Cannes 2019: les 15 films à ne pas manquer

Posté par redaction, le 30 mai 2019

Voici 15 films projetés au Festival de Cannes que nous vous recommandons fortement. 15 rendez)vous cinématographiques aussi éclectiques qu'incontournables. Certains sont en salles ou s'apprêtent à débarquer dans les cinéma. Pour d'autres, il faudra attendre. En attendant, vous pouvez découvrir les films cannois lors des reprises:
- Un Certain regard: jusqu’au 4 juin, le réseau de salles d’art et d’essai « Ecrans de Paris » – l’Arlequin (6e), l’Escurial (13e), le Majestic Bastille (11e), le Majestic Passy (16e) et le Reflet Médicis (5e)
- La Quinzaine des Réalisateurs: à Paris, au Forum des images, du 30 mai au 9 juin ; à Marseille, le cinéma Alhambra du 28 mai au 9 juin ; à Bruxelles, à la Cinematek, du 1er au 7 juillet.
- La Semaine de la Critique: à la Cinémathèque française, les 10 courts et 10 longs-métrages du 5 au 12 juin.

Douleur et Gloire de Pedro Almodovar (Pathé - 17 mai 2019)
Depuis Volver, Pedro Almodovar n'avait plus conquis unanimement le public et les critiques. Hormis La Piel que Habito, il semblait ne plus pouvoir se renouveler formellement. Avec cette autofiction, le cinéaste espagnol transcende son cinéma pour l'amener vers une épopée de l'intime d'un homme vieillissant tout autant que l'immerger dans un portrait crépusculaire de l'artiste. Antonio Banderas incarne ainsi son mentor, en trouvant là le plus grand rôle de sa carrière. En offrant un cinéma généreux autour d'un récit mélancolique, Almodovar parvient surtout à réconcilier le passé et le présent pour surmonter le noir et tendre vers la lumière.

Parasite de Bong Joon-ho (Les Bookmakers / The Jokers - 5 juin 2019)
Première Palme d'or sud-coréenne, le film de Bong Joon-ho fait écho à la Palme japonaise de l'an dernier, Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda. Tous deux filment une population exclue, survivant dans la misère en captant des miettes de la prospérité libérale. Mais ici, le cinéaste en fait un film de genre, le "Home Invasion", où la redistribution des richesses va finir en carnage. Une lutte des classes intense et violente, où le mépris des uns se mêle aux envies des autres. On en ressort enthousiasmé, jubilant d'avoir vécu un "roller-coster" divertissant et intelligent, imprévisible et irrésistible.

Être vivant et le savoir d'Alain Cavalier (Pathé - 5 juin 2019)
Un écran de cinéma pour conjurer la mort, quelle plus belle idée pourrait-on trouver ? Alain Cavalier rend hommage à son amie Emmanuèle Bernheim à travers des extraits de son journal filmé, des passages de son journal écrit, des réflexions en voix-off et des mises en scène de statues, de pigeons et de courges parfois en décomposition. Il convoque en filigrane le film qu'ils n'auront jamais pu faire ensemble, et sa propre mort, qui flotte sur le film comme une présence familière.

Le Daim de Quentin Dupieux (Diaphana - 19 juin 2019)
Pour son huitième long-métrage, Quentin Dupieux s’intéresse à la folie d’un homme (Jean Dujardin) qui plaque tout et décide sur un coup de tête et un coup de cœur de s’acheter le blouson 100% daim de ses rêves. Sur son passage, il croise la route de Denise (Adèle Haenel), une barmaid aussi barrée que lui. Un quiproquos va les amener à travailler ensemble, sans se douter que l'aliénation n'est pas loin.Ensemble, ils donnent lieu à la comédie existentielle la plus loufoque de l’année.

Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky (Wild Bunch - 24 juillet 2019)
Grâce à un héros complètement dépassé (un jeune conducteur de bus pour personnes handicapées), Kirill Mikhanovsky se lance dans un portrait-charge de l’administration Trump qui ne soutient pas davantage les minorités que les gouvernements précédents. Drôle, touchant et cacophonique, Give Me Liberty est le grand film choral et social dont nous avons besoin.

Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho (SBS distribution - 25 septembre 2019)
C'est un peu le village d'Astérix contre l'Empire suprémaciste et ultra)libéral mondialisé. Le film brésilien est un film de genre où rien n'est vraiment attendu, jusqu'au final digne d'un western à l'ancienne. Dans ce proche avenir aussi terrifiant que glaçant - un monde autoritaire aux élus corrompus -, ce safari où de simples citoyens sont les proies, s'amuse à jouer avec nos nerfs tout en livrant un puissant message d'entraide et de solidarité. Il n'y a pas de banquet à la fin mais c'est tout comme.

Atlantique de Mati Diop (Ad Vitam - 2 octobre 2019)
Avec son premier long métrage, Mati Diop propose un singulier récit de l'exil, raconté du point de vue de ceux qui restent. Mêlant observation sociologique, polar et fantastique, la réalisatrice parvient ainsi à donner un visage et une histoire aux milliers de réfugiés qui reposent dans les fonds sous-marins, sans sépulture et sans oraison funèbre. Ce faisant, elle propose une œuvre puissante et ultra-contemporaine qui interroge frontalement la notion de responsabilité collective.

Alice et le maire de Nicolas Pariser (Bac films - 2 octobre 2019)
Avec son second long-métrage, Nicolas Pariser signe un constat cinglant du paysage politique français actuel : le PS est mort par manque d’ambition. Un constat qui lui est permis par le biais du maire socialiste et fictif de Lyon, en proie à une panne d’idées. Il a besoin d’une philosophe à ses côtés pour se rassurer. Une comédie piquante et actuelle portée avec brio par le duo Fabrice Luchini-Anaïs Demoustier.

Chambre 212 de Christophe Honoré (Memento films - 9 octobre 2019)
Avec une fable presque surréaliste à la Blier et une variation sur le couple pris dans le piège de l'individualité et de l'infidélité, Christophe Honoré réussit son film le plus drôle et le plus juste. L'auteur-metteur en scène-cinéaste continu ainsi d'explorer le désir, l'amour et la fuite à travers une femme qui assume l'évolution de ses plaisirs tout en craignant son propre vieillissement. Sous ses airs de marivaudage, le film est avant tout une illustration inspirée des contradictions humaines dans une société conservatrice et hédoniste.

Papicha de Mounia Meddour (Jour2fête - 9 octobre 2019)
Des étudiantes ont des rêves d'avenir dans l'Algérie des années 90, au moment où des intégristes veulent imposer de nouvelles restrictions par la menace. Sans doute à cause d'un contexte lourd, on est sensible à l'énergie vibrante et féministe de cette bande de filles qui résiste et ne se soumettent pas à faire des concessions contre leur liberté. Au premier plan, on découvre la révélation Lyna Khoudri, épatante.

J’ai perdu mon corps de Jeremy Clapin (Rezo films - 6 novembre 2019)
Une main, séparée de son corps, part à sa recherche. Il règne dans le premier long métrage de Jérémy Clapin une mélancolie profonde, faite de souvenirs et de regrets. Le récit ténu oscille ainsi entre les moments suspendus de nostalgie, les tranches de vie simple d'un personnage en quête d'une place dans le monde, et de véritables scènes d'action initiatiques. On est frappé par la précision et la virtuosité de la mise en scène qui offre tout à tour un souffle épique et une justesse absolue dans le registre de l'intime.

Les misérables de Ladj Ly (Le Pacte - 20 novembre 2019)
Ce n'est pas un énième film sur la banlieue, mais plutôt le tableau d'une société en plein chaos. Si tout le film tend vers un final violent et intense que n'aurait pas renié John Carpenter tant il est suffocant, il s'agit avant tout d'une parfaite représentation d'une France éclatée, où les communautés comme les générations sont incapables de s'écouter et a fortiori de se respecter. Ici, rien n'est binaire. Les Misérables est tout autant humain que désespérant. C'est avant tout épatant, puisque nous nous attachons à chacun des protagonistes, peu importe leur camp.

It must be heaven d'Elia Suleiman (Le Pacte - 4 décembre 2019)
Avec peu de dialogues mais un sens aigüe de l'observation et un génie de la situation, le cinéaste palestinien nous emmène à Paris et à New York pour un état des lieux du monde pas forcément réjouissant. Et pourtant on rit devant ses facéties, sa tête de Droopy impassible, ses petites mésaventures et ce burlesque qui s'invite jamais où on l'attend. Malgré sa légèreté apparente, cet elixir de bonheur, exquis de bout en bout, ne manque pas de profondeur. Manifeste politique, engagé même, la comédie est douce-amère et même festive. Une pépite.

