Festival de Cannes : Pierre Lescure, Président +, Gilles Jacob, Président d’Honneur

Posté par vincy, le 14 janvier 2014

pierre lescure à cannesCannes +? Pierre Lescure, 68 ans, a été élu président du Festival de Cannes. C'était plus ou moins prévisible depuis les révélations de la fin de semaine dernière. L'ancien patron de Canal +, partenaire officiel du Festival grâce à lui, décroche donc l'un des fauteuils les plus convoités dans le monde du cinéma. Un ami des médias, du 7e art et des actrices : ce fan de pin-ups et de juke box va sans doute vouloir y mettre sa patte. On attendra 2015 pour le savoir.

Le communiqué indique que "dans sa séance du 14 janvier, le Conseil d’Administration du Festival de Cannes a procédé à l’élection de son futur président. Monsieur Gilles Jacob a confirmé qu’il quitterait la présidence à compter du 1er juillet 2014, à la suite du 67e Festival de Cannes. L’élection s’est déroulée, conformément aux statuts, par vote à bulletin secret et a porté à la présidence du Festival de Cannes Monsieur Pierre Lescure à l’unanimité des votants. Il prendra ses fonctions le 1er juillet prochain."

Le communiqué ajoute que "le Conseil d’Administration du Festival de Cannes a par ailleurs nommé Gilles Jacob Président d’Honneur du Festival." C'était bien le moins.

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, a félicité Pierre Lescure pour son élection : "La Ministre se réjouit vivement de ce choix pour le plus prestigieux festival cinématographique au monde, qui participe du rayonnement de la France." Elle a adressé également "un message d'entière confiance à toute l'équipe du Festival de Cannes, sous l'impulsion de Gilles Jacob, acteur déterminant dans l'histoire et la grandeur du Festival, et du délégué général Thierry Fremaux, qui poursuit avec bonheur, année après année, l'écriture de cette manifestation cinématographique, si chère au cœur des Français et plus largement à tous les spectateurs et cinéphiles du monde."

Frédérique Bredin, Présidente du Centre National du Cinéma et de l'image animée, qui se réjouit de cette élection à l’unanimité, veut croire que "Pierre Lescure, saura mettre au service du Festival, sa force de vision, sa passion du cinéma, sa dimension internationale."

Pierre Lescure en dix dates

1945. Naissance le 2 juillet à Paris.
1965. Présentateur à RTL.
1972. Présentateur du journal de la nuit sur la 2e chaîne de l'ORTF.
1974. Rédacteur en chef-adjoint d'Europe 1.
1981. Créateur de Les Enfants du rock, directeur de la rédaction sur Antenne 2.
1983. Participe au lancement de Canal +. Directeur en 1984 à l'ouverture de la chaîne. Directeur général en 1986.
1995. P-DG du groupe Canal +. Codirecteur général de Vivendi Universal de 2000 à 2002.
2008. Producteur et directeur des opérations du théâtre Marigny à Paris.
2012. Participe au comité de soutien pour la candidature de François Hollande à l'élection présidentielle.
2013. Remise du rapport «Acte II de l'exception culturelle à l'ère du numérique» qu'il préside. Ce rapport a notamment enterré Hadopi.

Festival de Cannes : bisbilles autour de la succession de Gilles Jacob

Posté par redaction, le 9 janvier 2014

On connaît le proverbe : il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Jusqu'à preuve du contraire, Gilles Jacob est donc toujours président du Festival de Cannes. Certes, il a annoncé officiellement son départ (lire notre actualité du 7 mai dernier). Il avait été reconduit il y a deux ans (lire notre actualité du 20 décembre 2011), après plusieurs mois de rumeurs et manigances dans les coulisses des beaux palais (lire notre actualité du 31 mai 2011).

Mais depuis ce matin, médias, réseaux, professionnels s'enflamment. Son successeur aurait été désigné. C'est à moitié vrai.

Quand Cannes se moque de Paris Match...

Paris Match annonce ce matin une exclusivité : Pierre Lescure sera le prochain président du Festival de Cannes. Mazette. Le compte twitter du Festival réplique d'abord sérieusement : "@ParisMatch diffuse de fausses informations. Aucune élection n'a eu lieu et le Président de Cannes est Gilles Jacob jusqu'à l'été 2014." Puis plus ironiquement (ce tweet a notre préférence) : "Arnaud Lagardère va annoncer qu'il vend @ParisMatch ! Mais le trio Bergé-Niel-Pigasse serait aussi sur les rangs… (#nousaussionpeutlefaire)"

Le match des ex : Canal + vs. Arte

Fast check. le conseil d'administration de l'Association du Festival de Cannes ne se réunit que mardi prochain. Selon Le Film français, "la question de la succession à la présidence est inscrite à l'ordre du jour". Deux candidats sont déclarés depuis plusieurs mois : Pierre Lescure et Jérôme Clément.

Dès décembre, Lescure, ex big boss de Canal +, s'y voyait déjà. Et peu de gens dans la profession croyait aux chances de Clément, l'ancien patron d'Arte. Les deux ont activement soutenu l'élection de François Hollande, contribuant à des notes politiques ou à des mises en réseau de personnalités avec le candidat. Différentes actions de lobbying étaient entreprises. Selon Paris Match, Clément avait la faveur du Premier ministre et du ministre des affaires étrangères. Il semblerait que le Président de la république avait sa préférence pour Lescure. Celui-ci avait en plus l'avantage d'avoir rendu un rapport sur la "Contribution aux politiques culturelles à l'ère numérique" en mai dernier.

