Oscars 2016 : Entre blancheur, oubli et hypocrisie

Posté par wyzman, le 17 janvier 2016

Jeudi dernier, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences a dévoilé la liste des nommés aux prochains Oscars. Bien évidemment, les 12 nominations de The Revenant et le sacre à venir de Leonardo DiCaprio n'ont échappé à personne. Néanmoins, et très vite, la Toile n'a pas manqué de relever l'absence flagrante d'acteurs de couleur parmi les 20 nommés aux prix d'interprétation. Plus encore, ou plus grave si vous préférez, cette année les catégories Meilleur documentaire et Meilleur scénario original ont également été touchées par cet "oubli" des votants. Si l'on s'attarde sur l'histoire des Oscars, on constate très rapidement que ce type d'oubli (ne pas nommer des professionnels de l'industrie du cinéma de couleur) n'est pas nouveau. Mais après le tollé rencontré l'année dernière avec le hashtag #OscarsSoWhite, nous pouvions espérer que les choses allaient rentrer dans l'ordre.

Pour expliquer l'absence d'acteurs, de réalisateurs ou de scénaristes de couleur parmi les nommés, nous pourrions dire qu'aucun n'a fourni de travail suffisamment intéressant pour mériter une nomination. Mais ce serait faux. Si vous lisez Ecran Noir ou si vous êtes simplement cinéphile, il ne vous a pas échappé que cette année, certains acteurs de couleur ont livré des performances remarquables. A l'instar de The Wrap (qui a listé pas moins de 14 acteurs oscarisables), nous pensons à Idris Elba (Beasts of No Nation), Mya Taylor (Tangerine), Will Smith (Concussion), Oscar Isaac (Ex Machina), Jason Mitchell (Straight Outta Compton) et bien évidemment Michael B. Jordan (Creed). Alors comment se fait-il qu'aucun d'entre eux ne soit nommé ? Et comment peut-on penser à nommer Sylvester Stallone pour Creed et pas celui qui porte tout le film ?

93% des votants aux Oscars sont blancs

Premier élément de réponse : Hollywood est l'incarnation même de l'hypocrisie. Récemment, nous évoquions son sexisme apparent (11% de femmes scénaristes, sérieusement ?) Comme le dit si bien Spike Lee : "Nous pourrions remporter un Oscar maintenant ou plus tard, mais un Oscar ne va pas fondamentalement changer comment Hollywood fait du fric. Je ne parle pas des stars hollywoodiennes. Je parle des cadres. Nous ne sommes pas dans la pièce." Et le réalisateur de Inside Man voit juste : rares sont les personnes de couleur qui ont du poids à Hollywood, qui prennent les décisions qui importent, qui sont prêtes à investir dans des projets "orientés" vers les gens de couleur, hormis quels comédies "ciblées" pour la communauté afro-américaine, où la mixité n'est jamais flagrante. Les Oscars ne sont ainsi que la résultante de la "blanchitude" de la chaîne de valeur. En décembre 2013, le Los Angeles Times portait un constat effarant : sur les 6028 votants, 93% d'entre eux étaient blancs, 76% étaient des hommes et la moyenne d'âge était de 63 ans. Oui, oui, 63 ans ! Voilà sans doute pourquoi 6 des 8 films nommés pour l'Oscar du Meilleur film cette année sont portés par des hommes d'origine caucasienne.

Deuxième élément de réponse : la diversité se trouve du côté de la série télé. Après l'annonce des nominations, Fusion n'a pas tardé à lister tous les acteurs de séries qui comptent aujourd'hui. De Viola Davis (How to Get Away with Murder) à Taraji P. Henson (Empire) en passant par Gina Rodriguez (Jane the Virgin), Aziz Ansari (Master of None) et Constance Wu (Fresh Off The Boat). Bref, et comme le précisait Viola Davis lors de son discours aux derniers Emmy Awards (elle était la première afro-américaine à recevoir ce prix!), il est impossible pour des acteurs de couleur de remporter des prix lorsque les rôles intéressants n'existent pas. Mais vous conviendrez que depuis Grey's Anatomy, la télévision américaine n'a eu de cesse de se colorer efficacement, lentement et sûrement. Merci Shonda Rhimes !

Troisième élément de réponse : les critiques n'atteignent pas la télévision. La 88ème cérémonie sera retransmise sur ABC le 28 février prochain et les patrons de la chaîne n'ont pas choisi n'importe quel hôte : l'acteur noir Chris Rock. Comique apprécié, rentable (Tout le monde déteste Chris, Madagascar, Empire) et pragmatique, il ne fait aucun doute que les blagues à caractère racial iront bon train ce soir-là. Après Diana Ross (1974), Richard Pryor (1977, 1983) et Whoopi Goldberg (1993, 1995, 1998, 2001), Chris Rock n'est que la quatrième personnalité de couleur à se faire le présentateur de cette cérémonie. Et bien qu'il l'ait déjà fait en 2005, il est important de préciser que Chris Rock suit Ellen DeGeneres (2014) et Neil Patrick Harris (2015), deux acteurs ouvertement homosexuels et donc membres de ce que l'on appelle encore une "minorité".

