Berlin 2018 : Hong Sang Soo et l’éloge des émotions

Posté par MpM, le 16 février 2018

Un an seulement après avoir présenté le très beau Seule sur la plage la nuit, Hong Sang Soo est de retour à Berlin, cette fois dans la section Forum. Il présente Grass, un film choral d’à peine plus de 60 minutes, qui fait brillamment la synthèse de tout son cinéma, et paraît un camouflet pour tous les films de plus de deux heures, tant il semble dire de choses en un temps si resserré.

Le dispositif de départ est pourtant d'une grande simplicité. Il filme (en noir et blanc et en plans souvent fixes, fidèle à ses codes traditionnels de mise en scène) une succession de conversations entre des couples installés dans le même café, puis dans un restaurant. Leurs relations sont différentes, leurs propos aussi, et pourtant, bien sûr, les correspondances entre eux sont troublantes et nombreuses : ils s'assoient à la même place, prennent des boissons identiques, abordent des thèmes qui se répondent, du suicide à l'écriture, en passant par des remords ou des regrets sur le temps passé.

Lorsque l'on est un habitué du cinéma d'Hong Sang Soo, on a appris à se méfier des apparences. Aussi suspecte-t-on rapidement que les différents couples, et leurs discussions, sont en réalité le fruit de l'imagination d'une jeune femme, assise à l'écart devant un ordinateur, et incarnée par Kim Min-hee, nouvelle muse d'Hong Sang Soo. Les mouvements de caméra eux-mêmes le suggèrent lors de travellings latéraux explicites entre les deux tables. La voix-off, celle de la jeune femme commentant, voire expliquant la situation et le contexte, ne fait que confirmer cette impression, qui sera pourtant troublée par la suite du récit, avant d'être à nouveau validée par l'image, et ainsi de suite jusqu'à la toute fin du film.

Le film propose ainsi une double lecture de son récit, à la fois réalité captée par une observatrice distante et fiction imaginée par cette même observatrice. Peu importe, au fond, puisque ce personnage à part (en apparence le seul à ne pas fonctionner en duo) peut être perçu comme le double de cinéma du réalisateur. Que ce soit elle, ou lui, qui modèle l'intrigue à sa guide, reviendrait finalement au même.  Elle est à la fois la figure du réalisateur qui contrôle hors champ ce que disent ses acteurs, et celle du spectateur qui écoute et regarde sans prendre part à l'action.

On sent d'ailleurs Hong Sang Soo de plus en plus introspectif sur son propre cinéma, glissant des remarques sur la musique (classique) qui sert d'ambiance sonore à la première partie du film, ou des compliments à l'égard du mystérieux propriétaire du café où se déroule l'intrigue, jusqu'à constituer une sorte de portrait en creux de lui-même. Un autre personnage se plaint même d'avoir l'impression de toujours dire la même chose (n'est-ce pas le reproche principal fait abusivement au cinéma d'Hong Sang Soo ?).

Fidèle à son habitude, le cinéaste coréen brouille donc les pistes et tisse une intrigue faussement limpide (mais réellement fine, légère  et drôle) dont chaque scène entre pourtant de manière complexe en résonance avec les autres, formant un ensemble cohérent et dense sur l'éternelle question des rapports entre les hommes et les femmes. On pourrait un temps penser que Hong Sang Soo est dans une phase pessimiste, et qu'il remet en question avec ses personnages la notion même d'amour. Mais ce n'est que pour mieux retourner chacun de ses propres arguments dans une seconde partie qui fait l'éloge de l'émotion comme trait indissociable de la nature humaine.

Rarement, peut-être, aura-t-on vu une telle chaleur humaine se dégager d'un des films du réalisateur coréen lors d'un final admirablement filmé (qui a dit que Hong Sang Soo n'était pas un véritable metteur en scène ?) où la cartographie des lieux et la chorégraphie des corps suffisent à nous éclairer sur les rapports de chacun avec les autres. De l'intérieur à l'extérieur, d'une table à une autre, d'un plan serré à un plan d'ensemble, les liens se renouent, les émotions se libèrent, les espoirs renaissent.

