Deauville rendra hommage à Michael Moore

Posté par vincy, le 19 juillet 2016

Le 42e Festival du cinéma américain de Deauville qui se déroulera du 2 au 11 septembre rendra un hommage au documentariste et auteur Michael Moore, en sa présence, à l'occasion de la présentation en avant-première de son nouveau film Where to Invade Next. Le film sortira en salles le 14 septembre.

Dans Where to Invade Next, Michael Moore enfile le costume de l’envahisseur qui débarque de l’autre côté de l’Atlantique. Son but ? Importer les meilleures pratiques des pays étrangers pour changer l’avenir des États-Unis. En pleine campagne présidentielle, où le match Hillary Clinton/Donald Trump s'annonce aussi violent qu'incertain, cela aurait pu faire l'effet d'une bombe. Malheureusement, sorti trop tôt, en février dernier aux Etats-Unis, avec un Michael Moore malade, et incapable d'assurer la promotion de son film, le box office avait été décevant (3,8M$).

Dans le communiqué, le Festival de Deauville rappelle que Michael Moore "promène sa caméra le long des chemins et, avec sa seule parole, tient tête aux hommes de pouvoir les plus féroces." Il "est un héros américain, protégeant son pays de son pire ennemi : les États-Unis. D’un film à l’autre, il cherche à dissiper un rêve américain bâti sur des mirages : la toute-puissance patronale avec Roger et moi ou The Big One, le port d’arme dans Bowling for Columbine, la politique militaire postcoloniale de Georges W. Bush dans Farhenheit 9/11 (Palme d'or à Cannes), l’avidité du système de santé dans SiCKO ou encore les dérives du modèle économique dans Capitalism: A Love Story. En bientôt trente ans d’activisme artistique, Michael Moore s’est imposé comme un maître en la matière, pétrissant le réel et la fiction pour en extraire toute la vérité."

Les ressorties de l’été 2016 (4) : Fargo des frères Coen

Posté par MpM, le 19 juillet 2016

Fargo 2

L'été cinéphile se poursuit avec la ressortie cette semaine de Fargo des frères Coen, proposé par Ciné Sorbonne. Après le film culte Macadam à deux voies de Monte Hellman, le précurseur Silent running de Douglas Trumbull et l'inédit La panthère noire de Ian Merrick, c'est au tour du polar rural le plus décapant des années 90 de faire son retour sur grand écran.

On ne présente plus ce film noir et drôle à la fois, inspiré d'un fait divers "remanié" par le célèbre duo de réalisateurs, qui raconte l'histoire d'une vraie fausse prise d'otages qui tourne mal, en raison à la fois de la bêtise des criminels, et de la pugnacité d'une inspectrice de police. Récompensé par un prix de la Mise en scène à Cannes en 1996, puis par deux Oscars (meilleur actrice pour Frances Mc Dormand et meilleur scénario original pour Joel et Ethan Coen), il a depuis donné lieu à une série éponyme coproduite par les cinéastes.

S'inscrivant dans la lignée de ce que l'on a appelé le "neo-noir" (version contemporaine du film noir de la première moitié du 20e siècle, dont il reprend les codes, parfois pour mieux les détourner), le film présente une galerie de portraits à la fois cocasses et édifiants de criminels bas du front et d'Américains moyens veules et lâches. Entre le mari qui élabore l'improbable plan originel d'enlèvement avec grosse rançon à la clef, les preneurs d'otage à la gâchette facile qui accumulent les bourdes, le beau-père autoritaire et imbu de lui-même qui croit pouvoir maîtriser toutes les situations, juste parce qu'il est riche... il n'y a pas un personnage pour remonter le niveau.

Jeu de massacre

Pas un, non, mais une, car c'est la formidable Frances Mc Dormand, en policière enceinte astucieuse, qui apporte la touche d'humanité et d'intelligence nécessaire pour sauver ce monde de brutes (masculines) de l'horreur la plus complète. Avec son accent prononcé, sa physionomie joviale, sa simplicité un peu rude, elle apporte un contrepoint salutaire à la société jusque-là décrite par le film, celle d'une poignée d'individus prêts à tout (et surtout au pire) pour assouvir leurs plus bas instincts. Son air d’incompréhension totale à l'idée qu'on puisse tuer juste pour de l'argent est à la fois le climax et la clef (discrète) du film.

