César 2012 : record d’audience pour une cérémonie longue et ratée

Posté par vincy, le 25 février 2012

Le palmarès, qui ne peut pas nous satisfaire évidemment, n'aura pas surpris grand monde - hormis peut-être la défaite de Maïwenn dans la catégorie réalisateur et le triomphe d'Omar Sy face à Jean Dujardin dans a catégorie acteur. Ces 37e César ont offert peu de moments mémorables durant les 2h45 de cérémonie au Théâtre du Châtelet. Pourtant Canal Plus a rassemblé 3,9 millions de téléspectateurs, soit 18% d'audience. Un record d'audience, et plus d'un million de téléspectateurs supplémentaires par rapport à l'an dernier.

La soirée commençait relativement bien avec un montage où l'animateur Antoine De Caunes, pas mauvais mais un peu tiède, s'incrustait dans quelques films césarisables (mais pas tous, hélas) et une transition entre la séquence de danse de Polisse à l'écran puis sur la scène, avec JoeyStarr et ses quelques pas de danse au public. Puis tout a déraillé. Des présentations trop longues, des textes mal rythmés, pas très bien écrits (les gags s'éternisaient) offrant de grands moments de solitudes aux intervenants, ont plombé l'ambiance. Malgré le talent de certains, difficile de rattraper ces baisses de tempo. D'autant que les discours des gagnants étaient souvent maladroits, peu inspirés et l'émotion manquait souvent.

Sans compter quelques dérapages en direct (Mathilde Seigner gâchant le César de Michel Blanc en faisant acte de favoritisme pour JoeyStarr), une série de présentations ratées (mention spéciale à celle d'Alexandre Astier) ou des plantages involontaires (qui pouvait comprendre le franglais de Michel Gondry quand il rendait hommage à Kate Winslet?).

On sauvera cependant quelques séquences :  l'arrivée sur scène de Kate Winslet (quelles formes), le beau montage en l'honneur d'Annie Girardot, la vanne sur Megaupload, deux trois discours (Michel Blanc, Omar Sy, la monteuse de Polisse), l'humour décalé de Sara Forestier, le clin d'oeil de Valérie Lemercier, la surprise rédemptrice de Mathieu Kassovitz (qui avait enflammé Twitter en insultant les Césars, comme Dany Boon les avait critiqué violemment avant de venir en remettre un). On peut aussi avoir été charmé par la tentative de Julie Ferrier de nous faire rire avec le dressage d'animaux...

L'intervention la plus drôle fut sans conteste celle de Laurent Lafitte, génial Maître de Cérémonie des Molières l'an dernier, et qui nous aura fait regretté de ne pas être celui des Césars cette année : en remettant le César du meilleur film étranger, il commence à égrainer la liste des nommés dans la catégorie du meilleur français dans une actrice américaine (avec une forte connotation sexuelle assez réjouissante, vidéo).

Reste le côté "fashionista". On ne jouera pas les critiques capillaires (le roux de Bérénice Bejo) ou vestimentaires (la robe de Carmen Maura). Mais notons cette année que les décolletés étaient plongeants. Un défilé de seins était offert à tous les regards (et certaines poitrines auraient affolé le téléspectateur si l'écran était en 3D : Aure Atika, Valérie Bonneton, Sylvie Testud, Kate Winslet ...). C'est sans doute l'explication à ce record d'audience digne de Miss France.

Deneuve se fait allumer par le CSA pour une cigarette (et on recherche des partenaires pour son prochain film)

Posté par vincy, le 7 décembre 2011

Catherine Deneuve, qui tourne actuellement sous la direction de Yannis Smaragdis God loves caviar, avait joué les marraines de l'émission Le petit journal sur Canal +, présenté par Yann Barthès. C'était le 29 août.

On y parlait chaussures, un peu du film Les bien-aimés, qui servait de prétexte à l'entretien, et surtout cigarettes. L'actrice est de plus en plus remarquée avec une cigarette électronique dans les conférences de presse. Mais Barthès devait vendre sa nouvelle émission, impertinente. Il lui propose donc de fumer une véritable cigarette : les volutes apparaissent clairement. C'est évidemment prohibé par la Loi Evin. Cette séquence est assimilée à une publicité vantant le tabac. C'est même une apologie quand il s'agit d'une star. Fait aggravant : Barthès s'en grillait une aussi. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a donc sanctionné la chaîne pour cette propagande.

