Emir Kusturica reconstitue le village en pierre du « Pont sur la Drina »

Posté par MpM, le 17 mars 2011

Pour les besoins de son prochain film, Emir Kusturica a élaboré le projet de construction d'un ancien village en pierres d'une cinquantaine de maisons. Le réalisateur serbe deux fois palmé à Cannes a en effet décidé d'adapter Le pont sur la Drina de l'écrivain yougoslave Ivo Andric (prix Nobel de littérature en 1961), un roman retraçant l'histoire de la Bosnie et de ses communautés qui se croisent et se déchirent.

"Nous construirons une ville qui sera comme si elle était édifiée il y a 400 ans", a déclaré le cinéaste. "Dans les rues de cette ville, sur ses places, sur les façades, les remparts, les toits et les pavés, on lira l'histoire qui s'est évaporée comme l'eau salée au soleil et qui a laissé derrière elle le scintillement des cristaux." Le projet bénéficie du soutien des dirigeants de la Republika Srpska, l'entité des Serbes de Bosnie où sera construit le village.

Les travaux de construction devraient commencer en juin à proximité du célèbre pont ottoman du XVIe, sur quelque 14 000 m2. Ils coûteront plus de dix millions d'euros, en partie financés par la Republika Srpska et le gouvernement de Serbie. Après le tournage, "Kamengrad", ou  "La ville d'Andric" comme on appelle également le projet, devrait se transformer en attraction touristique.

Festival SXSW : quand les stars de la télé se recyclent au cinéma

Posté par Sarah, le 16 mars 2011

bride maidsC'est bien connu, aux Etats-Unis, les acteurs passent sans trop de difficultés de la télévision au cinéma. Le système est plus flexible qu'en France et il ne s'agit donc pas de choisir son médium préféré (télé, théâtre, film) et d'y rester. Bien entendu, flexibilité ne veut pas dire évidence, et  tous les acteurs américains ne choisissent pas la polyvalence.

Quoi qu'il en soit, certains films présentés au festival SXSW illustrent bien cette tendance. Dans Bridesmaid de Paul Feig, c'est ainsi l'actrice du show américain Saturday Night Live, Kristen Wiig, qui tient le rôle principal, celui d'Annie, une jeune femme qui a toutes les peines du monde à être une bonne demoiselle d'honneur pour le mariage de sa meilleure amie. Cette comédie romantique, qui est encore en cours de production, était projetée en avant-première à Austin et l'arrivée de l'actrice sur scène a déclenché un tonnerre d'applaudissements. L'émission Saturday Night Live est en effet extrêmement populaire aux Etats-Unis.

Toutefois, le grand recyclage de cette édition du Festival SXSW reste celui des acteurs de la version américaine de The Office. L'acteur principal, Steve Carrell, mène déjà une carrière assez éclectique. Le public est habitué à le voir interpréter Michael Scott dans le show, mais aussi des rôles divers dans des films tels que 40 et toujours puceau, Crazy night ou encore Little Miss Sunshine (où il était à contre-emploi). Lors de ce festival, on a également pu voir l'acteur Rainn Wilson, qui joue l'insupportable et sarcastique Dwight Schrute dans The Office, interpréter le personnage principal de amy ryanSuper de James Gunn. Il incarne un homme qui s'improvise super-héros, et cherche par tous les moyens à récupérer sa femme tout en combattant le mal et l'injustice.

Amy Ryan, récemment devenue une actrice régulière de The Office avec le personnage d'Holly Flax, est quant à elle apparue aux côtés de Paul Giamatti (photo de droite) dans la comédie dramatique Win Win, de Thomas McCarthy. Elle y joue Jackie Flaherty, la femme de Mike, un avocat au bord de la faillite qui tombe dans une affaire de corruption de senior pour tenter de sauver sa famille. Le personnage d'Amy Ryan est haut en couleur, bien que plutôt secondaire.

Au final, le grand intérêt de découvrir les acteurs sur grand écran est de voir l'étendue de leurs compétences, car ils sont amenés à jouer des personnages différents de celui qu'ils jouent toutes les semaines. Une tendance qui va croissante ces dernières années aux Etats-Unis, et qui par le passé a offert au cinéma de vrais bons comédiens : Johnny Depp (découvert dans 21 jump street), George Clooney (Urgences) ou encore Robin Wright (Santa Barbara).

