Avant-première tragique pour The Dark Knight Rises

Posté par matthieu, le 20 juillet 2012

Gros choc en cette première journée de la sortie du film le plus attendu de l'année aux USA, une des midnight-showing de The Dark Knight Rises à Aurora (banlieue de Denver) a engendré un fait divers de grande ampleur avec des spectateurs tués en pleine séance. Au total, James Holmes, le tueur plus tard interpellé sur le parking du cinéma, âgé d'une vingtaine d'années, a fait au moins 12 morts et plus d'une cinquantaine de blessés, soit 'lune des tueries les plus meurtrières de ces vingt dernières années. Certains spectateurs ont mis plusieurs secondes avant de se rendre compte que les coups de feu ne provenaient pas de la scène d'action du film qui défilait à l'écran, puis se sont rués vers la sortie. L'Amérique est sous le choc, allant jusqu'à mettre en pause la campagne politique, et l'évènement trouve des conséquences dans le reste du monde, ne serait-ce qu'à Paris où la promotion du film est elle-aussi annulée.

Le dernier volet de la trilogie devait être projeté en France vendredi soir dans un cinéma sur les Champs-Elysées mais la soirée est tombée à l'eau alors même que l'essentiel avait déjà été installé devant le cinéma : tapis noir, affiches, accueil pour photographes etc. Selon des membres du personnels, quelques dizaines de futurs spectateurs attendaient déjà leur séance devant le cinéma lorsque les opérations de démontage ont débuté. Sans surprise, les interviews prévues à la télévision française (le 20h de TF1 avec Marion Cotillard et Morgan Freeman, devant être enregistré en fin de matinée) ont elles aussi été annulées.

La Warner Bros a donc tout logiquement décidé de respecter les victimes en arrêtant sa campagne promotionnelle qui sévissait pourtant depuis des mois et s'accentuait ces dernières semaines.

Recettes records

Frank Fania, porte-parole de la police, a déclaré à CNN que le tireur était muni d'un fusil et de deux armes de poing en plus de porter un gilet pare-balles. Les témoins ont été rassemblés par la police dans un lycée des environs, selon M. Oates. Un témoin interrogé par CNN a raconté avoir vu "un type qui montait lentement les marches et a ouvert le feu au hasard". Une autre personne interrogée a déclaré à CNN : "Nous avons entendu 10 à 20 tirs et de petites explosions venant de partout. Nous avons entendu des gens hurler peu après. Puis on nous a dit d'évacuer les lieux par haut-parleur. Dès que nous sommes sortis, nous avons vu les gens courir partout en hurlant."

Cet évènement qui marque non pas seulement la sortie du film mais l'Amérique toute entière n'a toutefois pas empêché au film de réaliser des recettes records attendues avec $80M-$85 ce vendredi. Reste que si le bouche à oreille quant à sa qualité sera présent, c'est surtout les caméras portées sur l'affaire qui vont à la fois pouvoir restreindre ou bénéficier au succès du film, entre la crainte générale d'une récidive d'un tueur fou en quête de buzz et engouement soudain qui va amener Batman à se faire connaître dans des publics moins occupés par le cinéma. Des doutes persistent quant à sa diffusion à venir, des rumeurs dans la soirée faisaient même état d'un report de sortie voire annulation de certaines séances, démenties depuis. La sécurité sera par contre augmentée à certains endroits.

En fin de journée, Christopher Nolan s'est enfin exprimé (exceptionnellement, nous laissons le texte en anglais, ndlr) : "Speaking on behalf of the cast and crew of The Dark Knight Rises, I would like to express our profound sorrow at the senseless tragedy that has befallen the entire Aurora community. I would not presume to  know anything about the victims of the shooting but that they were there last night to watch a movie. I believe movies are one of the great American art forms and the shared experience of watching a story unfold on screen is an important and joyful pastime. The movie theatre is my home, and the idea that someone would violate that innocent and hopeful place in such an unbearably savage way is devastating to me. Nothing any of us can say could ever adequately express our feelings for the innocent victims of this appalling crime, but our thoughts are with them and their families."

