La France signe un accord de coproduction avec les Territoires palestiniens

Posté par vincy, le 13 septembre 2013

Omar d'Hany Abu Assad

La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti et son homologue palestinien Anwar Abu Eisheh ont signé mercredi 11 septembre un accord de coproduction cinématographique, le 54e accord de coproduction internationale.

Depuis une quinzaine d’années, de nombreux films palestiniens ont été soutenus par le Fonds Sud Cinéma ou par le programme qui l'a remplacé, l’Aide aux cinémas du monde. "C’est le cas notamment de Palestine Stereo de Rashid Masharawi, sélectionné cette année au festival de Toronto" indique le communiqué. Si les cinéphiles français connaissent surtout Elia Suleiman (Intervention divine), récompensé autant à Cannes qu'à Venise, ou Hiam Abbass, les Territoires palestiniens abritent aussi de jeunes cinéastes, notamment dans le documentaire. Ces dernières années, quelques films ont reçu des prix prestigieux comme Paradise Now d'Hany Abu-Assad (Golden Globe du meilleur film étranger, 2005), Le sel de la mer d'Annemarie Jacir (2008) ou cette année à Cannes, Omar d'Hany Abu-Assad (photo).

"L’accord facilitera le montage financier de coproductions bilatérales impliquant une coopération sur les plans artistique et technique" précise le communiqué du ministère. "La part du coproducteur minoritaire sera au minimum de 20% mais, par dérogation, pourra être abaissée à 10% après accord des autorités des deux parties en tenant compte des collaborations artistiques et techniques de chacun des coproducteurs."

Des dispositions visant "à encourager des initiatives communes dans les domaines de la formation aux métiers du cinéma, l’éducation à l’image, l’échange de savoir-faire entre professionnels, la distribution et diffusion des œuvres ainsi que la conservation du patrimoine cinématographique" sont aussi inclues dans cet accord.

La colère de François Dupeyron : un « système totalitaire », des « producteurs incultes »

Posté par vincy, le 12 septembre 2013

françois dupeyron jean pierre darroussinMon âme par toi guérie est le nouveau film de François Dupeyron, adapté de son propre roman, Chacun pour soi Dieu s'en fout (2009). Le film sort le 25 septembre dans les salles françaises et est en compétition au festival de San Sebastian.

Pourtant, longtemps, le réalisateur de La chambre des officiers (en compétition à Cannes en 2001), Drôle d'endroit pour une rencontre et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran a failli ne jamais réaliser ce film.

Plutôt qu'une interview ou une note d'intention, le réalisateur a préféré tirer un signal d'alarme sur l'état de la production française aujourd'hui dans son dossier de presse. En colère, et même amer, le cinéaste-écrivain l'est assurément. Il rend hommage à Paulo Branco, "le premier producteur indépendant que je rencontre".

Extraits.

Les chaînes de TV aux abonnées absentes
"La dernière fois qu’une chaîne publique a mis de l’argent dans un de mes films, c’est en 2003. Ca va faire dix ans qu’on me refuse tout ! Je viens d’en prendre conscience cette semaine, les années ont passé, je ne m’en suis pas rendu compte. Dix ans ! C’est pas rien dix ans !... Regarde ta vie, remonte dix ans en arrière et tire un trait, poubelle, tu effaces ! Je ne suis pas resté sans rien faire, j’ai écrit huit, dix scénarios, j’ai eu des avances sur recettes, je les ai perdues. J’ai écrit quatre romans… Et maintenant, je suis sec, ils ont gagné, mais ils n’auront pas ma peau. En dix ans, j’ai réussi à faire deux films, Inguélézi, et Aide-toi le ciel t’aidera, avec l’avance sur recettes et Canal. Mais depuis 2007 chez Canal, c’est niet ! Je suis marqué au rouge. « Dupeyron, on aime beaucoup ce qu’il fait, mais pas ça. » C’est le refrain, dès que je l’entends, je crains la suite. Alors, puisqu’on ne veut plus de moi, je me tire. Et personne ne s’en apercevra parce que le monde n’a pas besoin de moi pour tourner, et c’est très bien comme ça."