L'Etat choisit Pierre Lescure

Mécaniquement, Jérôme Clément serait de toute façon hors-course. "J'ai été informé avant Noël que ce serait M. Lescure. Car pour devenir président du festival, il faut être membre du conseil d'administration. Et j'ai été informé que l'Etat proposerait Pierre Lescure pour y entrer. Donc n'y étant pas je ne pourrai être élu", a indiqué M. Clément à l'AFP ce matin.

Hollande a donc imposé son poulain. Mais rien ne dit qu'il sera élu président par le conseil d'administration (1). On ne doit pas préjuger d'une élection. Ce qui explique le silence sage de Pierre Lescure et du Festival de Cannes. Lescure a tout juste commenté auprès de Libération : "Paris Match a anticipé dangereusement. Le conseil du festival ne statue que le mardi 14 janvier."

Tous les scénarios sont possibles, même si peu probables. Thierry Frémaux, actuel délégué général, ne sera pas candidat : "Je ne veux pas être Président. Je suis et reste Délégué général." a-t-il affirmé sur son compte twitter cet après midi.

Si Lescure est élu, il prendra ses fonctions après la prochaine édition du festival en mai. Mais d'ici là, la page de "@Jajacobbi" n'est pas encore tournée.

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(1) Le Conseil d'administration du festival de Cannes a pour fonction d’élire le Président (pour un mandat de 3 ans), de voter le budget, de débattre des principales décisions soumises à sa ratification, comme la nomination aux postes les plus importants (Délégué général, éventuellement Directeur général, etc.).?
Font partie de droit du CA le directeur du CNC (qui assure la principale subvention), deux représentants de l'Etat, un du ministère de la Culture et de la Communication et l'autre des Affaires étrangères, ainsi que des représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat, le contrôleur d’Etat, le représentant de la ville de Cannes, etc. Sont également représentés les principales associations professionnelles de l’industrie cinématographique :les producteurs, les exploitants, les distributeurs, les techniciens, les comédiens, et les critiques par l'intermédiaire du représentant du Syndicat Français de la Critique Cinématographique.

La colère de François Dupeyron : un « système totalitaire », des « producteurs incultes »

Posté par vincy, le 12 septembre 2013

françois dupeyron jean pierre darroussinMon âme par toi guérie est le nouveau film de François Dupeyron, adapté de son propre roman, Chacun pour soi Dieu s'en fout (2009). Le film sort le 25 septembre dans les salles françaises et est en compétition au festival de San Sebastian.

Pourtant, longtemps, le réalisateur de La chambre des officiers (en compétition à Cannes en 2001), Drôle d'endroit pour une rencontre et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran a failli ne jamais réaliser ce film.

Plutôt qu'une interview ou une note d'intention, le réalisateur a préféré tirer un signal d'alarme sur l'état de la production française aujourd'hui dans son dossier de presse. En colère, et même amer, le cinéaste-écrivain l'est assurément. Il rend hommage à Paulo Branco, "le premier producteur indépendant que je rencontre".

Extraits.

Les chaînes de TV aux abonnées absentes
"La dernière fois qu’une chaîne publique a mis de l’argent dans un de mes films, c’est en 2003. Ca va faire dix ans qu’on me refuse tout ! Je viens d’en prendre conscience cette semaine, les années ont passé, je ne m’en suis pas rendu compte. Dix ans ! C’est pas rien dix ans !... Regarde ta vie, remonte dix ans en arrière et tire un trait, poubelle, tu effaces ! Je ne suis pas resté sans rien faire, j’ai écrit huit, dix scénarios, j’ai eu des avances sur recettes, je les ai perdues. J’ai écrit quatre romans… Et maintenant, je suis sec, ils ont gagné, mais ils n’auront pas ma peau. En dix ans, j’ai réussi à faire deux films, Inguélézi, et Aide-toi le ciel t’aidera, avec l’avance sur recettes et Canal. Mais depuis 2007 chez Canal, c’est niet ! Je suis marqué au rouge. « Dupeyron, on aime beaucoup ce qu’il fait, mais pas ça. » C’est le refrain, dès que je l’entends, je crains la suite. Alors, puisqu’on ne veut plus de moi, je me tire. Et personne ne s’en apercevra parce que le monde n’a pas besoin de moi pour tourner, et c’est très bien comme ça."

Son nouveau film, refusé partout
"J’ai l’avance, j’ai la région, et puis c’est tout. La 2, la 3, Arte, Canal, ont dit non. Je l’ai réécrit, représenté. Deux fois non. Orange me dit que peut-être si j’ai un distributeur… C’est bidon, je n’y crois pas, et de toute façon tous les distributeurs à qui on l’a présenté ont dit non."
"Céline [Sallette] a fait lire le scénario à une jeune productrice – c’est pour te dire qu’elle est motivée – la productrice lui a envoyé le scénario à la gueule, « Qu’est-ce que c’est cette merde ? ». Comme ça… « Cette merde ! » T’imagines pas ce que je me prends dans la gueule. Tu veux que je te dise mon année ? Celle que je viens de passer ? Toute mon activité professionnelle ?... J’ai eu deux rendez-vous, dans la même semaine, avec deux producteurs, pour deux projets. Le mercredi avec l’un, pour l’histoire du type qui a un don. Il a relu le scénario et il a coché les gros mots. Oui, les gros mots !... Il a tourné les pages et il m’a demandé, « ça, on peut l’enlever ? » Oui… j’ai dit oui à tout. Des gros mots ! (...) Le lendemain, j’ai rendez-vous avec l’autre producteur, l’histoire du déserteur, en 14… Rebelote, il a tourné les pages lui aussi. « Ça, on peut l’enlever ? » Oui… encore les gros mots ! Un type qui boit du matin au soir, au front, en 14 !… Et tout ça parce que tu présentes un scénario à la 2 ou la 3 avec un gros mot qui traîne, oh malheur ! Tu dégages… Ils ont un tel pouvoir que règne une petite terreur. Voilà toute mon année. J’ai enlevé des gros mots. Dix ans qu’on me refuse tout et maintenant les gros mots… "

