Jafar Panahi : »Maintenant je suis obligé de faire des films dans mes rêves »

Posté par MpM, le 4 juin 2010

Libéré sous caution le 25 mai dernier, le réalisateur iranien Jafar Panahi est revenu cette semaine sur les conditions dans lesquelles il lui faut travailler en Iran. "Parfois j'ai l'impression que le seul fait de penser à faire un film peut être un crime ici, que juste l'idée de le faire peut être sanctionné. C'est peut-être même suffisant pour aller en prison", a-t-il notamment déclaré dans une interview diffusée sur Arte. Mi-avril, le ministère iranien de la Culture avait en effet justifié son arrestation par le fait qu'il "préparait un film contre le régime portant sur les évènements post-électoraux", ce que le metteur en scène a depuis démenti.

Toutefois, il a avoué qu'il ne "peut pas arrêter de travailler ni arrêter de penser à faire des films ou arrêter d'en rêver". Avant d'ajouter : "Il faut laisser passer le temps. Je ne vis que quand je fais des films. Maintenant je suis obligé de faire des films dans mes rêves, parfois dans ma tête, alors on verra bien ce qui m'arrivera."

Dans un autre entretien, en partie retranscrit sur le site internet de la revue La règle du jeu, Jafar Panahi a très clairement réaffirmé son désir de tourner : "Quoi qu’il en soit, je suis avant tout réalisateur, je continuerai ma route et de nouveaux films de moi verront le jour".

Le cinéaste a également souligné l'impact de la mobilisation internationale en sa faveur durant les trois mois qu'a duré sa détention. "Je remercie tous mes amis, de par le monde entier (...) car moi, de l’intérieur de la prison, je n’avais aucune nouvelle du monde extérieur. Je suis peu à peu en train de me rendre compte de tout cet engouement autour de moi", a-t-il dit, précisant que les larmes de Juliette Binoche ont eu d'importantes conséquences en Iran "y compris chez le peuple (...) alors que la télévision iranienne n’a pas montré cette scène".

Cannes 2010 : Rachid Bouchareb veut éteindre la polémique

Posté par Sabrina, le 14 mai 2010

Quelques mots du cinéaste en réponse à la polémique que suscite d'ores et déjà Hors la loi...

"Depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de mon film Hors La Loi, alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film... Devant de telles passions et dans un souci d'apaisement, il m’apparaît important de rappeler deux choses :

* Hors la loi est un film de fiction, une saga qui raconte l’histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l'indépendance de l'Algérie en 1962.

* Il faut qu’il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets. Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule. Attaché comme je le suis à la liberté d’expression, il me paraît normal que certains puissent être en désaccord avec mon film, mais je souhaite que ce désaccord s’exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d’idées.
Pour le monde entier, la France est une terre de liberté et je suis particulièrement fier d’y montrer mon film, dans le plus prestigieux des festivals. Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein.
" - Rachid BOUCHAREB

Vous n'avait pas pu y échapper : dès Cannes 2006, Bouchareb défrayait la chronique avec son passionnant Indigènes, film récompensé d'un quintuple Prix d'interprétation masculine. Hors-la loi sera présenté en compétition le 21 mai prochain.

A juste titre, la liberté d'expression commence toujours dès lors que l'encre vient entacher l'ordre établi. En la matière, il y a fort à parier : ce n'est ici qu'un début ! Bienvenue à ce nouveau long et manifeste signé d'un "indigène" qui revendique fièrement son identité... de cinéaste !

Gainsbourg censuré : fume du Belge et la moquette avec !

Posté par benoit, le 23 novembre 2009

Gainsbourg, vie héroïqueQuel est le point commun entre André Malraux, Jean-Paul Sartre, Lucky Luke, Jacques Tati, Coco Chanel/Audrey Tautou, Serge Gainsbourg/Eric Elmosnino ?... Tous, sur des visuels vantant leur personnalité, ont été amputés de leur objet de fumaille.