Son nouveau film, refusé partout
"J’ai l’avance, j’ai la région, et puis c’est tout. La 2, la 3, Arte, Canal, ont dit non. Je l’ai réécrit, représenté. Deux fois non. Orange me dit que peut-être si j’ai un distributeur… C’est bidon, je n’y crois pas, et de toute façon tous les distributeurs à qui on l’a présenté ont dit non."
"Céline [Sallette] a fait lire le scénario à une jeune productrice – c’est pour te dire qu’elle est motivée – la productrice lui a envoyé le scénario à la gueule, « Qu’est-ce que c’est cette merde ? ». Comme ça… « Cette merde ! » T’imagines pas ce que je me prends dans la gueule. Tu veux que je te dise mon année ? Celle que je viens de passer ? Toute mon activité professionnelle ?... J’ai eu deux rendez-vous, dans la même semaine, avec deux producteurs, pour deux projets. Le mercredi avec l’un, pour l’histoire du type qui a un don. Il a relu le scénario et il a coché les gros mots. Oui, les gros mots !... Il a tourné les pages et il m’a demandé, « ça, on peut l’enlever ? » Oui… j’ai dit oui à tout. Des gros mots ! (...) Le lendemain, j’ai rendez-vous avec l’autre producteur, l’histoire du déserteur, en 14… Rebelote, il a tourné les pages lui aussi. « Ça, on peut l’enlever ? » Oui… encore les gros mots ! Un type qui boit du matin au soir, au front, en 14 !… Et tout ça parce que tu présentes un scénario à la 2 ou la 3 avec un gros mot qui traîne, oh malheur ! Tu dégages… Ils ont un tel pouvoir que règne une petite terreur. Voilà toute mon année. J’ai enlevé des gros mots. Dix ans qu’on me refuse tout et maintenant les gros mots… "

Remise en question
"Toutes ces dernières années, j’ai essayé un peu de comprendre, je me suis dit qu’ils avaient peut-être raison, que mes scénarios étaient trop ci, ça. J’ai essayé plusieurs styles, plusieurs genres. Et j’ai compris qu’il n’y a rien à comprendre. J’ai perdu mon temps. Depuis quelques années, la mode est aux fiches de lecture. Je ne sais pas qui lit, des jeunes gens sans doute, pas très bien payés. J’en ai demandé deux, pour deux scénarios, pour voir… Deux fois, j’ai eu droit à « Sujet non traité. » Je n’invente pas, « Sujet non traité ». Etait-ce le même lecteur ? Voilà où on en est. Tu ouvres le coffret des Césars, à part trois ou quatre films, tous les autres se ressemblent. Mais le sujet est traité. Merde, le cinéma, c’est pas ça ! C’est même tout le contraire…"

Un système soviétique où la Télé a droit de censure
"Je suis déconnecté, je ne suis plus en phase avec ce petit monde, ces gens, les producteurs à genoux, qui ont peur. On ne fait rien avec la peur, rien que de la merde. Moi, j’ai découvert la vie avec le cinéma, j’ai découvert les hommes, les femmes. J’entrais dans les films… comme j’entre ici pour te rencontrer, on se parle, je suis toi, tu es moi, ça circule… C’est pas cet infantilisme ! Sujet non traité ! Les gros mots ! Les gros mots ! Tu sais ce qui m’est venu en écoutant Forman parler du cinéma tchèque des années soixante ? Eh bien, on y est en plein. Regarde le bonus de Au Feu Les Pompiers, il parle de notre cinéma. Tu remplaces le Parti par la Télé, et c’est bon. On est dans un système soviétique, la Télé dit oui, tu fais le film, elle dit non…" "Je vois des producteurs qui se disent « producteurs indépendants ». Ils sont tous dépendant de la télé, et aujourd’hui des distributeurs. Des producteurs, il n’y en a qu’un, la Télé, le Parti. On est dans un système qui porte un nom, un putain de gros mot, « totalitaire », pas creux pas vide, qui fait son sale boulot. On ne serait pas en démocratie, on dirait censure. "

Inculture générale
"Il y a deux ans, j’ai fait une note d’intention pour un scénario qu’on proposait à Arte. J’ai eu le malheur de citer Tarkovski pour faire comprendre je ne sais plus trop quoi. Malheur ! le retour a été cinglant, « Non Tarkovski, c’est pas possible. » Arte ! la chaîne culturelle – Arte n’a jamais mis un centime dans un de mes films – Ecoute Forman, il parle d’inculture… écoute l’interview de Langlois dans le bonus de l’Atalante, ce doit être dans les années 70. Il emploie le même mot, « des producteurs incultes »."

