Spectre: le 24e James Bond va coûter plus de 300M$

Posté par vincy, le 13 décembre 2014

teaser spectre 007 james bondLe piratage des serveurs de Sony révèle toute la cuisine d'un grand studio (lire notre actualité du 2 décembre). Du pire (les échanges politiquement incorrects des dirigeants) à l'utile (les salaires, les budgets). Dernier coup en date: le coût du 24e James Bond officiel, Spectre. 300-350 millions de $. Skyfall n'avait coûté "que" 210 millions de $. C'est, de loin, l'épisode le plus cher de l'histoire de la franchise, qui est actuellement en tournage. Rien que la séquence de Tanger au Maroc occupera dix jours de tournage en juin, après de longues semaines de préparation.

Rome: 60M$ à dépenser

La partie romaine, qui se tournera en février, est de loin le plus gros morceau du film. Un cinquième du budget sera dépenser en course-poursuites dans la ville éternelle : voiture, parachute, hélicoptère, hord bord... Une des grandes avenues romaines sera fermée au trafic durant plusieurs nuits. Certains monuments sont réquisitionnés comme le Ponte Sisto, la Place Navona, la Fontaine de Trevi et même le Vatican où il est prévu un accident de Fiat 500.

Conseils pour réduire le devis

Plus intéressant encore, les recommandations pour faire baisser les devis: tourner une scène en nocturne à Londres plutôt qu'à Rome, réduire le nombre de wagons pour une scène d'action dans un train, enlever la pluie prévue dans le final pour couper dans le budgets effets visuels, optimiser au maximum les crédits d'impôts au Mexique en filmant les aspects les plus modernes du pays. On voit bien à quel point le scénario et la mise en scène n'est plus la priorité quand il s'agit d'argent.

Les révélations nous apprennent alors que la productrice Barbara Broccoli a refusé la plupart de ces propositions.

990 000 euros, prix maximum pour un acteur-scénariste-réalisateur-producteur

Posté par vincy, le 5 décembre 2014

On ne retient que ça des mesures prises par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à l’occasion de son dernier conseil d’administration, il y a une semaine, pour maîtriser les coûts du secteur cinématographique et soutenir la distribution.

Une seule mesure parmi des dizaines a retenu l'attention des médias après les révélations des Echos.

Faisons bref. Deux ans après la tribune explosive de Vincent Maraval sur l'indécence ruineuse des cachets des comédiens dans le cinéma français (lire notre dossier), le CNC a décidé de réguler le marché. En cas de « coût artistique disproportionné », le film sera privé des soutiens publics. « Cette disposition ne vise pas à empêcher les très fortes rémunérations. Mais si c’est le cas, le producteur devra aller chercher des financements ailleurs », note un spécialiste dans le journal économique.

Le barème est variable en fonction des devis de production. a rémunération la plus élevée ne pourra dépasser 5?% du devis. Cette règle s’applique aux rémunérations fixes, mais pas à la part variable que peuvent toucher les stars en fonction du succès en salle.

Rémunérations maximales:

  • Film inférieur à 4 millions d’euros : 15 % du coût de production
  • Film entre 4 et 7 millions d’euros : 8 % du coût de production
  • Film entre 7 et 10 millions d’euros : 5 % du coût de production
  • Film supérieur à 10 millions : 990 000 euros

Qu'on soit clair: le cachet maximal de 990000 euros touche très peu d'acteurs en France. On les compte sur les doigts d'une main. Mais cette mesure touche aussi réalisateurs, scénaristes ou producteurs. Ce plafond s'entend par personne et non par fonction: si un acteur assure également le scénario et/ou la réalisation, les plafonds restent les mêmes, ils ne se cumulent pas Cela veut dire qu'un Dany Boon ou un Jean Dujardin - comme autrefois un Pierre Richard ou un Alain Delon - sont directement concernés, cumulant parfois les quatre postes. Roman Polanski avec 1,3 millions d'euros de revenus en 2013 est impacté (réalisateur, scénariste). Une dizaine de réalisateurs en France pourrait subir ce plafonnement. Et pas forcément Laurent Tirard ou Fabien Onteniente.

En cas de dépassement de ces plafonds, le film sera privé des aides sélectives et le producteur ne pourra pas réinvestir son fonds de soutien du CNC dans cette production. Les chaînes de télévision seront aussi empêchées (en tant que coproductrices) d’investir leur fonds de soutien dans ces films. Vincent Maraval posait une question simple : "Est-il normal qu’un film reçoive du soutien alors qu’il fait travailler des gens pour des salaires qui dépassent le million d’euros ? Etait-ce cela le but du système de financement du cinéma français ?" Le CNC l'a entendu. Et sur le fond, il n'a pas tort. Pourquoi payer un film dont le but est commercial avec de l'argent public?

