs trousses. Flic de la vieille école, il a tout sacrifié à son job – femme, enfant et vie privée – et il s’est juré de les coincer avant leur prochain coup.
C’est alors que Ghost, un ancien complice de la petite bande, refait surface après un séjour en prison et leur propose le casse du siècle, celui qui leur permettra de raccrocher définitivement…  Ils n’ont que cinq jours pour se préparer. Ils ignorent alors qu’ils vont se retrouver sur le chemin de la mafia russe. Ils ne savent pas que Jack Welles les serre de plus en plus près. Entre vieilles rivalités, trahisons, ennemis dans l’ombre et coups du sort, l’opération se complique sérieusement, d’autant que personne ne peut imaginer ce qui se prépare…

Notre avis : Takers, du réalisateur John Luessenhop, n’est pas un mauvais film de gangsters : il est juste inutile. L’handicap est de taille. Pour être plus précis, il sonne faux, semble se construire en creux, un peu comme s’il n’arrivait jamais à créer sa propre musicalité sur fond de casse foireux. Takers ressemble à un produit manufacturé calibré pour plaire au plus grand nombre. Unique ambition d’un divertissement sans âme, le cinéaste use et abuse d’incohérences scénaristiques et de fautes de goût stylistiques pour exister. Paradoxal ? Non, puisque le film assume sans honte son lot de stéréotypes déjà vus mille fois. Pire, les gangsters ressemblent à des « Bisounours » sur pattes ce qui, pour ce genre de film, est un peu emmerdant.

Au lieu de se concentrer sur ce qui nous intéresse – à savoir le casse et la traque policière – le réalisateur essaye de nous la jouer façon Michael Mann. Sans succès. Les histoires parallèles deviennent le fardeau d’un script déjà pas très original et réduisant à zéro l’intensité d’une pseudo vengeance pour le coup vraiment mal exploitée. Le reste n’est que gesticulations, postures, caricatures, effets de mise en scène lourdauds. Rien ne fonctionne. Enfin presque. Car nous avons le droit à un Matt Dillon incroyable de réalisme. Mais c’est bien le seul. Takers est un film « Canada Dry ». Il voudrait avoir l’apparence, la texture et le ton des grands polars américains. Il se construit, hélas, par empilement, oubliant de lier ses éléments constitutifs. De fait, le spectacle est morcelé, ne prend jamais et devient monotone, scène après scène, jusqu’au dénouement, qui, il faut l’avouer, touche le fond.

Une dernière pensée pour Matt Dillon. Il devrait arrêter de perdre son temps dans ce genre de production insipide, inutile et indigne de son talent.

Cinéma du Québec à Paris : la formule doit changer selon l’organisateur

Posté par vincy, le 22 novembre 2010

La 14e édition de Cinéma du Québec à Paris (22-28 novembre, Forum des Images à Paris) est ambitieuse, avec une multiplication des rendez-vous : marché du film, rencontres de coproduction francophone, dont un panel dédié à l'adaptation littéraire, rencontres autour de films, la Leçon de musique... Pourtant, l'organisateur de la manifestation, la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), institution québécoise, songe à changer la formule.

Le succès de l'événement - une centaine de professionnels québécois se déplacent dans la Ville Lumière cette semaine, environ 5 000 spectateurs attendus - permet aujourd'hui de le considérer comme installé. Mais il semble aussi nécessaire pour la SODEC  d'en réévaluer les objectifs et les missions.

Aucune menace. "Il s'agit de repenser la façon de faire, mais pas la semaine en tant que telle. Elle est là pour rester, mais peut-être pas de la même manière" explique François Macerola, récent patron de l'organisme. Avec le lancement de l'application iPhone cette année, il réfléchit à de nouvelles interactions avec Internet. Ce qu'Ecran Noir leur avait proposé il y a 8 ans. Il est toujours temps..

"Au lieu de n'avoir que des projections publiques, est-ce qu'on peut imaginer une nuit du cinéma québécois sur le Web", demande-t-il.