Remise en question
"Toutes ces dernières années, j’ai essayé un peu de comprendre, je me suis dit qu’ils avaient peut-être raison, que mes scénarios étaient trop ci, ça. J’ai essayé plusieurs styles, plusieurs genres. Et j’ai compris qu’il n’y a rien à comprendre. J’ai perdu mon temps. Depuis quelques années, la mode est aux fiches de lecture. Je ne sais pas qui lit, des jeunes gens sans doute, pas très bien payés. J’en ai demandé deux, pour deux scénarios, pour voir… Deux fois, j’ai eu droit à « Sujet non traité. » Je n’invente pas, « Sujet non traité ». Etait-ce le même lecteur ? Voilà où on en est. Tu ouvres le coffret des Césars, à part trois ou quatre films, tous les autres se ressemblent. Mais le sujet est traité. Merde, le cinéma, c’est pas ça ! C’est même tout le contraire…"

Un système soviétique où la Télé a droit de censure
"Je suis déconnecté, je ne suis plus en phase avec ce petit monde, ces gens, les producteurs à genoux, qui ont peur. On ne fait rien avec la peur, rien que de la merde. Moi, j’ai découvert la vie avec le cinéma, j’ai découvert les hommes, les femmes. J’entrais dans les films… comme j’entre ici pour te rencontrer, on se parle, je suis toi, tu es moi, ça circule… C’est pas cet infantilisme ! Sujet non traité ! Les gros mots ! Les gros mots ! Tu sais ce qui m’est venu en écoutant Forman parler du cinéma tchèque des années soixante ? Eh bien, on y est en plein. Regarde le bonus de Au Feu Les Pompiers, il parle de notre cinéma. Tu remplaces le Parti par la Télé, et c’est bon. On est dans un système soviétique, la Télé dit oui, tu fais le film, elle dit non…" "Je vois des producteurs qui se disent « producteurs indépendants ». Ils sont tous dépendant de la télé, et aujourd’hui des distributeurs. Des producteurs, il n’y en a qu’un, la Télé, le Parti. On est dans un système qui porte un nom, un putain de gros mot, « totalitaire », pas creux pas vide, qui fait son sale boulot. On ne serait pas en démocratie, on dirait censure. "

Inculture générale
"Il y a deux ans, j’ai fait une note d’intention pour un scénario qu’on proposait à Arte. J’ai eu le malheur de citer Tarkovski pour faire comprendre je ne sais plus trop quoi. Malheur ! le retour a été cinglant, « Non Tarkovski, c’est pas possible. » Arte ! la chaîne culturelle – Arte n’a jamais mis un centime dans un de mes films – Ecoute Forman, il parle d’inculture… écoute l’interview de Langlois dans le bonus de l’Atalante, ce doit être dans les années 70. Il emploie le même mot, « des producteurs incultes »."

Au placard
"J’ai dédié ce film à Michel Naudy. Michel était un très bon ami, il a mis fin à ses jours le 2 décembre, il était journaliste à France 3, au placard depuis dix sept ans… Nous sommes en France en 2012. Dix sept ans de placard ! avec un salaire, mais sans emploi. "

La pub pour le ciné à la TV ? Une fausse bonne idée…

Posté par redaction, le 1 juin 2013

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) veut engager dès juin une réflexion sur la publicité pour le cinéma à la télévision. La membre du CSA Christine Kelly avait déjà anticipé l'annonce en énonçant cette possibilité le 19 mai dernier lors du Festival de Cannes.
Actuellement c'est interdit en France mais les chaînes de TV, qui investissent dans les films français par obligation rappelons-le, espèrent ainsi freiner une chute des recettes publicitaires liées à une explosion de l'offre (nouvelles chaînes, concurrence du web...). Une étude récente estimait que les recettes publicitaires du secteur cinématographique s'élevaient à 10 millions d'euros de recettes nouvelles pour les chaînes généralistes.

Les auditions avec les organisations professionnelles, le CNC et les chaînes de TV débuteront dans la seconde partie du mois de juin. Le CSA nous rassurerait presque en signalant qu'à l'issue de celles-ci "le Conseil, soucieux de la prise en compte de la diversité des situations dans un contexte économique difficile, élaborera des propositions qu'il souhaite voir soumises à la concertation d'ici la fin de l'année". Le contexte difficile n'est pas celui du cinéma mais bien de la télévision.

Kelly avait justifié le revirement du CSA sur le sujet avec un argument assez étrange : la France est une exception en Europe : "En France, depuis les débuts de la télévision, la publicité pour le cinéma a été interdite, dans l'idée de se prémunir de grandes campagnes financées par des films étrangers. Avec ce protectionnisme, la France se distingue en Europe. Elle a été plusieurs fois critiquée pour cela par la Commission européenne". So what? la France est aussi le seul à avoir su préserver une certaine diversité cinématographique qui ont ainsi permis aux cinémas non-américains de rester populaires et attractifs dans les salles.

