True grit : un roman de Charles Portis, deux films signés Coen et Hathaway

Posté par MpM, le 23 février 2011

true gritA l'origine, True grit est un roman de Charles Portis publié  en 1968 et rapidement devenu culte. Écrit à la première personne, il raconte comment, peu après la fin de la guerre de Sécession, la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout.Plus que l'histoire elle-même, c'est l'ambiance décrite, et surtout le ton employé, qui font tout le sel du livre.

En effet, la jeune fille porte sur ses compagnons un regard si teinté de puritanisme, de candeur et d'absence totale de second degré que c'en est savoureusement décalé, voire franchement drôle. Ce qui n'empêche pas le roman de dépeindre un monde hostile et violent, où chacun doit se battre pour se faire une place. D'où la personnalité forte, mais aride, de Mattie, qui ayant endossé très jeune les responsabilités et les soucis, doit être capable d'y faire face. Les autres personnages sont eux aussi de forts caractères, purs produits de leur époque, et notamment de la guerre civile encore toute fraîche. Ils nous entraînent dans une aventure à la fois romanesque et très épurée, puisque les relations entre les trois protagonistes l'emportent très largement sur l'action.

Il existe deux adaptation cinématographiques de True grit. La première, plus connue sous le titre  Cent dollars pour un shérif, est signée Henri Hathaway (1969) et valut à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur. La deuxième, réalisée par les frères Coen, vient tout juste de sortir en France. Les deux films sont relativement fidèles au roman de Charles Portis, mais chacun à sa manière.

Ainsi, Cent dollars pour un shérif a respecté au plus près le texte, et notamment les détails fournis par Mattie sur sa propre vie. On y retrouve par exemple des allusions au fait qu'elle appartient à une branche spécifique de Presbytériens, ou une séquence mettant longuement en scène sa famille. Comme si Henri Hathaway avait essayé de ttraduire sa moindre pensée en dialogue plus ou moins signifiants.

En revanche, le film semble aujourd'hui assez daté, bien que cela ne soit pas le cas du roman. Il s'inscrit sans aucun doute dans la lignée des grands westerns, avec image Technicolor, grands espaces et passages obligés comme les chevauchées sur la plaine ou le bivouac improvisé. Les violons, les bons sentiments et le happy end de circonstance ne sont pas très loin...

Côté acteurs, la jeune actrice est assez niaise et John Wayne lui-même paraît un peu fade. Les personnalités sont aussi moins tranchées, comme marquées au sceau d'un certain classicisme, voire conservatisme : impossible de montrer la jeune Mattie se fondre totalement dans un costume et un rôle d'homme, par exemple.

Chez les Coen, c'est presque l'inverse. Sur certains points purement narratifs, ce sont eux qui ont pris le plus de liberté avec le roman, inventant des personnages, supprimant des séquences, et forçant certaines situations. Ainsi, l'opposition entre Rooster Cogburn et LaBoeuf tient moins de l' affrontement viril de deux systèmes de valeurs que d'une chamaillerie puérile entre deux insupportables garnements. Quant à la chasse à l'homme, déjà accessoire dans le roman,  elle sert carrément de prétexte à des dialogues enlevés et un portrait au vitriol de l'époque et de ses règles.

Mais en déconstruisant les codes du western et en s'appropriant si complètement le roman de Portis, les deux réalisateurs restent fidèles à son ton inimitable. D'ailleurs, on voit bien ce qui a pu les séduire dans cette histoire rocambolesque de vengeance mais aussi de découverte et d'initiation, tant les deux personnages masculins ont ce petit quelque chose que l'on retrouve à des degrés divers dans la plupart de leurs films : ce sont des êtres solitaires et presque marginaux, mi losers magnifiques, mi farfelus irrécupérables. Ainsi, leur version décalée, à la fois pessimiste et légère, s'avère une relecture moderne de l'œuvre originale dont elle respecte les fulgurances, l'auto-dérision et le rythme.

