Golden Globes: la domination des films indépendants

Posté par vincy, le 11 décembre 2014

golden globesInvincible, American Sniper et autres Interstellar ont été snobés par les 72e Golden Globes. D'autres favoris comme Mr. Turner et Wild ont été oubliés. En revanche, Boyhood, Birdman, The Imitation game et The Grand Budapest Hotel pavanent dans plusieurs catégories.

Côté acteurs, la liste est quasiment calquée sur celles des Screen Actors Guild Awards. Notons le doublé de Julianne Moore (en drame et en comédie) et la présence de Lana del Rey et de Patty Smith dans la catégorie chanson.

Birdman domine largement la liste des nominations avec 7 citations devant Boyhood et The Imitation Game (5 chacun), Gone Girl, The Grand Budapest Hotel, Selma et The Theory of Everything (4 chacun). Côté studios, Fox Searchlight surclasse The Weinstein Company (12 contre 10). Au total les indépendants raflent près des 3/4 des nominations.
Voilà qui relance une compétition pour les Oscars décidément très ouvertes.

Pour les Golden Globes, les gagnants seront connus le 11 janvier. Le Cecil B. De Mille Award sera décerné à George Clooney.

Meilleur drame: Boyhood ; Foxcatcher ; The Imitation Game : Selma ; The Theory of Everything
Meilleure comédie ou musical: Birdman ; The Grand Budapest Hotel ; Into the Woods ; Pride ; St Vincent
Meilleur film d'animation: Les nouveaux héros ; The Book of Life ; Les Boxtrolls ; Dragons 2 ; Lego, la grande aventure
Meilleur film étranger: Force majeur (Snow Therapy) ; Gett : le procès de Viviane Amsalem ; Ida ; Leviathan ; Tangerines

Meilleur réalisateur: Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel) ; David Fincher (Gone Girl) ; Ana DuVernay (Selma) ; Alejandro Gonzalez Innaritu (Birdman) ; Richard Linklater (Boyhood)
Meilleure actrice (drame)Jennifer Aniston (Cake), Felicity Jones (The Theory of Everything), Julianne Moore (Still Alice), Rosamund Pike (Gone Girl), Reese Witherspoon (Wild)
Meilleur acteur (drame): Steve Carell (Foxcatcher), Benedict Cumberbatch (The Imitation Game), Jake Gyllenhaal (Night Call), ; David Oyelowo (Selma) ; Eddie Redmayne (The Theory of Everything)
Meilleure actrice (comédie): Amy Adams (Big Eyes) ; Emily Blunt (Into the Woods) ; Helen Mirren (The Hundred Foot Journey) ; Julianne Moore (Maps to the Stars) : Quevenshane Wallis (Annie)
Meilleur acteur (comédie): Ralph Fiennes (The Grand Budapest Hotel) ; Michael Keaton (Birdman) ; Bill Murray (St Vincent) ; Joaquin Phoenix (Inherent Vice) ; Christoph Waltz (Big Eyes)
Meilleur second rôle féminin: Patricia Arquette (Boyhood) ; Jessica Chastain (A Most Violent year) ; Keira Knightley (The Imitation Game), Emma Stone (Birdman), Meryl Streep (Into the Woods)
Meilleur second-rôle masculin : Robert Duvall (The Judge), Ethan Hawke (Boyhood), Edward Norton (Birdman), Mark Ruffalo (Foxcatcher), J.K. Simmons (Whiplash)

Meilleur scénario: The Grand Budapest Hotel ; Gone Girl ; Birdman ; Boyhood ; The Imitation Game
Meilleure musique: The Imitation Game ; The Theory of Everything ; Gone Girl ; Birdman ; Interstellar
Meilleure chanson: Glory (Selma) ; Big Eyes (Big Eyes) ; Mercy is (Noé) ; Opportunity (Annie) ; Yellow Flicker Beat (Hunger Games 3)

Jessica, Kit, Susan et Kathy chez Xavier Dolan

Posté par vincy, le 10 décembre 2014

kathy bates kit harington susan sarandon

Kathy Bates chez Xavier Dolan. Le fan de Titanic ne pouvait rêver mieux pour le casting de son premier film anglophone et "hollywoodien", The Death and Life of John F. Donovan. Jessica Chastain, déjà annoncée pour le rôle principal, sera entourée de l'actrice de Misery, mais aussi de Susan Sarandon et Kit Harington.

