L’instant Court : Electrobank réalisé par Spike Jonze, avec Sofia Coppola

Posté par kristofy, le 7 janvier 2011

ElectrobankComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Music For One Apartment And Six Drummers réalisé par Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson, voici l’instant Court n° 14.

C’est le tout début de l’année 2011 et enfin le moment de découvrir en salles le film Somewhere de Sofia Coppola qui était parvenu à remporter le Lion d’or du festival de Venise. C’est son 4ème long-métrage, mais Sofia Coppola a réalisé encore plus de formats courts : le court-métrage Lick the star, deux publicitéx pour un  parfum, une poignée de clips musicaux (notamment pour the White Stripes, the Flamming Lips…). Sofia Coppola est passée aussi parfois devant la caméra (des apparitions dans les films de son père Francis Ford Coppola) pour faire l’actrice dans quelques clips-vidéos, dont on retiendra Sometimes Salvation de the Black Crowes mis en images par Stéphane Sednaoui.

A l’aube des années 90, Sofia Coppola devient amie avec Spike Jonze en passe de devenir un des réalisateurs de clips les plus remarqués du moment, ils se marieront en 1999 avant de divorcer en 2003. Cette séparation va être abordée par Sofia dans son premier scénario original (qui lui fera gagner un Oscar) Lost in translation : une jeune femme s’ennuie dans un hôtel pendant que son amoureux qui réalise des clips s’amuse de son côté…

Voila donc le court-métrage Electrobank réalisé par Spike Jonze, un clip pour le groupe the Chemical Brothers (dont on voit la photo à la fin), avec en actrice principale Sofia Coppola. On la découvre dans un rôle de gymnaste qui n’est pas très éloignée de ce que la jeune Sofia Coppola de 1997 va devenir ensuite : elle veut à la fois être la meilleure possible dans son art et en même temps briller aux yeux de ses amis et parents. A noter que dans son dernier film Somewhere Sofia Coppola intègre une scène qui fait un peu écho à ce clip : à la patinoire la fillette voudrait que son père remarque ce qu’elle sait faire…

Le réalisateur Spike Jonze s’est depuis illustré au cinéma avec Dans la peau de John Malkovitch, Adaptation et Max et les maximontres. Il continue de réaliser des clips de musique et autres courts-métrages comme I’m here.

The Ghost Writer rafle tout aux European Film Awards

Posté par vincy, le 4 décembre 2010

Meilleur film, meilleur réalisateur (Roman Polanski), meilleur acteur (Ewan McGregor), Meilleurs scénaristes (Robert Harris et Roman Polanski), meilleure direction artistique (Albrecht Konrad), meilleur musique (Alexandre Desplats) : The Ghost Writer a fait une razzia aux European Film Awards cette année.

Le cinéma français d'ailleurs n'a pas laissé beaucoup de place avec le prix de la meilleure actrice pour Sylvie Testud (Lourdes), le prix du meilleur montage (Carlos, le film), le prix du meilleur film d'animation (L'illusionniste).

Que reste-t-il? Deux prix pour le Lion d'or 2009, Lebanon (meilleure photo, prix FIPRESCI de la découverte), le prix Arte du meilleur documentaire pour Nostalgie de la lumière, le prix du meilleur court métrage pour Hanoi-Varsovie.

Et le choix du public qui s'est porté sur le peu populaire Mr. Nobody du belge Jaco Van Dormael (mais produit par le français Philippe Godeau) pour le titre de meilleur film européen.

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voir toutes les nominations

Venise 2010 : Lion d’or pour Sofia Coppola et palmarès controversé

Posté par MpM, le 12 septembre 2010

Les possibilités étaient nombreuses et les pronostics relativement ouverts, mais c'est assurément un palmarès inattendu et surprenant qu'ont rendu Quentin Tarantino et les membres du jury de la 67e Mostra. S'il est toujours possible de gloser sans fin (et sans réel intérêt) sur un choix forcément subjectif, tenant plus du compromis entre 7 personnes très différentes que de l'étude scientifique, on est tout de même en droit dans ce cas précis d'être déçu par le résultat des délibérations car il ne reflète absolument pas la diversité et la qualité d'une sélection unanimement saluée.

