Deauville 2014 : Hommage à Jessica Chastain

Posté par kristofy, le 6 septembre 2014

jessica chastain« Je ne parais pas moderne. Je ne suis pas la fille qui arrive dans une pièce et sur qui les regards se tournent ». Modeste, Jessica Chastain ? A Deauville, où elle a ouvert le 40e Festival du cinéma américain avec le nouveau film de Woody Allen, Magic in the moonlight, l'actrice est pourtant loin d'être passée inaperçue. Mieux que cela, sa venue a attiré vendredi soir une foule compacte de professionnels et cinéphiles pressés de la découvrir dans son nouveau rôle. Résultat : une salle comble et de nombreux festivaliers refoulés et déçus.

Un bel accueil pour celle qui est passée du statut de jeune comédienne à celui de valeur sûre oscarisable en l’espace de quelques films, après être restée longtemps sur les planches de théâtre.

C'est à la prestigieuse Juilliard School que Jessica Chastain s'est formée au métier, grâce à l'obtention d'une bourse (celle que Robin Williams donnait chaque année à une nouvelle inscription). Pendant plusieurs années, elle a arpenté les scènes du off-off-off-Broadway avant d’être remarquée par Marthe Keller qui parla d’elle à Al Pacino (la pièce Salomé), lequel parla à son tour d’elle à Terrence Malick (le film The Tree of Life). Jessica Chastain a aussi le talent de faire les bons choix de films (elle a décliné le biopic Diana et s’est engagée dans Take Shelter).

« Si je ne continue pas à me défier et à risquer des échecs, je n’ai rien à faire dans ce métier. Je ne cherche pas à être une célébrité, je veux être une actrice ». Elle a ainsi soutenu pendant plusieurs années (avant même de devenir célèbre) le film en forme de diptyque The Disappearance of Eleanor Rigby de Ned Benson, attendant que le tournage puisse commencer. Présenté d’abord à Cannes puis à Deauville, The Disappearance of Eleanor Rigby propose une Jessica Chastain aux multiples visages. On la voit juvénile et insouciante avec des cheveux longs, abattue et dépressive avec des cheveux courts, elle danse devant les phares d’une voiture, elle pleure à l’entrée d’un métro sous la pluie, elle passe par toute une palette d’émotions qui nous fait partager les états d’âme de son personnage... (revoir nos impressions cannoises ici)

Curieusement, le parcours de Jessica Chastain semble pouvoir se résumer avec le chiffre 2 :

- 2 films au festival de Cannes 2011 : elle brille dans l’apocalyptique Take Shelter et dans le mystique The Tree of Life, c'est la double révélation de l'actrice aux yeux du monde entier. Elle est revenu à Cannes en 2012 dans Des Hommes sans loi (et comme voix du film d'animation Madagascar 3), puis encore en 2014 donc avec The Disappearance of Eleanor Rigby.

- 2 films en tête du box-office en 2013 : Zero dark thirty et Mama sont sortis presque simultanément aux Etats-Unis avec un large succès qui a dépassé les attentes, c’est une des rares fois où cela se produit avec la même actrice dans un rôle principal.

- 2 nominations à un Oscar : meilleur second rôle pour La couleur des sentiments, meilleure actrice pour Zero dark thirty, mais elle n'a pas encore remporté la statuette.

- 2 films pour une même histoire : The Disappearance of Eleanor Rigby-Her et The Disappearance of Eleanor Rigby-Him qui ont été remarqués pour l’originalité de leur concept dès le festival de Toronto 2013. Mais la distribution en salles ne suivra pas : au cinéma on verra seulement le remontage The Disappearance of Eleanor Rigby-Them déjà présenté à Cannes.

- et enfin, 2 nouveaux films en salles en France en 2014 : Mademoiselle Julie de Liv Ullmann le 10 septembre, et Interstellar de Christopher Nolan le 5 novembre.

Deauville 2014 : pas de crise de la quarantaine!