Mais, derrière ce "choc de simplication", apparaît finalement un casse-tête bien français. Car pour quelques stars concernées, on créé une règle stricte, qui, par définition, s'adapte mal à une "industrie" comme celle du cinéma. Surtout, les films du milieu vont souffrir. Ceux-là ont souvent besoin de têtes d'affiche ET d'aides publiques pour se financer puis se vendre à l'international. Comme l'explique également l'agent Elisabeth Tanner dans un entretien au Monde, "Pourquoi le fait d’écrire un scénario pendant un an et de jouer ensuite dans le film devrait-il conduire à limiter votre rémunération, alors qu’elle ne l’aurait pas été si vous vous étiez contenté d’écrire le scénario ?"

Au final, cette mesure pourrait entraîner quelques effet pervers: on réduira les cachets, mais, comme le souligne Marc Missionnier, producteur et président de l'Association des producteurs de cinéma: "Ce que les agents peuvent perdre en raison de cachets moindres, ils peuvent le gagner par un intéressement accru aux recettes". Ce qui réduira les marges de tout le monde et poussera les comédiens à prendre davantage de pouvoir dans le processus du film, comme aux Etats-Unis. Va-t-on arriver à un système où un acteur bankable bradera sa valeur marchande (certes aléatoire) mais réclamera un pourcentage astronomique sur les tickets, les ventes internationales et les diffusions TV/VOD/DVD en échange? Après tout c'est ce qui était proposé dans le rapport Bonnell, qui incitait au partage du risque commercial par les stars très bien payées.

Pourtant, globalement, les producteurs sont satisfaits. Ils rappellent que cette mesure ne concerne que 10 à 15 films par an au maximum. Et même moins cette année. Car, depuis la tribune de Vincent Maraval, la prise de conscience a été collective. Le marché s'est régulé de lui-même. Au final, avec ce cadre règlementaire, il y aura donc deux systèmes: un cinéma privé-public et un cinéma privé à but commercial, mais plus risqué.

Cependant, tout cela ne répond pas au véritable problème du moment: le financement des films (et pas seulement ceux du milieu). L'économie du cinéma français se précarise (lire également notre actualité du 15 novembre: La production française connaît sa pire année depuis 2010). La moyenne des budgets diminue année après année. Les tournages s'exilent dans des territoires fiscalement et socialement plus attractifs. La durée des tournages se réduit fortement, et, par conséquent, les intermittents affichent moins d'heures au compteur. Investissements en chute, distributeurs de plus en plus fragiles, tensions sociales (convention collective, régime des intermittents), etc.: les autres mesures, celles qui soutiennent la distribution par exemple, sont plus pertinentes.

Le débat sur les cachets est un faux débat quand un film est de plus en plus difficile à financer, même avec une vedette au générique. Le problème du cinéma français, c'est la place qu'il accorde aux scénaristes et aux réalisateurs qui ne sont plus assez "mainstream" pour les grandes chaînes de télévision. L'enjeu ce n'est pas de juger le salaire exorbitant d'une star (qui attire un million de personnes dans les salles et sept millions derrière le petit écran) mais de savoir pourquoi on produit encore et toujours de mauvaises comédies, avec des castings improbables.  Comme le titrait Première le mois dernier, la question est plutôt "Et si on faisait de bons films?" (dans de bonnes conditions) et pas "Et si on payait moins les acteurs?" (avec de bonnes intentions).

Le Festival du film asiatique de Deauville annulé en 2015

Posté par vincy, le 18 novembre 2014

"Les contraintes financières liées essentiellement à l'insuffisance des financements publiques (à l'exception de celui de la ville, principal partenaire) et privées nous amènent à le reformater, le modifier, le réorganiser" explique le communiqué du Public Système Cinéma pour justifier l'absence d'une 17ème édition du Festival du film asiatique de Deauville en 2015. Le Public Système Cinéma organise plusieurs festivals dont celui du Festival du film américain toujours à Deauville, qui lui-même est fragile.

Dans Le Figaro, Bruno Barde, patron de la manifestation précise que "Cela fait des années que nous produisons à perte, malgré la qualité de talents présents chaque année. Nous cherchons d'autres partenaires, mais dans la culture, il s'agit surtout de sponsors privés." L'annulation est temporaire. Une année 2015 sans ce festival.

Selon lui, "Le cinéma asiatique demeure un marché difficile, qui ne représente qu'1% des entrées en France. La réalité économique nous rattrapent. (...) La décision a été unanime entre les différents partenaires: la ville de Deauville, le Centre International de Deauville et nous."

"Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent"

Mais Bruno Barde ne veut pas y voir qu'une affaire d'argent. A juste titre, dans l'entretien, il déplore "qu'on ne parle que de Nabilla ou de vedettes" à la télévision. "Malheureusement, un réalisateur comme Kurosawa ne reste connu que par les spécialistes. L'Asie produit énormément: Hong Sangsoo, Park Chan-Wook... Les médias ne parlent que de Takeshi Kitano et de Wong Kar Waï! Et encore... Le problème, mais cela ne devrait pas en être un, c'est que le cinéma asiatique ne se repose pas sur des vedettes." Et il ajoute : "Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent. Le premier est constamment honoré. Si le talent se voyait soutenu, nous aurions plus de publicité et donc plus de sponsors. Malheureusement, le talent passe à la trappe."