Admettons que le Lion d'or décerné à Somewhere de Sofia Soppola n'ait rien à voir avec le copinage : Tarantino et elle ont eu une liaison par le passé, mais on peut laisser au réalisateur le bénéfice du doute. Après tout, c'est un très joli film, touchant, presque plus réussi dans sa fragilité que ses précédents longs métrages. D'autant que les oeuvres favorites de la critique, qui ont plus la "carrure" d'un Lion d'or, comme The ditch de Wang Bing ou Post Mortem de Pablo Larrain, semblaient peut-être des choix trop évidents. Mais de là à les évacuer totalement du palmarès final...

Peu de films dignes d'être récompensés ?!

Même chose pour le double prix accordé à Alex de la Iglesia. Mise en scène, pourquoi pas. Il y avait pas mal d'autres possibilités (Darren Aronofsky, Abdellatif Kechiche, Takashi Miike...), mais on peut aimer ce style visuel excentrique et radical. Par contre, impossible de cautionner le prix du scénario quand justement le film semble n'en avoir aucun, se résumant à une banale histoire de rivalité amoureuse dérivant en règlement de comptes sanglant. Pourquoi, dans ce cas, ne pas choisir de récompenser l'un des autres bons films de la sélection ? Black swan, Post mortem, Silent souls... les candidats ne manquaient pas. L'autre double prix récompensant Essential killing de Jerzy Skolimowski (prix du jury et prix d'interprétation masculine) a également de quoi faire grincer des dents, parce qu'il donne vraiment l'impression que le jury a trouvé peu de films dignes d'être récompensés.

Enfin, les deux prix d'interprétation féminines semblent presque une blague : tout le monde attendait (à raison) Natalie Portman dans Black Swan, et c'est finalement celle qui interprète son amie dans le film, Mila Kunis, qui est récompensée, pour un second rôle somme toute sans éclat, par un prix de la "jeune actrice"... prix que l'on espérait voir revenir à Yahima Torrès dans Vénus noire d'Abellatif Kechiche.

Ce qui est relativement dommage, et  injuste, c'est qu'avec un tel palmarès, cette 67e édition de la Mostra de Venise risque de rester en mémoire comme un festival plutôt moyen. Exactement le contraire de Cannes qui a été sauvé par un palmarès ayant réussi à mettre en avant le meilleur d'une compétition pourtant en demi-teinte.

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Le palmarès 2010

Lion d'or
Somewhere de Sofia Coppola

Lion d'argent (prix de la mise en scène)
Alex de la Iglesia pour Balada triste de trompeta

Prix du jury
Essential killing de Jerzy Skolimowski

Prix du meilleur acteur
Vincent Gallo pour Essential killing

Prix de la meilleure actrice
Ariane Labed pour Attenberg

Prix de la meilleure jeune actrice
Mila Kunis dans Black swan

Prix de la meilleure photo
Le Dernier voyage de Tanya de Aleksei Fedorchenko

Prix du meilleur scénario
Alex de la Iglesia pour Balada triste de trompeta

Lion spécial pour l'ensemble de sa carrière
Monte Hellman

Venise 2010 : retour sur la compétition

Posté par MpM, le 11 septembre 2010

De manière générale, tout le monde est d'accord pour reconnaître la bonne tenue de la sélection 2010, presque plus captivante que celle de Cannes ou de Berlin. En effet, les réalisateurs attendus au tournant ont peu déçus tandis que les autres ont réussi à créer de belles surprises. On se retrouve donc en fin de festival avec des pronostics très ouverts sur l'identité des lauréats.

Dans le détail, il est frappant de constater que plusieurs thématiques très fortes se dégagent de ces 24 films venus pourtant de tous les horizons.