Le festival de Vesoul s’invite à Paris

Posté par MpM, le 16 mars 2011

Comme tous les ans, l'auditorium du Musée Guimet propose aux Franciliens de découvrir les meilleurs films présentés au Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul. Du 30 mars au 1er avril prochains seront ainsi projetés les deux Cyclos d'or ex-aequo P.S. de Elkin Tuychiev et Addicted to love de Liu Hao, également auréolés du Coup de cœur du Jury Guimet et du Prix Emile Guimet. Les spectateurs auont par ailleurs la possibilité de voir le film d'ouverture du festival, le très touchant Voleur de lumière de Aktan Arym Kubat, qui est sorti en salles il y a plusieurs semaines.

Cette année, le festival de Vesoul a réuni près de 30000 spectateurs qui se sont pressés pour voir l'un des 80 films sélectionnés. Pour la 8e fois, le Musée Guimet était invité à récompenser un réalisateur dont le film (fiction ou documentaire) apporte un éclairage culturel remarquable sur l’Asie. C'est le cas d'Addicted to love qui raconte une histoire d'amour entre deux retraités de Pékin et de P.S., qui montre les dissensions entre deux frères en Ouzbékistan.
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Auditorium du Musée Guimet
30 et 31 mars à 12h15, 1er avril à 20h30
Renseignements

Les chemins de la mémoire : à emprunter d’urgence

Posté par MpM, le 15 mars 2011

chemins"Nier l'Histoire, c'est risquer de la répéter."

L'histoire : Plus de trente ans après la mort de Franco, José-Luis Penafuerte interroge la mémoire collective espagnole. Il filme l'excavation des fosses de la guerre civile, recueille le témoignage d'exilés politiques et de descendants des disparus et prête même l'oreille aux élucubrations des derniers franquistes.

Notre avis : Voilà un documentaire salutaire, indispensable et surtout captivant qui n'hésite pas à relever les contradictions d'un pays qui ne s'est jamais remis de son Histoire. En effet, plus de soixante-dix ans ont passé depuis la guerre civile, et pourtant, en Espagne, le sujet reste extrêmement sensible. Alors que certaines familles sont toujours à la recherche de leurs disparus, nombreuses sont celles qui, au contraire, voudraient enterrer le passé. Sans parler des illuminés qui n'hésitent pas à le glorifier (le film montre un rassemblement de nostalgiques de l'époque franquiste). Comme si, dans les esprits, la guerre se poursuivait encore et encore, sur un plan moral, émotionnel, intime, entre ceux qui se vantent toujours d'appartenir au camp des vainqueurs, et ceux qui veulent simplement faire (re)connaître la vérité.

Si cet épisode de l'histoire est toujours aussi douloureux, c'est bien sûr parce qu'il fut terrible (60 000 exécutions, 130 000 disparus, 300 000 dénonciations, 400 000 prisonniers...) et que bien des victimes ne purent jamais faire leur deuil,  mais sans doute aussi parce que la culpabilité ronge encore une partie de la population, mal à l'aise à l'idée de déterrer les fantômes du passé. "A quoi bon", disent les uns, tandis que les autres s'inquiètent des risques pour la cohésion du pays et peut-être aussi pour leur tranquilité personnelle. Pourtant, nulle volonté de revanche dans la démarche des survivants et des enfants de victimes. Simplement la peur de voir leur histoire disparaître avec eux. Car pour ces résistants de l'extrême, l'oubli est la pire des peines.

Le propos du film est justement de montrer les contours flottants de la mémoire collective du pays. Sans voix-off ni commentaire, mais en alternant images d'archives, reportages, témoignages face caméra et même procédés fictionnels (de longs travellings symboliques dans des ruines, ou sur les rayons d'une bibiothèque consacrés à l'Histoire), José-Luis Penafuerte en livre un instantané fuyant, montrant qu'elle emprunte mille chemins différents pour retracer son passé. Par moments, le film tient ainsi de l'enquête policière fascinante où chacun livre "sa" vérité. Comme autant de pièces d'un puzzle, bouleversantes, édifiantes, terribles, cruelles, insupportables. Cet assemblage d'impressions, de souvenirs, de faits et de symboles forme alors le portrait sensible d'une époque et, au-delà de ce pan particulier de l'histoire, livre un message universel, humaniste et plein d'un immense espoir : celui que les horreurs du passé ne se reproduisent plus.