Quatrième élément de réponse : les grands rôles au cinéma sont souvent des clichés. Précisons qu'ici il est question de rôles destinés à des acteurs de couleur. A Hollywood, les rôles destinés aux acteurs non-Caucasiens sont de trois types : criminel, comique ou figure historique. Et ils sont le plus souvent l'œuvre de scénaristes blancs. Voilà pourquoi le dernier black à remporter l'Oscar du meilleur acteur était Forest Whitaker pour Le Dernier Roi d'Ecosse (2006). Du côté des femmes, c'est la violence (psychologique ou physique) subie par leur personnage qui détermine leur oscarisation. Et les nominations passées d'Angela Bassett (Tina - 1993), Halle Berry (A l'ombre de la haine - 2001), Gabourey Sidibe (Precious - 2009), Viola Davis et Octavia Spencer (La Couleur des sentiments - 2011) et Lupita Nyong'o (12 Years a Slave - 2013) en sont la preuve ! Que ce soit pour le box office ou les Oscars, les minorités subissent la Loi hollywoodienne (à savoir fédérer le plus grand nombre). Or, les studios ont su fabriquer des stars "blacks" bankables et respectables dans les années 90 (Denzel Washington, Morgan Freeman, Will Smith, Samuel L. Jackson) mais en ont été incapables depuis quinze ans. Il y a de grands acteurs, de grandes actrices, mais apparemment, personne ne les voit. Et pire, personne ne peut penser qu'un James Bond soit noir, malgré les rumeurs / fantasmes autour de cette hypothèse, ou que la couleur de peau ne change rien à un personnage principal d'un drame oscarisable.

Quand séries et diffuseurs font leur show !

Posté par wyzman, le 17 janvier 2016

Cette semaine avait lieu le tout premier Showeb Séries. Organisé par Le Film Français et  Newcast, c'était l'occasion de découvrir en avant-première la line-up de différents distributeurs, producteurs et chaînes de télévision tels que OCS, Studio+, 13ème Rue, Syfy, Arte ou encore TF1. Et pour cette première édition, chacun à leur manière, ils ont mis le paquet.

D'entrée de jeu, OCS en a mis plein les yeux à l'assemblée via des teasers et quelques bandes annonces des séries produites et/ou prochainement diffusées sur le bouquet. Très orienté cinéma et séries télévisées, ce dernier n'a pas lésiné sur les images (pas forcément inédites) de ses hits tels que Game of Thrones ou The Walking Dead. Tout cela avant d'évoquer ses nouvelles acquisitions : Ash vs Evil Dead (produite par Sam Raimi), Blunt Talk (avec Patrick Stewart), Kingdom (avec Nick Jonas) et Mozart In the Jungle (Golden Globe de la Meilleure série comique), avec Gael Garcia Bernal.

Mais il ne fait aucun doute que la nouveauté la plus attendue sera Vinyl. Produite et diffusée par HBO aux Etats-Unis, le show est le nouveau bébé de Terence Winter (Les Sopranos), Martin Scorsese (Le Loup de Wall Sreet) et Mick Jagger. La série raconte les péripéties d'un label musical dans le New York des années 1970. La première saison compte 10 épisodes et Martin Scorsese devrait en réaliser quelques uns (dont le pilote). La série sera lancée le dimanche 14 février sur HBO et visible le lendemain sur OCS.

Du côté des séries françaises, le diffuseur n'est pas à la traîne puisque les séries Les Grands et Irresponsable ont été produites via son label OCS Signature. La première est co-écrite par Benjamin Parent (Ceci n'est pas un film de cow-boys) tandis que la seconde est l'œuvre de Frédéric Rosset. Et il va sans dire qu'après avoir vu les premières images, on ne peut qu'être impatient. De son côté, Studio+ ce n'est pas fait prier au moment de dévoiler les 3 premiers épisodes de sa digital série Brutal. Tournée en 18 jours à Bangkok, la série raconte les combats ultra violents de David Belle (Banlieue 13 : Ultimatum).

Niveau nouveautés, 13ème Rue et Syfy n'ont pas à se plaindre. La première chaîne diffusera la série Dig à partir du 31 janvier. Signée du créateur de Hatufim et Homeland, Dig s'intéresse aux mystérieuses fouilles archéologiques qui ont lieu à Jérusalem. A son bord, Anne Heche (Arthur Newman) et Jason Isaacs (Fury). Sur Syfy, il est possible de retrouver l'unique saison de Heroes Reborn depuis le 5 janvier tandis que The Shannara Chronicles a débuté cette semaine. Cette dernière est adaptée des romans de Terry Brooks et s'avère être un mix réussi entre Le Seigneur des Anneaux (pour les elfes et les nains), Game of Thrones (pour les personnages tués sans remord) et Hunger Games (pour l'héroïne en devenir et le casting rempli de beaux gosses).

Impossible de ne pas évoquer les pépites d'Arte. Le 21 janvier, Wolf Hall fera son apparition sur la chaîne franco-allemande. Sacrée meilleure mini-série aux derniers Golden Globes, elle raconte les péripéties de Thomas Cromwell à la cour d'Henri VIII. Et diffusée le 11 février, Trepalium raconte comment la société fait face à une population composée à 80% de chômeurs !

