Le bruit courait depuis quelques jours. La question était de savoir si le réalisateur américain le plus populaire de ces 40 dernières années allait accepter le rôle, avec ou sans troisième Oscar du meilleur réalisateur. Les doutes sont effacés : le 66e Festival de Cannes sera bien présidé par Steven Spielberg, 67 ans. Autant dire que c'est un événement en soi. De tous les cinéastes qui ont émergé à la fin des années 60 et au début des années 70 - Coppola, Scorsese, ... - il était le seul à ne pas avoir reçu cet honneur.
« Mon admiration pour la façon inébranlable dont le Festival de Cannes défend le cinéma international est totale. Car Cannes est le plus prestigieux de tous les festivals, ce qui lui permet de continuer à affirmer que le cinéma est un art qui transcende les cultures et les générations » explique le réalisateur dans le communiqué diffusé par le Festival ce matin. « Le souvenir de mon premier Cannes remonte déjà à plus de 31 ans, a-t-il également déclaré au Festival, mais ça reste l’un des moments les plus forts de ma carrière. Depuis plus de six décennies, Cannes est une plate-forme incomparable destinée à faire découvrir des films extraordinaires venus du monde entier. C’est pour moi un grand honneur et un immense privilège de présider le jury d’un Festival qui ne cesse de prouver, inlassablement, que le cinéma est le langage du monde. »
« Comme on dit outre-Atlantique, précise Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes, "regular" de Cannes : Sugarland Express, La couleur pourpre. Mais c’est E.T. que j’ai montré en 82 en première mondiale, qui a tissé des liens qu’on n’oublie pas. Depuis, j’ai souvent demandé à Steven de présider le jury, mais à chaque fois, il me répondait qu’il tournait. Aussi cette année, quand on m’a dit E.T. phone home, j’ai compris et j’ai répondu : enfin !».
Après avoir enchaîné les films, Spielberg n'a plus aucun projet actuellement, repoussant Robopocalypse. Aucune excuse pour refuser le "poste".
« Steven Spielberg nous a donné un accord de principe il y a deux ans, déclare Thierry Frémaux, Délégué général du Festival. Il a su se rendre disponible cette année pour être le nouveau Président du Jury. Plus je l’ai rencontré ces dernières semaines, plus j’ai senti que la tâche l’enthousiasmait. Ses films mais aussi son engagement tous azimuts font de lui, année après année, l’égal des plus grands cinéastes d’Hollywood. Nous sommes fiers de l’accueillir. »
Sugarland Express, sélectionné au Festival de Cannes en 1974, a remporté le Prix du scénario. E.T. l'extra-terrestre (1982) a été présenté en clôture du Festival de Cannes, pour la dernière séance du Palais Croisette. Une des séquences émotion les plus mémorables de l'histoire du Festival. En 1986, La couleur pourpre monte les marches, hors-compétition. Il ne revient qu'en 2008 pour l'avant-première mondiale d'Indiana Jones et le Royaume du crane de cristal, toujours hors-compétition (et l'une des rares séances de presse où les journalistes même civilisés se bousculaient).
Son dernier film, Lincoln, est toujours à l'affiche : il réussit l'exploit de signer un drame historique et politique (12 nominations aux Oscars) qui séduit le grand public : le film a rapporté 250 millions de $ dans le monde ; en France, il a séduit 1 million de spectateurs.