On se sent comme la narratrice, sentimentale devant ce ballet sensibles des êtres et des sentiments. "A la fin, les gens sont émotions" dit-elle dans une de ces formules grandiloquentes que Hong Sang Soo affectionne, principalement pour les tourner en dérision. Et pourtant, on sent dans cet émerveillement du personnage quelque chose de sincère, une admiration réelle pour la propension de l'être humain à se laisser déborder par ses émotions, et à les vivre pleinement, sans retenue.

Comme le personnage interprété par Kim Minhee (et par ricochets Hong Sang Soo lui-même ?), le spectateur n'a plus qu'une seule envie : entrer à son tour dans la danse, et participer à la grande ronde des émotions humaines. Peu importe qu'elle ne mène nulle part, l'essentiel est juste d'y avoir sa place.

Léa Seydoux retrouve Wes Anderson et s’engage chez Ildiko Enyedi

Posté par vincy, le 16 février 2018

Léa Seydoux retrouve l'univers de Wes Anderson, après avoir joué dans The Grand Budapest Hotel. Elle remplacera Scarlett Johansson dans la version française du film d'animation L'île aux chiens, présenté en ouverture de la 68e Berlinale.

Autour d'elle, on retrouvera Isabelle Huppert (qui avait déjà été Mrs Fox dans Fantastic Mr. Fox, le précédent film d'animation du réalisateur) pour le rôle vocal de Frances McDormand, Mathieu Amalric (qui était le fameux Mr Fox) pour le rôle vocal de Jeff Goldblum, Vincent Lindon (à la place de Bryan Cranston), Louis Garrel (pour Liev Schreiber), mais aussi Yvan Attal, Nicolas Saada et Hippolyte Girardot. Le rôle principal tenu par Edward Norton, qui double Rex, aura, en français, la voix de Romain Duris. Notons quand même que Greta Gerwig se doublera elle-même dans la langue de Molière (ce qui est classe, avouons-le).

Puisque nous sommes à Berlin, Léa Seydoux sera le rôle principal du prochain film d'Ildiko Enyedi, la cinéaste hongroise lauréate de l'Ours d'or l'an dernier avec Corps et âme (par ailleurs nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère). L’histoire de ma femme est l'adaptation d'un roman éponyme de Milan Füst paru en 1958 (et disponible en France chez Gallimard) qui raconte l'histoire du capitaine Jacob Stör (interprété par le norvégien Anders Baasmo Christiansen), géant rabelaisien jouissant au maximum de sa vie de marin, de son prodigieux appétit, de ses aventures. Un soir, il fait un pari avec un ami dans un café : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. Entre alors Lizzy,une petite Française dont il est passionnément, exclusivement, incurablement amoureux, et qu'il épouse comme promis.

Le film est une co-production France/Hongrie/Allemagne/Italie. Pyramide le distribuera. Mais le tournage ne débutera pas avant 2019, à Budapest, Paris, Hambourg et Trieste.

Berlin 2018 : Wes Anderson ouvre brillamment la compétition avec L’île aux chiens

Posté par MpM, le 15 février 2018

La 68e Berlinale s’est ouverte avec l’un des films les plus attendus du printemps, L'île aux chiens de Wes Anderson qui sortira le 11 avril prochain sur les écrans français. Il s'agit du 9e long métrage du cinéaste américain (La vie aquatique, Moonrise kingdom) et son deuxième film d'animation après Fantastic Mr Fox en 2009.

Principalement réalisé avec des marionnettes animées en stop motion, le film se déroule au Japon, dans un futur proche. Profitant d'une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la déportation de tous les chiens, qu'ils soient errants ou domestiques, sur une île voisine servant de décharge publique. Très vite, l'île devient un lieu de désolation. Mais l'arrivée d'Atari, un jeune garçon en quête de son chien Spots, leur redonne un peu d'espoir.

Malgré un contexte assez noir, L'île aux chiens est avant tout un formidable récit d'aventures  sous la double influence du cinéma japonais et des films mettant en scène des chiens (comme une réhabilitation du chien à une époque où il n’y en a que pour les chats ?). Wes Anderson cherche clairement à s'amuser, et truffe donc son film de clins d'oeil et de références qui forment un Japon alternatif, ludique et inventif, qui tient probablement plus d'Anderson lui-même que de Kurosawa, sorte de synthèse entre les fantasmes du réalisateur et les nombreuses références esthétiques et narratives dont il s'est inspiré.