Enfin, TF1 a pu fanfaronner au moment de dévoiler sa programmation de 2016. Parmi les séries de retour, on trouve sans surprise : Arrow, The Blacklist, Esprits Criminels, The Flash, Gotham, Grey's Anatomy The Originals et The Vampire Diaries. Et question nouveautés, le plein est largement fait  avec Blindspot (avec Jaimie Alexander), Contaiment (de Julie Plec), Legends of Tomorrow (avec Wentworth Miller), Lucifer (avec Tom Ellis), The Player (avec Wesley Snipes) et Supergirl (avec Calista Flockhart) qui rythmeront nos soirées !

Hollywood toujours aussi sexiste

Posté par vincy, le 16 janvier 2016

On reviendra sur le fait que les Oscars cette année ont été consciemment ou pas homophobes (Tangerine et Carol en ont souffert) et ont de nouveau créé la polémique avec des nominations trop "blanches", rejetant une fois de plus les réalisateurs et comédiens afro-américains dans l'oubli. Mais ils ont aussi été misogynes. Deux femmes scénaristes sur dix nominations, quelques réalisatrices (une en documentaire, une dans la catégorie film en langue étrangère, un petit tiers des nominations dans les courts métrages), une en chanson, et dans les catégories techniques à peine un quart des citations. Ceci dit, pas de quoi s'étonner. Les statistiques du Centre d'étude sur la place des femmes à la Télévision et dans le Cinéma de l'Université de San Diego, révélées cette semaine, montrent que Hollywood est toujours aussi sexiste.

Deux films du Top 30 réalisés par une femme

Il y a bien quelques arbres qui cachent la forêt: Elizabeth Banks avec Pitch Perfect 2, 184M$, et Sam Taylor-Wood avec Cinquante nuances de Grey (166M$) qui ont réussi à se placer dans le Top 30 de l'année. Mais ça ne fait bien que deux sur trente. Et on pourrait ajouter Nancy Myers avec Le nouveau stagiaire. Pas vraiment la parité.

L'étude annuelle démontre que la femme n'est vraiment pas à sa place dans l'industrie aux Etats-Unis. Sur les 250 plus grosses recettes de l'année, seuls 9% des films étaient réalisés par des femmes. C'est un peu mieux que l'an dernier, mais cela reste assez constant depuis que cette enquête a été créée en 1998. Rien ne change finalement en 17 ans. En 2000, année record du nombre de réalisatrices dans le Top 250 du Bo office, on atteignait péniblement les 11%.

On connaissait le problème de l'inégalité salariale, pointée du doigt par de nombreuses actrices ces derniers mois. Mais le problème est bien plus profond. Comme nous l'a expliqué la scénariste Phyllis Nagy (Carol), les femmes ne sont pas dignes de confiance pour un producteur. Combien de réalisatrices ont du s'orienter vers la télévision pour continuer leur métier? Combien de films n'ont pas pu se faire parce qu'une femme était aux commandes? Combien de temps Kathryn Bigelow sera-t-elle la seule femme oscarisée dans la catégorie meilleur réalisateur (sachant que seules trois autres réalisatrices ont été nommées dans l'histoire de la cérémonie)?

Une femme réalisatrice et c'est tous les postes de la production qui se féminisent

L'étude universitaire annonce quand même la couleur: 11% des scénaristes, 20% des producteurs exécutifs, 26% des producteurs, 22% des monteurs, 6% des chef opérateurs sont des femmes. Cela progresse mais lentement. Et elles restent minoritaires. Il y a quand même des nuances à apporter. 36% des documentaires et 34% des comédies sont réalisés par des femmes (en revanche elle ne sont que 9% à faire des films d'action et 11% des films d'horreur). De plus, lorsqu'une femme est aux manettes (production ou réalisation), les équipes se féminisent. Le pourcentage de scénaristes femmes montent à 53%, celui des monteuses à 32% et celui des chef opératrices à 12% quand le film est réalisé par une femme.

10 rôles principaux féminins dans les 28 plus gros hits de l'année

En 2015, pourtant, sur les 28 films qui ont rapporté 100M$, les femmes tenaient les rôles principaux dans dix films et partageaient le haut de l'affiche dans sept autres. De Vice-Versa à Hunger Games, de Divergente à Pitch Perfect, de Spy à Cendrillon, l'histoire ne tiendrait pas sans elles. De même, James Bond, Ethan Hunt, les Avengers, Star Wars, Mad Max et même les Minions ont tous besoin d'une femme, à défaut d'être l'égale du héros parfois, pour exister. Ces films offrent un rôle clef (la méchante, la leader, ou même la fauteuse de troubles), qui, souvent, vole la vedette aux hommes

Mais on a beau factualiser, chiffrer le fait qu'un film réalisé par une femme n'est pas moins rentable que s'il était réalisé par un homme, Hollywood reste entre mâles. Les mentalités n'évoluent pas. Et le constat est hélas le même dans le reste du monde.