La vie invisible d'Euridice Gusmao de Karim Aïnouz (ARP Sélection - 25 décembre 2019)
Alors que les feuilletons français de début de soirée cartonnent sur le petit écran, rendons aux Brésiliens l'art de la télénovela. Karim Aïnouz la projette sur grand écran avec une belle et grande fresque aussi émouvante que déchirante sur deux sœurs que le destin sépare. Ode à l'émancipation féminine et critique du pouvoir patriarcal, le film traverse une décennie (et un peu plus) pour nous embarquer dans un double récit passionnant. On ressort conquis par les deux actrices et séduit par cette histoire dramatique. Mais loin d'être superficiel et léger, ce mélo est aussi très beau.

And then We Danced (Et puis nous danserons) de Levan Akin (ARP Sélection - date de sortie encore non communiquée)
Dans la lignée de Call Me by Your Name et Moonlight, le film de Levan Akin s’intéresse aux premiers émois amoureux (et sexuels) d’un jeune danseur en quête d’identité. Doublé d’une chronique de la Géorgie toujours aussi peu tolérante - c'est un euphémisme - envers les LGBT, And then We Danced finira sans l’ombre d’un doute au panthéon des films gays.

Cannes 2019: la Palme d’or pour Parasite de Bong Joon-ho

Posté par vincy, le 25 mai 2019

"Les récompenses d'aujourd'hui ne reflèteront que l'opinion de neuf personnes dans le monde" - Alejandro González Iñárritu

C'était impossible en effet de satisfaire tout le monde. la presse a hué le prix pour les Dardenne, modérément apprécié celui pour Emily Beecham. On peut regretter que Almodovar, Sciamma, et surtout Suleiman (qui hérite d'une nouveauté, la mention spéciale, comme si la Palestine n'avait pas vraiment le droit d'exister au Palmarès) soient sous-estimés dans la hiérarchie. Mais on peut aussi se féliciter que deux premiers films de jeunes cinéastes soient primés, contrastant avec la seule grosse erreur du palmarès, le prix de la mise en scène pour les indéboulonnables Dardenne, plutôt que de le donner à Almodovar, Sciamma, Suleiman, Mendonça Filho, Malick ou Tarantino.

Le cinéma français en tout cas repart flamboyant, contrairement à l'année dernière, tandis que le cinéma nord-américain a été snobé. La diversité aussi a été gagnante. Cela fait plaisir de voir une telle variété de cinéastes aux parcours si différents, du Sénégal à la Palestine en passant par le 9-3 et la Corée du sud. C'est réjouissant de voir le cinéma brésilien, que l'actuel de gouvernement menace par des coupes dans le financement, couronné hier à Un certain regard (A lire ici: Tous les prix remis à Cannes) et ce soir par un prix du jury. A travers le double prix du jury pour Les Misérables et Bacurau, présentés le même jour, ce sont ces deux films de résistance et de chaos social et citoyen qui ont été distingués.

Ce fut un grand moment, aussi, de partager le sacre d'un Antonio Banderas, qui a le droit à une ovation pour son plus grand rôle en 40 ans, dédiant sa récompense à son mentor, Pedro Almodovar, qui manque une fois de plus la Palme d'or, mais peut se consoler avec le succès public de son film et les excellentes critiques reçues.

Le jury d'Alejandro González Iñárritu a du faire des choix dans cette sélection "incroyable", avec une mix de "réalisateurs iconiques, des nouvelles voix du monde entier dans différents genres".

Cette diversité des genres, avec des thrillers, des films fantastiques, et souvent un cinéma engagé qui évoque les luttes de classes, a été récompensée. C'est en cela où Parasite, grand film populaire admirablement maîtrisé, parfaite synthèse de ce que le Festival a montré, en insufflant du politique dans le suspens, de l'intelligence dans le divertissement, mérite sa Palme. A l'unanimité. Il pouvait remporter chacun des prix du jury tant le résultat est magistral. Un an après un drame familial social japonais (Une affaire de famille de Kore-eda), c'est un autre drame familial social, mais coréen, qui l'emporte. Comme deux faces d'une même pièce, chacun dans leur style et leur sensibilité.

C'est enfin la première fois que le cinéma sud-coréen remporte la prestigieuse récompense du Festival de Cannes. Il était temps.