Cannes 2011 : les 15 élus de l’atelier de la cinéfondation

Posté par MpM, le 15 mars 2011

Comme chaque année depuis 2005, l'Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes propose à quinze cinéastes et à leurs producteurs de participer au Festival, dans le but de les aider à accéder à la production et à la distribution internationale. En tout, quinze pays sont représentés dont l'Argentine, la Chine, la Grèce, l'Irak, la Roumanie et la Turquie.

Les 15 lauréats 2011 ont été sélectionné en fonction de leur projet, mais certains d'entre eux ont déjà connu un certain succès critique en France avec leur précédent long métrage. On retrouve ainsi George Ovashvili à qui l'on doit L'autre rive, Daniel et Diego Vega primés en 2010 pour Octubre dans la section Un certain Regard ou encore Alvaro Brechner, remarqué lui aussi à Cannes en 2009 avec Sale temps pour les pêcheurs, ou encoreDavid Verbeek (photo), sélectionné à Un certain Regard 2010 avec R U There.

Parmi les précédents lauréats, on retrouve des cinéastes désormais aussi reconnus que Joachim Lafosse, Apichatpong Weerasethakul, Michelange Quay, Bertrand Bonello, Tsai Ming-Liang ou encore Lou Ye.

Les lauréats 2011

- Escafandra de Pablo Reyero (Argentine)
- Now is the Future of the Past de Huang Weikai (Chine)
- Augustine d'Alice Winocour (France)
- Khibula de George Ovashvili (Georgie)
- Luton de Michalis Konstantatos (Grèce)
- Hier de Bálint Kenyeres (Hongrie)
- The Train Station de Mohamed Al-Daradji (Irak)
- Of Our Economical Situation d'Elad Keidan (Israël)
- Il Sud è Niente de Fabio Mollo (Italie)
- La delgada línea amarilla de Celso García (Mexique)
- Full Contact de David Verbeek (Pays-Bas)
- El Mudo de Daniel et Diego Vega (Pérou)
- Wolf de Bogdan Mustata (Roumanie)
- Romania Kings de Deniz Ergüven (Turquie)
- Mr Kaplan d'Alvaro Brechner (Uruguay)

Conviction : vous laisserez-vous convaincre ?

Posté par Claire Fayau, le 15 mars 2011

ConvictionSynopsis : Conviction est l’histoire vraie de la lutte d’une femme, pendant 18 ans, pour faire libérer son frère de prison. 1983, Kenny Waters est condamné à perpétuité pour meurtre. Betty Anne, sa sœur, est la seule à être convaincue de son innocence. Face à un système judiciaire qui refuse de coopérer, elle entreprend des études pour obtenir un diplôme d’avocate. Elle mène sa propre enquête afin de faire rouvrir le dossier, n’hésitant pas à sacrifier sa vie de famille. Aidée de sa meilleure amie, Abra Rice, elle est bien décidée à tout mettre en œuvre pour disculper son frère. (in DP)

Notre avis : Conviction, est le portrait d'une femme forte, convaincue de l’innocence de son frère, qui va reprendre ses études et devenir avocate pour le sauver. Connaissons-nous vraiment nos proches ? Les liens du sang sont-ils indéfectibles ? Qu’est-ce qui nous pousse à croire envers et contre tout ceux que nous aimons?

La problématique du film se rapproche de celle de Music Box de Costa Gavras même si le dénouement s'avère totalement différent. On pourrait d'ailleurs citer quantité de films et téléfilms qui soulèvent ces questions, avec ou sans procès à la clé. Hollywood s'affirme à travers ces films comme un lobby anti-peine capitale, avec plus ou moins de nuances et de variations.

