Débat avec la ministre Najat Vallaut-Belkacem autour du film La Parade

Posté par antoine, le 8 février 2013

Mardi 5 février avait lieu une projection un peu spéciale à L’Arlequin (Paris) : la séance de La Parade était suivie d’un débat avec Najat Vallaud-Belkacem (Ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, chargée de mission interministérielle de lutte contre l’homophobie), Geneviève Garrigos (présidente d’Amnesty International France), Nicolas Gougain (Porte-parole de l’association Inter-LGBT), le porte parole de SOS Homophobie, et Sophie Dulac (distributrice et exploitante du film).

La Ministre a rappelé que le discours du Président français à l’ONU a fait avancer plusieurs pays sur la question de l’homosexualité. Il n’y a pas qu’à Belgrade qu’il y a des problèmes, comme la comédie serbe le montre. L’ignorance est la plus grande violence dans le monde et pour lutter contre cette violence il faut éduquer, apprendre à accepter l’autre. Ce qui se passe à Belgrade concerne toute l’Europe de l’est, Russie comprise.

La fiction permet de sensibiliser d'autres publics

Pourquoi avoir fait une fiction plutôt qu’un documentaire ? La présidente de Amnesty International France répond que, généralement, les documentaires s’adressent à ceux qui sont déjà au courant du sujet. Les films comme La Parade s’adressent à un public plus large et permet donc de mieux sensibiliser un public pas forcément conscient du sujet. Elle a ensuite ajouté que la dépénalisation de l’homosexualité est relativement récente, en Serbie depuis 1994 (mais le crime pour homophobie n’est pas encore reconnu). En 2010, la seule et unique "Gay Pride" officielle a pu se dérouler, non sans protection, en Serbie. Les articles 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sont régulièrement rappelés à ce pays qui cherche à entrer dans l'Union européenne. Enfin, elle a insisté sur le fait que l’égalité est un droit vraiment fondamental.

Najat Vallaud-Belkacem a précisé que ce projet de loi sur le mariage pour tous a permis une prise de conscience et a révélé quelque chose dans la société. Les actes homophobes se sont multipliés et la vigilance permanente de ces dérapages s'est accrue (notamment grâce à la mission de lutte contre les discriminations). Il y a également de nouvelles mesures mises en places (mesures financières, formations, etc.) dans tous les secteurs : éducation dans les écoles, dans les médias, dans le monde du sport. Il faut faire avancer ce sujet dans tous les secteurs administratifs est un travail inédit.

SOS Homophobie a rappelé quelques chiffres. Il y a eu trois fois plus de témoignages en décembre 2012 qu’en décembre 2011: rien qu'en janvier, il y en a eu quatre fois plus que l’année précédente. Ils ont pu avoir le soutien du gouvernement qui a permis une mise en place d’une ligne d’écoute. Même s'il y a encore beaucoup de travail. L’association fait des interventions dans les collèges et lycées et ils reçoivent beaucoup d'appels du monde du travail.

Une lutte mondiale

Nicolas Gougain a précisé que c’était un combat internationaliste, une lutte mondiale. Quand Paris marche pour l’égalité et pour les fiertés, c’est Paris qui marche aussi pour tous ceux qui ne peuvent pas marcher, en France et ailleurs dans le monde. L’homophobie est une haine partagée dans de nombreuses cultures. Il remarque une nette diversité des participants qui marchent: des familles, des jeunes de banlieues, des gens de tout âge…

La ministre a rappelé qu’il y avait eu une campagne d’organisée sur les violences comme le harcèlement sexuel, le harcèlement d’identité de genre, la transphobie (c’est une première en France).

SOS homophobie va se réunir avec son ministère pour voir comment ils peuvent faire pour lutter contre les agressions verbales, et les tweets homophobes qui se sont propagés ces derniers temps sur le réseau social de micromessages :  qu’est-ce qu’on peut dire et qu’est-ce qu’on ne peut pas dire, et où se trouve alors l’égalité, la liberté d'expression.

L'association a aussi rappelé la une de Minute qui appelle à la haine. L’association a porté plainte mais la justice met beaucoup de temps à être traitée, comme toujours.

En revenant au film, Nicolas Gougain a indiqué que le sujet sérieux traité sous la forme d’une comédie permet d’être un bon outil pédagogique pour appeler aux marches des fiertés et pour lutter contre les discriminations. La parole franche et assumée de la part de la gauche à l’Assemblée Nationale est quelque chose de nouveau. Pour lui, il faut retenir l'aspect positif dans ce débat.

Omar Sy va faire revivre l’incroyable et dramatique destin du clown Chocolat

Posté par vincy, le 18 janvier 2013

Le journaliste du Monde Jean Birnbaum, responsable du Monde des Livres, a dévoilé en deux tweets le futur film d'Omar Sy.