De plus en plus de festivals sont fragilisés depuis la crise de 2007/2008. A commencer par Paris Cinéma dans la capitale. Et les sponsors privés préfèrent se concentrer sur les gros événements (récemment le Festival de Cannes a signé un contrat pluri-annuel avec le groupe de Pinault, Kering).

Si le cinéma asiatique disparaît de la côte normande, on peut toujours se consoler: le plus grand événement du genre en Europe, le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul tiendra sa 21ème édition du 10 au 17 février prochain.

Animation: un César en hiver et une faillite à l’automne

Posté par vincy, le 8 novembre 2014

mademoiselle kikiLe studio d'animation Les Trois Ours, basé à Angoulême, a été mis en liquidation le 24 octobre selon les informations de La Charente libre. Le message a été officialisé sur leur compte Facebook le 2 novembre.

Producteur du court-métrage Mademoiselle Kiki et les Montparnos, César du meilleur film d'animation en février dernier, le studio était en redressement judiciaire depuis un an. dans le quotidien régional Olivier Catherin, gérant des Trois Ours, explique: "Nous étions prestataires sur deux projets. Pour l’un, nous avons été payés avec six mois de retard. Pour le second, notre client a rompu le contrat sans nous prévenir." Les Trois Ours était également "en attente d’un projet de long-métrage qui a tardé à démarrer."

A cela s'ajoute les aides publiques qui ont été difficiles à récupérer. Olivier Catherin "met en cause le fonctionnement du fonds d’aides à la production", accusant nommément la région Poitou-Charentes.

Les Trois Ours a notamment produit Citrouille et vieilles dentelles (2010), Le Printemps (2012) et Betty's Blues (2013). Les projets en cours sont désormais dans l'incertitude.

Commission européenne: La culture aux mains d’un proche du dirigiste Viktor Orbán

Posté par vincy, le 27 octobre 2014

La culture a un nouveau commissaire européen. Adoubé par les grands partis politiques, rejetés, notamment par des formations comme les écologistes. Jean-Claude Juncker, président de la Commission, a donné le poste au Hongrois Tibor Navracsics. Son portefeuille comprend également l'éducation, la jeunesse et les sports (on lui a retiré symboliquement la citoyenneté). Il est placé dans le bas de l'organigramme. C'est dire l'importance d'un tel portefeuille dans la nouvelle commission. Pourtant, le choix du commissaire n'est pas anodin à un moment où la culture européenne peine à se construire et se protéger.

Navracsics succède à Androulla Vassiliou. Pour résumer son parcours, il fut Ministre des Relations économiques extérieures et des Affaires étrangères de Hongrie en juin 2014, après avoir été Vice Premier ministre et Ministre de l'Administration publique et de la Justice de Hongrie entre 2010 et juin 2014. Il a débuté comme chef de cabinet de Viktor Orbán, président du Fidesz-MPSz, en 2003, avant d'être élu membre de l'Assemblée nationale de Hongrie en 2006.

Un cinéaste réputé qui voit son financement public amputé

Son parti le Fidesz est fondé sur le conservatisme et le protectionnisme économique, un mélange de traditionalisme et nationalisme. Côté culture, le parti a fait très fort. Pour ne parler que de cinéma, le gouvernement de Viktor Orbán a mis la main sur le Fonds national pour le film hongrois (17.6 millions euros de budget annuel), qui a récemment retiré son aide financière au prochain film de György Palfi.

Selon Le Monde, le fonds souhaitait imposer au cinéaste un réalisateur adjoint, en charge des scènes d’action. Le directeur du Fonds national pour le film hongrois, Andrew G. Vajna, ancien producteur de Rambo et Total Recall et désormais homme d’affaires à la tête de casinos en Hongrie, trouvait le projet trop artistique et manquant de scènes d’action. Ultra-libéral, il a été nommé pour financer des films populaires et divertissants. L'accent est mis sur les comédies, films d'aventures, l'animation.

De plus, le Fonds a décidé de conditionner ses aides en s'octroyant le droit de modifier la version finale après des projections tests. Pour l'instant quelques films ont réussi à recevoir des fonds publics, notamment White God, de Kornél Mundruczó, Grand prix du jury Un certain regard à Cannes cette année et candidat hongrois pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Heavenly Shift (meilleur film à Fantasporto), Land of Storms (sélectionné à Berlin) et Lily Lane sont passés entre les mailles du filet.

Béla Tarr en exil

Parallèlement, le régime hongrois a créé une Académie des cinéastes pour contrer l’Association des cinéastes, dont le président, Béla Tarr (lire notre actualité du 24 février 2012: Horizon sombre pour le cinéma hongrois : Bela Tarr mène la révolte). Tarr réside désormais à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine).

