Après Venise, « Tempête » séduit le jury du Festival de Namur

Posté par vincy, le 10 octobre 2015

Le 30e Festival International du Film Francophone de Namur s’est clôturé par la cérémonie de remise des Bayards d’Or et la projection de Je suis à vous tout de suite, le premier long métrage de Baya Kasmi.

Le jury, présidé par Olivier Gourmet, a vu 15 films en compétition pour établir son palmarès.

Tempête de Samuel Collardey, qui avait déjà créé la surprise au Festival de Venise le mois dernier, a reçu le Bayard d'or du meilleur film (et le Bayard d'or du meilleur comédien).

Tempête est l'histoire de Dom, trentenaire, est matelot à bord du Petit Gaël II, un bateau de pêche du port des Sables d'Olonne qui fait des campagnes de trois semaines en haute mer. Depuis son divorce, il y a un an, sa fille Mailys et son fils Mattéo ont préféré habiter avec lui malgré ses absences. Quand Mailys tombe enceinte, Dom comprend qu'il doit choisir.

Passé par La Fémis, Samuel Collardey a travaillé pour la télévision et comme chef opérateur sur de nombreux courts métrages. En 2005, son film de fin d’études, Du soleil en hiver avait reçu le prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, le prix spécial du jury à Clermont-Ferrand et le Bayard d’or du Meilleur court métrage à Namur. Trois ans plus tard, il réalise L’Apprenti qui remporte le Prix spécial du Jury ainsi que le Bayard d’or de la Meilleure première œuvre. Le film remporte également le Prix Louis-Delluc du premier film ainsi que le Prix de la Semaine de la critique à la 65ème Mostra de Venise. Tempête, son troisième film, a été présenté en première mondiale dans la section « Orizzonti » de la dernière Mostra de Venise. Il y a remporté le prix d'interprétation dans la section Orizzonti, pour Dominique Leborne, qui joue là son propre rôle pour sa première apparition au cinéma. Le film est prévu dans les salles en février 2016.

Palmarès

Prix spécial du jury: Our City de Maria Tarantino
Mention spéciale: Welcome Home de Philippe De Pierpont
Bayard d'or du meilleur scénario: Philippe Claudel (Une enfance)
Bayard d'or de la meilleure photographie: Marius Panduru (Aferim ! de Radu Jude)
Bayard d'or de la meilleure comédienne: Loubna Abidar (Much Loved de Nabil Ayouch)
Bayard d'or du meilleur comédien: Dominique Leborne (Tempête de Samuel Collardey)

Le Jury Emile Cantillon, composé de jeunes de 18 à 25 ans, est en charge du palmarès concernant les premières œuvres de fiction présentées dans le cadre du Festival.

Bayard d’Or de la Meilleure première œuvre de fiction: A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid
Prix Découverte: Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore
Mention spéciale: Le Nouveau de Rudi Rosenberg

D'autres prix sont remis dans le cadre du festival. Notons que le Prix du Public Long Métrage Fiction – Ville de Namur est allé au film de Rudi Rosenberg, Le nouveau, deux semaines après son prix du meilleur nouveau réalisateur à San Sebastian.

Le palmarès intégral

Showeb 2015: les distributeurs donnent un avant-goût des films de 2016

Posté par cynthia, le 10 octobre 2015

Aux USA, il y a la Comic-con qui permet aux journalistes et même aux particuliers de voir des trailers inédits ou des scènes de films qui ne sortiront pas avant l'année suivante. Les journalistes de la toile et autres bloggeurs français ont le Showeb, les invités de renoms en moins, organisé par le magazine professionnel Le Film Français.

Universal en champion

L'équipe d'Universal nous a bien mis en bouche avec un clip retraçant leurs succès de cette année avec en tête Les minions, Cinquante nuances de Grey et Jurassic World. leader de l'année, le studio célèbre des recettes mondiales record et, en France, un box office hors du commun.

Juste après cet amuse gueule, les exclus ont déferlé: la bande annonce complète de Steve Jobs avec un Michael Fassbender en course pour l'Oscar et celle de The Danish Girl avec Eddie Redmayne et Alicia Vikander (Agents très spéciaux, Ex-Machina). Nous avons eu le temps de rire avec les images de Comme des bêtes (en salles le 27 juillet 2016) avant d'être frustré devant un clip retraçant la carrière des frères Cohen, transition pour leur film Hail, Caesar avec Georges Clooney et Scarlett Johansson, entre autres. La bande-annonce est en ligne depuis hier et ça promet un joyeux délire.

Dans la grande salle du Gaumont Marignan, l'acteur Philippe Lacheau nous a mis aussi l'eau à la bouche en venant nous vendre son Babysitting 2 torse nu. Monsieur est sacrément bien foutu au point que des confrères ont hurlé «à POIL!» dans la salle. Du calme...du calme! Mais c'est vrai qu'on on aurait aimé un peu plus d'audace.... Ce calme nous l'avons littéralement perdu (surtout les geeks présents) devant les 7 premières minutes de... ah zut c'est vrai on a rien droit de dire à ce sujet... mais en tout cas ça valait le coup d'oeil.