Car le cinéma québécois peine toujours à toucher un large public français. Hormis quelques films étalés sur une décennie (les comédies de moeurs de Denys Arcand, C.R.A.Z.Y., La grande séduction), seul le jeune Xavier Dolan, par ailleurs parrain de la manifestation cette année, a réussit à se faire un nom auprès des cinéphiles. Les amours imaginaires, son dernier film, a attiré 130 000 spectateurs dans les salles en deux mois.

Cinéma du Québec à Paris va présenter 14 fictions et 4 documentaires, dont Incendies, en clôture, de Denis Villeneuve, adapté de la pièce du libano-franco-canadien Wajdi Mouawad.

Mais derrière l'écran et la volonté de combler un public acquis (canadiens expatriés, cinéphiles, amateurs de culture québécoise), la SODEC ne cache pas qu'il s'agit d'ouvrir les films à un plus large public et de trouver des financements internationaux pour alimenter une industrie qui peine à se produire elle-même, subissant la faiblesse de son marché intérieur et des restrictions budgétaires fédérales (même si le Québec continue d'investir 35 millions de $ Canadiens dans ses productions). Sans parler des sociétés de distributions locales qui ont baissé les bras pour vendre leurs films sur les territoires étrangers, faute de rentabilité. Pourtant le potentiel est là, d'autant plus avec l'explosion de la V.O.D..

Cinéma du Québec à Paris coûte aussi cher que la présence du cinéma québécois à Cannes

Or François Macerola confie ce matin au Devoir, quotidien montréalais que la stratégie est confuse actuellement. "Nous sommes en train de revoir notre participation dans les festivals et les marchés; nous sommes trop éparpillés à l'international."  "Nous allons continuer d'aller à Karlovy Vary pour le rayonnement. À Toronto, on ira pour vendre" précise-t-il.  Concernant le rendez-vous parisien, il avoue : "on veut trop en faire. Nous avons voulu, je crois, justifier notre présence, et la meilleure façon de le faire a été de multiplier les avenues. Je pense que nous devrions revenir à une approche plus puriste et minimaliste en définissant clairement nos objectifs".

Comme toujours, la vision libérale l'emporte : cela coûte 400 000 $ Canadiens aux contribuables québécois. C'est semblablement la même somme dépensée par l'institution au Festival de Cannes, avec une visibilité autrement plus importante. De quoi en effet s'interroger sur la structure et l'impact des dépenses. Une manière d'optimiser celles-ci serait de tisser des liens plus étroits et plus cohérents avec Téléfilm Canada, dont la mission est de promouvoir le cinéma canadien à l'international. Macerola ayant été DG de Téléfilm Canada durant six ans, cette piste s'avère la plus logique.

Mais le cinéma québécois ne résoudra pas tous ses problèmes sans améliorer ses performances locales. La part de marché n'excèdera pas 12% des entrées cette année dans la Belle Province. Certes, une vingtaine de films ont trouvé leur public. Certes, une dizaine de productions ont été primées dans des festivals internationaux. Mais cela ne suffit pas. D'ici au printemps, Macerola espère faire des propositions, après avoir consulté l'ensemble des acteurs de la profession, à Montréal comme à Paris (les coproductions sont indispensables pour la plupart des projets). Surtout que le modèle n'est pas si mauvais. Le cinéma canadien anglophone se porte bien plus mal, avec à peine de 2% du marché national.

La force du cinéma québécois tient en ses créateurs qui offrent des films variés : du polar à la comédie en passant par le cinéma d'auteur. Cinq films cette année ont dépassé le cap du million de $ canadiens de recettes : Piché : entre ciel et terre, Incendies, Filière 13, Les sept jours du talion et Le journal d'Aurélie Laflamme. Mais la plupart des projets vedettes en cours coûte plus de 6 millions de $ canadiens : une équation impossible à résoudre sans le développement à l'international.