Au placard
"J’ai dédié ce film à Michel Naudy. Michel était un très bon ami, il a mis fin à ses jours le 2 décembre, il était journaliste à France 3, au placard depuis dix sept ans… Nous sommes en France en 2012. Dix sept ans de placard ! avec un salaire, mais sans emploi. "

River Phoenix renaît de ses cendres dans un film inédit

Posté par vincy, le 2 août 2012

Il est mort il y a bientôt 19 ans. River Phoenix, frère de Joaquin,a fait une overdose en octobre 1993 à Los Angeles à l'âge de 23 ans. Il devait interpréter Arthur Rimbaud dans Rimbaud et Verlaine. Le rôle échoua à Leonardo DiCaprio. L'acteur avait déjà une longue carrière derrière lui. Il avait tourné dans des succès comme Les Experts, Stand by Me (ses deux plus importants succès hormis Indiana Jones et la dernière croisade où il incarnait Indiana jeune), My Own Private IdahoA bout de course, Mosquito Coast... Phoenix avait emballé Gus Van Sant, Sidney Lumet, Lawrence Kasdan, Sam Shepard, Peter Weir, Joe Dante, Steven Spielberg, Peter Bogdanovich... et George Sluizer.

Le réalisateur néerlandais (L'homme qui voulait savoir) n'avait jamais pu achever son film Dark Blood en 1993. Et pour cause son acteur principal River Phoenix était décédé en plein tournage. Dark Blood, avec Judy Davis, Jonathan Pryce et Karen Black, racontait l'histoire d'un jeune veuf vivant comme un ermite sur un site d'essais nucléaires, responsables de la mort de sa femme, attendant la fin du monde tout en concevant des poupées. Il vient en aide à un couple en voyage de noces dont la voiture s'est ensablée alors qu'ils traversent le désert. Il tombe alors amoureux de l'épouse et va prendre le couple en otage.

Par un étrange retour de circonstances, ce film va faire son avant-première le 27 septembre, 19 ans après son tournage, durant le festival du film néerlandais à Utrecht, aux Pays-Bas. Il y sera en compétition.

Quand Phoenix s'écroule sur le trottoir de Sunset Boulevard, il restait 11 jours de tournage (80% du film était en boîte). Les producteurs ont même été jusqu'à réclamé un copieux dédommagement à la mère de l'acteur, sous prétexte qu'elle n'avait pas déclaré aux assurances l'accoutumance à la drogue de son film.

Le réalisateur, aujourd'hui âgé de 80 ans, a décidé, malgré son état de santé fragile, de recommencer la post-production. A l'origine, Sluizer voulait utiliser les images du film pour en faire un documentaire sur le comédien. Mais le Netherlands Film Fund et le site de financement contributif Cine Crowd ont facilité le bouclage d'un budget suffisant pour assurer la post-prod et le montage final, tout comme Eyeworks production a dénoué les imbroglios légaux autour des droits du film.

Juste après la mort de Phoenix, le réalisateur avait réussi à revenir aux Pays-Bas avec les bobines de peur qu'elles soient détruites. Pour parvenir à un montage final cohérent, en l'absence de 20% de séquences, Sluizer a modifié une partie du film et demandé au frère de River, Joaquin Phoenix, de faire la voix off du personnage principal.

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Site officiel du film
Extraits vidéos du film

Le marché du documentaire en 2011 : dynamique, sauf en salles

Posté par vincy, le 2 juillet 2012

??Le Sunny Side of the Doc de La Rochelle s'est achevé vendredi avec 1 755 participants, 286 décideurs et acheteurs et 1 450 spectateurs. Le prix du meilleur long métrage ?documentaire a été décerné au canadien Songbird SOS.

