L’instant Court : Un peu de retenue réalisé par Sylvain Gillet, avec Julien Giomar et Jean-Claude Dreyfus.

Posté par kristofy, le 17 décembre 2010

Un peu de retenueComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après The black hole réalisé par Diamond Dogs, voici l’instant Court n° 11.

Quand la main désigne le but, l'innocent regarde la main.

Ce proverbe sera illustré avec en quelque sorte un "anti court-métrage" surréaliste ou une parodie loufoque, c’est selon. … Deux hommes ont des dialogues absurdes dans une histoire sans queue ni tête mais avec un compte-à-rebours, les techniques du suspens ou de la voix-off sont même expliquées au spectateur…

Voila donc le court-métrage Un peu de retenue réalisé par Sylvain Gillet, avec Julien Giomar et Jean-Claude Dreyfus. Si ce dernier est peut-être plus connu pour jouer de son visage jovial et de sa voix grave, ce film est aussi l’occasion de rendre un hommage à l’acteur Julien Giomar qui est décédé le 22 novembre dernier.

Avant de participer avec générosité à cette farce de court-métrage, il avait marqué de sa présence de nombreux films, et autant de téléfilms et pièces de théâtre (avec Jean Vilar). Il avait joué devant les caméras de Costa Gavras, Jean-Paul Rappeneau, Nelly Kaplan, Jacques Deray, Louis Malle, Claude Zidi, André Téchiné, Georges Lautner…

Screen Actors Guild Awards : The King’s Speech vient défier Fincher et Aronofsky

Posté par vincy, le 17 décembre 2010

The Social Network semble le grand favori aux Oscars, Black Swan un outsider plus que potentiel. Mais la rivalité provient du Discours d'un roi (The King's Speech), déjà favori des Golden Globes plus tôt cette semaine, et remarqué au dernier festival de Toronto (Prix du public). La sortie française est prévue le 2 février. Cette liste croise d'ailleurs d'assez près celle des nominations aux Golden Globes. Tout cela se consolide donc...

À la vue des nominations pour les Screen Actors Guild Awards (la plus puissante guilde professionnelle, la plus influente notamment pour les Oscars), le film de Tom Hooper fait même un sans faute avec des sélections dans diverses catégories : meilleur acteur (Colin Firth), meilleur second rôle masculin (Geoffrey Rush), meilleur second rôle féminin (Helena Bonham Carter), meilleur ensemble (les mêmes avec Guy Pearce, Derek Jacobi, Michael Gambon).

Dans cette dernière catégorie, les castings de Black Swan, The Fighter, The Kids are all right et The Social Network sont également distingués.

Côté acteurs, Firth affronte Jeff Bridges (True Grit), Robert Duvall (Get Low), Jesse Eisenberg (The Social Network) et James Franco (127 heures). Transgénérationnel donc.

Côté actrice, la bataille fera rage entre Annette Bening (The Kids are all right), Nicole Kidman (Rabbit Hole), Jennifer Lawrence (Winter's Bone), Natalie Portman (Black Swan) et Hilary Swank (Conviction, surprenant car jamais cité jusqu'à présent).

Dans les seconds rôles masculins, Rush est opposé à Christian Bale (The Fighter), John Hawkes (Winter's Bone), Jeremy Renner (The Town), et Mark Ruffalo (The Kids are all right).

Et côté féminin, on verra un match entre Bonham-Carter et Amy Adams (The Fighter), Mila Kunis (Black Swan), Melissa Leo (The Fighter) et Hailee Steinfeld (True Grit).

Boardwalk Empire, un pilote impérial signé Martin Scorcese

Posté par Claire Fayau, le 17 décembre 2010

Bravo Mr Scorcese. Votre pilote de la série Boardwalk Empire est superbe. Un vrai film d'époque. Il faut dire que les films de gangsters, leur violence, leur virilité, vous savez faire.