En 1995, André Malraux voit sa cigarette disparaître de son bec sur un timbre poste. En 2005, exit la sèche de Jean-Paul Sartre sur l’affiche de l’exposition à la Bibliothèque Nationale de France. En 2008, celle de Jacques Tati à la Cinémathèque casse sa pipe au profit d’un tourniquet qui rit tout jaune en prenant une allure sinistre de jour de fête.
La débilité du consensualisme ambiant ne s’arrête pas là. Elle éradique aussi la tige des êtres fictifs. Dans ses BD, Lucky Luke a les poumons sains puisqu’il a lâché son sempiternel mégot au profit d’un … brin d'herbe !

Telle hier la clope de Coco avant Chanel de Anne Fontaine, c’est au tour des volutes de fumée de Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar de quitter l’affiche. Début 2010, elles s’évaporeront si bien dans les airs (purs, bien sûr !) que nul ne les verra dans les couloirs de métro. Condamné par la régie publicitaire de la RATP, au nom du respect de la loi Evin contre le tabac, Gainsbarre le Dieu fumeur de Gitanes, n’est pas près de griller une brune en la voyant briller au fond de ses yeux, nom de Dieu !

Pendant longtemps, j’ose confesser que j’ai mis ma santé en péril en fumant au minimum deux paquets de cibiches par jour. Grand adepte de la succion, je ne cessais de tirer ma clope et avalait la fumée profond, très profond. Le non-fumeur était alors - à tort ! - considéré comme un pisse-froid et un rabat-joie. Pour les besoins d’un film, j’ai cessé mon vice à l’entrée du XXIe siècle.

Grand bien m’a pris ! J’ai évité de justesse le tsunami cleano-écolo-Hulot qui stigmatise et traque le pollueur tabagique. Race à proscrire de l’humanité, le fumeur est à présent relégué sur les balcons dans les dîners, expulsé des restaurants et des cafés, parqué sur les trottoirs, exposé aux frimas en espérant que le virus h1N1 n’en fasse qu’une bouffée. Euh, pardon… une bouchée !

Attention, messieurs les censeurs et les biens pensants ! Savez-vous que le mieux  s’acoquine souvent avec l’ennemi du bien ? Savez-vous qu’en gommant l’existence du vice à la face du monde, vous exciter la turgescence de l’interdit ?

J’en suis la preuve vivante. À cause d’une éducation judéo-crétine, j’affectionne le désordre. J’aime le mélange un peu crade des couleurs et des odeurs. J’adore les bouts qui dépassent et les tiges qui crachent. Oups, j’en ai peut-être trop dit… Allez, comme je suis brave fille, je vous laisse le droit d’effacer tout ce qui fait tache. Moi, je vais fumer du Belge et la moquette avec !

Polanski : la passion au coeur des lobbyistes (4)

Posté par vincy, le 12 octobre 2009

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"Nous attirons l'attention sur le fait que le départ de Polanski des Etats-Unis n'était qu'une fuite devant un lynchage juridique."

Mardi. Les victimes montent au créneau. L'insignifiance du crime, la banalisation du viol les révolte. La bataille médiatique change de camps.

"Les accusations de viols sur un enfant de 13 ans, ce n'est pas quelque chose d'anodin, quelle que soit la personne qui est soupçonnée d'avoir fait cela" affirme le Vice-Président (UMP) de l'Assemblée Nationale, Marc Laffineur. Plusieurs associations de défense des femmes et des enfants maltraités embrayent et s'indignent officiellement de la complaisance à l'égard du cinéaste. "Tout ce tapage médiatique m'étonne. Est-il normal qu'un homme de plus de 40 ans ait des relations sexuelles avec une jeune enfant de 13 ans? Je pense qu'on fait un amalgame, ce monsieur est sans aucun doute un réalisateur très talentueux, c'est néanmoins un homme. Et il est donc soumis à ce titre-là à toutes les règles sociales, sociétales, de notre monde actuel." (L'enfant bleu)

Le Collectif Féministe contre le viol (CFCV) "s'indigne de voir des hommes politiques et des journalistes banaliser des viols commis sur une fillette de 13 ans en parlant de "relation" avec une adolescente."

Un problème de justice ou de morale?

Du coup, Daniel Cohn-Bendit, lui-même mis en cause pour des écrits controversés datant de 1975 sur la sexualité des enfants, a pris le contre-pied des nombreux soutiens au réalisateur. "C'est un problème de justice et je trouve qu'un ministre de la Culture, même s'il s'appelle Mitterrand, devrait dire "j'attends de voir les dossiers."

