Steven Spielberg enchaîne les projets (et ne peut plus se passer de Mark Rylance)

Posté par vincy, le 12 avril 2016

Le Pont des espions est sorti en décembre. Le Bon gros Géant est prévu sur les écrans en juillet (et pourrait faire son avant-première à Cannes le mois prochain). Reader Player One va commencer son tournage cet été. Steven Spielberg ne chôme pas. Et pour mieux remplir son agenda avant de filmer la cinquième aventure d'Indiana Jones, programmée dans les salles, pour l'été 2019, il vient de confirmer qu'il tournerait The Kidnapping of Edgardo Mortata durant l'hiver 2017 pour une sortie pour la fin de cette même année.

Le projet était dans les cartons du réalisateur depuis un an. mais jusque là, il s'agissait d'un script parmi d'autres sur la table du cinéaste. Scénarisée par Tony Kushner (Munich, Lincoln), l'adaptation de l'essai de David Kertzer, Pie IX et l'enfant juif : l'enlèvement d'Edgardo Mortara, paru en France en 2001, raconte à l'histoire vraie d'un jeune juif qui fut secrètement baptisé catholique avant d'être retiré à sa famille pour être élevé par des Chrétiens. Les faits se déroulent au XIXe siècle. Les parents se sont battus et l'affaire, rendue publique, a été récupérée dans un conflit politique entre le Vatican et l'Italie, tout juste unifiée et démocratique.

Mark Rylance, Oscar du meilleur second rôle masculin pour Le pont des espions et incarnant le bon gros géant (de synthèse) dans The BFG, aurait déj) enrôlé pour l'un des rôles principaux. Auparavant, il tournera en France Dunkirk, le nouveau film de Christopher Nolan qui commence ses prises en mai.

Steven Spielberg et Harrison Ford rejouent aux aventuriers avec Indiana Jones 5

Posté par vincy, le 15 mars 2016

Malgré un quatrième épisode décevant (mais très profitable avec près de 800 millions de $ de recettes dans le monde), Steven Spielberg et Harrison Ford remettent le couvert pour un cinquième Indiana Jones, a annoncé Disney aujourd'hui. Le film sortira le 19 juillet 2019.

Certes Ford est peut-être un peu vieux pour le rôle. Il aura 76 ans le jour de la sortie. Rappelons que Sean Connery qui interprétait le père du héros dans le troisième film n'avait que 69 ans... Et retrouvera-t-on Shia LaBeouf dans le rôle du fils (ne parlons pas de malheur)?

Le film continuera d'être produit par les Kathleen Kennedy et Frank Marshall. La réunion du quatuor, qui aura été de tous les épisodes, se fait donc 35 ans après la sortie des Aventuriers de l'Arche perdue, énorme succès et film culte. Suivaient ensuite Indiana Jones et le temple maudit (1984), Indiana Jones et la Dernière croisade (1989) et Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008, hors compétition à Cannes). Au total, les quatre films ont rapporté plus de 900 millions de $ en Amérique du nord (2 milliards en ajustant le prix du billet de cinéma à l'inflation).

Harrison Ford a été à la tête de cette franchise sur son nom propre mais aussi l'une des vedettes de la saga Star Wars, dont le dernier épisode, où il a un rôle central, est devenu la plus grosse recette historiques aux Etats Unis. Ainsi cinq films où il est à l'affiche font partis des 25 films les plus vus sur le territoire nord-américains. Il prépare actuellement la suite de Blade Runner, prévue pour 2018, et s'apprête à tourner Official Secrets de Justin Chadwick, avec Natalie Dormer et Gillian Anderson.

Steven Spielberg, dont Le pont des espions est sorti en décembre, sortira son prochain film cet été, Le bon gros géant. Il enchaînera ensuite avec Reader Player One, avec Olivia Cooke, Tye Sheridan et Ben Mendelsohn. Dans son planning, il a prévu de réaliser It's What I Do, avec Jennifer Lawrence, même si aucune date de tournage n'est confirmée.

Chef op’ de Spielberg, Polanski, Zinnemann et Jewison, Douglas Slocombe (1913-2016) s’est éteint

Posté par vincy, le 22 février 2016

Douglas Slocombe, chef opérateur britannique, est décédé lundi à l'âge de 103 ans. Homme de l'ombre du cinéma, il a mis en lumière une soixantaine de films entre 1942 et 1969.

Durant ces cinquante ans de carrière, il a mis sa touche à des oeuvres comme À cor et à cri (Hue and Cry) de Charles Crichton, Noblesse oblige (Kind Hearts and Coronets) de Robert Hamer, De l'or en barres (The Lavender Hill Mob) toujours de Charles Crichton, The Servant de Joseph Losey, Cyclone à la Jamaïque de Alexander Mackendrick, Le Crépuscule des aigles (The Blue Max) de John Guillermin, le culte Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers) de Roman Polanski, Le Lion en hiver (The Lion in Winter) de Anthony Harvey, L'or se barre (The Italian Job) de Peter Collinson, La Symphonie pathétique de Ken Russell, La Guerre de Murphy (Murphy's War) de Peter Yates, Voyages avec ma tante (Travels with My Aunt) de George Cukor, Jesus Christ Superstar de Norman Jewison, Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) de Jack Clayton, celui avec Robert Redford, Rollerball, encore de Norman Jewison, Julia de Fred Zinnemann et même un James Bond, Jamais plus jamais (Never Say Never Again) de Irvin Kershner.

harrison ford douglas slocombe steven spielberg

Mais c'est avec Steven Spielberg qu'il sera entré au panthéon des chef opérateurs: les séquences indiennes de Rencontres du troisième type (Close Encounters of the Third Kind) et surtout la trilogie Indiana Jones - Les Aventuriers de l'arche perdue (Raiders of the Lost Ark), Indiana Jones et le Temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom) et Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade).