"Omar Sy vient d'accepter de jouer le rôle du clown Chocolat dans l'adaptation du livre de l'historien Gérard Noiriel.Tournage printemps 2014" ; "L'adaptation au cinéma du livre "Chocolat, clown nègre", de l'historien Gérard Noiriel, avec Omar Sy, sera produite par E. et N. Altmayer".

Eric et Nicolas Altmayer sont à la tête de la société Mandarin Cinéma. On leur doit la série des OSS 117 mais aussi les derniers Ozon, Potiche et Dans la maison, Brice de Nice ou encore Le premier jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon. Ils viennent de travailler avec Omar Sy, personnalité préférée des Français selon le dernier baromètre du JDD, en produisant De l'autre côté du périph' qui vient de passer la barre des 2 millions de spectateurs.

L'essai, Chocolat, clown nègre : l'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française, de Gérard Noiriel est paru en mars dernier (chez Bayard éditions). Noiriel explique que le clown « Chocolat faisait rire, mais rares étaient ceux qui le considéraient comme un véritable artiste ». De son vrai nom Rafael Padilla (1868-1917), cet esclave cubain a fui en Europe et est devenu le clown Chocolat. Il fut le premier artiste noir à susciter l'engouement populaire. Grâce au duo qu'il formait avec Footit, il connu un grand succès, qui fut interrompu de façon brutale avec l'affaire Dreyfus, qui déclencha une prise de conscience sur le racisme. Ses spectacles ont été immortalisés sur la pellicule des Frères Lumière et ont inspiré les plus grands artistes, de Toulouse-Lautrec à Claude Debussy, de Jean Cocteau à Samuel Beckett. Raphael est enterré dans le carré des indigents au cimetière de Bordeaux.

On a pu le voir en automate, « Le nègre joueur de tambour » ainsi qu'en dessin de Toulouse-Lautrec, dans la récente exposition du Musée du Quai Branly, « Exhibitions : l’invention du sauvage » dont Lilian Thuram était commissaire général. La fondation de l'ancien footballeur a par ailleurs aidé une adaptation récente pour la scène signée Gérard Noiriel et Marcel Bozonnet, jouée à Amiens, au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, et à la Comédie de Caen l'an dernier.

Bilan 2012 : une comédie romantique domine les blockbusters sur Twitter

Posté par vincy, le 15 décembre 2012

profil twitter think like a manLe film ne sortira peut-être jamais en France. Il n'a aucun distributeur. Pourtant Think Like a Man, 92 millions de $ au box office nord américain a été le film le plus commenté sur Twitter cette année. Pas étonnant non plus puisque, toutes thématiques confondues, les sujets américains surclassent souvent les événements du ROTW (Rest Of The World).

Think Like a Man, film de Tim Story, a donc surclassé les blockbusters les plus populaires. Même si Twitter ne fournit que le classement, et aucun chiffre, ni même une méthodologie transparente, voici le Top 10 :

1) Think like a Man
2) Hunger Games
3) Avengers
4) Red Tails
5) 21 Jump Street
6) The Dark Knight Rises
7) Dark Shadows
8) Devil Inside
9) Sécurité rapprochée
10) Je te promets

Rien sur Twilight ni James Bond? On peut du coup douter un peu du palmarès... Mais à la réflexion, de nombreux de ces films sont sortis dans les 7 premiers mois de l'année, et déjà disponibles en VàD et en location vidéo. Double actualité qui profite largement à ces films.

Venise 2012 : Kad Merad, la célébrité, les réseaux sociaux et les messages sur le répondeur

Posté par kristofy, le 31 août 2012

A Venise, Xavier Giannoli s’est montré le plus beau parleur en conférence de presse, n’hésitant pas face aux journalistes à évoquer les forces aliénantes que provoque le carnage culturel des médias…  «On nous impose le spectaculaire, l'effet d'annonce. Pendant que je travaillais sur ce film Superstar il y a eu l'affaire DSK où on voyait à la télévision des journalistes en direct lire les rumeurs sur Twitter, est-ce que le journalisme c'est devenu ça ? On ne fait jamais autant partie du spectacle que quand on critique le spectacle.» Son film Superstar, en compétition au 69e Festival international du film de Venise, est à l’affiche depuis ce mercredi en France.