Alors que la France se bat pour protéger l'exception culturelle face à une Commission européenne qui voudrait l'intégrer dans le futur traité de libre-échange américaino-européen, cela sonne comme une incongruité. Car si la publicité a été interdite sur les chaînes de TV en France, c'est bien pour éviter que les films bénéficiant de moyens marketing conséquents (les productions des studios hollywoodiens, les gros budgets français) écrasent par leur notoriété les films plus fragiles. On imagine mal des distributeurs indépendants, déjà vulnérables financièrement, investirent des centaines de milliers d'euros dans des espaces publicitaires cathodiques alors que la presse écrite, web et radio leur coûtent déjà très cher.

On serait moins inquiet si les mêmes chaînes de télévision défendaient sur leurs antennes les "petits" films. Mais les grands talk-shows dits "culturels" (et en fait fourre-tout) préfèrent inviter les stars et autres vedettes de comédie. Avec ses "people" hors cinéma, le Grand Journal en est le parfait exemple à Cannes, malgré le statut de partenaire officiel du Festival de Canal +. Ne parlons pas des émissions culturelles dédiées ou partiellement consacrées au 7e art, qui se résument souvent à des échanges de critiques (Le Cercle, Ça balance pas mal à Paris), des talkshows ou un entretien (dans les JT). Contrainte de sabrer dans ses dépenses, France TV annonce l'arrêt absurde du peu coûteux Des Mots de minuit, laissant les attachés de presse choisir entre On n'est pas couché et Grand Public ; les autres chaînes généralistes gratuites n'ont pas un seul magazine même indigne ; Canal + a arrêté depuis longtemps son émission spécialisée, optant pour un gavage sportif ; quant aux chaînes infos, leur couverture des sorties est au mieux anecdotique au pire pathétique.

Autant dire que si le CSA décidait d'autoriser la publicités des films sur les chaînes de TV, il faudrait exiger des contreparties au niveau des programmes (diversité, qualité, spécialité). Difficile d'exiger des quotas ou une auto-régulation. Une fois libéralisée, la publicité pour les films aura pour conséquence ce qui a toujours voulu être évité : la domination d'un certain cinéma tant en nombre de copies le mercredi qu'en visibilité. L'écart entre les gros et les petits ne fera que s'accentuer, dans un marché qui se concentre déjà de plus en plus. Et rien ne dit, en plus, que ces 10 millions d'euros de cash publicitaire serviront à financer de meilleures créations ou émissions audiovisuelles...

Si les chaînes de TV ont besoin d'argent, c'est aussi parce que l'audience se disperse : la faute à des programmes le plus souvent médiocres. Hélas, pour ce nivellement par le bas, le CSA n'a toujours pas entamé de réflexion.

Cannes 2013 : ouverture pluvieuse, festival heureux?

Posté par kristofy, le 15 mai 2013

audrey tautou steven spielberg cannes 2013

Le 66ème Festival de Cannes a débuté officiellement mercredi 15 mai vers 19h avec la première montée des marches du jury présidé par Steven Spielberg pour le film d’ouverture Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio.

La hantise de passer un festival sous la pluie (à la place du soleil des autres années) jette une ombre sur cette ouverture : montée des marche sous une pluie battante, peut-être un mauvais signe pour Gatsby le magnifique fraîchement accueilli (d’une douche froide) lors de sa présentation à la presse le matin…

Heureusement, à l’intérieur du palais, la température était au réchauffement et la température est montée progressivement. La maîtresse de cérémonie Audrey Tautou était très élégante dans une jolie robe blanche qui dévoilait ses jambes tel un cygne. Après un début de discours un peu figé, la poésie des mots fait mouche et touche. Quand elle raconte sa première fois au cinéma avec un extraterrestre qui veut "téléphone maison", Audrey Audrey Tautou s’anime : le palais du festival est bien LA maison du cinéma.

steven spielberg par plantu"On veut du tweet : si le festival de Cannes c’est la liberté d’expression, c’est aussi la liberté d’opinion." Cette phrase vient en écho aux mots du président Gilles Jacob : "Cannes, terre d’accueil. L’année 2013 illustre au sens propre cette ligne de conduite. Nous avons invité en effet des dessinateurs de presse qui se battent à leur manière pour la liberté. Sous l’égide de Plantu, nous présenterons une exposition de dessins humoristiques autour du cinéma, dessins vifs et talentueux. En programmant un ensemble où vibre un appel à l'indocilité, le festival n'a pas craint de prendre le risque qu'on l'applique à lui-même! "

Cristian Mungiu comparé à un voleur roumain...

Pour la première fois un discours d’ouverture évoque les réseaux sociaux. Le festival est à Cannes mais on en parle partout : c’est aussi un des évènements qui connaît le plus de commentaires au monde (avec les Jeux Olympiques…) sur internet. D’ailleurs la chaîne télé Canal+ qui est partenaire va chaque jour diffuser et commenter des photos ‘trouvées’ sur le web… alors qu’ils ont une équipe très importante sur place.

Canal+ fera d'ailleurs durant cette soirée d’ouverture une double fausse note à propos du réalisateur Cristian Mungiu, déjà palme d’or et cette année membre du jury : il est comparé à un mendiant roumain (dans Les Guignols) puis à un voleur roumain (dans Le Petit Journal). Sans doute sont-ils trop habitués à inviter des "people" sans véritable connexion avec le cinéma... On attend de voir de véritables auteurs se presser sur leurs plateaux. Quoique si c'est pour y entendre ce genre de blagues...