Cette fois, vous nous proposez de nous immerger à Atlantic City, dans les années  20, au début de la Prohibition, dans la nuit du 15 au 16 janvier 1920, précisément. Niveau reconstitution, même la série Mad Men est surpassée (sans doute parce que son budget est largement inférieur à celui de Boardwalk...). 5 millions de dollars pour reconstituer la promenade de bord de mer d'Atlantic (le fameux boardwalk) !

Au générique, la mise est haute : HBO aux manettes, un auteur  documenté  Nelson  Johnson ( Boardwalk Empire : the Birth, High Times, and Corruption of Atlantic City , 2002),  le scénariste des Soprano, Terence Winter, Mark Walhlberg qui a toujours le nez fin en tant que producteur de série, et un casting enivrant comme un  bon whisky.

Mélange de 2o ans d'âge comme Steve Buscemi (Fargo, Armageddon), de jeunes whisky prometteurs, Michael Pitt (Bully, Last Days), et d'autres alcools brut de pomme, comme l'écossaise Kelly MacDonald (Gosford Park, No Country for old men) et même le bourbon sexy Paz de la Huerta.

Niveau cinématographie , c'est simple : on oublie qu'on regarde une série TV, juste après la vision du splendide générique.  On pense à Il était une fois l'Amérique, Le Parrain de votre ami Coppola, et dans une autre époque, à votre Gangs of New York. Et la musique est à l'unisson.

Certes, il s'agit juste d'un pilote, qui présente surtout le personnage de Nucky Thomson (Buscemi le Magnifique).

Personnage directement inspiré de Nucky Johnson, le trésorier de la ville d'Atlantic City sous la prohibition, extrêmement intéressant car menant une existence schizophrène, entre crime, politique et galas de bienfaisance. Buscemi s'en donne  à coeur joie : il faut dire qu'il y a des répliques gouleyantes  :  "Règle numéro 1 en politique : la vérité ne doit jamais contredire une bonne histoire". (On dirait du Churchill!)

Comme tout  grand cru, la première goutte est la plus addictive, et cette série devrait se bonifier avec le temps... surtout si vous êtes là pour veiller au grain! D'ailleurs, çà commence bien  : la série est sélectionnée par la  Writers Guild for America.

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Boardwalk Empire  -saison 1

Dimanche 19 décembre, 20h 10  sur Orangecinémax :

le pilote:  1 x 90'

puis  11 épisodes x 52'  tous les dimanches à  2oh10

La promo

Le site internet

Blake Edwards (1922-2010) : fin de « Party »

Posté par vincy, le 16 décembre 2010

Il avait une marque de fabrique. La comédie chic, élégante, enchaînant les gags les plus farces, les situations les plus improbables, des plans toujours soignés. Il savait aussi choisir ses stars. Blake Edwards (de son vrai nom William Blake Crump) a vécu une belle vie. Né en plein été 1922 au fin fond de l'Oklahoma, il est décédé aujourd'hui, au début de l'hiver 2010. 88 ans jusqu'au dernier clap. Et pour une fois, il n'y a aucun délire. Julie Andrews est veuve.

On lui doit une série de succès (pour ne pas de triomphes populaires), de films cultes, d'oeuvres respectées. Certes cela faisait 15 ans qu'il ne tournait plus, mais il a donné de son humour durant 40 ans.  Si les Oscars l'ont snobé (une seule nomination en tant que scénariste), ils se sont rattrapés en 2004 avec un Oscar d'honneur bien mérité, remis par Jim Carrey. Il laisse derrière lui un César (meilleur film étranger avec Victor Victoria), un Donatello (meilleur scénariste, pour le même film), plusieurs prix et nominations glanées ici et là, quelques statuettes pour l'ensemble de sa carrière et deux prix du meilleur scénario de la Writer Guild of America (Quand la Panthère rose s'en mêle, Victor Victoria) parmi huit nominations. Côté réalisateurs, ses confrères de la Director's Guild avait nommé Diamants sur Canapé (alias Breakfast at Tiffanny's) et en 1993, ils lui donnèrent un prix spécial.