Disney en terrain conquis

Le temps d'une pause pipi et d'un kidnapping du portable et Disney est rentré dans la salle avec leurs surprises. Nous nous sommes réjouis devant les images de Captain America: Civil War (27 avril) à croire que les héros Marvel s'améliorent chaque année (un peu comme la plastique de Chris Evans). Autre plaisir pour les fans de Marvel un petit storyboard pour Doctor Strange (Octobre 2016), mais aussi un fou rire avec une date pour le prochain et dernier (ouf!) film Violetta (le 4 mai prochain partez loin de vos enfants). Aucune image de plus pour Star Wars mais une scène inédite à mourir de rire (sérieusement on en a pleuré) pour Zootopie, le prochain film d'animation de Disney (Février 2016).

SND mise sur les salopards

Nous avons aussi tremblé grâce à SND et la longue bande annonce du prochain Quentin Tarantino, Les 8 salopards, qui s'annonce être une véritable bombe. Le groupe français, filiale de M6, nous a aussi annoncé qu'il distribuerait le La la land de Damien Chazelle avec Emma Stone et Ryan Gosling (Miles Teller et Emma Watson ayant été écartés du projet à la dernière minute) ainsi que deux films coup de poing avec Gerard Butler: La chute de Londres, suite de celle de la Maison Blanche, et Gods of Egypt.

De McDo à Gallienne

EuropaCorp a également présenté son line-up. Entre un thriller politique avec Jessica Chastain, le biopic du créateur de McDo (oui vous avez bien lu), une comédie de chat avec Kevin Spacey, un thriller avec Ryan Gosling et Russell Crowe prévu pour la période cannoise, le groupe français a bien titillé note curiosité.

De son côté StudioCanal a décidé de faire un grand plouf avec A bigger Splash, ''un remake'' de Swimming Pool avec Matthias Schoaenaerts, Tilda Swinton, Raph Fiennes et Dakota Johnson (la soumise de Grey).

Côté film sensuel, la France aussi se montre talentueuse avec Éperdument où Adèle Exarchopoulos succombe au charme de Guillaume Galienne... Oui nous aussi nous avons ouvert la bouche en voyant le casting mais la bande annonce vend du rêve érotique, même avec Guillaume Galienne (ça doit être la barbe de quelques jours qui ajoute un côté sexy au personnage).

Pour l'amour, c'est Bac Film qui nous a fait le plus rêver avec Free Love: une love story sous fond de maladie incurable entre Ellen Page et Julianne Moore.

Pour l'humour français, Éric Judor est venu défendre sa suite de La Tour infernale en espérant faire mieux que Star Wars (l'espoir fait vivre). Tandis que l'équipe de Gaumont nous a matraqué d'images du prochain film des Kaira (oui...oui...) nommé Pattaya (24 février) qui a l'air drôle, au moins en format court! Mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tuée...

Verdict de la journée: les exclus, l'ambiance, la nourriture et les guest, tout était parfaitement huilé pour qu'on se croit à un congrès des exploitants et pour que les buzzers du web contribuent à la promo des films.

Mais par curiosité, nous nous sommes décidés à demander une accréditation pour la prochaine Comic-Con de San Diego... juste pour voir la différence!

81 films dans la course pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 9 octobre 2015

oscars81 pays (deux de moins que l'an dernier) sont en course pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Pour la première fois, le Paraguay présente un film.
La Chine a changé de candidat. Initialement ce devait être Le dernier Loup de Jean-Jacques Annaud.
Peu de grands pays sont absents. Le Nigéria a annoncé qu'il n'avait pas de candidat correspondant aux critères qualitatifs "pour gagner". L'Ukraine a un souci administratif et a demandé un délai pour soumettre leur candidat.

La 88e cérémonie des Oscars aura lieu le 28 février 2016. Les nominations seront annoncées le 14 janvier.

Voici la liste complète fournie par l'Académie.