Cette histoire est d'autant plus émouvante qu’elle est vraie. Mais la plus bele réussite de ce drame conventionnelle repose sur sa comédienne. Hillary Swank (La Million dollar baby de Clint Eastwood, entre autres), donne tout son talent (malgré la banalité du projet) pour incarner une femme simple, pas toujours agréable, et entêtée à l’excès - avec l’énergie que devait avoir la vraie Betty Ann Waters. Swank a sans doute flairé le bon rôle, et n’a pas hésité à produire le film.

Le reste du casting lui apporte de quoi élever son jeu et ne jamais jouer en solo avec brio. Juliette Lewis fait une apparition savoureuse et capitale, n’hésitant pas à s’enlaidir, Melissa Leo, récemment oscarisée, est un bon choix de femme-flic et Minnie Driver en bonne copine, possède une certaine épaisseur.

Pour le frère, Swank s'est offert le "versatile" et ambigu Sam Rockwell : l'acteur a le grain de folie qui correspond parfaitement au rôle et possède une personnalité et un physique qui nous font vraiment douter de son innocence par moments.

Hélas, la réalisation de Tony Goldwyn (de la série TV Dexter) est assez plate et ne met pas assez en valeur le travail des comédiens, ni la puissance dramatique de son histoire.

Conviction devient alors une production très  « américaine » et académique, portée par une grande actrice et une relation amoureuse et fraternelle pourtant rare au cinéma.

SXSW Festival : rencontre avec l’équipe du film Apart

Posté par Sarah, le 14 mars 2011

ApartApart, le premier long métrage d'Aaron Rottinghaus, a fait sensation dès le deuxième jour du festival SXSW. Cette production indépendante, qualifiée par les auteurs de thriller romantique,  met en scène une maladie psychologique rare et impressionnante, le syndrome de Folie à deux ou F24. Les deux protagonistes principaux sont liés depuis l'enfance par un accident tragique et présentent des troubles psychotiques authentiques (visions, délires, trouble paranoïaque induit). Le seule remède connu à présent est la séparation des deux êtres en question.

C'est un premier film très ambitieux, rythmé par de nombreux flashbacks. Il a été tourné dans la ville où Josh Danziger, qui joue le rôle de Noah et qui a co-écrit le film avec Aaron Rottinghaus, a grandi. Pour lui, la série Lost a été à la fois une source d'inspiration et un modèle à atteindre. Il est vrai que le film a un réel sens du rythme et que les allers et retours dans le temps font qu'il n'est pas « facile ».

Nous avons demandé au réalisateur de nous parler un peu de l'idée originale de ce film : « L'écriture avec Josh s'est faite tout simplement. Un jour, un de ses amis médecin l'a contacté pour lui parler de cette maladie invraisemblable, rare mais vraie, dont souffrent ces personnes qui partagent des visions effrayantes. On répétait en même que l'on écrivait le film et le résultat correspond à ce que l'on voulait (...) Le tournage a été le moment le plus amusant, même si sur l'écran le film est très sombre, car après il a fallu trouver les financements, ce qui n'est pas toujours facile. J'ai eu beaucoup  de chance et j'ai aimé travailler avec des proches comme Josh ou encore Joey Adams [ndr : qui joue la psychologue d'Emily]. La seule difficulté au niveau du casting a été de trouver la partenaire de Josh, Olesya Rulin, qui joue le personnage d'Emily ».

Josh Danziger renchérit : « Le tournage s'est très bien passé, on a beaucoup ri pour détendre l'atmosphère, et ma collaboration avec Olesya (Rulin) s'est faite le plus naturellement possible. On a beaucoup travaillé et on était tous très excités de voir le film se construire, se produire et enfin, de pouvoir le montrer à nos proches et au public ». Gardez l'oeil ouvert, avec un peu de chance, il sortira bientôt sur nos écrans français !

Deauville Asia 2011 : retour sur le palmarès

Posté par kristofy, le 14 mars 2011

laureats deauville asiaLe 13ème Festival du Film Asiatique de Deauville s’est achevé dimanche soir avec la cérémonie de clôture et la proclamation du palmarès par les deux jurys. Et c’est à la surprise générale que le Grand Prix a été remis au Thaïlandais Eternity, le film le moins apprécié du public.