Sur scène, après le président du jury Steven Spielberg très applaudi, c’est la méga-star indienne Amitabh Bachnan (l'Inde est à l'honneur cette année avec la célébration des 100 ans du cinéma indien) et Leonardo Di Caprio (avec qui il partage le générique de Gatsby le magnifique) qui ont prononcé la traditionnelle phrase "je déclare le festival de Cannes ouvert". "Que les lumières s’éteignent…" Et Audrey Tautou de donner rendez-vous pour le palmarès, on a hâte tout comme le jury de découvrir les films en compétition...

Face aux menaces, le cinéma français doit se réinventer et passer à l’offensive

Posté par vincy, le 6 mai 2013

L'exercice du pouvoir

Le Monde se penche sur l'économie du cinéma aujourd'hui. A lire les titres des articles et interviews, on se doute que tout ne va pas si bien dans le cinéma français. Les débats du début d'année (lire Ça balance pas mal à Paris (sur le cinéma français)) ont finalement fait émerger un malaise et surtout d'énormes interrogations.

Internet bouscule évidemment la donne : d'Amazon qui lance des séries en VOD à YouTube qui crée des chaînes avec abonnement, le centre de gravité bascule vers une télé connectée, une vision multi-supports, et des contenus transmédias. Dans ce contexte, on comprend mieux le psychodrame autour de Dailymotion ces derniers jours au niveau gouvernemental : la 2e plateforme vidéo du monde doit grandir, mais avec qui? Des américains, mais avec quels pouvoirs? En plein débat sur l'exception culturelle dans les futurs accords de libre-échange européano-américain (nous y reviendrons durant le Festival de Cannes), la question est sensible. Et pourquoi pas un partenaire chinois, européen? Imagine-t-on le scandale national si Canal + (que Lagardère veut racheter à Vivendi) avait été cédé à Warner Bros? Ce n'est pas propre à la France : une véritable nippophobie était née aux USA quand les géants japonais faisaient des OPA sur les joyaux de l'industrie hollywoodienne dans les années 80/90.

Canal + : la dernière digue

L'éco-système français (une taxe sur chaque billet, des obligations d'investissements pour les chaînes de télévision, un soutien aux exploitants indépendants...) a consolidé la production de films hexagonaux ou de coproductions internationales. Mais tout cela reste dépendant du nombre d'entrées (très haut ces dernières années) et de Canal +, "la dernière digue" comme l'explique Le Monde, dont dépendent de nombreux films du milieu, ceux qui sont si difficiles à produire mais qui sont, de loin, souvent les meilleurs à regarder. Canal + investit 12,5% de ses recettes dans le 7e art et préachète plus de la moitié des films produits en France.

La guerre des écrans

Pour l'instant, le système est protégé par une chronologie des médias très stricte mais de moins en moins adaptée à l'époque. La VOD explose (mais pourrait être largement optimisée, n'empêchant pas le piratage, malgré HADOPI, système coûteux et inefficace) et ne compense pas la chute des ventes de DVD/Blu-ray. Et si la télévision investit toujours dans des films, en contraignant hélas souvent l'imagination, le cinéma fait le bonheur des nouvelles petites chaînes et déçoit de plus en plus les directeurs de programmes des grandes chaînes. The Voice ou L'amour est dans le pré font chaque semaine une audience bien plus forte qu'un blockbuster le dimanche soir sur TF1. Chaque année, de moins en moins de films apparaissent dans les 100 plus fortes audiences annuelles.

Avec l'arrivée d'Apple et de Netflix, le cinéma peut craindre des répercussions identiques à ce qu'ont vécu la musique et le livre : une distribution en fort déclin, des revenus qui se réduisent, une production qui doit comprimer ses coûts. C'est la guerre des écrans version 3.0. La dématérialisation a commencé. Et quid des résultats de Canal +, et donc de ses investissements dans le cinéma français, le jour où l'un de ces géants américains aura plus d'abonnés que la chaîne cryptée? Déjà la chaîne commence à être plus regardante qu'auparavant, préférant, notamment, investir dans des séries "maison" qui font des cartons d'audience.

Vision défensive de la profession

Internet offre une programmation à la carte, ce qui déstabilise la chronologie des médias, inscrite dans la loi. La perspective idéale serait-elle de raccourcir les délais de diffusion? Encore faut-il que les règles soient les mêmes pour tous les diffuseurs. Comme le rappelle au Monde Vincent Grimond (Wild Bunch), "actuellement, iTunes exploite la VOD du Luxembourg avec un taux de TVA qui est inférieur au nôtre, avec des obligations moins contraignantes. En vendant les films un euro de moins que nous, ils gagnent plus d'argent !" (lire l'entretien). Il avoue être frappé par la frilosité de la profession : "plutôt que de penser que les nouveaux acteurs vont casser notre système, il faut se saisir de ces formidables opportunités pour créer des emplois, générer des revenus et promouvoir notre culture.". Et d'ailleurs, personne ne songe à une réflexion sur la surabondance des films en salles et les inégalités de plus en plus fortes entre les sorties au cinéma.

