Un biopic sur Tolkien en préparation

Posté par cynthia, le 13 novembre 2016

Après la trilogie du Seigneur des anneaux et celle de Bilbo Le Hobbit, l'univers de Tolkien est devenu une mine d'or pour Hollywood. Mais si certaines de ces œuvres ne sont plus un secret pour nous, ce qui lui a inspiré ces géantslittéraires reste un mystère pour le commun des mortels.

Le réalisateur britannique James Strong (la série Broadchurch) vient de signer afin de réaliser Middle Earth, un épique biopic sur J.R.R. Tolkien et les événements tumultueux qui lui ont inspiré ses célèbres romans. Le film mettra en scène le passé du célèbre écrivain et de son épouse Edith Bratt mais aussi son service lors de la guerre de 1914 (il y a servi pendant 4 ans), une expérience traumatisante qui lui a inspiré ses histoires de La Terre du Milieu.

Après plus de six années de documentation et de recherches sur Tolkien, le film dont le script sera écrit par Augus Fletcher, sera produit par Rachael Horovitz, Bob Shave et Michael Lynne qui avaient déjà participé à la production de la trilogie du Seigneur des anneaux.

7 films d’animation français parmi les 27 présélectionnés aux Oscars 2017

Posté par vincy, le 12 novembre 2016

Un record de 27 films a été pré-sélectionné pour l'Oscar du meilleur film d'animation, selon un communiqué l'Académie des arts et sciences du cinéma.

La surprise est la grande quantité de productions et coproductions françaises: Le Petit Prince, adaptation du roman d'Antoine de Saint-Exupéry, réalisé par l'Américain Mark Osborne, hors compétition à Cannes en 2015, et énorme succès international ; Ma vie de courgette, adaptation du roman de Gilles Paris, réalisé par le Suisse Claude Barras, présenté à la Quinzaine des réalisateurs cette année avant d'emporter le Grand prix et le Prix du public à Annecy, le Valois de diamant à Angoulême et le Prix du meilleur film européen à San Sebastian ;  Avril et le monde truqué, adapté de l'univers de Jacques Tardi, réalise par Christian Desmares et Franck Ekinci, sorti en novembre 2015, et Grand prix à Annecy en 2015 ; Phantom Boy réalisé par Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, sorti en octobre 2015 ; Tout en haut du monde réalisé par Rémi Chayé, sorti en janvier, Prix du public à Annecy en 2015 et Prix Jean Renoir en mai dernier ; La tortue rouge, réalisé par le néerlandais Michael Dudok de Wit, coproduit avec le Studio Ghibli, Prix spécial du jury à Un certain regard à Cannes cette année ; Mune, le gardien de la lune , réalisé par Alexandre Heboyan et Benoît Philippon, sorti en octobre 2015 et joli succès à l'étranger.

Certains ont de sérieuses chances d'être parmi les finalistes, même si Disney (avec ses trois blockbusters - Le monde de Dory, Zootopie et Vaiana, la légende du bout du monde) et ses concurrents hollywoodiens ont de sérieux prétendants dans la liste des présélectionnés, tout comme les studios japonais (et notamment le carton populaire Your Name et le très beau Miss Hokusai): Angry Birds, Bilal, Le monde de Dory, L'âge de glace: les lois de l'Univers, Kingsglaive Final Fantasy XV, Kubo et l'armure magique, Kung Fu Panda 3, Miss Hokusai, Vaiana la légende du bout du monde, Monkey King: Hero Is Back, Mustafa & le Magicien, Sausage Party, Comme des bêtes, Tous en scène, La bataille géante de boules de neige, Cigognes & compagnie, Les Trolls, 25 April, Your Name et Zootopia.

Des Emirats à la Nouvelle-Zélande en passant par le Canada et la Chine, la bataille sera rude. Certains ne seront peut-être pas retenus car il faut une condition indispensable: être projeté à Los Angeles avant la fin de l'année.

Il n'y aura que cinq élus le 24 janvier. Et un seul vainqueur le 26 février. Au moins 16 de ces 27 films pourront concourir dans d'autres catégories.

