Le doué « Cinglé » Song Kang-Ho

Posté par vincy, le 16 décembre 2008

song kanh hoSong Kang-ho est le plus ancien du trio de Le bon, la brute et le cinglé. Doyen né en 1967, il est le cinglé. Rôle aussi nature que physique, il sait, avec sa rondouillardise et son faux air jovial, faire les fous comme personne. La publicité l’enrôle d’ailleurs souvent pour véhiculer des messages positifs autour de produits bancaires, alimentaires ou divers. Issu de l’ancienne école (le théâtre, ses troupes, ses tournées), il débute en 1991 sur scène, en 1996 sur écran. Il sera rapidement célèbre grâce à des comédies plus ou moins noires. De la farce à l’horreur, il explore son talent à travers un rire parfois jaune.

En 1999, il devient le roi du box office avec Shiri, film le plus vu de l’année dans son pays. Un thriller d’espionnage qui aspire à égaliser les blockbusters de Hong Kong et Hollywood. Il croise la « brute » Lee Byung-hun dans Joint Security Area. Mais en 2002, il se fait connaître d’un public cinéphile mondial avec Sympathy for Mr. Vengeance, de Park Chan-wook, premier volet de la trilogie sauvage du cinéaste, plus apprécié à l’étranger qu’en son pays. Il récupère vite son statut avec Memories of Murder et ses 5 millions de spectateurs. Il interprète un policier en chasse d’un serial killer, ce qui lui donne l’occasion d’un premier voyage à Cannes. Il alterne les productions non exportées, les gros budgets qui floppent (Antartic Journal) et les méga hits.

Le plus gros est évidemment The Host, film de monstre, qui a séduit 13 millions de curieux. Record national, juste devant le précédent record de l’année précédente (Le roi et le clown), il bénéficie de nombreux effets spéciaux, encore assez rares dans le cinéma coréen. Dès lors, il deviendra un habitué de Cannes, où The Host était en avant-première mondiale. On l’y verra l’année suivante dans Secret Sunshine en amoureux éconduit dans un drame métaphysique. Deux fois meilleur acteur aux Grand Bell Awards, les Oscars coréens, il est, parmi Le bon, la brute et le cinglé, le plus cher du casting.

La belle « brute » Byung-hun Lee

Posté par vincy, le 16 décembre 2008

byung hun leeLee Byung-hun, né en 1970, a déjà une multitude de fans et de sites internet à sa gloire. Il débute sur le petit écran en 1991 et aujourd’hui se décline en jeu vidéo, en album de musique et surtout au cinéma. Bouddhiste, polyglotte, diplômé en littérature française, star au Japon, primé de multiples fois pour ses rôles, il se transforme en vedette de cinéma avec le film de Chan-wook Park, Joint Security Area, meilleur film coréen de l’année, sélectionné à Berlin et surtout plus gros succès historique du box office national à l’époque (avec 6 millions d’entrées). Ce thriller politique qui se déroule dans le No Man’s Land entre les deux Corée l’impose dans la cour des grands.

Dès lors, Lee Byung-hun va s’amuser avec les extrêmes : sadisme (dans le segment « Cut » de Three extremes), sexe (Everybody has secrets, interdit aux mineurs), voitures (Addicted) et même réincarnation et homosexualité dans l’injustement méconnu Bungee Jumping of Their Own. Dans ce film, il prouve son talent à aller dans des personnages plus intérieurs, plus troubles.

En 2005, il est le héros du très violent A Bittersweet Life. Costard et flingue, il se complait dans un registre décalé, capable de se délecter avec un dessert avant d’aller tuer froidement quelqu’un. Le polar, surtout, s’exporte et récolte les louanges internationales. L’acteur va alors aborder un nouveau tournant dans sa carrière. Hollywood l’appelle pour jouer aux côtés de Josh Hartnett (I come with the Rain) et surtout G.I. Joe : Rise of Cobra, dans l’équipe des vilains, avec Christopher Eccleston et Sienna Miller.

Premier acteur sud-coréen a avoir séduit Hollywood, véritable belle gueule, il a su se différencier avec des contre-emplois comme cette Brute, serpent flingueur dans Le bon, la brute et le cinglé. Grâce à son charisme et son sex-appeal, il vampe le spectateur et nous fait oublier qu’il est une ordure de première classe.