Peut-être le réalisateur a-t-il d'ailleurs emmagasiné trop de matière. Ce foisonnement de détails, flash-backs et autres intrigues parallèles finit par encombrer la narration au détriment du récit lui-même. On est si noyé sous les informations, les gags et les digressions que l'on a par moments l'impression de ne pas profiter pleinement de la richesse scénaristique et formelle du film.

C'est comme si L'ile aux chiens avait à la fois les qualités d'un film de Wes Anderson : style inimitable, inventivité exubérante, ton savoureusement décalé, et les défauts inhérents à ces qualités, à commencer par une construction trop brillante, si travaillée qu'elle ne laisse pas de place à la magie et à l'émotion, mettant le cerveau du spectateur sous pression, plus obnubilé par le désir de ne rien perdre du film que par le plaisir de profiter de chaque minute.

C'est d'autant plus surprenant que bien que le cinéaste cherche à compliquer à l'envi son intrigue et sa construction dramatique (notamment d'un point de vue temporel), le dénouement est lui expédié en quelques minutes, si ce n'est bâclé.

Toutefois, il faut reconnaître la grande réussite visuelle du film qui exploite habilement les possibilités de l'animation image par image. Les marionnettes ont un rendu très spécifique qui ne cherche pas à être réaliste, ou encore moins "mignon". Les chiens, notamment, ne sont pas de mignonnes peluches que l'on a envie de caresser. Ils ont tous une physionomie particulière, blessés ou mal en point, hirsutes ou sales. Leur personnalité prime clairement sur leur physique, tout en permettant à chacun d'avoir un style bien défini.

Les thèmes du film sont également denses et ambivalents : si le lien ancestral entre l'homme et le chien est au coeur de l'intrigue, ainsi que l'amitié et la solidarité, il est aussi question d'eugénisme, de maltraitance animale, d'intolérance et de manipulation politique. On peut d'ailleurs faire une lecture très politique du film, dans lequel le pouvoir en place cherche à expulser les étrangers (la jeune Tracy qui se bat pour la vérité), élimine les opposants politiques (le professeur Watanabe), utilise toute une population comme bouc émissaire et ravive symboliquement de mauvais souvenirs liés à l'Histoire du XXe siècle.

L'occasion de vérifier qu'animation et sujets graves font on ne peut meilleur ménage, la première permettant de mieux faire passer les seconds, avec une légèreté délibérée qui n'en rend le propos que plus fort et marquant. Wes Anderson allie ainsi comme à son habitude la forme et le fond, auxquels il porte le même soin jaloux. Les deux se répondent alors dans un dialogue singulier et saisissant où le récit d'aventures le dispute à un véritable hymne à la tolérance et à la désobéissance civique, entre comédie satirique, thriller engagé et récit initiatique audacieux. Exactement le genre de film qui triomphe généralement à la Berlinale. Un Ours d'or pour les chiens, avouez que ça aurait un certain panache.

Isabelle Huppert chez Anne Fontaine et Ira Sachs

Posté par vincy, le 15 février 2018

huppertOn la verra au cinéma le 7 mars dans Eva de Benoît Jacquot, avec Gaspard Ulliel, qui est en compétition à Berlin. Isabelle Huppert vient d'être confirmée dans deux prochains films. Blanche comme neige d'Anne Fontaine sera une comédie érotique inspirée du conte des frères Grimm, Blanche neige et les sept nains.

Cette co-production Gaumont/Mandarin/Cine @, annoncée par Variety à l'occasion du marché du film de Berlin, rassemblera Benoît Poelvoorde, Lou de Laâge, Vincent Macaigne, Charles Berling, Jonathan Cohen, Damien Bonnard (Rester vertical) et Pablo Pauly (nommé cette année aux Césars pour Patients).

De Laâge incarnera Claire, une jeune belle femme qui travaille dans l'hôtel de son père, décédé, et qui doit aussi gérer sa diabolique belle-mère Maud, interprétée par Huppert. La jalousie de cette dernière s'accentue quand son amant tombe amoureux de sa belle fille, qu'elle expédie dans une ferme lointaine. Elle fera la rencontre de sept princes...

Le tournage débutera en avril.

En octobre Isabelle Huppert tournera dans le septième film d'Ira Sachs, A Family Vacation, qui réunit Marisa Tomei, Greg Kinnear, Jérémie Renier et André Wilms.