Eternity était en effet le film plus ardu de la compétition, voire le plus hermétique ou le plus soporifique. Il comporte de nombreux plans-séquences fixes avec de longues scènes d’un quotidien banal (un repas en famille, le couple qui discute mythologie en nous tournant le dos…) qui ont provoqué un tel ennui chez certains qu'ils n'ont pas hésité à quitter  la salle en cours de projection. Le film raconte l’histoire d’un homme décédé qui se souvient de la femme qu’il aimait, et on assiste à des moments de complicité entre eux à la rivière et l’intégration de la jeune femme dans la famille de son amoureux. Au début il semble que le réalisateur use et abuse de longues scènes où la caméra immobile nous montre de manière naturaliste (et sans aucune musique) des moments de vie ordinaires à priori sans intérêt. Plus tard, on saisira que ce dispositif de mise en scène contemplative trouble la notion du temps avec ces séquences en temps réel (et avec des temps morts), le passé et le présent prennent une autre valeur au regard de la vie avant et après la mort. Si on n’est pas loin de l’univers de Apichatpong Weerasethakul on est encore plus près de la narration de Lisandro Alonso. Eternity est un film où l’exigence d’une narration par moments de simplicité conduit à une rigueur sans artifice qui désarçonne. Un étonnement salué donc par le Grand Prix pour le réalisateur Sivaroj Kongsakul.

Le jury était présidé par Amos Gitaï, qui était entouré de Jacques Fieschi, Mia Hansen-Love, Reda Kateb, Pavel Lounguine, Noémie Lvovsky, Catherine Mouchet, Anne Parillaud et Marc Weutzmann. Départager les dix films de la compétition n’a pas été facile car les films les plus remarquables ont aussi été ceux qui ont le plus divisé les spectateurs. Les films les plus appréciés ont été ceux où il était facile de s’attacher aux personnages mais sans véritable ressenti de cinéma : Buddha Mountain de la réalisatrice Li Yu (déjà été remarquée ici pour Dam Street), Donor du Philippin Mark Meily ou encore Udaan de Vikramaditya Motwane (qui était passé à Cannes).

Et c’est donc dans cette veine- là que Sketches of Kaitan City de Kazyoshi Kumikari et The journals of Musan de Park Jung-Bum ont reçu chacun ex-aequo le Prix du Jury. En compétition également le film le plus provocant et le plus extrême du festival, Cold Fish de Sono Sion (passé par Venise) qui est absolument étourdissant, un peu trop pour le jury, mais qui figure heureusement au palmarès avec le Prix de la Critique internationale. Les films qui ont montré, eux, une recherche esthétique et cinématographique plus exigeante sont aussi ceux qui proposaient une histoire moins linéaire : Birth Right de Naoki Hashimoto, La ballade de l’impossible de Tran Anh Hung, et donc Eternity de Sivaroj Kongsakul. En choisissant ce dernier pour le Grand Prix, le jury a su faire preuve de courage et d’audace.

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SXSW Festival : quand les grands noms côtoient les indies

Posté par Sarah, le 14 mars 2011

SuperA SXSW, les soirées d'avant-premières s'enchaînent et ne se ressemblent pas, si ce n'est les files d'attente qui semblent s'allonger un peu plus chaque soir. Le festival bat son plein et de grands noms sont venus présenter leur film. La première soirée du festival a marqué le lancement de Source Code, de Ducan Jones (sortie en France le 20 avril prochain) avec Jake Gyllenhaal et Michelle Monaghan. La présence de l'acteur américain a déclenché une hystérie dans la foule, et le film a été qualifié de bon divertissement.

Le lendemain, une foule encore plus excitée et impatiente a encerclé le Paramount Theatre pour voir Super de James Gunn avec Liv Tayler, Kevin Bacon, Rainn Wilson et Ellen Page. La salle était pleine à craquer pour voir cette histoire de Monsieur tout-le-monde qui décide un jour, s'étant fait larguer par sa femme bien-aimée, de devenir un super héros (sans pouvoir magique) pour défendre le bien contre le mal.