La comédie est considérée comme un sous-genre, mais dans son cas, il fait partie de ses cinéastes qui ont donné leurs lettres de noblesse au cinéma de dérision. Héitier des Preston Struges, Leo Carrey, Howard Hawks, Billy Wilder, Blake Edwards a mis en scène Audrey Hepburn, Cary Grant, Tony Curtis, Jack Lemmon (son comédien favori), Natalie Wood, Bruce Willis, Kim Basinger, Julie Andrews, Burt Reynolds, David Niven, William Holden, Omar Sharif, Rock Hudson...

Avec un grand père grand réalisateur de films muets et un père chargé de production et premier assistant réalisateur, il passe logiquement derrière la caméra. Son premier long métrage date de 1955, Bring your smile around.

Le récemment disparu Tony Curtis devient vite sa star fétiche. Il tourna la plupart de ses premiers films avec lui. En 1959, il l'enrôle dans la Marine, aux côtés de Cary Grant, et forment un duo de tonnerre dans Opérations Jupons, une histoire de sous-marin rose durant la seconde guerre mondiale côté Pacifique, avec un gros cochon, des soutien-gorges et une armada d'emmerdements.

Mais c'est en 1961 qu'il trouve les premières formes de respect avec Diamants sur Canapé, adaptation d'un roman de Truman Capote. La fameuse scène où Audrey Hepburn, merveilleuse ingénue, frivole et romantique, où l'actrice , avec ses lunettes noires, boit son café et croque dans un donut devant les vitrine du bijoutier Tiffany, est devenue une référence (jusqu'à Desplechin qui utilisera un plan similaire dans Rois et Reine). Edwards a cet art de délirer avec classe, de se complaire dans la débauche et les désastres avec une décence assumée.

Le succès du film le pousse à passer au drame. Le jour des vins et des roses lui vaut un succès critique avec une histoire d'alcoolisme. À raison d'un film ar an, il enchaîne des films inégaux. Mais il croise une pépite. Une des premières franchises du cinéma depuis Tarzan, et à l'époque de James Bond : La panthère rose. Une musique de Mancini, un générique en animation, une histoire de casse avec un détective loufoque. Le tour est joué. Non seulement il cartonne au box office, mais il rencontre surtout Peter Sellers, à qui il met un imper et un bob et le métamorphose en Inspecteur Clouseau. Les gaffes de l'un et la maîtrise délicate de l'autre font une alchimie détonante. Il en réalisera huit épisodes.

blake edwards et peter sellersEn 1965, il filme une infernale course de voiture entre le diabolique Jack Lemmon, l'angélique Tony Curtis, la sublime Natalie Wood. La Grande course autour du monde révèle surtout une scène de tarte à la crème extrême. Mais c'est en 1968 qu'il entre dans la légende du 7e art avec The Party. Il laisse Peter Sellers en roue libre dans cette moquerie sur Hollywood et les mondanités (qui d'autre savait aussi bien filmer les pince-fesses?), nous offre une soirée mousse d'anthologie, un poulet qui se niche dans une coiffe, un rouleau de PQ interminable, des éléphants et leur pesant de gags. Les bévues de l'acteur indien joué par Sellers provoquent un délire hilarant et interminable.

Certes ils se sont fâchés sur la fin. Edwards lui reprochait son manque de professionnalisme et surtout d'envie. Il l'insérera quand même, de manière posthume dans A la recherche de la panthère rose en 1982. Pas rancunier. ils se devaient tant.

Hélas après, Edwards céda à des facilités, cumula les échecs (Darling Lili), s'attira les moqueries (Elle, avec Bo Derek), le mépris (S.O.B. pourtant très drôle par son cynisme). On pouvait croire à son déclin. Le nouveau cinéma américain le laissait sur le carreau. Les comédies avaient moins de place qu'auparavant. Surtout, hormis Burt Reynolds, il n'y avait pas stars charismatiques qui fassent rire dans les années 70. Il se rassure avec ses Panthère rose. Heureusement, 10, lui redonne espoir. Il est l'un des plus gros succès du box office de l'année 1979.

