Les cinémas ouverts, à l’exception du réseau Gaumont-Pathé et de quelques salles

Posté par vincy, le 15 novembre 2015

Après les attentats du 13 novembre qui ont frappé Paris et Saint-Denis, de nombreux cinémas avaient fermés et des manifestations/événements avaient été annulés. Dimanche 15 novembre, la plupart des cinémas ont rouverts dans la capitale. Les réseaux MK2, UGC, Les  Ecrans de Paris ont tous annoncé la reprise de leur activité. Le Grand Rex, finalement, a décidé aussi de rouvrir dès aujourd'hui, marquant le début de l'exploitation du Voyage d'Arlo. Idem pour le Cinéma des cinéastes.

"Après une journée un peu particulière hier , la totalité de nos salles devrait pouvoir vous proposer des séances ce dimanche. Si la situation était amenée à changer, nous ferons notre maximum pour vous tenir informés", indique la page Facebook du réseau UGC.

"Toutes nos salles sont ouvertes", informe le réseau MK2 sur son compte Twitter, hormis sa salle située à l'intérieur du Grand Palais.

"La culture est un des plus importants remparts face à la barbarie, nous nous devons de continuer à la partager" justifie Les Ecrans de Paris sur son site web.

Etoile Cinémas a de nouveau ouvert les portes de ses salles aujourd'hui, selon la page Facebook de son complexe des Lilas.

En revanche, le réseau Gaumont-Pathé a décidé de laisser fermés ses cinémas situés à dans la capitale ainsi que son complexe situé Paris près du Stade de France à Saint-Denis. Cette fermeture ne concerne pas les autres cinémas du réseau de la région parisienne et en France.
Le Forum des images et le Louxor, établissements gérés par la Ville de Paris, restent fermés, tout comme la Cinémathèque française.

Les attentats du 13 novembre 2015 : cinémas et festivals impactés

Posté par vincy, le 14 novembre 2015

[Mise à jour 20h00] Paris et Saint-Denis ont été frappés par six attaques simultanées dans la soirée du vendredi 13 novembre. Au moins 127 personnes sont mortes et 200 sont blessées dont 80 au pronostic vital engagé. Un carnage inédit depuis 1945 qui entraîne trois jours de deuil national, mais a contraint également à décréter l'état d'urgence national.

Les cinémas commencent à fermer les uns après les autres. le réseau Gaumont Pathé a ainsi indiqué peu avant 13h: "En raison des événements tragiques, les cinémas Gaumont Pathé de Paris seront exceptionnellement fermés aujourd'hui. Merci de votre compréhension." Idem pour UGC, peu après 13h: "Les cinémas UGC de Paris intra-muros seront fermés aujourd'hui." L'avant-première du film de Steven Spielberg, Le pont des espions prévue dimanche à l'UGC Normandie a été annulée, indique le distributeur la 20th Century Fox. MK2 a suivi: après avoir ouvert ses cinémas samedi matin à Paris, le groupe a indiqué à l'AFP qu'elle allait les fermer "suite à la recommandation de la préfecture".

Le Grand Rex est fermé pour le week-end, alors que le Pixar des fêtes (Le Voyage d'Arlo) et sa traditionnelle féérie des eaux devaient être lancés aujourd'hui.

A Paris, le Forum des Images et le Louxor, suite à la décision de la préfecture de fermer pour la journée tous ses établissements publics de la ville de Paris, et le Cinéma des cinéastes avaient déjà pris la décision de ne pas ouvrir.

L'avant-première de Joe Hill de Bo Widerberg programmée demain au Méliès de Montreuil a été annulée également. Idem pour le Cinéma du Panthéon a communiqué sur sa page Facebook pour annoncer l'annulation de l'avant-première prévue aujourd'hui de Mia Madre de Nanni Moretti. D'autres ont suivi le mouvement: le réseau Ecrans de Paris (l'Arlequin, où se tient la Semaine du cinéma russe, l'Escurial, le Reflet Medicis, le Majestic Passy et le Majestic Bastille), Le Nouvel Odéon, Le Lincoln et Les Parnassiens.

En Île de France, le Cinéma Le Trianon de Noisy-le-Sec a décidé de fermer pour tout le week-end, suspendant ainsi le Festival du film franco arabe.