Les élus et personnalités publiques ne savent plus quoi dire dès le troisième jour. L'affaire est complexe, la situation les laisse perplexe. Ils sont embarrassés, au mieux. Certains commencent à distinguer l'acharnement de la méthode mais aussi la gravité des faits.

En Pologne, la même confusion entraîne les mêmes effets : des déclarations contradictoires. Les cinéastes polonais coupent la poire en deux : "Les évènements d'il y a 30 ans et le rôle que Roman Polanski y avait joué méritent un jugement moral négatif. Mais nous attirons l'attention sur le fait que le départ de Polanski des Etats-Unis n'était qu'une fuite devant un lynchage juridique."

Chaque groupe met la pression sur les médias pour faire entendre son point de vue : justice ou pardon, morale ou prescription.

Les Américains, médias comme citoyens, sont en revanche beaucoup plus clairs : "Mais quelle injustice y a-t-il à présenter devant la justice quelqu'un qui a plaidé coupable dans une affaire de viol avant de s'enfuir, indépendamment du talent qu'il pourrait avoir ?" écrit le New York Times.

Pourtant de gauche, le Los Angeles Times va plus loin. "Les défenseurs de Polanski ont perdu de vue la vraie victime. J'aimerais leur demander, si la victime était leur fille, s'ils seraient toujours aussi arrogants. Il a pu y avoir des irrégularités judiciaires mais aucune irrégularité n'est plus grande que celle de n'avoir retenu contre Polanski (à l'époque) que l'accusation la moins grave."

On nage en plein populisme. Dans le même temps, au Mexique, c'est l'écrivain gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de Littérature, qui se voit accusé de délit d'apologie de la pronographie infantile à travers un livre publié il y a 5 ans. Et le front National en France va commencer sa chasse aux sorcières contre Frédéric Mitterrand.

On amalgame - le mot de la semaine! - homosexualité,  élites, pédophilie, pornographie, ... le climat est nauséeux et n'incite pas à la lucidité. Rien n'est humain : ni le fait de violer une fille et de ne pas l'avouer, ni le fait de persécuter un homme durant trente ans. Mais la justice américaine se serait-elle acharnée si Polanski avait été Monsieur tout-le-monde? Et pourquoi les parents de la victime ont livré leur fille de 13 ans en pâture à un appareil photo, le soir, dans une villa de Los Angeles, sans être vigilent et même présent? 

Deneuve se souviendra du Festival de Versiliana…

Posté par vincy, le 10 août 2009

cdmp1.jpgOn a pu le lire partout : Catherine Deneuve huée en Toscane pour avoir lu le texte de Georges Pérec, Je me souviens. Toute la presse a repris la dépèche. Les sites webs clonant les dépêches d'agences de presse, les journaux réservant un filet à l'affaire. Pas seulement en Italie et en France, mais dans toute l'Europe. Epiphénomène concernant 200 personnes (et seuelemnt 80 râleurs), et sans doute une élite italienne voulant se payer La Deneuve. Pourtant il y avait autre chose à en dire : il s'agissait des premiers pas de l'actrice sur les planches... Le même soir, dans le même festival, le comique Maurizio Battista n'est pas venu sur scène. Et avant cela, le one-man show d'Enrico Montesano, mais aussi les représentations de Carmina Burana et le Boléro de Ravel ont été annulés, faute de remplissage. En fait la crise touche l'ensemble l'événement : peu de touristes, des tarifs trop élevés, aucune star même locale n'a été épargnée par la désaffection des spectateurs.

Mais revenons à Deneuve. Si elle a tant cristallisé les rancoeurs, c'est bien à cause de son statut. On en compte à peine dix comme elle en Europe.

Rappel des faits. Dépêche AFP.
"Catherine Deneuve a été copieusement sifflée mercredi soir dans un festival culturel de Toscane rapporte jeudi la presse italienne, le public ayant été irrité semble-t-il d'un texte largement dit en français. Les spectateurs mécontents ont obtenu d'être dédommagés par les organisateurs qui ont dû faire appel à la police pour maintenir le calme.