Et puis, un chant du cygne. Un scénario brillant, dans l'air du temps (rappelez vous Tootsie). Une actrice vénérée depuis Mary Poppins, Julie Andrews, qu'il a rencontré chez leur psychanalyste. Ils se sont mariés en 1969. Une réalisation utilisant à merveille tous les codes de la comédie classique américaine, mêlant vaudeville et quiproquos, enter Lubitsch et Wilder. Victor Victoria est sans aucun doute l'un de ses trois plus grands films, avec Diamants sur canapé et The Party. Une chanteuse se travestit en homme qui se fait prendre pour une femme, afin de pouvoir faire son métier dans un Paris des années folles.

Il réalisera encore quelques comédies romantiques, inégales. Boire et déboires, là encore un sujet sur l'alcoolisme, est sans doute le plus charmant de ses derniers films. On pourrait retenir aussi Switch, qui là encore traitait de l'identité sexuelle. Il adorait déguiser les hommes en femmes. Son humour "britannique".

Mais c'est une réplique française qui servira de conclusion. Dans Victor Victoria, il y a un bel adieu. "Au revoir". "Me too".

Taylor Lautner incarcéré

Posté par vincy, le 15 décembre 2010

Taylor Lautner prépare déjà l'après Twilight. Le bourreau des coeur des adolescentes a déjà terminé Abduction, de John Singleton, avec Lily Collins, Alfred Molina, Jason Isaacs, Maria Bello et Sigourney Weaver. Il y joue Nathan, jeune homme qui découvre la vérité sur sa vie après avoir trouvé une photo de lui quand il était bébé sur un site internet de personnes disparues.

Après la fin du tournage (mouvementé) de Twilight 4, il enchaînera avec Incarceron, où il incarnera Finn, jeune homme enfermé dans une société conçue comme une prison sauvage et périlleuse. Il rencontrera une jeune fille qui elle, est prisonnière d'un monde futuriste ressemblant au XVIIe siècle (sic). Une clé de cristal leur permettra de communiquer, et ils tenteront, surtout, de s'évader.

Il s'agit de l'adaptation du roman jeunesse de Catherine Fisher, scénarisé par Adam Cooper et Bill Collage (Tower Heist, le prochain Brett Ratner actuellement en tournage). Incarceron est une série débutée en 2007 au Royaume Uni (le deuxième volume s'appelle Sapphique). En Français, Incarceron a été publié chez Pocket jeunesse cet été, le deuxième tome (Le cygne noir) vient de paraître chez le même éditeur.

Le réalisateur n'est toujours pas connu.

Le CNC a un nouveau Président, la Commission de l’avance sur recettes aussi

Posté par vincy, le 15 décembre 2010

Véronique Cayla, Présidente du CNC, a procédé à l'un de ses derniers actes (il restera les voeux fin janvier) de son mandat, qui s'achèvera en mars, quand elle remplacera Jérôme Clément à la tête d'ARTE.

Elle a nommé l'éditeur Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L.), ancien président de la SCELF (Société Civile des Editeurs de Langue Française), qui initia le Marché des droits (audiovisuels et littéraires) au salon du livre de Paris, à la présidence de la commission d’avance sur recettes pour une durée d’un an à compter du 1er janvier 2011. Il succède ainsi à Florence Malraux, nommée depuis juillet 2009.

La commission d’avance sur recettes est composée de trois collèges siégeant séparément, de trois vice-présidents et de 25 membres titulaires. Le président est commun aux trois collèges.

Selon le communiqué du CNC, le premier collège est compétent pour examiner les demandes d’avances avant réalisation présentées pour une première œuvre cinématographique de longue durée d’un réalisateur. Le deuxième collège est compétent pour examiner les demandes d’avances avant réalisation pour des œuvres de réalisateurs ayant réalisé déjà au moins un long métrage. Le troisième collège est compétent pour examiner les demandes d’avances après réalisation. (Liste en fin d'article).