S'il fallait choisir entre les deux adaptations, celles des Coen semblent donc plus adaptée aux goûts du jour. Mais quoi qu'il en soit, l'essentiel est de ne pas passer à côté du roman de Charles Portis, de l'intransigeante Mattie Ross et du terrible Rooster Cogburn.

Cannes 2011 : ça se bouscule côté cinéma américain

Posté par vincy, le 23 février 2011

Dès l'ouverture, le ton sera donné : le cinéma américain était quasiment absent l'an dernier ? les films venus d'Hollywood étaient médiocres ? Cette année, Cannes 2011 comblera sans doute les attentes.

Dès l'ouverture, Woody Allen ouvrira le bal avec Minuit à Paris (Midnight in Paris). La montée des marches ravira les photographes : Marion Cotillard, Rachel McAdams, Michael Sheen, Marcial Di Fonzo Bo, Adrien Brody, Elsa Pataky, Kathy Bates, Owen Wilson, Manu Payet, Léa Seydoux, Gad Elmaleh, et Carla Bruni-Sarkozy (avec ou sans son mari ?). Evidemment, ce sera hors compétition, mais au moins, la légèreté sera au rendez-vous.

Et puis, normalement (on ne jure plus de rien), le film le plus attendu de Cannes 2010 sera en compétition à Cannes 2011. Tree of Life de Terrence Malick sortirait même simultanément en France. Avec Brad Pitt et Sean Penn (qui pourrait aussi être en compétition avec Paolo Sorrentino) à l'affiche, là encore l'hystérie est à prévoir.

Autre confirmation, le long métrage de Madonna, dont quelques extraits ont été présentés à Berlin, W.E. sera hors-compétition ou en séance spéciale. L'icône pop a une longue histoire d'amour avec le Festival. Pas sûr cependant que ce film, en partie tourné sur la Côte d'Azur, sur Edouard VII (le frère de George VI, protagoniste du Discours du roi) fasse saliver les critiques.

Parmi les prétendants à la compétition, il y a trois ex-palmés : Gus Van Sant (Restless, opportunément reporté), Francis Ford Coppola (Twixt now and sunrise, qui pourrait encore faire un pied de nez aux organisateurs en allant à la Quinzaine ou en exigeant la clôture) et Steven Soderbergh avec Haywire, son "petit" film, tourné dans la foulée de Contagion (qui devrait faire les beaux jours de Venise).

Autres possibilités, ceux qui ont déjà eu les honneurs de la sélection officielle ou des sections parallèles : Richard Linklater (Bernie), Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin), Lynn Shelton (projet pas encore titré) et Alexander Payne (The Descendants, avec George Clooney).

Mais les sélectionneurs peuvent aussi surprendre. Pour la compétition, quelques cinéastes réputés peuvent être choisis : Andrew Niccol (Now), Joe Wright (Hanna), Tom McCarthy (Win Win), Rodrigo Garcia (Albert Nobbs, avec une Glenn Close travestie), David O'Russel (Nailed), J.J. Abrams (Super 8).

Hors-compétition, les studios peuvent décider de faire du festival leur rampe de lancement pour des films comme X-Men First Class (le troisième épisode avait déjà été présenté sur la Croisette), Larry Crowne (de et avec Tom Hanks et Julia Roberts), Kung-Fu Panda 2 (le premier avait fait son avant-première à Cannes) ou Cars 2 (profitant aussi du championnat de Formule 1 à Monaco) et bien évidemment Pirates des Caraïbes 4, ne serait-ce que pour avoir Johnny Depp et Penelope Cruz sur les marches.

Plus sûrement, The Beaver de Jodie Foster, avec Mel Gibson, devrait faire le déplacement. On imagine Jodie faire la bise à De Niro, 35 ans après Taxi Driver...

Beaucoup plus hypothétique, Tintin de Spielberg (a priori l'avant-première aura lieu à Bruxelles ou Angoulême à l'automne), Hugo Cabret de Martin Scorsese (pas vraiment fini) ou l'ultime épisode d'Harry Potter. Quoique. En clôture, ça aurait de la gueule et ça obligerait les accrédités à rester jusqu'au dernier week-end.