Kad Merad avoue qu'il est « fasciné par les réseaux sociaux. » « Je me suis créé une page Facebook, mais je ne communique pas avec, je ne fais que regarder, je suis un voyeur. Tweeter, c'est encore pire » révèle l'acteur.  Mais il se souvient : « J'ai encore le souvenir de l'époque où on rentrait chez soi le soir et on avait 15 messages sur son répondeur, c'est pas si vieux, vous savez! »

La star, pas anonyme, c'était bien Kad Merad à Venise : «J'ai connu Xavier Giannoli il y a 17 ans environ, il m'avait proposé de tourner dans un court-métrage (Dialogue au sommet), j'étais vraiment un débutant et je me suis senti acteur un peu grâce à lui, j'avais seulement quatre ou cinq phrases à dire mais déjà il y avait de sa part une recherche de vérité. Etre maintenant dirigé par lui, c'est un grand plaisir, j'ai encore plus d'admiration pour lui.» « Ce personnage est très différent de ce que je suis. Je suis dans la vie réelle. Evidemment, je fais un métier extraordinaire, mais pour moi la célébrité est intégrée », explique-t-il. Bien sûr, elle fait tourner la tête cette célébrité. Merad qui avoue être fan de James Stewart affirme qu'il n'est pas fasciné par la notriété. Il préfère être Monsieur Tout le Monde.

On en oublierait presque que l'actrice Cécile de France, qui a tourné avec les Dardenne, Klapisch et Eastwood, fait partie du casting. Elle rend hommage à Giannoli qui l'a engagée pour la deuxième fois, six ans après Quand j'étais chanteur : «On est très heureux sur son plateau, la technique est au service du jeu, il aime inventer et chercher avec les acteurs, il y a une exigence mais c'est une forme de respect, c'est un grand cinéphile et on apprend beaucoup de choses

Michel Reilhac laisse la direction du cinéma d’ARTE à Olivier Père, directeur du Festival de Locarno

Posté par vincy, le 27 août 2012

Lors de la conférence de presse de rentrée d'Arte, Michel Reilhac a annoncé aujourd'hui qu'il quittait la direction du cinéma d'Arte, poste occupé depuis 10 ans. Directeur du cinéma et Directeur général de la filiale Arte France Cinéma, il préfère se consacrer à ses projets personnels et sa passion du transmédia, qu'il savait tant faire partager ces derniers mois sur Twitter. Sur le réseau où tout gazouille, il confirme : "Je démissionne d'Arte. Je serai remplacé par Olivier Père , directeur actuel du festival de Locarno."

Il quitte la chaîne après une décennie de succès et de prix parmi les plus prestigieux : cette année à Cannes, 8 films coproduits par ARTE ont été primés. On peut citer dans les oeuvres marquantes qu'il a contribué à aider Le grand soir, Laurence Anyways, Pater, L'apollonide, Tomboy, Melancholia, Polisse, Tournée, Le Havre, le silence de Lorna, Caramel, Intervention divine, parmi tant d'autres...

Olivier Père, par ailleurs ancien délégué général de la Quinzaine des réalisateurs peut s'enorgueillir d'un bon bilan après deux saisons au Festival suisse, tant d'un point de vue public (fréquentation consolidée), critique (films appréciés) que professionnel (marché dopé). Cependant, en quittant Locarno, Olivier Père place la manifestation dans l'incertitude, devant choisir dans l'urgence un nouveau directeur au moment où elle se revigorait.

Ancien Directeur Général du Forum des Images et ancien président du Festival des films gays et lesbiens de Paris, Michel Reilhac, aussi passionné que fervent défenseur de la mutation du 7e art, partira vivre une grande partie de son temps à Berlin ("Ah oui, j'ai oublié de dire aussi ça : je déménage à Berlin ou je vivrai les 2/3 du temps" écrit-il sur Twitter). Toujours sur le réseau social, il indique qu'il sera "parti d'Arte le 1er décembre seulement". D'ici là, on le croisera peut-être encore dans le métro parisien, lisant ses scénarios sur sa tablette...

La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle

Posté par vincy, le 24 juillet 2012

Déjà en 2011, ça n'allait pas très fort. Le marché cinématographique espagnol encaissait une baisse de 4,9% de ses recettes totales et de 5,9% de sa fréquentation. Dans le sixième marché européen, les salles n'en finissent plus de se vider (-12% depuis le début de l'année). Déjà en 2010, la chute de la fréquentation avait été alarmante (-7,6%). Désormais 96 millions d'espagnols ont été enregistrés à une caisse de cinéma. C'est 47 millions de moins qu'en 2004! Aucun film depuis 2010 n'a dépassé les 25 millions d'euros de recettes. Seule lueur dans ce marasme, la part de marché des films nationaux progressait de 12,7 à 15% entre 2010 et 2011.