Né le 10 février 1913 à Londres, Douglas Slocombe est mort le 22 février 2016 dans un hôpital londonien, où il était soigné depuis janvier après avoir fait une chute, a indiqué sa fille Georgina Slocombe, photographe.

Membre du jury du festival de Cannes en 1981, l'homme avait filmé l'invasion nazie de la Pologne en 1939 avant de pouvoir fuir les Allemands. Il a débuté sa carrière au ministère de l'information où ses talents de photographes furent mis au service de montages de propagande. Puis il fut enrôlé dans les Ealing Studios jusqu'à leur déclin au milieu des années 50.

Trois fois nommé aux Oscars (Voyages avec ma tante, Julia, Les Aventuriers de l'arche perdue), il a été 11 fois cité aux BAFTA où il emporta trois trophées: The Servant en 1963, Gatsby le magnifique en 1974 et Julia en 1977.

"Il adorait son travail. Pour lui tous les films étaient différents, il adaptait ses idées aux scénarios. Il aimait beaucoup travailler en noir et blanc. Et même quand il tournait en couleur, il travaillait beaucoup sur les contrastes", a expliqué Georgina Slocombe à l'AFP.

Bilan 2015: un box office nord-américain record qui profitent surtout aux mastodontes

Posté par vincy, le 9 janvier 2016

star wars le réveil de la force épisode 7 han solo harrison ford

Avec 11,13 milliards de $ en 2015 (+7,4% par rapport à 2014), le box office nord-américain a battu un record historique, essentiellement du grâce aux scores faramineux de Star Wars : La force se réveille, sorti deux semaines avant la fin de l'année.

L'ère dominatrice de Lucas et Spielberg

Enfoncés les 10,92 milliards de $ de 2013. Outre Star Wars, l'année a pu aussi compter sur Jurassic World et ses 652M$. Deux films sortis en 2015 se classent donc parmi les 5 plus grosses recettes (hors inflation) du box office nord-américain, aux côtés d'Avatar, Titanic et le premier Avengers. Si on tient compte de l'inflation, 2015 aura placé deux films dans le Top 25 des films les plus vus sur le continent (Star Wars 7 et Jurassic World). Ce n'est jamais arrivé hormis pour les années 1965 (La mélodie du bonheur, Docteur Jivago) et 1973 (L'Arnaque, L'Exorciste). La franchise Star Wars imaginée par George Lucas place ainsi son 5e film dans ce Top 25 et la franchise des films réalisés ou produits par Spielberg fait de même, surclassant ainsi Disney et ses 4 films d'animation.

Des ventes de billets en baisse, compensées par les records des salles Imax

Cependant les dix plus gros succès ont capté 3,6 milliards de dollars. Le marché se concentre sur des mastodontes. D'ailleurs, les recettes sont gonflées par ces mêmes mastodontes qui colonisent les salles IMAX où les billets sont plus chers. Ainsi, le nombre de billets vendus, 1,334 million au total, n'augmente "que" de 5,2%. Il y a eu davantage de spectateurs dans les salles durant les années précédentes, à l'exception de 2011 et 2014. On est très loin du score de l'année 2002 avec 1,576 million de spectateurs.
Enfin, cette hausse des recettes est bien inférieure à celle enregistrées dans des marchés comme la Chine, le Royaume-Uni, ou la Corée du sud.

Car la part de marché des Etats-Unis et du Canada anglophone continue ainsi de se réduire pour Hollywood (désormais moins d'un dollar sur trois provient du plus gros pourvoyeur de spectateurs du monde). On estime à 38 milliards de $ les recettes des films en salles dans le monde (+3,5%), très loin devant les précédents records. La Chine continue sa progression inexorable. Elle représente dorénavant 18% des recettes mondiales, avec une hausse de 50% (!) par rapport à l'année dernière. Il ne sera pas étonnant de voir de plus en plus de films hollywoodiens produits avec des critères moraux et des castings pouvant séduire les Chinois.

La plupart des hits font 70% de leurs recettes à l'étranger

Mais cette perte de l'hégémonie américaine ne contrarie pas les studios. Quatre films sont ainsi entrés dans le Top 7 historique des recettes (toujours hors inflation). Quasiment tous les films venus d'Hollywood font désormais plus de la moitié, et parfois les trois quarts, de leurs recettes à l'étranger. Dans le top 50 des recettes mondiales seuls Bob l'éponge, Pitch Perfect 2, Snoopy et les Peanuts, NWA Straight Outta Compton, Crazy Amy et Get Hard font exception. A l'inverse, les Minions, 007 Spectre, Mission Impossible Rogue Nation, Cinquante nuances de Grey, Terminator Genesys ou Taken 3, pour ne citer que les films du Top 20, captent plus de 70% des recettes hors Etats-Unis.

Un ourson et un loup sauvent le désastre des films étrangers

Et grâce à la Chine, pour la première fois, 5 films ont dépassé le milliard de dollars de recettes durant une seule année calendaire. Les productions hollywoodiennes dominent largement le Top 100 mondial, si on excepte quelques productions asiatiques qui font l'essentiel de leur business à domicile. Le premier film non américain (sans l'appui d'un studio US) ayant bénéficié d'une sortie sur plusieurs marchés est un film franco-britannique, Paddington, 25e, avec près de 260M$ (dont une grosse partie en 2014), loin devant le film franco-chinois de Jean-Jacques Annaud, Le dernier loup (123M$, 42e), énorme succès en Chine.

juliette binocheCar si les suites, remakes, spin-offs et reboots ont cartonné (12 sur 30), tout comme l'animation (7 sur 30 dont deux des plus grosses recettes du genre), les films indépendants et étrangers ont soufferts sur le sol nord américain. Paddington (film animé par ailleurs) est l'exception de l'année (37e), loin devant La femme au tableau et Indian Palace : Suite royale. Et le premier film en langue étrangère est là encore un film d'animation, en espagnol, Un Gallo con Muchos Huevos, seulement 124e (le premier film en français est Sils Maria, 182e!).