Côté indépendants, il y a foule pour remplir Un certain regard, la Quinzaine et la semaine de la critique. So Yong Kim (For Ellen), Drake Doremus (Like Crazy), Maryam Keshavarz (Circumstance), Sean Durkin (Martha Marcy May Marlene), Sam Levinson (Another Happy Day), Jesse Peretz (My Idiot Brother), Nathaniel Dorsky (Pastourelle), Jonathan Levine (Life with it)...

Mais il n'y a pas que les Américains. Deux Canadiens tiennent la corde : l'habitué David Cronenberg (A Dangerous Method) et la respectée Sarah Polley (Take this Waltz). Les Latinos américains ne sont pas en reste. Malgré la polémique actuelle, Cannes fêtera le Mexique avec son enfant prodigue, Carlos Reygadas (Post Tenebras Lux). Benjamin Avila (Infancia clandestina) et Pablo José Meza (La vieia de atras) pourraient trouver leur place dans la liste des élus.

Le mystère reste entier sur le Walter Salles. Certes Venise semble plus probable, question de timing, mais MK2 et Coppola pourraient accélérer le calendrier de Sur la route, d'après le livre de Jack Kerouac. Avec le Malick, ce serait sans doute l'événement américain du festival.

Cannes 2011 : 5 bonnes raisons de confier le jury des courts métrages à Michel Gondry

Posté par MpM, le 22 février 2011

michel gondryC'est Michel Gondry qui présidera le jury des courts métrages et de la Cinéfondation lors du prochain festival de Cannes. Il succède ainsi à Atom Egoyan, Hou Hsiao Hsien, Martin Scorsese ou encore John Boorman. Le choix est excellent, et on vous en fait la démonstration en cinq points :

1) Michel Gondry est un auteur original qui cherche et innove dans chacun de ses films.  Comme le dit le communiqué de presse du festival, c'est un "Artisan virtuose [qui] réinvente sans cesse, en moderne Méliès, tout l'éventail d'effets et d'enchantements du cinéma". A ce titre, il sera ouvert à un cinéma moderne et soucieux de dynamiter les cadres.

2) Il a beau être un habitué de la Croisette (Human nature en 2001, Tokyo en 2008, L'épine dans le coeur en 2009), Michel Gondry n'a jamais été sélectionné en compétition. Cette fois, c'est lui qui remet les prix, dont la fameuse caméra d'or du court métrage. Il sera là sans pression, simplement guidé par son amour du cinéma.

3) 2011 est l'année Gondry. En janvier, son Frelon vert nous a réjoui en film de super héros qui ne se prend pas au sérieux. Jusqu'au 7 mars, le centre Beaubourg lui consacre une rétrospective et une carte blanche. Pour l'occasion, le roi du film suédé y a installé son "usine de films amateurs", qui permet au public de se lancer dans la fabrication de son propre court métrage.

4) Qui mieux que Michel Gondry est capable d'apprécier les films courts réalisés par les cinéastes de demain ? Pour la sortie DVD de Be kind, rewind, il avait initié un concours de films suédés, et s'était prêté au jeu de son côté. Avec lui, ce ne sont pas les oeuvres avec le plus gros budget qui ont le plus de chance...

5) Michel Gondry nous fait rêver, rire et croire encore dans cette entraide et cette communion que seul le cinéma permet. Et pour tout cela, on l'aime, et on est ravi de le voir investi d'une mission aussi captivante pendant le plus beau festival du monde... surtout si cela lui inspire un nouveau film farfelu, poétique et tendre !

Justin Bieber Never say Never : un être assexué et désincarné comme fantasme

Posté par vincy, le 22 février 2011

Never Say Never raconte l'histoire vraie de Justin Bieber, devenu le phénomène mondial que l'on connait. Le public découvrira son incroyable parcours, de Stratford au Canada où il jouait dans la rue jusqu'à son concert à guichets fermés au Madison Square Garden. Découvrez cette fulgurante ascension et rentrez dans l'intimité de cette jeune star internationale.