Parmi les nouveaux entrants, on note l'écrivain cinéaste Virginie Despentes, le producteur Charles Gillibert (MK2), les réalisateurs Jean-Paul Salomé et Laetitia Masson, la productrice distributrice Fabienne Vonier ainsi que son confrère Michel Saint-Jean, les actrices Marilou Berry et Julie Delpy.

Le même jour, le Conseil des Ministres a entériné la nomination d'Eric Garandeau pour remplacer Cayla à la Présidence du CNC. Conseiller culture de Nicolas Sarkozy depuis 2008, inspecteur des finances, il est aussi un ancien du CNC où il avait exercé comme directeur financier.

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Au titre du premier collège : Vice-Président : Mme Miléna Poylo
M. Malik Chibane
Mme Florence Colombani
M. Charles Gillibert
M. Yannick Kergoat
Mme Laïla Marrakchi
M. Jean-Bernard Pouy
Mme Régine Vial

Au titre du deuxième collège : Vice-Président : M. Michel Saint-Jean
M. Karim Boukercha
Mme Virginie Despentes
M. Christophe Honoré
Mme Laetitia Masson
M. Jean-Paul Salomé
Mme Fabienne Vonier
M. Ariel Zeitoun

Au titre du troisième collège : Vice-Président : Mme Christine Gozlan
M. Sébastien Beffa
Mme Marilou Berry
M. Emmanuel Burdeau
M. Dante Desarthe
Mme Maïla Doukouré
Mme Alante Kavaïte
Mme Laura Koeppel
M. Eric Lagesse
M. Olivier Lorelle
Mme Anne Wiazemsky
Mme Françoise Widhoff

De nouveaux membres suppléants (en gras dans la liste) font également leur entrée au sein de la commission pour une durée d’un an à compter du 1er janvier 2011 :

Mme Caroline Champetier
M. Olivier Charvet
Mme Emilie Deleuze
Mme Julie Delpy
M. Jérôme Dopffer
Mme Laetitia Fèvre
Mme Marie Genin
Mme Fabienne Godet
M. Olivier Gorce
M. Benoît Graffin
Mme Baya Kasmi
Mme Anna Novion
Mme Claire Paoletti
M. Benoît Quainon
Mme Axelle Ropert
Mme Céline Sciamma

The Social Network part grand favori des Oscars

Posté par vincy, le 14 décembre 2010

En récoltant tous les titres de Meilleur film dans les différentes remises de palmarès de ce week-end, The Social Network de David Fincher ne laisse pas beaucoup de place à ses concurrents pour la prochaine cérémonie des Oscars.

Les critiques de Boston, Washington, San Francisco, Toronto et surtout de Los Angeles et New York (ces deux listes sont parmi les plus prestigieuses toutes remises de prix confondues) ont unanimement élu le drame de Fincher comme meilleur film, mais pas seulement. Le scénario est régulièrement récompensé, tout comme la mise en scène, et même l'acteur principal. Pourtant celui-ci devrait laisser l'Oscar à un autre favori, Colin Firth, dont ce devrait être l'année, avec son personnage de The King's Speech. Idem côté film d'animation où Toy Story 3 truste la catégorie, d'Est en Ouest, à l'exception de Toronto (Dragons).

L'autre surprise provient de France : Carlos, d'Olivier Assayas, mais aussi L'illusionniste de Sylvain Chomet, collectionnent les récompenses. Même Niels Arestrup se retrouve primé pour son second rôle dans Un prophète (à Los Angeles). Sans oublier Alexandre Desplat (côté musique). Carlos (remarqué par les critiques de New York et Los Angeles) n'est pas sélectionnable pour les Oscars (les français ont préféré présenter Des hommes et des Dieux).