Palme d'or: Parasite de Bong Joon-ho (à l'unanimité)

Grand prix du jury: Atlantique de Mati Diop

Prix du jury ex-aequo: Les Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

Prix de la mise en scène: Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le jeune Ahmed)

Prix d'interprétation masculine: Antonio Banderas (Douleur et gloire)

Prix d'interprétation féminine: Emily Beecham (Little Joe)

Prix du scénario: Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu

Mention spéciale: It Must Be Heaven d'Elia Suleiman

Caméra d'or: Nuestras madres de César Diaz (Prix Sacd à la Semaine de la Critique)

Palme d'or du court-métrage: La distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos (Queer Palm du court-métrage)
Mention spéciale: Monstre Dieu de Agustina San Martin

Cannes 2019: Parasite récolte le 1er prix des cinémas art et essai

Posté par vincy, le 25 mai 2019

Un des coups de cœur de la presse cannoise a été distingué par le jury composé d'exploitants de la Confédération internationale des cinémas d'art et essai (Cicae). Ce nouveau prix récompense un des 39 films de la sélection officielle.

Créé par l’Afcae (Association française des cinémas d'art et essai) et la Cicae (Confédération internationale des cinémas d'art et d'essai), ce prix engagera les salles art et essai à programmer le film lauréat. Le jury est composé uniquement d'exploitants.

Parasite (Gisaengchung) de Bong Joon Ho, qui sortira le 5 juin, distribué par The Jokers, a reçu le 1er Prix des cinémas art et essai.

Mais le jury a aussi tenu à donner une Mention spéciale au premier film de Ladj Ly, Les misérables, favori pour la Caméra d'or. Le film sera dans les salles cet automne, distribué par Pyramide.

Cannes 2019 : Qui est Ladj Ly ?

Posté par MpM, le 15 mai 2019

Ce sera pour beaucoup l’une des révélations de ce 72e festival de Cannes. Ladj Ly, 41 ans, entre en compétition avec son premier long métrage, Les Misérables, qui réunit Damien Bonnard, Alexis Manenti et Djibril Zonga en membres de la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil (Seine Saint-Denis), et suscite une certaine forme de curiosité, quand ce n’est pas d’enthousiasme. Et c’est vrai qu’on se réjouit de découvrir, sur la Croisette qui plus est, le passage au long de celui qui est très loin d’être un inconnu.

Tout commence au milieu des années 90, avec la création du collectif Kourtrajmé dont le but est de tourner clips et courts métrages avec les moyens du bord, l’énergie de la jeunesse et la foi des autodidactes. Aux côtés de Kim Chapiron, Romain Gavras ou encore Toumani Sangaré, Ladj Ly est l’un des membres fondateurs du collectif qui pose notamment ses caméras à la cité des Bosquets à Montfermeil. Kourtrajmé, qui réunit peu à peu jusqu’à 134 membres, autoproduit de nombreux courts métrages et clips imprégnés de culture urbaine.

On retrouve Ladj Ly en 2005 à l’affiche de Sheitan de Kim Chapiron, puis derrière la caméra à nouveau pour le documentaire 365 jours à Clichy-Montfermeil, qui capte les émeutes de 2005. Peu après, il s’adonne à la pratique du "cop watch", c’est-à-dire le fait de suivre des policiers pendant leurs interventions. "Dès que j’arrivais, ça calmait tout le monde, autant les flics que les jeunes", se souvient-il. En 2008, la vidéo d’une bavure policière qu’il met en ligne aboutit même à une enquête suivie d’une condamnation. La force des images, encore. Pas difficile d’imaginer qu’il tire de ces faits réels l’inspiration pour ses films suivants.

Après un autre documentaire, 365 jours au Mali (son pays natal), 2017 est sa grande année, celle qui lui vaudra deux nominations aux César l’année suivante. D'un côté pour le documentaire A voix haute, la force de la parole, qu’il coréalise avec Stéphane de Freitas, et de l’autre pour son propre court métrage Les Misérables, qui constitue en quelque sorte la genèse du long métrage du même nom. Un film tendu, anxiogène, qui décortique les mécanismes d’une bavure policière dans la cité des Bosquets à Montfermeil, tout en captant l’ambiance de la cité.