L’acteur Robert Redford prend sa retraite

Posté par vincy, le 12 novembre 2016

robert redford au festival de sundanceRobert Redford a annoncé qu'il allait prendre sa retraite en tant qu'acteur. Dans une interview menée par son petit-fils Dylan, le comédien précise qu'il a encore deux engagements avant de cesser son métier. Il lui reste la réalisation, la production et le Festival de Sundance pour s'occuper..

Dans cet entretien, Redford parle de ses envies de peinture, de son passé (notamment à l'époque où il galérait et sa motivation à créer Sundance) et de l'importance du scénario. Il veut désormais se focaliser sur la réalisation.

"Je suis fatigué de jouer" explique la star. "Je suis un impatient, et il m'est de plus difficile de m'assoir et d'attendre la prochaine prise. A cette étape de ma vie, j'ai 80 ans, je peux me le permettre, puisque je ne dépend plus de rien." Il tourne depuis 1960.

On le verra encore sur grand écran dans Our Souls at Night de Ritesh Batra, avec Jane Fonda et Matthias Schoenaerts et The Discovery de Charlie McDowell , avec Rooney Mara. Il s'est engagé sur deux autres films à tourner: The Old Man With a Gun de David Lowery, avec Casey Affleck et Sissy Spacek et Heretic de Joshua Marston, avec Chiwetel Ejiofor. On l'a vu récemment dans Peter et Elliott le dragon et dans Truth.

Il l'affirme: "Une fois qu'il seront faits [ces films], je dirais au revoir à tout ça et me concentrerais sur la réalisation." Son dernier film, comme cinéaste, est Sous surveillance (2012) avec Shia LaBeouf, Julie Christie, Susan Sarandon, Nick Nolte et Chris Cooper.

L’historien du cinéma et critique Pierre Billard est mort

Posté par vincy, le 12 novembre 2016

Critique et historien du cinéma, Pierre Billard est mort jeudi 10 novembre 2016 à Paris, à l’âge de 94 ans. Né le 3 juillet 1922 à Dieppe, il a d'abord traversé l'horreur de la seconde guerre mondiale avant de se lancer éperdument dans le cinéma. Membre actif puis du mouvement des ciné-clubs puis président présidence de leur Fédération, il créé en 1952 la revue mensuelle Cinéma, qu'il dirige durant quinze ans.

Critique de cinéma aux Nouvelles littéraires, L’Express, et au Point (dont il est le cofondateur), on le remarque surtout à la radio dans "Le Masque et la Plume" sur France Inter. Pour la TV, il produit l’émission de cinéma Champ-contrechamp. Il enseigne aussi à Sciences-Po, et devient conseiller du président du Festival de Cannes dans les années 1980.

Pierre Billard a rédigé deux biographies (Le Mystère René Clair, Louis Malle, le rebelle solitaire), mais aussi Le roman secret : André Gide & Marc Allégret, Astérix et Obélix contre César, l'histoire d'un film, et Le Festival de Cannes : d'or et de palmes. En 1995, il publie L'âge classique du cinéma français : du cinéma parlant à la Nouvelle vague (1928-1959) tandis que son fils, autre grand critique, Jean-Michel Frodon rédige la suite à partii de la Nouvelle Vague, L’Age moderne du cinéma français.

Un passeur est passé.

Robert Vaughn (1932-2016), un acteur si spécial nous quitte

Posté par vincy, le 11 novembre 2016

Robert Vaughn, né le 22 novembre 1932 à New York, est mort des suites d'une leucémie le 11 novembre 2016, quelques jours avant son 84e anniversaire. Encore un qui n'aura pas survécu à l'élection de Donald Trump. Vaughn était très engagé politiquement, songeant même à une carrière au sein du parti Démocrate.

Acteur majeur du cinéma américain, même s'il a surtout hérité de second-rôles, il a été une star du petit écran. Diplômé de journalisme, il a poursuivi ses études dans le théâtre. Il a même obtenu un diplôme de communication à l'Université en 1970, alors que sa carrière était déjà bien lancée au milieu des années 1950.