A l'issue de la lecture du texte "Je me souviens" de Georges Perec par l'actrice française et par l'acteur italien Michele Placido, spectacle présenté en avant-première mondiale au 30e festival La Versiliana de Lucques (près de Pise, ndlr) le public, sans doute dérouté parce que la pièce était largement en français, s'est déchaîné en sifflets et cris de protestation. (...) La foule n'a accepté de quitter les lieux qu'après la proposition des organisateurs d'assister gratuitement à un autre spectacle du festival. "Peut-être que Catherine Deneuve devrait faire un effort et jouer en italien" lors des prochaines représentations si un système de sous-titres n'est pas mis en place, a admis son partenaire sur scène Michele Placido (...). Recueil de souvenirs accompagnés de chansons et d'images des années 50, 60 et 70, le spectacle de 4O minutes en français et en italien de Renato Giordano se voulait ironie du sort un hommage à l'actrice française."

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Un festival prestigieux mais amateur et subissant de plein fouet la crise

On peut être surpris d'ue telle aggressivité pour "ça" ou que Deneuve, qui parle italien, n'ait pas lu le texte dans la langue locale.

Mais dans ce "scandale", la faute en est aux organisateurs du Festival. Il est étonnant d'ailleurs qu'aucun média n'ait été plus loin que l'aspect sensationnaliste dans cette histoire. Aucun recul, aucune profondeur. On lâche les chiens et après on passe au scandale suivant.

Pourtant personne n'en fait tout un plat quand Roberto Benigni se produit en italien sur la scène du Grand Rex à Paris.  Rappelons que le Festival d'Avignon accueille chaque année des spectacles internationaux, diffusés dans la langue du pays d'origine et parfois sans aucun sous-titre. Ne parlons pas de spectacles vivants - comédies musicales d'une troupe étrangère ou opéra - qui sont juste sous-titrés quand ils passent au Châtelet ou à Chaillot. Et demande-t-on à un chanteur anglais ou américain de traduire ses chansons lors d'une tournée mondiale?

En fait l'accusation doit se porter sur ce vénérable festival culturel italien. Première faute : ne pas avoir prévenu le public que la lecture se ferait en deux langues. Même si ce n'était pas prévu ainsi, même si contractuellement Deneuve n'avait pas fait spécifier ce détail, les organisateurs auraient du le mentionner sur le site internet, dans le programme, à l'entrée de la salle. Un amateurisme inacceptable. Ce n'est pas Deneuve qu'il fallait huer mais bien La Versiliana.

Deuxième faute : le titre même du spectacle est en deux langues. "Mi Ricordo - Je me souviens". Avec une comédienne française et un comédien italien, le bilinguisme paraissait peut-être naturel aux yeux des organisateurs. Mais pas à ceux du public. Public italien qui ne pratique plus le français comme il y a trente ans. La langue de Molière n'est plus la première langue étrangère de prestige étudiée en cours, celle de Shakespeare l'ayant supplantée. Or il n'y a pas pire spectacle que celui où d'une part on est décu, d'autre part on ne comprend rien.

Michele Placido a raison : il suffisait juste de mettre des sous-titres. C'est le minimum. Et c'est assez simple. Surtout si l'on veut que le spectacle puisse voyager...

Au lieu de siffler la star, jetons des tomates à ceux qui ont conduit à ce massacre médiatique.

Woody Allen, habile séducteur

Posté par vincy, le 19 juin 2009

On l'a lue ou vue partout. Une dépêche "people" donc banale et sans intérêt pour notre culture (la culture?) que tout le monde a repris à l'unisson hier et aujourd'hui. "Woody Allen rêve de faire tourner Carla Bruni-Sarkozy dans un de ses films" titrait l'AFP. Un joli mélange de célébrité(s), de politique et d'artistique. Tandis que des festivals ou des artistes se battent pour avoir 800 signes dans un canard, là, n'importe quel rédacteur en chef culture a su trouver de l'espace pour la brève.