Cinessonne, Festival du cinéma européen en Essonne a décidé d'annuler les journées des Jurys et indique, pour le reste de la programmation, que la plupart des salles concernées par la manifestation garderont le rideau baisser. D'autres villes de banlieue, comme Créteil ou Anthony, ont fermé leurs salles municipales.

Le Festival international du film d’histoire de Pessac (Bordeaux) devait être lancé lundi 16 novembre avait pour thème… “Un si Proche-Orient”. La 26e édition n'aura pas lieu dans l'immédiat: "Les multiples attaques terroristes de la nuit dernière à Paris et en région parisienne ont frappé les Français et la France en plein coeur. Suite à cette tragédie humaine et au regard de la mise en état d’urgence de notre pays, Franck Raynal, Maire de Pessac, et Alain Rousset, Président de l’association du Festival international du film d’histoire, ont pris la décision, après concertation avec le Préfet d’Aquitaine, de reporter la 26e édition qui devait débuter le lundi 16 novembre."

A l'inverse le Festival du film d'Arras a décidé de continuer, malgré l'ambiance lourde qui y règne. Sur Facebook, le festival explique: "Après consultation des autorités compétentes, le Arras Film Festival continue. Solidaire des événements, l’équipe unanimement a décidé de laisser les portes ouvertes aux films, aux artistes, aux spectateurs, aux débats. Il est important que dans les salles obscures, la lumière reste allumée."

Enfin Pretty Pictures a annoncé le report de la sortie de Made in France, le film de Nicolas Boukhrief, prévu mercredi prochain dans les salles. Le film est le récit de l'infiltration d'une cellule terroriste française par un journaliste.

W9 dégaine son Empire !

Posté par wyzman, le 14 novembre 2015

Les plus sériephiles d'entre nous le savent déjà, Empire est la série qui a marqué cette année 2015. Véritable phénomène aux Etats-Unis, cette série de la chaîne FOX débarque (enfin) sur nos écrans français. Acquise par le groupe M6 au début de l'été, c'est finalement sur W9 qu'Empire sera diffusée. Et ce à partir du mardi 17 novembre à 20h55 !

Pour rappel, la série créée par Lee Daniels suit le quotidien d'une famille possédant un label de musique. Il y a Lucious (Terrence Howard), le père qui apprend qu'il va bientôt mourir et part à la recherche de son successeur parmi ses fils. Cookie (Taraji P. Henson), la mère qui sort tout juste de prison et veut mettre la main sur la moitié de l'entreprise familiale. Viennent ensuite les trois fils : Andre le businessman ambitieux, Jamal l'artiste homosexuel très prometteur et Hakeem le rappeur arrogant. Bref, tout un panel de personnages plus complexes et attachants qu'on ne le pense.

Comme le dit si bien la bande annonce dévoilée par W9, Empire est un show "envoûtant, provoquant, addictif". Outre-Atlantique, la première saison a été suivie par 13 millions d'Américains, avec un pic à 17 millions pour le season finale. En mélangeant les codes du soap opera à ceux de la culture black, le show de FOX a réussi le pari de rassembler des familles autour d'un programme de divertissement sulfureux. Preuve que la diversité a plus que jamais sa place dans les productions américaines, Empire dérange et n'est jamais à l'abri d'une polémique. Pour la petit info, c'est parce qu'ils sont plus que satisfaits par les résultats d'audience que les patrons de FOX envisagent déjà de produire un spin-off. Bref, vous l'aurez compris, Empire est LA série à suivre - et pas juste à cause de ses guest-stars (Naomi Campbell, Snoop Dogg, Mary J. Blige, Courtney Love, etc.) et de ses morceaux déjà devenus des tubes !

Mustang, Maryland et La Terre et l’ombre récompensés à L.A.

Posté par vincy, le 14 novembre 2015

Le Festival de l'American Film Institute (AFI Fest) a récompensé deux films français lors de sa cérémonie de clôture jeudi soir, à Los Angeles.

Mustang de Deniz Gamze Ergüven, candidat français pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, a reçu le prix du Public "Nouveaux auteurs" et Maryland d’Alice Winocour a été distingué par une mention spéciale du jury pour sa mise en scène.