Le poids de l'Histoire

Tout d'abord, l'Histoire avait cette année une importance toute particulière, qu'elle soit au centre des intrigues comme dans Noi credevamo de Mario Martone, fresque épique sur la révolution italienne, ou plus en toile de fond comme dans les deux actioners asiatiques Detective Dee and the mystery of phantom flame de Tsui Hark et 13 assassins de Takashi Miike. Julian Schnabel, lui, aborde dans Miral les différentes étapes du conflit israélo-palestinien à travers la vie de plusieurs personnages qui se croisent. Dans Ballade triste de trompeta d'Alex de la Iglesia, la grande Histoire sert elle-aussi de prétexte à la petite, puisque son personnage principal est traumatisé par les horreurs de la guerre civile.

Enfin, trois films mêlent intimement témoignage historique et destins particuliers, puisant dans les faits réels qu'ils exposent une force dramatique supplémentaire : Venus noire d'Abdellatif Kechiche retrace les dernières années de la vie de Sarah Baartman, dite la "Venus Hottentote", Post mortem de Pablo Larrain se déroule au moment du coup d'état contre Salvador Allende au Chili, période troublée de massacres et de peur, et The ditch de Wang Bing raconte le quotidien miséreux de prisonniers politiques chinois croupissant dans un camp de travail insalubre pendant les années 60. Les journalistes chinois ont d'ores et déjà été prévenus, il est interdit de parler du film. Et si c'est lui qui gagne, il faudra tout simplement prétendre qu'aucun lion d'or n'a été décerné cette année. Preuve que le passé n'a pas fini d'être sensible, en plus d'être une excellente source d'inspiration.

Identité sexuelle 2.0

Dans un genre très différent, de nombreux films se sont intéressés aux questions d'identité sexuelle. Dans Potiche de François Ozon, les enjeux de la fin des années 70 font clairement écho à notre époque : émancipation, indépendance financière, libération sexuelle... Le film interroge ce qu'est être une femme et se moque des dernières barrières sexistes. Dans Black Swan de Darren Aronofky et La solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo, les deux héroïnes fantasment sur une autre femme, et vont jusqu'au passage à l'acte plus ou moins fantasmé.

De plus, à travers la question de l'identité sexuelle, c'est la notion même de couple qui vole en éclats pour mieux donner naissance à quelque chose de meilleur. Happy few d'Antony Cordier explore différentes combinaisons échangistes entre deux couples qui se rendent compte qu'ils fonctionnent mieux à 4 qu'à 2. Drei de Tom Tykwer réinvente le trio classique de la femme, le mari et l'amant, en jetant les deux hommes dans les bras l'un de l'autre, et en appelant à abandonner les "idées préconçues de détermination biologique". A bas les étiquettes, en somme.

Vous avez dit abstraction ?

Enfin, il y a presque de quoi relancer le vieux débat sur l'abstraction au cinéma, tant certains films essayent de s'affranchir de toute narration, voire de toute intrigue. Cela donne des oeuvres arides et épurées, parfois radicales, qui ne cherchent pas à séduire a priori. C'est le cas d'Essential killing de Jerzy Skolimowski, où Vincent Gallo est seul dans la neige pendant plus de la moitié du film. Ou encore de Promises written in winter, de et avec Vincent Gallo, sorte d'essai destructuré où l'acte de création a lieu en direct, encore et encore, jusqu'à trouver le ton juste.

Somewhere
de Sofia Coppola tend lui-aussi vers cette sorte d'abstraction en se contentant de capter la vie dans ce qu'elle a de plus quotidien. Au début et à la fin du film, on voit ainsi le personnage dormir, manger, marcher, en un mot vivre. Le reste est une succession de saynètes et de petits moments privilégiés. Silent Souls d'Aleksei Fedorchenko est un road-movie poétique et contemplatif sur les rites funéraires d'une éthnie russe imaginaire. Les gestes et les rituels y comptent bien plus que l'histoire-prétexte. Enfin, Meek's cutoff de Kelly Richardt se déroule dans les vastes plaines désertiques et désolées de l'Ouest américain. On y suit une poignée de pionniers à la recherche d'un point d'eau. L'intrigue et les dialogues tiennent sur un timbre poste, et là aussi tout est dans les gestes accomplis et l'écoulement du temps.