Martin Provost s’offre Catherine Deneuve et Catherine Frot

Posté par vincy, le 15 janvier 2016

catherine deneuve catherine frot

C'est un beau coup pour Memento Films International. Selon Le Film Français et Variety, la société d'Alexandre Mallet-Guy va vendre le nouveau film de Martin Provost (Séraphine et ses 7 César, Violette) avec un des castings les plus excitants du moment: Catherine Deneuve, Catherine Frot et Olivier Gourmet. Deneuve et Frot n'ont jamais tourné ensemble, et leur filmographie a peu de cinéastes en commun (De Broca est l'exception). Deux univers cinématographiques, deux styles de jeu, deux générations aussi. L'une brille sur le cinéma d'auteur mondial depuis bientôt 60 ans, l'autre a gagné ses gallons de comédienne populaire depuis 20 ans, et semble l'une des favorites pour le César de la meilleure actrice cette année avec Marguerite. Le genre de face-à-face que de nombreux cinéastes aurait aimé avoir devant sa caméra...

La sage femme (The Midwife) est une coproduction Curiosa Films, France 3 Cinéma et Versus (Belgique).

Le scénario de cette comédie dramatique, écrit par le réalisateur, raconte l'histoire de deux femmes qui vont se retrouver après des décennies de silence. Béatrice (Deneuve) appelle Claire (Frot), sage femme traditionnelle et appréciée, pour lui dire quelque chose d'important. Béatrice est l'ancienne maîtresse du père de Claire qui n'a pas donné de nouvelles à sa fille depuis 30 ans. Elles sont toutes les deux à un moment charnière de leur existence dans un contexte compliqué (Claire doit lutter contre la fermeture de la maternité dans la quelle elle travaille).

Martin Provost a écrit le scénario avec ce trio de comédiens en tête. Pour lui il s'agit d'une histoire de naissance, de renaissance, d'accomplissement de soi et de transmission.

Le tournage de ce film budgété à 7M€ débutera en mars à Paris et Mantes-la-Jolie. Le film devrait sortir au premier trimestre de l'année prochaine, avec une sélection à la Berlinale 2017 en vue.

Prix Magritte 2016 : 10 nominations pour « Le tout nouveau testament » de Jaco van Dormael

Posté par kristofy, le 15 janvier 2016

Avant les César en France, la 6ème cérémonie des Magritte du cinéma se déroulera à Bruxelles le 6 février : c’est le rendez-vous des récompenses pour les films belges francophones. Cette année la soirée se déroulera sous la présidence de Marie Gillain.

L’ensemble des nominations  en catégories artistiques et techniques distinguent déjà 6 favoris :
- 4 nominations pour Melody de Bernard Bellefroid (avec Lucie Debay, aussi dans la liste des révélations pour un César, sorti en France le 6 mai)
- 6 nominations pour Préjudice d’Antoine Cuypers (avec Nathalie Baye, sortie en France à venir ce 3 février)
- 7 nominations pour Je suis mort mais j’ai des amis de Stéphane et Guillaume Malandrin (avec Bouli Lanners et Wim Willaert, sorti en France le 22 juillet)
- 8 nominations pour Alleluia de Fabrice Du Welz (une petite bizarrerie calendaire après avoir été découvert à La Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en 2014, sorti en France en novembre 2014),
- 9 nominations Tous les chats sont gris de Savina Dellicour (avec le duo Bouli Lanners et Anne Coesens)
- 10 nominations Le tout nouveau testament de Jaco van Dormael (à La Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2015, sorti en France le 2 septembre). Le film est aussi le plus gros succès belge en France avec plus de 800000 entrées.

Lors de l'édition 2011, Jaco van Dormael avec reçu la plupart des Magritte pour son Mr. Nobody (meilleur film, réalisateur, scénario, image, montage, musique), mais cette année il devra partager quelques statuettes avec d'autres... Pour mémoire, les années suivantes les meilleurs films/réalisateurs ont été en 2012 Les géants de Bouli Lanners (film, réalisateur, second rôle féminin, image, musique); en 2013 A perdre la raison de Joachim Lafosse (film, réalisateur, actrice); en 2014 c'était le film animé Ernest et Célestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner (film, réalisateur); et l'année dernière Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne (film, réalisateur, actrice, acteur).

Pour ce qui est de la catégorie meilleure actrice, les nominées figurent à l’affiche d’œuvres qui curieusement ne sont pas en catégorie meilleur film : Annie Cordy pour son rôle dans Les souvenirs, Veerle Baetens dans Un début prometteur, Yolande Moreau pour Le voyage en Chine (qui est aussi dans la catégorie second rôle pour Le tout nouveau testament), et Christelle Cornil pour Jacques a vu. Pour le meilleur acteur on retrouve Jérémie Renier pour Ni le ciel ni la terre, François Damiens pour La famille Bélier, Bouli Lanners pour Tous les chats sont gris et Wim Willaert pour Je suis mort mais j’ai des amis. On note que Benoît Poelvoorde est paradoxalement oublié...