Posté par kristofy, le 21 août 2014

Cette année, le Festival Américain de Deauville va fêter son 40ème anniversaire. Le rendez-vous normand saura une nouvelle fois encore réunir sur les planches à la fois les films des grands studios d’Hollywood et aussi le cinéma indépendant américain. Une continuité qui est d’ailleurs racontée dans un livre qui évoque autant 40 ans de festival que 40 ans de cinéma américain avec de nombreux témoignages en souvenirs des moments les plus émouvants (Deauville, 40 ans de cinéma américain, 176 pages, éditions Michel Lafon). De plus, les séances nocturnes ‘Nuits Américaines’ projetteront les films primés depuis 1995 (création de la compétition avec un jury).

Hommages

Enfin, le Festival proposera cette année de (re)voir des films avec Yul Brynner, et deux icônes récemment disparues Lauren Bacall, et Robin Williams.

Ce 40ème anniversaire de Deauville va proposer une affiche très éclectique avec plusieurs hommages : le réalisateur John McTiernan, Jessica Chastain et The Disappearance of Eleanor Rigby (them), Will Ferrell et ses Légendes Vivantes, Ray Liotta, le producteur Brian Grazer. En revanche, James Cameron a annulé sa venue pour la présentation de son documentaire Deepsea Challenge 3D.

Avant-premières

Le film d’ouverture sera le très attendu nouveau Woody Allen Magic in the Moonlight avec Colin Firth et Emma Stone et celui de clôture, le très attendu Sin City 2. Parmi les avant-premières on y verra notamment Camp X-Ray avec Kristen Stewart (Sundance), Get On Up le biopic sur James Brown, Les Recettes du Bonheur de Lasse Hallström avec Helen Mirren (et aussi Charlotte Le Bon), Alex Of Venice avec Mary Elizabeth Winstead et Don Johnson, Infinitely Polar Bear avec Mark Ruffalo et Zoe Saldana, Avant d’aller dormir de Rowan Joffe avec Nicole Kidman et Colin Firth, Pasolini de Abel Ferrara (sélectionné également à Venise)…
On regrettera l’absence de The smell of us de Larry Clark et de Coherence de James Ward Byrkit.

Jury

Cette année le jury sera composé uniquement de personnalités ayant déjà été président du jury dans le passé : le président Costa Gavras sera entouré de Pierre Lescure (2002), Claude Lelouch (2004), André Téchiné (2007), Jean-Pierre Jeunet (2009), Emmanuelle Béart (2010) et Vincent Lindon (2013). S'y ajoute bizarrement la chorégraphe et danseuse Marie-Claude Pietragalla, sans doute pour ajouter une touche féminine un peu plus marquante à ce jury très peu paritaire.
L’autre jury, celui attaché à récompensé un film Révélation, sera lui plus féminin avec la présidente Audrey Dana entourée de Clémence Poesy, Lola Bessis, Anne Berest, la chanteuse Christine (‘& the Queens) et de Freddie Highmore (Charlie et la Chocolaterie).

Compétition

En compétition beaucoup de premiers et seconds films qui devraient étonner, mais cette année, on retrouve aussi, plus que d’habitude, des cinéastes déjà confirmés qui vont surprendre comme Gregg Araki et White Bird avec Shailene Woodley, Eva Green ou Anton Corbijn et Un Homme très recherché avec Philip Seymour Hoffman (un de ses derniers films) et Rachel McAdams.
Le film de genre sanglant sera bien représenté avec It Follows de David Robert Mitchell, Juillet De Sang de Jim Mickle (tous deux étaient à Cannes) ou A Girl Walks Home Alone At Night de Ana Lily Amirpour.
Déjà des bons échos de Berlin pour Love is Strange avec John Lithgow et Alfred Molina, de Sundance avec l’actrice Brit Marling qui fera doublement sensation dans les films I Origins de Mike Cahill (avec Astrid Bergès-Frisbey et Michael Pitt) et The Better Angels de A.J. Edwards (avec Jason Clarke, Diane Kruger et Wes Bentley). Le plus attendu est sans aucun doute celui qui a fait sensation à Sundance comme à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes: Whiplash de Damien Chazelle. Parmi les 14 films de la compétition on reverra aussi Reese Witherspoon dans The Good Lie de Philippe Falardeau, Catherine Keener et Hafsia Herzi dans War Story de Mark Jackson.