S'il est possible de considérer cette sélection comme un instantané de la production cinématographique à un instant "t", alors les réalisateurs contemporains semblent avant tout obnubilés par la question du temps qui passe. A la fois dans la nécessité d'interroger le passé pour mieux comprendre le présent, que dans celle de capter le flot de la vie et son irrésistible bouillonnement. Dans tous les cas, ils se projettent dans un avenir proche ou lointain qu'ils espèrent tous plus harmonieux, car ayant tiré les leçons de l'Histoire, et plus satisfaisant, car ayant redéfini les différents rapports sociaux entre les êtres. Le cinéma comme synthèse et utopie politiques, en quelque sorte.

La grande scénariste Suso Cecchi D’Amico est morte (1914-2010)

Posté par vincy, le 2 août 2010

On retient rarement le nom des scénaristes au générique, ces conteurs d'histoires en images. Suso Cecchi D'Amico a pourtant écrit de multiples chef d'oeuvres italiens parmi les 110 scénarios dont elle est l'auteur. Cette intellectuelle aura traversé sept décennies de cinéma, jusqu'à son dernier scénario en 2006.

Née en 1914 et décédée samedi 31 juillet - ce qui lui faisait 96 ans - cette romaine (de son vrai nom Giovanna Cecchi) avait pour parents l'écrivain Emilio Cecchi et la peintre Leonetta Pieraccini. Très belle femme, elle s'était mariée au musicologue Fedele D'Amico. Pour le réalisateur Franco Zeffirelli, elle était "à la fois une mère et une soeur pour tous."

Antifasciste, elle commence sa carrière de scénariste après la seconde guerre mondiale et signe deux films fondateurs du courant néo-réaliste, ce mélange de fiction et de portrait social d'un pays en reconstruction : Rome ville ouverte et surtout, en 1948 : Le voleur de bicyclette, de Vittorio De Sica, film fondamental dans l'histoire du cinéma italien, et succès international. Le film obtint l'Oscar du meilleur film étranger.

L'amie des artistes, des grands écrivains comme Alberto Moravia, des actrices légendaires comme Anna Magnani, collabore alors avec tous les grands cinéastes du pays -  Michelangelo Antonioni, Francesco Rosi, Luigi Comencini, Mario Monicelli, Franco Zeffirelli... Elle travailla même avec un jeune scénariste nommé Federico Fellini et écrira la version filmée de Kean, réalisée par le comédien Vittorio Gassman.

Claudia Cardinale lui rend hommage en insistant sur ces années "durant lesquelles notre cinéma était le phare du cinéma mondial." Suso Cecchi D'Amico était, selon la comédienne, "une personne exceptionnelle, d'une grande générosité, d'une culture exceptionnelle."

En 1951, la scénariste fait une rencontre déterminante : Luchino Visconti. Leur première collaboration produit Bellissima. Ils ne se quitteront plus jusqu'au projet non réalisé du cinéaste, La recherche du temps perdu de Marcel Proust. Ensemble, ils écriront Senso, Les nuits blanches, Rocco et ses frères, Sandra (Lion d'or à Venise), L'étranger, Le crépuscule des dieux, Violence et passion, L'innocent et surtout, bien sûr, Le Guépard, fresque sicilienne auréolée d'une Palme d'or au Festival de Cannes.

Pour mesurer à quel point son travail était reconnu, il suffit de voir son palmarès. En 1994, le festival de Venise lui avait décerné un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière et l'an dernier, la Guilde des scénaristes américains lui avait remis le prix Jean Renoir pour toute son oeuvre. L'un de ses premiers films, Vivre en paix (1947), de Luigi Zampa, fut primé pour son scénario à Locarno. Le Syndicat des journalistes de cinéma italiens la récompensera huit fois tout au long de sa vie. Les prix David di Donatello (les César italiens) lui donnèrent le prix Luchino Visconti à l'occasion des dix ans de la mort du Maître en 1986 et elle reçut en 2006 un prix spécial pour les 50 ans des Donatello.