Robert Vaughn sera remarqué dans Ce monde à part en 1959, avec Paul Newman, puis dans Les Sept Mercenaires en 1960, aux côtés de Yul Brynner et de Steve McQueen. Avec Ce monde à part, il décroche une nomination à l'Oscar du meilleur second-rôle masculin. Il hérite surtout du personnage de Napoleon Solo dans la série puis dans les films Des agents très spéciaux, qui le rendirent populaire. Il retrouve Steve McQueen dans le cultissime Bullitt de Peter Yates (1968) où il incarne le douteux sénateur Walter Chalmers. Robert Vaughn est aussi de l'aventure Jules César, de Joseph L. Mankiewicz, avec Marlon Brando, et du casting de stars de La Tour Infernale, film référence dans le genre catastrophe (où il croise de nouveau Steve McQueen). On passera sur L'invasion des soucoupes volantes (avec Christopher Lee) et le nombre incalculable de séries B qui ont dilué son talent (Superman 3, Delta Force, L'Attaque des morts-vivants). Heureusement, on peut aussi percevoir son talent pour la dérision dans S.O.B., comédie américaine de Blake Edwards, avec Julie Andrews et William Holden.

Sa gueule si reconnaissable l'avait souvent conduit à être du côté des salauds ou des pas nets. C'est d'autant plus regrettable qu'il était très doué pour la comédie et son éclectisme, du film de guerre au film SF en passant par le mélo, révélait un acteur brillant sachant manier l'ambigüité.

La télévision aura été plus généreuse. Elle lui a permit d'incarner plusieurs présidents américain (Franklin D. Roosevelt, Harry S. Truman, Woodrow Wilson). Il a également été le jury numéro 9 de Douze hommes en colère au théâtre au Royaume Uni en 2013. Jusqu'à cette date là, il n' avait jamais quitté les plateaux ou la scène. So Long, Robert.

Le Donald joue les Trump au cinéma

Posté par vincy, le 11 novembre 2016

On avait eu un acteur de série B. Voilà une vedette de la télé-réalité qui débarque dans le bureau ovale. Donald Trump is the 45 President of the United States of America. On ne vous le cache pas, on aurait préféré faire un article sur les actrices qui ont incarné une présidente à la Maison Blanche.

Mais Trump est intéressant. Outre que les Simpsons avaient imaginé l'affaire il y a seize ans, le milliardaire pourfendeur des élites a toujours su cultiver son image à la télé comme au cinéma.

Il aime faire des caméos depuis son premier, en 1989 dans le film Ghosts Can't Do It. On le voit ainsi dans Marmalade (2004), Zoolander (2001), Celebrity (1998), Face to Face (1997), L'Associé et Eddie (1996), Across the Sea of Time (1995), For Sale by Owner (1994), et surtout dans Maman, j'ai encore raté l'avion (1992).

Dans Good Will Haunting, il interprète un certain Daniel Ray McLeech, dans Studio 54, il est un patron VIP du club et dans Les chenapans, il est le père de Waldo.

Côté séries, vous pouvez le croiser dans Monk, Sex and the City, Sabrina l'apprentie sorcière, Spin City, Une nounou d'enfer, The Rosie Show et Le Prince de Bel-Air.

Pas sûr que ces passages dans les studios hollywoodiens aient été utiles puisque la quasi totalité des célébrités ont soutenu sa rivale. Mais bon, là, il a un rôle à sa (dé)mesure pour flatter son narcissisme et son égo. Pendant quatre ans.

Edito: De retour sur le front

Posté par redaction, le 10 novembre 2016

Il y a 18 nouveautés dans les salles cette semaine. 8 d'entre elles n'ont même pas atteint les 1000 spectateurs hier, dont le dernier Wim Wenders. Seulement un tiers dépasse les 50 spectateurs par copies. Le massacre est régulier, semaine après semaine. Et on peut s'en désoler. Surtout qu'il faut ajouter désormais les sorties en vidéo à la demande.