Et que dire du système de financement : Selon les chiffres de 2012 du CNC, l'argent du cinéma provient des chaînes de télévision (31,9 %), puis des producteurs français (28,9 %), des distributeurs au sens large (19,5 %) et des coproductions étrangères (9,3 %). Autant dire que le risque est très partagé... et n'incite pas à faire du cinéma une industrie financièrement responsable. Et ce à une époque où l'image est omniprésente : de la grosse production hollywoodienne aux capsules humoristiques qu'on se partage sur le web, en passant par les séries TV et le piratage de films inaccessibles.

Jusqu'ici tout va bien

On en revient toujours là depuis ce début d'année. Et Michel Hazanavicius (The Artist, président de l'ARP) dans une tribune parue samedi dans Le Monde (Cinéma : jusqu'ici tout va bien), a fait la synthèse des thèses et antithèses. En attendant une éventuelle prothèse politique. Toujours est-il que sa vision lucide ne manque pas de piques placées aux bons endroits : on sacrifie des films, le système de financement est perverti et obsolète, les budgets augmentent mais se concentrent sur quelques films.... et l'Europe laisse faire, méprisant tout le secteur culturel.

- "Avec plus de 200 films français par an et plus de 200 millions d'entrées en 2012, le cinéma a atteint des résultats jamais égalés depuis les années 1960. Quelques films hexagonaux s'exportent à nouveau et certains sont dignement reconnus internationalement. Cette singularité du cinéma français s'explique moins par la supériorité de ses talents que par la subtilité de son mode de financement."

- "Aujourd'hui, notre système de financement connaît une "bulle" inflationniste particulièrement dangereuse en période de crise économique. Cette inflation est notamment due à un non-partage des recettes. Le fait que les gens qui fabriquent les films – réalisateurs, auteurs, acteurs, techniciens, et producteurs dans certains cas – ne soient plus intéressés financièrement au succès des films provoque des comportements qui pervertissent le système."

- "Tous préfèrent gagner de l'argent en amont de la sortie, sur le financement et la fabrication même du film, puisque l'espoir d'en gagner dans la phase d'exploitation est quasi nul dans l'immense majorité des cas. Le jeu, pour certaines productions, devient d'une part de gonfler les devis pour récupérer le maximum d'argent pendant le financement, d'autre part de dépenser le minimum de cet argent pendant la fabrication – entraînant ainsi le sous-paiement des techniciens, la délocalisation, la fabrication au rabais, etc. –, et enfin de produire un maximum de films, quelle que soit la qualité des scénarios en cours... La qualité des films en fait souvent les frais."

- "On assiste donc, depuis ces dernières années, à une concentration de plus en plus importante des financements, créant une radicalisation du marché, et par là même participant à l'inflation des budgets."

- "Dans le même temps, nous sommes pour l'instant incapables de repenser le lien de la création avec les chaînes historiques, et tétanisés à l'idée d'imaginer un rapport avec les nouveaux entrants que sont les diffuseurs d'Internet."

- "Il faut sans doute renégocier avec les chaînes de télévision et repenser ce contrat moral de la création avec les diffuseurs. Accepter de se dire qu'Internet c'est de la télévision, et que la télévision c'est de l'Internet, et tirer les conséquences de ces nouvelles définitions, notamment pour le financement de nos oeuvres."

Mais l'enjeu dans l'immédiat est ailleurs, à Bruxelles :

- "A l'heure où le président Barroso n'a pas peur de demander à faire entrer la culture dans le champ des négociations des accords commerciaux entre les Etats-Unis et l'Europe, bafouant ainsi ce qui est l'essence même de l'exception culturelle – la souveraineté des Etats en matière de politique culturelle –, la France n'arrive pas à imposer à Bruxelles l'amendement d'un texte de loi français, pourtant notifié en 2007, qui oblige les fournisseurs d'accès Internet (FAI) à participer financièrement à la création, en leur qualité de diffuseurs. L'hyperbienveillance fiscale dont bénéficient les géants du numérique n'engage pas en la matière à un optimisme démesuré. (...) Il faut enfin réinventer une forme de régulation qui corresponde à l'ère économique et technologique que nous vivons. Et surtout l'imposer aux autorités bruxelloises. Le mot "régulation" est devenu une forme d'obscénité depuis que Google, Apple et Amazon ont décidé ensemble de le rayer du dictionnaire international et qu'ils le prononcent avec un léger accent luxembourgeois. (...) Que Bruxelles réfléchisse enfin à une fiscalité de ces acteurs voraces qui s'épanouissent entre autres sur le lit de notre culture. Qu'elle favorise enfin ceux qui sont à l'origine des oeuvres, les créateurs. Que l'Europe décide enfin de protéger sa culture et qu'elle comprenne que celle-ci, en plus d'être une industrie qui emploie huit millions de personnes en Europe, a une influence positive sur bon nombre d'autres industries, de la gastronomie au tourisme, en passant par la mode, le design, l'urbanisme ou encore la presse."

« Les paradis artificiels » victime de l’implacable loi de la chronologie des médias

Posté par vincy, le 31 octobre 2012

Le film Les paradis artificiels, premier long métrage de Marcos Prado, devait sortir dans 15 salles françaises ce mercredi. Mais, in extremis, il a été retiré de 12 d'entre elles. Pour son distributeur Damned, le coup est rude. Cette déprogrammation - le film n'est désormais projeté qu'au Publicis à Paris, au Club à Grenoble et aux Ambiances à Clermont-Ferrand - serait une mesure de rétorsion. Le film avait en effet été diffusé en avant-première sur Dailymotion. Il aurait été consulté plus de 6 000 fois. Comparativement, à la séance de 14h au Publicis Champs Elysées, le film n'a été vu que par 14 spectateurs.