Seul l'Oscar de la meilleure actrice semble ouvert : Michelle Williams (Blue Valentine) à San Francisco, Jennifer Lawrence (Winter's Bone) à Toronto et Washington, Annette Bening (The Kids are all right) à New York, Kim Hye-ja (Mother) à Los Angeles, Natalie Portman (Black Swan) à Boston

Critiques de New York

The Social Network : film, réalisateur
The Kids are all right : scénario, actrice, second rôle masculin
The King's Speech : acteur
The Fighter : second rôle féminin
Black Swan : image
L'illusionniste : film d'animation
Inside Job : Documentaire
Carlos : Film en langue étrangère
Animal Kingdom : premier film

Critiques de Los Angeles

The Social Network : film, réalisateur, scénario, musique
Carlos : film en langue étrangère, réalisateur
The King's Speech : acteur
Mother : actrice
Un prophète : second-rôle masculin
Animal Kingdom : second rôle féminin
Last Train Home : documentaire
Toy Story 3 : film d'animation
Black Swan : image
The Ghost-Writer : musique
Inception : décors et costumes

RIHL 2010 : des films animés dont l’imaginaire n’a rien de figé

Posté par Benjamin, le 13 décembre 2010

L’animation est un genre devenu majeur dans le cinéma actuel avec le succès des films Pixar ou de franchises telles que Shrek ou L’âge de glace mais aussi grâce à l’essor de la 3D. Les Rencontres internationales Henri Langlois l’ont bien compris et ont sélectionné pour cette 33ème édition des courts métrages animés absolument somptueux !

Il faut le dire et ne pas être avare en superlatifs tant la qualité de ces films dépasse celle de simples travaux d’écoles. Nous sommes face à des professionnels qui tiennent une idée, une véritable trouvaille, qui créent un monde qui leur est propre et développent leur propre style. Pas un film d’animation ne ressemble à un autre. Les formes sont aussi variées qu’inspirées. Le sud-coréen Wan-Jin Kim a joué sur la poésie de ses images qui ressemblent parfois à des tableaux pour retracer à la fois l’horreur de la guerre mais aussi la beauté du paysage qui assiste au massacre. C’est l’absurdité de la guerre face à la mort passive de la forêt. Seulement, il est dommage qu’il n’ait pas développé un vrai fil conducteur pour son film et qu’il se laisse emporter par sa créativité picturale.

Cependant, que ce soit les réalisateurs français du Gardien de phare ou l’allemande Verena Fels pour Mobile, c’est l’absence de parole et une durée courte (moins de 10 minutes) qui les caractérise. Le premier se rapproche plus du style de Sylvain Chomet tandis que le second donne vie à un mobile d’enfant pour une histoire à la fois drôle et irrésistible.

Mais deux films d’animation se démarquent nettement des autres dans la compétition. Le premier par son choix artistique brillant et novateur, le second pour son histoire et l’aboutissement de son projet.

Tout d'abord, l’œuvre de Pierre-Emmanuel Lyet qui a eu l’incroyable idée de réduire ses personnages à de simples yeux. Avec Parade, il traduit notre déshumanisation moderne en ne laissant apparaître de notre identité qu’un œil qui sort de l’obscurité. Le reste du corps, noir lui aussi, se fond donc dans le décor. Mais un œil, un corps se détache de ce monde si triste grâce à des « amis » (imaginaires ou non), des êtres de couleur de toutes les formes qui le suivent partout et perturbent ce monde si réglé. L’invention est splendide et par un jeu avec la musique, il nous fait rire sur ce monde hiérarchisé où chacun se cache. Parade est un film qui possède une identité très forte qui lui permet de sortir très largement du lot.

Le second, A lost and found box of human sensation (photo) conforte l’idée que les films d’animation ne sont pas forcément pour les enfants, et il aborde un thème grave, la dépression, le vide qui suit la perte d’un être cher. L’expérience de la maladie et de la mort, la perte des repères. L’incapacité d’avancer après une telle épreuve et puis, doucement, la renaissance, le nouveau départ et les cicatrices qui se forment et que l’on garde sur soi. Les deux allemands Martin Wallner et Stefan Leuchtenberg créent un univers riche, loufoque et varié. Leur film a une forme assez classique mais ils tiennent une histoire solide, leur film a un but (d’autres n’en ont pas et ne sont qu’une succession de plans vident de sens), quelque chose à dire au spectateur. Et puis, tout de même, les deux gaillards ont la chance de s’être offert les services de deux immenses comédiens pour assurer les voix-off. La voix du personnage principal est assurée par Joseph Fiennes et celle du narrateur par Sir Ian McKellen, excusez du peu !