Afrique

Afrique du sud: Thina Sobabili: The Two of Us, d'Ernest Nkosi (premier film)
Algérie: Crépuscule des ombres, de Mohamed Lakhdar Hamina
Côte d'Ivoire: Run, de Philippe Lacôte (Un certain regard 2014)
Ethiopie: Lamb, d'Yared Zeleke (Un certain regard 2015)
Maroc: Aida, de Driss Mrini

Amériques

Argentine: El Clan, de Pablo Trapero (Ours d'argent de la mise en scène, Venise 2015)
Brésil: Une seconde mère, d'Anna Muylaert (Prix du public section Panorama Berlin 2015, Prix spécial du jury Sundance 2015)
Canada: Félix et Meira, de Maxime Giroux (Toronto 2014, San Sebastian 2014)
Chili: El Club, de Pablo Larraín (Grand prix du jury Berlin 2015)
Colombie: L'étreinte du Serpent, de Ciro Guerra (Prix CICAE, Semaine de la critique 2015)
Costa Rica: Presos (Imprisoned), d'Esteban Ramírez
Guatemala: Ixcanul, de Jayro Bustamante (Prix Alfred Bauer Berlin 2015)
Mexico: 600 Miles, de Gabriel Ripstein (Prix du meilleur premier film Berlin 2015)
Paraguay: El tiempo nublado (Cloudy Times), d'Arami Ullón (documentaire)
Pérou: NN, d'Héctor Gálvez
République Dominicaine: Les dollars des sables, de Laura Amelia Guzmán, Israel Cárdenas
Uruguay: Una noche sin luna (A Moonless Night), de Germán Tejeira (Meilleur film étranger Zurich 2014)
Venezuela: Dauna. Lo que lleva el río (Gone with the River), de Mario Crespo

Asie

Afghanistan: Utopia, d'Hassan Nazer
Bangladesh: Jalal’s Story, d'Abu Shahed Emon (Pusan 2014)
Cambodge: The Last Reel, de Sotho Kulikar (Tokyo 2014)
Chine: Go Away Mr. Tumor, de Han Yan
Corée du sud: Sado (The Throne) de Lee Joon-ik
Hong Kong: Po Feng (To the Fore), de Dante Lam
Inde: Court de Chaitanya Tamhane (Prix Luigi de Laurentis du premier film, Prix Orizzonti du meilleur film, Venise 2014)
Irak: Memories on Stone, de Shawkat Amin Korki (Meilleur film arabe Abu Dhabi 2014)
Iran: Muhammad: The Messenger of God, de Majid Majidi
Israel: Baba Joon, d'Yuval Delshad (5 "Oscars" israéliens, dont meilleur film, Toronto 2015)
Japon: Hyakuen no koi (100 Yen Love), de Masaharu Take (Tokyo 2014)
Jordanie: Theeb, de Naji Abu Nowar (Prix FIPRESCI Abu Dhabi 2014, Meilleur réalisateur Orizzonti Venise 2014)
Kazakhstan: Stranger, d'Ermek Tursunov (Toronto 2015)
Kirghizistan: Sutak (Heavenly Nomadic), de Mirlan Abdykalykov (Karlovy Vary 2015)
Liban: Void, de Naji Bechara, Jad Beyrouthy, Zeina Makki, Tarek Korkomaz, Christelle Ighniades, Maria Abdel Karim, Salim Haber
Malaisie: Men Who Save the World, de Liew Seng Tat (Locarno 2014)
Nepal: Talakjung vs Tulke, de Basnet Nischal
Pakistan: Moor, de Jami (Pusan 2015)
Palestine: Les 18 fugitives, d'Amer Shomali, Paul Cowan (documentaire animé, Meilleur film documentaire arabe Abu Dhabi 2014)
Philippines: Heneral Luna, de Jerrold Tarog
Singapour: 7 Letters, de Royston Tan, Kelvin Tong, Eric Khoo, Jack Neo, Tan Pin Pin, Boo Junfeng, K. Rajagopal (Pusan 2015)
Taiwan: The Assassin, d'Hou Hsiao-hsien (Prix de la mise en scène Cannes 2015)
Thaïlande: How to Win at Checkers (Every Time), de Josh Kim (premier film)
Turquie: Sivas, de Kaan Müjdeci (Prix spécial du jury, Venise 2014)
Vietnam: Jackpot, de Dustin Nguyen