Au-delà de la caricature savoureuse d'une certaine Amérique, qui tourne presque systématiquement au jeu de massacre, les frères Coen se sont également amusés à illustrer avec une gourmandise cruelle (mais ô combien cinématographique) l'adage voulant que lorsqu'une chose peut mal tourner, elle tourne vraiment mal, c'est-à-dire au carnage. La surenchère de hasards, coups de malchance et erreurs grossières qui constituent les principaux rebondissements de l'intrigue font alors alterner le film entre farce grotesque, thriller glaçant et étude de mœurs décourageante.

Jubilatoire et virtuose, méchant et intense, Fargo enthousiasme ainsi toujours autant vingt ans après sa sortie initiale. Le revoir cet été sur grand écran, et dans une copie numérique restaurée projetée en haute définition 4K dans les salles équipées, est un plaisir dont il serait dommage, si ce n'est coupable, de se priver.

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Fargo des frères Coen
Sortie le 20 juillet en version numérique restaurée
Distribué par Ciné Sorbonne

Comic-con 2016: 6 événements attendus

Posté par cynthia, le 18 juillet 2016

Oyé oyé cinéphiles, sériephiles et autres geeks, la célèbre Comic-con de San Diego est de retour du 21 au 24 juillet prochain. Histoire de bien se faire du mal nous vous avons concocté un petit top de ce qui est y attendu:

1) Les animaux fantastiques

Tiré de l'univers Harry Potter et réalisé par David Yates à qui l'on doit les derniers opus du sorcier ainsi que Tarzan, Les animaux Fantastiques s'annonce déjà comme le film le plus attendu de cette décennie. Un semblant de Potter dans un monde de moldus tristounets. La Comic-con attend de nouvelles images d'Eddie Redmayne en Norbert Dragonneau, on a hâte!

2) Suicide Squad

Plus que quelques semaines pour découvrir ce que vaut Suicide Squad. Si le film sort le 3 août, la Comic-con a encore de quoi nous faire baver avant l'extase en salles. À l'inverse, il n'y aura pas d'images ou de surprises liées au film Justice League dont le tournage a déjà commencé. La sortie du film est prévue pour novembre 2017, il va falloir donc s'armer de patience jusqu'au Comic-con 2017.

3) L'état de santé de Dylan O'Brien

Plus qu'attendu, nous devrions avoir enfin des nouvelles de l'état de santé de l'acteur Dylan O'Brien et de l'avenir du tournage du troisième opus de Labyrinthe. Connu et adulé pour son rôle récurrent dans la série Teen Wolf, il a su s'imposer avec la franchise Labyrinthe (jumeau direct de Hunger Games). Il vient de reprendre le tournage de la sixième saison de Teen Wolf. L'acteur semble aller bien mieux. Espérons que la Comic-con éclair notre lanterne concernant ce joli brun ténébreux et sur l'avenir de la saga Labyrinthe dont la sortie du troisième épisode est toujours sans date depuis l'accident de l'acteur.

4) Des séries à gogo

La Comic-con c'est aussi des séries...beaucoup de séries. Cette année les séries The Simpsons, Agents of the shields, Mr Robot, Game of thrones ou encore Vikings sont attendues pour animer ces 4 jours.

5) Assassin's creed

De nouvelles images de l’adaptation cinématographique du jeu vidéo sont prévues. Rappelons que le film doit sortir pour décembre 2016 et qu'il réunit pour la seconde fois les acteurs Michael Fassbender et Marion Cotillard.

6) Anniversaires

Cette nouvelle édition sera également en fête puisque trois anniversaires sont prévus. Tout d'abord le 75e anniversaire de Captain America (le personnage et non l'acteur...ça coule de source). À cette occasion une gigantesque statue en son honneur a été érigé: c'est Chris Evans qui va s'éclater à faire des selfies.
Puis vient le 25e anniversaire de La Belle et la bête qui, on le suppose, dévoilera des nouvelles photos de son adaptation cinématographique prévue pour mars 2017 avec Emma Watson. Depuis quelques jours nous pouvons déjà nous délecter d'une magnifique affiche qui en dit long.
Et enfin la Comic-con a concocté un anniversaire gluant à souhait pour les 30 ans d'Alien. On ne sait pas encore si Sigouney Weaver sera de la partie mais en tout cas nous, on regrette de ne pas avoir eu d'invitation!