Le synopsis est évidemment grandiloquent. On en a vu des jeunes stars "phénoménales" se briser les ailes : voix muée, problèmes personnels, changements de staff, évolution des goûts de leurs fans... Alors autant profiter de la Justinmania, comme les studios ont profité de la vogue Hannah Montana ou celle de Miley Cyrus.

Ces productions hollywoodiennes ne sont pas nouvelles. Britney Spears, Prince, Madonna, Elvis Presley, ... tous les artistes ont profité du cinéma pour flatter leur ego, parfois en filmant leurs tournées backstage, parfois en scénarisant légèrement un fil conducteur ponctué de chansons. Énième documentaire / concert, on est plus souvent hors de scène que dessus. La star a primé sur l'artiste. Un choix ou un constat?

Justin Bieber, ici, se livre en mélangeant son quotidien (fantastique), sa pression (incroyable), ses chansons (dingues ces cris hystériques ... Justiiiiiiiiiin)... La prière est un rituel. Et les guests ne se font pas prier pour venir sur scène. On y croise Jaden Smith, puisque l'acteur de Karate Kid avait déjà chanté la chanson du générique avec Bieber. Le tout en 3D pour être plus proche des boutons d'acnée, les toucher, les percer... ah le rêve.

L'affiche nous le présente mélancolique, tourné vers le passé, le visage moins gamin. Avec sa capuche, il ressemble à un Eminem light. Toujours cette mèche, en vogue, comme une vague...

Du coup, malgré ses 21 millions de fans sur Facebook et 7 millions sur Twitter, il est parodié de partout, pour ne pas dire moqué. Snobé par les Grammy, adoré par les MTV Awards, il a fait craquer les adolescentes en deux albums, My World et My World 2.0 (quelle originalité, quelle modernité). 2,3 millions d'albums vendus aux USA, n°1 en Allemagne, en Australie, n°3 au Royaume Uni, n°4 en France... et pourtant aucun single à la première place... mais des concerts remplis à ras bord. On est loin des scores de Britney Spears ou Lady Gaga, cependant, côté ventes.

Loin de nous la volonté de minimiser son succès. Certes, cela a toujours existé les enfants stars. Celui-là, parfait blondinet sachant bouger sans une once de vulgarité sexuelle ou de sous entendus sensuels, correspond parfaitement à l'image fantasmée d'un adolescent doué, propre sur lui, ne se mêlant de rien. C'est de la pop, pas du rock.

À 17 ans, entouré de Usher, Rihanna et Miley Cyrus, ce canadien joue pleinement sur son innocence, préférant souvent les costards blancs aux noirs. Le sexe n'a pas sa place dans cette biographie d'un adolescent dont la vie est remplie de filles hurlant son nom. L'image de Bieber balançant sa mèche, au ralenti, pourra faire rire (on est plus proche d'un pastiche de publicité pour shampoing que d'un geste chorégraphique signifiant). Le documentaire ne transgresse jamais la ligne jaune qui départage le marketing du talent, la sincérité du calcul, les pensées intimes de la propagande.

Mais il faut supporter la musique durant 105 minutes. Quoiqu'on en dise, un docu sur U2, les Stones ou Michael Jackson, même imparfait, est toujours sauvé par le son.

Objet faussement lumineux de désir, Never Say Never est là pour combler un public. C'est du produit bien empaqueté permettant de survaloriser la marque Justin Bieber dans le monde. Il est censé incarner un rêve... Mais qui peut rêver d'être aussi formaté?

Le 4e Prix Toscan du Plantier est décerné aux Films du Poisson

Posté par MpM, le 22 février 2011

Le 4e  Prix Toscan du Plantier a été décerné à Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez des Films du Poisson, les heureuses productrices de deux très jolis films français de 2010, L'arbre, de Julie Bertuccelli, et Tournée, de Mathieu Amalric.

 Ce prix  est décerné par un jury composé des artistes et techniciens nommés aux César ces trois dernières années, ainsi que des 45 membres de l'Assemblée Générale de l'Académie. Il peut être décerné à tout producteur (ice) ayant produit au moins deux films dont un sorti en 2010 et pouvant concourir au César du Meilleur Film, soit 158 personnes  éligibles cette année.  