Le film passe à côté du César, mais il avait reçu le prix Canal + l’année précédente à Clermont)Ferrand, ce qui a suffi pour alerter les professionnels : talent définitivement à suivre. Il n’aura pas fallu attendre longtemps. Immédiatement sous le feu des projecteurs, le réalisateur (qui a entre temps créé une école de cinéma gratuite et ouverte à tous en Seine Saint Denis), investit Cannes avec un long métrage au titre tout aussi hugolien que le précédent (l’écrivain était d’ailleurs nommément cité dans le préambule du court), tourné avec un calendrier et un budget serrés, sans l’aide du CNC. D'où l'impression que cette sélection a un goût de revanche autant que de victoire. Car pour le film, quel que soit le résultat de cette présentation sur la Croisette, le pari est déjà plus que gagné.

Edito: les liaisons de plus en plus amoureuses

Posté par redaction, le 8 septembre 2016

Les rentrées s'entrechoquent: littéraire, musicale, scénique, cinématographique, médiatique et politique. On savait déjà que les livres étaient toujours un matériau riche pour le cinéma (au minimum deux adaptations par semaine). Il est intéressant de constater que le cinéma se décline lui aussi de plus en plus sur la scène. Finalement tout se mélange. Le Fantôme de l'Opéra (à Paris dès le 13 octobre, après trente ans de succès à Londres et New York) est un livre français, un film américain et c'est le spectacle britannique qui est devenu la référence. Réparer les vivants fut un livre qui s'est très bien vendu, avant de devenir un seul-en-scène (actuellement au Théâtre du Rond-Point) et connaît une nouvelle vie au cinéma (le film est sélectionné à Venise). Et que dire de la franchise Harry Potter, devenue "l'univers magique de J.K. Rowling", qui se décline cette année au théâtre (à Londres), en livres (trois nouvelles numériques, la pièce publiée) et en film (premier épisode de la trilogie des Animaux fantastiques).
On s'y perdrait presque.
Le phénomène n'est pas si neuf. Après tout Le Roi Lion a d'abord été un carton au cinéma avant de devenir un phénomène musical. Idem pour Sister Act, Hairspray, Shrek, Mary Poppins, La belle et la bête (qui va être rebooté en "live-action")...
Mais le phénomène s'accentue. Actuellement, Avatar a été transformé par Le Cirque du Soleil : Toruk promet un spectacle dans l'univers de Pandora. On nous annonce Moulin Rouge! sur les planches d'ici deux ans (avec l'accord de Baz Luhrmann). Mais surtout Amélie, d'après Le Fabuleux destin d'Amélie Poulin, en comédie musicale là aussi, pour le printemps 2017. Pour la saison 2017/2018, pas moins de douze films ou livres déjà adaptés pour le cinéma seront transposés en pièces de théâtre ou comédies musicales à Broadway. La plus attendue sera évidement La Reine des neiges.

En France, on avait déjà eu le droit à Kirikou, Sur la route de Madison, La maman et la putain, Un singe en hiver, Le bal des vampires (par Polanski himself), etc... Désormais ce sont Les Choristes, la hit de Christophe Barratier, qui va être transposé en spectacle musical, mis en scène par le réalisateur lui-même. Lever de rideau le 23 février 2017. Et à la Comédie-Française, après son triomphe à Avignon, c'est l'adaptation du film de Visconti, Les Damnés qui fait l'événement de cette rentrée.

Trouple entre littérature, cinéma et théâtre

On voit bien que cinéma et théâtre entretiennent de plus en plus leur flamme amoureuse. On pourrait aussi se désoler de constater un manque d'originalité ou d'inspiration à vouloir chercher la recette qui peut fonctionner. Autant le cinéma a sa réputation de vampire, suçant livres, théâtre et histoires vraies. Autant le théâtre ne nous avait pas habitué jusque là à ce genre d'usages. Pourtant, regardons bien les affiches: Le rouge et le noir, Le fantôme de l'opéra, Oliver Twist, Notre-Dame de Paris. Tous ces spectacles musicaux de la rentrée sont issus de bouquins populaires et étudiés à l'école. Tous ont aussi été déclinés au cinéma. Alors pourquoi ne pas pousser la chansonnette sur une histoire que tout le monde connaît? Il y a une part d'inceste artistique, certainement. Une ambition amoindrie pour limiter les risques, assurément.