Le « bon » Jung Woo-Sung

Posté par vincy, le 16 décembre 2008

jung woo sungJung Woo-sung est né en 1973, abandonnant vite l’école pour atteindre son rêve : jouer. Ce coréen, mannequin au Japon et réalisateur de vidéo-clips dans son pays, est devenu, dès les années 90, parmi les acteurs les plus prometteurs d’un cinéma en pleine croissance. En à peine dix ans, il affirma sa popularité. C’est le film de gangsters Beat, en 1997, qui le propulse parmi les stars d’un public friand de violence, sang et de codes dignes du Western hong-kongais. Quatre ans plus tard, il est le héros de Musa, la princesse du désert, énorme production sino-coréenne, où il côtoie l’étoile montante du cinéma chinois, Zhang Ziyi.

Il marque davantage les esprits cinéphiliques dans le drame émouvant A moment to Remember, prix du scénario aux « Oscars » coréens. Face à la maladie d’Alzheimer de son épouse, il incarne, sous quatre facettes différentes, de la comédie dramatique au mélo le plus sensible, un mari qui doit se confronter à une relation qui s’efface avec le temps. Il enchaîne alors les succès en salles. Andrew Lau, ancien chef op de Wong Kar-wai et réalisateur des Internal Affairs, l’engage sur un film hongkongais, Daisy. Il interprète un tueur non dépourvu d’âme et de sentiments. Toujours du côté des « bons » quand il y a des méchants. Il a aussi été boxeur (City of the Rising sun), guerrier (dans le film fantastique The Restless), pompier amoureux d’une femme sourde (dans la comédie Sad Movie).

Véritable star au box office rassurant pour les producteurs, le comédien, qui use de sa plastique pour séduire son public, est choisi pour jouer le bon dans Le bon, la brute et le cinglé, œuvre épique et tonitruante présentée en avant-première mondiale à Cannes. Un des rares acteurs qui pourrait faire croire que le gentil n’est pas sympathique, même par vengeance.

Poitiers : focus sur Brises d’Enrique Ramirez, prix du jury étudiant

Posté par MpM, le 16 décembre 2008

brisesUn homme marche sans s’arrêter dans la rue, traverse la route, s’engage dans un bâtiment imposant. La caméra le suit, le précède, l’accompagne. Un impressionnant plan séquence de 10 minutes qui nous mène au travers de la Maison du Gouvernement chilien, du sud vers le nord. En chemin, on croise des gardes, une femme dans un bassin rempli d’eau, des chiens errants. En surimpression, une voix-off égraine des bribes de souvenirs, de pensées, de sensations. C’est un choc, à la fois esthétique et émotionnel. Même sans identifier tous les symboles, on sent confusément le poids de l’Histoire qui pèse sur Brises. D’où l’absolue nécessité de rencontrer Enrique Ramirez, son réalisateur, étudiant d’origine chilienne en deuxième année à l’école du Fresnoy (Tourcoing).

Où avez-vous tourné Brises ?
Enrique Ramirez : J’ai obtenu l’autorisation de tourner dans la Maison du Gouvernement chilien, qui a été détruite pendant le coup d’état de Pinochet puis reconstruite. Cela m’a pris un an d’avoir cette autorisation… et je l’ai eue seulement la veille du tournage. Cet endroit se visite mais seulement dans un sens : du nord vers le sud, c’est-à-dire de <la Place de la Constitution vers la Place de la Citoyenneté. Moi, je voulais aller dans l’autre sens, commencer par le côté interdit.

Pourquoi ?Enrique Ramirez
E.R. : Je trouve ça incroyable que l’on soit en démocratie, que les portes soient ouvertes au public… mais que malgré tout on ne puisse pas choisir le sens de la visite, ou revenir en arrière dans le bâtiment. C’est symbolique du fait qu’au Chili, on essaye d’oublier l’Histoire. Or c’est important pour construire une nouvelle histoire de ne pas oublier le passé ! D’où l’idée de traverser la Maison du Gouvernement qui est un lieu symbolique pour tous les Chiliens. Elle évoque à la fois la guerre civile, la mort d’Allende et le retour à la Démocratie. La traverser, c’est comme traverser l’Histoire. C’est aussi pour cela que l’eau est un élément important dans le film : l’eau nettoie, mais la seule chose que l’on ne peut pas nettoyer, c’est la mémoire.