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40e Festival du Cinéma Américain de Deauville
Du 5 au 14 septembre.
Renseignements sur le site de la manifestation

Compétition

A girl walks home alonte at night, d‘Ana Lily Amirpour
I Origins, de Mike Cahill
It Follows, de David Robert Mitchell
Jamie Marks est mort (Jamie Marks Is Dead), de Carter Smith
Juillet de sang (Cold in July), de Jim Mickle
Love is strange, d’Ira Sachs
The Better Angels, de A.J. Edwards
The Good Lie, de Philippe Falardeau
Things people do, de Saar Klein
Un homme très recherché (A Most Wanted Man), d’Anton Corbijn
Uncertains Terms, de Nathan Silver
War Story, de Mark Jackson
Whiplash, de Damien Chazelle
White Bird (White Bird in a Blizzard), de Gregg Araki

Avant-Première

Alex of Venice, de Chris Messina
Avant d’aller dormir (Before I Go to Sleep), de Rowan Joffe
Camp X-ray, de Peter Sattler
Chef, de Jon Favreau
Deepsea Challenge 3D : l’aventure d’une vie (Deepsea Challenge), de John Bruno, Ray Quint & Andrew Wight
Get on up, de Tate Taylor
Infinitely polar bear, de Maya Forbes
Land Ho !, de Martha Stephens & Aaron Katz
Légendes vivantes (Anchorman 2: The Legend Continues), d’Adam McKay
Les Boxtrolls (The Boxtrolls) d’Anthony Stacchi & Graham Annable
Les Recettes du bonheur (The Hundred-Foot Journey), de Lasse Hallström
Magic in the moonlight, de Woody Allen
The disappearance of Eleanor Rigby : them, de Ned Benson
Sin City 2 : j'ai tué pour elle, de Frank Miller et Robert Rodriguez

Costa-Gavras, président du jury du 40e Festival du Cinéma Américain de Deauville

Posté par vincy, le 19 mai 2014

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville fêtera ses 40 ans d'existence du 5 au 14 septembre. Le Festival vient d'annoncer que Costa-Gavras serait le président du jury.

Le jury sera composé cette année exclusivement d'anciens présidents qui depuis 20 ans ont honoré le Festival. Costa-Gavras est également président de la Cinémathèque française qui organisera sa programmation de rentrée autour du Festival.

Par ailleurs, un livre témoignera de l'histoire du Festival, en plus d'un documentaire réalisé par France Télévisions.

Deauville Asia 2014 : retour sur la compétition et le palmarès

Posté par kristofy, le 10 mars 2014

Zhanna Issabayeva NAGIMA festival cinéma asiatique deauville © ecrannoir.frLes films en compétition du 16e Festival asiatique de Deauville étaient au nombre de huit, mais pas un ne s’est imposé comme un gros coup de cœur unanime. Pourtant, il y a eu une certaine unanimité. Le public, la critique et le jury se sont entendus pour primer le film de Lee Su-Jin, Han Gong-Ju, déjà très récompensé dans plusieurs festivals.

Le jury, présidé par la réalisatrice Claire Denis, était composé de Roxane Mesquida, Florence Loiret-Caille, Gilles Marchand, Samir Guesmi et René Bonnell, a rendu son palmarès samedi 8 mars :

Lotus d’or: Nagima de Zhanna Issabayeva
Prix du jury ex-aequo: Ugly de Anurag Kashyap et Han Gong-Ju de Lee Su-Jin
Prix de la Critique:
Han Gong-Ju de Lee Su-Jin
Prix du Public: Han Gong-Ju de Lee Su-Jin

No man’s land du chinois Ning Hao (Crazy Stone) avait ouvert la compétition sur les chapeaux de roues : un jeune avocat citadin rentre chez lui au volant d’une voiture rouge récupérée de son client. Dans le désert, il sera poursuivi par plusieurs camions et plusieurs individus sans compter la présence d’une danseuse qui s’est collée à lui. Presque tout le film se déroule sur cette route au milieu du désert où durant presque deux heures, chacun à son tour, tous vont s’affronter avec une violence cartoonesque. Le film était en compétition à la dernière Berlinale.

uglyUgly de l’indien Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur) était l’évènement attendu de la compétition. Le kidnapping d’une petite fille et l’enquête pour trouver le coupable vont déclencher une réaction en chaîne étonnante : un thriller haut en couleur. Un vrai film de "ripoux" que nous avions adoré à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes en 2013.