Le grand vainqueur reste le film colombien de César Augusto Acevedo, La Terre et l'ombre, gagnant du Grand prix du jury dans la section "Nouveaux auteurs". Le film est la Caméra d'or du dernier festival de Cannes.

Dans cette même section "Nouveaux auteurs", une mention spéciale du jury a été décernée au film vénézuélien Desde Alla de Lorenzo Vigas, Lion d'or au dernier festival de Venise.

En plus de la récompense pour Mustang, deux autres prix du Public ont été remis à Landfill Harmonic de Brad Allgood, Graham Townsley, Juliana Penaranda-Loftu (Prix du Public Cinéma du monde) et à James White de Josh Mond (Prix du Public cinéma américain indépendant), déjà honoré à Deauville et Sundance.

L'AFI Fest est généralement l'occasion d'avant-première hollywoodiennes de films d'auteurs venus du monde entier, en parallèle de l'American Film Market. Il s'agit de l'un des tremplins pour la campagne des Oscars et des prix de fin d'année, même si les primés sont rarement nommés aux Oscars.

Brad Pitt et Marion Cotillard dans un thriller romantique signé Robert Zemeckis

Posté par vincy, le 13 novembre 2015

brad pitt marion cotillard

Après Mélanie Laurent (dans Inglourious Basterds et dans Vue sur mer, réalisé par son épouse Angelina Jolie et au cinéma le 9 décembre), c'est une autre actrice française qui va donner la réplique à Brad Pitt. La star américaine et Marion Cotillard seront à l’affiche du prochain film de Robert Zemeckis, pour l'instant sans titre. le film sera en salles le 23 novembre 2016

Qualifié de thriller romantique par la Paramount, le scénario est écrit par Steve Knight (Les recettes du bonheur, A Vif!). L'histoire se déroule en 1942. Un agent du contre-espionnage (Pitt) tombe amoureux d'une consoeur française durant une périlleuse mission en Afrique du nord. Malheureusement, celle-ci est un agent double et travaille pour les nazis.

Robert Zemeckis vient de réaliser The Walk: rêver plus haut, actuellement au cinéma. Marion Cotillard est au générique d'Avril et le monde truqué, où elle prête sa voix à l'héroïne du dessin animé, et de Macbeth, qui sort mercredi prochain. Outre Vue sur mer, Brad Pitt, absent des écrans depuis Fury il y a un an, a tourné The Big Short (23 décembre au cinéma), et War Machine (prévu pour 2016).

Arras 2015 : rencontre avec Laurent Larivière et Jean-Hugues Anglade pour Je suis un soldat

Posté par MpM, le 12 novembre 2015

Présenté en avant-première à Arras après un passage remarqué par la section Un certain Regard de Cannes 2015, Je suis un soldat de Laurent Larivière sort sur les écrans mercredi prochain. Ce film noir et réaliste qui réunit Jean-Hugues Anglade et Louise Bourgoin à contre-emploi explore le monde souterrain, mafieux et immoral des trafics d'animaux domestiques.

Une allégorie transparente d'une société devenue si violente que pour survivre, la seule solution est l'illégalité, l'exploitation d'autrui et l'horreur. Car au-delà du thriller anxiogène qui évoque souvent Bullhead, Je suis un soldat est avant tout un drame social et familial qui renvoie au spectateur l'image de sa propre époque.

Rencontre avec le réalisateur et l'acteur principal dans le cadre de la télé du Festival, réalisée en partenariat avec Ecran Noir.

Daniel Craig devrait incarner James Bond une cinquième fois

Posté par vincy, le 12 novembre 2015

daniel craig james bond 007 spectre

A l'occasion de la sortie du 24e James Bond, Spectre, tous les médias se sont emballés. Après 4 films dans la peau du buveur de Martini, Daniel Craig était donné partant. Sondages, articles, opinions très subjectives: tout le monde spéculait sur son éventuel remplaçant (la liste est longue), trahissant au passage leurs fantasmes persos. C'est oublier la logique du Chiffre. Rien qu'en France, profitant d'un mercredi férié, Spectre a attiré 850 000 spectateurs dans les salles, un record dans l'histoire du cinéma français depuis que ce thermomètre du premier jour existe. Le film a déjà rapporté 350M$ dans le monde.