La provocation a ses limites...

Deneuve sera à l'affiche du prochain Astérix, en Reine d'Angleterre. Elle tournera ensuite Elle s'en va, d'Emmanuelle Bercot. le tournage aura lieu au printemps 2012 dans les Pays de la Loire. Le casting est en cours. Bercot a réalisé des films comme La puce, Backstage et a coscénarisé avec Maïwen le film Polisse. La production "recherche des hommes et des femmes de tous milieux et tous âges pour interpréter des rôles aux côtés de Catherine Deneuve, rôle principal du film. Si vous êtes intéressés, vous pouvez envoyer votre photo avec vos noms et prénoms, date de naissance, adresse, mail et téléphone à l'adresse : courriel."

Le gouvernement augmente la TVA sur le ticket de cinéma

Posté par vincy, le 8 novembre 2011

Après avoir ponctionné les recettes du CNC au nom de l'effort national et sous prétexte que le cinéma rapporte beaucoup d'argent (voir notre actualité du 21 octobre), menaçant d'autant les aides à la production et la numérisation, le gouvernement a décidé d'augmenter le ticket de cinéma. Avec une moyenne de 200 millions d'entrées par an, la fréquentation en salles est un joli pactole à ne pas éviter en ces temps de désendettement. Le cinéma - mais aussi la musique, les concerts, le cirque, les transports, le livre - va donc subit une hausse de sa TVA, qui passera de 5,5% à 7%. Double peine pour le 7e art qui se voit taxer par le Trésor public un peu plus chaque semaine. On paye cher le crédit d'impôts favorisant les tournages étrangers en France, seule mesure profitable votée sous ce gouvernement.

Bien sûr rien n'est perdu. Cette mesure doit maintenant être discutée devant le parlement. Elle peut-être amendée, la culture peut-être exemptée. Une chose est sûre : vu le silence du Ministère de la culture, on comprend que celui-ci pèse peu dans les décisions en haut-lieu et manque de courage politique.

La culture n'est peut-être pas de première nécessité, mais elle était jusque là sanctuarisée dans une "exception culturelle" au même titre que l'éducation. Ne parlons pas de l'affichage : la culture est désormais comme le bâtiment ou la restauration, un bien banal et non plus un service précieux. Chose moins connue, le secteur culturel est aussi un fort levier de croissance en France et l'un des plus gros employeurs du pays (plus que l'automobile par exemple).

En menaçant une culture toujours fragile (les marges ne sont pas énormes, particulièrement pour les exploitants et éditeurs indépendants), l'effort national risque de revenir tel un boomerang avec un double effet : diminution de la diversité culturelle et réduction des recettes globales. Il faudra alors trouver des nouvelles recettes pour aider les acteurs culturels économiquement dégradés.

Car ce plan gouvernemental, réalisé sans concertation ni prévention, a deux inconnues : combien cela va-t-il rapporté réellement? 20 millions d'euros environ selon les premières estimations. C'est à peu près le budget du Service d'Information du gouvernement (+324% depuis 2006!). Et au final combien cela va -t-il coûté en emplois et en aides de l'Etat si tout cela fragilise les exploitants et les éditeurs?

Notons que le gouvernement, dans sa grande cohérence, a maintenu le taux super réduit de 2,2 %, qui s'applique aux services de presse, aux 140 premières représentations d'une pièce de théâtre de création, ou d'une pièce du répertoire classique donnée dans une nouvelle mise en scène.

En augmentant la TVA sur les tickets de cinéma (mais aussi sur les abonnements à des services de télévision comme Canal + et toutes les chaînes de Vidéo à la Demande), on pénalise ceux qui y vont souvent et qui ont l'audace de ne pas regarder TF1. Les jeunes et les seniors, pas forcément les générations les plus aisées, sont les spectateurs les plus touchés, devant déjà subir un ticket de cinéma qui augmente chaque année avec l'inflation, et l'ajout de la "location" de lunettes 3D.