En séance de promotion pour Whatever Works qui sort le 1er juillet en France, Woody Allen ne faisait que répondre à une question idiote et peu cinématographique ("Si vous pouviez faire tourner dans un de vos films une figure assez forte comme la reine d'Angleterre ou le Dalaï Lama, qui choisiriez vous ?"). Il répond "Sans l'ombre d'un doute, Carla Bruni".

Malin. Citer le nom de la femme du Président, par ailleurs ex top modèle et chanteuse, c'était séduire habilement les journalistes et leur donner ce qu'ils voulaient : une anecdote croustillante, une machine à fantasmes. Le plan média pouvait s'emballer tout seul. Notre coup de gueule s'est mis à germer. Et du coup, qui ignore aujourd'hui la sortie de la nouvelle comédie du cinéaste new yorkais?

L'avant-première "officielle" a lieu ce soir à Paris, en présence de Christine Albanel, qui a du travail avant de devenir Carla Bruni-Sarkozy. Mais on murmurre que le Président et sa femme le recevraient en privé ce week-end.

L'enjeu n'est pas que médiatique (comprendre : faire de jolies photos pour les magazines). Woody Allen est assidument courtisé par la France pour qu'il tourne son prochain film à Paris. Tout a été fait pour lui faciliter le financement de cette production qui devrait avoir lieu en 2010.

Avec Carla? 

Canal Plus arrête L’hebdo cinéma

Posté par vincy, le 31 mai 2009

A la fin du mois de juin, L'hebdo cinéma (qui s'appela aussi Extérieur jour durant deux saisons), l'émission hebdomadaire dédiée au 7e art sur Canal +, s'arrêtera. Dernier clap pour Daphné Roulier qui la présentait depuis septembre 2005. Roulier n'aura donc pas e l'occasion de s'installer dans la durée comme l'avait fait Isabelle Giordano et son Journal du cinéma (1991-2001). Canal + réfléchit à un nouveau concept tout en images, selon Le Parisien.

France 2 va aussi revenir sur l'actualité du cinéma avec une émission en images. Moins chers, plus rapides à monter, ces produits cathodiques compensent surtout une grande absence de l'actualité cinématographique, le plus souvent relayée dans des talk-shows où la culture se mélange au sport et à la politique.

Cependant, Canal Plus prouve une fois de plus que le cinéma n'est plus essentiel pour le modèle économique de la chaîne. Les séries et le sport constituent des produits d'appel plus intéressants. On l'a vu à Cannes avec Le Grand Journal et son incapacité, très critiquée par la profession, à traiter de la compétition et des bons films sans stars. Le glamour l'emporte toujours. Mais imagine-t-on une émission similaire aux Jeux Olympiques ou au Mondial de football, sans commentateurs, experts, critiques, et juste avec des interviews de 10 minutes de stars ?

Daphné Roulier devrait présenter L'effet papillon à la rentrée. Le directeur de la chaîne a promis une émission mensuelle de cinéma exclusivement ciblée pour les cinéphiles.

Après Tati, Coco avant Chanel et Anges et Démons censurés par Métrobus…

Posté par vincy, le 22 avril 2009

coco_censuree.jpg"Révisionnisme insupportable", "droit d'auteur baffoué", "infraction au code de la propriété intellectuelle"... La polémique a enflé autour du gommage de la pipe de Jacques Tati sur les affiches collées dans le métro parisien (voir actualité du 17 avril 2009). La Cinémathèque Française a dû publier un communiqué réclamant un amendement à la Loi Evin, en faisant cun compromis entre l'oeuvre artistique et la stricte application de la Loi, la rendant ainsi ridicule. Le moulin à vent, comme preuve de l'absurdité, a été choisi par les ayant-droits pour répondre à l'interdiction de la régie publicitaire : Métrobus, filiale de Publicis. Cette dernière a a récidivé deux fois.