Régulièrement, lors de projections de films hongrois dans des festivals comme Berlin, le gouvernement hongrois envoie des représentants pour tracter ou discourir sur l'aspect fictif des films et corriger la vision des cinéastes, qui ne reflète pas, selon le régime d'Orbán, la Hongrie.

En 2013, le Festival du film hongrois, vitrine annuelle de la production nationale, a été annulé, pour la première fois depuis 1965, à cause du nombre insuffisant de films produits en Hongrie.

Le dirigisme dans ses pires excès. Le cinéma n'est pas le seul secteur mis sous la coupe du gouvernement: les médias, Internet, les manuels scolaires sont autant de domaines où l'Etat décide de tout contrôler.

On comprend mal le choix de Jean-Claude Juncker pour son commissaire à la culture. Une provocation qui risque de créer de sérieuses frictions avec les acteurs de la culture européenne, alors qu'ils se battent pour défendre des mécanismes de financements et pour maintenir l'exception culturelle.

La France, l'Allemagne et l'Italie interpellent l'Union européenne

À l'occasion d'une grande conférence sur l'audiovisuel à Rome, il y a quelques jours, Peter Dingues, de la FFA, Roberto Ciccuto, de l'Istituto Luce-Cinécittà et Jean-Paul Salomé, d'UniFrance, ont interpellé le Conseil de l'Union européenne sur l'avenir du 7e Art européen, rappelle Le film français. Ils constatent que "quelque chose à l'intérieur de ce système ne fonctionne plus, nous perdons du public." Ils s'interrogent: "A quoi ressemblera le cinéma européen dans dix ans ?"

"Responsables de la promotion de nos propres cinématographies, nous souhaitons afficher notre volonté de réfléchir ensemble pour soutenir notre production, renforcer nos coproductions, favoriser la diffusion de nos films en Europe et dans le monde" expliquent-ils. "Alors que le nombre de films produits n'a jamais été aussi élevé, nous regrettons qu'ils ne soient pas plus visibles au-delà de leurs frontières. Dans les salles, notamment les multiplexes, sur les chaines de télévisions publiques, sur les écrans et les plateformes numériques, nous constatons leur trop faible présence, hors de leurs frontières. Nous devons inverser cette tendance. C’est pourquoi l’augmentation de la fréquentation des films européens est une de nos priorités majeures. Un meilleur accès aux cinémas européens doit s'organiser et se décide au moment où les habitudes de consommation des films évoluent. Nous devons agir avant qu'il ne soit trop tard.
Au moment où une nouvelle commission se met en place, il nous semble urgent et nécessaire de réaffirmer la qualité, la valeur, l'attractivité, l'originalité du cinéma européen car nous refusons de le voir se fragiliser face aux films hollywoodiens
."

Ils proposent six pistes:
1 - Rétablir un dialogue constructif avec les élus et responsables européens,
2 - Renforcer la collaboration européenne dans l'écriture, le développement, la production et la distribution de nos films,
3 - Travailler, avec l'UE, à ce que, particulièrement, les chaines publiques assument leur responsabilité de diffusions des films européens non nationaux,
4 - Adapter la régulation et la réglementation aux médias numériques en assurant le maintien et la défense du droit d'auteur qui n'empêche en rien la diffusion des œuvres quel que soit leur support,
5 - Appliquer les mécanismes de régulation aux nouveaux opérateurs numériques qui profitent de leur dimension transnationale pour échapper à leur juste participation à la création audiovisuelle européenne,
6 - Mettre en place une politique commune contre la piraterie audiovisuelle.

Vaste chantier pour un Commissaire qui, jusque-là, a adhérer à un gouvernement hongrois qui, à défaut d'être sanctionné, est souvent condamné par différentes institutions pour une politique peu respectueuse des traités européens.

Bilan très mitigé pour l’opération « 4€ pour les moins de 14 ans »

Posté par vincy, le 4 octobre 2014

4 euros pour les moins de 14 ansA l'occasion du Congrès des exploitants, Médiamétrie a réalisé une étude sur la fréquentation des salles de cinéma au premier semestre 2014, soit la période qui correspond aux six premiers mois de l'opération "4€ pour les moins de 14 ans".

Cette opération a subit de nombreuses critiques, notamment en provenance des distributeurs et des producteurs qui pointaient le risque d'un effet d'aubaine insuffisant pour compenser la perte financière d'un ticket au rabais.

L'étude prouve qu'ils avaient peut-être raison. On reste peu convaincu par l'impact de cette mesure à la lecture de cette enquête.

La part de marché des 6-14 ans diminue

Certes la fréquentation des 6-14 ans progresse de 18% par rapport au premier semestre 2013. Mais la fréquentation globale a également augmenté fortement. Résultat : au premier semestre 2013, les 6-14 ans représentaient 15% des spectateurs et un an plus tard ils ne sont plus que 14,7%.