Année après année, les films en langue étrangères aux Etats-Unis séduisent de moins en moins. Si les films venus d'Inde et d'Amérique du sud résistent, c'est la bérézina pour le cinéma européen non anglophone. Depuis dix ans, seulement 8 de ces films ont rapporté plus de 9 millions de $ (dont Intouchables et La Môme côté français). A peine un par an en moyenne. En 2015, ils ne sont que 13 (dont Timbuktu) à avoir rapporté plus de un million de dollars au box office.

King Universal

Enfin, côté studios, Universal, qui a cumulé les leaders et sorti trois de ses dix plus gros hits cette année, avec 7 films au dessus de 100M$, a dominé le marché (21,3% du box office). Depuis 2000, c'est sa meilleure année mais aussi la première fois que le studio est leader annuel et la première fois qu'un studio passe le cap des 20% de parts de marché. Derrière Buena Vista/Disney, avec lui aussi trois de ses dix plus gros hits cette année et 6 films au dessus de 100M$, a vécu un superbe exercice (19,8%). Les 6 majors cumulent ainsi 80,6% de parts de marché (hors filiales indépendantes) contre 77,4% l'an dernier et 71% en 2013. Hormis Lionsgate, aucun distributeur indépendant n'a de films dans le Top 30 annuel.

Le chef opérateur Vilmos Zsigmond éteint la lumière (1930-2016)

Posté par vincy, le 4 janvier 2016

Vilmos Zsigmond

Né en Hongrie le 16 juin 1930, le chef opérateur Vilmos Zsigmond est décédé le 1er janvier 2016 à l'âge de 85 ans. Il fut oscarisé pour son travail sur Rencontres du Troisième Type de Steven Spielberg et trois fois nommé pour la statuette (Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, La Rivière de Mark Rydell et Le Dahlia noir de Brian de Palma). Pour lui, le cinéma était un art et devait le rester.

Durant près de cinq décennies, son immense talent a servi quelques uns des plus grands cinéastes américains et contribua à des films cultes voire exceptionnels: Robert Altman (John McCabe, Le privé), John Boorman (Délivrance), Jerry Schatzberg (L'épouvantail, Vol à la tire), Steven Spielberg (Sugarland Express), Brian de Palma (Obsession, Blow Out, Le bûcher des vanités), Martin Scorsese (La dernière Valse), Mark Rydell (The Rose), Michael Cimino (Les Portes du Paradis), George Miller (Les sorcières d'Eastwick), Jack Nicholson (The Two Jakes), Rochard Donner (Maverick), Sean Penn (Crossing Guard) ou Woody Allen (Melinda et Melinda, Le rêve de Cassandre, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu).

Travail de l'image

Autant dire qu'aucun de ses films ne se ressemblait vraiment. Considéré comme l'un des dix plus grands chefs opérateurs de son époque, il savait manier les contrastes, éclairer les visages, renforcer l'intrigue par son immense talent. Son point de vue, selon lui, devait uniquement servir le scénario. Capable de désaturer une image pour la rendre mélancolique ou au contraire, d'exacerber les couleurs pour renforcer les antagonismes, il n'a cessé de se renouveler au fil des ans, en s'adaptant aux styles des cinéastes qui l'enrôlaient. Il a aussi abondamment utilisé la technique du « flashage » qui donne un aspect laiteux à l'image, réduisant les contrastes. "Sur The Black Dahlia, de Brian de Palma, on a filmé en pellicule, et ensuite on a fait la post-production en numérique. Ce qui m'a permis d'atténuer la couleur et de donner une impression de noir et blanc, J'aime le numérique pour « manipuler » le film : la couleur avec moins de couleur ! J'aime le noir et blanc, quand les ombres s'accentuent" prenait-il comme exemple pour démontrer l'évolution de son métier tout en conservant ses principes et sa vision artistiques.

"Je pense qu'un film ce sont des images. Le cinéma a besoin de bonnes images. Je pense que si vous n'avez pas de bonnes images, vous n'aurez pas un bon film. Tout film devrait être réellement visuel" expliquait-il.

L'image du travail

Ayant fuit la Hongrie juste après l'invasion russe en 1956, il avait commencé par des films à petits budgets jusqu'à sa rencontre avec Robert Altman. En collaborant ensuite sur les premiers films de Spielberg et De Palma, il était devenu très rapidement l'un de ceux qui comptaient dans la profession. Avec Spielberg, il ne s'est jamais vraiment senti à sa place. Il confia plus tard qu'il était, durant le tournage de Rencontres du Troisième type, sur un siège éjectable en permanence. Il a éprouvé en revanche de plus grandes satisfactions avec Michael Cimino et Mark Rydell, assez fier de l'aspect documentaire de The Rose ou de ses collaborations avec Michael Cimino, même si le tournage ruineux et compliqué des Portes du Paradis a empêché les deux hommes de se retrouver sur un plateau de cinéma. Il se souvient aussi du tournage heureux de The Sugarland Express, avec Spielberg: "On ne parlait pas de millions, il y avait de la joie dans le travail. Un petit budget mais de grandes stars ! Puis les choses ont commencé à changer avec Star Wars, ou encore avec Rencontres du troisième type de Spielberg."

C'était sans doute là son génie: capable de mettre en lumière un film noir, une comédie, un polar ou un drame avec des ambiances froides ou glamour, un style réaliste ou hollywoodien. Du documentaire à la télévision, il a également exploré d'autres formats, réalisant même un film, The Long Shadow, avec Liv Ullmann et Michael York (1992).