Europe

Albanie: Bota, d'Iris Elezi, Thomas Logoreci (Karlovy Vary 2014)
Allemagne: Le Labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli (Prix du public Les Arcs 2014)
Autriche: Goodnight Mommy, de Veronika Franz, Severin Fiala (Venise 2014, Grand prix Sitges 2014)
Belgique: Le tout nouveau Testament, de Jaco Van Dormael (Quinzaine des réalisateurs 2015)
Bosnie-Herzegovine: Our Everyday Story, d'Ines Tanovic (Montréal 2015)
Bulgarie: The Judgment, de Stephan Komandarev
Croatie: Soleil de plomb, de Dalibor Matanic (Prix du jury Un certain regard 2015)
Danemark: A War, de Tobias Lindholm (Venise 2015, Zurich 2015)
Espagne: Loreak (Flowers), de Jon Garaño, Jose Mari Goenaga (San Sebastian 2014)
Estonie: 1944, d'Elmo Nüganen (Berlin 2015)
Finlande: The Fencer, de Klaus Härö (Munich 2015)
France: Mustang, de Deniz Gamze Ergüven (lire aussi Pourquoi Mustang est un très bon choix pour les Oscars 2016)
Géorgie: Moira de Levan Tutberidze (San Sebastian 2015)
Grèce: Xenia, de Panos H. Koutras (Un certain regard 2014)
Hongrie: Le fils de Saul, de László Nemes (Grand prix du jury Cannes 2015)
Irlande: Viva, de Paddy Breathnach (Telluride 2015)
Islande: Rams (Béliers), de Grímur Hákonarson (Prix Un certain regard 2015)
Italie: Non essere cattivo (Don’t Be Bad), de Claudio Caligari (7 prix à Venise 2015)
Kosovo: Babai, de Visar Morina (Meilleur réalisateur Karlovy Vary 2015)
Lettonie: Modris, de Juris Kursietis (San Sebastian 2014, Toronto 2014)
Lituanie: Summer, d'Alanté Kavaïté (meilleur réalisation Sundance 2015)
Luxembourg: Baby (A)lone, de Donato Rotunno
Macédoine: Honey Night, d'Ivo Trajkov
Montenegro: You Carry Me, de Ivona Juka (Karlovy Vary 2015)
Norvège: The Wave (La Vague), de Roar Uthaug (Toronto 2015)
Pays-Bas: The Paradise Suite, de Joost van Ginkel (Toronto 2015)
Pologne: 11 Minutes, de Jerzy Skolimowski (Venise 2015)
Portugal: Les 1001 nuits – Volume 2: le désolé, de Miguel Gomes (Quinzaine des réalisateurs 2015, Meilleur film Sydney 2015)
République Tchèque: Home Care, de Slavek Horak (Karlovy Vary 2015)
Royaume Uni: Under Milk Wood, de Kevin Allen (Edimbourg 2015)
Roumanie: Aferim!, de Radu Jude (Meilleur réalisateur Berlin 2015)
Russie: Sunstroke, de Nikita Mikhalkov (Shanghai 2015)
Serbie: Enclave, de Goran Radovanovic (Prix du public Moscou 2015)
Slovaquie: Koza (Goat), d'Ivan Ostrochovský (Berlin 2015)
Slovénie: The Tree, de Sonja Prosenc (Karlovy Vary 2014)
Suède: Un pigeon sur une branche philosophait sur l'existence, de Roy Andersson (Lion d'or Venise 2014)
Suisse: Iraqi Odyssey, de Samir (documentaire, Abu Dhabi 2014, Berlin 2015)

Océanie

Australie: Arrows of the Thunder Dragon, de Greg Sneddon

Cinespana 2015 : El gran vuelo de Carolina Astudillo

Posté par MpM, le 8 octobre 2015

El gran VueloPrix du meilleur documentaire au dernier festival de Malaga, El gran vuelo de Carolina Astudillo fait partie de la sélection « Politique et société » du 20e festival Cinespana, qui propose un regard acéré sur le passé et le présent de l’Espagne. Aux côtés d’œuvres plus ancrées dans l’actualité, traitant de thématiques comme la corruption au cœur du système politique et judiciaire espagnol ou la lutte d’associations engagées contre les expulsions immobilières, El gran vuelo s’avère un étonnant objet cinématographique, à mi-chemin entre la recherche expérimentale, le portrait saisissant et le constat amer des nombreux échecs des luttes politiques passées.

Au centre du film, il y a la mystérieuse Clara Pueyo Jornet, militante du Parti communiste qui prit part à la guerre civile et s’échappa des geôles franquistes dans les premières années de la dictature avant de disparaître à jamais. De cette femme, figure centrale de la résistance en Catalogne à la jonction entre les années 30 et 40, on ne sait presque rien. Très peu d’images subsistent d’elles, et les rares témoignages à son égard sont flous et inconsistants. C’est presque à la rencontre d’un fantôme que part Carolina Astudillo.

Munie d’une poignée de photographies usées et de quelques lettres confisquées, la jeune cinéaste reconstitue dans leurs grandes lignes les années charnières de l’existence de son personnage, détaillant les photos jusqu’à les rendre floues, s’accrochant aux moindres informations distillées dans les documents en sa possession. Sa grande intelligence est d’avoir transformé la faiblesse de son propos (le manque cruel d’éléments) en une formidable idée de cinéma.

el gran vueloPuisqu’elle ne peut montrer des images animées de Clara, elle les suggère en utilisant des films amateurs de l’époque, où d’autres fillettes, puis des jeunes femmes, connaissent les mêmes expériences : première communion, jeux, travail… Le rythme hypnotisant des images, le noir et blanc granuleux, la musique lancinante et parfois même dissonante contribuent à donner de Clara une impression fantomatique et au fond insaisissable. Il faudra, et c’est devenu rare de nos jours, se contenter de ces bribes, et renoncer à savoir ce qu’il est advenu de la jeune femme après qu’on a perdu sa trace.