Le tournage de cette production SBS (Elle) se déroulera au Portugal. Il s'agit d'un drame autour de trois générations d'une famille, dont la vie va être bousculée un jour où ils visitent la ville historique de Sintra (près de Lisbonne).

Ira Sachs avait remporté le Grand prix à Deauville pour Brooklyn Village en 2016 et le Grand prix du jury à Sundance pour Forty Shades of Blue en 2005.

Edito: Le retour de l’Europe

Posté par redaction, le 15 février 2018

Alors que la Berlinale se lance dans sa 68e édition, et avec elle le marché du film européen et des coproductions, l'Observatoire européen de l'audiovisuel rend ses premiers bilans pour 2017. 985 millions de billets ont été vendus l'an dernier, soit 6,6 millions de moins qu'en 2016, année record. C'est une bonne nouvelle en soi. D'autant qu'aux Etats-Unis, la tendance est toujours à la baisse. Aujourd'hui, si on prend en compte l'ensemble du continent (incluant la Russie et la Turquie), l'Europe fait jeu égal avec les Etats-Unis. Malgré la concurrence du petit écran, des réseaux sociaux, du jeu vidéo, le cinéma reste un bien culturel et social attractif.

A l'Est, la croissance

Bien sûr, pays par pays, tout ne vas bien. Le marché italien s'effondre (-12,9%), passant sous les 100M de spectateurs, et derrière le marché espagnol, tandis que les spectateurs sont plus nombreux en République Slovaque (+18,1%), en Roumanie (+11,3%), Russie (+9,7%), Pologne (+8,7%) et aux Pays-bas (+5,3%). Hors Union européenne, les entrées en Turquie ont bondit de 22,1% (ce qui profite aux films turcs qui représentent 56,5% des entrées!). La Russie consolide sa position de leader européen en nombre d'entrées (213,6M) devant la France qui en comptabilise 209,2M)

Parts de marché nationales

Car cette bonne fréquentation profite surtout aux productions américaines (qui ont bien compris leur intérêt à cibler l'international pour compenser la baisse de fréquentation sur leur territoire), et principalement aux blockbusters, qui semblent les films les plus fédérateurs, peu importe la langue, la culture, etc... La part de marché des films nationaux a diminué dans 13 pays et augmenté dans 11. La France et le Royaume Uni (qui comprend des productions soutenues par des sociétés américaines) peuvent s'enorgueillir d'une part de marché nationale de 37,4%. Les Finlandais, les Allemands, les Russes, les Polonais et les Tchèques résistent aussi très bien à l'invasion américaine avec plus d'un spectateur sur cinq, voire un spectateur sur quatre qui va voir un film "local".

Une production en surchauffe

Dans le même temps, l'Observatoire européen de l'audiovisuel a rendu public une autre étude sur la production cinématographique au cours des 10 dernières années. On constate une hausse de 47% du nombre de films produits en 10 ans! En 2007 on produisait en Europe 1 444 longs métrages. En 2016, ce chiffre s'élève à 2 124. Le plus surprenant est le doublement du nombre de films documentaires (un tiers des films produits désormais).

Plus d'un film sur deux est produits par le Royaume-Uni (en baisse), la France, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie. Mais les plus fortes sont enregistrées dans des pays comme la Russie (+40%), ou la Turquie (+180%).

La France championne des coprods

Un film sur cinq est une coproduction. Et l'étude montre bien l'intérêt de ce mécanisme financier. L'industrie française l'a bien compris. La France est championne des coprods avec 566 films coproduits en 10 ans, devant l'Espagne, l'Allemagne, et la Suisse. Mais il y a encore du chemin à faire pour parler de cinéma européen. 40% des interactions sont faites avec des pays non-européens, principalement avec les Etats-Unis. Sinon ce sont les coproductions France/Belgique , puis Royaume-Uni/États-Unis, Italie/France, France/Allemagne et Belgique/France qui sont les plus fréquents.

Des coprods bien plus performantes que les films nationaux

Si les indicateurs sont à la hausse, on constate au final qu'entre 2010 et 2015, les coproductions ont représenté 24,2% de l’ensemble de la production de films en Europe, attirant 1,6 milliard d’entrées, soit 50,3% des entrées totales des films européens sur la période, soit trois fois plus que le nombre d’entrées récoltées par les films européens uniquement nationaux. On résume: un quart des films sont des coprods et ils génèrent un billet vendu sur deux. C'est plutôt rentable, en tout cas largement plus qu'un film 100% national.