Voici les principales catégories et leurs nominations :

Meilleur film : Je suis mort mais j'ai des amis de Guillaume Malandrin & Stéphane Malandrin, Le tout nouveau testament de Jaco Van Dormael, Melody de Bernard Bellefroid, Préjudice de Antoine Cuypers, Tous les chats sont gris de Savina Dellicour
Meilleur premier film : L'année prochaine de Vania Leturcq, Préjudice de Antoine Cuypers, Tous les chats sont gris de Savina Dellicour
Meilleur réalisateur : Fabrice Du Welz (Alleluia),  Jaco Van Dormael (Le tout nouveau testament), Bernard Bellefroid (Melody), Savina Dellicour (Tous les chats sont gris)

Meilleur film étranger en coproduction :
La famille Bélier de Eric Lartigau, Le chant de la mer de Tomm Moore, Marguerite de Xavier Giannoli, Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore
Meilleur film flamand: Brabançonne de Vincent Bal, Cafard de Jan Bultheel, D'Ardennen de Robin Pront, Waste Land de Pieter Van Hees
Meilleur scénario original ou adaptation : Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Le tout nouveau testament, Préjudice

Meilleure actrice : Christelle Cornil, Yolande Moreau, Annie Cordy, Veerle Baetens
Meilleur acteur : Wim Willaert, François Damiens, Jérémie Renier, Bouli Lanners
Meilleure actrice dans un second rôle : Helena Noguerra, Yolande Moreau,  Anne Coesens, Babetida Sadjo
Meilleur acteur dans un second rôle : Marc Zinga, Laurent Capelluto, David Murgia, Arno Hintjens
Meilleur espoir féminin : Stéphanie Van Vyve, Pili Groyne, Lucie Debay, Manon Capelle
Meilleur espoir masculin : David Thielemans, Benjamin Ramon, Romain Gelin, Arthur Bols

Meilleure image: Alleluia, Le tout nouveau testament, Préjudice : Frédéric Noirhomme
Meilleur son: Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Le tout nouveau testament
Meilleurs décors: Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Tous les chats sont gris
Meilleurs costumes: Je suis mort mais j'ai des amis, La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, Tous les chats sont gris
Meilleure musique: Alleluia, Le tout nouveau testament, Melody
Meilleur montage: Alleluia, Je suis mort mais j'ai des amis, Tous les chats sont gris
Meilleur documentaire: Bureau de chômage de Anne Schitz et Charlotte Grégoire, I don't belong anywhere - Le cinéma de Chantal Akerman de Marianne Lambert, L'himme qui répare les femmes de Thierry Michel, La nef des fous de Patrick Lemy et Eric D'Agostino
Meilleur court métrage de fiction : Jay parmi les hommes de Zeno Graton, L'ours noir de Méryl Fortunat-Rossi & Xavier Seron (le premier long-métrage de Xavier Séron Je me tue à le dire avec Jean-Jacques Rausin vient d'ailleurs d'être primé au festival de Palm Springs, sortie courant 2016), Tout va bien de Laurent Scheid

Le documentaire The Look of Silence récompensé

Posté par vincy, le 15 janvier 2016

Le documentaire de Joshua Oppenheimer, The Look of Silence, a reçu le prix du meilleur films à la 9e cérémonie des Cinema Eye Honors. Il a aussi été récompensé dans la catégorie meilleur réalisateur. C'est la deuxième fois que Oppenheimer réalise ce doublé, deux ans après The Act of Killing.

Les autres prix ont été décernés à Amy (montage), Meru (image et prix du public), Cartel Land (image), Heart of Dog (musique), Kurt Cobain: Montage of Heck (design graphique) et The Wolfpack (premier film).

Amy, Cartel Land et The Look of Silence sont en lice pour l'Oscar du meilleur documentaire. The Look of Silence a déjà remporté de nombreux prix à Angers (public, Grand prix du jury), Austin, Denver, Milwaukee (meilleur documentaire), DocsBarcelona et Nuremberg (public), Göteborg (documentaire scandinave), Sofia (meilleir documentaire), SXSW Film Festival (prix du public) et Venise (5 prix dont celui de la critique et un grand prix spécial du jury). Il est nommé par la Producers Guild pour son palmarès de l'année et aux Independent Spirit Awards.

Les Cinema Eye Honors, qui se tiennent à New York sont considérés désormais comme les Oscars du documentaires.

Oscars 2016: The Revenant et Mad Max: Fury Road font la course en tête

Posté par vincy, le 14 janvier 2016

Avec 12 nominations aux Oscars, The Revenant est le grand favori de la course aux statuettes de cette année. Un an après son sacre pour Birdman, Alejandro G. Inarritu repart comme grand favori pour un doublé exceptionnel dans l'histoire des Oscars. Face à lui, le concurrent inattendu: un blockbuster de genre, Mad Max:Fury Road qui cumule 10 nominations (en soi un exploit pour ce genre de films). Seul gros regret, l'absence de Charlize Theron parmi les meilleures actrices... Cela permet à la 20th Century Fox de dominer la liste des nominations (26 dont 6 partagées avec Disney - Le pont des espions - et 4 supplémentaires avec Fox Searchlight), devant Disney (14, dont les 6 partagées avec la Fox), la Warner Bros (11, ce qui compense son année un peu faible au box office) et les indépendants Weinstein (9, mais aucune en meilleur film, une première depuis 2007) et A24 (7). Universal, champion du box office n'a que 4 nominations (et 4 de plus avec Focus) ; Sony n'en cumule que deux (avec sa filiale Classics), soit autant que Netflix.