Carolina Astudillo transforme alors son personnage en allégorie d’une époque et d’un engagement. A travers le portrait en creux de Clara, c’est celui de l’Espagne révolutionnaire des années 30 et 40 qu’elle esquisse. Elle dit l’impossible émancipation féminine, même au sein du mouvement républicain, les difficultés à s’aimer librement dans une société entièrement corsetée par la religion catholique, la guerre qui envahit tout, même les jeux des enfants. Elle propose également une passionnante réflexion sur l’image et l’absence d’image, la manière dont sont filmés les corps en fonction des époques et des milieux : corps niés des bonnes d’enfants, corps faussement glamour des prisonnières…

On ne peut évidemment s’empêcher de dresser un parallèle entre ces luttes d’autrefois et celles d’aujourd’hui, qui font dans une certaine mesure appel aux mêmes instincts. Il y a d'ailleurs quelque chose d’éminemment pessimiste dans El gran vuelo, donnant l’impression que l’engagement personnel est un acte violent et destructeur, souvent mal compris et difficile à mener à bien. C’est l’une des interprétations possibles de la disparition mystérieuse de Clara Pueyo après son évasion réussie de la prison de Barcelone, où elle attendait d’être exécutée. On sent dans ses dernières lettres une usure et une lassitude, presque un renoncement. S’il ne dissipe pas le mystère, ce portrait ténu et audacieux ravive avec justesse et subtilité la mémoire de cette combattante qui a volontairement choisi l'oubli, non par renoncement envers ses idéaux, mais au contraire par fidélité absolue.

Martin Scorsese s’affiche dans une station de métro de Paris

Posté par vincy, le 8 octobre 2015

Martin Scorsese est partout. A la Cinémathèque française dès la semaine prochaine, avec une grande exposition qui lui est consacrée, au Festival Lumière où il recevra demain vendredi 16 octobre un Prix pour l'ensemble de sa carrière... et dans une station de métro parisienne. Alma-Marceau, ligne 9, accueillera du 12 au 18 octobre sur ses 103 emplacements publicitaires et promotionnels des photos de Taxi Driver, Les Affranchis, Casino, Shutter Island et Le Loup de Wall Street, ainsi que des créations graphiques reprenant des répliques cultes de ces films comme "You talkin' to me" ou "What do you mean I'm funny?".

Mardi 13 octobre, sur la page Facebook de la RATP, un concours permettra aux fans de gagner des places pour l'exposition l'un des nombreux lots (catalogue, BOF...).

Un acteur de Green Lantern pour réaliser le troisième Thor ?

Posté par cynthia, le 8 octobre 2015

Le blondinet aux tablettes de chocolat et au marteau ravageur aurait trouvé son réalisateur pour ses troisièmes aventures. Alors que le très attendu Captain America 3: Civil War s'apprête à sortir (27 avril 2016), le troisième opus de Thor, intitulé Thor: Ragnarok (on va s'amuser aux caisses de cinéma) devrait être réalisé par Taika Waititi. Marvel Studios est actuellement en négociations avec le cinéaste néo-Zélandais.

Le réalisateur n'est pas un habitué des blockbusters - mais rappelons que Les Gardiens de la Galaxie était filmés par James Gunn et Ant-man était réalisé par Peyton Reed. A 40 ans, il a réalisé quelques films: A chacun sa chacune (2007), Boy (2010, Prix du public à Sydney, Grand prix jeunesse à Berlin et sélectionné à Sundance), et la comédie horrifique What We Do in the Shadows/ Vampires en toute intimité (2014, Prix du public séances de minuit à Toronto). il avait reçu une nomination aux Oscars pour son court métrage Two Cars, One night en 2005. Plus étonnant, on l'a aussi vu en tant qu'acteur dans Green Lantern (2011) dans le rôle de Tom Kalmaku. Né en 1975, le réalisateur-scénariste-comédien-producteur est né d'un père Maori et d'une mère de confession judaïque, prenant parfois le nom de sa mère (Cohen) pour certains projets. Avant de se lancer dans la réalisation, il avait formé un duo d'humoristes avec Jemaine Clement, qui fut très populaire dans les années 90 en Nouvelle-Zélande.

Le scénario de Thor: Ragnarok est signé de Craig Kyle (les séries "Les quatre fantastiques", "Wolverine et les X-Men", "Iron Man: Armored Adventures") et Christopher Yost (Thor 2, Max Steel, et plusieurs séries Marvel). Chris Hemsworth, Tom Hiddleston et Jaimie Alexander sont confirmés au générique du film prévu en salles fin octobre 2017.

Les deux premiers épisodes - Thor et Thor, le monde des ténèbres - ont rapporté 1,1 milliard de dollars de recettes dans le monde.