Une production dynamique en 2011

A l'occasion de cette manifestation, le CNC a publié son étude annuelle sur le marché du documentaire en 2011. Au total 2 649 heures de documentaires ont été produites (+7,7%) pour un total des devis de 387,3 millions d'euros. Les chaînes de télévision nationales gratuites représentent encore l'essentiel du volume des commandes (61,1%) même si leur part diminue fortement.

Le long métrage documentaire, renforcé par ses sélections dans les festivals et l'intérêt des spectateurs, poursuit sa dynamique avec 37 films agréés dans le genre (pour 34,1 millions d'euros de devis), soit dix de plus qu'en 2010. Le record de 2008 (année hors norme dans le genre) a été battu. Le devis moyen est aussi en hausse, passant de 670 000 euros en 2010 à 920 000 euros en 2011. Les subventions versées par le CNC aux producteurs français de documentaire s’élèvent à 79,4 millions d'euros en 2011, soit une augmentation de 7,9 % par rapport à 2010.

En 2011, ce sont Amazonia et Terre des Ours qui ont été les documentaires les plus chers, coûtant respectivement 9,5 millions d'euros et 5 millions d'euros.

Une année 2011 sans hit malgré l'offre abondante

"L’offre de films documentaires dans les salles est abondante avec 90 longs métrages inédits en 2011, dont 54 films français, 10 films américains et 20 films européens" précise le rapport. Il s'agit d'un record depuis 10 ans. Mais le CNC souligne qu'un film documentaire, en 2011, ne sort, en moyenne, que sur 15 copies (contre 137 pour l'ensemble des films). Quelques grands noms (Herzog, Wenders, ...) ont permit de donner une large exposition à certains docus. Reste que la fréquentation est la plus faible depuis 10 ans si l'on excepte l'année 2003 : 1,33 million d'entrées l'an dernier contre 4,5 millions en 2010 grâce à Océans et 6,45 millions en 2004 (Fahrenheit 9/11). Seuls 4 des 90 documentaires diffusés en salles ont dépassé le cap des 100 000 spectateurs. Depuis 2002, 10 documentaires seulement ont séduit plus de 500 000 cinéphiles. Mais aucun en 2011. Pina (347 000 entrées) est le champion de l'année, et le seul à se classer dans le Top 20 de ces 5 dernières années.

On constate par ailleurs que les films documentaires axent leur campagne promotionnelle essentiellement sur la presse écrite et accuse un retard dans les investissements marketing sur Internet. Par conséquent, le docu attire un public majoritairement adulte (69% de plus de 25%, et même un tiers de plus de 50 ans).

Prochaine étape en septembre : les propositions pour l'avenir du documentaire

Enfin, suite à la publication du rapport intitulé « Le documentaire dans tous ses états », remis par Serge Gordey, Catherine Lamour, Jacques Perrin et Carlos Pinsky au Ministre de la Culture et de la Communication en avril dernier, le CNC formulera des propositions en septembre. L'un des enjeux principaux reste ka définition du documentaire de création : "Il ressort notamment de ces premiers échanges un souhait partagé de mieux prendre en compte les différents types d’écritures documentaires dans les modalités de calcul du soutien automatique - sans modifier les fondamentaux de ce dernier - notamment en favorisant les démarches d'écriture et de production les plus exigeantes" explique le communiqué du CNC.

En 2011, 95 films (sur 207) ont vu le jour grâce à des nouveaux producteurs

Posté par vincy, le 1 février 2012

Selon la revue professionnelle Ecran Total, 95 films (majoritairement français), sur 207 produits en 2011, ont pu voir le jour grâce à des nouveaux producteurs. Plus précisément 67 sont le résultat d'une première production et 28 d'une deuxième production.

Autant dire que la profession se renouvelle très vite. Selon l'étude du magazine, une centaine de nouveaux producteurs entrent sur le marché chaque année, quand la moitié disparaît. Entre 2006 et 2010, 451 producteurs sont apparus quand 200 ont cessé leur activité. Ce solde positif a stimulé la diversité de la profession, et aussi un rajeunissement.

Le métier reste concentré sur Paris. Le budget moyen de leur film est de 5,9 millions d'euros. Le court métrage, pour les deux tiers, a servi de première expérience, loin devant les clips ou les documentaires.