Vous ne donnez dans le film ni explications sur la signification du lieu ni rappels historiques…
E.R. : J’ai voulu faire le film pour les Chiliens mais aussi pour ceux qui ne connaissent pas notre histoire, que cela fonctionne pour les deux grâce à un travail sur l’imaginaire et les sensations. Et puis la guerre, l’histoire, la mémoire, les gens qui disparaissent… tous les pays connaissent cela ! J’ai voulu donner cette portée universelle au film, d’où l’absence d’explication. Le texte est plutôt autobiographique, il évoque des images de l’enfance qui peuvent parler à tout le monde. Moi, j’ai grandi avec la dictature et ça me paraissait un peu normal car je n’avais rien connu d’autres ! Ce n’est que des années après que j’ai compris ce qui s’était réellement passé.

Comment s’est concrètement passé le tournage ?
E.R. : Nous avions l’autorisation de tourner une matinée. Je n’étais pas sûr que nous aurions le temps de faire deux prises… mais finalement ça a été possible, et c’est la seconde qui est dans le film. Comme le palais est dans la rue principale de Santiago, il n’était pas possible d’arrêter le trafic. Mais j’aime bien travailler comme ça, avec les passants qui font partie du film. J’aime bien le hasard… le fait de ne pas tout contrôler. C’est pour cela que j’aime les plans-séquences.

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A voir : le palmarès complet des Rencontres internationales Henri Langlois.
A noter : Brises sera diffusé le 27 décembre à 20h dans le cadre de la manifestation Dans la nuit les images au Grand Palais à Paris.

L’Age d’Or d’Igor

Posté par Morgane, le 15 décembre 2008

igor« -Lui, c’est Rapidos, une de mes inventions les plus réussies. Je l’ai rendu immortel, ce qui est plutôt dur pour lui vu qui l’a aucune envie de vivre. »

L’Histoire : Le Roi Malbert règne sur le pays de Malaria où les Inventions Maléfiques sont à l’honneur. Les savants fous du pays sont tous assistés de leur Igor, mais notre Igor n’est pas comme les autres. Il rêve de devenir savant fou lui-même et d’inventer un monstre féroce et gigantesque…

Ce que l’on en pense : Igor est une sorte de Frankenstein pour enfants. A l’image du Dr Frankenstein, et des savants fous qui l’entourent, Igor se prend pour Dieu et désire réaliser la plus machiavélique des inventions : donner la vie à un véritable monstre ! Mais tout ne se déroule pas comme prévu et le monstre se révèle très rapidement être une femme au physique, certes spécial, mais une femme douce qui elle n’a qu’un seul rêve, brûler les planches et devenir une véritable star.

L’histoire de ce nouveau film d’animation, sorti ni des studios Pixar ni de ceux de Dreamworks qui font habituellement notre bonheur mais tout droit de l’imagination d’Anthony Leondis et de son équipe, renferme des idées plutôt originales. Les dessins et l’animation sont loin d’un Wall-e ou d’un Ratatouille (en cause, un budget beaucoup moindre) mais les idées sont belles et bien présentes. Et même si le film est inégal dans sa longueur et erre parfois au milieu de baisses de rythme, Igor reste une belle réussite, notamment grâce à ses personnages, tous plus dingues les uns que les autres, et à ses dialogues très aiguisés qui font mouche le plus souvent. En effet, plus que sur son scénario, le film repose essentiellement sur le couple que forment Igor et Violette ainsi que sur les deux acolytes du bossu, Brain et Rapidos, un cerveau fort peu malin et un lapin immortel aux fortes tendances suicidaires. De plus, les décors terrifiants d’un monde aux prises du mal conjugués à l’humour noir et au côté trash de certaines répliques (« allons tabasser des vieux pour fêter ça ») octroie à Igor son côté sombre lui donnant ainsi le caractère de certains films dont Tim Burton serait le chef de file. Un bonbon acide à déguster durant les fêtes…

Studio Ciné Live en kiosque dès janvier 2009

Posté par vincy, le 15 décembre 2008

On vous l'annonçait en septembre, les mensuels Studio et Ciné Live allaient fusionner. Ce sera fait le 28 janvier 2009. Appartenant tous deux au groupe belge Roularta (qui comprend aussi L'Express et L'Expansion), les deux magazines vont donc s'unir sous la marque Studio Ciné Live, ce qui révèle une grande originalité ou prise de risque pour le choix de la marque. Le résultat est (provisoirement?) batard.