Un signe d'encouragement à quelques jours des Césars, puisque l'Arbre et Tournée sont chacun nommé trois fois, dont meilleure actrice (Charlotte Gainsbourg), meilleur film (Tournée), meilleur réalisateur (Mathieu Amalric) et meilleure adaptation (Julie Bertuccelli).

Travelling Mexico : le festival de Rennes rattrapé par l’actualité

Posté par MpM, le 22 février 2011

travelling rennes MexicoChaque année, le festival Travelling à Rennes propose de découvrir une ville à travers les films qui l'évoquent ou s'y déroulent. L'an dernier, Istanbul était ainsi à l'honneur, succédant entre autres à Jérusalem et Buenos Aires.

En 2011, année du mexique en France, la manifestation s'est assez logiquement tournée vers Mexico, flamboyante capitale du pays, pour laquelle elle a concocté une programmation mêlant oeuvres récentes (Amours chiennes d'Alejandro Inárritu, Frida de Julie Taymor, Bataille dans le ciel de Carlos Reygadas) et classiques du cinéma mexicain (Salon Mexico d' Emilio Fernandez, Los Olvidados de Luis Buñel...), mais aussi des sections thématiques (la frontière, révolution et turbulences), une sélection de courts métrages, un ciné-concert autour de Desperado de Roberto Rodriguez, des leçons de cinéma... En tout 110 films, 65 invités et 32 rencontres.

Une fête malheureusement entachée (que les organisateurs le reconnaissent ou non) par la récente polémique autour de Florence Cassez, cette Française condamnée en 2009 à soixante ans de prison par la justice mexicaine pour des faits d'enlèvement et de séquestration qu'elle a toujours niés. En effet, le 10 février dernier, cette même justice mexicaine a rejeté le recours de la jeune femme, provoquant des réactions peu amènes à l'égard du pays tout entier. L'année du Mexique en France semble même avoir été un moment compromise, avant que Nicolas Sarkozy n'ait décidé de la dédier à Florence Cassez. Suite à cette décision, le Mexique a annoncé son intention de ne pas assister aux célébrations prévues en mars prochain.

Pris dans la polémique, le festival Travelling a adressé une lettre de protestation au gouvernement français, arguant qu'"on ne peut demander à des artistes, des cinéastes, des écrivains et des scientifiques français, aussi bien que mexicains, d'accepter d'être utilisés comme moyen de pression dans des affaires qui relèvent de la justice et de la diplomatie" et demandant au président de la République française "de revenir sur sa décision de dédier l'Année du Mexique en France à Florence Cassez".

Alors que sa 22e édition commençait aujourd'hui, le festival Travelling avoue avoir été obligé de "se repositionner" mais refuse de dédier la manifestation à Florence Cassez, laissant simplement entendre qu'ils l'évoqueront "sans doute". Une non-prise de position qui a probablement à voir avec le fait que le festival ne peut se permettre de compromettre ses bonnes relations avec le Mexique, et surtout de mettre en danger le bon déroulement de son édition.

On peut comprendre cette volonté de se recentrer sur le cinéma et ceux qui le font, dans une démarche purement artistique, même s'il est faux de penser qu'un festival peut se dispenser de pensées et d'actes politiques. En revanche, il est plus difficile d'accepter que le festival soit allé jusqu'à s'engager contre la décision de Nicolas Sarkozy, qui a au moins le mérite de ne pas laisser Florence Cassez totalement sombrer dans l'oubli au fin fond de sa prison mexicaine. Car comment demander aux festivaliers de s'émouvoir toutes les deux heures devant des fictions de pellicule, et refuser de les sensibiliser à l'injustice dont la jeune femme aurait été victime, elle, dans la réalité ?

____________________

Travelling Mexico
Du 22 février au 1er mars
Site de la manifestation

Cannes 2011 : l’Asie avec ou sans Wong Kar Wai ?