Rememeber Columbine

C'est donc une sortie nationale endeuillée pour ce troisième opus tant attendu et qui risque à la longue d'impacter sur ce film puisque l'on parle aujourd'hui autant de ses qualités ou de ses défauts que du fait divers auquel il est malgré lui désormais lié. Triste sort pour cette fin de trilogie donc, mais ayant peu de risque d'impacter son box office.

En tout cas, entre la relance du débat sur la diffusion d'armes librement aux États-Unis, arrêt subit de promo et trauma général, The Dark Knight Rises vient de se faire une place dans l'histoire de l'Amérique. Pas sûr que cette place au côté du massacre de Columbine fut celle souhaitée. Columbine (rappelez vous le documentaire de Michael Moore sur une tuerie dans un lycée) est à 30 kms d'Aurora.

Locarno 2012 : Gael Garcia Bernal à son tour honoré

Posté par vincy, le 19 juillet 2012

Pour sa 65e édition, le Festival de Locarno a décidé d'honorer une personnalité de plus. Après Carax, Michlan, Delon, Kawase, To, Belafonte, Fueter, Risi, Mutti, Fuller, Aldrich, tous honorés par un prix ou par un hommage, c'est Gael Garcia Bernal, acteur et réalisateur mexicain, qui se voit décerner un "Excellence Award Moët & Chandon". Ce prix sera également attribué à Charlotte Rampling, comme nous l'avions indiqué il y a deux semaines.

La cérémonie aura lieu le 8 août sur la Piazza Grande, suivie de la projection de No, du cinéaste Pablo Larrain. Le film avait été présenté en avant-première mondiale à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en mai dernier. En outre, le Festival projettera deux autres films qui ont marqué la carrière de Gael García Bernal: Mauvaise Education (2004) de Pedro Almodóvar et La Science des rêves (2006) de Michel Gondry.

L'an dernier, Gael García Bernal apparaissait dans The Loneliest Planet de Julia Loktev, sélectionné à Locarno en compétition.

Il tourne actuellement Hands of Stone, de Jonathan Jakubowicz, avec Robert De Niro et prépare Zorro Reborn, où il incarnerait le héros masqué.

Pâle au niveau créatif, l’animation US retrouve des couleurs au box-office

Posté par geoffroy, le 17 juillet 2012

En 2011, aucun des 11 longs-métrages animés proposés par Hollywood  au public américain n’a réussi à se hisser au-dessus des 200 millions de dollars. Cette contre-performance n’était plus arrivée depuis 2005, saison sans Pixar, ni Shrek à l’affiche.

Les nombreux films proposés n’ont pas eu, de toute évidence, le succès escompté malgré un vaillant (mais décevant) Cars 2 des studios Pixar (191M$). Ni l'original et oscarisé Rango (123M$), ni l'aventureux Schtroumpfs (143M$), ni le coloré Rio (145M$), ni le sexy Chat Potté (149M$) ou encore le balaise Kung Fu Panda 2 (165M$) n'ont mis en branle le box-office nord-américain, se rattrapant sur les marchés internationaux : Kung Fu Panda 2 (665M$, 6e score de l'année), Les Schtroumpfs (564 M$), Cars 2 (560 M$), Le chat potté (555 M$), Rio (485 M$), Tintin (374 M$), Rango (245M$) ont rentabilisé largement les investissements et se sont tous classés dans les 25 plus importantes recettes annuelles!  De quoi compenser les ratages mémorables qu’auront été Mars Needs Moms (21M$), Arthur Christmas (46M$) ou bien encore Happy Feet 2 (64M$).