Melissa Mathison, la scénariste de « E.T. », meurt à l’âge de 65 ans

Posté par vincy, le 5 novembre 2015

Melissa Mathison est morte mercredi 4 novembre, à l'âge de 65 ans. Connue surtout pour avoir été la scénariste de E.T. L'extra-terrestre, qu'elle avait écrit en deux mois, Melissa Mathison était aussi l'auteure des scripts de L'étalon noir (1979), L'Indien du placard (1995) et Kundun de Martin Scorsese (1997), qu'elle avait également co-produit. Elle venait de refaire équipe avec Steven Spielberg en signant le scénario de son prochain film, Le Bon Gros Géant (The BFG), d'après le roman de Roald Dahl, qui sera en salles en juillet 2016.

Outre son métier de scénariste, Melissa Mathison avait travaillé comme assistante de production sur Le Parrain II et Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. De 1983 à 2004, elle avait été l'épouse d'Harrison Ford. Ils ont eu deux enfants.

Quand Hollywood va sur Mars, c’est souvent le crash

Posté par vincy, le 24 octobre 2015


Seul sur Mars connaît un très beau succès en salles, au point de devenir l'un des films les plus populaires de Ridley Scott mais aussi pour son acteur Matt Damon. Mercredi, il a attiré 176000 spectateurs en France. Il a déjà rapporté 330 millions de $ de recettes dans le monde.

Ce n'est pourtant pas le premier film à fantasmer sur la Planète rouge. Et d'ailleurs, hormis quelques rares exceptions, Mars a souvent joué les décors de séries B ou même de navets.

Pas vraiment sur Mars, mais plein de martiens, Mars attaque! de Tim Burton (1996) reste l'un des meilleurs films du genre, à la fois drôle et cruel, gore et foutraque. Un délire complet mais il se déroule sur Terre pour une majeure partie de l'action (enfin ce qu'il en restera puisque les sales petits hommes verts détruiront à peu près tout).

Si cinq films se détachent dans notre classement (complètement subjectif), qui n'intègre pas Seul sur Mars, mentionnons quand même quelques autres oeuvres SF. John Carter, le plus récent (2012) d'Andrew Stanton, avec Taylor Kitsch: le film a été parmi les plus gros bides de cette année-là. Et si on remonte le temps: Mars needs Moms (2011), produit par Zemeckis, flop financier monstrueux et ratage intégral, Doom film naze d'Andrzej Barktowiak (2005), avec The Rock, Ghosts of Mars de John Carpenter (2001), très bon film du samedi soir avec Ice Cube, Natasha Hentsridge, Jason Statham et Pam Grier, Rocketman (1997), fiasco sidéral avec Harland Williams, le désastreux My Favorite Martian (Mon martien favori, 1999), adapté de la sitcom éponyme , avec Doc Christopher Lloyd, ou encore Martians Go Home (1990), adaptation du roman de Frederic Brown, avec Randy Quaid, et qu'on a vite fait d'oublier.

Parmi les anciens films, il ne faut pas oublier Invaders from Mars (Les envahisseurs de la planète rouge, 1953), de William Cameron Menzies, avec Helena Carter et Jimmy Hunt, complètement barré au niveau du script et métaphore anti-communiste durant la guerre froide (un remake en 1986, L'invasion vient de Mars, enlevait toute la saveur du propos). Tous les prétextes sont bons pour Hollywood qui a aussi imaginé un Santa Claus Conquers the Martians en 1964, réalisé par Nicholas Webster. Plus loin dans le temps, Abbott et Costello sont aussi allés sur Mars (Abbott and Costello Go to Mars, 1953), enfin ils ont essayé, parce qu'ils ont plutôt fait escale sur Vénus. Et encore plus loin, en 1952, Harry Horner a réalisé Red Planet Mars.

Enfin il y a le cas de La Guerre des mondes. Les deux films adaptés du roman d'H.G. Welles, celui de Byron Haskin en 1953 et celui de Steven Spielberg en 2005, ne vont pas sur Mars, mais, une fois de plus, les créatures qui en viennent sont hostiles (bande de jalouses) à la Planète bleue. Les deux films ont le mérite d'être de bons produits dans leur genre.

1. Total Recall (1990). Le film de Paul Verhoeven (pas son remake certes efficace mais inutile de 2012), inspiré du classique de Philip K. Dick, est le chef d'oeuvre du genre. L'un des meilleurs films avec Arnold Schwarzenegger aussi, et l'occasion de découvrir une certaine Sharon Stone pré-Basic Instinct. Tout y est démesuré. De l'action aux décors. Mais le plaisir du divertissement produit persiste 25 ans après son carton en salles. On reste toujours scotchés à son sofa face à ce film qui transforme la perte d'identité et de mémoire en délire héroïque et paranoïaque.

2. Mission to Mars (2000). Brian De Palma adapte une attraction de Dineyland avant l'heure, et avec quelques vedettes: Tim Robbins, Gary Sinise,  Connie Nielsen et Don Cheadle. Ce n'est pas le meilleur De Palma, mais c'est aussi un film largement sous-estimé. Si le scénario manque de singularité, l'aspect esthétique, visuellement superbe, et la mise en scène en font un film kubrickien (on parlerait même de plagiat). Mais il y a pire référence. Et De Palma a voulu insuffler un peu de réalité scientifique en collaborant avec la NASA (déjà) plutôt que de jouer sur les fantasmes habituels.

3. Robinson Crusoe on Mars (Robinson Crusoe sur Mars, 1964). Byron Haskins, spécialiste du genre SF pop, utilise toute la technicolor de l'époque pour une fresque où un astronaute (Paul Mantee) et un singe se crashe sur notre voisine, où l'attend son Vendredi. Drôle de mixe. A l'époque, on voyageait dans l'espace mais on ne connaissait pas encore la lune. Fantasmagorie sous acide, c'est surtout un merveilleux exemple de ce que l'on peut faire à partir d'un roman classique en le transposant dans un imaginaire futuriste. Et pour une fois, Hollywood n'a rien gâché avec un remake.