Les réactions n'ont pas tardé.
- SACD : "La hausse de la TVA sur les biens culturels est une mesure inattendue et néfaste pour la création et la diffusion des oeuvres". "La SACD regrette profondément cette initiative, prise sans aucune concertation, qui constitue un coup de canif dans la politique de soutien à la diversité culturelle." Cette mesure est "inefficace et incohérente : Inefficace car la dépense fiscale liée aux biens culturels reste très marginale dans le budget de l’État. Incohérente car elle va à l’encontre du traitement fiscal spécifique pour les œuvres culturelles, principe toujours défendu en France, quelles que soient les majorités en place".
- L'ARP : "Les cinéastes de L'ARP s’étonnent que le gouvernement français ne considère pas que les biens et service culturels constituent des biens de première nécessité, particulièrement en temps de crise, où la culture demeure un refuge de l’esprit."

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dessin de Olivero

Les nouveaux horizons de StudioCanal

Posté par vincy, le 29 septembre 2011

StudioCanal, la filiale cinéma de Canal+ créée en 1986 sous le nom de Canal + production, a signé un accord avec le fonds d'investissement britannique Anton Capital Entertainment, dirigé par Sébastien Raybaud et Mark Field-Marsham, afin de produire une centaine de films sur trois ans. Ce "deal" permet à StudioCanal de recevoir 150 millions d'euros sur trois ans, ce qui concernera une centaine de films. StudioCanal alignera 350 millions d'euros. ACE financera donc environ 30% de chaque film international, avec une logique de partage complet des risques et des recettes. StudioCanal garde le pouvoir d'accorder ou non le feu vert aux films en développement.

La filiale de Canal + devient ainsi une "minimajor", un studio européen. Le studio pourra être plus réactif dans ses choix et facilitera l'acquisition de droits. La priorité reste le marché européen : il est présent sur les trois plus gros marchés, la France, le Royaume Uni et l'Allemagne.

StudioCanal devient donc l'Astérix de l'Empire hollywoodien avec une quarantaine de films produits par an (contre 15-25 pour chaque "major" américaine) et les deux tiers de ses revenus réalisés hors de France. La société devrait afficher une croissance de 10% cette année pour atteindre un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros. Sa rentabilité (14%) est exceptionnelle pour le secteur.

Le groupe mise sur une stratégie différente de celle des studios américains qui exploitent directement leurs contenus sur tous les supports, mais qui les obligent à produire des blockbusters coûteux avec des frais de distribution, d'exploitation et de marketings toujours plus élevés.

Olivier Courson, patron de la filiale de Canal +, veut développer principalement quatre styles de films : le cinéma indépendant international, le cinéma familial, les films de genre de qualité et la production locale événementielle (des films d'auteurs à budget moyen mais avec un potentiel populaire).

Cannes 2011 – le chiffre du jour : 6 000 000 d’euros

Posté par vincy, le 13 mai 2011

6 millions d'euros pour couvrir Cannes. C'est le budget total de la couverture de Canal + durant le Festival. 350 heures d'antenne, 500 personnes déplacées (les stars dans les Palaces, les autres au Pierre & Vacances de La Bocca), les cérémonies d'ouverture et de clôture retransmises en direct : c'est une dépense non négligeable. Certaines années, comme en 2010, les audiences ne sont pas au rendez-vous faute de stars (explication officielle) et faute d'intérêt (explication subjective). La qualité éditoriale n'est pas forcément à la hauteur de la chaîne du cinéma. Les invités sont davantage "people" que liés à l'actualité des sélections.

Canal + diffusera en direct le Grand Journal de Michel Denisot, les Guignols de l'Info, Le Cercle de Frédéric Beigbeder, très occupé par son premier long métrage, et les Rencontres de cinéma de Laurent Weil. Les marches seront aussi commentées chaque soir vers 19h30.

Pour les abonnés, les films de Cannes 2010 seront diffusés : Tournée, Tamara Drewe, Robin des Bois, Copie Conforme, Film Socialisme, avec une soirée spéciale Godard incluant un documentaire 2 ou 3 choses de Jean-Luc Godard.

Enfin, Hors-Jeu de Jafar Panahi et un documentaire sur le cinéma iranien sont prévus ce soir à 23h sur le petit écran.