Depuis des années, on nous parle de bousculer la fameuse "chronologie des médias". Rappelons ce que c'est: sortie prioritaire en salles. 4 mois après, possibilité de le diffuser en VàD et DVD. Dix mois après la sortie en salles, diffusion possible sur Canal +. Un an et demi après la sortie en salle, premier passage en clair à la télévision ou deuxième passage sur une chaîne payante.

Canal +, principal argentier privé du cinéma français et qui a quelques difficultés financières, voudrait changer tout cela en proposant que la chaîne cryptée puisse passer les films six mois après leur sortie sur grand écran au lieu de 10 mois. Et ainsi de suite: tout avancer de 4 mois. Le film pourrait être disponible partout en VOD en achat ou en location, sauf sur les plates-formes de vidéo par abonnement comme Netflix, pendant la fenêtre d'exploitation de Canal+ (soit aujourd'hui de 10 mois à 22 mois après la sortie).

Pourquoi pas. On pourrait expérimenter le procédé et connaître après une période test l'impact sur les salles. Pour certains films, qui ne rencontrent pas leur public en salles, on pourrait même accélérer la diffusion sur le petit écran.

Protéger la salle mais ne pas désavantager le plus gros financier du cinéma français

Mais si Canal + pourrait y gagner pour dynamiser son offre de "contenus" à ses abonnés, rien ne dit que le cinéma y gagnera. D'autant que le nouveau modèle économique de la chaîne, qui essaie de limiter le nombre de désabonnements et de reconquérir les consommateurs, va avoir un sérieux impact sur les productions de films. En baissant le prix de son abonnement, son chiffre d'affaires risque de baisser lui aussi, et donc sa contribution au cinéma français (12,5% de son C.A.) suivra. Du côté de Canal +, on assure que cette contribution ne baissera pas mais qu'il faut déterminer un nouveau mode de calcul. Les syndicats de producteurs aimeraient déjà que la chaîne garantissent durant quelques années cette manne financière dont ils ne peuvent pas de passer.

Il va falloir s'adapter. Canal + est désormais concurrencé et la vidéo à la demande bouleverse les habitudes des cinéphiles. Amazon, Netflix etc ont des ambitions cinématographiques. Sans compter que le cinéma n'est plus le produit d'appel principal pour les abonnés de Canal.

De nouveaux acteurs sortent du bois. Après Orange, logiquement SFR se dit prêt à financer le cinéma français. Mais, là encore, à condition que la chronologie des médias évoluent. Et pour les acteurs des télécoms, n'ont pas le même calendrier que Canal. Une chose est certaine: tout le monde a envie de faire bouger les choses et personne n'a intérêt à ce que les télévisions, qui financent, et les salles, qui permettent de déterminer le succès d'un film, ne soient perdants.

En attendant de trouver une solution, tout le monde est sur le front. Non pas pour déclencher une guerre cette fois-ci, mais bien pour sauver le soldat Canal.

Sept films dans la course pour le Prix Louis-Delluc 2016

Posté par vincy, le 10 novembre 2016

Nocturama de Bertrand Bonello (San Sebastian, compétition), Le fils de Joseph d'Eugène Green (Berlin, Forum), Rester vertical d'Alain Guiraudie (Cannes, compétition), L'avenir de Mia Hansen-Love (prix de la mise en scène à Berlin), Frantz de François Ozon (Venise, compétition), La mort de Louis XIV d'Albert Serra (Cannes, hors compétition), Le bois dont les rêves sont faits documentaire de Claire Simon (Locarno, hors compétition) sont les films nommés au prix Louis-Delluc 2016. Une sélection pour le moins radicale et très "auteuriste", pointue et exigeante.

Qui succédera à Fatima, de Philippe Faucon, qui avait réussi le doublé avec le César du meilleur film? Le lauréat sera connu le 14 décembre. En tout cas, aucun des cinéastes sélectionnés n'a été récompensé par le Delluc dans le passé. En revanche, Eugène Green en 2001 et Mia Hansen-Love en 2007 ont reçu le Prix Louis-Delluc du premier film.