Toilet Blues, premier film de l’indonésien Dirmawan Hatta. C'est l'histoire d'un jeune homme qui aspire à devenir prêtre et qui rejette les avances d’une amie qui veut échapper à l’autorité de son père. Ce film a été le chemin de croix des spectateurs restés dubitatifs (il est pourtant signé du scénariste du très réussi The mirror never lies de Kamila Andini).

Steel cold winter du documentariste coréen Choi Jin-Sung est le récit de la rencontre entre un étudiant venu de Séoul dans un lycée de campagne avec une jeune-fille. Lui veut s'éloigner du suicide d’un camarade victime d’une rumeur ; elle sera elle-aussi victime de l’opinion des autres suite à un drame avec son père. Chacun va s’interrogre sur cette jeune-fille avant que ce garçon ne réagisse avec une effarante violence.

nagimaNagima de la kazakh Zhanna Issabayeva (Karoy) montre une jeune femme à qui l’on s’intéresse avec peine au début tant elle manque de relief. Le récit débute sans dialogue. Ce n’est qu’à partir du moment où sa meilleure amie enceinte doit être emmenée à l’hôpital que son personnage prend de l’épaisseur : élevée dans un orphelinat, cette jeune fille de 18 ans travaille dans un restaurant sans pour autant gagner assez d’argent pour le loyer et sa nourriture. Quand son amie disparaît en laissant au monde un bébé, elle va vouloir s’en occuper sans savoir ni pouvoir le faire…

Mater Dolorosa du philippin Adolfo Alix Jr. (Death March, sélectionné à Un Certain regard à Cannes en 2013) se regarde avec ses couleurs désaturées jusqu’au noir et blanc. Lourdes est une mère de famille autant crainte que respectée. Ses fils, qui ont des activités liées aux jeux d’argent et à la revente de voitures volées, ont des frictions avec des rivaux et la police. Quand un de ses fils est assassiné, elle leur interdit à tous de se venger, pour s’occuper elle-même du règlement de compte…

a capellaHan Gong-Ju (A Cappella) de Lee Su-Jin, autre film coréen de la compétition, raconte l’histoire d’une lycéenne qui est transférée dans une nouvelle école en cours d’année suite à un drame qui l’implique. Le film navigue entre son présent, avec de nouvelles amies, et son passé, pour faire découvrir au fur et à mesure ce qu’elle fuit. Le procès en cours pour un viol collectif change le regard des autres sur elle… le film a été primé à Marrakech (meilleur film), Pusan (prix du public) et Rotterdam (meilleur film).

Enfin, le dernier film en compétition, Trapped, de l’iranien Parviz Shahbazi (Deep Breath) raconte les mésaventures d’une étudiante en médecine trop gentille qui va aider sa nouvelle colocataire à sortir de prison pour un chèque sans provision, mais sa naïveté va lui attirer beaucoup d'ennuis.

Ce sont surtout les deux films Han Gong-Ju et Nagima qui étaient les favoris avant que le jury ne fasse connaître son choix, tandis Ugly et No man’s land ont aussi fait forte impression. Le palmarès qui les récompense n’est pas surprenant et représente bien les échos du Festival. Si Nagima gagne la plus haute récompense c’est Han Gong-Ju (un premier film) qui apparaît comme le favori de l'année en cumulant les prix du public, de la critique, et du jury, il sortira en salles sous le titre A Cappella à la fin de l’année.

jury et primés du festival cinéma asiatique deauville © ecrannoir.fr

Deauville Asia 2014 : Monsterz de Hideo Nakata en première mondiale

Posté par kristofy, le 7 mars 2014

Hideo NakataC’est l’un des maîtres du cinéma de genre, sauf que son genre à lui est plus le surnaturel que l’hémoglobine… C’est avec ses mots que le réalisateur Hideo Nakata a reçu un hommage du Festival du film asiatique de Deauville. La vidéo maudite à ne pas voir dans Ring a été vue partout, et depuis la figure de la femme fantôme avec des longs cheveux qui masquent ses yeux est devenue un nouveau mythe du cinéma fantastique.