Roses à crédit d’Amos Gitaï hélas déjà fané

Posté par geoffroy, le 12 décembre 2010

Le dernier film d’Amos Gitaï, Roses à crédit, qui devait sortir sur les écrans le 15 décembre prochain, ne verra pas le jour au cinéma. Alors que tout était paré pour une sortie en bonne et due forme, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) vient d’y opposer son veto.

L’argument avancé par la commission d’agrément du CNC est très simple : l’adaptation éponyme du roman d’Elsa Triolet produit par Images & Cie pour une chaîne de télévision,  France 2 en l’occurrence, fait de Roses à crédit un téléfilm et non une œuvre de cinéma à proprement dite. Peu importe, alors, que les différentes parties se soient mis d’accord sur un projet clairement défini comme cinématographique et destiné à sortir dans les salles de cinéma avant sa diffusion télé.

Il aurait fallu, pour que la commission d’agrément donne son aval, que le film d’Amos Gitaï  se décline en deux versions distinctes, l’une pour le cinéma, l’autre pour la télévision. Or la commission a estimé « qu'il n'y a qu'une seule œuvre. Dans ce cas, on ne peut pas accepter qu'un film soit diffusé sur une chaîne non payante seulement trois mois après sa sortie en salles. Si on remet en cause la chronologie des médias, c'est la mort de l'économie du cinéma. ». Ce que conteste Nicole Collet, productrice du film, considérant que « la version cinéma est pourtant plus longue, et donne surtout à la narration un autre éclairage en l’encrant dans un contexte historique différent ».

Insuffisant, semble t-il, pour une commission indépendante ayant comme objectif principal de veiller au respect d’une réglementation encadrant la production des films de cinéma selon des critères définis par le CNC lui-même. Doté d’un pouvoir consultatif, elle obtient donc sans peine l’interdiction d’un film en salles sous prétexte qu’il fut intégralement financé par la télévision. Peu importe que celui-ci possède des qualités artistiques évidentes que de nombreux journalistes ont déjà pu constater.

Confusion des genres

Mais revenons sur cette interdiction qui, outre son caractère incroyablement tardif (elle arrive une dizaine de jours avant la sortie du film), est à géométrie variable. N’est-il pas étrange, qu’en 2008, Plus tard, tu comprendras, téléfilm du même Amos Gitaï financé par Arte, ait été diffusé sur France 2 le 20 janvier 2009 puis le lendemain au cinéma sans que la commission n’y trouve rien à redire. Comment comprendre, par exemple, les différences de traitement entre les films d’Olivier Assayas, Carlos, et de Pascale Ferran, Lady Chatterley. Si le premier, intégralement financé par Canal +, aura été "désélectionné" du festival de Cannes pour des raisons de production (il a finalement été présenté hors compétition), le deuxième aura obtenu, sans contestation aucune, le double agrément de la commission. Nous le voyons, tout ceci est bien flou et discrédite un organe de contrôle se basant essentiellement sur des critères de financement, certes importants, et non vis-à-vis d’enjeux artistiques eux aussi bien réels. D’où l’ambiguïté de certaines situations ou de vrais films de cinéma sont interdits dans les salles de cinéma. Sans parler des incohérences à la marge relevées plus haut, exceptions rares mais ô combien symboliques d’un système ayant montré à plusieurs reprises ses limites.

Une sortie en salles n'est pas garante d'une existence dans les cinémas

Loin de nous l’idée de nier en bloc l’utilité d’un système (les raisons de sa mise en place est toujours d’actualité) qui, bon an mal an, fonctionne correctement. En effet, séparer la production cinématographique de la production en général est nécessaire, les chaînes de TV n’ayant pas à user et abuser d’une position enviable pour financer en sous-main leurs téléfilms. Le système est complexe, imparfait, voire pervers. Dans ce cas, doit-on s’en indigner et constater, incrédule, à la mise au placard d’œuvres cinématographiques parce que produites sur des fonds audiovisuelles alors qu’on nous abreuve toute l’année de films estampillés « cinéma » aux allures de mauvais téléfilms ? Bien sûr que non, mais que faire lorsque Alexandra Henochsberg, directrice de la société Ad Vitam (celle qui devait distribuer Rose à crédit) admet qu’elle n’est pas « certaine qu’il faille la réformer (la commission), moins encore la supprimer, même si nous sommes victimes d’un système qui manifestement ne fonctionne pas ».