4. Red Planet (Planète rouge, 2000), d'Antony Hoffman, avec Val Kilmer, Terence Stamp et Carrie Anne-Moss. Pas forcément meilleur que les autres, ce film est lance la veine "survivaliste" dont va s'inspirer Seul sur mars (les deux ont d'ailleurs été tourné en Jordanie) et tant d'autres films. Sorti simultanément à Mission to Mars, les deux films se sont neutralisés après une âpre bataille entre les deux studios (Disney pour De Palma, Warner pour de Hoffman). De bons effets spéciaux, un script plausible, et un genre plus réaliste qu'effrayant: le film est avant tout un drame existentiel en milieu hostile, alors que le public s'attendait à un pop-corn movie.

5. Stranded de María Lidón (2001). Un film espagnol réalisé par une femme? Et oui, c'est la petite découverte du classement. Inédit en France, ce film sélectionné au Festival de San Sebastian, a quasiment la même intrigue que Seul sur Mars, même si là il n'y a aucune aventure solitaire puisqu'il s'agit d'un groupe (où l'on croise Vincent Gallo et Maria de Medeiros). Plus psychologique que terrifiant, ce film de survie (et de sacrifice) est avant tout un portrait réaliste de ce que l'être humain est capable de faire (ou pas) en milieu étranger.

Les frères Coen s’attaquent à Black money de Ross MacDonald

Posté par MpM, le 10 août 2015

frères coenJoel et Ethan Coen devraient écrire à quatre mains l'adaptation du polar Black Money de Ross MacDonald qui met en scène le détective privé Lew Archer (héros récurrent de l'oeuvre de MacDonald) découvrant une mystérieuse conspiration liée au milieu sordide des jeux d'argent.

Même si rien n'a été confirmé, il est probable qu'ils tourneront eux-même cette adaptation du best-seller publié en 1966.

Les deux frères auront eu une très belle année puis qu'ils ont été les premiers frères à présider le jury du festival de Cannes en mai dernier. Ils ont également co-écrit avec Matt Charman Le pont des espions, le nouveau film de Steven Spielberg qui sort le 2 décembre, et réalisé Hail, Caesar !, prévu pour le 17 février 2016.

Cette comédie sur le monde des studios hollywoodiens dans les années 50 réunit plusieurs acteurs habitués de leur filmographie comme leur acteur fétiche George Clooney (O'Brother), Tilda Swinton (Burn After Reading), Josh Brolin (No Country for Old Men) et Scarlett Johansson (The Barber, l'homme qui n'était pas là) mais également Channing Tatum, nouveau venu dans leur univers.

La petite reine au cinéma: 40 films qui glorifient le vélo

Posté par vincy, le 26 juillet 2015

Le Tour de France s'achève. La plus grande compétition cycliste du monde a inspiré de nombreuses chansons mais finalement pas tant de films de cinéma. Depuis Le Roi de la pédale (1925), film muet de Maurice Champreux, avec le comique Biscot, ils sont peu à s'être frottés au Tour: Jean Stelli (Pour le maillot jaune, 1939 puis Cinq tulipes rouges, 1949), Louis Malle (Vive le Tour !, 1962, documentaire), Claude Lelouch (Pour un maillot jaune, 1965, documentaire). En 2003, Sylvain Chomet faisait une échappée animée avec Les Triplettes de Belleville, où le héros pédale beaucoup sur les routes de France. Et dix ans plus tard, Laurent Tuel emmenait Clovis Cornillac dans La grande boucle. Mais le Tour de France, course populaire par excellence, n'a pas intéressé réellement le 7e art. Pour preuve ce magnifique dialogue dans Pour rire de Lucas Belvaux où Ornella Mutti, assise sur son canapé, regarde une étape, suscitant l'inquiétude de Jean-Pierre Léaud:
"- Tu regardes le vélo?
- Ça ou autre chose.
- Tu es malade?"

still the waterMais après tout le vélo ce n'est pas que de la compétition au cinéma: un outil de travail, un symbole d'émancipation, un moyen de transport pour les ados... Deux roues peuvent servir à poursuivre ou promener sa bien-aimée (40 ans toujours puceau, Still the Water), faire peur (surtout chez Carpenter) ou faire rire (Le grand blond avec une chaussure noire, Bienvenue chez les Ch'tis).

On pourrait ainsi citer quelques dizaines de films où le vélo nous a embarquer dans son mouvement si cinématographique, ce sentiment de liberté. Belmondo dans L'Homme de Rio qui tente de rejoindre un bateau avec un deux-roues qui grince. Les gamins des Goonies ou Ralph Macchio dans Karate Kid pour aller au lycée ou à la chasse au trésor. Jean-Claude Brialy qui pédale autour d'une table dans Une femme est une femme de Jean-Luc Godard: une variation du vélo de salon. Bill Murray qui écrase consciencieusement le vélo de Jason Schwartzmann dans Rushmore de Wes Anderson. Anne Hathaway qui terminera sa course tragiquement dans Un jour. Vincent Pérez qui fait une obsession sur la petite reine, délaissant sa princesse Sophie Marceau dans Je reste. Joseph Gordon-Levitt, coursier compétitif, qui trace à travers Manhattan dans Premium Rush. A des années lumières de la passion franchouillarde dans Rue des Prairies de Denys de la Patellière où Claude Brasseur, fils de Gabin, devient cycliste professionnel. Ridley Scott qui filme son frère Toni, seul avec son vélo, dans un film d'étude, Boy & Bicycle en 1965 (et en noir et blanc). Ou cette séquence presque onirique dans Pee Wee's Big Adventure de Tim Burton, où le personnage principal, à qui on a volé sa bicyclette, se retrouve cerné par des vélos. Sans oublier tous les films venus du Japon, de Chine, de Taiwan, où le vélo est un transport commun.