Cependant, on peut comprendre qu'après quatre James Bond, Daniel Craig veuille ranger son artillerie. Il approche de la cinquantaine alors que le rôle exige d'être physiquement au top. On le voyait avec Roger Moore, sur la fin, James Bond ne peut pas inspirer de la pitié. Et puis tourner un 007 c'est s'engager sur un tournage de 8 mois autour de la planète en plus d'un mois de promotion derrière. Loin de sa famille, obligeant à refuser des rôles au cinéma ou au théâtre, le comédien qui accepte le rôle prend des risques pour sa vie privée comme pour sa carrière. Bref, pas étonnant que Craig est balancé début octobre à Time Out: "Je préférerais casser ce verre et me trancher les veines avec plutôt que de tourner un autre James Bond là maintenant" en évoquant un prochain film avec l'espion de sa majesté. Il ajoutait avec un brin de provocation: "Si je faisais un autre film de James Bond, ce serait seulement pour l’argent."

Et de l'argent, il y en aurait s'il rempilait. Il est déjà le 007 le mieux payé de la franchise. Il est aussi celui qui a rapporté le plus d'argent aux producteurs depuis Sean Connery. On comprend la productrice qui a décidé de s'adapter à l'acteur, refusant de choisir un autre Bond tant que Daniel Craig ne "démissionnera" pas officiellement. Après tout, le comédien a une belle filmographie hors-007, et continue de se risquer au théâtre, avec un Othello prévu dans un an. Sur la BBC, Daniel Craig a d'ailleurs expliqué: "Je savais en acceptant le rôle qu’il bouleverserait ma vie et c’est arrivé."

En s'étant déjà engagé pour ce Shakespeare, l'acteur montre qu'il maîtrise son propre agenda. Un prochain Bond, le 25e, forcément symbolique, ne pourrait se tourner avant 2017, et ne sortira en salles, au mieux, qu'en 2018. Il y a de quoi laisser venir.

D'autant que Daniel Craig n'a jamais vraiment fermé la porte. Il ne sent juste pas capable d'enchaîner avec un autre James Bond, ayant sans doute envie d'autres aventures cinématographiques. Il veut juste débrancher, prendre des vacances. Il a affirmé qu'il continuera de jouer le personnage "aussi longtemps qu’il en sera physiquement capable". Et dans cette même interview, il confirme qu'il est en négociations pour un film supplémentaire (il ne resterait que le contrat a signé) et qu'il apprécie toujours de jouer l'espion parce que, notamment, on l'impliquait dans chacune des étapes de la production. Production qui fera tout pour le faire revenir dans la peau de 007.

En gros, Daniel est toujours James. Pour encore un film si on a bien tout compris. Mais pas maintenant.

Edito: James rebondit en salles

Posté par redaction, le 12 novembre 2015

daniel craig james bond 007 spectreLe 24e James Bond va être un carton au box office. Personne n'en doute. A Paris, pour sa première séance, 22500 spectateurs se sont précipités pour aller voir ses dernières aventures. Daniel Craig, un peu las de son héros (les tournages sont longs et fatigants), est ainsi piégé: il touche une fortune grâce à 007, sa notoriété est liée à l'espion, et finalement, il a la chance d'avoir une franchise qui lui sert presque d'assurance-vie. Craig est plutôt chanceux. Contrairement à ses prédécesseurs, hormis Sean Connery, il est parvenu à trouver de beaux rôles au cinéma et au théâtre.

C'est, malheureusement, tout le problème des "stars" contemporaines. Les Studios hollywoodiens ont de plus en plus de réticences à se lancer dans des "blockbusters" originaux. La franchise est reine. Hélas, rares sont les comédiens qui parviennent à transformer cette popularité lié à un personnage dans une saga: nombreux sont ceux qui en deviennent dépendants. Si Daniel Craig a été à l'affiche de quelques hits, ses quatre plus gros succès restent ses James Bond ; sur ces dix derniers films, Tom Cruise n'a dépassé que quatre fois les 100M$ au B.O., dont trois fois avec Mission:Impossible ; Robert Downey Jr, dès qu'il n'est plus Iron Man ou Sherlock Holmes, fait un bide ; Idem pour Chris Evans qui ne peut compter que sur Captain America ; et la liste est longue... Le test pour Jennifer Lawrence approche: après Hunger Games et X-Men, la star féminine la mieux payée du monde restera-telle bankable?