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site internet de la manifestation

No mercy en DVD : nouvelle variation sur le thème de la vengeance

Posté par MpM, le 22 novembre 2010

Présenté dans le cadre de la carte blanche à Alejandro Jodorowsky lors de l'Etrange festival 2010, No mercy de Kim Hyoung-jun s'était vu qualifié par Jodorowsky lui-même de "tragédie adulte, démentiellement raffinée, avec un final digne de tous [ses] respects." Il est vrai que ce thriller coréen crépusculaire, sorti en DVD le 17 novembre dernier, s'inscrit dans la lignée d'un certain cinéma coréen actuel jouant avec les nerfs et l'imaginaire de son spectateur, à l'image de The chaser de  Na Hong-jin ou Memories of a murder de Bong Joon-ho.

Le créneau de No mercy est plus spécifiquement celui du film de vengeance, et il lorgne d'ailleurs assez ouvertement du côté de Park Chan-wook et plus précisément de Old boy, inoubliable grand prix cannois et en passe d'être refait sauce hollywoodienne. Trop ouvertement, probablement, car il laisse de ce fait rapidement entrevoir son jeu, à savoir la mise en place d'un piège infernal dépassant largement la simple enquête policière. On s'attend notamment trop au twist final pour ne pas être un peu déçu lorsqu'il finit par arriver.

Le scénario ménage malgré tout divers rebondissements qui génèrent une tension grandissante. Le mise en scène, elle, parait plus en retrait, très loin de l'élégance choc de Old boy. Pour compenser cette absence d'inventivité et la torpeur de l'ensemble, Kim Hyoung-jun se contente de plaquer une musique trépidante sur les séquences d'action. On peut en concevoir une certaine frustration, et même l'impression que l'intrigue n'avance pas, mais ce rythme inégal permet de renforcer l'isolement du personnage principal. Ce dernier ne cesse de parcourir la ville à la recherche de son salut. Or, plus il essaye d'agir, plus il s'englue dans une situation qui le dépasse. Comme un insecte pris dans une toile d'araignée, et que chaque geste rapproche de sa fin.

Décidément, la vengeance et ses raffinements complexes (voire pervers) sont une inépuisable source d'inspiration pour les réalisateurs de polar, et plus encore semble-t-il pour toute une veine du cinéma asiatique obsédée par la notion de faute originelle qui finit toujours par vous rattraper. Dans le plus pur esprit de la tragédie, les êtres humains deviennent de lamentables jouets entre les mains du destin. Le professeur Kang passe ainsi d'un dilemme à un autre, où il s'agit toujours de choisir entre son éthique professionnelle et son bonheur personnel. Non seulement le choix est impossible, mais en plus il est toujours mauvais. Lorsque le héros s'en rend compte, il est bien évidemment trop tard. Et le dénouement final laisse le spectateur frémissant :  qu'aurait-on fait à sa place ?

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No mercy de Kim Hyoung-jun
Avec : Sul Kyung-gu, Ryoo Seung-bum, Han Hye-jin...
En DVD depuis le 17 novembre (CTV international)

Philippe Hellmman : le Grand Rex, UGC et Walt Disney endeuillés

Posté par vincy, le 21 novembre 2010

raiponce pleure philippe hellmannAvec 5 458 entrées mercredi dans la seule salle du Grand Rex, Raiponce est arrivée en deuxième place du box office premier jour de Paris et Banlieue, devant six films disposant d'une combinaison de 10 salles et plus.

C'est à la fois la magie du Disney de Noël mais aussi celle de la grande salle de 2 700 fauteuils du Grand Rex, classé monument historique (depuis 1981). Ce lieu mythique  accueille depuis des années le traditionnel film familial des fêtes, deux semaines avant sa sortie nationale.

Le Grand Rex est pourtant en deuil. Philippe Hellmann, son propriétaire, est mort à l'âge de 68 ans d'une maladie foudroyante, samedi 13 novembre. Il a été inhumé jeudi 18 novembre en présence de nombreuses personnalités du cinéma. Ce "Monsieur Cinéma" avait hérité de cette salle mythique à 24 ans, quand son père était décédé. Jean Hellmann gérait depuis 1939 cette salle construite sept ans plus tôt.