Posté par vincy, le 22 février 2011

Peu importe l'importance du contingent asiatique de Cannes 2011 : la seule question qui tourmentera médias et organisateurs sera autour du nouveau Wong Kar Wai. Quatre ans après l'ouverture du Festival avec My Blueberry Nights, The Grandmasters sera-t-il prêt dans les temps? Grand habitué de la Croisette (il en même été Président du jury), l'homme aux lunettes noires vient de reprendre le tournage des scènes de son nouveau film, avec Tony Leung Chiu Wai et Zhang Ziyi (voir actualité du 21 mai 2009). Son incursion dans les arts martiaux (et un hommage à Bruce Lee par la même occasion) est si attendue que Cannes sera encore prêt à des compromis : absence de mixage, montage non définitif, bobines reçues à la dernière minute. Peu importe : WKW est avec Almodovar le cinéaste non palmé le plus privilégié du Festival.

Mais d'autres films asiatiques pourront compenser son éventuelle absence. Lou Ye (Nuits d'ivresse printannière, primé en 2009) devrait être présent avec Chiennes (Love and Bruises), qui ferait monter les marches au "prophète" Tahar Rahim. Wang Xiaoshuai, déjà sélectionné l'an dernier avec Chongqing Blues, est en pleine post-production de 11 fleurs. Toujours de Chine, on peut espérer le nouveau Peter Chan, Swordsmen, en séance spéciale, ou/et le dernier Johnnie To, avec une comédie romantique (sic) Don't go Breaking My Heart. Le genre est rarement sélectionné à Cannes, mais le nom du réalisateur pourrait amener un peu de fraîcheur hors-compétition. Dans les sélections annexes (Un certain regard, Quinzaine...), les films remarqués à Rotterdam et Sundance peuvent faire leur apparition comme Zhang Miaoyan (Black Blood). De même, primé l'an dernier à Berlin avec Apart Together, Quan'an Wang pourrait avoir terminé le tournage dans les temps de White Deer Plain. Hors-compétition, Cannes pourrait miser sur 1911, réalisé par Jackie Chan, dont ce sera le 100e film, et Li Zhang. Quant à Tsui Hark, il semble plus proche de Venise que de Cannes côté planning.

Le cinéma japonais compte sur ses fidèles représentants pour nourrir les sélections : Hirokazu Kore-Eda et son Miracle, Takashi Miike et son Harakiri 3D en séance de minuit, ou le récemment disparu Satoshi Kon et son ultime dessin animé The Dream Machine, un événement en soi. Côté animation, on peut aussi croire à la possibilité du dernier Makoto Shinkai, Children who chase lost voices from deep below, qui doit sortir en mai au Japon.

Le cinéma asiatique pourrait aussi être plus diversifié cette année avec Tastumi, du singapourien Eric Khoo (My Magic, en compétition en 2008), Captured, du philippin Brillante Mendoza (avec Isabelle Huppert), Gibier d'élevage du cambodgien Rithy Panh (projet issu de l'Atelier de la Cinéfondation), du film sans titre du thaïlandais Pen-Ek Ratanaruang... La Corée du sud, incontournable, a des pépites en réserve et notamment The Murderer d'Hong-jin Na (The Chaser était à Cannes en 2009).

On voit mal, symboliquement, Cannes ne pas réserver une place de choix à un cinéaste iranien, même si les conditions de tournage sont particulièrement complexes. Déjà programmé dans quelques festivals, Harud de Reza Naji ou The Day I Disappeared d'Atousa Bandeh Ghiasabadi peuvent faire escale dans une sélection parallèle. Mais les grands noms habitués du Festival sont soit censurés, soit au travail pour Cannes 2012. La bonne nouvelle serait que le prix Goncourt Atiq Rahimi soit prêt à temps pour l'adaptation de son propre roman, Syngue Sabour. Son film Terre et cendres avait reçu le prix du Regard à Un certain regard en 2004.

Côté Proche-Orient, on pourrait voir Restoration (primé à Sundance) de Yossi Madmony à Un certain Regard, le nouveau film de Joseph Cedar (Beaufort) intitulé Footnote, celui d'Eran Kolirin (La visite de la fanfare) avec The Exchange, ou encore Et maintenant on va où?, de la libanaise Nadine Labaki, qui reviendrait quatre ans après Caramel. En revanche on doute qu'Ari Folman et son film d'animation The Congress soit prêt à temps.