Cela tient à un fait très simple: une coprod a plus de chance d'être diffusée dans un autre pays: 69% des coprods majoritaires sont sorties dans un autre pays que celui d'origine. Seuls 39,5% des films nationaux ont eu cette possibilité. En moyenne, avec 6,4 territoires où elles sont distribuées, les coproductions européennes circulent près de deux fois plus que les productions seulement nationales.

Des succès nationaux peu exportés

C'est désormais tout l'enjeu véritable du cinéma européen: la coproduction, les financements transnationaux sont acquis. Hormis des comédies (l'humour reste très chauvin), tous les autres genres profitent de ces apports financiers extra-nationaux. Mais tant qu'un grand plan pour la diffusion des films européens, qui comprendrait le doublage et le sous-titrage, une aide à la distribution (y compris sur les plateformes streaming), des aides pour les exploitants et les festivals qui valoriseraient les films européens, on restera enfermés dans nos frontières. Qui a vu, en dehors de leur pays d'origine, Fuck You Goethe 3, 2e plus gros succès allemand en 2017 ou Come un gatto in tangenziale, plus gros hit italien de l'année, ou Perfectos desconocidos, film le plus populaire en Espagne (et 4e du box office annuel)? Là encore, le modèle français fait exception puisque les films hexagonaux sont plutôt bien exportés, grâce aux coprods et à l'action d'Unifrance, entre autres.

Alors que la politique européenne et son versant économique font douter de nombreux citoyens, le cinéma, de par son impact culturel, pourrait être un formidable moyen de mieux partager nos valeurs et de mieux connaître nos voisins.

Berlin 2018: une ouverture sous le signe du chien

Posté par vincy, le 14 février 2018

La 68e Berlinale s'ouvre aujourd'hui sous le signe du chien. Vendredi, le nouvel an chinois s'ouvrira en effet avec l'année du Chien de terre, qui remplace l'année du (Balance ton) Porc de Terre. Le Festival du film prend juste deux jours d'avance avec L'île aux chiens, son film d'ouverture. Wes Anderson est le premier réalisateur à imposer un film d'animation en guise de lancement du festival. Il est en lice pour l'Ours d'or, qui, de toute son histoire, n'a récompensé qu'un seul film d'animation, Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki, en 2002.

Le jury et les hommages
La compétition
L'île aux chiens en ouverture

Les chiens sont donc lâchés pour chasser l'Ours. Le Berlinale Palast s'apprête à dérouler son tapis rouge. Le jury affrontera une température proche de zéro degré. Wes Anderson est accompagné de ses deux co-scénaristes, Roman Coppola et Jason Schwartzman , et de son casting: Bryan Cranston, Greta Gerwig, Bill Murray, Jeff Goldblum, Kunichi Nomura, Liev Schreiber, Koyu Rankin, Bob Balaban, Tilda Swinton, Akira Takayama, Yojiro Noda et Mari Natsuki. Un sacré défilé dans un Festival qui fait de moins en moins de place au cinéma américain (le dernier Ours d'or date de 2000, pour Paul Thomas Anderson et son Magnolia).

Parmi les autres vedettes que le Festival annonce ce soir, il y aura, outre un contingent impressionnant de personnalités allemandes - Wim Wenders, Fatih Akin, Daniel Brühl, Sebastian Koch, Hanna Schygulla, Christian Petzold et Margarethe von Trotta, etc... - Ingrid Caven, Sung-Hyung Cho, Patricia Clarkson, Elle Fanning, Helen Mirren ou encore Fernando Solanas.

Un jour, ça ira : la précarité au quotidien

Posté par redaction, le 14 février 2018

Djibi et Ange, deux adolescents, vivent dans un centre d’hébergement d’urgence à Paris. Dans le documentaire Un jour, ça ira de Stan Zambeaux et Edouard Zambeaux, ils racontent, à travers l’écriture et le chant, leurs espoirs d’une vie meilleure.

Djibi Diakhaté vit avec sa mère, Ange Lath avec son père. Ces adolescents de 13 ans sont logés provisoirement à l’Archipel, un centre d’hébergement d’urgence parisien qui accueille quelque 300 personnes, dont 70 enfants. L’Archipel prend en charge de manière très active les sans-domicile, avec une forte volonté d’insertion, en permettant notamment aux enfants de s’exprimer à travers les arts.