Le Grand Rex est un des rares grands cinémas indépendants de la capitale. Il en fut souvent le plus innovant. Pour exemple, en 1988, il inaugure son écran le Grand Large (21 x 11 mètres), à l'époque le plus grand d'Europe, avec le film de Luc Besson, Le Grand Bleu.

Hellmann a tout transformé au fil des années, jusqu'à lui annexer le Rex Club à la fois boîte de nuit et salle de concert. Au Grand Rex, on peut voir des comédies musicales familiales (Franklin) et générationnelles (Joe Dassin). Une centaine d'artistes se produisent chaque année, de Jacques Higelin à Jeff Mills. Dans les sous-sols du Rex Club ou dans la grande salle, il peut accueillir des artistes "underground" majeurs ou des vedettes du pop et du rock, et même du One Man Show. Il avait, en effet, diversifié son offre bien avant qu'on ne diffuse de l'opéra et du football dans les salles de cinéma, en 3D.  Il voulait reprendre une autre tradition, celle du Music-Hall, à quelques stations de métro de l'Olympia. "A l'origine, c'était le Théâtre Rex. Dans les années 1930, il y avait ici à demeure un orchestre de 80 musiciens et 30 girls qui donnaient un spectacle avant chaque séance", expliquait en mars dernier au journal Le Parisien ce propriétaire jamais à court d'idées.

Seul échec majeur du propriétaire : il avait perdu la bataille de l'agrandissement de son lieu. La mairie du IIe arrondissement, seule mairie d'arrondissement dirigée par un élu Vert, lui refuse le principe d'un parking, ce qui fait sombrer le projet global : 14 salles, un jardin, trois restaurants. Une erreur majeure de la municipalité face à la désaffection des cinémas du quartier Opéra-Grands Boulevards.

Sa structure UGC Ph a financé les premiers films de Christopher Nolan et Ang Lee

Au début de sa carrière, Philippe Hellmann avait intégré UGC , touchant ainsi à tous les métiers du cinéma. À l'époque, le groupe n'avait que 52 salles, il en possède aujourd'hui 400. Puis il avait créé une structure spécifique : le distributeur/producteur UGC Ph (Philippe Hellmann) à qui l'on doit Memento (Christopher Nolan), les meilleurs films de Kenneth Branagh (Les amis de Peter, Beaucoup de bruit pour rien) et les oeuvres d'Ang Lee (de Garçon d'honneur au Secret de Brockeback Mountain). Des textes de Nolan et Lee furent d'ailleurs lus lors des funérailles. UGC Ph a aussi distribué Gilliam, Cronenberg, un documentaire de Cameron et Almodovar, entre autres.

Walt Disney n'a pas manqué de rendre hommage à celui qui a lancé de nombreux dessins animés dans sa salle, avec le triomphe que l'on sait. En plus d'une pleine page dans le journal professionnel Le Film Français où il a été demandé au superviseur de l'animation de Raiponce, Glen Keane, de dessiner l'héroïne pleurant un "ami" perdu. "Je me souviens de l'incroyable succès d'Aladdin ou du Roi Lion. Ce dernier a en effet vu défiler 130 000 spectateurs alors qu'il était seul à l'affiche du Grand Rex" déclare Jean-François Camilleri P-DG de Walt Disney Pictures France. Un record qui tient toujours.

En 2007, Philippe Hellmann avait racheté les murs du Grand Rex aux Galeries Lafayette, qui les possédaient. Depuis Le Grand Rex organise aussi des  avant-premières nationales, comme L'Arnacœur, au printemps, ou Salt, en août. Des festivals (Chéris-Chéries, Pariscience, Jules Verne) s'y déroulent.
Le Grand Rex est aujourd'hui composé de 7 salles, pouvant accueillir 4 200 spectateurs simultanément. Il est dirigé depuis plus de vingt ans par Bruno Blanckaert.