En 1998, Ring fut un tel succès que Hideo Nakata en réalisa la suite Ring 2 l’année suivante, il sera même appelé aux USA pour diriger le remake avec Naomi Watts. Son film culte Dark Water en 2002 aura aussi un remake américain, et en 2010 il réalise Chatroom avec un casting britannique (Aaron Taylor-Johnson, Imogen Poots, Hannah Murray…) qui sera présenté à Un Certain regard à Cannes. Si son influence va jusqu’en occident, Hideo Nakata tourne surtout ses films au Japon, et déjà avant le phénomène Ring, son premier film en 1996 était L’actrice Fantôme qui avait marqué les esprits.

« Je suis très honoré de recevoir cet hommage à mon travail, même si je me suis dit que c’était un peu tôt. J’ai fait 17 films, et j’ai bien envie d’en faire 17 autres et même plus. Vous n’avez encore rien vu ! C’est aussi un plaisir d’accompagner en France mon nouveau film Monsterz, au Japon il n’a pas encore été vu puisqu’il sortira en mai, c’est la première mondiale ici. »

Monsterz est en fait le remake d’un film coréen (Haunters de Kim Min-Suk) transposé au Japon par Hideo Nakata. On y entend Kenji Kawai pour la musique, les acteurs principaux sont Tatsuya Fujiwara (le héros de Battle Royale, Death Note, à Cannes dans Shield of Straw) et Takayuki Yamada (Crows Zero, à Venise dans 13 assassins). Un homme développe depuis son enfance un pouvoir de télékinésie unique, il peut à distance manipuler les autres : faire s’immobiliser les gens ou en guider certains comme des robots sans qu’ils ne se souviennent de rien ensuite. Par exemple, il fait un hold-up dans une banque tout en restant à l’extérieur : pendant que tous sont immobiles, une personne lui apporte l’argent, puis tous reprennent ce qu’ils étaient en train de faire l’instant avant qu’il les contrôle.

Dès le début du film ce pouvoir est montré comme une sorte de malédiction, dans son enfance son père détestait son anormalité et voulait l’abandonner…  Devenu adulte, il utilise son pouvoir à différentes occasions, jusqu’au jour où il découvre que celui-ci est totalement inefficace sur un autre homme qu'il ne peut pas manipuler comme les autres. Cette résistance inhabituelle en fait quelqu’un à éliminer, mais cet autre homme a un don tout aussi incroyable qui en fait un rival : s'il n’est pas manipulable, alors il doit quitter ce monde…

Après différentes séquences qui exposent la personnalité des deux hommes, ils vont ensuite s’affronter lors de différents duels qui impliquent au fur et à mesure de plus en plus de gens autour d’eux  jusqu’à un final grandiloquent puis mélodramatique. Monsterz rappelle par plusieurs aspects des caractères de héros américains (les X-Men, Incassable) mais s’attache surtout à deux personnages hors-normes (des mutants ?) qui s’interrogent sur leur place dans l’humanité, avec comme profond désir de ne pas être considéré comme des monstres.

Deauville Asia 2014 : Hommage à l’actrice Malani Fonseka

Posté par kristofy, le 6 mars 2014

Malani FonsekaA l’est, il y a du nouveau : toujours la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Inde mais aussi les Philippines, le Kazakhstan, l’Indonésie, l’Iran… Ce sont en tout cas les pays d'où viennent les films en compétition lors de ce 16e Festival du film asiatique de Deauville, qui se tient jusqu'au 9 mars. Parmi les concurrents, il y a des premiers films qui rivaliseront avec ceux de réalisateurs ayant déjà été sélectionnés à Cannes, comme Ugly de Anurag Kashyap (Gangs of Waeeypur) et Mater Dolorosa de Adolfo B. Alix Jr (Death March).

Pour remettre à l’un d’eux le lotus d’or 2014, le jury est composé des actrices Roxane Mesquida et Florence Loiret-Caille, du réalisateur et scénariste Gilles Marchand, du comédien Samir Guesmi, du producteur René Bonnell et du réalisateur Rachid Bouchareb, sous la houlette de la réalisatrice Claire Denis comme présidente.

En ouverture, Deauville a rendu hommage à une grande dame du cinéma du Sri-Lanka, dont les films sont souvent méconnus, qui célèbre cette année ses 50 ans de carrière : Malani Fonseka. Depuis son premier film en 1968, elle figure au générique de plus de 150 films sri-lankais. Elle a également produit et réalisé 3 longs-métrages.