C’est dire que l’année 2012 était attendue au tournant…

D’un point de vue comptable, celle-ci est déjà gagnante. Premier film d’animation de l’année à dépasser les 200 millions de dollars (213M$), The Lorax, des studios Universal, a été rejoint par Madagascar 3 (204M$) et dès cette semaine par Brave/Rebelle (195M$), deux films encore à l’affiche. L’âge de glace : la dérive des continents, qui vient de sortir aux Etats-Unis, à réaliser un premier week-end à 46M$. Trop juste pour aller viser les 200 millions de dollars, malgré la période estivale. Ainsi, le record 2010 du nombre de films d’animation à plus de 200M$ (Toy Story 3, Moi, moche et méchant, Shrek 4, Dragons, Raiponce) s’éloigne et devra patienter jusqu’à l’automne, date de sortie d’Hôtel Transylvania, des studios Sony, qui lancera la période de fin d’année au côté d’un Disney (Les mondes de Ralph) et d’un Dreamworks (Rise of the Guardians).

Mécanique à franchises

D’un point de vue qualitatif, aucune surprise. La valse lancinante des productions animées calibrées pour le grand nombre poursuit sa lente germination. Fond, forme et promotion s’imbriquent dans une mécanique froide, appel au jackpot synonyme de franchise en devenir (DreamWorks vient d'annoncer Kung Fu Panda 3). Et tous les studios s’y mettent. Pixar compris, surtout depuis son rachat par le géant Disney. En clair, chacun veut sa part du gâteau. Ce qui nous donne, à quelques exceptions près, une belle indigestion de pixels. Les suites, franchises ou autres reboots flinguent la part de créativité d’une armada d’ingénieurs recrutés pour décliner et non plus innover. Et pourtant souvenez-vous de l’incroyable introduction de Là-haut, des folles envolées aériennes de Dragons, de la poésie spatiale d’un Wall-E ou du déprimant point de non-retour d’Happy Feet…

Le diktat du tiroir-caisse nécrose bel et bien une animation US pétris de talents – avec l’aide, il est vrai, de quelques recrues étrangères dont une pléthore de français – qui s’est totalement démocratisée depuis l’avènement de la synthèse (fin des années 90 début des années 2000). Le monopole Disney, chahuté en de rares occasions par quelques films de studios concurrents (on pense notamment à Anastasia (Fox, 1997), au Petit dinosaure (Universal, 1988) ou à Fievel et le nouveau monde (Universal, 1986)), s’est fissuré pour laisser place à une véritable guerre des tranchées. Pixar fut le précurseur (Toy Story est sorti en 1995), suivit de près par Dreamworks (Fourmiz, 1998), Sony (Final Fantasy, 2001), la Paramount (Jimmy Neutron, 2001) et la Fox (l’Age de glace, 2002).

Prolifération de films d'animation

Beaucoup moins long dans sa conception qu’un film d’animation au format traditionnel, le dessin animé assisté par ordinateur pousse comme des champignons (90 films sont sortis dans les salles depuis 1995), les studios se tirant la bourre depuis 17 ans avec une moyenne de 5 films par an (10 depuis 2005). Résultat, l’exigence de qualité baisse à mesure que le retour sur investissement augmente. Bien sûr, dans le flot d’une telle production, des films tirent leur épingle du jeu qualitativement. Mais la pente est de plus en plus glissante, accentuée il est vrai par l’arrivée d’une 3D avilissante, pour un genre déjà amputé de son animation classique. Il ne faudrait pas que l’animation américaine tombe dans le piège d’une créativité assujettie à sa propre technologie, et dont le but serait d’attirer un public mondialisé autour de franchises pop-corn oubliables. Malheureusement c’est ce qui est en train d’arriver…

Résultats des films d’animation sortis sur les écrans US au 15 juillet 2012

The Lorax: 213 M$ (311 M$ monde)

Madagascar 3: 204 M$ (474 M$ monde)

The Brave / Rebelle : 195 M$ (243 M$ monde)

L’âge de glace 4: 46 M$ (386 M$ monde)

Venise 2012 : Michael Mann connaît les membres de son jury

Posté par vincy, le 13 juillet 2012

Deux comédiennes, une artiste (légèrement masochiste), cinq cinéastes. Ou une française, une serbe, une britannique, un italien, un argentin, une suisse, un israélien et un hong-kongais. Voilà le casting final!