Hollywood a presque rétablit l'ancien système du contrat: l'acteur/actrice signe pour une série de films, l'empêchant parfois d'aller se fourvoyer dans des choix plus personnels. Pour un comédien en devenir, comme ce fut le cas de Lawrence, c'est un accélérateur de carrière (à condition d'en négocier la sortie pour éviter un crash à la Shia LaBeouf). Pour une vedette avec de la bouteille, cela devient vite un piège, enfermé dans un rôle, incapable de rebondir ailleurs. Heureusement il y a ceux qui résistent à ce système: les Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Brad Pitt, Angelina Jolie, Matthew McConaughey, Sandra Bullock, Bradley Cooper... Ils peuvent briller au box office, accepte parfois une suite pour le fun et le cash, regrette souvent le troisième épisode quand on leur impose, mais continue d'enchaîner des scénarios originaux, de chercher de nouveaux rôles, quitte à se planter. Aussi quand Le Loup de Wall Street, Seul sur Mars, World War Z, Maléfique, Interstellar, Gravity ou American Sniper, pour ne citer que les plus récents de leurs films, prennent l'ascendant sur les sagas, ils prouvent qu'une star n'est pas un personnage, mais peut-être la bonne étoile dans un bon film.

Arras 2015 : Daniel et Emmanuel Leconte pour L’humour à mort

Posté par MpM, le 11 novembre 2015

Moins d'un an après les événements meurtriers de janvier 2015, le réalisateur Daniel Leconte (C'est dur d'être aimé par des cons) et son fils Emmanuel présentent à Arras un documentaire réalisé dans l'urgence pour donner la parole aux survivants de l'attaque contre Charlie Hebdo et témoigner de la mobilisation populaire qui a suivi.

Mêlant témoignages, reportages et analyses a posteriori, le film n'apprendra pas grand chose à ceux qui connaissaient bien Charlie Hebdo, et notamment la fameuse "affaire" des caricatures danoises. Il offre toutefois une catharsis salutaire et un hommage touchant aux disparus. Les interventions d'Elisabeth Badinter et de Soufiane Zitouni insufflent un début de réflexion sur les conséquences sociétales de cette série d'attentats commis entre le 7 et le 9 janvier 2015.

Réalisé à chaud, et donc en pleine émotion, le film en appelle d'une certaine manière d'autres pour prendre la mesure (encore difficile et douloureuse) de ce qui a changé depuis. Mais, comme le soulignent à raison les réalisateurs, il était nécessaire d'enregistrer en temps réel ces premières semaines ayant suivi la succession de drames, afin d'en immortaliser l'extrême singularité.

La Pagode restera un cinéma mais…

Posté par vincy, le 11 novembre 2015

La Pagode, cinéma du 7ème arrondissement de Paris, est fermée depuis hier, mardi 10 novembre (lire notre actualité du 5 novembre).

Rappel des faits et de la condamnation

La Cour d'appel de Paris a débouté la société Europalaces Etoiles (Etoile Cinémas) de l'intégralité de ses demandes, après trois ans de bataille judiciaire. La propriétaire, la société civile immobilière Foch Dauphine, a décidé de répliquer à la campagne lancée pour sauver l'unique cinéma du 7e arrondissement.

"La société Cinéma La Pagode avait été parfaitement informée depuis l'origine de sa gérance de l'étendue de ses droits et obligations et qu'elle n'avait aucun droit ni titre à se maintenir dans les lieux après en avoir reçu valablement congé. Durant ces trois années [de bataille judiciaire] la société Cinéma La Pagode s'est maintenue abusivement dans les lieux tout en cessant tout règlement de ses obligations et ce en dépit d'une injonction du Tribunal. Son attitude inexcusable la rend de surcroit responsable de la dégradation de ces lieux prestigieux dans lesquels les travaux déclarés urgents par la préfecture de police ont été d'autant retardés."

La Cour d'appel a donc condamné la société Cinéma La Pagode, à une expulsion "assortie d'une astreinte de 2 000€ par jour passé un délai de deux mois à compter de la signification de l'arrêt", et à payer à la société locataire Europalaces Etoile qui l'avait nommée en gérance les sommes dont elle était redevable et les dépens.