Les films d’animation font preuve d’une véritable présence artistique à Poitiers. Certains optent pour le rire et la tendresse, tandis que d’autres s’orientent sur des sujets plus graves. La vitalité et la diversité en font un cinéma plein de promesses.

Le Narcisse Noir (reprise) : des femmes et des Dieux

Posté par Claire Fayau, le 13 décembre 2010

L'histoire : Une congrégation de religieuses britanniques est chargée de se rendre dans un ancien harem situé sur les contreforts de l’Himalaya, pour y établir un dispensaire. Autour du palais, le vent souffle continuellement et la nature propage une poignante beauté. Les sœurs sont aidées dans leurs tâches par Dean, un agent anglais installé dans la région depuis longtemps. Rapidement, la sœur supérieure Clodagh s’offusque de la conduite grossière et dissolue de ce dernier. Au sein de la communauté, les tensions s’exacerbent et les nonnes traversent des épreuves pesantes, aussi bien pour le corps que pour l’esprit…

Reprise : Le Narcisse noir ressort en salles le 15 décembre 2010. Sorti en  1947 , le film de Michael Powell et Emeric Pressburger  précède de quelques années leur autre chef-d'oeuvre, Les Chaussons Rouges.

"Qu'est ce que çà mange , un nonne ?". Réponse du général indien à la question posée plus haut - "Des saucisses", les  nonnes vont manger des saucisses car "les Européens en raffolent". Ici l'humour se mélange à l'exotisme. Et le charme des sœurs (Deborah Kerr en tête, mais aussi Flora Robson et Jean Simmons) contribue à nous séduire.

Au-delà, il s'agit d'une œuvre profonde, presque spectrale par certains aspects et intense. Le personnage torturé de Kerr permet tout un éventail d'émotion, de la peur au doute.  Entre crise de foi et actes de résistance, ces femmes amènent aussi une suavité salutaire dans un monde violent, à la fois effrayant, horrible et juste adouci par les magnifiques décors. Même si l'Himalaya a été entièrement reconstitué en studio.

Le film reçu d'ailleurs deux Oscars : la meilleure direction artistique (qui comprenait alors les décors) et la meilleure image. Le technicolor a exigé des prouesses techniques pour le directeur de la photographie, Jack Cardiff, qui s'est inspiré des peintures de Vermeer. Les arrières plans, des photographies en noir et blanc, ont été ainsi repeintes avec des couleurs pastels, qui donnent à l'ensemble une allure kitsch. De même il fallait prévoir des centaines de bougies pour éclairer correctement certaines séquences.

Deborah Kerr fut aussi citée comme meilleure actrice par les Critiques de New York.

Roses à crédit d’Amos Gitaï hélas déjà fané

Posté par geoffroy, le 12 décembre 2010

Le dernier film d’Amos Gitaï, Roses à crédit, qui devait sortir sur les écrans le 15 décembre prochain, ne verra pas le jour au cinéma. Alors que tout était paré pour une sortie en bonne et due forme, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) vient d’y opposer son veto.

L’argument avancé par la commission d’agrément du CNC est très simple : l’adaptation éponyme du roman d’Elsa Triolet produit par Images & Cie pour une chaîne de télévision,  France 2 en l’occurrence, fait de Roses à crédit un téléfilm et non une œuvre de cinéma à proprement dite. Peu importe, alors, que les différentes parties se soient mis d’accord sur un projet clairement défini comme cinématographique et destiné à sortir dans les salles de cinéma avant sa diffusion télé.