La 69e Mostra de Venise a dévoilé son jury aujourd'hui. Michael Mann, déjà annoncé le 1r juin, comme président, sera donc entouré de Laetitia Casta, atout charme, Marina Abramovic (Lion d'or de la meilleure installation à la biennale de Venise en 1997), Samantha Morton (et pas Norton comme l'a écrit l'AFP, ndlr), Matteo Garrone (deux fois Grand prix du jury à Cannes, dont cette année avec Reality), Ari Folman (Valse avec Bashir), Pablo Trapero (dont le dernier film était à Cannes cette année), Ursula Meier (Home, L'enfant d'en haut) et Peter (Ho-Sun) Chan (Les seigneurs de guerre, Swordsman et Comrades ; Almost a Love Story).

Festival Lumière 2012 : et le prix va à … Ken Loach!

Posté par Morgane, le 12 juillet 2012

Il a fallut patienter quelques semaines avant de connaître le nom du prix du Festival Lumière cette année, à Lyon. Finalement, il est sorti de l'ombre ce matin : le prix Lumière sera décerné à Ken Loach qui succèdera à Clint Eastwood (2009), Milos Forman (2010) et Gérard Depardieu (2011).

Le Prix lui est attribué « pour l’ensemble de son oeuvre, pour son regard personnel sur la société industrielle et pour sa contribution à l’histoire du cinéma anglais, européen et mondial (et aussi parce qu’il aime le foot !). »

Le Prix Lumière a été créé par Thierry Frémaux, lui-même grand amateur de ballon rond, dans le but de récompenser une oeuvre et de rendre hommage à une personnalité du septième art, qu'elle soit devant ou derrière la caméra. Le Prix Lumière est une façon de dire merci à ceux qui nous ont fait vibrer et continuent de le faire à travers le grand écran.

Cette année, ce sera donc Ken Loach. Né en 1936, réalisateur d'une vingtaine de longs métrages, récompensé en mai à Cannes par le Prix du Jury pour son dernier film La part des anges, qui a déjà séduit 300 000 cinéphiles français, le cinéaste sera présent à Lyon pour présenter certains de ses films, rencontrer le public et également parler des films des autres qui l'ont marqués en tant que cinéphile comme le veut la tradition Lumière.

Le Prix Lumière lui sera remis le samedi 20 octobre à l'Amphithéâtre du Centre des Congrès de Lyon.

Paris Cinéma 2012 : A Simple Life et Tabou plébiscités

Posté par vincy, le 10 juillet 2012

Le 10e Festival Paris Cinéma s'achève avec la traditionnelle remise des prix. La soirée de clôture, au MK2 Bibliothèque, a été introduite par Bruno Julliard, nommé Adjoint du maire de Paris en charge de la culture le matin même. Le jeune élu (31 ans), spécialiste des questions d'éducation au Parti Socialiste, avait abandonné le Conseil de Paris pour honorer de sa présence la manifestation lancée par Bertrand Delanoë et Christophe Girard, son prédécesseur à ce poste, et qui, chaque année, prend de l'ampleur.

La présidente Charlotte Rampling a joué la Madame Loyale, appelant les remettants et décrivant les films primés.

Deux d'entre eux se détachent dans le palmarès : le film hong-kongais A Simple Life, d'Ann Hui et le film portugais Tabou de Miguel Gomes ont été cités deux fois chacun durant la soirée.

A Simple Life, multi-primé en Asie, s'était fait remarqué par le prix d'interprétation féminine à Venise l'an dernier. Le film sera diffusé cet après midi à 17h au MK2 Bibliothèque. N'ayant toujours pas de distributeur en France, il n'y a pas de date de sortie prévu.