Bastille Day retiré des salles

Posté par vincy, le 17 juillet 2016

A la suite de l'attentat de Nice, qui a causé la mort de 84 personnes et blessé 200 autres, le distributeur Studiocanal a indiqué dimanche 17 juillet avoir demandé aux 237 salles de cinéma de déprogrammer le thriller Bastille Day qu'elles ont à l'affiche. Le film est sorti mercredi dernier et avait déjà attiré 37000 spectateurs lors de ses deux premiers jours d'exploitation.

Bastille Day est l'histoire d'une jeune Française (Charlotte Le Bon) préparant un attentat à la veille du 14 Juillet, jour surnommé « Bastille Day » aux Etats-Unis. Sean Briar, un agent de la CIA (Idris Elba), cherche à empêcher l'attentat.

"Nous avons demandé hier matin (samedi matin) à tous les exploitants, tous les complexes et toutes les salles sur nos 237 copies de faire le maximum pour retirer Bastille Day de l'affiche parce que certains aspects du film ne sont pas en phase avec l'esprit de recueillement national", a déclaré dimanche à l'AFP une porte-parole, confirmant une information du Figaro.

"Nous n'avons pas le pouvoir de le faire à la place des exploitants", a-t-elle néanmoins expliqué.

On ignore le nombre de salles qui ont déprogrammé le film. Dès vendredi, au lendemain de l'attentat de Nice, le distributeur avait maintenu la diffusion en salles de ce film et avait alors souligné que les cinémas pourraient décider de le retirer de l'affiche. Mais toutes les publicités sur le film avaient été retirées.

Rappelons qu'au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, Made in France avait été aussi déprogrammé. Reste à savoir si Moi, Olga connaîtra le même sort puisque le film tchèque, inspiré d'un fait divers des années 1970, met en scène une jeune femme asociale qui écrase volontairement des passants au volant d’un camion.

Edito: 20 ans déjà

Posté par redaction, le 16 juillet 2016

Bertrand, Alix, Sabrina, Yannick, Mathilde, France-Marie, Claire, Raphaël, Axel, Martin, Karine, Jules, Morgane, Geoffroy, Christophe, Denis, Kristofy, Benjamin, Benoît, Matthieu, Antoine, Elodie, Sarah, Emeline, Wyzman, Cynthia... Ils ont été nombreux en vingt ans à être de l'aventure du magazine Ecran Noir. Certains ont changé de villes (et même de pays), d'autres de vie, et d'autres encore travaillent pour des médias plus classiques. Depuis 20 ans, le "webzine" a évolué. Il a connu lui aussi un changement de pays et trois vies (au moins). En attendant la prochaine.

Ecran Noir est le plus ancien site sur le cinéma, en langue française, sur le web. Il a été créé avant Allociné. Il a flirté avec les grand groupes (France Telecom-Wanadoo, Allociné justement, TV5...).

S'il a été créé par un franco-canadien, il a grandit grâce à la rigueur et l'optimisme de Véronique, grâce à la passion et l'insouciance de Christophe, grâce à la générosité et le talent de Laurent, et aujourd'hui grâce au professionnalisme et à la persévérance de Marie-Pauline.

Un site web qui a 20 ans, c'est un dinosaure. Un site web qui est resté indépendant c'est un challenge, voire une gageure. Il va être temps de muer et de changer. Rajeunir n'est pas le moindre défi pour un "vieux" magazine qui a accumulé de milliers de fiches de films, des centaines de portraits de célébrités, des dizaines d'interviews...

Ecran Noir a 20 ans. Et au moment où nous nous réjouissions de faire la fête, de célébrer l'été avec une image de vacances, le sang a de nouveau coulé, sur la Baie des Anges chère à Jacques Demy. Jamais, depuis qu'Ecran Noir est en ligne, l'époque n'avait été aussi sombre, menaçante, oppressante. Plus que jamais nous croyons que le cinéma, tous les cinémas, et la culture sont des remparts à l'obscurantisme et la haine. La lumière qui jaillit de l'écran est celle qui peut éclairer les esprits et nous ouvrir aux autres. L'écran noir de nos nuits blanches, c'est cette grande toile blanche qui empêche la noirceur d'envahir le monde.

"Le cinéma, c’est l’écriture moderne dont l’encre est la lumière.” - Jean Cocteau.

L’instant Zappette: Emmy Awards are the new black !