Mon père en grand de Mathias Renou : un vrai-faux docu-fiction qui hurle son envie de cinéma

Posté par MpM, le 9 novembre 2016

Mon père en grand

Le cinéma Saint-André des Arts (dans le VIe arrondissement de paris) propose toute l'année ses "découvertes", un cycle de films indépendants inédits qui ont souvent été réalisés en marge des circuits de production traditionnels, avec des budgets inexistants. C'est non seulement l'occasion de donner de la visibilité à des œuvres fragiles et singulières, mais surtout un acte de militantisme à l'égard d'un cinéma extrêmement dynamique, foisonnant et d'une grande richesse, qui est pourtant presque systématiquement maintenu hors de portée du grand public.

Cette semaine, et jusqu'à la fin du mois de novembre, c'est Mathias Renou, jeune cinéaste passionné de 23 ans, qui est à l'affiche des Découvertes du cinéma du Quartier latin avec son premier long métrage Mon père en grand, un film étonnant qui brouille joyeusement les frontières entre fiction et réalité et s'amuse du flou qui en résulte.

Au cœur du récit, un jeune homme (prénommé Matthieu) qui filme tout ce qui l'entoure, façon cinéma sur le vif, et réalise un film autobiographique sur la rupture de ses parents, avec son propre père dans le rôle principal. On est tout de suite frappé par la qualité de la relation entre le père et le fils, de cette complicité inconditionnelle qui les unit dans l'humour comme dans le drame. On sent à chaque instant le regard bienveillant du fils sur le père, à la ville comme à l'écran.

Différents degrés de réalité

mon père en grandEn contrepoint, la mère de Matthieu intervient à plusieurs reprises face caméra pour dire tout le mal qu'elle pense du projet. Sauf qu'il s'agit de l'actrice Marie Rivière qui incarne avec gourmandise cette fausse mère chargée à la fois de créer de la distanciation avec le récit principal, afin de rappeler au spectateur qu'il s'agit bien de fiction, et d'appuyer en même temps l'aspect autobiographique revendiqué du long métrage. On se retrouve ainsi dans un savoureux double (voire triple) niveau de lecture qui, s'il peut être parfois perturbant, donne un vrai relief à cette histoire familiale au fond presque banale.

En osant ce jeu permanent entre les différents degrés de réalité (puisque le film transpose dans la fiction des éléments autobiographiques), Mathias Renou propose un vrai-faux docu-fiction qui hurle son envie de cinéma. Outre les références cinématographiques qui parsèment l'intrigue, le jeune réalisateur a opté pour un procédé formel fort : faire du cameraman l'un des personnages centraux de l'histoire, bien qu'on ne le voit jamais à l'écran.

Le spectateur se retrouve alors impliqué directement dans le récit à travers les regards-caméra que s'autorisent de fait les autres protagonistes lorsqu'ils s'adressent à ce personnage hors champ. Cela apporte également au film une sincérité sidérante, l'impression que Mathias Renou, s'il s'amuse avec le fil narratif, déconstruit au gré du récit, ne triche pourtant jamais.

Il y a là l'énergie et la fougue non pas seulement de la jeunesse, mais aussi des débuts, de ces premiers pas portés par une confiance absolue dans la force et la magie du cinéma. Une foi et une inventivité forcément communicatives quand on aime soi-même le cinéma.

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Mon père en grand de Mathias Renou
A découvrir tout le mois de novembre dans le cadre des "Découvertes" du Saint-André des Arts

Raoul Coutard (1924-2016) éteint la lumière

Posté par vincy, le 9 novembre 2016

Le chef-opérateur Raoul Coutard est décédé mardi soir, le 8 novembre 2016, à l'âge de 92 ans près de Bayonne. Il avait été le directeur de la photographie de films de référence comme Jules et Jim, La peau douce, La mariée était en noir et Tirez sur le pianiste de François TruffautLa 317e section et Le crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer, Lola de Jacques Demy ou encore L'aveu et Z de Costa-Gavras. Sa filmographie comporte au total 65 films signés De Broca, Molinaro (L'Emmerdeur ), Rouch, Oshima (Max mon amour), Dembo (La diagonale du fou), Mocky, Pinheiro (Ne réveillez pas un flic qui dort), Nicloux et sur la fin de sa carrière Philippe Garrel, avec qui il a collaboré sur trois films.