D'ailleurs, en répertoriant les résultats enregistrés au box office, rien ne plaide pas en la faveur de cette opération. Prenons le cas typique des films d'animation et pour enfants. Les 7 films "pour enfants" les plus populaires sortis entre janvier et septembre 2014 ont totalisé 14,3 millions d'entrées, tandis que les entrées étaient en très forte hausse par rapport à l'an dernier. Or, le Top 7 de janvier-septembre 2013 totalisait 16,5 millions d'entrées!

Le tarif n'a rien changé au comportement de 61% des spectateurs sondés

Au fil de l'enquête, on s'aperçoit que seulement 20% des Français interrogés ne seraient pas allés voir un film si le tarif n'avait pas été baissé. Autrement dit, pour 61% des sondés, le tarif n'a rien changé, hormis pour leur porte-monnaie (ce qui n'est déjà pas si mal). A la question "Suite à cette mesure, j'irai au cinéma avec une personne de moins de 14 ans...", 56% répondent "autant qu'avant la mesure." 43% pensent qu'ils iront plus souvent.
De plus, la crise économique joue en la faveur de tarifs préférentiels. Les spectateurs se sont habitués à ce tarif. Difficile de revenir en arrière: 38% des personnes interrogées estime qu'ils changeront leur comportement si leur cinéma ne propose plus ce tarif. 36% ne changeraient rien.

La moitié des sondés bien informée sur cette opération

L'opération 4€ n'a pourtant pas souffert d'un manque de publicité. 46% des français interrogés connaissent le prix d'une place de cinéma pour les moins de 14 ans. Ils sont 52% a avoir vu ou entendu une communication sur cette mesure. Le cinéma et Internet ont joué un rôle particulièrement important dans la connaissance de cette information, loin devant les médias traditionnels.

Les petites ambitions cinématographiques de Netflix

Posté par vincy, le 2 octobre 2014

michelle yeoh tigre et dragon

Netflix s'est fait connaître avec les séries (House of Cards). Mais la société américaine a aussi des ambitions dans le cinéma. En annonçant à deux jours d'intervalle deux partenariats exlcusifs de production cinématographique, le "leader mondial de la TV en streaming" (50 millions d'utilisateurs selon ses propres chiffres) affiche ses velléités.

Netflix proposera ainsi le 28 août 2015 la suite de Tigre et Dragon ( Crouching Tiger Hidden Dragon 2: The Green Destiny). Le film sortira en simultané dans les salles IMAX et sur le petit écran, dans tous les pays où le service est présent. Modérons le coup d'éclat : en France, avec la règlementation sur la chronologie des médias, une sortie simultanée en SVàD et sur grand écran est impossible - il ne sera donc disponible qu'en SVàD; et aux Etats-Unis, deux grands circuits de salles (Regal et Cinemark) ont déjà refusé de sortir le film dans leurs salles Imax s'il sort en même temps en SVàD.

Le film, produit par Miramax, est réalisé par Yuen Wo-ping et seule Michelle Yeoh reprend du service dans un casting où l'on retrouve Harry Shum Jr. et Donnie Yen.

Ensuite, ce matin, Netflix a envoyé un communiqué indiquant qu'elle diffusera quatre films produits et interprétés par Adam Sandler, l'un des comédiens les plus populaires aux Etats-Unis (même si son étoile pâlit au box office ces dernières années). Ils seront destinés exclusivement aux utilisateurs de Netflix. "Quand on m'a proposé de faire quatre films, j'ai tout de suite dit oui parce que Netflix c'est trop de la balle! En avant le streaming!" a lancé Adam Sandler. En dehors de Copains pour toujours et de sa suite, Sandler a surtout connu d'importantes déconvenues au box office. Son dernier film Blended n'ayant rapporté que 46M$ et Crazy Dad à peine 37M$. Pour Sandler, c'est une manière de reconquérir son public, plus apte à s'amuser de ses frasques en vidéo le samedi soir. Pour Netflix, c'est l'assurance de proposer des comédies populaires.

Mais pas de quoi faire bondir les utilisateurs français, public ingrat qui n'a jamais vraiment été séduit par l'humour de Sandler.

Loin d'être encore une menace pour ses concurrents français

Ce n'est pas encore avec ces deux premières annonces que Netflix va jouer les perturbateurs dans l'industrie du cinéma - tout comme il n'a pas encore révolutionné l'industrie des programmes pour la télé et internet. Pas de quoi faire peur non plus, en France, au contributeur historique du cinéma français, Canal +. Et quand bien même, Netflix France annoncerait de telles ambitions, il faudrait que la société se plie aux règles de la concurrence et interviennent sur plusieurs films locaux par an.