Editorialement, on attend de voir comment Fabrice Leclerc, le directeur du titre, va réunir les contraires.  Studio mise davantage sur la photo et des stars catégorie A ou des films comme Australia (ce mois-ci en couverture) ; Ciné Live est davantage porté sur les blockbusters pour ados (Largo Winch pour le mensuel et Wolverine pour le hors-série de fin d'année).

Dans un an il sera temps de faire un bilan : abonnements, ventes, espaces pubs... Le tirage devrait être aux alentours de 180 000 exemplaires. D'ici là, on leur adresse nos voeux de bonne année.

« Wall-E » réussit un exploit avec les critiques de Los Angeles

Posté par vincy, le 14 décembre 2008

C'est une première en 34 ans. Annoncée le 9 décembre, la liste des récipiendaires du prix des critiques de Los Angeles couronne un dessin animé. Wall-E succède à There Will Be Blood et dépasse l'autre finaliste, Batman : The Dark Knight. Le film de Christopher Nolan finit deuxième dans deux autres catégories - réalisateur et direction artistique - et ne remporte qu'un seul prix, posthume, pour Heath Ledger. Avec leurs collègues de New York, ils partagent leur goût commun pour Pénélope Cruz,  Sally Hawkins, Sean Penn et le documentaire Man on Wire. Clairement Slumdog Millionaire, Milk et Be Happy ont séduit les élites cinéphiliques du pays.

Meilleur film : Wall-E (finaliste : Batman The Dark Knight)

Meilleur réalisateur : Danny Boyle pour Slumdog Millionaire (finaliste : Christopher Nolan pour The Dark Knight)

Meilleur acteur : Sean Penn pour Milk
(finaliste : Mickey Rourke pour The Wrestler)

Meilleure actrice : Sally Hawkins pour Be Happy (finaliste : Melissa Leo pour Frozen River)

Meilleur second rôle masculin : Heath Ledger pour The Dark Knight (finaliste : Eddie Marsan pour Be Happy)

Meilleur second rôle féminin : Penelope Cruz pour Vicky Cristina Barcelona et Elegy (finaliste : Viola Davis pour Doute)

Meilleur scénario : Mike Leigh pour Be Happy (finaliste : Charlie Kaufman pour Synecdoche, New York)

Meilleure photo : Yu Lik-Wai pour Still Life (Anthony Dod Mantle pour Slumdog Millionaire)

Meilleure direction artistique : Mark Friedberg pour Synecdoche, New York (finaliste : Nathan Crowley pour The Dark Knight)

Meilleure musique : A.R. Rahman pour Slumdog Millionaire (finaliste : Alexandre Desplat pour L'étrange histoire de Benjmain Button)

Meilleur film en langue étrangère : Still life de Jia Zhang Ke (finaliste : Entre les murs de Laurent Cantet)

Meilleur documentaire : Man on Wire (finaliste : Valse avec Bashir)

Meilleur film d'animation : Valse avec Bashir

Meilleur nouveau talent : Steve McQueen pour Hunger

Les critiques de New York boivent du petit lait avec « Milk »

Posté par vincy, le 13 décembre 2008

Les critiques de New York ont rendu leur verdict annuel mercredi 10 décembre. Ce palmarès confirme les films tendance du moment et affirment une volonté évidente de faire une résistance à un cinéma formaté. Deux films se partagent la plupart des citations principales : Milk, de Gus Van Sant, et Be Happy, de Mike Leigh. Le cinéaste anglais a battu Danny Boyle d'un petit point pour le titre de meilleur réalisateur.