Pour l’occasion, le festival permet de voir un choix de trois films qu’elle considère comme emblématiques de trois générations différentes de cinéastes sri-lankais : Le trésor de Lester James Peries (1972), Les wasps sont arrivés de Bambaru Avith (1978) et Les fleurs du ciel de Prasanna Vithanage (2010).

Par ailleurs, les festivaliers présents à Deauville attendent la venue des réalisateurs Hideo Nakata pour la première de Monsterz et Tsai Ming-Lang pour Les chiens errants, qui recevront eux-aussi un hommage en présentant leur derniers films, et Kiyoshi Kurosawa déjà venu pour présenter Real.

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16e Festival du film asiatique de Deauville
Du 5 au 9 mars 2014

Programme et informations sur le site de la manifestation

Fruitvale Station : rencontre avec le réalisateur Ryan Coogler

Posté par kristofy, le 2 janvier 2014

ryan coogler fruitvale station cannes 2013Fruitvale Station est un film dont on connaît d’avance la fin mais dont on ignore le début, et c’est cette histoire qui est racontée. Dès le début il y a les images d’un fait divers tragique enregistrées avec un téléphone portable. Sur le quai de cette gare à Oakland en Californie le 1er janvier 2009 à 2h15 du matin, un contrôle de police dégénère : le jeune Oscar Grant de 22 ans reçoit une balle dans le dos tirée par un policier. Bavure banale? Oui mais la victime est noire, le policier est blanc. Et le premier ne menaçait pas le second.

Le film nous fait le portrait de qui était Oscar Grant durant les 24 heures qui ont précédées ce drame. Il sort en France le jour de la date anniversaire du 1er janvier. Le film avait déjà été récompensé au Festival de Sundance, à Cannes et au dernier Festival américain de Deauville où nous y avions rencontré son réalisateur Ryan Coogler :

Ecran Noir : Fruitvale Station montre à différents moments de la journée des instants de la vie de Oscar Grant devant nos yeux…
Ryan Coogler : Je voulais trouver le moyen que les acteurs se surprennent entre eux, et qu’il y ait une fraîcheur de jeu. On avait un planning de tournage très serré, je me suis basé avant tout sur le scénario pour les plans prévus dans le planning de tournage, et après ça on pouvait respirer et essayer des choses. Pour moi il s’agissait d’abord de rendre compte des faits en s’attachant à l’humanité des personnes impliquées. L’histoire du film est avant tout celle de ces gens.

EN : Qu’est ce qui était le plus difficile à recréer comme scène de vie : la tension entre policiers et jeunes dans le train où l’intimité familiale entre Oscar, sa femme et sa fille ?
Ryan Coogler : Ce sont deux choses qui ont été difficiles à tourner pour différentes raisons. En premier lieu c’est  la contrainte du planning, très serré. Pour ce qui des séquences avec les policiers, on avait le quai de la gare à disposition seulement pour 4 heures de tournage ! Pour les scènes domestiques avec la famille, il y avait beaucoup d’émotions différentes à capturer à travers les disputes ou les coups de téléphones. Et là aussi il a fallu composer avec le facteur temps en ce qui concerne la jeune actrice qui joue leur petite fille : puisque c’est une enfant il y a des limitations spécifiques du nombre d’heures consécutives de tournage. Par exemple on ne pouvait pas la faire tourner après minuit. C’est la gestion du temps de tournage qui était la principale difficulté.

EN : Pensez-vous qu'une fiction réaliste est un témoignage plus puissant qu’un reportage aux informations de la télévision ?
Ryan Coogler : Oui je pense que cela peut être le cas. Je pense qu’un film peut rendre le public beaucoup plus proche des personnages. Pour ce qui de la télévision, cela dépend comment le reportage est monté. Pour le cas d’Oscar, le drame a été enregistré par des téléphones. Voir ce genre d’enregistrement des faits nous fait devenir témoin de ce qui c’est passé, mais d’autres incidents arrivent sans qu’on puisse en voir des images. Ils ne sont que racontés. Un film apporte beaucoup de proximité, voir même de l’intimité, et peut apporter d’autres éléments à mettre en perspective. Fruitvale Station a eu une certaine répercussion dans le milieu de la police, à propos des procédures de certains agents. J’espère que ce genre d’incident ne se reproduira plus.