Il aurait fallu, pour que la commission d’agrément donne son aval, que le film d’Amos Gitaï  se décline en deux versions distinctes, l’une pour le cinéma, l’autre pour la télévision. Or la commission a estimé « qu'il n'y a qu'une seule œuvre. Dans ce cas, on ne peut pas accepter qu'un film soit diffusé sur une chaîne non payante seulement trois mois après sa sortie en salles. Si on remet en cause la chronologie des médias, c'est la mort de l'économie du cinéma. ». Ce que conteste Nicole Collet, productrice du film, considérant que « la version cinéma est pourtant plus longue, et donne surtout à la narration un autre éclairage en l’encrant dans un contexte historique différent ».

Insuffisant, semble t-il, pour une commission indépendante ayant comme objectif principal de veiller au respect d’une réglementation encadrant la production des films de cinéma selon des critères définis par le CNC lui-même. Doté d’un pouvoir consultatif, elle obtient donc sans peine l’interdiction d’un film en salles sous prétexte qu’il fut intégralement financé par la télévision. Peu importe que celui-ci possède des qualités artistiques évidentes que de nombreux journalistes ont déjà pu constater.

Confusion des genres

Mais revenons sur cette interdiction qui, outre son caractère incroyablement tardif (elle arrive une dizaine de jours avant la sortie du film), est à géométrie variable. N’est-il pas étrange, qu’en 2008, Plus tard, tu comprendras, téléfilm du même Amos Gitaï financé par Arte, ait été diffusé sur France 2 le 20 janvier 2009 puis le lendemain au cinéma sans que la commission n’y trouve rien à redire. Comment comprendre, par exemple, les différences de traitement entre les films d’Olivier Assayas, Carlos, et de Pascale Ferran, Lady Chatterley. Si le premier, intégralement financé par Canal +, aura été "désélectionné" du festival de Cannes pour des raisons de production (il a finalement été présenté hors compétition), le deuxième aura obtenu, sans contestation aucune, le double agrément de la commission. Nous le voyons, tout ceci est bien flou et discrédite un organe de contrôle se basant essentiellement sur des critères de financement, certes importants, et non vis-à-vis d’enjeux artistiques eux aussi bien réels. D’où l’ambiguïté de certaines situations ou de vrais films de cinéma sont interdits dans les salles de cinéma. Sans parler des incohérences à la marge relevées plus haut, exceptions rares mais ô combien symboliques d’un système ayant montré à plusieurs reprises ses limites.

Une sortie en salles n'est pas garante d'une existence dans les cinémas

Loin de nous l’idée de nier en bloc l’utilité d’un système (les raisons de sa mise en place est toujours d’actualité) qui, bon an mal an, fonctionne correctement. En effet, séparer la production cinématographique de la production en général est nécessaire, les chaînes de TV n’ayant pas à user et abuser d’une position enviable pour financer en sous-main leurs téléfilms. Le système est complexe, imparfait, voire pervers. Dans ce cas, doit-on s’en indigner et constater, incrédule, à la mise au placard d’œuvres cinématographiques parce que produites sur des fonds audiovisuelles alors qu’on nous abreuve toute l’année de films estampillés « cinéma » aux allures de mauvais téléfilms ? Bien sûr que non, mais que faire lorsque Alexandra Henochsberg, directrice de la société Ad Vitam (celle qui devait distribuer Rose à crédit) admet qu’elle n’est pas « certaine qu’il faille la réformer (la commission), moins encore la supprimer, même si nous sommes victimes d’un système qui manifestement ne fonctionne pas ».

Il ne s’agit pas, d’un coup d’un seul, de tout chambouler pour faire plaisir aux contestataires que nous aimons être. Non, ce qu’il faut c’est mettre en place, une bonne fois pour toute, une politique culturelle cohérente à même de garantir la pluralité des cinémas pour que des films comme Rose à crédit puisse exister sur grand écran. Il en va de la sauvegarde d’un cinéma de plus en plus difficile à financer se retrouvant l’otage des moyens de financement qu’on lui accorde. Résultat : au lieu d’aider des cinéastes à monter puis à diffuser leurs films, on les enterre lamentablement comme de vulgaires produits consommables non conformes. Le cinéma et l’art en général valent mieux que cela.