Posté par wyzman, le 15 juillet 2016

Il y a quelques heures seulement, la liste des nommés des 68ème Emmy Awards a été dévoilée. Et force est de reconnaître qu'outre quelques oubliés (Uzo Aduba pour OITNB en tête), cette liste nous satisfait pleinement sur au moins un point : sa diversité. Dans le but d'éviter une polémique du type #OscarsSoWhite, l'Académie a pris des mesures drastiques et fait le choix de nommer des personnalités de couleur - qui le méritent sincèrement.

Du coup, c'est sans surprise que l'on retrouve parmi les nommés la comédie Black-ish ainsi que ses deux acteurs principaux, Anthony Anderson et Tracee Ellis Ross. Dans la catégorie meilleure actrice dans une série dramatique, Viola Davis de HTGAWM et Taraji P. Henson d'Empire sont également de retour. L'an dernier, la première était repartie avec le précieux Graal. Passés le buzz et la sensation de nouveauté, les deux femmes pourraient bien perdre face à Tatiana Maslany d'Orphan Black ou Keri Russell de The Americans. Voire carrément Robin Wright de House of Cards !

Grand gagnant de l'an dernier, Idris Elba est à nouveau nommé dans la catégorie meilleur acteur dans une mini-série ou un film pour son rôle dans Luther. Face à lui, il aura beaucoup de compétition. En effet, deux acteurs de couleur issus de The People v O.J. Simpsons : American Crime Story sont nommés : Cuba Gooding Jr. et Courtney B. Vance. La série de Ryan Murphy raconte dans sa première saison le procès d'Orenthal James Simpson, le joueur de football accusé du double homicide de son ex-femme Nicole Brown Simpson et de son compagnon Goldman. Fortement axé sur la question raciale (pour des raisons évidentes), le show de FX est nommé dans la catégorie meilleure mini-série tandis que Sterling K. Brown a été sélectionné parmi les meilleurs seconds rôles.

Par la suite, impossible de ne pas évoquer les nominations des deux comédies de Netflix, Unbreakable Kimmy Schmidt et Master of None. Le créateur de la seconde, Aziz Ansari est nommé dans la catégorie meilleur acteur d'une comédie et l'on ne peut qu'espérer qu'il remportera cet Emmy Award tant son interprétation de trentenaire new-yorkais, fils d'immigrés indiens est géniale. Du côté d'Unbreakable Kimmy Schmidt, la nomination de Tituss Burgess parmi les meilleurs seconds rôles est un véritable soulagement. Le personnage haut en couleur qu'il campe est divin. (Par ailleurs, si vous ne regardez pas Kimmy Schmidt, il serait d'ailleurs temps de vous y mettre !)

Évoquons maintenant la nomination de Kerry Washington pour son interprétation d'Anita Hill dans le téléfilm de HBO Confirmation. Brillante, c'est entre Sarah Paulson (The People v O.J. Simpson) et elle que se jouera ce prix ! Qui plus est, les 4 nominations de Beyoncé et de son documentaire Lemonade devraient ravir ses fans ainsi que les militants du mouvement #BlackLivesMatter quand les plus sériephiles d'entre nous peuvent se frotter les mains en voyant que Regina King n'a pas été oubliée pour American Crime.

Enfin, ne passons pas outre les nominations de Reg E. Cathey et Mahershala Ali de House of Cards, Keegan Michael-Key, Tracy Morgan, Steve Harvey… et RuPaul, la célèbre drag queen. Et tandis qu'Andre Charles de son vrai nom a dédié sa nomination "à tous les outsiders à travers le monde", Rami Malek, lui, peut d'ores et déjà savourer sa première nomination dans la catégorie meilleur acteur d'une série dramatique grâce à Mr. Robot ! Déjà nommé aux derniers Golden Globes, l'acteur de 35 ans aux ancêtres égyptiens et grecs pourrait bien repartir avec l'Emmy cette fois. C'est tout ce qu'on lui souhaite !