Evidemment son destin est surtout lié à celui de Godard (15 films au total ensemble) dont À bout de souffle, Une femme est une femme, Bande à part, Alphaville, Made in USA, La chinoise, Prénom Carmen, et surtout Le mépris et Pierrot le Fou.

Né à dans le Marais, à Paris, le 16 septembre 1924, Raoul Coutard, qui n'avait pas pu financer ses études de chimiste, ancien sergent dans l'infanterie pendant la guerre d'Indochine avant de devenir photographe aux armées puis photographe-reporter pour Paris Match et Life, a d'abord rencontré Pierre Schoendoerffer à Hanoï en 1952, avec qui il se lie pour ses premiers pas cinématographiques. "Nous avons très vite conclu un pacte entre nous : le premier qui arriverait à entrouvrir la porte du cinéma y entraînerait l'autre !", racontait le cinéaste dans un livre il y a quelques années.

Beauregard impose Coutard à Godard

En 1959, À bout de souffle marque la naissance de la Nouvelle Vague. Le producteur Georges de Beauregard, qui voulait faire des films bon marché, avec des tournages rapides. Il impose Coutard à Godard. Sans savoir que leur "liaison" serait l'une des plus marquantes du 7e art. "Pour moi, la rencontre décisive, ce fut Godard. À bout de souffle, qui devait être n'importe quoi, fut une entrée dans la vie professionnelle", expliquait Raoul Coutard à Libération. Il tourne caméra à l'épaule avec une lumière blanche: à l'époque, c'est révolutionnaire.

S'il s'est éloigné de Godard, c'est un peu à cause de Mai 68 - Coutard n'est pas franchement gauchiste. On a souvent associé son travail au noir et blanc, pas très propre, froid comme l'hiver, naturaliste au maximum. Il cherchait une vérité, celle de la lumière, celle du réel. Ses expériences sur les terrains de bataille de l'Indochine, en tant que photographe, lui avaient appris à travailler rapidement. La caméra à l'épaule était une manière libre de faire du cinéma, qui correspondait à ce qu'il savait faire avec un appareil photo. Mais il ne faut pas oublier que c'était un esthète, un maître des couleurs aussi. Des couleurs franches, saturées, des explosions de bleu et de rouge.

Honoré à Hollywood, primé à Cannes, Venise et aux César

Le cinéma, il y est entré plus pour l'argent que pour une passion quelconque. Mais sa légende était scellée dès ce petit film de Godard où un voyou incarné par un jeune premier au nez cassé et une garçonne américaine tombaient amoureux sur les Champs-Elysées. Terriblement moderne avant l'heure, le chef op' s'était raconté dans L'Impériale de Van Su - Ou comment je suis entré dans le cinéma en dégustant une soupe chinoise, mémoires publiées il y a près de dix ans.

Il avait été distingué par 1un International Award de l'American Society of Cinematographers, un César pour Le Crabe-Tambour (et une nomination pour Prénom Carmen), un prix de la meilleure première œuvre à Cannes et le prix Jean-Vigo, en tant que cinéaste, pour Hoa-Binh en 1970, le Grand prix de la technique à Cannes pour Passion et le même prix à Venise pour Prénom Carmen.

Car Raoul Coutard avait aussi réalisé. Outre Hoa-Binh, sur la guerre d'Indochine, il avait signé La légion saute sur Kolwezi (1980) et S.A.S à San Salvador (1982).

Il affirmait qu'"un film est bon quand on sort du cinéma complètement sonné ; on ne sait pas ce qui nous arrive ; on ne sait plus si on a dîné, où on a garé sa voiture ; on veut rester seul à y réfléchir. Pour moi, c’est ça, la définition d’un grand film."