Il ne s’agit pas, d’un coup d’un seul, de tout chambouler pour faire plaisir aux contestataires que nous aimons être. Non, ce qu’il faut c’est mettre en place, une bonne fois pour toute, une politique culturelle cohérente à même de garantir la pluralité des cinémas pour que des films comme Rose à crédit puisse exister sur grand écran. Il en va de la sauvegarde d’un cinéma de plus en plus difficile à financer se retrouvant l’otage des moyens de financement qu’on lui accorde. Résultat : au lieu d’aider des cinéastes à monter puis à diffuser leurs films, on les enterre lamentablement comme de vulgaires produits consommables non conformes. Le cinéma et l’art en général valent mieux que cela.

Le Sénat ne prend finalement que 20 millions d’euros au CNC…

Posté par vincy, le 25 novembre 2010

L'amendement proposé par le Sénat devait permettre de ponctionner 130 millions d'euros dans la "ganotte" du CNC, qui devrait recevoir un surplus de 174 millions à la fin de son exercice grâce à la croissance des ventes de DVD/Blue-Ray et l'augmentation des entrées en salles (voir notre actualité du 18 novembre dernier) .

Finalement, lors de l'examen du projet de la Loi de finances 2011, les Sénateurs ont adopté l'amendement mais celui-ci ne prévoit qu'un prélèvement exceptionnel de 20 millions d'euros, ce qui laisserait 154 millions d'euros au CNC. Mais, comme Canal + se voit aussi contraint de lâcher 20 millions d'euros pour contribuer au compte de soutien, les aides au cinéma ne seront pas affectées.

Surtout, le CNC va voir son budget sérieusement augmenter grâce à la contribution des Fournisseurs d'Accès à Internet.

La décision finale reviendra à la commission mixte paritaire (Assemblée Nationale + Sénat) qui devra statuer définitivement sur ce prélèvement.

Les 20 millions d'euros grattés sur l'aide au cinéma serviront, notamment, à financer l'Hadopi (12 millions d'euros de budget).

Les deux autres épisodes de Millénium cet été dans les salles

Posté par vincy, le 9 avril 2010

Plus d'un an après la sortie du premier volet de la trilogie Millénium dans les salles françaises (1,2 millions de spectateurs), UGC se décide enfin à sortir les deux suites, bien après la plupart des pays européens. "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette" sera à l'affiche le 30 juin, tandis que "La reine dans le palais des courants d'air" sortira le 28 juillet. Contrairement au premier film, ceux-ci sont réalisés par Daniel Alfredson et n'étaient pas destinés au cinéma. Seul Millénium 1 devait être vu sur les grands écrans. Mais l'immense succès, notamment en Scandinavie, en Espagne et en France,  a conduit les producteurs à transposer les téléfilms en films.

Depuis deux semaines, Canal + diffuse l'intégrale de la série en version télévisée, soit deux épisodes par livres. La version poche de la trilogie la plus vendue en Europe arrivera en librairie cet automne.

Une cérémonie des César à oublier

Posté par geoffroy, le 4 mars 2010

cesar 2010La soirée des César 2010 n’a pas conquis les foules. L’audience, en chute libre, incite l’académie à revoir sa copie au plus vite.  

Soutenir que la 35e cérémonie des César fut sage et sans surprise relève du doux euphémisme tant elle aura été soporifique comme laborieuse. Ce triste constat, n’en déplaise aux lauréats, démontre la difficulté des César à célébrer comme il se doit – c'est-à-dire au-delà de la simple récompense – l’ensemble des professionnels du cinéma français. Sans remettre en cause le cru 2010, dominé par Un Prophète de Jacques Audiard, la cérémonie tourna court en égrenant sans âme les prix les uns à la suite des autres.