Décès d’André Halimi, co-fondateur du Festival du cinéma américain de Deauville

Posté par vincy, le 2 décembre 2013

Le documentariste André Halimi, atteint de la maladie de Parkinson, est décédé dimanche à l'âge de 83 ans à Jérusalem en Israël d'après une dépêche de l'AFP. Co-fondateur du festival du cinéma américain de Deauville, ancien journaliste (il fut rédacteur en chef de Pariscope et à VSD), écrivain (notamment un livre sur Coluche), il avait produit plus de 500 documentaires sur le cinéma, la danse, le spectacle et les divertissements, essentiellement pour la télévision. Il a notamment réalisé de nombreux portraits de vedettes comme Jean Cocteau, Michel Galabru, Louis de Funès, Charlie Chaplin ou Michèle Morgan.

Quelques documentaires avaient été diffusés au cinéma comme Chantons sous l'occupation (1976), Corps Z'à Corps (1988) et La délation sous l'occupation (2003).

En 1975, il avait créé avec Lionel Chouchan le festival du cinéma américain de Deauville et en 1982 celui du film policier de Cognac (aujourd'hui disparu). Le premier lui a survécu avec le succès que l'on connaît, devenant l'un des rendez-vous incontournables de la presse cinéma et people. Le second a été arrête en 2007.

Deauville 2013 : Rencontre avec Lee Daniels et Forest Whitaker (Le Majordome)

Posté par kristofy, le 11 septembre 2013

lee daniels le majordomeC’est le succès surprise de la fin de l’été aux Etats-Unis (100 M$ au box office) et plusieurs nominations aux Oscars sont déjà espérées… Le film Le Majordome a été un des évènements de ce 39ème Festival Américain de Deauville, où il a été présenté en présence du réalisateur Lee Daniels et de Forest Whitaker.

Au service de sept présidents…

Lee Daniels : Il y aura toujours quelqu’un qui trouvera à redire quelque chose pour n’importe quel film, même pour Cendrillon. Il y a eu une remarque à propos de Jane Fonda qui, ayant été opposante à la guerre au Vietnam, n’aurait pas dû être choisie pour jouer l’épouse du président Reagan dans le film : une personne au Texas a considéré cette actrice comme "pas assez patriote" pour interpréter une première dame des Etats-Unis. Un article de ce genre n’est pas forcément une controverse, ce n’est vraiment pas important pour nous. Le film est apprécié autant par ma grand-mère que par le président Obama, c’est ça qui compte.
Le film est en tête du box-office en Amérique du nord depuis plusieurs semaines avec, d'après ce qu'on dit un public de spectateurs majoritairement blancs. Mais dans les faits le public est très varié et rassemble toute sorte de gens aussi bien noirs que blancs ou asiatiques ou gays comme pour beaucoup d’autres films.
Le succès du film vient du fait qu’il va un peu au-delà de l’Histoire américaine, c’est aussi plus largement une question humaine universelle. Une réplique dit "N’importe quel blanc peut tuer n’importe quel noir et ne pas être condamné" et on espère que ceci est derrière nous. Ces gens dans le bus qui sont brutalisés pour la couleur de leur peau et ceux qui ont risqué de se prendre une balle pour le droit de vote sont des héros. Cette année est celle du 50ème anniversaire du discours de Martin Luther King. Le chemin parcouru est long, mais il est encore long à parcourir.

…Un casting de stars

Lee Daniels : L’histoire est assez importante et conséquente pour demander à différentes célébrités de participer au film. Mon but est aussi d’amener les gens dans les salles pour voir mon film. Enrôler des stars contribue aussi à mieux faire parler du film. Je connaissais Oprah Winfrey qui était déjà productrice exécutive de Precious mais c’était un peu étrange au début sur le plateau de la diriger comme actrice. Lenny Kravitz et Mariah Carey étaient aussi déjà dans Precious, et John Cusack était dans Paperboy. Pour ceux qui font des apparitions, comme Robin Williams, Alan Rickman et Liev Schreiber, le plus dur a été de faire disparaître leur visage connu derrière les visages des présidents.