Kathy Bates interpétera la manager d'un acteur célèbre pour son rôle de super héros (incarné par Kit Harington), tandis que Susan Sarandon sera la mère de Jessica Chastain (c'est une évidence cinématographique). Kit Harington a surtout joué dans des films de genre (Silent Hill, Pompéi et bientôt Le septième fils). Il est célèbre pour son personnage de Jon Snow dans la série Le Trône de fer.

Dans The Hollywood Reporter, Dolan précise que son film "concernera surtout l’impact d’Hollywood sur la vie privée et comment cet univers peut transformer et déformer votre intimité envers les autres" tout en explorants "les clichés du cinéma américain et de la narration." le film est l'histoire d'un jeune comédien célèbre dont la vie et la carrière vont être bouleversées quand sa correspondance privée avec un fan de 11 ans est révélée par une journaliste crapuleuse (Jessica Chastain).

Cette déconstruction du mythe de super héros se tournera au printemps.

Birdman empoche 4 nominations aux Screen Actors Guild Awards

Posté par vincy, le 10 décembre 2014

michael keaton birdman

La guilde des acteurs (Screen Actors Guild) a donné un gros coup de pouce à Birdman d'Alejandro Gonzalez Inarritu en nommant trois de ses comédiens et son casting. D'ici la révélation des gagnants, le 25 janvier 2015, nous sauurons si la puissante Guilde (prinipal contingeant de votants aux Oscars) a toujours l'influence qu'on lui prête. Mais, clairement, les favoris de l'année se situe dans cette liste de nominations

Notons que Benedict Cumberbatch et Mark Ruffalo sont également nominés dans la catégorie meilleur acteur pour la télévision. Pour le petit écran, des stars de cinéma aussi prestigieuses que Julia Roberts, Kevin Spacey ou Matthew McConaughey sont cités.

Quoi qu'il arrive, aucun des acteurs et des seconds rôles féminins nominés n'a reçu le prix de la SAG auparavant. Côté actrices, Witherspoon l'a déjà eu et, si elle gagnait, serait la première actrice à être récompensée deux fois. Pour les seconds rôles masculins, Robert Duvall serait dans la même situation. Meryl Streep s'octroie une quinzième nomination, un record pour un comédien dans la catégorie cinéma. Julianne Moore célèbre sa dixième nomination.

Meilleur acteur: Steve Carell (Foxcatcher), Benedict Cumberbatch (The Imitation Game), Jake Gyllenhaal (Night Call), Michael Keaton (Birdman), Eddie Redmayne (The Theory of Everything)
Meilleure actrice: Jennifer Aniston (Cake), Felicity Jones (The Theory of Everything), Julianne Moore (Still Alice), Rosamund Pike (Gone Girl), Reese Witherspoon (Wild)
Meilleur second rôle masculin: Robert Duvall (The Judge), Ethan Hawke (Boyhood), Edward Norton (Birdman), Mark Ruffalo (Foxcatcher), J.K. Simmons (Whiplash)
Meilleur second rôle féminin: Patricia Arquette (Boyhood), Keira Knightley (The Imitation Game), Emma Stone (Birdman), Meryl Streep (Into the Woods), Naomi Watts (St Vincent)
Meilleur casting: Birdman ; Boyhood ; The Grand Budapest Hotel ; The Imitation Game ; The Theory of Everything

American Film Institute: 11 films dans le Top 10 de l’année

Posté par vincy, le 9 décembre 2014

Foxcatcher

Pour la première fois, l'American Film Institute a choisit 11 films, et non 10, dans son palmarès de l'année. Rappelons que l'an dernier, 7 des 10 films élus par l'AFI, s'étaient retrouvés dans la catégorie meilleur film des Oscars.