Trilingue, elle écrivit aussi pour des réalisateurs étrangers comme René Clément, José Pineihro, Nikita Mikhalkov (Les yeux noirs), Martin Scorsese (Mon voyage en Italie).

On retiendra de son travail des idées brillantes et singulières, parfois simples mais efficaces, et une finesse d'écriture, notamment pour les personnages qu'ils soient féminins (Deneuve et Girardot en profiteront) ou à sensibilité féminine (Mastroianni).

Venise 2010 : Vittorio Gassman, John Woo et Mani Ratnam à l’honneur

Posté par MpM, le 25 juillet 2010

vittorio gassmanEn prélude à cette 67e Mostra de Venise,  un hommage sera rendu à Vittorio Gassman la veille de l'ouverture officielle avec la projection en plein air (sur le Campo San Polo) d'une version restaurée de Parfum de femme de Dino Risi. Le lendemain (jour de l'anniversaire de l’acteur décédé il y a exactement dix ans), c'est le Lido qui accueillera la projection de Vittorio racconta Gassman, una vita da Mattatore, un documentaire produit par Giancarlo Scarchilli en collaboration avec le fils de l'acteur, Alessandro Gassman. Par ailleurs, le festival propose cette année la rétrospective "La situation comique" consacrée à la comédie italienne au travers d'une trentaine de films réalisés entre 1937 et 1988.

L'Asie sera également à l'honneur durant ces dix jours vénitiens avec la remise du prix Jaeger-LeCoultre "Glory to the Filmmaker" au réalisateur indien Mani Ratnam (Guru) qui succède ainsi à Sylvester Stallone (!), Agnès Varda ou encore Abbas Kiarostami. Mani Ratnam est célèbre pour son cinéma politique, très impliqué dans les réalités sociales de son pays, tout en respectant les conventions du cinéma populaire. Il a ainsi fortement influencé le cinéma de son pays. En plus de lui remettre un prix,  la Mostra présentera en avant-première mondiale son dernier film, Raavan, en présence des comédiens Aishwarya Rai, Abhishek Bachchan et Vikram, ainsi que du compositeur A.R. Rahman.

Dans un tout autre style, le réalisateur John Woo (The killer, Volte-face, Les trois royaumes) recevra le prestigieux Lion d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Le communiqué de la Mostra salue notamment en lui "l'un des plus grands innovateurs du langage cinématographique contemporain" qui a su "transfigurer le mouvement hyperbolique (qui défie la force de gravité) et la violence exaspérée, à travers une touche très originale de poésie et de romantisme." L'occasion de découvrir Reign of assassins dont il est à la fois co-producteur et co-réalisateur.

Reprise : Rue Cases-Nègres, une Martinique douce-amère

Posté par Claire Fayau, le 16 février 2010

ruecasesnegres.jpg"L'instruction est la clé qui ouvre la deuxième porte de notre liberté."

Synopsis: Martinique, années 30. Le jeune José vit avec sa grand-mère dans un extrême dénuement. Pour eux, comme pour tous les autres Noirs de la "Rue Cases-Nègres", l'existence est très rude puisque les seules ressources proviennent de l'exploitation des champs de canne à sucre...qui appartiennent aux Blancs. Si l'esclavage a été aboli, la dépendance économique le remplace. C'est dans cet univers aride que grandit José, sous l'œil bourru mais ô combien lucide et tendre de sa grand-mère, dont les principes d'éducation plutôt rigides n'ont qu'un but : armer au mieux son petit-fils pour lui permettre d'affronter l'avenir,  un avenir qu'il ne pourra conquérir qu'en comptant exclusivement sur lui-même. D'après le roman de Joseph Zobel.

Notre avis :Le cinéma est fait pour ce genre de film initiatique où la vie d'un pays est décrit à travers les yeux d'un enfant. Après la vision de ce film, la canne à sucre a un goût amer, mais le message s'avère positif : avec un peu d'intelligence et beaucoup de travail, on peut se sortir de la misère, sans pour autant renier ses origines, ses racines ou sa famille. Un  premier long- métrage coup de maître pour Euzhan Palcy (qui n'a jamais fait mieux depuis), récompensé par plus de  17 prix à travers le monde entier (notamment le Lion d'or à Venise) avec les soutiens de François Truffaut et Robert Redford tombés sous son charme.