Ces nouveaux producteurs ont aussi un parcours professionnel hétérogène : 36% ont été à l'Université, 21% se sont formés sur le tas, 17% sortent d'écoles privées de cinéma, 6% d'écoles professionnelles comme la Fémis.

CNC : Centre National du Cinéma, de l’image animée et… de la musique?

Posté par redaction, le 19 novembre 2011

L’audio rejoint le visuel. Le lien entre entre musique et image se resserre. Après le rapport de Marc-Olivier Dupin (Compositeur et arrangeur, ancien directeur de la Musique à Radio France et de la chaine France Musique) sur « La musique à l'image : les enjeux d'une meilleure prise en compte de la musique dans la création cinématographique et audiovisuelle » rendu à Eric Garandeau (voir actualité du 25 juin sur cette mission), plusieurs modifications vont être apporté au Centre National du Cinéma et de l’image animée.

D’une part, la présence de personnalités issues de la sphère musicale sera encouragée dans les Commissions d’aides du CNC, pour que la musique soit prise en compte de manière systématique. D’autre part, des aides spécifiquement dédiées à la musique originale de film seront ouvertes au court métrage, à la création audiovisuelle et au jeu vidéo.

Pour ce faire, des liens étroits vont donc être établis avec la SACEM, l’UCMF (Union des Compositeurs de Musiques de Films), les orchestres symphoniques, les Ecoles supérieures de Cinéma et de Musique, les festivals, des associations françaises et internationales...

Marc-Olivier Dupin a formulé, dans son rapport, 25 préconisations, dans quatre domaines différents :
- le soutien à la formation et la pédagogie des cinéastes et des musiciens, dès le Lycée
- les aides à la composition et à la production de la musique pour l’image
- les conditions de l’optimisation des ressources musicales
- l’action culturelle

Cela permettrait de revaloriser la musique dans le film de cinéma, les oeuvres audiovisuelles et les jeux vidéos, jusqu’alors négligée et sous-estimée. Une évolution de plus pour le CNC, qui essaie d'englober l'ensemble de la chaîne, devenue plus que jamais pluridisciplinaire.

Pendant ce temps à Avignon, Nicolas Sarkozy a annoncé sa volonté de "mettre en place pour la musique un système qui s'apparente au système du Centre national du cinéma (CNC) pour le cinéma". Plusieurs questions se posent : les clips vidéos seront intégrés à quel centre? l'Etat ponctionnera-t-il une partie des recettes, comme le CNC? Avec une TVA en hausse, comment arrêter la chute des ventes et donc le déclin des recettes de ce secteur?

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Le rapport à télécharger format PDF

Les nouveaux horizons de StudioCanal

Posté par vincy, le 29 septembre 2011

StudioCanal, la filiale cinéma de Canal+ créée en 1986 sous le nom de Canal + production, a signé un accord avec le fonds d'investissement britannique Anton Capital Entertainment, dirigé par Sébastien Raybaud et Mark Field-Marsham, afin de produire une centaine de films sur trois ans. Ce "deal" permet à StudioCanal de recevoir 150 millions d'euros sur trois ans, ce qui concernera une centaine de films. StudioCanal alignera 350 millions d'euros. ACE financera donc environ 30% de chaque film international, avec une logique de partage complet des risques et des recettes. StudioCanal garde le pouvoir d'accorder ou non le feu vert aux films en développement.

La filiale de Canal + devient ainsi une "minimajor", un studio européen. Le studio pourra être plus réactif dans ses choix et facilitera l'acquisition de droits. La priorité reste le marché européen : il est présent sur les trois plus gros marchés, la France, le Royaume Uni et l'Allemagne.

StudioCanal devient donc l'Astérix de l'Empire hollywoodien avec une quarantaine de films produits par an (contre 15-25 pour chaque "major" américaine) et les deux tiers de ses revenus réalisés hors de France. La société devrait afficher une croissance de 10% cette année pour atteindre un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros. Sa rentabilité (14%) est exceptionnelle pour le secteur.

Le groupe mise sur une stratégie différente de celle des studios américains qui exploitent directement leurs contenus sur tous les supports, mais qui les obligent à produire des blockbusters coûteux avec des frais de distribution, d'exploitation et de marketings toujours plus élevés.