Tour de piste

Le vélo a marqué nos esprits cinéphiles dans plusieurs films. On en a retenu 17 parmi les 40 cités dans cet article, sans ordre de préférence, par ordre chronologique.

le voleur de bicycletteLe voleur de bicyclette (1948). Le film de Vittorio De Sica est un chef d'oeuvre du néoréalisme italien. Le vélo est ici un objet de travail précieux dans un contexte de crise sociale et économique.

Jour de fête (1949). Premier long métrage de Jacques Tati, le vélo est celui d'un postier qui nous plonge dans une balade fantaisiste d'une France rurale de l'après-guerre.

Les cracks (1968). Alex Joffé imagine une improbable aventure où Bourvil conçoit une bicyclette plus efficace que celles de ses contemporains et se lance dans la course Paris-San Remo poursuivi par un huissier.

Butch Cassidy et le Kid (1969). Le vélo n'est pas au coeur de ce grand film de George Roy Hill. Mais la scène où Paul Newman emmène Katharine Ross pour une balade romantique en bicyclette, sur un air légendaire de Burt Bacharach, reste l'une des plus belles du 7e art dans le genre.

La bande des quatre (1980). Ce film oublié de Peter Yates, avec Dennis Quaid jeune, Oscar du meilleur scénario et Golden Globe du meilleur film / comédie, est un mélange entre le film de sport et le teen-movie avec des ados qui se prennent de passion pour des cyclistes italiens.

e.t. l'extra terrestreE.T. (1982). Steven Spielberg a sans doute réaliser la scène et l'affiche emblématique du cinéma avec un vélo. La scène: quand les gamins, coincés par un barrage de police, s'envolent avec leurs deux-roues sur fond de soleil couchant. Le vélo qui vole est aussi le symbole du film le plus populaire du réalisateur, avec la pleine lune en arrière plan.

Le prix de l'exploit (1985). American Flyers est un des premiers films avec Kevin Costner, moustachu pour l'occasion. John Badham filme pour l'occasion la course cycliste du Colorado dite L'Enfer de l'Ouest, à travers les montagnes Rocheuses. Un film d'action et de sensation qui aurait pu s'appeler Fast & Furious.

2 secondes (1998). Ce film qubécois de Manon Briand est peut-être le moins connu mais l'un des meilleurs dans le genre. D'un championnat de descente en vélo qu'elle perd, Laurie (Charlotte Laurier) va remettre en question toute sa vie, avec la vitesse dans le sang et le vélo comme idée fixe.

Le vélo de Ghislain Lambert (2001). Quand Philippe Harrel laisse libre cours au génie comique de Benoît Poelvoorde, cela donne cette comédie déjantée où un coureur cycliste belge né le même jour qu'Eddy Merckx et rêvant d'être champion, intègre une grande équipe comme porteur d'eau. Avec un peu de dopage, le rêve n'est pas inaccessible...

Beijing Bicycle (2001). Wang Xiaoshuai signe un conte de la Chine moderne avec ce récit inspiré du Voleur de bicyclette. Un jeune rural est embauché comme coursier à Pékin. Travailleur, il gagne suffisamment d'argent pour s'acheter son propre vélo. Mais un jour, on lui vole son outil de travail...

Laissez-passer (2002). Bertrand Tavernier réalise un film sur l'Occupation et la Résistance, du cinéma durant la guerre, à travers le parcours d'un assistant-réalisateur communiste féru de vélo, incarné par Jacques Gamblin (prix d'interprétation à Berlin). La traversée de la France aurait aussi pu être le titre de ce film.

Be Happy (2008). Sally Hawkins a reçu un prix d'interprétation à Berlin elle aussi pour cet Happy-Go-Lucky doux et léger de Mike Leigh. En institutrice fantaisiste et déterminée, cette bobo un peu baba doit apprendre à conduire, puisque son vélo a disparu... sans qu'elle ait pu lui dire au revoir.

J'ai oublié de te dire (2010). Ce film est listé parce qu'il s'agit de la dernière apparition du regretté Omar Sharif récemment disparu. Sharif incarne un vieil homme, ancien champion cycliste devenu artiste peintre.

le gamin au veloLe gamin au vélo (2011). Grand prix du jury à Cannes, ce film des frères Dardenne, avec Cécile de France, est là encore une forme d'hommage au néoréalisme italien. Un gamin qui cumule les coups durs, un vélo perdu puis volé, une coiffeuse au grand coeur... Tous les ingrédients y sont et les balades à vélo propices à l'évasion loin de la dure réalité.

Wadjda (2012). Trois fois primé à venise, ce film saoudien d'Haifaa Al-Mansour confronte une jeune fille de douze ans aux règles étouffantes de son pays. Une femme n'a pas le droit de faire de vélo et pourtant Wadjda ne rêve que d’une chose : acheter un vélo pour faire la course avec son copain Abdallah.

Near Death Experience (2014). En plein burn-out, Michel Houellebecq décide de prendre son vélo et de grimper dans la montagne, seul, en tenue de coureur. Benoît Delépine et Gustave Kervern l'envoie dans un périple quasi mystique, aux frontières de la mort.

The Program (2015). Stephen Frears s'attaque au Tour de France, au maillot jaune, au dopage et à un champion déchu, Lance Armstrong. Rien que ça. Dans ce biopic sur le cycliste américain, interprété par Ben Foster, le cinéaste britannique franchit la ligne rouge, enfin: drogue et sport, scandale et médias. Le film sort le 16 septembre en France.