Avec ou sans Wong Kar Wai, on aura quand même du mal à imaginer ce festival de Cannes sans le turc Nuri Bilge Ceylan, quatre fois primé à Cannes (Grand prix du jury, meilleur réalisateur, prix France Culture, prix Fipresci) grâce à ses trois derniers longs métrages en compétition officielle. Il était une fois en Anatolie est son plus important budget à date. Et avec un titre pareil, comment ne pas séduire le président Robert De Niro...?!

Cannes 2011 : les membres VIP du cinéma européen seront présents

Posté par vincy, le 21 février 2011

Festival de grands noms. Cannes 2011 ne devrait pas échapper à la règle : les habitués sont abonnés.

Qui peut encore douter que Pedro Almodovar, avec La piel que habito, adaptation du roman français Tarantula, ne soit pas en compétition? Le film marque ses retrouvailles avec Antonio Banderas et la sortie est calibrée par rapport à sa venue sur la Croisette.

Mais Almodovar n'est pas un palmé, contrairement aux Frères Dardenne qui viendront avec Le gamin au vélo, Nanni Moretti et son Habemus Papam et Lars Von Trier qui nous réserve son Melancholia.

Outre ces cinéastes "cannois", d'autres déjà primés au Festival devraient être sélectionnés : Paolo Sorrentino, et son This Must be a Place (avec Sean Penn), Andrea Arnold (Fish Tank) qui a réalisé sa version des Hauts de Hurlevent, Aki Kaurismäki et un film délocalisé en France (ce n'est pas sa première fois), Le Havre, Alexander Sokourov et une revisitation de Faust.

Déjà venus en compétition, Paradise d'Ulrich Seidl pourrait encore provoquer le Festival.

Finalement, le cinéma européen gagnerait à être représenté d'une manière ou d'une autre par des nouveaux talents ou des regards singuliers moins connus. On pense à La Fée du trio Abel / Godron / Romy, Les géants de Bouli Lanners, La femme du Ve de Pawel Pawlikowski (prix MEDIA du talent européen l'an dernier à Cannes), Halt auf Freier Strecke d'Andreas Dresen (prix du jury Un certain regard en 2008) ou, s'il est prêt et rien n'est moins sûr, au nouveau film de Steve McQueen (The Hunger, qui avait fait sensation à Un certain regard), Shame.

Dans les sélections autres que la compétition, les oeuvres de Maxi Valero (El hombre de las Mariposas), Sergio Caballero (Finisterrae), James Marsh (Project Nim), Juan Antonio Bayona (L'impossible), Paddy Considine (Tyrannosaur), Tomas Alfredson (Tinler Tailor Soldier Spy même si Venise semble plus probable) ou encore Cary Fukunaga (Jane Eyre par le cinéaste de Sin Nombre) peuvent dénoter et amener un peu de sang neuf. Si la tendance de ces dernières années se maintient, le cinéma espagnol et le cinéma allemand seront boudés, tandis que le cinéma d'Europe de l'Est aura de nombreux ambassadeurs.

Si le documentaire de Fatih Akin, Garbage in the Garden of Eden, semble davantage calé pour aller à Venise, la surprise qu'il soit à Cannes nous ravirait. de même le Jim Sheridan, Dream House, avec Daniel Craig, Rachel Weisz et Naomi Watts, semble préférer faire son lancement à Toronto. Plus probable, le Michael Winterbottom cru 2011, The Trip, pourrait combler l'absence des grands noms britanniques.

Inception et Dark Knight visibles sur iPhone, iPod Touch et iPad

Posté par vincy, le 20 février 2011

La filiale de Warner, Warner Bros Digital Distribution, lance une "app édition" pour deux de ses plus gros succès, réalisés par Christopher Nolan : Inception et The Dark Knight. Disponibles sur l'App Store d'Apple, le propriétaire d'un iPhone, d'un iPod Touch ou d'un iPad peut ainsi visionner le film.