Le film est bien rythmé, un peu caricatural à certain moment mais il souhaite surtout montrer qu'être un super-héros cela ne va pas de soi et que l'on ne peut défendre le bien sans mouiller sa chemise. Les effets spéciaux sont plus humoristiques qu'impressionnants et James Gunn n'a pas voulu faire l'impasse sur l'aspect violent de la vie d'un super-héros. Ce film, au budget assez réduit selon les dires du réalisateur, a enthousiasmé la salle au plus haut point, et la présence de Rainn Wilson et d'Ellen Page n'y est pas pour rien car c'est l'un des avantages lors d'un festival que de pouvoir poser des questions au réalisateur et aux acteurs après le film. D'ailleurs, SXSW accueille chaque année des noms de plus en plus connus, attirant par la même occasion un nombre grandissant de spectateurs.

L'autre intérêt des festivals de cinéma reste de pouvoir varier les plaisirs. Même si on ne peut bouder les blockbusters, les projections de films moins connus et indépendants sont autant (si ce n'est plus) intéressantes. Le film du réalisateur britannique Andrew Haigh, Weekend, nous a ainsi touché par sa mise en scène, le jeu d'acteur très naturel et par la justesse de son propos. Il s'agit de Russel, un jeune trentenaire gay, qui rencontre un soir Glen dans une boîte. Ils ne vont passer que quelques jours ensemble mais ils vont parler ouvertement de leur vision respective de l'amour, du sexe et de ce que veut dire être gay aujourd'hui. Un film intimiste sans clichés et sans compromis.

Deauville Asia 2011 : rencontre avec Kim Jee-Woon

Posté par kristofy, le 13 mars 2011

I saw the devilKim Jee-Woon était déjà venu à Deauville pour A Bittersweet Life, il avait d’ailleurs remporté le prix Action Asia. Son nouveau film I saw the devil a gagné la plupart des prix du dernier festival fantastique de Gérardmer, il sortira en salles sous le titre J’ai rencontré le diable (photo de gauche).

Le 13ème Festival du Film Asiatique de Deauville organise un regard sur le travail de Kim Jee-woon en proposant l’intégralité de ses six films  ainsi qu'une master-class avec le public.

Les festivaliers ont été ravis de l’avant-première de J’ai rencontré le diable. En un mot : de l’ultra-violence, certes, mais qui passe car filmée avec une pointe d’exagération, ajoutée au retour de l’acteur Choi Min-Sik dans peut-être son rôle le plus impressionnant, ce qui donne un nouveau chef d’œuvre de film noir. Comme dans la plupart de ses films, Kim Jee-woon se saisit d’un genre pour en détourner les règles ou pour les dépasser.

Moments choisis de la rencontre avec le réalisateur coréen (photo de droite) :

Un réalisateur par accident

A un moment de ma vie je n’avais aucun emploi depuis longtemps, je me suis séparé de ma petite copine, j’ai eu un accident de Kim Jee wonvoiture et je devais donc trouver de l’argent. J’ai écrit un scénario que j’ai envoyé à un concours, et il a été choisi et primé. Je ne l’avais pas écrit pour devenir réalisateur de film mais pour gagner un peu d’argent pour l’accident que j’ai causé. Ce scénario était tellement particulier qu’on m’a proposé de le réaliser, et c’est devenu The Quiet family. C’est après que le cinéma m’est devenu aussi indispensable que l’air que je respire, ça m’empêche de me suicider et de manger seul tous les jours.

Un esthète de l’image…

Quand j’étais petit j’aimais dessiner des bandes-dessinées, ce qui n’est pas considéré comme un métier. Mon père avait déchiré mes dessins et je recomposais tout comme du montage. A la place d’une toile, je dessine en quelque sorte sur des écrans. Quand je fais des films, j’ai quelques références photographiques. Pour Deux sœurs par exemple, c’était une photo de deux filles de dos, main dans la main dans une prairie. Ce qui m’intéressait, c’était avant et après cette image fixe. Dans la photo, rien ne se dégageait de sombre ni de triste, mais c’est ce j’ai imaginé. Pour A Bittersweet life, c’était un tableau de Edgar Hopper où il y avait un homme de dos seul, et c’est presque un film sur le dos d’un homme…