Les nouvelles mesures du gouvernement, présentées il y a dix jours, ne vont pas arranger les choses. Afin de réduire les déficits et d'augmenter les recettes, le premier ministre Mariano Rajoy a décidé de faire passer la TVA sur la place de cinéma de 8 à 21%! Ce serait le taux le plus important en Europe pour un billet de cinéma. Les billets de théâtres et de concerts et ceux des musées sont également concernés. Mais les livres (sauf s'ils sont numériques à cause d'une aberration règlementaire européenne) restent taxés à 4%. Le gouvernement affirme qu'il n'a pas le choix pour satisfaire les exigences des marchés, de la Commission européenne et du FMI.

Les lobbies s'organisent pour lutter contre cette hausse. A l'origine, les salles de cinéma voulaient se mettre en grève en guise de protestation. Finalement, ils maintiennent la menace si la TVA à 21% est actée après le vote du parlement. Des discussions institutionnelles sont en cours. Parmi les arguments, ils expliquent que les espagnols préféreront télécharger illégalement des films plutôt que de payer un ticket devenu trop cher (6,6€ en moyenne en 2011). L'autre conséquence, toute aussi importante, est que ces mesures freineraient la production de films en Espagne, notamment à cause d'un fléchissement des investissements venus des télévisions publiques. Une étude de l'Université de Navarre a calculé qu'une telle hausse de la TVA allait faire chuter la fréquentation des salles de 25%!

Depuis quelques jours, les artistes se mobilisent aussi, Pedro Almodovar (ici sur le tournage de son nouveau film), Marisa Paredes, Javier Bardem et Carlos Bardem en tête. Pour eux, la démocratie et la culture ne font qu'un. Un mouvement s'est créé sur Twitter (#porlacultura) et les réseaux sociaux pour contrer ce projet de loi de finances.

Almodovar est particulièrement engagé, pour ne pas dire remonté contre le gouvernement. "Nous vivons dans la pire période pour la culture depuis le retour de la démocratie. Nous vivons dans une situation dangereuse, non seulement pour notre cinéma, mais pour l'ensemble du pays parce que la démocratie est devenue imparfaite et affecte tous les secteurs. "

Almodóvar est convaincu que des mesures supplémentaires n'auront pas l'effet désiré. "Ces mesures sont inutiles et cruelles", dit-il. "Les plus faibles sont au bord de la misère." Pour lui, cela menace tout le système...

Certains évoquent déjà une apocalypse culturelle voyant les salles de cinéma, et les lieux culturels en général, disparaître à moyen terme.

The Dark Knight Rises répondra-t-il aux attentes ?

Posté par matthieu, le 8 juillet 2012

"Cela fait huit ans que Batman a disparu dans la nuit, passant, à cet instant précis, d'un héros à un fugitif. Assumant la responsabilité de la mort du procureur Harvey Dent, le Chevalier noir a tout sacrifié, car lui et le commissaire Gordon espéraient qu'ils le faisaient pour le bien de tous. Pendant un moment, le mensonge a fonctionné, et la criminalité à Gotham City a été écrasée par la loi Dent contre le crime organisé." Tel est le synopsis enfin révélé du film le plus attendu de l'été 2012, The Dark Knight Rises, aka Batman 3.

Après avoir dépassé le milliard de dollars de recettes il y a quatre ans avec le second volet de la trilogie de Batman réalisée par Christopher Nolan, puis d'avoir encore atteint 825 millions de $ de recettes avec Inception du même Nolan, Warner Bros s'avère bien décidée à ne pas lâcher le jeune prodige et de tirer un maximum de recettes de l'epic conclusion d'une saga ayant littéralement scotché critiques, cinéphiles, fans, comics et autres geeks.

La malédiction du troisième épisode

Attendu au tournant, la pression, augmente face à des enjeux qui ne sont pas que cinématographiques. D'autant qu'à Hollywood, il y a une sorte de malédiction sur les fins de trilogie (Spider-Man 3X-Men 3, Matrix Revolutions...). Même Nolan, adulé par les foules depuis The Dark Knight, culte depuis Memento, maniant une forme d'auteurisme avec des budgets extravagants (250 millions de dollars pour The Dark Knight Rises, hors coût marketing), joue gros. Hormis Peter Jackson et son diptyque de The Hobbit, toujours produit par la Warner, aucun cinéaste confirmé n'a un tel poids sur les épaules cette année. Les 165 minutes de The Dark Knight Rises vont devoir marquer le cinéma hollywoodien contemporain, comme l'a fait le précédent volet quatre années plus tôt. Alors qu'Hollywood limite de plus en plus les risques, ne s'aventurant plus dans des blockbusters originaux, oubliant de donner une profondeur à ses scénarios voire se contentant de produits sans personnalité, Nolan et Warner doivent montrer qu'une autre voie est possible.