- American Sniper de Clint Eastwood
- Birdman d'Alejandro Gonzalez Inarritu
- Boyhood de Richard Linklater
- Foxcatcher de Bennett Miller
- The Imitation game de Morten Tyldum
- Interstellar de Christopher Nolan
- Into the Woods de Rob Marshall
- Nightcrawler (Night Call) de Dan Gilroy
- Selma de Ava DuVernay
- Unbroken (Invincible) d'Angelina Jolie
- Whiplash de Damien Chazelle

On notera les absences de Gone Girl, The Grand Budapest Hotel, A Most Violent Year, Fury ou encore d'Inherent Vice.

Pride sacré meilleur film aux British Independent Film Awards

Posté par vincy, le 8 décembre 2014

Pride Queer PalmOn reste un peu stupéfait par le choix des 17e British Independent Film Awards. Non pas que Pride, cette comédie sociale typiquement britannique, mélangeant la lutte des mineurs se mélangeant aux revendications des homosexuels dans l'Angleterre thatchérienne, soit un mauvais film (loin de là). Mais face à Mr. Turner, Calvary, '71 et The Imitation Game, il créé la surprise. Et soyons honnêtes, Mr. Turner, '71 et Calvary lui sont supérieurs cinématographiquement.

Mais passons. Pride est le vainqueur de l'année. Le film de Matthew Warchus succède à des films aussi populaires que Le discours d'un roi, Slumdog Millionaire, This is England, Vera Drake, The Constant Gardner, Billy Elliot ou My Name is Joe. Parfait feel-good movie, Pride avait fait la clôture de la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Le film a aussi raflé les deux prix dans la catégorie meilleur second-rôle pour Imelda Staunton (meilleure actrice en 2004) et Andrew Scott, la nouvelle coqueluche anglaise.

Pour le reste du palmarès, les britanniques ont logiquement récompensé Boyhood (film étranger), soit le premier film américain a gagné ce prix depuis la création de cette catégorie en 2003, Yann Demange comme réalisateur (pour son premier film '71), le scénario et la musique de Frank, l'actrice Gugu Mbatha-Raw (Belle), également nominée en meilleur espoir, l'acteur Brendan Gleeson (Calvary) qui a battu les favoris Benedict Cumberbatch et Timothy Spall, l'espoir Sameena Jabeen Ahmed (Catch Me Daddy), aussi nominée comme meilleure actrice, et le documentaire Next Goal Wins.

Grand perdant : Mr. Turner, qui repart bredouille malgré cinq nominations. The Imitation Game (quatre nominations) sauvent l'honneur avec le prix Variety pour Benedict Cumberbatch.

Enfin, les British Independent Film Awards ont honoré Emma Thompson du Prix Richard Harris pour sa contribution au cinéma britannique et John Boorman d'un Prix spécial du jury.

Les Critiques de Los Angeles plébiscitent (eux aussi) Boyhood

Posté par vincy, le 8 décembre 2014

Pour une fois, les critiques de Los Angeles sont d'accord avec leurs rivaux de New York (voir le palmarès du NYFCC). Boyhood est le meilleur film de l'année et Richard Linklater le meilleur réalisateur. Boyhood a triomphé à New York. L'Association des Critiques de Los Angeles l'a également sacré (avec en bonus le prix de la meilleure actrice pour Patricia Arquette et le prix du meilleur montage). Une razzia. Notons qu'Arquette avait été honorée par les confrères new yorkais mais dans la catégorie second-rôle féminin.

Autant dire que Boyhood est d'ores et déjà le grand favori de la saison des prix. Mais là encore, il y a du chemin avant les Oscars. Depuis 2000, un seul film (The Hurt Locker/Démineurs) a réalisé le doublé. Toujours depuis 2000, les critiques de L.A. et de NY n'ont choisi le même film qu'à quatre reprises.