Emergence : André Téchiné préside une session ouverte aux compositeurs

Posté par vincy, le 20 novembre 2010

André Téchiné présidera la 13e session d'Emergence (voir notre reportage de l'édition 2006). Il succède ainsi à René Cleitman, Maurice Bernart, Claude Chabrol, Philippe Carcassonne, Gérard Depardieu, Fabienne Vonier, Denise de Casabianca, Charlotte Rampling, Nicole Garcia, Margaret Ménégoz, Olivier Marchal et Laurent Cantet. Avec son jury, composé de Dominique Besnehard, Christophe Blanc, Bénédicte Couvreur, Elisabeth Depardieu, Jacques Fieschi, Sandra Mirimanoff, Jean-Claude Petit, Ludivine Sagnier, et Olivier Thomas, il auditionnera les 9 et 10 décembre les réalisateurs préselectionnés.

Les six lauréats seront dévoilés le soir du 10 décembre et participeront à la 13e session. Les tournages auront lieu au printemps prochain, à Marcoussis dans l'Essonne. Il s'agit d'aider de jeunes auteurs réalisateurs à développer leur projet de premier long métrage, en film des séquences, accompagnés de leur "parrain/marraine" artistique.

Pour la première fois cette année, Emergence s'ouvre aussi aux musiques de films. Avec la Sacem, l'association invite six compositeurs de musique pour participer aux ateliers de production, lors des tournages. Ils travailleront avec les six réalisateurs élus. La musique sera composée et enregistrée durant la sessions, sous le parrainage de Jean-Claude Petit (Jean de Florette, Cyrano de Bergerac).

Cette année, trois anciens lauréats issus des ateliers d'Emergence ont sortis des films en salles : L'arbre, de Julie Bertucelli (clôture du festival de Cannes) et Copacabana, de Marc Fitoussi (sélectionné à la Semaine de la critique). Tous deux ont été à la une d'EcranNoir.fr

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Informations et appel à candidatures : Site internet d'Emergence

L’instant Court : Pivot

Posté par kristofy, le 19 novembre 2010

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après One Night Stand réalisé par Jake Tew et Dave Humphreys, voici l’instant Court n° 7.

Il y a une quarantaine d’années, un homme prenait en photo sans le faire exprès la scène d’un meurtre et allait rapidement le regretter… C’était Blow up de Michelangelo Antonioni, consacré par la palme d’or à Cannes en 1967.

De nos jours, sur le même concept, quatre réalisateurs ont eu une idée : et si on stylisait personnages et décors avec une modélisation à base de polygones (avec le logiciel Maya), et si on en faisait une animation avec une base de noir et blanc et à peine quelques éclats de couleurs ?

Voila donc le court-métrage Pivot réalisé et animé par André Bergs, Kevin Megens, Floris Vos et Arno de Grijs.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Pivot.

Amazon va financer des projets pour Warner Bros.

Posté par vincy, le 19 novembre 2010

On connaissait le système de financement des films par les internautes, avec Touscoprods par exemple, voici le cybermarchand qui va financer des projets cinématographiques. Amazon, leader de vente de biens culturels dans le monde, invite réalisateurs et scénaristes à lui envoyer des projets de longs métrages avant le 31 décembre 2011.

Les meilleurs projets seront financés, en partie, par Amazon, qui a déjà effectué ce genre de concours en littérature. Ici pas d'éditeur pour publier un livre mais un studio, et pas n'importe lequel, Warner Bros., pour (éventuellement) produire le film.

Tous les mois, des projets sous forme de "test movies" (un film complet, d'au moins 70 minutes, joué, mais pas forcément bien produit et financé avec un minimum de coûts, racontant la totalité du script de manière attrayante) ou de scénario (au moins 85 pages) seront en compétition. Les internautes du site dédié d'Amazon (Studio.Amazon.com) les noteront et un jury de professionnel sera chargé de distribuer les prix. Chaque mois, le meilleur film gagnera 100 000 $ et les deux meilleurs scénarios seront récompensés de 20 000 $ chacun. Des exemples sont déjà mis en ligne pour bien comprendre ce qu'on attend des cinéastes et des auteurs.