Bien entendu, comme évoqué plus haut, le premier enjeu est d'être rentable. Avec 600 millions de $ au box office mondial, les actionnaires du studio seront rassurés mais cela ne suffira pas. Batman 3 doit atteindre le milliard de dollars. Autrement il apparaîtra comme un triomphe relatif. D'autant que le champion de l'année, The Avengers a dépassé Batman 2 tant aux USA qu'à l'international.

Objectif Avengers?

Outre un marketing viral qui a mis le paquet pour attirer les spectateurs, entre applications iOS, affiches, teasers, spot TV, teasers, trailers, jeux ludiques dans les villes pour découvrir des nouveautés, tout a été pensé pour faire parler d'un film qui joue sur plusieurs niveaux, essayant à la fois de viser le grand public mais aussi les cinéphiles plus exigeants et adeptes du pessimisme noir de la franchise. Le jeu vidéo, lui, ne sortira qu'à l'automne, pour les fêtes. Pour répondre à cet enjeu de taille pour la Warner et DC Comics, le film sera projeté sur près de 15 000 écrans dans le monde (soit 4 000 de plus que le précédent volet), espérant ainsi  enterrer The Avengers de Disney/Marvel : une fausse bataille puisque chacun des deux studios se sert de temps en temps de l'autre pour diffuser ses bandes annonces avant la projection d'un nouveau film de super-héros.

Si la Warner est confiante, elle se rappelle qu'elle revient de loin. Après les deux films de Tim Burton, la franchise s'est écroulée artistiquement, ne servant qu'à vendre des produits dérivés. Et le premier volet de Nolan, Batman Begins, n'a récolté que 205 millions de dollars en Amérique du nord et seulement 167 millions de $ dans le reste du monde. The Dark Knight fut une surprise pour le studio, aidé par une presse et des spectateurs unanimes et la mort d'Heath Ledger (alias le légendaire Joker) qui attira les caméras sur son (à peu près) dernier grand rôle. Rien ne laissait présager des scores qui allèrent jusqu'à tripler : En Allemagne, 6,9 ??millions de dollars sur le premier volet, 30,5 millions de dollars pour le second; +300% en Corée du Sud, passant de 6 à 25,4 millions de dollars; +265% en Australie, etc... Mais il faut faire mieux encore.

Un chevalier faible à l'international

Pour autant, le "reste du monde" est l'endroit où The Dark Knight a souffert d'une plus large disparité en terme de résultats économiques, contrairement à la trilogie Spider-Man de Raimi ou le récent Avengers. Là où aux États-Unis le film a côtoyé l'insubmersible Titanic, en France ce fut un "misérable" résultat de 3 millions d'entrées. La Warner a donc dû jouer sur d'autres niveaux, organisant des avant-premières événementielles dans les grandes villes du monde et mettre en avant le nom de Nolan , auteur respecté, mais surtout un casting composite avec des personnalités diverses : la populaire et sexy Anne Hathaway, l'oscarisée et européenne Marion Cotillard, les beaux gosses d'Inception Tom Hardy et Joseph Gordon-Levitt. Le marketing subtil de Warner montre essentiellement le match Christian Bale / Tom Hardy. Mais les autres têtes d'affiches vont vite faire leur apparition une fois le film sorti afin de séduire un public plus large (féminin notamment). La campagne marketing (les affiches sont sur les frontons des cinémas depuis le 26 juin en France) n'en finit plus de dévoiler de nouveaux posters et de distiller de nouvelles informations.

Difficile de ne pas évoquer ce fait, The Dark Knight Rises adopte un moyen de promotion quasiment inédit de nos jours : ne rien dévoiler d'un film et laisser une surprise absolue au spectateur. Le synopsis officiel lui-même n'a été dévoilé que dernièrement. Quant aux images des bandes annonces (à chaque nouveau trailer, de nouvelles images), il s'agit très certainement des images de la première moitié du film comme c'était le cas pour la promotion du précédent volet. Sans conteste, Christopher Nolan s'amuse à aiguiser le désir jusque dans la publicité construite pour attirer les spectateurs. Cela devrait fonctionner afin de satisfaire les fans qui découvriront  un grand final qu'on espère spectaculaire. Le bouche à oreille fera le reste.

Tweets dithyrambiques

Maintenant que la première projection presse mondiale est passée (vendredi 6 juillet), inutile de dire que la presse américaine (on relativise vu le niveau : un journaliste a twitté qu'il avait donné 7,5 à Amazing Spider-Man, 8 à Avengers et qu'il mettrait 9 à TDKR) s'est emballée une nouvelle fois et les réactions dithyrambiques ont envahit le fil de gazouillis : "parfaite conclusion d'une trilogie", "le meilleur film de la trilogie", ... Certains parlent déjà d'Oscars. On attendra de voir, vraisemblablement durant la semaine du 16 juillet.