En s'installant au Luxembourg, comme Apple et Amazon, Netflix y gagne fiscalement et financièrement, c'est certain, et s'enlève de nombreuses contraintes juridiques, c'est évident. Mais le groupe doit contribuer au financement de la production audiovisuelle française en devant verser 2% de son chiffre d'affaires en France au Centre national du cinéma et de l'image. Et Netflix devra payer la TVA à partir du 1er janvier sur ses recettes françaises. En revanche, il ne peut solliciter aucune aide à la production.

Pour l'instant Netflix échappe à l'impôt français sur les sociétés, à l'obligation de signalétique d'âge et aux quotas (60% de contenus européens et 40% de contenus français dans son catalogue). Il ne doit pas non plus s'assurer que 12% de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français.

La solution pour remédier à cette distorsion de concurrence ne peut venir que de la nouvelle Commission européenne, qui doit poursuivre le travail de la précédente en obligeant tout diffuseur à respecter les règles du pays auxquels sont destinés les contenus. Si un contenu est diffusé ou consommé en France, le groupe devra respecter les lois françaises.

Même la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, s'est résolue à ce principe. Jusque là, cette spécialiste du numérique avait, diplomatiquement, chercher à ne pas de fâcher avec les multinationales du Net.

"C'est une situation qui ne doit pas se régler en vilipendant les sociétés qui font ce choix, puisque c'est un choix de rationalité économique", mais en "faisant en sorte qu'on harmonise les conditions fiscales au niveau européen", avait-elle déclaré il y a un mois. Elle va désormais plus loin : "L'avantage concurrentiel qu'ils en retirent doit par conséquent être neutralisé", désignant Netflix, débarqué en France le 15 septembre, sans jamais le citer.

En deux semaines, le réseau français compterait plus de 100 000 utilisateurs en France (Canal + en revendique près de 10 millions et son service de SVàD CanalPlay environ 500 000). Le chiffre peut paraître impressionnant : mais n'oublions pas que l'offre est gratuite pour le premier mois d'abonnement. Reste à savoir combien de téléphages paieront entre 8 et 12 euros par mois pour voir les films et séries de Netflix.

La fin de Paris Cinéma?

Posté par vincy, le 14 août 2014

paris cinéma 2014 © paris cinéma11 ans après sa création par Bertrand Delanoë, à l'époque Maire de Paris fraîchement élu, et Christophe Girard, alors adjoint à la culture, le festival Paris Cinéma aurait du plomb dans l'aile. Après quelques années d'hésitation sur sa forme (Paris Cinéma refusait même l'appellation festival à ses débuts), la manifestation avait pourtant pris sa vitesse de croisière, entre événements publics et fédérateurs, rétrospectives avant-premières de films venus du Festival de Cannes et projections d'une sélection art-et-essai assez pointue. Le public a, cette année, couronné le film Party Girl, caméra d'or 2014.

Pourtant, selon Le Monde, Paris Cinéma est menacé. La Ville de Paris cherche à faire des économies budgétaires : la subvention qu'elle octroie à Paris Cinéma est sur la sellette. Un bilan doit être réalisé. Le quotidien explique que les aides municipales ont déjà été réduites de 300 000 euros sur quatre ans (ce qui est énorme pour une manifestation de ce genre). Mais le Festival coûte encore 740 000 euros à Paris (ce qui n'est pas grand chose mais les finances de la ville ne sont pas au beau fixe). Et l'argent récolté par le biais de la billetterie est entièrement reversé aux salles de cinéma participantes (ce qui est une bonne chose sous cet aspect de subventions déguisées).

La baisse des subventions a amené Paris Cinéma à réduire sa programmation pléthorique en divisant le nombre de films projetés par trois et sa durée, raccourcie (un peu). D'autant que les années de Coupe du monde, la fréquentation est toujours en baisse. Si cette année, aucun chiffre n'a été communiqué, on sait, malgré tout, que des séances et des événements ont fait le plein.

Si on a du mal à croire à la fin de Paris Cinéma, sachant que le public et les artistes répondent présents et que les salles de cinéma et les distributeurs sont demandeurs, le festival devrait être remanié. Paris contribue déjà à un Festival de cinéma, Mon premier Festival, pour les enfants, et aide de nombreux autres festivals dédiés au cinéma allemand, israélien, brésilien. La capitale accueille également le récent Champs Elysées Film Festival, les festivals en plein air en été, les festivals thématiques organisés par le Forum des images, le Centre Pompidou ou la Cinémathèque française (Réel, Etrange, Films restaurés)... C'est logique pour une capitale cinéphile mais ce grand embouteillage d'événements n'aide pas à la visibilité des plus fragiles.

Impossible de savoir sous quelle forme pourrait ressembler un futur Paris Cinéma. Sans doute lui manque-t-il une personnalité propre. Absent du transmédia, pas assez virtuel, trop calqué sur le modèle d'autres festivals du même genre sans avoir de réelles primeurs pouvant intéresser les médias, en s'associant à d'autres festivals parisiens tout au long de l'année (Paris Cinéma deviendrait un label), les pistes ne manquent pas pour que Paris Cinéma ait de l'avenir, quitte à réduire sa durée et ses ambitions.