Dinard 2015 : 3 questions à Stephen Fingleton

Posté par MpM, le 7 octobre 2015

the survivalist

Présenté hors compétition, The survivalist était probablement le meilleur film de cette 26e édition du Festival de Dinard. Ce premier long métrage perpétuellement sur le fil, qui flirte à la fois avec ultra-réalisme et fantastique onirique, se déroule dans une période terrible de famine et de pillages et suit le quotidien d'un homme qui survit seul en se protégeant de toute intrusion extérieure.

Il s'agit d'une oeuvre forte, violente et intense qui décortique le mécanisme fragile des rapports humains et propose une version minimaliste et épurée du film de survie post-apocalyptique. Un long métrage envoûtant qui n'a pas (encore) de distributeur, mais qu'il serait impossible de ne pas découvrir prochainement en France.

En attendant, nous avons rencontré son réalisateur Stephen Fingleton, présent à Dinard.

Ecran Noir : Comment est née l'idée du film ?

stephen fingletonStephen Fingleton : Je voulais imaginer une relation entre un homme et une femme dans un monde sans argent. J’ai donc conçu une relation transactionnelle entre un homme et une femme qui reposerait sur un échange nourriture contre sexe. J’ai réalisé que les relations seraient exactement du même type que celles qui existent aujourd’hui, basées sur le besoin, la manipulation… et, que quelque part en cours de route, elles se transformeraient en amour.

EN : Donc au départ, vous n’aviez pas particulièrement dans l’idée de faire un film de survie ?

SF : En fait, j’ai combiné deux idées différentes : d’abord, j’ai réfléchi à la manière dont j’essaierais de survivre si les ressources dont nous dépendons venaient à disparaître face à une croissance trop importante de la population. J’ai imaginé la stratégie que j’adopterais et certains choix du Survivant reflètent les miens. Ensuite, cela s’est combiné à quelque chose de plus personnel qui est une analyse de la « politique du sexe » et d’une certaine manière une analyse de ma propre sexualité. Je veux parler de notre capacité à subvenir aux besoins de l’autre en tant que partenaire. C’est un facteur-clef dans de nombreuses relations. Prenez l’exemple de certains hommes qui ont réussi, qu’on ne considère pas comme spécialement attirants, et qui ont des femmes plus jeunes et plus jolies. Cela reflète les déséquilibres des positions sociales. Quand vous êtes avec quelqu'un qui n’est pas intéressé par vous mais par quelque chose que vous avez ou que vous représentez. J’avais envie de présenter quelqu'un qui veut ce type de relation.

EN : Comment avez-vous travaillé avec les acteurs ?

SF : Il y a eu des moments extraordinaires sur le tournage. Une alchimie parfaite entre les acteurs. Par exemple, la scène où la jeune femme rase le personnage masculin. La scène de massage. La conversation entre les deux femmes, quand elles se demandent si elles vont le sauver ou pas. Nous avons seulement filmé cette scène une fois. Une prise, deux caméras. Le dialogue, puis elles rentrent à l’intérieur, la caméra les suit et elles vont le retrouver. Je vois ce que font les acteurs et je les suis. Nous avions très peu de temps pour tourner car c’est un film à petit budget. Tout devait être fait dans la précipitation. La seule chose pour laquelle je n’ai pas économisé mon temps, c’est pour le travail avec les acteurs. La seule manière de faire était de parler avec eux. J’ai énormément parlé. On a passé tout le week-end à parler des scènes avec chacun. Le plus grand challenge, c’était probablement Martin [McCann] qui n’était pas à l’aise avec les scènes de nudité. Mais quand on les a tournées, il y avait une intensité qui m’a marquée. Je m’en souviendrai toujours.

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Les fondus de la Terre brûlée envahissent les écrans: Keep calm et affronte les zombies !

Posté par wyzman, le 7 octobre 2015

Les zombies sont partout. Voilà notre première pensée à la sortie de la projection de La Terre Brûlée - le second volet de la saga Le Labyrinthe. Les plus pessimistes argueront que c'est un beau foutoir quand les autres noteront les différentes inspirations (honorables) du film. Mais cela ne résout pas notre problème : pourquoi voit-on des zombies partout ? Et ne nous dites pas que cela vous a échappé. De Resident Evil à World War Z, de The Walking Dead à Z Nation en passant par Les Revenants ou encore iZombie, nos salles de cinémas et nos téléviseurs sont désormais envahis de mort-vivants. Et même une saga comme Le Labyrinthe n'a pu passer outre le phénomène !