Tout juste âgé de 41 ans,  Nolan, que Warner a décidé de ne plus lâcher, a encore beaucoup à offrir à ses spectateurs et aux studios bien décidés de ne pas perdre leur poule aux oeufs d'or, lui offrant volontiers toutes les libertés qu'il souhaite à chacun de ses nouveaux longs-métrages. Quant aux enjeux de The Dark Knight Rises, le plus important ne sera pas seulement l'accueil critique et public. Mais bien l'impact artistique : espérons en effet que les productions hollywoodiennes sauront prendre son exemple en proposant des oeuvres moins conformistes ou convenues et les inciter à tourner films plus audacieux, avec des prises de vues réelles et des scénarios réjouissants. Comme au bon vieux temps... Il est est étonnant de voir que les parcours de Nolan, Cameron, Lucas, Spielberg n'aient pas servi de leçons à des studios qui cherchent une recette pour leurs recettes alors que le public désire avant tout des émotions mémorables plutôt que de des sensations vite oubliées.

Cannes 2012 : Une absurde accusation de corruption contre le jury de Nanni Moretti

Posté par vincy, le 3 juin 2012

Il y avait un précédent à l'affaire qui suivit la remise des prix cannois dimanche soir. Souvenez-vous en 2004, Quentin Tarantino remettait la Palme d'or à Fahrenheit 9/11, le documentaire de Michael Moore. Or Tarantino et Moore ont le même producteur, Harvey Weinstein. Il n'en suffisait pas plus pour croire à une connivence, un cadeau, que renforça le Lion d'or que Tarantino, alors président du jury de Venise, décerna à son ex-copine Sofia Coppola en 2010.

Un complot? une corruption passive? De quoi était accusé le jury de Moretti? Que de grands mots! En effet, selon un article du Monde, si "la Palme d'or décernée à Michael Haneke pour Amour n'a guère souffert de contestation", sur internet,  "les critiques se sont concentrées sur le reste des prix attribués. Quatre des six films récompensés par le jury présidé par Nanni Moretti sont en effet coproduits et/ou distribués par une même société, Le Pacte." Le quotidien établissait ainsi un lien insidieux entre la société de production et de distribution Le Pacte et Nanni Moretti, dont le dernier film Habemus Papam a également été produit (et distribué en France) par Le Pacte.

Certes, on pouvait s'étonner de la concentration par un distributeur des films primés ; d'autant que le film de Mungiu a récolté deux prix, le très contesté (pour ne pas dire rejeté) Reygadas a eu les honneurs de la mise en scène et l'italien Matteo Garonne, moyennement apprécié par les festivaliers, a hérité du Grand Prix. Mais Le Pacte, créé par Jean Labadie en 2007, monte en puissance années après années. Rien d'étonnant donc à le voir avec autant de films en compétition. En 2011, le distributeur avait 7 films sur la Croisette (dont le Moretti, Drive, Les bien-aimés, ...). Cette année, idem : 7 films (dont cinq en compétition et le film d'ouverture de la Semaine de la critique).

Thierry Frémaux, délégué artistique du Festival, a remis les pendules à l'heure, sur Twitter, en jouant la transparence. Déjà il est revenu en arrière en mentionnant le soupçon qui pesait sur le jury de Tarantino : « Sans enquête et en se faisant l'écho "des réseaux sociaux", Le Monde affirme l'existence d'un supposé conflit d'intérêt Moretti/Palmarès. C'est oublier que Moretti n'a qu'une voix sur 9, c'est mal le connaître que le croire corrompu, comme le serait tout le jury. Aggravant son cas, Aureliano Tonet dénonce Tarantino accordant en 2004 la Palme à Michael Moore produit comme lui par Harvey Weinstein. En 2004, Michael Moore l'avait emporté 5 voix à 4 contre Park Chon-wok (Old Boy). Il y a prescription: TARANTINO N'AVAIT PAS VOTE MOORE! »

Voilà, désormais, on le sait, Park Chan-wok a frôlé la Palme, et ce n'est pas la faute de Tarantino. Frémaux a raison de rappeler qu'un jury est une somme d'individualités. Même si Gilles Jacob a rappelé dans ses livres que certains Présidents avaient une autorité parfois trop pressante, que certains choix ont divisé et même déchiré des jurys, il reste qu'il faut choisir 7 ou 8 films sur 22. Le reproche que l'on peut faire à Moretti et son jury, outre l'absence du Carax, c'est d'avoir gâché un prix en en remettant deux à un même film ou encore de ne pas avoir utilisé le cadeau bonus du prix du 65e anniversaire. Mais reconnaissons que le Mungiu, le Garrone et le Loach avaient toute légitimité d'être sur scène dimanche soir.