La fin du rêve de Michel Gondry ?

Posté par vincy, le 17 juillet 2014

michel gondry à aubervilliers l'usine à rêves

Dans un premier temps, début juillet, la ville d'Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis) a annoncé  l'abandon du projet d'"usine des films amateurs" imaginé par Michel Gondry, "pour des questions budgétaires". Il s'agissait d'un espace gratuit et ouvert à tous qui devait voir le jour en 2016.

Porté depuis trois ans, et annoncé au mois de janvier par l'ancienne municipalité socialiste, le projet devait financer la réhabilitation de l'ancienne manufacture des allumettes - bâtiment industriel de 1000 m2 à la cheminée classée aux monuments historiques - pour que "l'usine de films" puisse permettre de créer une histoire et de la tourner en trois heures dans des décors de cinéma créés grâce à des objets de récupération.

Pas d'argent selon la nouvelle équipe municipale

La nouvelle municipalité argue qu'aucun financement n'avait été acté au moment des annonces. A la surprise générale, elle s’est opposée au projet. Evalué à 1,8 millions d'euros, l'usine coûterait en fait 2,7 millions d'euros, hors budget de fonctionnement, selon la ville désormais communiste. Aubervilliers ne s'était engagée qu'à hauteur de 500 000 euros. « .D'autres financements sont plus importants pour la commune. L'idée était superbe, mais ce n'est pas faisable, pas viable, et le maire a simplement pris ses responsabilités » se défend la mairie.

Une fois l'information publiée sur le site du Parisien, et confirmée par l'AFP, l'emballement médiatique "local" a suivi.

La Fondation du patrimoine, qui a soutenu le projet, s'est dite consternée. Son porte-parole rappelait que « cette usine des films amateurs proposait d'ouvrir la culture à des gens qui n'y ont pas forcément accès, tout en réhabilitant un bâtiment industriel extraordinaire pour lui offrir une seconde vie. »

Un projet parmi les moins coûteux selon la région

Mais la Fondation a été incapable de récolter plus de 515 euros par le biais de la souscription lancée sur son site web. Mais Safia Lebdi, élue Europe Ecologie-Les Verts au Conseil Régional, confirme que « c'est un des projets de réhabilitation les moins coûteux en Ile-de-France. Et il y a plein de moyens de financement, divers fonds, c'est seulement une question de volonté politique. » En charge de la commission culture en Ile-de-France, elle rappelle, au journal Le Monde, qu'une « convention de mécénat a été signée à la mi-janvier pour la restauration, avec le département et la région, et des acteurs privés : la fondation du patrimoine et la Fondation du Crédit coopératif »

Aubervilliers  avait acquis le site en 2011 pour 8 millions d'euros. En manque de terrains, elle en avait besoiin pour construire une nouvelle école élémentaire avant de revendre le reste à un promoteur de locaux d'entreprises, Sirius. Pour 8 millions d'euros. Sirius voulait faire du projet de Gondry une tête de gondole pour attirer des sociétés culturelles et audiovisuelles.

Des chiffres farfelus selon l'ancienne équipe municipale

Vendredi 11 juillet, Michel Gondry a rencontré le maire, Pascal Beaudet. Il a obtenu un délai, selon l’AFP, avant un abandon définitif afin que la ville puisse trouver le financement. Une prochaine rencontre aura lieu à l’automne. Une nouvelle hypothèse serait de trouver un autre lieu, moins coûteux. « J'étais très touché de pouvoir investir ce lieu, qui est super. Mais ça peut être ailleurs, l'important c'est que ça existe », a déclaré Michel Gondry, lors d'une rencontre avec la presse. Il ne veut pas que son usine soit dans une banlieue chic, mais bien dans un endroit populaire, ouvert aux jeunes et aux scolaires : « L'usine de films amateurs doit être l'endroit de la mixité, des rencontres, de l'amusement. »

Mais la polémique a déjà enflé et dérape dans des querelles de clochers rancunières entre l’ancienne et la nouvelle équipe municipale. Au journal Le Monde, Anaïs Bouhloul, membre du cabinet de l’ancien maire, conteste les affirmations financières de la société. « L'étude de programmation financée par le conseil régional du tourisme proposait deux options, l'une à 2 millions avec une salle de projection et un aménagement des espaces extérieurs, une autre à 1,5 million. Je ne sais pas sur quoi se base ce nouveau chiffre. » Quant au budget de fonctionnement, il incombe aux équipes de Gondry qui doivent juste engager « un directeur, un administrateur et une personne chargée du public, et embaucher des étudiants en cinéma pour guider les tournages, comme c'était le cas à Beaubourg ».

En effet, l’usine à rêves a déjà existé de manière itinérante au Centre Pompidou, à Paris mais aussi à New York ou au Brésil. Désormais Lille, Maubeuge, Créteil, Tokyo l’attendent pour une durée toujours déterminée.