Mention spéciale pour la défunte Darling Legitimus, "Miss Darling", épatante et touchante en grand-mère courage dont ce sera le dernier rôle après 50 ans de cinéma. Sans oublier les jeunes interprètes de José (Garry Cadenat) et son copain  mulâtre Léopold (Laurent Saint-Cyr). Aujourd'hui le film peut paraitre  un brin classique et académique dans sa forme , mais le fond reste -hélas- d'actualité, notamment avec les troubles qui ont agité la Martinique l'an dernier et la polémique récente sur l'absence de diversité dans le cinéma français.

Essentiel pour comprendre que notre identité nationale française ne se résume pas aux gaulois et à la chrétienté. Universel, atemporel, il s'adresse à toutes les générations.

Le cinéma israélien obtient enfin une récompense suprême du cinéma

Posté par vincy, le 12 septembre 2009

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Depuis le début de la décennie, le cinéma israélien renaît avec flamboyance. Sélectionné au plus haut niveau dans tous les grands festivals, cité aux Oscars, séduisant les publics cinéphiles, il ne lui manquait plus qu'une Palme d'or, un Ours d'or ou ... un Lion d'or. Grâce à Ang Lee c'est chose faite. Un premier film qui plus est. Le palmarès récompense d'alleurs unegénération de cinéastes émergeants ou décalés.

Palmarès du jury :

- Lion d'or du meilleur film : Lebanon de l'Israélien Samuel Maoz

- Lion spécial pour l'ensemble de la carrière : Jacques Rivette

- Coupe Volpi du meilleur acteur : le Britannique Colin Firth (A Single Man) de Tom Ford. Le film a aussi le Queer Lion du meilleur film gay.

- Coupe Volpi de la meilleure actrice : Ksenia Rappoport (La doppia ora de Giuseppe Capotondi)

- Lion d'argent-Prix de la mise en scène : l'Iranienne Shirin Neshat ( Zanan bedoone mardan (Women Without Men))

- Prix spécial du jury : Soul Kitchen de Fatih Akin

- Prix Luigi De Laurentis de la meilleure Première Oeuvre : Engkwentro, de Pepe Diokno

- Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune interprète : Jasmine Trinca (Il grande sogno de Michele Placido)

- Osella du meilleur scénario : Todd Solondz (Life During Wartime)

- Osella de la meilleure direction artistique : Sylvie Olivé (Mr Nobody de Jaco Van Dormael)

Palmarès de la section Orizonti (Horizons)

- Meilleure fiction : Engkwentro, de Pepe Diokno

- Meilleur documentaire : 1428, de Du Haibin

- Mention spéciale : The Man's Woman and Other Stories, d'Amit Dutta

Autres prix :

- Prix FIPRESCI de la critique internationale
Meilleur film de la 66ème Mostra de Venise : Lourdes, de Jessica Hausner
meilleur film dans les sections Horizons et Semaine internationale de la critique : Choi Voi ,de Bui Thac Chuyen

- Prix SIGNIS
Lourdes de Jessica Hausner
mention spéciale à Lebanon, de Samuel Maoz

- Controcampo Italiano
Cosmonauta, de Susanna Nicchiarelli
Mention spéciale - Negli occhi, de Daniele Anzellotti et Francesco Del Grosso

- Label Europa Cinémas aux Journées des auteurs-Venice Days 2009
The last days of Emma Blank, d'Alex van Warmerdam

- Lionceau d'or 2009
Capitalism: A love story de Michael Moore
- Prix de l'UNICEF
Women without Men, de Shirin Neshat

- Prix La Navicella – Venezia Cinema
Lourdes, de Jessica Hausner

- Prix Nazareno Taddei
Lebanon de Samuel Maoz

- Prix du numérique Future Film Festival
Metropia, de Tarik Saleh
mention spéciale : Là-haut, de Pete Docter