Ainsi, Djibi participe à un atelier d’écriture, un exercice très valorisant puisqu’il rédige un article qui sera publié dans le quotidien Libération. Il peut ainsi parler de sa vie, de ses rêves, avec le plaisir de découvrir un jour son texte dans un grand journal français. Djibi, qui change très souvent de domicile, se présente comme un «serial déménageur». Si, par honte, il refuse d’avouer à ses camarades du collège qu’il vit au «115», comme il dit, il se confie en revanche avec beaucoup de maturité dans ses écrits sur ses problèmes et ses espérances.

Ange Loth, plus timide, se raconte à travers des chansons qu’elle compose à l’atelier chant, avec une prof très attentive qui lui apprend à chanter avec plus d’assurance. Comme Djibi, Ange se sent très valorisée par cette activité.

Lors d’une représentation dans la chapelle de l’Archipel, Djibi et Ange vont pouvoir s’exprimer devant leurs parents, mais aussi devant un public bienveillant. Grâce à cette confiance accumulée, ils ne doutent pas, comme l’affirme le titre du documentaire, qu’« Un jour, ça ira ».

Une dure réalité qui n'empêche pas l'émotion et l'optimisme

Les réalisateurs Stan et Edouard Zambeaux, deux frères, ont filmé le quotidien des familles dans le centre : l’attente d’un logement, d’un travail, de papiers. Et puis un jour, on annonce à ces personnes en situation de précarité qu’elles vont bientôt devoir à nouveau déménager, avec en toile de fond la crise des migrants qui se répercute sur le centre.

Si on perçoit bien dans le documentaire la dure réalité du quotidien de ces sans domicile fixe, et l’ampleur du phénomène, les réalisateurs ont aussi su capter des moments d’émotion, ce qui donne une tonalité d’optimisme. « A l’origine de ce film, il y avait l’envie de faire quelque chose de beau pour décrire une réalité souvent présentée sous son aspect uniquement miséreux. Nous avions envie d’avoir une approche esthétique de cette question, de magnifier les personnages, de montrer que la situation extrêmement difficile dans laquelle ils étaient n’atteignait pas leur dignité », raconte Edouard Zambeaux.

Si cet intéressant documentaire présente la situation d’extrême précarité de personnes que l’on peut croiser au quotidien dans les rues de la capitale, il montre aussi les relations de solidarité qui peuvent s’établir. Depuis la fin du tournage, L’Archipel a fermé ses portes, mais Djibi et Ange ont retrouvé un toit.

Un jour, ça ira, documentaire français de Stan Zambeaux et Edouard Zambeaux
Sortie le 14 février 2018

Pierre-Yves Roger

Clermont Ferrand 2018 : retour sur le palmarès

Posté par MpM, le 13 février 2018

Le 40e festival de Clermont-Ferrand s’est clos sur un palmarès foisonnant et riche (plus de 40 prix décernés) après une très belle édition anniversaire qui a attiré plus de 165 000 spectateurs.

Dans la compétition nationale, c'est le très remarqué Vilaine fille d'Ayce Kartal qui a remporté le Grand Prix. Ce délicat récit à la première personne d'une petite fille ayant subi une agression met son animation libre et inventive au service du sujet sensible des viols collectifs d'enfants en Turquie.

Plus on avance dans le récit, plus la légèreté du ton et de l'image renforce l'effroi qui saisit le spectateur, cueilli presque par surprise par une puissance émotionnelle sèche, dénuée de tout pathos, et d'autant plus violente. On se réjouit d'autant plus de cette belle (et méritée) récompense qu'il n'est pas si fréquent de voir un film d'animation distingué par un grand prix "généraliste".

Côté international, c'est un film polonais, Tremblements de Dawid Bodzak, qui a convaincu le jury. Il s'agit d'un film mystérieux et  symbolique mettant en scène deux adolescents dont le comportement  inexpliqué de l'un deux va totalement bouleverser la relation.

Soyons honnêtes, on est resté assez extérieur à cette fable hermétique qui s'ouvre sur une proposition étrange : l'un des adolescents demande à l'autre ce qu'il ferait, s'il se retrouvait dans une forêt obscure et déserte, soudainement encerclé par des loups. On saisit confusément que le reste du film tente de répondre métaphoriquement à la question, mais sans que cela ne soit jamais réellement convaincant.