Meilleur film : Milk

Meilleur réalisateur : Mike Leigh pour Be Happy

Meilleur acteur : Sean Penn pour Milk

Meilleure actrice : Sally Hawkins pour Be Happy

Meilleur second rôle masculin : Josh Brolin pour Milk

Meilleur second rôle féminin : Penelope Cruz pour Vicky Cristina Barcelona

Meilleur scénario : Jenny Lumet pour Rachel Getting Married

Meilleure photographie : Anthony Dod Mantle pour Slumdog Millionaire

Meilleur premier film : Courtney Hunt pour Frozen River

Meilleur film étranger : 4 mois, 3 semaines et deux jours

Meilleur film d'animation : Wall-E

Meilleur documentaire : Man on Wire

Le prix Louis-Delluc 2008 consacre le monde rural

Posté par vincy, le 12 décembre 2008

prix louis delluc (c) vincy thomas
Avec surprise, Gilles Jacob, président du jury du Prix Louis-Delluc, a annoncé calmement que le Prix Louis-Delluc du premier film était décerné à Samuel Collardey, pour son film sorti en salle la semaine dernière, L'apprenti. Le film n'était pas dans la liste des trois finalistes. Puis, sans tambours ni trompettes, au premier étage du Fouquet's, une partie du jury de ce Goncourt du cinéma sur l'estrade, les caméras en face, le nom du 66e prix Louis-Delluc est annoncé : Raymond Depardon (pour La vie paysanne, diffusé au dernier festival de Cannes). L'apprenti a séduit 19 446 curieux dans les salles, tandis que La vie moderne a attiré en six semaines 200 017 spectateurs. "Il y a un retour à la terre et un hommage au documentaire" explique Gilles Jacob. "Une forte majorité s'est dégagée en faveur de ce film, même si nous avons à un moment imaginé de donner le prix ex aequo aux Plages d'Agnès d'Agnès Varda."

gilles jacob raymond depardon (c) vincy thomasUne demi-heure plus tard, les primés arrivent. En tenue de week-end. Point trop de formalisme. Gilles Jacob revient, entouré des lauréats : "un grand metteur en scène, un grand docuemntariste, un homme d'image, un homme de son..." Il insiste même sur cette singularité. Car, hormis Être et avoir en 2002, le genre n'a jamais reçu ce prix. "On en avait assez d'entendre "C'est un photographe qui fait du cinéma", alors que cela fait 30 ans qu'il fait des films, et des films magnifiques."

gilles jacob et samuel collardey (c) vincy thomasDepardon prend la parole. "L'important c'est de faire du cinéma." Il semble heureux. "Cela fait longtemps que vous me suivez. C'est l'aboutissement d'un parcours, une nostalgie transformée. C'est une évolution qui remonte à l'enfance, un hommage à la cinéphilie, aux cinéastes qui m'ont appris "le bon angle"."

L'obsession d'avoir le juste regard sur les choses : "Je suis toujours un photographe qui recherche la bonne place, filmer ces paysans a été un exercice de conscience et de puissance cinématographique car je ne pouvais pas les faire répéter". Il s'explique, sans amertume, que "le documentaire n'est pas toujours facile, il y a beaucoup de solitude, il faut beaucoup d'énergie et une idée fixe."

raymond depardon (c) vincy thomas raymond depardon photographie (c) vincy thomasDepardon rebondit sur l'actualité en parlant de Werner Herzog et de son cinéma vérité, où l'on ne peut pas faire répéter les acteurs. Puis il laisse Samuel Collardey connaître son quart d'heure de gloire. "Les paysans sont à l'honneur et j'en suis très fier. Je suis aussi très fier d'être associé à Raymond Depardon". Il se place directement en héritier de Depardon, avoue que, depuis la Fémis il s'est laissé accompagner par sa vision cinéphilique. Profils paysans lui a "donné envie de filmer".

La filiation est respectée. Ce cinéma-vérité, cette caméra sans artifice, ce romanesque crû demeure le genre de films qui a le vent en poupe auprès du jury du prix Louis-Delluc ces dernières années. Raymond Deaprdon connaît une saison de tous les honneurs avec une pièce de théâtre adaptée de ses films et mise en scène par Zabou Breitman, une exposition à la Fondation Cartier. Après un César du meilleur film documentaire en 1995, le Delluc 2008 est le plus important prix de cinéma qui lui est décerné.