Propriétaire depuis 1986, d'abord au titre de la Compagnie Rembrandt Investissement en 1986 puis à partir de 1991, sous l'égide de la SCI Foch Dauphine, Elisabeth Dauchy touchait contractuellement un montant hors taxes et charges de 67 839,80€ par an, pour la location gérance du bâtiment. Le contrat a expiré en 2012 et la société Europalaces Etoile avait six mois pour libérer les lieux. Depuis ce moment, "l'indemnité due à SCI Foch Dauphine n'est plus acquittée" selon la propriétaire..

La Pagode, protégée, restera un cinéma

Classée Monument historique depuis 1990, La Pagode est protégée. L'inquiétude vient plutôt de son devenir maintenant que les deux salles sont fermées.

Elisabeth Dauchy "tient à ce que La Pagode reste le cinéma mythique qu'il a toujours été avant même qu'elle l'acquière en 1986". "Je souhaite qu'elle soit rénovée avec soin par un architecte et des techniciens de talent. Ses portes fermeront le temps de réaliser les travaux nécessaires mais La Pagode restera un haut lieu culturel à sa réouverture." Nous voilà rassurés mais tout cela n'explique pas ce qu'elle veut faire de La Pagode et pourquoi ses liens avec Europalaces Cinémas, société respectée pour avoir lancé ou relancée de très belles salles à Paris, se sont à ce point dégradées.

Quels travaux? Quelles divergences?

Car on s'étonne malgré tout de l'aspect revanchard du communiqué que nous avons reçu hier. Il y a derrière cette affaire un malentendu persistant. Quand on lit le point de vue de la propriétaire - "« Le locataire-gérant entretiendra les locaux d'exploitation en parfait état de réparations locatives et d'entretien ». La société en gérance, Cinéma La Pagode, n'a pas pris soin du lieu et n'a donc pas souscrit à ses obligations d'occupant en n'entretenant pas ce lieu emblématique" - on reste surpris puisque Europalaces Etoile souhaitait également après quinze ans d'exploitation, rénover le cinéma.

Certes la SCI Foch Dauphine "n'a pas pu entrer dans son bien depuis trois ans et ne sait donc pas jusqu'où s'étendent les travaux à réaliser." Mais factuellement, cela remonte bien plus loin. La SCI Foch Dauphine avoue quand même avoir "déposé une demande de permis de construire le 10 octobre 2002", alors que la Pagode avait fermé de 1997 à 2000 pour être complétement remise aux normes. Aucune des deux parties n'explique l'objet ou les raisons de leurs divergences sur ces travaux imaginés deux ans après la réouverture du cinéma. Questions de normes (sécurité, accès pour les handicapés)? de matériel technique? de réhabilitation? d'agrandissement? Personne ne l'évoque.

La rentière mécène versus l'exploitant art et essai

Dans son CV, Elisabeth Dauchy, 69 ans, gérante de quatre sociétés spécialisées dans l'immobilier (avec leur siège dans le triangle d'or parisien), se revendique mécène de projets culturels depuis plusieurs décennies: "En aidant, en 1995, à produire Molom, conte de Mongolie de Marie-Jaoul de Poncheville sous la direction artistique de Abderrahmane Sissako, en offrant en 1992 le mobilier spécialement créé par Richard Peduzzi pour la Bibliothèque-Musée à l'Opéra Garnier après sa rénovation et en participant ensuite à l'ameublement du bureau de la direction de l'Opéra Bastille, Elisabeth Dauchy montre sa volonté constante au fils des ans de promouvoir les arts et de les rendre accessibles au grand public." Dont acte. Mais il reste des questions en suspens sur cet imbroglio juridique et sur l'avenir même du cinéma La Pagode. Et on peut aussi objecter que l'exploitant a plutôt bien fait son travail depuis 2000, avec plus de 100000 fidèles spectateurs par an grâce à une programmation pointue et des festivals.

Aujourd'hui, les perdants ce ce divorce pas amiable ce sont les cinéphiles parisiens. Et c'est assurément pathétique de laver son linge sale en public sans être totalement transparent vis-à-vis d'eux.