- Prix Brian
Lourdes, de Jessica Hausner

- Queer Lion du meilleur film gay
A Single Man, de Tom Ford

- Prix Arca Cinemagiovani
meilleur film de la 66ème Mostra : Soul Kitchen, de Fatih Akin
meilleur film italien : La doppia ora de Giuseppe Capotondi

- Prix Open 2009
Capitalism: A love story, de Michael Moore

- Prix Gianni Astrei. Le cinéma pour la vie
Lo spazio bianco, de Francesca Comencini

Palmarès Venise 2008 : Lion d’or logique pour The Wrestler

Posté par MpM, le 7 septembre 2008

Darren Aronofsky et son lion d’or
Lion d’or du meilleur film : The Wrestler de Darren Aronofsky (USA)
Lion d’argent du meilleur réalisateur : Aleksey German Jr. Pour Paper Soldier (Russie)
Prix spécial du jury : Teza de Haile Gerima (Ethiopie, en coproduction avec l’Allemagne et la France)
Coupe Volpi du meilleur acteur : Silvio Orlando pour Il papa di Giovanna de Pupi Avatti (Italie)
Coupe Volpi de la meilleure actrice : Dominique Blanc pour L’autre de Patrick Mario Bernard and Pierre Trividic (France)
Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune espoir :  Jennifer Lawrence pour The Burning Plain de Guillermo Arriaga (USA)
Osella de la meilleure contribution technique : Alisher Khamidhodjaev et Maxim Drozdov pour Paper Soldier de Aleksey German Jr. (Russie)
Osella du meilleur scénario : Haile Gerima pour Teza (Ethiopie, en coproduction avec l’Allemagne et la France)
Lion d’or spécial : Werner Schroeter pour "son œuvre dénuée de compromis et rigoureusement innovante depuis 40 ans"

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Pas de grosses surprises pour ce palmarès qui récompense logiquement les rares coups de cœur du festival (The wrestler et Teza) ainsi que les prestations les plus marquantes : celle de l’amoureuse trahie basculant lentement dans la folie (Dominique Blanc), celle de la jeune fille détruite par la culpabilité (Jennifer Lawrence) et celle du père dévoué corps et âme et à sa fille déséquilibrée (Silvio Orlando). Bien sûr, tout le monde attendait Mickey Rourke en meilleur acteur, mais un point du règlement aurait empêché Wenders et ses jurés d’offrir ce doublé historique au film d’Aronofsky. Par contre, le film éthiopien sur les années de "terreur rouge" de Hailé Mariam Mengistu ainsi que le film russe de Aleksey German Jr (sur la course à la conquête spatiale dans les années 60) ont eux remporté deux prix chacun, preuve assez flagrante du manque d’oeuvres à récompenser… Plus surprenant est le prix spécial décerné à Werner Schroeter alors même que son film en compétition, Nuit de chien, a reçu le plus mauvais accueil de la compétition.

Globalement, le palmarès de cette 65e Mostra reflète assez finement le ressenti général, celui d’une compétition de mauvaise qualité. Bien que son mandat ait été reconduit pour quatre ans, Marco Müller, le directeur artistique du festival depuis 2004, a été sévèrement critiqué par la presse italienne et internationale. Il se justifie comme il peut en évoquant le contexte politique (depuis deux ans, trois festivals ialiens doivent se partager l’aide du gouvernement : Turin, Venise et Rome, avec l’idée que Venise serait un lieu d’expérimentation et Rome celui du cinéma grand public) et surtout la concurrence de Toronto. Le festival canadien, qui commence généralement une semaine après la Mostra, attire stars hollywoodiennes (peu présentes sur le Lido cette année), grosses productions américaines et professionnels du monde entier en proposant une sorte de panorama du meilleur des mois passés et à venir. Il aurait même, d’après Marco Müller, fait pression cette année pour empêcher certains producteurs et distributeurs de films américains en compétition (comme Rachel Getting Married, de Jonathan Demme, The Hurt Locker, de Kathryn Bigelow et même The Wrestler de Darren Aronofsky) de faire le déplacement.