Le carton de Jurassic World en 8 explications

Posté par vincy, le 15 juin 2015

En 22 ans tout a changé: les effets spéciaux, l'industrie du cinéma qui repose de plus en plus sur les franchises (il devient risquer de s'aventurer hors sentiers battus pour un blockbuster), le marché mondial (la Chine est devenu le 2e pourvoyeur de spectateurs), le marketing (Internet fait le buzz)...

Résultat, Jurassic World a rapporté 511M$ dans le monde en quelques jours. Il bat ainsi le dernier opus d'Harry Potter et s'accapare le titre de champion historique des recettes mondiales en un week-end. Le phénomène est mondial. 40% des recettes proviennent d'Amérique du Nord, 20% de Chine. En Amérique du nord, c'est le meilleur démarrage en recettes courantes, devant le premier Avengers, et même la meilleure recette/copie pour une sortie sur plus de 1000 écrans. En fréquentation, le film s'est offert le meilleur samedi de l'histoire et le meilleur démarrage en juin. En 3 jours et un soir, le film s'est hissé 3e recette de l'année 2015.

Alors, comment expliquer un tel phénomène?

1. Un univers familier et familial

Il n'y a rien d'original dans ce Jurassic World. le scénario est construit sur un canevas on ne peut plus classique depuis l'ère des blockbusters: installation du récit, montée crescendo des tensions, trois histoires en parallèles qui se rejoignent quitte à trouer le scénario de quelques événements pour le rendre plus crédible, final homérique (où l'humain est bien impuissant face aux monstres). Mais avec déjà trois films au compteur (près de 2 milliards de $ de recettes dans le monde), tout le monde connaît le parc jurassique, temporairement fermé depuis 14 ans. L'univers imaginé par l'écrivain Michael Crichton est très loin des romans désormais, mais le succès de la franchise a permit, avec les multiples diffusions sur petit écran, de connaître une vie au delà des années 90. Spielberg avait pris soin d'en faire des films tous publics. Et Jurassic World n'échappe pas à la règle: ici point d'horreur, pas de sexe, juste quelques blagues grivoises... Les parents, anciens fans du premier film, peuvent accompagner leurs progénitures. Et puis quoi de plus sympathique et classique que des dinosaures: de Disney au National Geographic Channel, ces créatures préhistoriques continuent d'être un objet de fascination depuis des générations.

2. Un succès des années 90 devenu culte: références multiples à Spielberg

Jurassic World a la bonne idée de faire référence au premier film, qui avait émerveillé le public il y a 22 ans. Ce lien génétique et cinématographique avec le film permet de multiples clins d'oeil à un public adulte. Les récents James Bond ont aussi multiplié ses auto-citations, avec succès. On retrouve même les "ruines" du premier parc, ses jeeps, un t-shirt vendu sur E-Bay... Si la mise en scène de Colin Trevorrow est moins flamboyante, elle reste maîtrisée. Ici, hormis la séquence de la girosphère, on ne retrouvera pas de séquence mémorable comme celle du mobile-home pendu à pic au dessus d'un précipice, avec cette vitre qui se fissure. Mais le parc Jurassic World, sorte d'utopique Tomorrowland forain (assez satirique quand on regarde de près), est surtout un cadre idéal pour revenir aux fondamentaux de Spielberg: relations tourmentées entre adultes et enfants, gamins plongés dans une aventure périlleuse, héros marginal mais malin, et même un dinosaure qui fait écho aux Dents de la mer...

3. Un Indiana Jones en puissance

Après le succès des Gardiens de la Galaxie, où il savait manier les coups comme l'humour, Chris Pratt est en train de prendre du galon. Dans le film, son look s'apparente davantge à Indiana Jones, jusqu'au premier plan, en contre jour où l'on pourrait croire à l'archéologue. Hasard, il se murmure qu'il est favori pour reprendre le stetson dans une nouvelle saga d'Indiana Jones. L'avantage de Pratt, qui n'a pour l'instant pas l'étoffe d'un immense comédien mais bien celle du héros décalé, c'est sa masculinité. Pas bodybuildé, un peu mal dégrossi même, il a tout du mâle solide qui rassure. Du mâle alpha quoi. Son charme et son auto-dérision séduisent et font mouche quand la plupart des blockbusters offrent une panoplie de super hommes trop sérieux ou traumatisés, si on fait exception de Robert Downey Jr. Sa capacité à jouer avec les réseaux sociaux est un atout dans le monde marketé actuel. A 35 ans, dans un système en mal de chair fraîche, il a les reins assez solides pour devenir un John Wayne des temps modernes, après une dizaine d'années de seconds rôles dans de bons films et quelques navets.

4. Une héroïne à la Joan Wilder

Bryce Dallas Howard hérite d'un rôle ingrat et profondément critiquable: a priori, une femme qui dirige un énorme parc d'attraction, c'est bon pour l'égalité des sexes. Mais pourquoi cette "contro-freak" / working girl / business woman doit-elle être dépassée dès les premiers événements imprévus? Pourquoi a-t-elle tant besoin d'être rassurée par les hommes (son patron, son éleveur de raptors, ...)? Pourquoi son manque d'amour/affection/enfant est pointé du doigts pour en faire une femme a priori antipathique? Heureusement, lorsqu'elle décide de lâcher prise et de s'unir avec son amant d'un soir, elle se transforme en l'une de ces femmes civilisées plongées dans la jungle comme l'aime tant le cinéma hollywoodien. Et si, contrairement à Kathleen Turner dans À la poursuite du diamant vert elle ne se sépare jamais de ses talons hauts même en courant dans la forêt, son rôle se rapproche beaucoup de celui de Joan Wilder dans le film de Zemeckis. Certes, elle finit moins salie et même moins transformée personnellement que la romancière new yorkaise après son séjour en Colombie, mais clairement, le cousinage est flagrant, et plaît toujours. BDH n'a évidemment pas le sex-appeal de Turner, mais ce serait sans aucun doute l'élément à développer par la suite.