Le film est l'histoire d'Erika et Lara qui viennent participer et mixer à une immense rave party. Elles vont s'initier aux extases de l'amour et des drogues. Deux ans plus tard, Erika rencontre Nando. Entre plaisirs éphémères et sensations éternelles, ils ressentent immédiatement une passion qui les dépasse.

Pour le distributeur, il s'agissait de dynamiser le bouche à oreilles, contournant ainsi le problème de visibilité dont souffrent les petits films actuellement. Il avait été mis en ligne lundi à 22 heures pour un temps limité. Il s'agissait de faire une avant-première ouverte à tous, gratuite et peu coûteuse, mais sur le web. En avril dernier, Dailymotion avait diffusé gratuitement le film polonais Fear of falling, de Bartosz Konopa, finalement sorti le 26 septembre.

En s'autorisant cette webdiffusion, le distributeur a aussi contourné la chronologie des médias, déjà assouplie il y a trois ans. Pour l'instant, le cinéma est, légalement, la première fenêtre de diffusion. Mais, pragmatique, la profession réfléchit à d'autres solutions, notamment les sorties simultanées. Ainsi l'Arp voudrait tester "Tide" (Transversal international distribution in Europe) en sortant quatre films dans cinq territoires européens avec le modèle "Day-and-Date" (sorties simultanées ou quasi-simultanées en salle et en Vidéo à la demande).

Expérimentations et sanctions

Aux dernières Rencontres cinématographiques de l'ARP à Dijon, le sujet a été longuement débattu, mettant l'accent sur la multiplicité des supports. L'Association a demandé aux pouvoirs publics de "repenser une chronologie des médias adaptée à l’économie et aux conditions de diffusion des films, en préservant l’exclusivité de la salle". En étant disponible sur plusieurs écrans, un petit film a sans doute plus de chance d'exister selon les défenseurs de ces expérimentations. Cependant, Le film français rapporte que Rodolphe Belmer, le Dg du groupe Canal+, a mis en garde tout le monde : "Il ne faut pas créer de statut particulier pour des petits films par rapport à des gros films".  Et Alain Sussfeld, Dg d'UGC, a répliqué "qu’il était hors de question de sortir dans le circuit UGC un film qui n’aurait pas respecté la chronologie des médias en vigueur."

Les Paradis artificiels, comme d'autres avant (La journée de la jupe par exemple), a donc subit ce couperet de la part des exploitants.

Qu'en sera-t-il de Nuit #1, premier long métrage canadien distribué par Fondivina Films qui sera disponible durant 12 heures, lundi 5 novembre à partir de 18 h, en France sur Dailymotion alors qu'il sera en salles deux jours plus tard?

Emmy Awards : Claire Danes, la résurrection avec Homeland

Posté par vincy, le 24 septembre 2012

Certes, à 32 ans, Claire Danes est loin d'être une de ces actrices déchues après avoir frôlé la gloire de manière précoce. Mais l'Emmy Award de la meilleure actrice pour son interprétation dans la série Homeland (actuellement diffusée sur Canal +) qu'elle a reçu cette nuit à Los Angeles la replace sous le feu des projecteurs après des années de disette au cinéma.

Rappelons-nous : cette jeune fille fit son apparition dans Les quatre filles du docteur March, à 15 ans, aux côtés de Kirsten Dunst et Winona Ryder. Joli succès au box office (27e de l'année). Elle enchaîna avec quelques jolis mélos comme Le Patchwork de la vie (avec Winona de nouveau et Anne Bancroft), Week-end en famille (de Jodie Foster, avec Robert Downey Jr.) et fut révélée par Baz Luhrmann grâce à sa version pop de Romeo + Juliet, 21e plus gros succès de l'année dans le monde. DiCaprio fut alors enrôlé par James Cameron dans Titanic. Danes fut tentée par des projets d'auteurs comme Oliver Stone (U-Turn), Francis Ford Coppola (L'idéaliste), Bille August (Les Misérables). Aucun ne trouva réellement son public. Danes fut vite concurrencée par de jolies et jeunes comédiennes.

En 2002, elle joue la fille de Meryl Streep dans Les heures (The Hours), second-rôle noyé dans un panthéon de comédiennes plus brillantes les unes que les autres. Ecrasée, la jeune Danes ne profite pas du succès du film. Elle s'essaie au blockbuster (Terminator 3) mais là ce sont les effets spéciaux et Schwarzzy qui font oublier sa présence. Beaucoup de ses films ne rapportent même pas 10 millions de $ au box office US. En 2005, avec Esprit de famille, dans le rôle principal, elle tente un retour. Le public suit, sans plus, et la critique n'a d'yeux que pour ses partenaires Sarah Jessica Parker et Rachel McAdams.

Trop lisse? Pourtant elle essaye tout, même l'horrible Stardust, film fantastique avec casting étoilé. Quasiment son plus gros triomphe international. Elle tourne également avec les plus grandes comédiennes, des cinéastes cultes comme Richard Linklater, des films de genre. Rien ne fonctionne. le public n'accroche pas, ne la retient pas.

Et puis Howard Gordon (Buffy contre les vampires, 24 heures chrono) et Alex Gansa (Dawson, 24 heures chrono, Entourage, Numb3rs) décident d'adapter une série TV israélienne, Kidnapped, qui deviendra Homeland aux USA. Les producteurs recrutent Claire Danes avant tous les autres membres du casting.