On notera quand même que Tom Hardy (nommé pour son second-rôle de salopard dans The Revenant, sa première fois aux Oscars donc) est à l'affiche des deux films plébiscités cette année. Un exploit.

Les snobés

Il y en a des surprises dans ce tableau d'honneur. Déjà l'absence de Carol et de Todd Haynes dans les catégories film et réalisateur, alors que le film était l'un des grands chouchous des critiques américaines et le film le plus nommé aux Golden Globes. Ensuite le flop de Tarantino dans la catégorie scénario, qui lui réussit généralement bien. Steven Spielberg et Ridley Scott n'ont pas été retenus comme meilleur réalisateur (où surgit de nulle part Lenny Abrahamson), alors que leurs films sont nommés pour le meilleur film. Seul sur Mars se paye même le luxe de 7 nominations (médaille de bronze) et le Pont des espions suit avec 6 nominations (comme Carol). Autre gros oubli, Aaron Sorkin pour le script de Steve Jobs. La presse se désole aussi de voir ignorer Michael Keaton dans Spotlight,  Johnny Depp dans Strictly Criminal et Will Smith dans Concussion, et surtout le jeune Jacob Tremblay dans Room. Ou encore Helen Mirren, Jane Fonda, Kristen Stewart (qu'on pensait favorite en second-rôle) et Lily Tomlin dans la catégorie meilleur second rôle féminin. Certains râleront de l'absence de Star Wars dans les catégories principales (mais 5 nominations au total), tout comme celles du Fils de Saul et d'Ex Machina dans la catégorie meilleur film ou/et meilleur réalisateur... Nul ne doute que les médias pointeront également l'absence d'afro-américains dans les catégories artistiques (réalisation, comédiens). Michael B. Jordan et Idris Elba sont parmi les oubliés de l'année.

Les heureuses surprises

Spotlight reste quand même l'un des prétendants les plus sérieux avec 6 nominations, y compris dans les catégories principales. Parmi les autres bonnes surprises, il y a évidemment Mustang dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère (seule réalisatrice nommée dans les catégories meilleurs long métrages tous genres confondus), aux côtés du Fils de Saul et L'Etreinte du serpent. La catégorie animation est l'une des plus relevée de ces dernières années avec un Grand prix d'Annecy brésilien, un film Aardman, un film du studio Ghibli, le Grand prix du jury de Venise et film indépendant de Charlie Kaufman face à Vice-Versa, le meilleur Pixar depuis des lustres, par ailleurs nommé pour son scénario (hélas pas en meilleur film, affreuse faute de goût). Autrement dit, aucun autre grand studio américain n'a été choisi, les votants préférant des films étrangers aux styles plus singuliers. Notons un français dans la catégorie court-métrage la présence d'un français, Ave Maria, de Basil Khalil et Eric Dupont.

Autre nomination qui réjouit, celle de Charlotte Rampling, splendide dans 45 Years, et qui se voit pour la première nominée à l'âge de 69 ans, après 50 ans de carrière. Elle a, face à elle, deux jeunes favorites, Saoirse Ronan et Brie Larson, et Jennifer Lawrence, une fois de plus citée.  C'est sa quatrième nomination alors qu'elle n'a que 25 ans.

Equilibrant films de studios et films indépendants, nouvelles têtes et habitués, les Oscars ont pris peu de risques cette année mais sont sûrs de décevoir si le suspens est tué avec le triomphe d'un film sur un autre. Une chose est sûre: les 88e Oscars seront révélés le 28 février. Chris Rock présentera la cérémonie. Nul ne doute que ce sera surtout le sacre de Leonardo DiCaprio, enfin. Ça suffira à faire le buzz.

Film: The Big Short ; Le Pont des espions ; Brooklyn ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Room ; Spotlight

Réalisateur: Adam McKay (The Big Short) ; George Miller (Mad Max: Fury Road) ; Alejandro G. Inarritu (The Revenant) ; Lenny Abrahamson (Room) ; Tom McCarthy (Spotlight)

Actrice: Cate Blanchett (Carol) ; Brie Larson (Room) ; Jennifer Lawrence (Joy) ; Charlotte Rampling (45 ans) ; Saoirse Ronan (Brooklyn)

Acteur: Bryan Cranston (Trumbo) ; Matt Damon (Seul sur Mars); Leonardo DiCaprio (The Revenant) ; Michael Fassbender (Steve Jobs) ; Eddie Redmayne (The Danish Girl)

Second-rôle féminin: Jennifer Jason Leigh (Les 8 Salopards) ; Rooney Mara (Carol) ; Rachel McAdams (Spotlight) ; Alicia Vikander (The Danish Girl) ; Kate Winslet (Steve Jobs)

Second-rôle masculin: Christian Bale (The Big Short) ; Tom Hardy (The Revenant) ; Mark Ruffalo (Spotlight) ; Mark Rylance (Le Pont des espions) ; Sylvester Stallone (Creed)

Film en langue étrangère: L'étreinte du Serpent (Colombie) ; Mustang (France); Le Fils de Saul (Hongrie), Theeb (Jordanie); A War (Danemark)