Quant à Gondry, il se fait fataliste : « nous serons également très heureux d'être accueillis dans une autre commune qui pourrait être intéressée ». Avis aux communes intéressées.

Box office, production : le cinéma français entre rires et larmes

Posté par vincy, le 13 juillet 2014

qqu'est-ce qu'on a fait au bon dieu?

Le cinéma français peut pousser un grand cocorico national à la veille du 14 juillet. Le premier semestre a rassuré tout le monde : les spectateurs sont revenus, après une année 2013 décevante. Juin n'a pas été un bon mois (soleil et mondial ont été fatals): les blockbusters américains n'ont pas répondu aux attentes, les gros films français n'étaient pas vraiment bons et les films d'art et essai ont de plus en plus de mal à séduire un large public. Pourtant, 106,2 millions de spectateurs sont venus voir un film durant les six premiers mois de l'année. C'est une progression de 11,4% par rapport au premier semestre 2013.

Un spectateur sur deux est allé voir un film français

Mieux, la part de marché des films français est passée de 33,8% pour l'année 2013 à 48,5% pour le premier semestre 2014, surclassant ainsi un faible cinéma américain. 11 des 27 films ayant séduit plus d'un million de spectateurs sont nationaux. Un a dépassé les 10 millions d'entrées il y a quelques jours (Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu?, 8ème film français le plus populaire depuis la seconde guerre mondiale) et un autre les 5 millions d'entrées (Supercondriaque). Les comédies françaises ont le vent en poupe. Le Top 10 provisoire de l'année en compte 5 : outre les deux cités auparavant, on compte aussi Les 3 frères : le retour, Babysitting et Fiston. Un sixième film français se classe dans ce Top 10, La belle et la bête. Côté comédies, ajoutons les beaux scores de Barbecue, du Crocodile du Botswanga et de Sous les jupes des filles.

Les franchises, valeurs sûres américaines

Les films américains semblent bien en retrait. Même s'il ne faut pas oublier les cartons en janvier de films sortis à la fin 2013 (La Reine des neiges, Le Loup de Wall Street, Le Hobbit 2), Hollywood n'a eu que deux films franchissant les 3 millions de spectateurs (Rio 2 et X-Men : Days of Future Past, qui a réalisé un score supérieur à tous les épisodes de la franchise). Deux autres films, des produits Marvel, se classent dans le Top 10 : Amazing Spider-Man 2 et Captain America 2. Dans les semaines à venir, Dragons 2, et sans doute Transformers 4 et la suite de la Planète des singes devraient rééquilibrer le rapport de force France/USA.

La diversité de l'offre, facteur dynamique

En fait, les Américains ont surtout fait des étincelles avec des films d'auteur comme The Grand Budapest Hotel, 12 Years a Slave et Monuments Men qui ont compensé des grosses déceptions et des fiascos.

Tout comme l'animation reste une valeur sûre avec des succès comme La grande aventure Lego, M. Peabody ou Clochette et la fée pirate. N'oublions pas le film français Minuscule ou les succès japonais Le vent se lève et Albator, sorti à Noël. La diversité continue de payer : des films comme Yves Saint-Laurent, Philomena ou Deux jours, une nuit ont trouvé écho auprès d'un large public, qui, hélas n'a pas effacé les nombreuses déconvenues...

Le cinéma français, industrie "low cost"

Pourtant, des risques d'inquiétude pointent. Contre-coup de la crise économique, des mauvais résultats de l'année 2013 qui ont fragilisé les distributeurs, les investissements sont en chute libre au cours de ce premier semestre. -13%, ce n'est pas rien. Même s'il est trop tôt pour faire un bilan, on note qu'à nombre de films quasiment égal (114 en 2014 versus 133 en 2013), les budgets sont en baisse. Le devis moyen est ainsi passé de 4,37M€ au premier semestre 2013 à 3,08M€ au premier semestre 2014. Un seul film (contre quatre l'an dernier) dépasse les 15M€ de budget, Taken 3.

Alors que le gouvernement menace une fois de plus de ponctionner de l'argent dans les caisses du CNC, ces chiffres ne rassurent pas pour l'avenir du cinéma français, qui vire à l'économie low cost. L'an dernier, les deux tiers des projets déposés affichaient un budget de moins de 4 millions d'euros : désormais cette proportion est passée aux trois quarts. Certains évoquent la nouvelle convention collective avec un régime dérogatoire qui "profite" aux très petits films. Mais peu importe les causes. Si les producteurs n'investissent que dans des petits films destinés au festival ou des comédies populaires avec des stars de la scène ou de la télé, c'est bien la qualité française qui y perdra. Et au final, l'embellie du premier semestre ne sera alors qu'un chant du cygne pour un cinéma schizophrénique entre les films d'auteurs acclamés par la critique et les films que vont voir les français dans les salles de cinéma.

On en revient toujours aux "films du milieu", qui ont de plus en plus de mal à exister dans ce panorama entre fanfare et déprime.