Tabou avait notamment reçu le prix de la critique internationale au dernier festival de Berlin. Le film sera diffusé cet après midi à 21h au MK2 Bibliothèque.

Le palmarès

Prix du public : A Simple Life, d'Ann Hui (Chine/Hong Kong).

Prix du jury (Laetitia Masson, Emilie Simon, Alice Belaïdi, Yves Simon, Louis-Do de Lencquesaing et Julien Dokhan) : Just The Wind, de Bence Fliegauf (Hongrie). Sortie en mars 2013 (Sophie Dulac distribution). Le film avait reçu le Grand prix du jury au dernier Festival de Berlin.

Coup de coeur du jury : Tabou, de Miguel Gomes (Portugal). Sortie le 5 décembre 2012 (Shellac).

Prix Numéricable : Rebelle, de Kim Nguyen (Canada). Sortie le 21 novembre 2012 (Happiness).

Prix des étudiants : A Simple Life, d'Ann Hui (Chine/Hong Kong).

Prix des blogueurs et du web : Tabou, de Miguel Gomes (Portugal). Sortie le 5 décembre 2012 (Shellac).

Coup de coeur des blogueurs et du web : Our Homeland, de Yang Yonghi (Japon).

The Dark Knight Rises répondra-t-il aux attentes ?

Posté par matthieu, le 8 juillet 2012

"Cela fait huit ans que Batman a disparu dans la nuit, passant, à cet instant précis, d'un héros à un fugitif. Assumant la responsabilité de la mort du procureur Harvey Dent, le Chevalier noir a tout sacrifié, car lui et le commissaire Gordon espéraient qu'ils le faisaient pour le bien de tous. Pendant un moment, le mensonge a fonctionné, et la criminalité à Gotham City a été écrasée par la loi Dent contre le crime organisé." Tel est le synopsis enfin révélé du film le plus attendu de l'été 2012, The Dark Knight Rises, aka Batman 3.

Après avoir dépassé le milliard de dollars de recettes il y a quatre ans avec le second volet de la trilogie de Batman réalisée par Christopher Nolan, puis d'avoir encore atteint 825 millions de $ de recettes avec Inception du même Nolan, Warner Bros s'avère bien décidée à ne pas lâcher le jeune prodige et de tirer un maximum de recettes de l'epic conclusion d'une saga ayant littéralement scotché critiques, cinéphiles, fans, comics et autres geeks.

La malédiction du troisième épisode

Attendu au tournant, la pression, augmente face à des enjeux qui ne sont pas que cinématographiques. D'autant qu'à Hollywood, il y a une sorte de malédiction sur les fins de trilogie (Spider-Man 3X-Men 3, Matrix Revolutions...). Même Nolan, adulé par les foules depuis The Dark Knight, culte depuis Memento, maniant une forme d'auteurisme avec des budgets extravagants (250 millions de dollars pour The Dark Knight Rises, hors coût marketing), joue gros. Hormis Peter Jackson et son diptyque de The Hobbit, toujours produit par la Warner, aucun cinéaste confirmé n'a un tel poids sur les épaules cette année. Les 165 minutes de The Dark Knight Rises vont devoir marquer le cinéma hollywoodien contemporain, comme l'a fait le précédent volet quatre années plus tôt. Alors qu'Hollywood limite de plus en plus les risques, ne s'aventurant plus dans des blockbusters originaux, oubliant de donner une profondeur à ses scénarios voire se contentant de produits sans personnalité, Nolan et Warner doivent montrer qu'une autre voie est possible.

Bien entendu, comme évoqué plus haut, le premier enjeu est d'être rentable. Avec 600 millions de $ au box office mondial, les actionnaires du studio seront rassurés mais cela ne suffira pas. Batman 3 doit atteindre le milliard de dollars. Autrement il apparaîtra comme un triomphe relatif. D'autant que le champion de l'année, The Avengers a dépassé Batman 2 tant aux USA qu'à l'international.

Objectif Avengers?