La première session sera close le 31 janvier 2011 et les premiers gagnants seront connus le 28 février 2011. Le gagnant annuel lui récoltera un million de dollars pour le meilleur film et 100 000 $ pour le meilleur scénario.

Amazon promet d'investir 2,7 millions de $ dans le développement de ces films gagnants et Warner Bros a signé un accord pour avoir le droit du "premier regard" ("first look deal") sur l'ensemble des projets choisi.

Le pactole du CNC convoité par le budget de l’Etat

Posté par vincy, le 18 novembre 2010

Le Sénat prendra-t-il 130 millions d'euros du bonus annuel du CNC ?  Le Centre National de la Cinématographie et de l'Image Animée va en effet bénéficier de 174 millions d'euros de recettes supplémentaires grâce aux taxes sur les entrées de cinéma, en forte hausse depuis trois ans, et autres ventes et locations de films. Le Sénat a présenté un amendement en ce sens.

Il faut reconnaître qu'il y a une contradiction : la loi Hadopi, que Nicolas Sarkozy veut désormais revoir, d'une part pour s'attirer la sympathie des jeunes électeurs, d'autre part parce qu'elle s'avère déjà inefficace, a été créée au nom de la lutte contre le piratage, sur la foi des chiffres de l'ALPA (Association de Lutte Contre la Piraterie Audiovisuelle). 450 000 films seraient piratés chaque jour. Mais les entrées en salles continuent de progresser (+7% pour le moment cette année) et devraient franchir une fois de plus les 200 millions de spectateurs sur l'année. Comme quoi, et on le dit depuis des années, le piratage n'a pas l'impact dévastateur que l'on veut nous faire croire sur le cinéma.

Par conséquent, les recettes augmentent et les caisses du CNC se remplissent. On ne s'en plaindra pas : le système français, qui redistribue dans des aides à la productions françaises ce qu'il reçoit de chaque ticket d'entrée, quelque soit la nationalité du film, permet de préserver la création, sa diversité et son volume.

Mais le budget de la France va mal, et chaque surplus tente les argentiers de l'Etat. Selon le Parlement, le cinéma français se porte très bien (c'est faux, car sa part de marché stagne voire se réduit), et n'a pas besoin d'autant d'argent.

Le CNC devrait, selon les prévisions actuelles, recevoir 174 millions d'euros de plus qu'en 2010. Le Sénat n'a pas tardé à amender la loi de finances 2011, amendement adopté en Commission et propose de  "réaffecter au budget de l'Etat, à titre exceptionnel en 2011, 130 millions d'euros de ressources affectées au Centre national du cinéma et de l'image animée".

Evidemment, ce prélèvement ne diminue pas les ressources de l'institituion, mais il le prive de marges de manoeuvres pour les prochaines années, qui, rien ne le garantit, ne seront pas forcément aussi bonnes. Le CNC n'hériterait ainsi que d'un suprlus de 44 millions d'euros, le budget de deux grosses productions, grossièrement. "Ce prélèvement exceptionnel ne diminuerait pas les ressources du CNC, mais limiterait simplement leur progression à 44 millions d'euros, soit +7,6 % (soit un taux d'accroissement que beaucoup d'opérateurs et services de l'Etat pourraient lui envier...)", rassure le sénateur UMP de l'Oise Philippe Marini.

Le même Sénateur souhaite ainsi, et aussi, limiter une hausse des dépenses de fonctionnement et d'intervention du CNC. la confiance règne envers une administration plutôt saine financièrement. Si le CNC est critiqué, c'est davantage pour le choix des projets qu'il aide.

Rappelons que l'Hadopi coûte 12 millions d'euros, pour des recettes très faibles, que cette même Loi de finance va augmenter la redevance sur la copie privée et l'augmentation de la TVA sur l'offre Tripe-play des opérateurs (ce qui touche la Vidéo à la demande par répercussion). Et surtout que ces recettes supplémentaires ne seraient pas forcément reverser au secteur culturel.

De l'argent perdu pour la culture mais gagné pour l'Etat.