Cependant, si on est assez objectif, qui peut dire lequel Roi Lion est le meilleur, le Disney ou le Broadway? Comment avez-vous découvert Les Misérables entre le pavé d'Hugo, le mastodonte musical milliardaire et les différentes adaptations audiovisuelles? Cela prouve surtout que les bonnes histoires ne meurent jamais.

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Le Vent se lève, meilleur film d’animation japonais de l’année

Posté par vincy, le 17 mars 2014

kaze tachinu

La Japan Academy Prize a choisi Le vent se lève d'Hayao Miyazaki comme meilleur film d'animation de l'année. Il était face à un autre film du studio Ghibli, Le conte de la Princesse Kaguya de Isao Takahata, mais aussi Albator de Shinji Aramaki, Puella Magi Madoka Magica the Movie: Rebellion de Akiyuki Shinbo et Lupin the Third vs. Detective Conan: The Movie de Hajime Kamegaki. Le Vent se lève a également remporté le prix de la meilleure musique pour Joe Hisaishi (qui était nominé pour trois films différents). C'est la huitième fois qu'Hisaishi est récompensé en 37 éditions du prix.

Miyazaki avait été le premier réalisateur de film d'animation a remporté le prestigieux Japan Academy Prize avec Princesse Mononoke alors qu'à l'époque on ne distinguait pas films en prises de vues réelles et films d'animation. Il réédita l'exploit en 2002 avec Le voyage de Chihiro. Le prix pour le meilleur film d'animation fut créé en 2007. Miyazaki l'a reçu une fois, pour Ponyo en 2009.

Prétendant japonais à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère (et finalement pas nominé), The Great Passage (Fune wo amu), 12 fois nominé, a reçu le prix du meilleur film et le prix du meilleur réalisateur pour Yuya Ishii, ainsi que ceux du meilleur acteur (Tyujei Matsuda) et du meilleur scénario. Il a laissé peu de prix à son concurrent direct, Tel père, tel fils, de Hirokazu Kore-eda, qui récolte les deux prix du meilleur second-rôle (Lily Franky côté masculin et Maki Yoko côté féminin). Maki Yoko a réalisé le doublé puisqu'elle a gagné également le prix de la meilleure actrice pour son rôle dans le film de Tatsushi Omori, The Ravine of Goodbye.

Enfin, le prix du meilleur film étranger est revenu aux Misérables, énorme succès dans l'Archipel, qui rivalisait avec le film indien 3 Idiots, et les hollywoodiens Capitaine Phillips, Django Unchained et Gravity.

Oscars 2013 : un saupoudrage sans beaucoup de surprises

Posté par vincy, le 25 février 2013

ben affleck george clooney argo oscars

Sans trop de suspense, les Oscars (tout le palmarès) ont couronné Argo de Ben Affleck, qui repart également avec l'Oscar du meilleur scénario / adaptation et l'Oscar du meilleur montage. Le film produit par Affleck et Clooney vient de passer la barre des 130 millions de $ de recettes au box office US : il a surtout raflé la plupart des prix depuis les Golden Globes en janvier.

Argo, qui, au passage, jette un regard ironique et parodique sur Hollywood décidément narcissique, a rapidement surclassé ses concurrents au fil des cérémonies. Depuis le Million Dollar Baby d'Eastwood, la Warner n'avait jamais reçu autant d'honneurs.

Mais la seule véritable surprise de cette soirée venait d'ailleurs : L'Odyssée de Pi. Ang Lee a été sacré meilleur réalisateur, et le film a récolté 4 statuettes dont celle de la meilleure musique. Ce qui en fait le film le plus oscarisé de l'année, devant Argo et Les Misérables (3), Skyfall, Lincoln et Django Unchained (2). Les Oscars ont découvert Ang Lee il y a 19 ans avec Garçon d'honneur nommé dans la catégorie du meilleur film étranger. C'est son deuxième Oscar du meilleur réalisateur après celui pour Brokeback Mountain en 2006. Ils sont peu ces trente dernières années à avoir deux Oscars : Eastwood, Stone, Spielberg.

Spielberg apparaît du coup comme le grand perdant de l'année. Lincoln était le film le plus nommé et il devra se contenter de l'Oscar du meilleur acteur pour Daniel Day-Lewis et celui des meilleurs décors. Notons au passage que Day-Lewis devient le recordman de sa catégorie avec 3 Oscars du meilleur acteur. Encore un et il égalera Katharine Hepburn.