Le labo a quant à lui vu le couronnement de Retour de Pang-Chuan Huang, un documentaire qui raconte en parallèle un mystérieux voyage en train vers l’Est, censé ramener le narrateur chez lui, et un autre périple, effectué des années plus tôt par un autre jeune homme pris dans la tourmente de l’Histoire. Le réalisateur (étudiant à l'école du Fresnoy) a principalement recours à des images fixes, et à une voix off omniprésente qui guide le spectateur. Certes n’est-on pas totalement surpris par la tournure que prend le récit, mais le film bénéficie d’une vraie force d’évocation, malgré les maladresses du texte, et ses baisses de rythme. Il est également une belle démonstration de la puissance de l’image fixe qui confie au spectateur le soin de combler les creux.

Il faut aussi souligner la présence au palmarès du Lion d'or du dernier Festival de Venise (Gros chagrin de Céline Devaux, prix étudiant de la compétition nationale) ; de deux films de Clément Cogitore (sur les trois présentés) : meilleure musique originale pour Braguino, prix du public et mention presse Télérama pour Les Indes galantes ; du déjà multi-primé The burden de Niki Lindroth von Bahr (meilleur film d'animation), du documentaire suisse Ligne noire de Mark Olexa et Francesca Scalisi (prix étudiant de la compétition internationale) ou encore de l'étonnant film malaysien It's easier to raise cattle d'Amanda Nell Eu (mention spéciale de la section labo).

Enfin, parmi les films dont nous vous disions le plus grand bien pendant le festival, Le marcheur de Frédéric Hainaut a remporté le prix SACD du meilleur Film d'animation francophone, Reruns de Rosto le Prix Allegorithmic des effets visuels et Everything de David O'Reilly un Prix spécial.

Comme toujours, on peut avoir quelques regrets, notamment sur des films déjà mentionnés comme Des hommes à la mer de Lorris Coulon, l'un des plus beaux courts métrages français de l'année 2017, (Fool)Time job de Gilles Cuvelier, fable sociale glaçante qui prend à contre-pied tout ce que l'on peut avoir en tête quand on pense au cinéma d'animation ou Chose mentale de William Laboury,  œuvre complexe et envoûtante qui transcende en même temps le motif du huis clos inquiétant, celui du glissement vers le fantastique et les codes de la comédie romantique.

Mais, bonne nouvelle, il est possible comme chaque année aux Parisiens et Franciliens de se faire une idée du Palmarès en assistant à la reprise qu'en fait le Forum des Images. Ce sera ce 18 février à partir de 15h30, pour prolonger un peu la grande fête hivernale du court métrage.

Compétition nationale

Grand prix
Vilaine fille d'Ayce Kartal

Prix spécial
Vihta de François Bierry

Meilleure musique originale
Eric Bentz pour Braguino de Clément Cogitore

Égalité et diversité
The Barber Shop de Gustavo Almenara, Émilien Cancet

Mention spéciale
Encore trois ans de Pedro Collantes

Mention spéciale
Master of the Classe de Carine May, Hakim Zouhani

Prix du public
Les Indes galantes de Clément Cogitore

Prix étudiant
Gros chagrin de Céline Devaux

CANAL+
Little Jaffna de Lawrence Valin

SACD - 1ère œuvre de fiction
Pourquoi j'ai écrit la Bible d'Alexandre Steiger

SACD - 1ère œuvre de fiction - Mention
Junk Love de Jonathan Rochart

Adami - Interprétation masculine

Florent Gouëlou dans Un homme mon fils de Florent Gouëlou

Adami - Interprétation féminine
Sigrid Bouaziz dans La nuit je mens d'Aurélia Morali et Les vies de Lenny Wilson d'Aurélien Vernhes-Lermusiaux

Presse Télérama
Les vies de Lenny Wilson d'Aurélien Vernhes-Lermusiaux

Presse Télérama - Mention
Les Indes galantes de Clément Cogitore

Brèves digitales Orange
Un film sur les éboueurs de Le Gros Z

Procirep
Caïmans Productions pour Pépé le morse de Lucrèce Andreae

Bourse des festivals
La sphinx de Tito Gonzalez Garcia

Coup de cœur Canal+ Family
Oscillation de Yookyung Cha

Coup de cœur Canal+ Family - Mention
La mort, père & fils de Vincent Paronnaud (Winshluss) et Denis Walgenwitz