Vous me rétorquerez qu’un prix se décerne, s’acclame, se siffle à l’occasion – rarement aux César je vous l’accorde – et se remercie. Difficile, en effet, de changer un modus operandi balisé depuis 35 ans. Cela veut-il dire que la manière de s’y prendre n’aurait plus aucune importance ? A entendre les « pitch » d’avant récompense, oui. Au fil des années ils deviennent de plus en plus sirupeux et « télévisuellement » très plats, à l’instar du traditionnel discours d’ouverture prononcé cette année par une Marion Cotillard sans conviction ni originalité.

Quelques mots mous et pompeux prononcés avec hésitation pour rappeler que nous avons la chance de "partager ici ce soir le même rêve de cinéma, la chance d'être dans un pays qui rend ce rêve possible, un cinéma d'une grande richesse". Une chance en effet de pouvoir "aimer, vivre, rire" puis "de nous battre, nous mettre en colère... de hurler même si ça nous chante..."

Comme de coutume, les invités discourent sans gêne à la recherche du plus bel aphorisme afin d’éviter l’errance du lieu commun. N’empêche qu’ils furent nombreux un peu à l’image d’une soirée lente, statique, verbeuse, déclarative à en perdre la tête et le fil. Pourquoi ne pas avoir lâché la bride sur la scène du Châtelet en proposant un spectacle fait de surprises et de rebondissements, de bonne humeur et de spontanéité ? Il semblerait, au grand dam des spectateurs, que cela ne soit pas le genre de la maison. Que voulez-vous, chez nous, on ne badine pas avec les César quitte à plomber sévèrement l’ambiance.

Conséquence : notre duo vedette Gad Elmaleh / Valérie Lemercier s’est laissé étouffer par le rythme de sénateur d’une cérémonie morne, sans vivacité ni liberté de ton. Trois heures à faire du surplace et à attendre que chaque lauréat termine son discours, faut quand même assumer. Dans ce registre ils ont été plutôt bons, comblant autant que faire se peut un vide artistique pour le moins troublant. La soirée, exceptés les grognements lyriques d’une Jeanne Balibar en transe n’ayant pas peur du ridicule, l’émotion vraie d’une Adjani en larmes, l’hommage « lucchinien » à l’immense Eric Rohmer et le César d’honneur rendu à la star hollywoodienne Harrison Ford fut, il faut le reconnaitre, d’une platitude rarement atteinte.

Sans forcément prendre en exemple la cérémonie des Oscars, rendons à César ce qui est aux Oscars : le souffle, le show, les paillettes, le rêve. Il suffit de voir ou revoir  la « perf » d’un Hugh Jackman survolté en président de cérémonie des Oscars 2009 pour s’en convaincre. A côté d’un tel savoir-faire scénique, notre édition 2010 fait pâle figure. Résultat des courses, le programme diffusé en clair sur Canal+ a réuni 1,7 millions de téléspectateurs (9,1% de part d'audience, divisée de moitié depuis 2005).

Si les César 2010 auront plébiscité Un Prophète, récompensé par deux fois Tahar Rahim (une première un peu étrange faisant du jeune acteur aussi bien le meilleur espoir masculin que le meilleur acteur), mis un zéro pointé au Welcome de Lioret et récompensé une comédie comme meilleur premier film (Les Beaux Gosses), un dernier point s’impose. Il est navrant de constater qu’il n’y a toujours pas de César du meilleur film d’animation. Un comble pour le pays inventeur du dessin animé (Emile Cohl a projeté sa Fantasmagorie le 17 août 1908 à Paris).

Il serait judicieux de réparer cette injustice dès la revue 2011 qui, on l’espère, sera bien plus palpitante. Le maintient de sa diffusion sur une chaîne nationale en dépend.

Le cinéma fait sa révolution française

Posté par vincy, le 14 juillet 2009

Tout a changé lundi 13 juillet au matin avec la publication au Journal Officiel de l'arrêté sur les délais d'exploitation des films.

Une semaine après avoir arraché l'accord professionnel signé par 28 organisations et entreprises pour raccourcir le délai d'exploitation des films, tout est mis en place pour que le cinéma français fasse sa petite révolution à la veille du 14 juillet.