Le perdant c'est évidemment Wes Anderson avec The Grand Budapest Hotel. Deux prix (scénario et décor) mais finaliste trois fois (film, réalisateur, montage). Anderson avait là aussi été primé à New York la semaine dernière pour son scénario.

Pour le reste, les critiques angelinos ont réservé quelques surprises: Ida, le drame polonais de Pawel Pawlikowski, l'emporte sur la Palme d'or Winter Sleep, mais s'octroie en plus le prix du meilleur second-rôle féminin. Ida avait aussi été gagnant à New York. Idem côté documentaire: le même choix pour Citzenfour.

Tom Hardy est récompensé pour son rôle / one-man show dans Locke, devant le favori Michael Keaton dans Birdman, qui ne repart qu'avec le prix de la meilleure image. C'est d'ailleurs le quatrième prix des critiques de L.A. pour le directeur de la photographie Emmanuel Lubezki, et le deuxième consécutif après Gravity l'an dernier. Birdman a aussi échoué pour le prix du meilleur second-rôle masculin puisque Edward Norton s'est fait supplanté par J.K. Simmons (Whiplash), déjà récipiendaire du même prix à NY.

Dernière surprise: le film d'Isao Takahata a mis K.O. les Lego côté animation.

Que faut-il en déduire? La course aux Oscars est très ouverte. Même si on voit se profiler, déjà, quelques films indépendants favoris (Boyhood, Birdman, The Grand Budapest Hotel) et quelques stars incontournables (Patricia Arquette, Michael Keaton, Julianne Moore, Jessica Chastain, J.K. Simmons, Edward Norton) pour les Oscars. Feront-ils le poids face aux films des studios (The Imitation Game, Invincible)? Pour les Oscars, on devra attendre le 15 janvier.

Le palmarès intégral:

Meilleur film: Boyhood ; finaliste: The Grand Budapest Hotel

Meilleur réalisateur: Richard Linklater (Boyhood) ; finaliste: Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel)

Meilleur acteur: Tom Hardy (Locke) ; finaliste: Michael Keaton (Birdman)

Meilleure actrice: Patricia Arquette (Boyhood) ; finaliste: Julianne Moore (Still Alice)

Meilleure second-rôle masculin: J.K. Simmons (Whiplash) ; finaliste: Edward Norton (Birdman)

Meilleur second-rôle féminin: Agata Kulesza (Ida) ; finaliste: Rene Russo (Night Call)

Meilleur scénario: Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel) ; finaliste: Alejandro Gonzalez Inarritu, Nicolas Giacobone, Alexander Dinelaris et Armando Bo (Birdman)

Meilleur film en langue étrangère: Ida ; finaliste: Winter Sleep

Meilleur documentaire: Citizenfour ; finaliste: Life Itself

Meilleur film d'animation: Le conte de la Princesse Kaguya ; finaliste: The Lego Movie

Meilleure image: Emmanuel Lubezki (Birdman) ; finaliste: Dick Pope (Mr. Turner)

Meilleurs décors: Adam Stockhausen (The Grand Budapest Hotel) ; finaliste: Ondrej Nekvasil (Snowpiercer)

Meilleure musique de film (ex-aequo): Jonny Greenwood (Inherent Vice) ; Mica Lev (Under the Skin)

Meilleur montage: Sandra Adair (Boyhood) ; finaliste: Barney Pilling (The Grand Budapest Hotel)

Prix nouvelle génération: Ava DuVernay (Selma)

Prix Douglas Edwards (film ou vidéo indépendant ou expérimental): Walter Reuben (The David Whiting Story)

Prix pour l'ensemble de sa carrière: Gena Rowlands

Mention spéciale: Leonard Maltin (critique)

Mike Leigh: « Je pense que la révolution digitale rend possible l’arrivée des jeunes réalisateurs »

Posté par cynthia, le 7 décembre 2014

mike leigh sur le tournage de Turner

Mr. Turner réalise un joli succès en salles en France depuis sa sortie mercredi dernier. Au Royaume Uni, le film de Mike Leigh est déjà le plus grand succès public du cinéaste en son pays, entrant dans le Top 40 de l'année. C'est même son premier film à franchir le cap des 10M$ de recettes.