Le petit écran l'aura ainsi sauvé. 1,7 millions d'américains ont vu le dernier épisode de la première saison (la deuxième débute cette semaine aux USA) sur la chaîne Showtime. En France, Canal + a commencé la diffusion de la série ce mois-ci et le premier épisode a été vu par 1,3 millions d'abonnés.

Le conte de fée pour Danes commence dès janvier avec le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série TV dramatique. Avec un Emmy Award en plus, Danes s'est, enfin, imposée dans le système hollywoodien. En agent de la CIA souffrant de troubles bipolaires, traumatisée par le 11 septembre, l'actrice a trouvé le rôle de sa vie. Celui qu'elle méritait de l'avis de tout le monde. Quel film aurait pu lui proposer un rôle aussi complexe? C'est la deuxième fois que Claire Danes réalise le doublé Golden Globe/Emmy, deux ans après son incarnation de Temple Grandin, scientifique autiste, dans un téléfilm.

Le cinéma voudra-t-il bien la récupérer? Pour l'instant, elle n'a qu'un long métrage en projet, As cool as I am de Max Meyer, avec James Marsden.

Les Kaïra ont le rire gras

Posté par cynthia, le 11 juillet 2012

Les Kaïra est une comédie pour ceux qui en doutent après avoir vu le film. Après avoir tourné une "parodie de télé-shopping à la sauce banlieusarde", les sketchs d'1 minute 30 tournés en bas de chez eux ont rapidement intéressent Canal +, qui leur a proposé de les diffuser sur le site de la chaîne. Kaïra Shopping est alors devenue une websérie de Canal +et la troisième saison a été diffusée à la TV, preuve de la notoriété de Medi, Franck et Jib alias Abdelkrim, Mousten et Momo. Il est vrai qu'avec les pubs Pepsi, on se disait que nos trois héros allaient crever l'écran ; hélas, Les Kaïra c'est loin de "déchirer grave".

Les stéréotypes, représentatifs de la vie dans les cités, et qui auraient pu faire rire les spectateurs, font pitié par la représentation stupide d'un jeu d'acteur beaucoup trop hyperbolique ; l'exagération des clichés de la vie dans les banlieues, ça foutait presque la haine.

Même si l'humour est présent, il y est littéralement noyé par des obscénités inutiles : les grosses avec lesquelles on copule car on rien d'autre sous la main, la plus importante taille du pénis ou encore les magazines de porno que l'on trimballe sur soit. Même un ado abruti par sa console de jeu et gavé de Confessions intimes sur TF1 fait mieux. Les répliques, extrêmement vulgaires, feraient passer un titre de Booba pour un chant religieux, quant aux scénario il est à l'inverse de se que l'on pouvait imaginer.

Le film n'est qu'un prétexte pour parler de "meuf" et surtout de porno dont nos trois protagonistes sont friands. On leur suggère de se brancher sur Youporn, ou de baiser ensemble.

Au lieu de se focaliser sur la vie d'une racaille, le film se focalise sur la vie sexuelle (néante) de nos trois banlieusards et de leurs rêves de "gros nibards", de belles voitures et de fric.  Malgré une grosse tentative de rapprochement d'avec la comédie Very bad trip (l'animal exotique, le générique avec les photos), Les Kaïra entre dans la catégorie navet (genre films avec Michael Youn faisant passer une comédie d'Eric et Ramzy pour un chef d'oeuvre à la Blake Edwards), à la fois raté et catastrophique; bref ça craint.

L’instant Court : Le crocodile de Dniepr réalisé par Nicolas Engel avec Lou Doillon

Posté par kristofy, le 15 juin 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip Petite fille avec Marion Cotillard, voici l’instant Court n° 81.

Une jolie sélection de courts-métrages est à voir en ce moment au 26ème festival du film de Cabourg, avec des courts en compétition (comme La règle de trois réalisé par Louis Garrel) et aussi des séances spéciales dans le cadre de la thématique de l’amour de la musique. Le réalisateur Nicolas Engel est ainsi venu présenter son court-métrage Les peudonymes avec les musiciens du groupe Your happy end et la comédienne Dominique Frot.

Nicolas Engel résume son travail ainsi : "Mes quatre courts métrages ont tous une partie chantée, la forme comédie musicale est emmenée dans différentes directions, à chaque fois avec des musiciens qui n’avait pas écrit pour le cinéma auparavant, c’est une sorte de laboratoire d’expérimentations, c’est intéressant comment la musique peut colorer un film de plusieurs manières."

Deux des courts-métrages de Nicolas Engel ont été produits et réalisés dans le cadre de l’appel à projets lancé chaque année par Canal+ dans le cadre de leur collection Ecrire pour…, comme écrire pour un chanteur. Cette année le nouveau thème est écrire pour deux personnalités de la même famille (comme Antoine De Caunes et Emma De Caunes), les dossiers sont à envoyer avant le 8 août, voir le détail des modalités ici.

Voici donc le court-métrage Le crocodile de Dniepr réalisé par Nicolas Engel avec l’actrice Lou Doillon. Il a été tourné en Ukraine, où Nicolas Engel espère revenir pour son futur premier long-métrage en préparation Le géant d’Odessa. Le hasard fait que Lou Doillon débute justement dans la chanson avec un EP de quatre titres qui vient de sortir et qui sera suivi, à la rentrée, d'un premier album intitulé Places.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Le crocodile de Dniepr.