Outre un marketing viral qui a mis le paquet pour attirer les spectateurs, entre applications iOS, affiches, teasers, spot TV, teasers, trailers, jeux ludiques dans les villes pour découvrir des nouveautés, tout a été pensé pour faire parler d'un film qui joue sur plusieurs niveaux, essayant à la fois de viser le grand public mais aussi les cinéphiles plus exigeants et adeptes du pessimisme noir de la franchise. Le jeu vidéo, lui, ne sortira qu'à l'automne, pour les fêtes. Pour répondre à cet enjeu de taille pour la Warner et DC Comics, le film sera projeté sur près de 15 000 écrans dans le monde (soit 4 000 de plus que le précédent volet), espérant ainsi  enterrer The Avengers de Disney/Marvel : une fausse bataille puisque chacun des deux studios se sert de temps en temps de l'autre pour diffuser ses bandes annonces avant la projection d'un nouveau film de super-héros.

Si la Warner est confiante, elle se rappelle qu'elle revient de loin. Après les deux films de Tim Burton, la franchise s'est écroulée artistiquement, ne servant qu'à vendre des produits dérivés. Et le premier volet de Nolan, Batman Begins, n'a récolté que 205 millions de dollars en Amérique du nord et seulement 167 millions de $ dans le reste du monde. The Dark Knight fut une surprise pour le studio, aidé par une presse et des spectateurs unanimes et la mort d'Heath Ledger (alias le légendaire Joker) qui attira les caméras sur son (à peu près) dernier grand rôle. Rien ne laissait présager des scores qui allèrent jusqu'à tripler : En Allemagne, 6,9 ??millions de dollars sur le premier volet, 30,5 millions de dollars pour le second; +300% en Corée du Sud, passant de 6 à 25,4 millions de dollars; +265% en Australie, etc... Mais il faut faire mieux encore.

Un chevalier faible à l'international

Pour autant, le "reste du monde" est l'endroit où The Dark Knight a souffert d'une plus large disparité en terme de résultats économiques, contrairement à la trilogie Spider-Man de Raimi ou le récent Avengers. Là où aux États-Unis le film a côtoyé l'insubmersible Titanic, en France ce fut un "misérable" résultat de 3 millions d'entrées. La Warner a donc dû jouer sur d'autres niveaux, organisant des avant-premières événementielles dans les grandes villes du monde et mettre en avant le nom de Nolan , auteur respecté, mais surtout un casting composite avec des personnalités diverses : la populaire et sexy Anne Hathaway, l'oscarisée et européenne Marion Cotillard, les beaux gosses d'Inception Tom Hardy et Joseph Gordon-Levitt. Le marketing subtil de Warner montre essentiellement le match Christian Bale / Tom Hardy. Mais les autres têtes d'affiches vont vite faire leur apparition une fois le film sorti afin de séduire un public plus large (féminin notamment). La campagne marketing (les affiches sont sur les frontons des cinémas depuis le 26 juin en France) n'en finit plus de dévoiler de nouveaux posters et de distiller de nouvelles informations.

Difficile de ne pas évoquer ce fait, The Dark Knight Rises adopte un moyen de promotion quasiment inédit de nos jours : ne rien dévoiler d'un film et laisser une surprise absolue au spectateur. Le synopsis officiel lui-même n'a été dévoilé que dernièrement. Quant aux images des bandes annonces (à chaque nouveau trailer, de nouvelles images), il s'agit très certainement des images de la première moitié du film comme c'était le cas pour la promotion du précédent volet. Sans conteste, Christopher Nolan s'amuse à aiguiser le désir jusque dans la publicité construite pour attirer les spectateurs. Cela devrait fonctionner afin de satisfaire les fans qui découvriront  un grand final qu'on espère spectaculaire. Le bouche à oreille fera le reste.