Les films seront désormais disponibles en vidéo à la demande (Vod) et en DVD quatre mois après leur sortie en salles contre six à sept mois et demi au minimum jusqu'ici. Un délai qui pourra être ramené à trois mois, dans des conditions assez strictes. En effet seuls les films ayant réalisé moins de 200 entrées au cours de leur 4e semaine d'exploitation en salles pourront bénéficier d'une telle dérogation. Conclu pour une durée de deux ans tacitement reconductible par périodes d'un an, cet accord réaménage la fameuse chronologie des médias qui organise la diffusion des oeuvres sur différents supports et à la télévision. Cela veut dire qu'un film comme Harry Potter et le Prince de sang-mêlé qui sort demain en salles pourra être en vente en DVD dès la mi-novembre contre janvier auparavant. Idéal pour en faire un cadeau des fêtes.

Les services de télévision payants pourront montrer les films en première diffusion 10 à 12 mois après leur sortie en salles, contre 12 mois minimum aujourd'hui, puis 22 à 24 mois en 2e diffusion (24 mois aujourd'hui).

Les chaînes de télévision en clair pourront les programmer 22 mois (contre 24 mois) après leur sortie en salles lorsqu'elles sont coproductrices, 30 mois dans le cas contraire (contre 36 mois).

Avec un délai de 36 mois à compter de la sortie des films en salles, la VoD par abonnement arrive en fin de chaîne. Seule la VoD gratuite, interdite avant 48 mois, lui est postérieure.

Un bilan régulier de son application sera organisé sous l'égide du Centre national de la cinématographie (CNC) tous les six mois.

L'accord a réussi à être signé in extremis. La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a d'abord voulu obtenir des mesures de rééquilibrage en faveur du secteur de l’exploitation, notamment des mesures liées au prix d’achat des films, des mesures au soutien à l’exploitation, et des mesures fiscales susceptibles de bénéficier à l’ensemble de la filière. La FNCF jugeait en effet que les salles de cinémas sont les seules, parmi tous les diffuseurs, à voir réduire leur durée d’exclusivité d'un tiers de sa durée.

Mais dans un contexte où tout va de plus en plus vite, y compris la consommation des films, le gouvernement avait décidé de s'adapter aux usages déjà en cours dans des pays comme les Etats-Unis ou le Royaume Uni. Il va être de plus en plus difficile de rattraper un film au cinéma deux mois après sa sortie et cela va sans doute conduire à une rotation encore plus rapide. Cela peut aussi inciter de nombreux cinéphiles à attendre la diffusion en VoD pour des films moins marketés, plus risqués ou audacieux. Le genre de films qui a besoin de temps pour s'installer dans un marché saturé. Le public a de plus en plus tendance à choisir des films fédérateurs, et l'augmentation du prix du billet ne va pas inverser le phénomène.

Le Ministère en avait fait un pilier de sa lutte contre le piratage, persuadé qu'en améliorant l'offre légale de films sur internet le piratage allait se réduire. Cela impliquait de bouleverser toute la chronologie des médias. Un accord, le premier qui est aussi global, a été trouvé entre une vingtaine de signataires : organisations professionnelles du cinéma (exploitants, distributeurs, réalisateurs et producteurs), les chaînes (France Télévisions, TF1, Arte, Canal+, M6), les diffuseurs de films en VoD, ou encore Orange et SFR.

Et si la plupart des points sont rendus obligatoires, Ccrtains points de l'accord ne le sont pas. En particulier, celui affirmant la nécessité de règles en matière de rémunération minimale garantie des ayant droits, ou encore celui ayant trait aux pratiques en matière de promotion des oeuvres.

Du coup, tout le monde n'est pas satisfait. La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), la Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs (ARP) et la Fédération Française des Télécoms ont stigmatisé le manque d'ambition d'un texte qu'ils n'ont pas signé. La SACD persiste à demander des "initiatives audacieuses pour mettre en place une offre légale, novatrice, générale et sécurisée". La Société souhaite une "réflexion réellement approfondie sur la construction de la nouvelle économie de la création et de son financement à l'ére numérique" et propose notamment de "favoriser, au-delà des périodes d'exclusivité, l'exploitation permanente et suivie des oeuvres audiovisuelles et cinématographiques". Le SEVN (éditeurs de DVD) s'est abstenu jugeant trop restrictives les règles instaurées sur la publicité pour les sorties de films en DVD.