Nymphomaniac et Salafistes: la justice donne raison aux plaignants (et tort au ministère)

Posté par vincy, le 15 juillet 2016

Après Baise-moi, la Vie d'Adèle et Love, l'association proche des milieux catholiquess traditionnalistes Promouvoir a encore réussi à censurer un film. Suite à une plainte déposée par l'association en 2014, le juge des référés du tribunal administratif de Paris avait à l'époque révoqué le visa d'exploitation en France de la version longue de Nymphomaniac vol. 1, alors interdit aux moins de 12 ans. Un deuxième visa avait été accordé en mars 2015 avec une interdiction aux spectateurs de moins de 16 ans (lire aussi notre actualité du 4 février). Or celui-ci vient d'être à nouveau annulé par la cour administrative d'appel de Paris, selon l'AFP, car jugée "insuffisante". La ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, devrait réexaminer l'interdiction pour accorder un nouveau visa, , autorisation administrative nécessaire à toute exploitation dans les salles. L'objectif de Promouvoir est de le classer comme film pornographique. Cette décision de la cour administrative d'appel de Paris, rendue publique mardi, a en effet été prise à la suite d'une action engagée par deux associations dont Promouvoir.

Parallèlement, dans une toute autre histoire, le Tribunal administratif de Paris  a rendu son jugement et vient d’annuler totalement toute décision d’interdiction du film Salafistes qu’avait prise le 27 janvier la ministre de la Culture de l'époque, Fleur Pellerin, et déclare cette mesure "entachée d’illégalité". En février, la justice avait suspendu la décision de Fleur Pellerin d’interdire le film de François Margolin et Iémine Ould M Salem qui voulait que le documentaire soit interdit aux moins de 18 ans (lire aussi notre article du 18 février.

Dans son jugement, le tribunal affirme qu'"Un tel film documentaire, qui comporte des scènes de résistance ou de dissidence, permet au public, du fait même de sa conception d’ensemble et du réalisme de certaines scènes, de réfléchir et de prendre le recul nécessaire face à la violence des images ou des propos qui ont pu y être présentés". Ajoutant: "Contrairement à ce que soutient la ministre de la Culture et de la Communication, ledit documentaire ne peut être regardé comme véhiculant une propagande en faveur de l’intégrisme religieux ou incitant, même indirectement, des adolescents à s’identifier à des mouvements prônant l’action terroriste, pour les seuls motifs que sa narration laisserait une place trop importante à des personnes se réclamant du 'salafisme' et justifiant le terrorisme et qu’il serait dépourvu d’un commentaire rejetant explicitement les allégations de ces mêmes personnes."

La décision du ministère n'avait aucun précédent à l’encontre d’un film documentaire depuis la Guerre d’Algérie. La société de production espère désormais  que cette décision de justice "permettra de retrouver l’apaisement avec les partenaires du film et que France 3, qui l'a coproduit, le diffusera prochainement, à une heure de grande écoute, comme l’a fait récemment la Télévision Tunisienne, suivi d’un débat qui permettra aux uns et aux autres de s’exprimer sur ces questions essentielles pour l’avenir de notre pays : celle du salafisme et celle du terrorisme".

Belmondo et Skolimowski recevront un Lion d’or d’honneur à Venise

Posté par vincy, le 14 juillet 2016

Jean-Paul Belmondo et le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, deux grands talents cinématographiques qui ont été des symboles de la Nouvelle vague, recevront un Lion d'or pour l'ensemble de leur carrière au 73e Festival de Venise (31 août-10 septembre).

Le conseil de direction a décidé de remettre à partir de cette année pour chaque édition du Festival deux Lion d'or, l'un à un acteur ou une actrice, l'autre à un réalisateur ou producteur.

Jean-Paul Belmondo, déjà récompensé à Cannes avec une Palme d'or d'honneur, a commencé sa carrière avec Claude Chabrol (A double tour) et Jean-Luc Godard (A bout de souffle) à la fin des années 1950. Pierrot le fou (photo) sera d'ailleurs présenté à Venise, où le film recevra le Prix de la critique. Il a joué dans quelques uns des plus grands succès populaires français (très exportés) mais aussi pour des cinéastes aussi divers que Truffaut, Resnais, Melville, De Broca, Verneuil, Lelouch, Sautet ou encore Zidi, Oury, Giovanni, Malle ou De Sica. "Grâce à son visage fascinant, son charme irrésistible et sa versatilité extraordinaire, il a joué dans des drames, des films d'aventures et des comédies, faisant de lui une star universellement respectée aussi bien par des cinéastes engagés que dans du cinéma d'évasion" explique le communiqué du festival.

Deux fois cité aux BAFTAs comme meilleur acteur dans les années 1960, Bébel, l'homme au 130 millions de spectateurs, a reçu un César pour son rôle dans Itinéraire d'un enfant gâté.