Tweets dithyrambiques

Maintenant que la première projection presse mondiale est passée (vendredi 6 juillet), inutile de dire que la presse américaine (on relativise vu le niveau : un journaliste a twitté qu'il avait donné 7,5 à Amazing Spider-Man, 8 à Avengers et qu'il mettrait 9 à TDKR) s'est emballée une nouvelle fois et les réactions dithyrambiques ont envahit le fil de gazouillis : "parfaite conclusion d'une trilogie", "le meilleur film de la trilogie", ... Certains parlent déjà d'Oscars. On attendra de voir, vraisemblablement durant la semaine du 16 juillet.

Tout juste âgé de 41 ans,  Nolan, que Warner a décidé de ne plus lâcher, a encore beaucoup à offrir à ses spectateurs et aux studios bien décidés de ne pas perdre leur poule aux oeufs d'or, lui offrant volontiers toutes les libertés qu'il souhaite à chacun de ses nouveaux longs-métrages. Quant aux enjeux de The Dark Knight Rises, le plus important ne sera pas seulement l'accueil critique et public. Mais bien l'impact artistique : espérons en effet que les productions hollywoodiennes sauront prendre son exemple en proposant des oeuvres moins conformistes ou convenues et les inciter à tourner films plus audacieux, avec des prises de vues réelles et des scénarios réjouissants. Comme au bon vieux temps... Il est est étonnant de voir que les parcours de Nolan, Cameron, Lucas, Spielberg n'aient pas servi de leçons à des studios qui cherchent une recette pour leurs recettes alors que le public désire avant tout des émotions mémorables plutôt que de des sensations vite oubliées.

Charlotte Rampling, prix d’Excellence à Locarno

Posté par vincy, le 5 juillet 2012

Le 65e Festival de Locarno décernera son prix d'Excellence "Moët & Chandon" à Charlotte Rampling. La cérémonie aura lieu lors de la soirée d'ouverture du Festival, le 1er août prochain. Rampling sera l'invitée d'une conversation avec le public le lendemain. Le 2 août au soir, le Festival projettera, hors-compétition, I, Anna, de Barnaby Southcombe, l'un de ses films les plus récents. Le public pourra aussi voir durant le Festival Portier de nuit (Il portiere di notte , 1974) de Liliana Cavani et Sous le sable (2000) de François Ozon.

Olivier Père, Directeur artistique du Festival, ne cache pas son admiration pour l'actrice, «mystérieuse et fascinante ». Il ajoute que son magnétisme et sa beauté uniques « ont hanté plusieurs titres marquants du cinéma contemporain. De Visconti à Lars von Trier, de Woody Allen à François Ozon, de Liliana Cavani à Nagisa Oshima, Charlotte Rampling tour à tour fatale et fragile a séduit de nombreux grands cinéastes, et avec eux des millions de spectateurs»

Ce prix d'Excellence a été remis, par le passé, à des comédiens tels que Oleg Menchikov, Susan Sarandon, John Malkovich, Willem Dafoe, Michel Piccoli, Carmen Maura, Toni Servillo, Chiara Mastroianni et, l'an dernier, Isabelle Huppert.

Rampling a fait ses débuts au cinéma dans Le Knack… et comment l’avoir (The Knack... and How to Get It, 1965) de Richard Lester, film phare du Swinging London, Palme d’or à Cannes. Depuis, son exigence l'a conduite à tourner avec les plus grands cinéastes : La Chair de l’orchidée (1975) de Patrice Chéreau, Stardust Memories (1980) de Woody Allen, Le Verdict (The Verdict, 1982) de Sidney Lumet aux côtés de Paul Newman, Max mon amour (1986) de Nagisa Oshima, Life during Wartime (2009) de Todd Solondz. L'an dernier, elle a incarné la mère de Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg dans Melancholia (2011) de Lars von Trier. On la verra prochainement dans Night Train to Lisbon, de Bille August, et dans la série TV Restless, adaptation du best-seller de William Boyd.

Elle a reçu un César d'honneur en 2001.