Olivier Courson, patron de la filiale de Canal +, veut développer principalement quatre styles de films : le cinéma indépendant international, le cinéma familial, les films de genre de qualité et la production locale événementielle (des films d'auteurs à budget moyen mais avec un potentiel populaire).

Une nouvelle stratégie très télévisuelle pour EuropaCorp

Posté par vincy, le 4 mai 2011

EuropaCorp, après une année de turbulences (résultats financiers contrastés, box office inégal, mouvements internes tumultueux), a dévoilé son plan d'actions stratégiques, à une semaine de l'ouverture du Marché du film de Cannes. La société de Luc Besson fête ses dix ans avec l'annonce de lourdes pertes mais aussi la sélection en compétition officielle de deux de ses films : The Tree of Life de Terrence Malick et La source des femmes de Radu Mihaileanu. De plus, la série télévisée XIII, d'après la bande dessinée de Jean Van Hamme et William Vance, a cartonné ce mois-ci sur Canal +. Certes, en salles, le box office est moins flamboyant : seulement 13e distributeur sur les 4 premiers mois de l'année. Mais depuis 12 mois, EuropaCorp a encaissé de belles recettes avec Les petits mouchoirs (5,4 millions d'entrées), Arthur 3 (3,1 millions d'entrées), L'homme qui voulait vivre sa vie (1,2 million d'entrées) et Un balcon sur la mer (1,04 million d'entrées). Des films français par des cinéastes plus auteurisants que populaires (si l'on excepte Luc Besson). Ceci dit, depuis le début de l'année, le distributeur n'a pu compter que sur Halal, police d'Etat (793 000 spectateurs).

Arrêts d'activité non stratégiques, mais lesquelles?

EuropaCorp vise donc un retour "à la profitabilité pour l’exercice 2011/2012, notamment porté par une gestion opérationnelle optimisée et un line-up dense et équilibré". Ça va plaire aux actionnaires. Pour cela, la société mise sur "une part croissante des Ventes Internationales (portées à 65% du Chiffre d’Affaires de 2014) et des activités présentant une forte récurrence (séries TV en franchise, catalogue, édition musicale) portées à 35% du Chiffre d’Affaires". La télévision est donc l'objectif principal de la croissance, puisque la production pour le petit écran devra doubler dans les trois prochaines années. Enfin, EuropaCorp veut poursuivre l'intégration verticale du groupe (la maîtrise de toute la chaîne si l'on préfère), "avec notamment une participation dans l’exploitation des plateaux de tournage de la Cité du Cinéma."

Cela entraîne quelques changements internes avec une nouvelle "organisation transversale par métier (Ventes, Marketing, Opérations, Licences et live Entertainment)." Plus flou : le rapport entre investissements dans la production et les objectifs de rentabilité. On comprend bien que le producteur souhaite sécuriser le financement de ses films (préfinancement à l'international, maîtrise des coûts de fabrication) mais comment interpréter la volonté d'arrêter les activités non stratégiques. De quelles activités parle-t-on?

EuropaCorp a donc fixé cinq objectifs stratégiques d'ici à 2014 : poursuivre le développement international, et notamment installer un bureau de représentation en chine et consacrer au moins 30% de son programme à des films en langue anglaise ; diversifier les sources d’approvisionnement et construire un programme de 15 à 20 films par ans adaptés à la demande, y compris du grand spectacle en 3D ; accroitre significativement l’activité Production Télévisuelle, y compris dans le cadre de co-productions internationales ; continuer les actions prioritaires comme la Cité du cinéma et créer un studio 3D/VFX (effets spéciaux) ; valoriser la VOD.

EuropaCorp ou "la stratégie personnelle de Luc Besson"

Ce plan stratégique a été élaboré par le nouveau directeur général, Christophe Lambert, ancien publicitaire et proche du pouvoir politique actuel. Il était d'autant plus attendu que le départ de Pierre-Ange Le Pogam, ex-numéro 2 de l'entreprise et ami de Besson, avait alimenté une campagne médiatique assez violente. Le Pogam accusait son ancien associé d'être "dans une stratégie personnelle", se plaignant d'avoir été mis à l'écart de plusieurs décisions. Il évoquait "un climat de terreur" au sein des collaborateurs, une société où "l'on parle de moins en moins de films, de plus en plus de stratégies de marques". A propos de Christophe Lambert, il disait : "il a surtout la réputation d'être brutal; ce n'est pas ma culture".