Scénario: Le Pont des espions ; Ex Machina ; Vice-Versa ; Spotlight ; NWA Straight Outta Compton

Scénario (adaptation): The Big Short ; Brooklyn ; Carol; Seul sur Mars; Room

Image: Carol ; Les 8 Salopards ; Mad Max: Fury Road ; The Revenant ; Sicario;

Montage: The Big Short ; Mad Max: Fury Road ; The Revenant ; Spotlight ; Star Wars: la Force se réveille

Décors: Le Pont des espions ; The Danish Girl ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant

Costumes: Carol ; Cendrillon; The Danish Girl ; Mad Max: Fury Road ; The Revenant

Musique: Le Pont des espions ; Carol ; Les 8 Salopards ; Sicario ; Star Wars: La Force se réveille

Chanson: Earned It (Cinquante nuances de Grey) ; Manta Ray (Racing Extinction) ; Simple Song #3 (Youth) ; Til It Jappend to You (The Hunting Ground) ; Writing's on the Wall (Spectre)

Animation: Anomalisa ; Le garçon et le monde ; Vice-Versa ; Shaun le mouton ; Souvenirs de Marnie

Animation (court métrage): Bear Story ; Prologue ; Sanjay's Super Team ; We Xan't Live without Cosmos ; World of Tomorrow

Documentaire (long métrage): Amy ; Cartel Land ; The Look of Silence ; What Happened, Simone? ; Winter on Fire: Ukraine's Fight for Freedom

Documentaire (court métrage): Body Team 12 ; Chau, beyond the Lines ; Claude Lanzmann; Spectres of the Shoah ; A Girl in the River: The Price of Forgiveness ; Last dat of Freedom

Court métrage: Ave Maria ; Day One ; Everything Will Be Ok (Alles Wird Gut) ; Shok ; Stutterer

Effets visuels: Ex Machina ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Star Wars: La Force se réveille

Montage son: Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Sicario ; Star Wars: La Force se réveille

Mixage son: Le Pont des espions ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Star Wars: La Force se réveille

Maquillage et coiffure: Mad Max: Fury Road ; Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ; The Revenant

Alan Rickman (1946-2016). Le professeur Rogue est mort.

Posté par vincy, le 14 janvier 2016

Inimitable et éternel Professeur Rogue dans la franchise Harry Potter, Alan Rickman, né le 21 février 1946, est mort d'un cancer le 14 janvier 2016 à l'âge de 69 ans. Fils d'un père irlandais et d'une m!re galloise, il a débuté sur les planches à l'âge de 7 ans, dans une pièce montée par son école. Mais avant d'en faire son métier, il se lance dans une carrière de graphiste. Il attend ses 26 ans pour entrer à la Royal Academy of Dramatic Art.

Avec sa voix chaude, presque caverneuse, et son allure de dandy inquiétant, Alan Rickman ne pouvait que séduire la Royal Shakespeare Company, qui l'accueille en 1978. Il hérite souvent de rôles de méchants au théâtre, et logiquement au cinéma. Lui qui joua du Shakespeare, du Brecht, du Tchekhov, du Ibsen, du Jarry ou même le Vicomte de Valmont dans les liaisons dangereuses, qui en fit une star des planches à Londres comme à New York. Passionné par le théâtre, il a mus en scène plusieurs pièces, notamment de son ami Ruby Wax et d'August Strindberg.

Le cinéma ne va faire appel à lui qu'en 1988. Il incarne l'un des plus grands méchants de l'histoire du blockbuster américain avec le personnage d'Hans Gruber dans le premier film des aventures de John McLane, Piège de cristal. Fiéleux comme on l'aime. Un méchant où la voix doucereuse et l'apparente tranquillité inquiète bien plus que les excès de jeu dans ce genre de rôles.Il n'a pas été si tenté par les sirènes hollywoodiennes, même si on le retrouve en shérif de Nottingham dans le Robin des bois de Kevin Reynolds. Il tourne avec Anthony Minghella (Truly Madly Deeply), Tim Robbins (Bob Roberts), Mike Newell (An Awfully Big Adventure), Neil Jordan (Michael Collins), l'injustement méconnu Judas Kiss de Sebastian Guttierez, le culte Dogma de Kevin Smith ou encore les ratés Galaxy Quest et H2G2... Plus marquant ses rôles dans Sweeney Todd de Tim Burton, en juge Turpin, ou Snow Calk de Marc Evans, en homme hanté par la mort d'une autostoppeuse et qui décide d'aller voir la mère de sa victime.

En 2001, il accepte le rôle de Severus Rogue, professeur à l'ambiguïté charismatique, naturellement autoritaire et intrigant, dans la série Harry Potter, dont il sera de tous les épisodes. On le retrouve aussi en mari volage dans Love Actually en 2003, puis dans des succès comme Le parfum, Alice au pays des merveilles (la voix de la chenille), Le majordome (où il incarne Ronald Reagan) et l'an dernier dans Une promesse (de Patrice Leconte).

Alan Rickman a aussi réalisé deux films: le très beau L'invitée de l'hiver, adaptation d'une pièce qu'il avait lui-même mis en scène. Le film, avec Emma Thompson et sa mère, Phyllida Law, a remporté quelques prix. Et Les jardins du roi, avec Kate Winslet, sorti l'an dernier.