La renommée du cinéaste, la popularité du peintre Turner, l'excellence de l'acteur Timothy Spall, prix d'interprétation à Cannes, et la qualité de l'oeuvre ont produit l'alchimie toujours imprévisible qui conduit une longue fresque à rencontrer son public.

Dans son entretien avec Ecran Noir, le cinéaste a, notamment, évoqué la fascination de Turner pour la photographie, nouveauté technologique de l'époque, ce qui conduit inévitablement à la question du rapport entre un réalisateur et l'outil numérique, mutation des temps modernes.

Écran Noir: Turner était inquiet mais fasciné par l'arrivée de la photographie, êtres-vous inquiet par le numérique, la 3D...?
Mike Leigh: Non pas du tout. D'ailleurs j'ai fait ce film avec une caméra numérique. Et c'était vraiment super. Je pense que la révolution digitale rend possible l'arrivée des jeunes réalisateurs dans le septième art. Je pense même que c'est le futur du cinéma. Tout cela est très positif.
Concernant Turner et la photographie, oui, il en était fasciné et je pense que dans un certain sens, il considérait cela comme un nouvel art. D'ailleurs, comme nous tournions avec une caméra numérique, à chaque prise on se demandait ce que Turner aurait pu dire. Je pense que c'est une excellente dédicace pour lui, il aurait aimé.

Écran Noir: Est-ce que c'est la caméra numérique qui transpose si fidèlement la magnifique lumière de ses tableaux?
Mike Leigh: Et bien nous avons passé beaucoup beaucoup de temps à regarder le travail de Turner. Je voulais que l'on ressente Turner, qu'on regarde Turner. Parfois on a vraiment l'impression de regarder sa peinture avec les couleurs. C'est en quelque sorte une expérience visuelle.

L'intégralité de l'entretien avec Mike Leigh

Iranien de Mehran Tamadon : l’expérience du vivre ensemble

Posté par MpM, le 6 décembre 2014

iranienDepuis mercredi, on peut voir sur quelques écrans (privilégiés) un drôle d'objet cinématographique qui mêle un concept digne de la téléréalité (faire vivre ensemble sous le regard de la caméra une poignée d'individus qui ne se connaissent pas) à une expérience éminemment sérieuse de confrontation d'idées entre des Iraniens partisans du pouvoir religieux en place et le réalisateur, laïc convaincu qui ne cache pas son athéisme.

Mehran Tamadon, dont on avait beaucoup aimé Bassidji en 2010, récidive donc dans sa tentative de dialoguer avec les tenants de la république islamique, à la recherche d'un dénominateur commun qui rende le vivre ensemble possible. L'idée du cinéaste est de raisonner à partir d'une mini-société à l'échelle d'une maison. Dans les chambres, chacun est libre d'afficher ce qu'il souhaite et d'obéir aux règles qui sont les siennes. Mais le salon, espace commun ouvert à tous, doit être organisé dans le respect mutuel de chacun, en respectant les croyances et la liberté de tous les habitants.

Face à cette société utopique, les dissensions mais aussi les points de compromis possibles apparaissent. Le cinéaste remporte peu de victoires (ses interlocuteurs jouent souvent la mauvaise foi) mais il peut se targuer de fissurer le front de certitudes qui s'opposait au départ à lui. Tout comme lui, les Mollahs consentent à adoucir leur doctrine. L'un accepte qu'une certaine photo (qu'il juge choquante) soit affichée dans le salon, l'autre tolère qu'on écoute des chansons alors qu'elles lui semblent néfastes. Sous l'œil discret de la caméra, un petit miracle se fait, et on aperçoit la possibilité d'une entente, presque d'une fraternité entre ces hommes que tout semblait opposer.