D'abord avec Coco avant Chanel. Il n'a échappé à personne que les affiches dans le métro n'étaient pas les mêmes que dans la rue. Sous terre, Tautou passe des bras de Poelvoorde (placar de gauche) à ceux de Nivola (placard de droite)./ Métrobus a refusé celle où Tautou/Chanel regarde droit devant, la clope, dans une main.  Mais surtout, Warner a diminué la part de l'affichage dans les transports urbains dans son budget de communication. anges_censuree.jpg

Ensuite, Métrobus recale la deuxième campagne d'affichage d'Anges & Démons. Là Métrobus ne contrarie aucune loi. L'accroche interpellait le passant avec un "Que nous cache le Vatican?  Pas des capotes en tout cas, sûrement quelques témoignages honteux de l'inquisition et des manuscrits secrets qui ébranleraient l'église, malgré la prescription. Terrible slogan, n'est-ce pas? Selon Télérama, Métrobus considère que cela contrevient à sa convention avec la RATP et la SNCF car le Vatican est un Etat et il est interdit de diffuser un message à caractère politique ou religieux. Sony a donc changé l'accroche... Le Vatican evient la cible et nons plus la menace. "Depuis 500 ans, une vengeance se prépare contre le Vatican."

Métrobus, champion du politiquement correct? En tout cas, cela donne un coup de pub supplémentaire aux films et anéantira définitivement toute ambition créativce dans l'affichage promotionnel. L'obscurantisme gagne du terrain...

Un Pixar en ouverture : Cannes s’envolera Là-haut.

Posté par vincy, le 19 mars 2009

lahaut.jpgC'est l'année Pixar. Un Oscar, un Lion d'or d'honneur à Venise pour John Lasseter et l'ouverture prestigieuse du Festival de Cannes le 13 mai prochain. Et dommage pour ceux qui ont annoncé Millenium (on dénonce : l'AFP, Courrier international, pas mal de blogs...) à la place.

Ecran Noir est ravi de voir enfin un de ses vieux voeux exaucés. Pixar sur la Croisette. Et pas un teaser. Le nouveau long métrage, Là-haut (Up) sera donc présenté en avant-première mondiale à Cannes. C'est la première fois qu'un film d'animation a le droit à cet honneur. C'est aussi une manière de dérouler le tapis rouge à la technologie 3D Relief.

Depuis quelques années, Cannes sélectionne des films d'animation comme Les triplettes de Belleville, Persépolis ou Valse avec Bashir. Mais surtout, les liens étroits avec DreamWorks avaient facilité les lancements de Shrek, Nos voisins les hommes et l'an dernier, Kung-Fu Panda. Le premier dessin animé sélectionné avait été ... Dumbo en 1947.

Là-haut est une comédie d'aventure, l'histoire d'un vieil homme qui rêve de faire un voyage en ballon en Amérique du Sud. Le jour où débute l'équipée, il découvre un passager encombrant. Il sort aux Etats-Unis le 29 mai et en France le 29 juillet.

Le reste de la sélection sera connu le 23 avril. Gilles Jacob a confirmé hier que Edouard Baer allait reprendre le flambeau pour présenter la cérémonie d'ouverture et celle de clôture.

Welcome, le film qui voudrait mettre fin à l’article 622.1

Posté par vincy, le 11 mars 2009

welcome_lioret-lindon.jpgRien ne vaut une polémique politique pour faire parler d'un film. Welcome, de Philippe Lioret, aura bénéficié des réactions du ministre de l'Immigration, Eric Besson. Quoi de mieux ? En effet, non seulement ce ministère est contesté depuis sa création et son titulaire a l'image du traître idéal (passé du Parti Socialiste à l'UMP).

Le cinéaste de Welcome, Philippe Lioret avait exprimé sa colère lors d'une avant-première à Douai, relayée par La Voix du Nord. "Je ne suis pas un politicien, moi. Et c'est quoi la solution ? Ça m'a tellement scié de voir ça. De voir qu'un brave mec, d'un seul coup, se retrouve mis en examen, et qu'il peut aller en taule. C'est dingue. J'ai l'impression qu'on est en 1943 et qu'on a planqué un Juif dans la cave."

Eric Besson a réagit une première fois sur RTL, le 7 mars. "Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune. Suggérer que la police française, c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable."

Dans une lettre adressée au journal Le Monde, Philippe Lioret lui répond : "Sachez qu'en l'occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calaisis et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d'hommes et de femmes face à cette répression."