Un univers esthétique et sensoriel…

Deux soeursLe storyboard, pour moi, est une base, une route pour que les voitures roulent. Mais je m’imprègne de tous les éléments du décor et de la lumière, accessoires et costumes,  pour organiser sur le moment mes cadres. Ce qui relie comédie et horreur, ce sont des choses imprévisibles qui arrivent. Finalement c’est assez sain. Dans le thriller comme dans l’horreur, l’important c’est de préparer le spectateur avec quelques bases, j’amène le suspense, on sait que quelque chose va arriver, le battement de cœur se fait de plus en plus vite. La vitesse est intimement liée à l’arrivée du suspense, que ce soit la vitesse d’un mouvement de caméra ou la durée d’un plan. Pour Deux sœurs (photo de gauche), le suspense ne vient pas de la petite fille qui tremble de peur mais de ce qui se passe hors cadre qu’on ne voit pas. Le mise en scène, c’est surtout ce qui ce passe dans le cadre et hors cadre. Pour A Bittersweet life, c’est comment utiliser l’espace en apportant quelque chose de nouveau. Au lieu de se battre avec une matraque, c’est plutôt un bâton en feu. La caméra qui est fixée dans une scène au personnage ou à la voiture en mouvement ça apporte quelque chose de nouveau et d’inhabituel. Darren Aronofsky l’a fait dans Requiem for a dream. Un bon réalisateur est quelqu’un qui cherche toujours les problèmes, à résoudre avec son équipe et ses acteurs.

Des influences occidentales et orientales…

Pour A Bittersweet life, c’est Jean-Pierre Melville et un peu Kill Bill, pour Le Bon la brute le cinglé (photo de droite), ce sont les western de Sergio Leone et les arts martiaux asiatiques (nda : une adaptation non-avouée du film Shanghai Express de Sammo Hung ?). Les westerns, c’est des actions lentes, un genre de plus en plus distant avec le public d’aujourd’hui, ma version avec Le Bon la brute le cinglé est un western "kimchi" qui redynamise ce genre. On voulait des scènes d’action très spectaculaires mais on n’avait pas le matériel hollywoodien, pas de flying-caméra alors la caméra était portée par le caméraman qui suivait les acteurs dans leurs cascades dans les airs. Ce n’est pas un visuel lisse comme Spiderman, c’est plus brut et en même temps plus intéressant.

Un projet de film américain…

Mon prochain film devrait être The Last stand, le projet est lancé avec un studio américain et avec l’acteur Liam Neeson, son agenda est très chargé alors ce n’est pas sûr. J’imagine que si les Américains m’ont appelé c’est pour mon style. J’ignore si je devrais me battre pour imposer ce que je veux, on verra comment ça évolue. Je change de genre parce que je m’ennuie et pour explorer un bittersweet lifeautre genre, en fait j’ai soif de me débarrasser du film que je fais pour aller vers un autre. Quand je tournais Deux sœurs je voulais faire un film d’homme alors j’ai réalisé A Bittersweet life (photo de droite), c’est un film avec beaucoup de choses intériorisées et j’ai eu envie d’extérioriser et j’ai fait Le Bon la brute le cinglé, après je voulais revenir à une explorations de tourments intérieurs et voila J’ai rencontré le diable.

I saw the devil…

A propos des scènes de violence, j’essaie de faire en sorte que le spectateur ne se détourne pas une seconde, le secret réside dans ce qui lie une séquence à une autre. En Corée, j’ai eu quelques problèmes de restrictions pour l’exploitation du film à propos de la violence de certaines scènes et la sortie du film a dû être repoussée. J’ai rencontré le diable c’est aussi ma réaction aux autres films de vengeance où ça ne va pas jusqu’au bout, avec un côté moral du personnage qui réalise la vanité de sa vengeance ou qui sauve son âme… Dans mon film, au contraire, on voit qu’il devient un monstre en chassant un autre monstre.

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J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon
avec Choi Min-Sik et Lee Byung-Hun
sortie française prévue le 6 juillet

Crédit photo : Christophe Maulavé