Le directeur du festival Alberto Barbera explique que “Jerzy Skolimowski est l'un des représentants les plus évidents du cinéma moderne nés durant les nouvelles vagues des sixties. Lui et Roman Polanski ont contribué au renouveau du cinéma polonais à cette époque." Il avait d'ailleurs écrit le scénario du premier film de Polanski, Le couteau dans l'eau. Peintre, acteur (Eastern Promises de David Cronenberg, Before Night Falls de Julian Schnabel, Mars Attacks! de Tim Burton, The Avengers de Joss Wheldon), il a réalisé une vingtaine de films dont Le Départ (Ours d'or), Le cri du sorcier (Grand prix du jury à Cannes), Travail au noir (prix du scénario à Cannes), Le bateau phare (Prix spécial du jury à Cannes), Quatre nuits avec Anna (Prix spécial du jury à Tokyo) et Essential killing (Prix spécial du jury à Venise).

Hector Babenco (1946-2016) en liberté dans les champs du seigneur

Posté par vincy, le 14 juillet 2016


Hector Babenco est mort à 70 ans dans la soirée du mercredi 13 juillet, à Sao Paulo (Brésil), annonce confirmée par Denise Winther, associée du cinéaste dans HB Films.

Né à Mar del Plata en Argentine le 7 février 1946, le réalisateur, scénariste et producteur brésilien a été l'une des figures de proue du cinéma latino-américain des années 1970 et 1980.

Il a commencé sa carrière en réalisant O Fabuloso Fittipaldi en 1973, documentaire sur le pilote automobile brésilien Emerson Fittipaldi. Deux ans plus tard, il réalise son premier long métrage de fiction intitulé O Rei da Noite. Son deuxième long métrage, Lucio Flavio en 1977 remporte le prix du meilleur film au Festival de Sao Paulo. Mais c'est en 1981 qu'il se fait remarquer avec un film réaliste sur un enfant abandonné et l'environnement carcéral brutal, Pixote, la loi du plus faible. Le film reçoit un Léopard d'argent à Locarno et le prix du meilleur film en langue étrangère des critiques de Los Angeles et ceux de New York. Avec ce film, le cinéaste rompt avec le cinéma Novo et inscrit le cinéma brésilien dans un registre presque documentaire, dont Walter Salles et Kleber Mendonça Filho sont les actuels héritiers. Le film est considéré comme une référence aujourd'hui.

Suite à ce succès international, il réalise Le Baiser de la femme araignée (Kiss of the Spider Woman). En compétition au Festival de Cannes, Babenco sera aussi le premier cinéaste latino-américain nommé à l'Oscar du meilleur réalisateur. Adaptation du roman éponyme de Manuel Puig, le huis-clos dans une cellule en pleine période de la dictature en Argentine se focalise sur Molina, un étalagiste homosexuel arrêté pour détournement de mineurs, évoque chaque soir de vieux films romantiques à son compagnon d'infortune, Valentin, un prisonnier politique. A la manière d'un Borges en littérature, Babenco évade ses "prisonniers" grâce à un univers fantasmagorique. Le film vaut à William Hurt l'Oscar du meilleur acteur et le Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes mais aussi à Sonia Braga (récemment à Cannes pour Aquarius) une reconnaissance internationale et Raul Julia. Ce drame à la fois intime et allégorique est sans aucun doute son chef d'œuvre tant il synthétise toutes ses obsessions: la souffrance des minorités, l'étouffement des déviants et rebelles, l'humanité qui transcende l'animosité.

Il enchaîne avec un film hollywoodien, Ironweed, histoire d'un couple de SDF - lui alcoolique, elle en phase terminale, qui vaudra à Jack Nicholson et Meryl Streep, une nomination aux Oscars chacun. Puis tourne En liberté dans les champs du seigneur, qui met en scène le conflit entre les Indiens d'Amazonie et "l'homme blanc", toujours avec un casting américain. Il revient en Amérique du sud avec Cœur allumé, flirtant toujours entre aspiration artistique, folie et huis-clos. Babenco aimait opposer la liberté individuelle, celle qui est dans nos têtes, à des systèmes concentrationnaires ou tyranniques. C'est ainsi qu'en 2003, il revient en compétition à Cannes avec Carandiru, prison gigantesque brésilienne où un médecin décide de mener un programme de prévention contre le sida. Le propos est humaniste mais le lieu n'est pas anodin puisque cette prison a réellement vécu l'un des pires massacres en centre pénitencier (111 morts). Le film emporte la plupart des grands prix du continent sud-américain dans différents festivals.