La jeune Jennifer Lawrence a finalement battu Jessica Chastain pour l'Oscar de la meilleure actrice. Une récompense qui arrive tôt dans la carrière de la comédienne, ce qui n'est pas sans risques pour la suite... Ce sera le seul Oscar pour Happiness Therapy. Autre actrice douée de cette génération, Anne Hathaway qui décroche l'Oscar du meilleur second-rôle féminin (Les Misérables). Les deux Oscarisées ont d'ailleurs bénéficié de leur visibilité dans deux gros blockbusters (Hunger Games pour l'une, Dark Knight Rises pour l'autre).

Quentin Tarantino et Christoph Waltz (Django Unchained) ont reçu chacun leur deuxième Oscar. Tarantino a été récompensé pour son scénario, 18 ans après celui de Pulp Fiction. Waltz avait déjà été oscarisé pour son second-rôle dans un autre Tarantino, Inglorious Basterds.

Et sinon? Un doublé pour Walt Disney, roi de l'animation avec Rebelle et Paperman. Un hommage à James Bond avec Shirley Bassey interprétant Goldfinger, Adèle, oscarisée pour sa sublime chanson de Skyfall et un oscar du meilleur montage sonore (ex-aequo, chose rare).

Et enfin, Amour d'Haneke. Palme d'or, Golden Globe, César, European Film Award... le film aura également raflé l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. C'est le premier Oscar pour l'Autriche dans cette catégorie, même si, techniquement, le film est français : ce qui fait un total de 13 Oscars pour la France, autant que pour l'Italie.

Finalement ce saupoudrage récompensant tous les grands succès de la fin 2012 (hormis Amour, tous ont récolté plus de 200 millions de $ dans le monde) a laissé peu de place aux films plus audacieux ou singuliers comme Les bêtes du sud sauvage ou Moonrise Kingdom. Pire, les Oscars ont été décernés à des talents souvent déjà oscarisés auparavant. Dans les catégories reines seuls les récipiendaires pour la musique, le scénario / adaptation ainsi que les deux actrices n'avaient jamais été primés.

Wicked, prochain « musical » sur les grands écrans ?

Posté par vincy, le 13 février 2013

La version cinématographique du spectacle musical Les Misérables sort sur les écrans en France. Cela fait dix ans que le projet était en gestation... La tentation était grande : "Les Misérables" fait partie du club fermé des trois comédies musicales les plus prospères (et les plus longuement exploitées) à Broadway comme à West End. Mais le passage au grand écran était périlleux.

Des hits...

Si aujourd'hui les producteurs doivent pousser un soupir de soulagement (le film a encaissé 400 millions de $ de recettes dans le monde), les récentes adaptations ne furent pas toujours couronnées de succès. Au rayon des hits : Mamma Mia! (600 millions de $), Chicago (un Oscar du meilleur film et 300 millions de $), Hairspray (200 millions de $), Dreamgirls (155 millions de $), le culte The Rocky Horror Picture Show (112 millions de $ à son époque, en 1975) ou Annie (en 1982).

... et des flops

Au registre des fiascos, on compte Evita, Sweeney Todd, Le Fantôme de l'Opéra, Rock of Ages l'an dernier, Rent, Nine, The Producers, ... Enormes hits sur scène, gros flops dans les salles.

On comprend donc qu'Hollywood hésite à donner un successeur aux Misérables malgré les cartons de Broadway. L'inverse est moins vrai quand on remarque les cartons sur les planches du "Roi Lion", de "Sister Act", de "Mary Poppins" ou de "Spider-Man".

Ce sacré business (il faut ajouter les produits dérivés et les disques/téléchargements) inciterait n'importe quel studio à se jeter sur les comédies musicales en vogue comme "The Book of Mormon".

Universal mise sur les sorcières

Universal, qui a distribué Mamma Mia! et Les Misérables, pencherait actuellement sur "Wicked", variation du Magicien d'Oz. La pièce a été créée il y a dix ans à Broadway et cartonne depuis 7 ans à Londres. Elle s'est jouée plus de 3000 fois à New York, a été nommée 11 fois aux Tony Awards, et a récolté plus de 700 millions de $ de recettes (!) fin janvier 2013.