Il a fallu 8 ans pour connaître les détails des délibérations du jury de Tarantino. Le temps est souvent long à Cannes. Il y a une sorte de durée de prescription respectée par la direction du Festival. Peut-être qu'en 2020, on saura pourquoi et à cause de qui Reygadas l'a emporté sur Carax.

Thierry Frémaux rappelle le bon sens de ce jeu injuste qu'est une délibération de jury : « Que le jury fasse bien ou mal, c'est une chose et on peut le juger. Le soumettre à cette culture du soupçon, c'en est une autre ». Il ajoute : « Vous savez quoi? A Cannes comme ailleurs, les jurés votent selon leurs… convictions. Décevant, non? Rassurant, plutôt, hein. »

Concentration et transparence

Rien n'empêche le public d'aller voir ailleurs, les films préférés par les critiques ou les festivaliers par exemple (même si trois des primés ont fait plutôt consensus). Le palmarès n'est pas parole d'évangile. Le Festival de Cannes cette année fut bon, mais son palmarès n'en est pas la meilleure illustration.

Quant au soupçon généralisé, il traduit deux choses : les films présentés dans les festivals sont de plus en plus liés à un petit nombre de sociétés qui misent encore sur une politique d'auteurs et de cinéma art et essai (c'est le cas du Pacte comme celui des frères Weinstein) ; et puis, il y a ce diktat contemporain de la transparence. Les rumeurs cannoises le dimanche font partie du jeu, mais celui-ci devient de plus en plus agressif. Comme si la frustration de ne pas en être - ce qui explique pourquoi on fait payer si cher un jury qui se serait égaré - accentuait la nervosité de chacun. Faut-il skyper ou webcamer les délibérations? Les diffuser le lendemain comme on filme le moindre pas d'une campagne électorale? En cela, pas sûr que les tweets ludiques et légers de Gilles Jacob, Président du Festival, photographiant les jurés dans leur conclave, révélant l'animation des débats avec des gestes saisis sur le vif, arrangent les choses : les médias en voudront toujours plus, encore plus, insatiables.

Ce serait regrettable d'aller plus loin. Le mystère et la surprise ont du bon. Cela sert un certain suspens. Et par conséquent, le plaisir (ou pas) de découvrir le palmarès, à égalité avec tous les téléspectateurs. Journalistes, nous avons quand même eu l'immense privilège de voir ces films avant tout le monde. C'est aussi notre rôle de ne pas se soucier des prix (les Oscars et les Césars ont rarement récompensés les meilleurs films de l'année) et de convaincre le public, parce que nous avons vu ces films dans des conditions exceptionnelles, de nous faire confiance en suivant nos recommandations.

Mise à jour 4 juin 2012

Cannes 2012 : la fausse liste de films fait du buzz puis un gros flop

Posté par redaction, le 3 avril 2012

Le Blog du festival de Cannes (une extension du Blogreporter.com tenu par Hugo Mayer), qui n'a rien à voir avec le Festival de Cannes, aurait pu faire croire à un poisson d'avril, mais la bévue a été mise en ligne le 2 avril.  En annonçant une liste de 20 films qui composaient la compétition du prochain Festival de Cannes, ce blog s'octroyait un soi-disant scoop. De cette liste, on retiendra qu'il n'y avait pas de surprises par rapport aux listes de prétendants qui ont été diffusées ici et là (sur Ecran Noir et ailleurs).

Mais le blog était persuadé tenir LA liste, celle des confirmés (avec cependant quelques gros manques, pour le coup surprenants). "Belle liste que nous avons réellement reçue. Hélas, ce n'était qu'une blague. On s'est fait avoir aussi. Désolé pour le stress...", a indiqué le Blog après avoir reconnu sa maladresse. Sans citer la source. On pouvait cependant lire en introduction : "une indiscrétion a brièvement filtré sur le site officiel du Festival de Cannes avant d'être retirée en hâte".

Donc l'ont-ils reçue ou l'ont-ils vue? Ont-ils voulu faire un coup? du buzz? améliorer leur référencement sur Google? Ou ont-ils été victimes d'un canular? Toujours est-il que l'intégrité journalistique en prend un coup.

Car, le problème est que personne d'autre n'a vu cette indiscrétion, même sur le site du Festival de Cannes. a sélection officielle doit être dévoilée lors d'une conférence de presse à Paris le 19 avril.

Dans la tête de Thierry Frémaux

Mais cela n'a pas empêché de très nombreux médias (français et étrangers) de la reprendre (avec quelques précautions). Ah la dictature de l'instant. On dit souvent que le silence est d'or, mais la patience aussi.