5. Deux enfants pour que le jeune public puisse s'identifier

Un ado dont la sève montante l'empêche de regarder autre chose que des filles et un gamin-wikipédia: deux stéréotypes du cinéma hollywoodien. Le premier fait forcément craquer les minettes, le second a forcément des défauts physiques pré-puberté. Peu importe: cela permet de ratisser large et de donner aux jeunes de moins de 15 ans de quoi s'identifier et participer pleinement à l'aventure. La prochaine fois, une jeune fille en bonus fera l'affaire. Il fallait de toute façon deux gamins pour raccrocher un public né après les années 90, qui n'a pas connu le phénomène des deux premiers films réalisés par Spielberg. De la même manière la 3D est utilisée pour attirer ce même public. Evidemment, les références à Spileberg (voir plus haut) ne leur diront rien. De même que la séquence clin d'oeil aux Oiseaux d'Alfred Hitchcock. Mais le pari est réussi puisque 2 spectateurs américains sur 5 avait moins de 25 ans ce week-end. Si les deux jeunes envoyés en pâture dans la zone de confinement sont de purs stéréotypes et ne marquent pas les esprits, ils sont, cependant, les dignes héritiers des Goonies et autres films du genre.

6. A l'opposé des films de super-héros, dont on est gavé

Après des années de domination de Marvel, le public avait faim d'autres divertissements estivaux. L'an dernier, les Transformers, Maléfique, la suite de la Planète des Singes n'ont pas réussi à concurrencer les Gardiens de la Galaxie et Captain America 2. Et en 2013, Iron Man 3 a écrasé Moi moche et méchant et un autre super-héros, Man of Steel. Pire en 2012, trois super-héros avaient fait la loi du box office de l'été: les Avengers, The Dark Knight Rises et The Amazing Spider-Man. Bref depuis Harry Potter, aucun blockbuster n'avait pu s'imposer face aux personnages issus de comics. Jurassic World pourrait être le premier à damer le pion. Le public continue de répondre présent (le deuxième Avengers a quand même bien cartonné) mais il était en demande d'autre chose. On l'a vu depuis le début de l'année avec American Sniper et Fast & Furious 7. Constater aussi qu'un spectacle comme Mad Max ou une comédie d'action comme Kingsman ont trouvé leur public et démontre qu'on peut proposer au public autre chose que de l'animation ou des Marvel/DC Comics et autres littérature pour jeunes adultes (Hunger Games, Divergente...). Jurassic World avait l'avantage d'être une marque déjà connue, et, qui plus est, arrivant après un mois de mai désastreux pour Hollywood avec les semi-échec de Tomorrowland et San Andreas et les flops d'Aloha, Entourage et Hot Pursuit. En débarquant ainsi, les dinos n'ont fait qu'une bouchée de la concurrence et ont rempli les salles: plus que du désir, il y avait famine de grand spectacle bruyant et bon enfant. Après 14 ans d'absence sur les écrans, il y avait urgence à ressortir le T-Rex.

7. A la fin, le T-Rex gagne toujours

Le grand méchant du film est donc une créature hybride, composée à partir d'un assemblage génétique. L'Indominus Rex. Une femelle effrayante et dotée de formidables capacités déroutant tous les experts. Même le nom est fabriqué: il a été inventé pour pouvoir être prononcé par des enfants (justification émise texto dans le film, on n'arrête pas le cynisme). Tout est prévu. Entre les Raptors, domptés, et le T-Rex, sans compter tous ces dinos domestiques qui servent d'attractions ludiques pour les clients, on se demandait ce qu'était devenu notre T-Rex emblématique (en l'occurrence celui du premier opus). On ne l'entre-aperçoit que furtivement dans la première demi-heure, derrière une vitre. Il sera le Godzilla qui terrassera le monstre. Reste que Jurassic World, comme à chaque sortie d'un film de la série, a produit une hausse notable d'articles autour des dinosaures ou signés de paléontologues / experts qui veulent absolument placer ce film de "science-fiction" dans une réalité ou une crédibilité scientifique. Absurde évidemment. Outre le fait qu'ils contribuent au marketing puissant du studio Universal (de la pub, même mauvais, gratuite est toujours bonne à prendre), il est clairement expliqué à chaque épisode que l'ADN retrouvé des dinosaures ne suffit pas à recréer les ancêtres de l'ère Primaire. Il faut mélanger les gènes, avec plaisir, avec d'autres animaux existants. Pas étonnant alors que untel ne criait sans doute pas comme cela ou qu'un autre avait des plumes en réalité. Débat aussi vain qu'inutile. Un T-Rex de cinéma c'est avant tout le monstre ultime, celui de nos peurs "primales", comme King Kong. A-t-on vu un savant crier à l'imposture sur ce grand singe?

8. Une fin qui permet une suite, déjà signée (spoilers)

S'il y a des trous et des erreurs dans le scénario (comment Omar Sy s'échappe de la zone de confinement? comment les 20000 clients sont évacués en moins d'une heure et comment les héros sont rapatriés? pourquoi le Mosasaurus marin semble cinq fois plus grand que l'Indomnus alors qu'ils font sensiblement la même taille? comment une jeep vieille de 20 ans redémarre sans essence?), il y a tous les éléments pour une suite: le Dr Wu s'est enfuit avec ses créations génétiques, l'île est abandonnée aux dinosaures, Owen et Claire sont bons pour une alliance (pas seulement professionnelle), ... bref il y a une brèche dans laquelle les scénaristes sont déjà prêts à s'engouffrer.