Mais s'il fallait retenir un rôle c'est celui du Colonel Christopher Brandon dans Raisons et sentiments, d'Ang Lee (1995), où il donne merveilleusement la réplique à Emma Thompson, rayonnante. En plus de la diriger, ils ont joué dans six films ensemble et deux téléfilms. Une des couples de cinéma (et pas seulement dans Love Actually) les plus épatants.

Il venait de terminer deux nouveaux films dont la sortie est prévue cette année, Opération Eye In The Sky de Gavin Hood, avec Helen Mirren et Aaron Paul et Alice de l'autre côté du miroir, la suite d'Alice au pays des merveilles.

Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreux prix: un Golden Globe du meilleur acteur et un screen Actors Guild Award dans une mini-série télévisée (Raspoutine), un BAFTA du meilleur second-rôle masculin (Robin des bois), en plus de trois nominations, un prix d'interprétation au FFM de Montréal (Mesmer), deux prix à Venise pour son film L'invitée de l'hiver... Au théâtre, il a été nommé deux fois aux Tony Awards.

La Directors Guild of America révèle ses nominations et ajoute une catégorie premier film

Posté par vincy, le 14 janvier 2016

laszlo nemesPas de Todd Haynes ni de Steven Spielberg. Les réalisateurs américains ont choisi les cinq cinéastes en course pour le Directors Guild Award, qui annonce d'assez près, généralement, les nominations dans cette catégorie aux Oscars. George Miller (Mad Max: Fury Road), Alejandro G. Inarritu (The Revenant), Tom McCarty (Spotlight), Adam McKay (The Big Short;) et Ridley Scott (Seul sur Mars) sont donc les heureux élus. La DGA a eu une envie de spectacle, assurément. Toutes ces oeuvres sont avant tout liées par un point commun: une mise en scène spectaculaire et un certain sens du découpage où différents récits de croisent.  Inarritu a gagné le prix l'an dernier pour Birdman. Tout comme Scott, c'est sa troisième nomination.

Mais la surprise est venue d'ailleurs. la DGA a décidé de récompenser les réalisateurs d'un premier long métrage. Cela signifie que les cinéastes ne sont pas obligatoirement membres de la Guilde et que les films étrangers sont éligibles dès lors qu'ils ont été distribués à New York ou/et Los Angeles. Les prétendants pour ce nouveau prix sont Fernando Coimba (A Wolf at the Door, Brésil), Joe Edgerton (The Gift, Australie), Alex Garland (Ex Machina, Royaume Uni), Marielle Heller (The Diary of a Teenage Girl, USA) et Laszlo Nemes (Le Fils de Saul, Hongrie).

Les cinq réalisateurs pour un documentaires sont Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi (Meru), Liz Garbus (What Happened, Simone?), Alex Gibney (Going Clear: Scientology and the Prison of Belief), Matthew Heineman (Cartel Land) et Asif Kapadia (Amy).

Pour la télévision, les DGA ont retenu Downton Abbey (Michael Engler), Homeland (Lesli Linka Glatter), Game of Thrones (David Nutter), The Knick (Steven Sodrbergh) et Mad Men (Matthew Weiner) en séries dramatiques, Veep (Chris Addison), Louie (Louis C.K.), Silicon Valley (Mike Judge), Modern Family (Gail Mancuso) et Transparent (Jill Soloway) en séries comiques, Whitney (Angela Bassett), The Secret Life of Marilyn Monroe (Laurie Collyer), Show Me a Hero (Paul Haggis), The Wiz Live! (Kenny Leon) et Bessie (Dee Rees) en téléfilms ou mini-séries.

Les récompenses seront remises le 6 février.

Edito: Suffragette City

Posté par redaction, le 14 janvier 2016

On ne le dira jamais assez, Carol est un film rare, et donc précieux. Il a fallu 20 ans pour que ce roman de Patricia Highsmith soit porté sur le grand écran, non sans embûches. On pourrait penser qu'une romance entre deux femmes, dans l'Amérique très conformiste des années 50, ne soit plus un réel problème, surtout quand Cate Blanchett est au générique.

Que nenni, trop de nénés. Deux femmes qui ont le pouvoir (dans le scénario) et sont les personnages principaux (du film), rendant le mâle accessoire, c'est un "risky business", encore en 2015. Phyllis Nagy, la scénariste de Carol, s'en désole et dans un entretien à Ecran Noir, explique à quel point le cinéma est masculin.

Et la dernière étude du centre d'étude sur la place des femmes dans l'audiovisuel de San Diego confirme l'affreuse perception qu'on a de cette industrie décidément misogyne. Des 250 films ayant rapporté le plus de dollars l'an dernier, seuls 9% étaient réalisés par des femmes. Il n'y a que 11% de femmes scénaristes, 26% de productrices, 6% de directrices de la photo...

Et on ne parle pas de l'inégalité salariale. Il va peut-être falloir faire comme il y a un siècle pour le droit de vote des femmes: une sorte de révolution pour leur accorder la place qu'elle mérite. C'est valable dans le cinéma, comme dans la bande dessinée, la photographie ou la musique.