Compétition internationale

Grand prix
Tremblements de Dawid Bodzak

Prix spécial
Les ombres de Jerry Carlsson

Prix du public
Bonobo de Zoel Aeschbacher

Prix étudiant
Ligne noire de Mark Olexa, Francesca Scalisi

CANAL+
Les ombres de Jerry Carlsson

SACD - Film d'animation francophone
Le marcheur de Frédéric Hainaut

Film d'animation
Min Börda (Le fardeau) de Niki Lindroth Von Bahr

Rire Fernand Raynaud
État d'alerte sa mère de Sébastien Petretti

Nomination EFA
Honte de Petar Krumov

Mention spéciale
Hasta siempre, Comandante de Faisal Attrache

Mention spéciale
La victoire de la charité d' Albert Meisl

Mention spéciale
Dependent de Phil Sheerin

Compétition Labo

Grand prix
Retour de Pang-Chuan Huang

Prix spécial
Everything de David O'Reilly

Mention spéciale
Beetle Trouble de Gabriel Böhmer

Mention spéciale
Snap de Felipe Elgueta, Ananké Pereira

Mention spéciale
It's easier to raise cattle d' Amanda Nell Eu

Prix du public
Black America again de Bradford Young

CANAL+
Rebirth is Necessary de Jenn Nkiru

Prix Festivals Connexion
Ondes noires d'Ismaël Joffroy Chandoutis

Prix du documentaire
Proch de Jakub Radej

Prix Allegorithmic des effets visuels
Reruns de Rosto

120 battements par minute triomphe aux Globes de Cristal

Posté par vincy, le 13 février 2018

La 12e cérémonie des Globes de Cristal, qui avait lieu lundi 12 février, a récompensé deux fois 120 battements par minute, de Robin Campillo, en lui décernant les prix du meilleur film et du meilleur acteur pour Nahuel Pérez Biscayart.

Ces prix des journalistes culturels ont aussi distingué Karin Viard pour son rôle dans Jalouse et La La Land comme meilleur film étranger.

Le reste du palmarès couronne, entre autres, Michel Bouquet (meilleur comédien dans Le Tartuffe), Vincent Dedienne (meilleur One Man Show), Priscilla, folle du désert (meilleure comédie musicale), Dix pour cent (Meilleure série télévisée), et The Handmaid's Tale (meilleure série télévisée française).

Un Globe de Cristal d'honneur a été remis à Agnès Varda.

Isabelle Huppert était la présidente de cette édition.

Leonardo DiCaprio dans la peau de Leonardo Da Vinci ?

Posté par vincy, le 12 février 2018

leonardo dicaprio

Leonardo DiCaprio, à défaut de tourner, continue de s'approprier des livres en vue d'adaptation, ou des scripts en vue d'être développés. Dernière en date, la biographie de Leonard de Vinci par Walter Isaacson. Paramount, qui avait gagné les enchères sur les droits de cet essai, a engagé John Logan (scénariste de The Aviator, avec DiCaprio,  Skyfall, Spectre, Gladiator et Hugo Cabret) pour écrire la version cinématographique.

Leonardo DiCaprio incarnerait le génie et artiste de la Renaissance. Il est d'ores et déjà producteur du film puisque sa société Appian Way a un deal avec Paramount.

Pour l'instant, la star n'a qu'un seul tournage en vue, celui du prochain film de Quentin Tarantino qui se tournera cet été. John Logan a prévu de rendre le scénario pour l'automne. Il est aussi annoncé dans trois autres films: The Black Hand, Killers of the Flower Moon et Roosevelt.

Rappelons pour l'anecdote que Leo s'appelle ainsi parce qu'il a frappé le ventre de sa mère la première fois quand celle-ci admirait une toile du maître dans un musée en Italie.

Parue l'an dernier aux Etats-Unis, la biographie de Walter Isaacson, toujours inédite en France, détaille évidemment le travail du peintre comme celui du savant, mais aussi sa passion pour le théâtre, son homosexualité, son hérésie religieuse, son végétarisme. Isaacson avait notamment écrit la biographie sur Steve Jobs qui a servi au scénario du film de Danny Boyle.