"Il y a quelques jours encore, près de Béthune, une femme a été mise en garde à vue pour avoir simplement rechargé des téléphones portables de migrants. Welcome ne fait qu'illustrer ce genre de fait divers", ajoute-t-il.  "La réalité, dit-on, dépasse souvent la fiction. Votre réalité, Monsieur Besson, se contente de l'égaler et c'est déjà suffisant pour être affligeant, pour confirmer qu'aujourd'hui, dans notre pays, de simples valeurs humaines ne sont pas respectées. C'est cela que vous devriez trouver "inacceptable.""

Après ce ping-pong, la polémique s'est enflammée. L'avocat général à la cour d'appel de Paris, Philippe Bilger, estime sur son blog que le parallèle avec la répression des juifs en France en 1943 relève de la "provocation". Mercredi 11 mars, Eric Besson, dépassé par ses propos, et voyant la publicité indirecte qu'il faisait au film, remet une couche. Sur Canal +, il estime que "le film lui même est émouvant, Vincent Lindon joue bien et c'est un très bon film, ce que je regrette, c'est l'avant-vente ou l'après-vente du film, il y a eu un dérapage qui est lourd, grave et inacceptable de Philippe Lioret qui tente maintenant de l'atténuer".  "Le vocabulaire qui est issu de la deuxième guerre mondiale, traque, rafle, assimilation aux Juifs en 43, est un vocabulaire grave inacceptable et que, selon moi, on ne devrait jamais utiliser dans le débat politique".

 "Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer"

Or selon la CIMADE, une rafle "est une arrestation en masse d'une partie ciblée d'une population, faite à l'improviste et organisée par la police." Et il y a en régulièrement en France ces derniers temps. Des élus ont même été gardés à vue récemment pour avoir hébergé des immigrés en situation irrégulière. N'importe quel réfugié, même demandant le droit d'asile, peut se retrouver dans un centre où ses libertés seront inexistantes durant 18 mois...

Besson précise quand même son interprétation : "La situation de Calais est difficile parce que ces personnes ne veulent pas rester en France, qu'il s'agisse des Afghans, des Somaliens, des Erythréens ... coûte que coûte, ils veulent aller en Angleterre, il ne veulent pas demander l'asile à la France, ils pourraient le faire, nous les aidons et mon ministère met à leur disposition des places d'hébergement qu'ils ne veulent pas utiliser". "Donc, je n'accepte pas qu'on dise que ces personnes sont maltraitées alors qu'elles veulent passer clandestinement en Angleterre, ce que l'Etat français ne peut pas faciliter, ce sont les passeurs que nous essayons de traquer et je ne vois pas quel républicain, quel humaniste pourrait avoir le moindre état d'âme à ce que la police traque les filières d'immigration clandestine", a t-il dit.

Dès lors, fort d'un très bon démarrage mercredi, Welcome est devenu le sujet de débat du moment. Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam, qui vient en aide aux migrants à Calais affirme que "Welcome ne sombre jamais ni dans le voyeurisme ni dans l'affectif, c'est ce qui fait sa valeur. Il montre la triste réalité que vivent à la fois les migrants et les bénévoles calaisiens, même si le quotidien est souvent bien pire. Il ne se passe pas une seule journée sans que des gens soient matraqués ou gazés. Mais il ne faudrait pas que le film devienne trop polémique, il doit rester un film citoyen qui fasse réfléchir. Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer. C'est un lieu de culture et d'échange privilégié". Cependant il reproche à Besson d'entretenir cette polémique. "Quand on ne s'attaque pas au fond et qu'on polémique sur les petites phrases, c'est tragique et inacceptable. Besson est très fort, il polémique pour détourner l'attention. Il a voulu salir le film en déformant les mots de Philippe Lioret."

Homme en colère, Vincent Lindon, le 6 mars, avait mis les pieds dans le plat dans Le Parisien : "Je n’ai pas la prétention de réguler le flux migratoire en France ! Mais, comme beaucoup de Français, j’estime qu’il faut qu’on respecte les êtres humains. Les gens à Calais sont parfois traités plus mal que des chiens. Et ça, ça ne me va pas. Je ne comprends pas qu’il existe un article du Code de l’entrée, du séjour ou du droit d’asile aux étrangers qui dit : Toute personne qui vient en aide à une personne en situation irrégulière est passible de cinq ans de prison."