Dans ce nouveau film porté par Dylan O'Brien (Teen Wolf) et adapté très très très librement du roman de James Dashner, un groupe d'adolescents poisseux (mais toujours propres malgré l'absence évidente d'hygiène quotidienne) fuit une organisation dangereuse (forcément) et tente de trouver refuge dans univers qui lui est fortement hostile. Ces ados doivent ainsi traverser un monde post-apocalyptique transformé en désert et survivre à des attaques de mort-vivants. Si ici les créatures ne s'appellent pas "zombies" mais "fondus", le concept reste le même que celui exploité dans les œuvres citées plus haut : les fondus en ont après les humains en bonne santé et possèdent une force considérable. Ils peuvent contaminer les êtres sains d'un seul coup de griffe ou d'une simple morsure. Sans vous dévoiler quoi que ce soit de l'intrigue de ce blockbuster à 60M$, impossible de masquer pour autant une certaine gêne. Pourquoi faut-il qu'il y ait des zombies partout ? Pourquoi le phénomène ne semble pas prêt de s'arrêter ?

Et la réponse est simple : la peur de l'autre. De manière simpliste, certains diront que le zombie est une forme de changement raté, de métissage biologique qui a foiré. Mais c'est plus que faux ! Les zombies qui arpentent tous ces programmes audiovisuels ont tendance à faire resurgir l'instinct de survie des protagonistes mais également une certaine notion de fatalité - dans la mesure où un humain infecté est déjà mort sur le papier ! Plus encore, les zombies semblent aller de pair avec l'idée qu'il n'y a rien de pire qu'une menace qui vient de nos proches. Pas étonnant donc que dans la série Fear The Walking Dead (le spin-off en forme de prequel de The Walking Dead), les zombies ne s'appellent pas (encore) des "zombies" mais des "infectés". Et l'idée est là. Très vite, la famille centrale se retrouve contrainte de tuer ses propres voisins pour espérer rester en vie en attendant de comprendre ce qui se passe. Et tout y est. Peur de l'autre : check. Instinct de survie : check. Menace proche : check.

Et pour ceux qui se le demanderaient : non, la présence de zombies n'enlève rien au charme léger du second volet du Labyrinthe (qui se perd quand même dans son scénario). Parce qu'il y a toujours été question d'expérimentations faites sur l'homme et de la destinée d'un personnage en pleine maturité (Thomas, dont les hormones le conduisent à rêver d'un bisous : pour le dépucelage, on verra plus tard), La Terre Brûlée se regarde avec un certain plaisir (coupable). Qui plus est, nous ne devrions pas attendre longtemps avant que quelqu'un ne réalise que cette saga en dit autant sur les adolescents d'aujourd'hui et leur rapport au monde extérieur que Hunger Games (la plus réussie des franchises "youth adult") et The 100. Les ados doivent survivre à des adultes corrompus (les fondus) autant qu'à un système où l'élite les exploite (l'entité WICKED), tout en essayant de trouver leur place dans un monde qui n'a rien d'accueillant. Passons sur les défauts de l'oeuvre cinématographiques, La terre brûlée s'approche de ces deux œuvres contemporaines que sont Hunger Games et The 100 en rendant la valeur métatextuelle supérieure au scénario. Comme chez les Wachowski. Mais eux, n'ont pas encore fait appel aux zombies pour traduire nos peurs les plus primitives.

Tom Hanks incarne le pilote héroïque Sully pour Clint Eastwood

Posté par vincy, le 6 octobre 2015


La Warner a annoncé le démarrage du tournage de Sully, le nouveau film de Clint Eastwood, avec Tom Hanks en vedette. C'est la première fois que l'acteur est filmé par le cinéaste.

Inspiré d'une histoire vraie, le film, annoncé en juin dernier, suit le commandant "Sully" Sullenberger, responsable le 15 janvier 2009 du "miracle sur l'Hudson" : celui-ci avait réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully était salué par l'opinion publique et les médias pour son exploit inédit dans l'histoire de l'aviation, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière.

Aux côtés de Hanks, Eastwood a enrôlé Aaron Eckhart dans le rôle du copilote de Sully, Jeff Skiles, et Laura Linney dans celui de l'épouse de Sully et Lorraine Sullenberger.

Le scénario de Todd Komarnicki est adapté du livre Highest Duty: My Search for What Really Matters de Sullenberger et Jeffrey Zaslow.

Le tournage a démarré lundi 28 septembre à New York, où s'est produit l'amerrissage qui a immédiatement fait de Sully un héros populaire. Le tournage aura également lieu en Caroline du Nord, à Atlanta et Los Angeles. Pour l'instant Warner Bros n'a prévu aucune date de sortie.

Tom Hanks sera à l'affiche du Pont des espions, de Steven Spielberg, en décembre. On le verra ensuite dans Ithaca de Meg Ryan, Un Hologramme pour le roi de Tom Tykwer, Inferno de Ron Howard et The Circle de James Ponsoldt.

Chantal Akerman (1950-2015) déménage là-bas…

Posté par vincy, le 6 octobre 2015

Libération a annoncé ce mardi 6 octobre le décès de la cinéaste belge Chantal Akerman à l'âge de 65 ans. Elle a mis fin à ses jours.