Outre Lambert, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, Besson a recruté Emmanuelle Mignon comme Secrétaire générale d'EuropaCorp, elle-même ancienne conseillère auprès du Président de la République.

Lauréats 2010 de la Fondation Groupama Gan pour le cinéma : la relève est assurée !

Posté par MpM, le 2 mars 2011

laureatsDepuis 1987, la Fondation Groupama Gan pour le cinéma soutient et accompagne chaque année plusieurs jeunes cinéastes dans l'élaboration et la réalisation de leur premier long métrage. Les lauréats reçoivent une aide financière à la production (60 000 € pour le producteur, 7500 € pour le réalisateur) et bénéficient du label de la Fondation, synonyme de sérieux et de qualité.

Un coup de pouce qui peut devenir un véritable tremplin, à une époque où monter des projets ambitieux et confidentiels tient du parcours du combattant. Les producteurs présents lors de la soirée de présentation des Lauréats 2010 ont d'ailleurs souligné le rôle primordial joué par la Fondation. "C'est un encouragement plus grand que vous ne l'imaginez", a ainsi déclaré le producteur Jacques Bidou (JBA Productions), avouant qu'il est "de plus en plus difficile de soutenir ce genre de projets". Pour Jean des Forêts (Petit Film) c'est un '"engagement décisif" qui permet l'entrée en production.

Les six projets  retenus pour 2010 (parmi les 150 reçus) viennent du monde entier et abordent chacun à sa façon la réalité sociale de son pays. Il y a ainsi une jeune fille ouzbek qui a refusé d'épouser celui que ses parents avaient choisi pour elle, une jeune femme iranienne qui découvre par hasard la situation difficile de deux immigrés des quartiers pauvres ou encore un jeune Bédouin accusé de trahison parce qu'il travaille pour les Israéliens. Des destins douloureux qui reflètent les enjeux majeurs des sociétés contemporaines : poids des traditions, sort des minorités, changements historiques...

Et même si ces films n'existent pas encore (à l'exception du film français, Après le sud de Jean-Jacques Jauffret, et du film bédouin, Le poste Sud-Est d'Ami Livne, terminés depuis peu), on a déjà très envie de les voir, ne serait-ce qu'à cause des yeux brillants de leurs futurs réalisateurs, et de la passion qui couve dans leur voix lorsqu'ils en parlent. Ca tombe bien, 75% des films lauréats de la Fondation sortent moins de deux ans après le dépôt du scénario : quelle meilleure manière de prendre le relais de ce lent processus d'accompagnement et de soutien que d'aller les voir en salles ?

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Les lauréats 2010

- Massoud Bakhshi (Khorramshahr) - Iran
- Bani Khoshnoudi (Ziba) - Iran
- Alexandra Gulea (L'enfant des mines) - Roumanie (photo de droite)
- Saodat Ismailova (40 jours de silence) - Ouzbékistan
- Jean-Jacques Jauffret (Après le sud) - France
- Ami Livne (Le poste Sud-Est) - Israël (photo de gauche)

La plus ancienne société de production française change de mains

Posté par vincy, le 13 janvier 2011

La Compagnie lyonnaise de cinéma, considérée comme l'une des plus anciennes sociétés de production cinématographique française, a changé de propriétaire. Fondée en 1936, la famille Charrier avait décidé de la céder à la mort de Daniel Charrier, son directeur, il y a quelques mois. Reprise par la nouvelle société Tangaro (Sabrina Azoulay, ancienne directrice de Paris Première, et Jean-François Boyer, producteur essentiellement de téléfilms comme Un village français), la CLC produit principalement des films pour la télévision (1 million d'euros de chiffre d'affaires) mais aussi des courts-métrages, des documentaires et des captations de spectacle vivants. Le catalogue comprend 10 longs (notamment un Jean-Pierre Améris et deux Georges Lautner), 29 courts et 425 docus.