Bon franchement, voir de tels films sur un iPod Touch ou un iPhone, ça mériterait une sanction pénale au Tribunal des cinéphiles. Mais bon, il suffit de télécharger pour avoir accès aux visionnage continu, bonus, musique, jeux, bandes son, médias sociaux.

Le communiqué précise : "« Inception: App Edition » et « The Dark Knight : App Edition » incluent les cinq premières minutes d'un long-métrage, ainsi qu'une sélection de bonus, dont des jeux, quiz, bandes sons, bibliothèques de sons... L'intégralité du film peut être débloquée via un achat In-app, qui autorise le téléchargement et le visionnage en continu illimité, ainsi que l'accès à l'ensemble des bonus disponibles dans l'application." Prix de lancement : 14,99 euros pour Inception, 7,99 euros pour Dark Knight.

Les menus sont entièrement personnalisés en 16 langues, et le sous-titrage est possible en 34 langues. Les fans peuvent se connecter avec leurs amis tout en regardant le film, partager leurs répliques préférées via Facebook et Twitter, et accéder en temps réel au contenu des chats directement liés au film.

"En 2011, Warner Bros. prévoit la sortie de toute une série de App Editions, comprenant à la fois des nouveaux films et des films au catalogue »."

Berlin 2011 : le palmarès

Posté par MpM, le 19 février 2011

Nader et SImin, une séparation, ours d'or 2011Très peu de surprises dans ce palmarès 2011 qui récompense logiquement les trois meilleurs films de la compétition.

L'Iranien Asghar Farhadi était donné gagnant avec Nader et Simin, une séparation, regard aigu et profond sur la société iranienne contemporaine. En plus de la récompense suprême, le film reçoit un double prix d'interprétation masculine et féminine pour les 4 acteurs principaux, effectivement tous exceptionnels. Apparemment le coup de coeur du jury, après avoir été celui de la presse. Les premiers mots de Farhadi ont été pour Jafar Panahi, qu'il espère voir à Berlin l'an prochain. Comme nous tous.

Favori lui aussi de la presse, Bela Tarr, le grand maître du cinéma esthétique, repart avec un grand prix totalement justifié pour Le cheval de Turin, une oeuvre envoûtante et fascinante qui tient plus de l'expérience sensorielle que de la banale séance de cinéma. Au-delà du film, c'est toute la carrière d'un très grand réalisateur ayant annoncé son désir de ne plus tourner qui est célébrée.

The forgiveness of blood de Joshua Marston a été projeté le dernier jour du festival et n'a donc pas bénéficié du même buzz que les deux films précédents, pour autant le jury l'a fort justement retenu. Un prix du scénario logique pour cette histoire sensible et sobre d'un adolescent contraint à rester enfermé chez lui pour échapper à une vendetta lancée contre sa famille.

Un palmarès équilibré qui correspond globalement aux attentes. C'est à peine si l'on peut déplorer l'absence de Miranda July (The future) dans la liste des autres lauréats, et se demander, malgré tout le bien que l'on pense de Nader et Simin, une séparation, si cumuler tant de prix sur le même film était vraiment indispensable...

Ours d'or
Nader et Simin, une séparation d'Asghar Farhadi

Ours d'argent, Grand prix du jury
Le cheval de Turin de Bela Tarr

Ours d'argent du meilleur réalisateur
Schlafkrankheit d'Ulrich Köhler

Ours d'argent de la meilleure actrice
Leila Hatami et Sarina Farhadi pour Nader et Simin, une séparation

Ours d'argent du meilleur acteur
Peyman Moadi, Shahab Hosseini et Sareh Bayat pour Nader et Simin, une séparation

Ours d'argent de la meilleure contribution artistique
El premio de Paula Markovitch

Ours d'argent du meilleur scénario
The forviveness of blood de Joshua Marston

Prix Alfred-Bauer de l'innovation, du nom du premier directeur de la Berlinale
Wer, wenn nicht wir ? d'Andres Veiel