Forest Whitaker : Pareil pour moi. Il s’agissait de ça, disparaître derrière le rôle de ce majordome, comprendre ses peurs et être dans la retenue. C’était un processus très différent que d’être dans la peau d’un personnage flamboyant comme celui du Dernier roi d’Ecosse ou du rôle plutôt déprimé de Charlie Parker dans Bird. Chaque rôle a ses propres difficultés, ici il fallait évoluer en âge et en maturité sur plusieurs décennies. Le Majordome raconte autant l’histoire d’un père et de ses fils que celle d’un serviteur à la Maison Blanche, et c’est cela qui est au premier plan, avant les évènements liés aux droits civiques. Le succès au box-office est un cadeau après cette belle expérience de tournage. Je savais que ce film avait le pouvoir de toucher le cœur des gens.

Deauville 2013 : Palmarès engagé et un John Travolta impliqué pour le dernier jour

Posté par kristofy, le 8 septembre 2013

Jesse Eisenberg Night MovesLe festival du cinéma américain de Deauville s'est achevé hier soir avec son palmarès.

Grand prix du jury : Night moves de Kelly Reichardt, avec Dakota Fanning, Jesse Eisenberg, Peter Sarsgaard.
Également en compétition à Venise et sélectionné à Toronto, le film raconte l'histoire de trois écologistes radicaux, convaincus de la nécessité de passer à l'action extrême pour défendre leur cause. Ils décident de faire exploser un barrage hydroélectrique mais cet acte aura des conséquences auxquelles ils ne s'attendaient pas...

Prix du jury ex æquo : All is lost de Jeffrey C. Chandor, qui était hors-compétition à Cannes et Stand clear of the closing doors , qui avait déjà reçu une mention spéciale à Tribeca, de Sam Fleischner.
Dans All is Lost, Robert Redford, seul à l'image, est un navigateur confronté aux éléments déchaînés au milieu de l'océan Indien, alors que son embarcation prend l'eau.
Dans Stand clear of the closing doors, on suit l'errance d'un adolescent autiste dans le métro de New York à l'approche de l'ouragan Sandy.

Prix du public et prix de la révélation Cartier : Fruitvale station de Ryan Coogler.
Le film a déjà reçu le Prix de l'avenir de la sélection "Un certain regard" au Festival de Cannes, le Grand prix du jury et le Prix du public du festival de Sundance. Il est produit par Forrest Whitaker.

Prix de la critique internationale : The Retrieval de Chris Eska.
Le film, déjà présenté aux Festivals d'Austin et de Phoenix, suit un jeune garçon chargé de retrouvé un homme recherché par la justice, à l'époque de la guerre de Sécession.

John Travolta, entre amour du public et opposition à la guerre

Dernier invité de prestige sur les planches normandes, John Travolta. Deauville a rendu hommage à la star, déjà présente il y a 25 ans du temps de Grease. Travolta a renversé les rôles en rendant hommage à Deauville et au public français. La star s’est montrée très proche des festivaliers, se rendant disponible le plus possible : entre un bain de foule en milieu d’après-midi et le tapis-rouge du soir tous ceux qui étaient présents ont pu avoir une photo avec lui ou une dédicace. "Le public (c'est) ma motivation", a-t-il dit vendredi soir en français.

Il venait présenter Killing Season de Mark Steven Johnson, avec Robert de Niro en partenaire. On l'y découvre en soldat revenu de la guerre de Bosnie, avec le cheveux ras et un collier de barbe. "Mon objectif était de comprendre cette guerre et ce qui fait que Monsieur tout le monde peut devenir un criminel de guerre", a-t-il expliqué. "Cette guerre était moins une question religieuse, ou politique qu'une question financière contrôlée par des pays plus grands" selon lui. Farouche opposant à la guerre, il rappelle : "J'ai été adolescent dans les années 60 et 70. J'ai assisté à une vague de protestation contre le concept de guerre. C'est là qu'est mon coeur".
Travolta, comme beaucoup d'autres stars hollywoodiennes cette année, regrette que ce genre de films, "avec un message" soit "de nos jours plus difficile" à financer, nécessitant l'appel à une coproduction belge.