Par la suite, il ne réalise que deux films, El pasado en 2007, avec Gael Garcia Bernal, inédit en France malgré une sélection à Toronto, et My Hindu Friend, l'an dernier, avec Willem Dafoe.

Hector Babenco fut aussi membre du jury du Festival de Cannes en 1989 et de la Mostra de Venise en 1998.
Filmographie

Locarno rendra hommage à Jane Birkin

Posté par vincy, le 14 juillet 2016

Au lendemain de la révélation de ses sélections, le Festival du film Locarno a annoncé qu'il rendra hommage à l’actrice et chanteuse franco-britannique Jane Birkin.

"Jane Birkin fait ses débuts dans une comédie musicale, entamant une double carrière d’actrice et de chanteuse. Un an seulement après ses débuts au cinéma dans Le Knack… et comment l’avoir de Richard Lester (Palme d'or à Cannes en 1965), Blow Up (Palme d'or à Cannes en 1967) de Michelangelo Antonioni fait d’elle une icône de beauté et de transgression. Parallèlement à son parcours d’actrice, où elle met son talent au service de cinéastes comme Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, Agnès Varda et Alain Resnais, Jane Birkin se lance dans la chanson, inaugurant une collaboration intense avec son compagnon Serge Gainsbourg, qui écrit pour elle et enregistre en duo l’inoubliable et sulfureux Je t’aime… moi non plus (1969), qui défraye la chronique. Le tube donnera d’ailleurs son nom à un film dirigé par Gainsbourg" rappelle le Festival.

La séduction originale

Carlo Chatrian, Directeur artistique du Festival, s'avoue "très content de récompenser la carrière extraordinaire d’une actrice comme Jane Birkin qui a traversé l’histoire du cinéma moderne avec une trajectoire à nulle autre semblable. Capable d’enflammer la pellicule de sa présence, de donner au mot “séduction” un sens original, d’être à la mode tout en étant hors des modes, l’actrice a donné vie à des personnages qui restent gravés dans nos mémoires, peut-être pour ce soupçon d’innocence perdue qui vibre en elle."

La 69e édition du Festival de Locarno rendra hommage à Jane Birkin en profitant de sa présence, dans le rôle d’Elise Lafontaine, dans La femme et le TGV de Timo von Gunten (Suisse, 2016), court métrage en compétition dans la section Pardi di domani (Léopards de demain). Pour compléter cet hommage, seront projetés Boxes de Jane Birkin (2007) et La fille prodigue de Jacques Doillon (1981).

Les 25 ans de la mort de Serge

Récemment, a chanteuse a du annuler un concert "Gainsbourg symphonique" prévu le 9 juillet à Shanghai faute d'avoir obtenu un visa pour se rendre en Chine. Elle vient de donner le spectacle aux Francofolies de Montréal, et sera ensuite à Montreux, Lyon, Rennes, Brest, Hong Kong, Paris, Bruxelles, Londres et Buenos Aires.

Cet hiver, la Film Society of Lincoln Center de New York avait initié une rétrospective consacrée à Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg, mère et fille étant réunies pour la première fois dans un hommage commun. La rétrospective, intitulée "Jane and Charlotte Forever", comportait 19 films différents.

Populaire et singulière

Jane Birkin a reçu une Victoire de la musique de la meilleure artiste interprète féminine de l'année en 1992 et a été trois fois nommée aux César (meilleur second rôle féminin pour La Belle Noiseuse, meilleure actrice pour La Femme de ma vie, meilleure actrice pour La Pirate) et une fois au Molière de la comédienne pour Quelque part dans cette vie.

Devenue rare au cinéma (son dernier film est un petit rôle dans Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier en 2013), elle a été extrêmement populaire dans des comédies des années 1970 (La moutarde me monte au nez, 3,7M d'entrées, L'animal, 3,2M d'entrées), avant de s'orienter vers un cinéma d'auteur (Wargnier, Tavernier et Resnais, en plus de Rivette, Doillon, Varda, Godard, Mocky, Ivory et Corsini, entre autres). Cette singularité en fait l'une des artistes les plus attachantes et aimées en France.