Mais bien sûr, ce ne sont pas cinq hommes dans un salon qui changent une société en 48h, et le film n'essaye jamais de nous le faire croire. On sent pourtant que ce pourrait être un début, un premier pas, une étape dans la compréhension réciproque entre individus qui, au fond, se craignent surtout parce qu'ils n'ont pas l'habitude de se parler.

La meilleure preuve de l'importance symbolique de ce genre d'initiative est d'ailleurs donnée dans l'épilogue d'Iranien, lorsque l'on apprend que le réalisateur s'est vu retirer son passeport, puis menacé, suite au tournage, d'être définitivement interdit de sortie du territoire. En effet, ce genre de rapprochement dérange le pouvoir en place, parce qu'il empêche la diabolisation de l'autre et favorise la fraternisation et la tolérance. C'est dire son importance, et l'absolue nécessité de réaliser, et de soutenir, de tels films.

990 000 euros, prix maximum pour un acteur-scénariste-réalisateur-producteur

Posté par vincy, le 5 décembre 2014

On ne retient que ça des mesures prises par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à l’occasion de son dernier conseil d’administration, il y a une semaine, pour maîtriser les coûts du secteur cinématographique et soutenir la distribution.

Une seule mesure parmi des dizaines a retenu l'attention des médias après les révélations des Echos.

Faisons bref. Deux ans après la tribune explosive de Vincent Maraval sur l'indécence ruineuse des cachets des comédiens dans le cinéma français (lire notre dossier), le CNC a décidé de réguler le marché. En cas de « coût artistique disproportionné », le film sera privé des soutiens publics. « Cette disposition ne vise pas à empêcher les très fortes rémunérations. Mais si c’est le cas, le producteur devra aller chercher des financements ailleurs », note un spécialiste dans le journal économique.

Le barème est variable en fonction des devis de production. a rémunération la plus élevée ne pourra dépasser 5?% du devis. Cette règle s’applique aux rémunérations fixes, mais pas à la part variable que peuvent toucher les stars en fonction du succès en salle.

Rémunérations maximales:

  • Film inférieur à 4 millions d’euros : 15 % du coût de production
  • Film entre 4 et 7 millions d’euros : 8 % du coût de production
  • Film entre 7 et 10 millions d’euros : 5 % du coût de production
  • Film supérieur à 10 millions : 990 000 euros

Qu'on soit clair: le cachet maximal de 990000 euros touche très peu d'acteurs en France. On les compte sur les doigts d'une main. Mais cette mesure touche aussi réalisateurs, scénaristes ou producteurs. Ce plafond s'entend par personne et non par fonction: si un acteur assure également le scénario et/ou la réalisation, les plafonds restent les mêmes, ils ne se cumulent pas Cela veut dire qu'un Dany Boon ou un Jean Dujardin - comme autrefois un Pierre Richard ou un Alain Delon - sont directement concernés, cumulant parfois les quatre postes. Roman Polanski avec 1,3 millions d'euros de revenus en 2013 est impacté (réalisateur, scénariste). Une dizaine de réalisateurs en France pourrait subir ce plafonnement. Et pas forcément Laurent Tirard ou Fabien Onteniente.

En cas de dépassement de ces plafonds, le film sera privé des aides sélectives et le producteur ne pourra pas réinvestir son fonds de soutien du CNC dans cette production. Les chaînes de télévision seront aussi empêchées (en tant que coproductrices) d’investir leur fonds de soutien dans ces films. Vincent Maraval posait une question simple : "Est-il normal qu’un film reçoive du soutien alors qu’il fait travailler des gens pour des salaires qui dépassent le million d’euros ? Etait-ce cela le but du système de financement du cinéma français ?" Le CNC l'a entendu. Et sur le fond, il n'a pas tort. Pourquoi payer un film dont le but est commercial avec de l'argent public?