Un pas en avant pour l’audiodescription

Posté par Morgane, le 12 décembre 2008

Mercredi 10 décembre, la charte de l’audiodescription a été paraphée dans une des salles du Cinéma des Cinéastes par des signataires tels que le CNPSAA (Comité Nationale pour la Promotion Sociale des Aveugles et des Amblyopes), l’Association Valentin Haüy, En Aparté, Titra Film, Arte, TF1, France Télévisions, SRF, DIRE, SDI et UPF.

L’audiodescription ou comment rendre la culture accessible à tous. A l’occasion de cette conférence de presse, plusieurs orateurs sont intervenus afin de revenir sur « le moment historique » que représentait cette signature et sur l’audiodescription et son statut. Le maître-mot de ces interventions reste la volonté de rendre la culture, ici visuelle, accessible à tout un chacun. Alors, en quoi consiste ce procédé ? Coup de projecteur sur l’audiodescription.

L’audiodescription : Pourquoi ? Comment ? La question du « Pourquoi ? » trouve sa réponse dans le vœu d’universalité dont se réclame l’outil culturel incluant ainsi les personnes handicapées et ici, plus particulièrement, les personnes aveugles. L’audiodescription a alors pour but de leur donner accès aux images dont regorge aujourd’hui notre société, que ce soit à travers le cinéma, la télévision, le musée etc…

Le court métrage Anna d’Alejandro Gonzalez Inarritu, appartenant à l’œuvre collective Chacun son cinéma (réalisée à l’occasion du 60ème anniversaire du Festival de Cannes) dans lequel un homme « décrit » l’image à son amie aveugle dans une salle de cinéma en est un très bon exemple.

« L’audiodescription consiste à décrire les éléments visuels d’une œuvre cinématographique au public non voyant et malvoyant, pour lui donner les éléments essentiels à la compréhension de l’œuvre (décors, personnages, actions, gestuelle…). Le texte enregistré est calé entre les dialogues et les bruitages et mixé avec le son original de l’œuvre ». La présente charte a donc pour but de donner un cadre, principalement éthique, à l’audiodescription. Laure Morisset et Frédéric Gonant (comédiens et audiodescripteurs) en ont rappelé les points fondamentaux :

- Le choix des mots est essentiel tout comme le respect de l’œuvre.

- L’audiodescripteur se doit d’être objectif et ne doit pas chercher à imposer ses propres sentiments mais à les provoquer. Pour cela, il doit se livrer à une analyse rigoureuse de l’image et de la bande-son.

- L’audiodescripteur doit respecter l’auditeur avec une description qui soit en mesure de se faire oublier, de se fondre dans le film lui-même.

L’audiodescription : retour sur un développement français lent. La France est en effet en retard dans le domaine de l’audiodescription. Apparue aux Etats-Unis en 1975 grâce à Gregory Frazier, professeur à l’université de San Francisco, et à August Coppola (frère du célèbre Francis Ford), doyen de cette même université, l’audidescription a fait ses timides premiers pas dans l’Hexagone il y a de cela 20 ans. Alors que cette pratique est devenue courante en Angleterre, au Canada, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis et autres, la France a, elle, un wagon de retard que cette charte, on le souhaite, comblera.

Le procédé est présenté pour la première fois en France lors du festival de Cannes 1989 avec des extraits audiodécrits des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot et des Enfants du Paradis de Marcel Carné. Le premier film entièrement audiodécrit par l’Association Valentin Haüy n’est autre qu’Indiana Jones et la dernière croisade de Steven Spielberg, également en 1989. Concernant le théâtre, Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare est la première représentation audiodécrite, en 1990, au Théâtre National de Chaillot. Quant à la chaîne Arte, elle a été la première a diffusé des films en audiodescription à partir de 1999.

A ce jour, en France, environ 300 films sont audiodécrits. TF1, en septembre dernier, a proposé Les bronzés 3 dans ce format spécifique. La ville de Paris, régulièrement depuis 2004, propose au cinéma Arlequin et plus récemment au MK2 Quai de Seine, des films La môme, Un long dimanche de fiançailles, Paris, Comme une image, ou encore lors de sa sortie nationale, Entre les murs. Cette charte fera en sorte que ce nombre ne cesse d’augmenter et qu’à terme, l’audiodescription s’intègre à toutes les productions.