Rock Forever : Tom Cruise, 50 ans, star décadente du rock des années 80

Posté par cynthia, le 3 juillet 2012

Samedi dernier, à l'occasion de l'avant-première du nouveau film d'Adam Shankman, Rock Forever (Rock of Ages en vo), le Grand Rex vibrait aux sons du Rock 'n' roll américain (tendance années 80). Talons, collants en résille et veste en cuir étaient requis pour assister à la première projection publique de cette comédie musicale, qui approche des 1 300 représentations à Broadway. En effet, le public était invité à se déguiser dans le style Glam rock des années 80. L'animation très "rock" était emmenée par un chauffeur de salle et trois animatrices, tous vêtus comme des rockeurs de l'époque (pas forcément le look le plus sexy), dansant sur la scène de la plus grande salle de Paris (ça change des féérie des eaux de Disney), tout en demandant au public de taper dans les mains et de crier pour mettre tout le monde dans l'ambiance. Un peu ringard, certes. En bonus, comme un cheveu de rockeur sur la soupe (musicale), Warner (distributeur du film) a diffusé la bande annonce de The Dark Knight Rises, le troisième Batman de Christopher Nolan. La comparaison est évidemment cruelle entre Rock of Ages et le film le plus attendu de l'été..

Puis le film débuta, nous laissant seul face à un long-métrage divertissant mais peu palpitant.

Parlons surtout de Tom Cruise dont c'est l'anniversaire aujourd'hui (qu'il célèbre en apprenant la demande de divorce de sa femme, Katie Holmes). Sa prestation est (d)étonnante. Le héros de Mission impossible qui adore également jouer au trampoline sur le canapé d'Oprah Winfrey, sauve la mise de l'ensemble (si l'on excepte l'excellent Alec Baldwin) à coup de tatouages (invraisemblables et bien exhibés), de déhanchés salaces et d'excès alcooliques : dans la peau d'un artiste sex, drug and Rock 'n' roll, il épate, en mix étrange de Jean-Claude Van Damme et de Bon Jovi. Parfaite synthèse des chanteurs du genre, il se met à nu pour incarner une star décadente et allumée, sex addict et légèrement provocateur.

Les chansons qui illustrent le film et qui font de cette comédie musicale davantage un film à écouter qu'à regarder. Il est vrai que l'explosive bande originale nous ferais presque oublier le scénario. Les reprises sont revisitées nous donnent envie de sauter, de danser et de chanter. De Bon Jovi à Foreigner, de Twisted Sister à Poison, de Journey à David Lee Roth, la bande FM années 80 ravira les nostalgiques.

Le film Rock forever sort le 11 juillet dans les salles françaises.

Paris Cinéma : Masterclass d’Olivier Assayas et hommage au réalisateur

Posté par vincy, le 3 juillet 2012

Ce soir et demain, Olivier Assayas est à l'honneur à Paris Cinéma. Explorateur et grand admirateur du cinéma asiatique, il est l’invité d’honneur « naturel » de cette 10e édition du festival qui met à l’honneur Hong Kong.

Les festivités débuteront ce soit au cinéma Grand Action (Paris 5e) avec une soirée hommage et la projection de son premier film, Désordre (1986, avec Wadeck Stanczak, Ann-Gisel Glass, Lucas Belvaux et Etienne Daho). Le Grand Action propose par ailleurs l'intégrale des films, soit 14 longs métrages, y compris documentaires, et un programme de courts métrages, du réalisateur.

Demain, mercredi 4 juillet, Olivier Assayas donnera une Masterclass, à 18h30, dans le même cinéma. Animée par Auréliano Tonet (Le Monde), ce sera l'occasion d'en savoir plus sur un réalisateur qui croise ses influences de l'école de la Nouvelle Vague avec ses passions pour le cinéma chinois (Hong Kong et Taiwan inclus).

Deux ans après Carlos, film et téléfilm épique sur le terroriste du même nom, on devrait retrouver cet été Assayas à Locarno ou Venise pour son prochain film, Après mai, avec Lola Creton et une troupe de jeunes acteurs amateurs.