Mais, derrière ce "choc de simplication", apparaît finalement un casse-tête bien français. Car pour quelques stars concernées, on créé une règle stricte, qui, par définition, s'adapte mal à une "industrie" comme celle du cinéma. Surtout, les films du milieu vont souffrir. Ceux-là ont souvent besoin de têtes d'affiche ET d'aides publiques pour se financer puis se vendre à l'international. Comme l'explique également l'agent Elisabeth Tanner dans un entretien au Monde, "Pourquoi le fait d’écrire un scénario pendant un an et de jouer ensuite dans le film devrait-il conduire à limiter votre rémunération, alors qu’elle ne l’aurait pas été si vous vous étiez contenté d’écrire le scénario ?"

Au final, cette mesure pourrait entraîner quelques effet pervers: on réduira les cachets, mais, comme le souligne Marc Missionnier, producteur et président de l'Association des producteurs de cinéma: "Ce que les agents peuvent perdre en raison de cachets moindres, ils peuvent le gagner par un intéressement accru aux recettes". Ce qui réduira les marges de tout le monde et poussera les comédiens à prendre davantage de pouvoir dans le processus du film, comme aux Etats-Unis. Va-t-on arriver à un système où un acteur bankable bradera sa valeur marchande (certes aléatoire) mais réclamera un pourcentage astronomique sur les tickets, les ventes internationales et les diffusions TV/VOD/DVD en échange? Après tout c'est ce qui était proposé dans le rapport Bonnell, qui incitait au partage du risque commercial par les stars très bien payées.

Pourtant, globalement, les producteurs sont satisfaits. Ils rappellent que cette mesure ne concerne que 10 à 15 films par an au maximum. Et même moins cette année. Car, depuis la tribune de Vincent Maraval, la prise de conscience a été collective. Le marché s'est régulé de lui-même. Au final, avec ce cadre règlementaire, il y aura donc deux systèmes: un cinéma privé-public et un cinéma privé à but commercial, mais plus risqué.

Cependant, tout cela ne répond pas au véritable problème du moment: le financement des films (et pas seulement ceux du milieu). L'économie du cinéma français se précarise (lire également notre actualité du 15 novembre: La production française connaît sa pire année depuis 2010). La moyenne des budgets diminue année après année. Les tournages s'exilent dans des territoires fiscalement et socialement plus attractifs. La durée des tournages se réduit fortement, et, par conséquent, les intermittents affichent moins d'heures au compteur. Investissements en chute, distributeurs de plus en plus fragiles, tensions sociales (convention collective, régime des intermittents), etc.: les autres mesures, celles qui soutiennent la distribution par exemple, sont plus pertinentes.

Le débat sur les cachets est un faux débat quand un film est de plus en plus difficile à financer, même avec une vedette au générique. Le problème du cinéma français, c'est la place qu'il accorde aux scénaristes et aux réalisateurs qui ne sont plus assez "mainstream" pour les grandes chaînes de télévision. L'enjeu ce n'est pas de juger le salaire exorbitant d'une star (qui attire un million de personnes dans les salles et sept millions derrière le petit écran) mais de savoir pourquoi on produit encore et toujours de mauvaises comédies, avec des castings improbables.  Comme le titrait Première le mois dernier, la question est plutôt "Et si on faisait de bons films?" (dans de bonnes conditions) et pas "Et si on payait moins les acteurs?" (avec de bonnes intentions).

Jeu concours : un DVD de The Sixties Quartet de Jonas Mekas à gagner

Posté par MpM, le 5 décembre 2014

Le week-end des 6 et 7 décembre, c'est le 3e Salon de l'édition DVD indépendante au cinéma La Clef. A cette occasion, nous vous proposons de gagner un DVD par jour pendant toute la semaine.

Dernier titre en jeu, The Sixties Quartet de Jonas Mekas, édité chez RE:VOIR.

Pour participer, il suffit de répondre à la question suivante :

De quel célèbre artiste des années 60 Jonas Mekas a-t-il proposé des "scènes de la vie" ("Scenes from the life of") ?

Votre réponse et vos coordonnées postales sont à envoyer par courriel avant le 8 décembre 2014. Aucune réponse postée dans les commentaires du site ne sera prise en compte.