Pour résister, le directeur artistique compte sur la fidélité de certains réalisateurs (deux grands noms du cinéma américain lui auraient déjà promis l’avant-première mondiale de leur film pour la prochaine édition) et sur la taille plus humaine de Venise, où les professionnels peuvent découvrir dans de bonnes conditions (les salles de projection devraient même être rénovées pour 2009) les films importants de la saison à venir (par opposition à "l’énorme foire du cinéma mondial" que représente Toronto). Il a également le désir de créer une "Mostra des films à faire" en organisant un concours de projets.

Le fait est que le festival de Venise a beau être le doyen des grands festival européens (à moins que cela ne soit justement à cause de ça), il ne cesse ces dernières années d’être critiqué et remis en cause, comme incapable de trouver son identité aux côtés de la ligne auteuriste de Cannes, des tendances politiques de Berlin ou même de la volonté de découverte de Locarno. Un nouveau modèle de développement, du sang neuf, une orientation différente… ne pourraient donc que lui apporter le renouvellement dont il a le plus grand besoin.

Crédit photo : image.net

Palmarès de Venise : les paris sont ouverts

Posté par MpM, le 6 septembre 2008

Lion d’or à VeniseA l’heure des pronostics sur les lauréats de cette 65e Mostra, le presse italienne s’en donne à coeur joie en désignant à la fois ses favoris et ses bêtes noires. D’après ces vénérables confrères, Vegas de l’Américain Amir Naderi, Teza de l’Ethiopien Haile Gerima, Ponyo sur la falaise du Japonais Hayao Miyazaki ou encore The Hurt Locker de l’Américaine Kathryn Bigelow pourraient remporter le Lion d’or. Par contre, quand il s’agit de déterminer le film qu’ils ont le moins aimé de la compétition, la plupart cite un film… français : L’Autre de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic (1 critique sur 12), Inju de Barbet Schroder (2), et surtout Nuit de chien de Werner Schroeter (5). Seul Plastic city du Chinois Yu Lik-wai fait presque aussi bien avec trois voix contre lui. Pour le prix d’interprétation, chez les hommes, deux noms se dégagent : Silvio Orlando (Il papa de Giovanna de Pupi Avati) et Mickey Rourke (The Wrestler de Darren Aronofsky). Chez les femmes, c’est plus divers, avec notamment Anne Hathaway (Rachel getting married de Jonathan Demme), Caterina Murino ou Isabella Ferrari (Il seme della discrodia de Pappi Corsicato), Dominique Blanc (L’autre) et même Ponyo (du film d’animation de Miyazaki… peut-être une manière de dire qu’aucune actrice ne s’est révélée assez convaincante ?)

Mais en réalité, difficile de savoir quels films auront pu séduire le jury au milieu d’une sélection aussi en demi-teinte ! Birdwatchers de l’Italien Marco Bechis, sur les Indiens du Brésil, a tout du film primé en festival et pourrait faire un bon compromis. Dans le même genre, on peut aussi envisager que The Hurt locker sur la guerre en Irak, Teza sur l’Ethiopie des années 70-80 ou le drame familial Rachel getting married ne repartent pas sans rien. Milk du Turc Semih Kaplanoglu pourrait également empocher un prix de mise en scène. Enfin, si Miyazaki a fait un aussi fort effet à Wim Wenders et à ses jurés qu’aux festivaliers, on ne voit pas trop comment il ne figurerait pas parmi les lauréats.

De notre côté, on voterait sans hésiter pour Dominique Blanc et Mickey Rourke en meilleurs interprètes, et pour The Wretsler, L’Autre, Milk et The Sky Crawlers du Japonais Mamoru Oshii dans la liste des récompensés. Enfin, pour imiter les journalistes italiens, on doit bien avouer qu'on ne comprend pas ce que faisaient en compétition la farce grotesque Il seme della discordia et surtout les deux français Nuit de chien et Inju, la bête dans l'ombre quand, hors compétition, il y avait de petits bijoux tels que Stella ou Les plages d'Agnès et des essais ambitieux (pas forcément réussis, mais intéressants) comme Un lac ou Vinyan.
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