Réalisatrice prolifique, mélangeant humour décalé, écriture du nouveau roman, cadrage épuré et art plastique, Chantal Ackerman filmait avec rigueur et exigence des histoires cérébrales et tendres. Souffrant d'une sale réputation, on la disait soupe au lait et arrogante, elle refusait la langue de bois, se méfiait de la diplomatie et de la courtoisie hypocrite. Froide? sans doute. Chaleureuse aussi. Au point souvent de se sentir trahie quand la fidélité et l'amitié étaient blessées sur l'autel des compromis.

Issue d'une famille de juifs originaires d'Europe centrale venue s'installer en Belgique dans les années 30 (sa mère a survécu aux camps de concentration), Chantal Akerman a réalisé près de 50 films.

Née en 1950 à Bruxelles, elle avait soif de cinéma, quitte à plaquer le lycée puis l'Insass (la Fémis belge) avant leur terme. Chantal Akerman réalise son premier court-métrage à 18 ans, Saute ma ville, où elle se suicide en se faisant exploser. Prémonitoire? La fin de son premier film, allégorie de sa propre fin. Tout est déjà dit, montré. C'est Pierrot le fou, le film qui l'a conduite à son métier, muée en folie Ackerman. D'un naturel dépressif, trop perfectionniste, enragée de l'intérieure, la jeune femme trouvera à New York de quoi l'apaiser, même si, elle l'avouera plus tard, elle ne sera jamais apaisée. En 1974, dans Je tu il elle, la féministe se filme dans une scène lesbienne sublime. La séquence est encore une référence...

En 1975, elle tourne Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles, avec Delphine Seyrig. L'histoire d'une jeune veuve qui influencera Gus van Sant et Todd Haynes. Elle filme sans chichis, de manière frontale le quotidien, la routine, les rites comme personne, en étirant le temps jusqu'à faire exploser la soupape. 3h45 de cinéma. Il y a une part de tragédie dans chacune de ses oeuvres. Dans celle-ci tout y est: la prostitution subie, la souffrance dans laquelle on se complaît, le plaisir impossible, l'orgasme dévorant... Marguerite Duras a dit "Cette femme est folle" en parlant du personnage.

Le désordre mental de ses personnages illustre aussi l'éclectisme et l'éclatement d'une filmographie sans ordre. "Je pense que j'ai de la chance d'être là et je ne vais pas cracher sur la vie. Mieux je me porte, mieux je travaille" expliquait-elle dans Libération il y a deux ans. Entre cinéma expérimental et tentatives de comédies décalées, fictions quasi documentaires et documentaires presque romancés, elle aborde tout, de la danse (Pina Bausch avec Un jour Pina m'a demandé) à la comédie musicale (Golden Eighties, fortement influencée par Jacques Demy).

Full sentimentale

A partir des années 1990, le cinéma de Chantal Akerman gagne en notoriété. Malgré son tournage désastreux, elle réussit à finir Un divan à New York, avec Juliette Binoche et William Hurt. La Captive, adaptation de La prisonnière de Marcel Proust, avec Stanislas Mehrar et Sylvie Testud, est sans doute la plus belle histoire d'amour qu'elle ait filmée. Toujours avec Testud et aussi Aurore Clément et Jean-Pierre Marielle, elle s'essaye à la fantaisie avec Demain on déménage, meilleur film francophone aux prix Lumière. La psychanalyse imprègne toutes ses histoires. En 2012 elle continue d'explorer les névroses sentimentales avec La folie Almayer, d'après le roman éponyme de Joseph Conrad, où elle retrouve Mehrar. On peut aussi citer Histoires d'Amérique (en compétition à Berlin en 1989), quête de l'identité juive de la cinéaste, et Nuit et jour (en compétition à Venise en 1991), histoire d'un triangle amoureux où Julie passe ses nuits avec Joseph et ses journées avec Jack.

Toujours enquête de formalisme, toujours à fouiller les angoisses des mères ou des couples, Akerman cherchait l'image parfaite pour traduire le vide existentiel, la tristesse de la solitude, l'humour comme rempart à la mélancolie et surtout à comprendre les liens entre le sexe et l'argent, l'amour et la matière. L'espace et le temps font le reste: ils sont là pour exprimer l'ennui. Elle a étendu son art aux installations contemporaines, plasticiennes.

Pour le réel, elle préférait le documentaire: les émigrants mexicains dans De l'autre côté, la vie en Europe de l'Est au moment de la chute du bloc soviétique dans D'Est, New York dans News from Home, sa mère dans No Home Movie, présenté à Locarno en août dernier, Là-bas, nommé aux Césars, sur Israël.

Captive de ses troubles, Chantal Akerman essayait de regarder la réalité en face, de comprendre ce qui poussait les gens non pas dans la folie mais dans les territoires dangereux où la raison pouvait se perdre.