Universal a contacté Stephen Daldry pour réaliser le film et Winnie Holzman, l'auteure du livret, pour écrire le scénario. C'est le seul projet dans le genre officiellement en cours de développement à Hollywood. Sony songe malgré tout au remake d'"Annie" avec les producteurs Will Smith et Jay Z et GK Films a acquis les droits de "Jersey Boys". Mais le manque de notoriété de ces pièces à l'extérieur des USA et du Royaume Uni reste un handicap pour investir dans un film. Pour cette raison, les studios préfèrent regarder du côté de la télévision. Après High School Musical, c'est la version cinéma de Glee qui est convoitée.

Argo, Amour et Skyfall couronnés par les BAFTAS

Posté par vincy, le 11 février 2013

Palmarès complet des BAFTAS

Meilleur film : Argo
Meilleur film britannique : Skyfall
Meilleur film étranger : Amour
Meilleur documentaire : Searching for Sugar Man
Meilleur réalisateur : Ben Affleck (Argo)
Meilleure actrice : Emmanuelle Riva (Amour)
Meilleur acteur : Daniel Day-Lewis (Lincoln)
Meilleure actrice dans un second rôle : Anne Hathaway (Les Misérables)
Meilleur acteur dans un second rôle : Christoph Waltz (Django Unchained)
Meilleur espoir : Juno Temple
Meilleur scénario original : Django Unchained
Meilleur scénario adapté : Happiness Therapy
Meilleure musique originale : Skyfall
Meilleur film d'animation : Rebelle
Meilleur court métrage d'animation : The Making Of Longbird
Meilleure image : L'odyssée de Pi
Meilleurs effets spéciaux : L'odyssée de Pi
Meilleurs costumes : Anna Karenine
Meilleur montage : Argo
Meilleur son : Les Misérables
Meilleurs décors : Les Misérables
Meilleurs maquillages : Les Misérables
Meilleur début pour un réalisateur, auteur ou producteur : Bart Layton, Dimitri Doganis (The Imposter)
Prix honorifique : Alan Parker

Argo, Daniel Day-Lewis, Jennifer Lawrence parmi les vainqueurs des Screen Actors Guild Awards

Posté par vincy, le 28 janvier 2013

6 prix. 5 films récompensés. Et toujours Argo en leader de la course aux Oscars.

Les Screen Actors Guild Awardsont rendu leur verdict. 150 000 votants dont 1289 qui votent aux Oscars, soit 20% des électeurs pour la plus célèbre des statuettes. Autrement dit le lobby le plus puissant d'Hollywood.

Argo, après avoir remporté le prix du meilleur film de la Guilde des producteurs samedi, a été récompensé pour l'ensemble de son casting par les SAG Awards.De quoi conforter sa place de favori pour l'Oscar du meilleur film. Ben Affleck n'avait pas préparé de discours mais a tenu à remercier ses 150 comédiens : "Ils parlaient anglais ou iranien, mais la chose qu'ils avaient en commun étaient la motivation à venir tous les jours sur le plateau, même s'ils n'avaient qu'une phrase à dire ou un regard à donner, ou deux phrases ou dix ..."

Bien sûr ce prix ne garantit rien : l'an dernier, La couleur des sentiments l'avait emporté et The Artist avait reçu l'Oscar du meilleur film. cependant la moitié des films distingués par ce trophée ont finit par empocher l'Oscar un mois plus tard.

La lutte contre Lincoln sera cependant féroce : le film de Steven Spielberg est reparti avec deux prix, celui du meilleur acteur pour Daniel Day-Lewis, qui semble impossible à battre pour l'Oscar du meilleur acteur, et celui du meilleur second rôle masculin pour Tommy Lee Jones. Pour Day-Lewis, il s'agit de son troisième prix aux SAG, ce qui en fait, de loin, le plus primé des comédiens par la Guilde. Lee-Jones reçoit son premier prix.

La jeune Jennifer Lawrence a été récompensée pour sa prestation dans Happiness Therapy. L'actrice a déjà reçu un Golden Globe et le prix de la meilleure actrice des Critiques de Los Angeles pour son personnage de jeune veuve névrosée. Pour les Oscars, elle devient une sérieuse compétitrice face à Jessica Chastain...

Dans la catégorie second-rôle féminin, Anne Hathaway a conquis tout le monde pour son personnage de Fantine dans Les Misérables. Là encore, on voit mal comment l'Oscar va lui échapper, deux semaines après avoir été adoubée par les Golden Globes.

Enfin Skyfall n'a pas été oublié puisque ses cascadeurs ont été honorés pour leurs performances.