Selon l'AFP, "ne souhaitant pas donner plus de publicité à ce faux scoop", la direction du Festival de Cannes a écrit en milieu de journée un tweet officiel : "la sélection en cours n'est pas sur un site mais dans la tête de Thierry Frémaux". Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et responsable de la sélection, a été beaucoup plus disert sur le compte Facebook du Festival : "Rien n’a fuité, ceux qui veulent créer le buzz en ne respectant ni les cinéastes, ni les traditions cannoises… n’en seront plus. La sélection en cours n'est pas sur un site mais dans la tête de Thierry Frémaux ! Elle sera dévoilée, comme annoncé, le jeudi 19 avril 2012."

Car, oui, il y a des traditions. Le jeu des rumeurs et des informations sous le manteau concernant la sélection cannoise commence fin janvier, entre journalistes, professionnels, attachés de presse. Cela fait monter le buzz, et quand il y a des certitudes elles proviennent plutôt des distributeurs (changement de date soudain pour une sortie de films, publication de matériel de presse, ...).

Ecran Noir, avec 15 ans d'expérience sur la Croisette, ne s'est pas laissée prendre au piège. Nous avons publié un court texte de mise en garde sur notre page Facebook de Cannes-fest dès lundi : "Un bug? Peu importe. La liste des films en compétition qui circule actuellement sur Internet n'a pas été officialisée par le Festival de Cannes : elle peut être incomplète ou susceptible d'être modifiée d'ici la conférence de presse du 19 avril. Ne nous excitons pas."

On sera assez excité comme ça entre le 19 avril et le 16 mai.

Le Cirque du Soleil et Hugo Cabret, grands vainqueurs des Oscars sur Twitter

Posté par vincy, le 28 février 2012

Twitter devient le média le plus suivi lors d'événements (culturels, sportifs, politiques). Les Oscars n'ont pas manqué à l'appel avec des centaines de comptes, y compris celui d'Ecran Noir,  effectuant un "Live Tweet", c'est-à-dire un suivi en direct.

TweetReach a analysé les 2 millions de tweets (18 718 par minute) qui concernaient uniquement les six catégories principales : film, réalisateur et les quatre prix d'interprétation. Par rapport à l'an dernier, c'est une nette progression (1,27 millions de tweets).

D'un point de vue général, un top 10 des tweets les plus positifs a donné le résultat suivant :

1 - La performance du Cirque du Soleil surclasse l'ensemble des commentaires sur la cérémonie.
2 - La standing ovation pour Octavia Spencer, meilleur second rôle féminin.
3 - Le film Hugo Cabret, notamment lors de son prix pour les effets visuels. A l'inverse les fans d'Harry Potter ont aussi crié au scandale.
4 - Meryl Streep recevant son Oscar face à Viola Davis, autre favorite.
5 - The Artist. Le manque de surprise lui a sans doute coûté une place plus haute dans ce classement. Quelques tweets rendaient hommage à Uggie, le chien du film, injustement oublié des nominations.
6 - L'intervention de Zach Galifianakis (Very Bad Trip) et Will Ferrell pour la présentation de l'Oscar de la meilleure chanson.
7 - Christopher Plummer, meilleur second rôle masculin et premier Oscar à 82 ans. Le syndrôme Jack Palance.
8 -Le décolleté plongeant, volontaire ou involontaire, de Jennifer Lopez qui a affolé la planète Twitter : une ombre, un téton? Le mystère reste entier.
9 - Jean Dujardin, qui a souffert d'un discours partiellement en français, et, là aussi, d'un manque de suspens dans la catégorie du meilleur acteur.
10 - Angelina Jolie et sa pose provocatrice (une jambe quasi dénudée) en présentant l'oscar du meilleur scénario.

Au total, Hugo (110 179 tweets) domine The Artist (78 509) et La couleur des sentiments (23 585) ; Jean Dujardin (23 614) devance Brad Pitt (18 702) et George Clooney (13 252) ; Meryl Streep (74 793) écrase Rooney Mara (23 233) et Viola Davis (17 651) ; Christopher Plummer (41 107) ne laisse aucune chance à Nick Nolte (7 934) et Jonah Hill (5 703) ; Octavia Spencer (59 957) s'impose sans souci face à Melissa McCarthy (5 750) et Jessica Chastain (1 864) ; enfin, pour les réalisateurs, Woody Allen (14 280) fait mieux que Martin Scorsese (11 328) et Michel Hazanavicius (8 769).

Globalement, Hugo, The Artist, Meryl Streep, Octavia Spencer et Christopher Plummer ont été les sujets les plus tweetés.

___________
L'ensemble des résultats