Les attentats du 13 novembre 2015 : cinémas et festivals impactés

Posté par vincy, le 14 novembre 2015

[Mise à jour 20h00] Paris et Saint-Denis ont été frappés par six attaques simultanées dans la soirée du vendredi 13 novembre. Au moins 127 personnes sont mortes et 200 sont blessées dont 80 au pronostic vital engagé. Un carnage inédit depuis 1945 qui entraîne trois jours de deuil national, mais a contraint également à décréter l'état d'urgence national.

Les cinémas commencent à fermer les uns après les autres. le réseau Gaumont Pathé a ainsi indiqué peu avant 13h: "En raison des événements tragiques, les cinémas Gaumont Pathé de Paris seront exceptionnellement fermés aujourd'hui. Merci de votre compréhension." Idem pour UGC, peu après 13h: "Les cinémas UGC de Paris intra-muros seront fermés aujourd'hui." L'avant-première du film de Steven Spielberg, Le pont des espions prévue dimanche à l'UGC Normandie a été annulée, indique le distributeur la 20th Century Fox. MK2 a suivi: après avoir ouvert ses cinémas samedi matin à Paris, le groupe a indiqué à l'AFP qu'elle allait les fermer "suite à la recommandation de la préfecture".

Le Grand Rex est fermé pour le week-end, alors que le Pixar des fêtes (Le Voyage d'Arlo) et sa traditionnelle féérie des eaux devaient être lancés aujourd'hui.

A Paris, le Forum des Images et le Louxor, suite à la décision de la préfecture de fermer pour la journée tous ses établissements publics de la ville de Paris, et le Cinéma des cinéastes avaient déjà pris la décision de ne pas ouvrir.

L'avant-première de Joe Hill de Bo Widerberg programmée demain au Méliès de Montreuil a été annulée également. Idem pour le Cinéma du Panthéon a communiqué sur sa page Facebook pour annoncer l'annulation de l'avant-première prévue aujourd'hui de Mia Madre de Nanni Moretti. D'autres ont suivi le mouvement: le réseau Ecrans de Paris (l'Arlequin, où se tient la Semaine du cinéma russe, l'Escurial, le Reflet Medicis, le Majestic Passy et le Majestic Bastille), Le Nouvel Odéon, Le Lincoln et Les Parnassiens.

En Île de France, le Cinéma Le Trianon de Noisy-le-Sec a décidé de fermer pour tout le week-end, suspendant ainsi le Festival du film franco arabe.

Cinessonne, Festival du cinéma européen en Essonne a décidé d'annuler les journées des Jurys et indique, pour le reste de la programmation, que la plupart des salles concernées par la manifestation garderont le rideau baisser. D'autres villes de banlieue, comme Créteil ou Anthony, ont fermé leurs salles municipales.

Le Festival international du film d’histoire de Pessac (Bordeaux) devait être lancé lundi 16 novembre avait pour thème… “Un si Proche-Orient”. La 26e édition n'aura pas lieu dans l'immédiat: "Les multiples attaques terroristes de la nuit dernière à Paris et en région parisienne ont frappé les Français et la France en plein coeur. Suite à cette tragédie humaine et au regard de la mise en état d’urgence de notre pays, Franck Raynal, Maire de Pessac, et Alain Rousset, Président de l’association du Festival international du film d’histoire, ont pris la décision, après concertation avec le Préfet d’Aquitaine, de reporter la 26e édition qui devait débuter le lundi 16 novembre."

A l'inverse le Festival du film d'Arras a décidé de continuer, malgré l'ambiance lourde qui y règne. Sur Facebook, le festival explique: "Après consultation des autorités compétentes, le Arras Film Festival continue. Solidaire des événements, l’équipe unanimement a décidé de laisser les portes ouvertes aux films, aux artistes, aux spectateurs, aux débats. Il est important que dans les salles obscures, la lumière reste allumée."

Enfin Pretty Pictures a annoncé le report de la sortie de Made in France, le film de Nicolas Boukhrief, prévu mercredi prochain dans les salles. Le film est le récit de l'infiltration d'une cellule terroriste française par un journaliste.

Edito: En novembre, fais ce qu’il te plait

Posté par redaction, le 5 novembre 2015

saul fia le fils de saul son of saulDernier créneau avant la sortie des mastodontes (007, Katniss, Arlo, Han Solo...). L'occasion pour les films d'auteur de profiter cette semaine de l'absence de blockbusters. A commencer par Le Fils de Saul, premier film ayant reçu le Grand Prix au dernier Festival de Cannes.

En filmant le quotidien d'un Sonderkommando, ces prisonniers juifs qui devaient aider les Allemands à génocider juifs, homos, communistes, handicapés et roms, Laszlo Nemes a opté pour un sujet tabou: la représentation de la Shoah au cinéma. Adoubé par le gardien du temple, Claude Lanzmann, Le fils de Saul est devenu "ce qu'il faut faire pour filmer les chambres à gaz et les camps de concentration". On ne contestera pas, de notre côté, la force, l'intensité du film. Emotions intenses, formalisme juste, cette expérience aussi bien sensorielle que philosophique est à voir. Quitte à être choqué. Mais au moins, une fois vu, on peut débattre du film et de cette proposition cinématographique.

Car Lanzmann ou pas, on peut, on doit débattre. Il ne s'agit pas de comparer Le Fils de Saul avec d'autres films sur le sujet (La Liste Schindler, La vie est belle, Bent...) mais bien de comprendre pourquoi Le Fils de Saul serait plus légitime, plus juste que les autres alors qu'il s'agit d'une fiction, donc d'une manipulation du réel, à l'inverse de Shoah, documentaire. On le voit, cet épisode de l'histoire remue encore et continue d'être un tabou.

Ne serait-ce que pour l'avoir transgressé lui aussi, au plus près, et pour réveiller nos mémoires, assoupies, on peut au moins remercier Laszlo Nemes de ne pas avoir eu peur d'affronter ce moloch du 7e art, ce monstre de l'Histoire.

Quentin Tarantino se met la police de New York à dos

Posté par vincy, le 26 octobre 2015

Au départ, il y a Quentin Tarantino dans les rues de New York, manifestant le 24 octobre, sous les acclamations, contre la violence policière aux Etats-Unis. Les deux manifestations new yorkaises réclamaient la fin des violences policières mais aussi une réforme du système judiciaire. Tarantino a lu une liste de noms des victimes policières en public, expliquant que ce problème n'est pas pris en considération et ajoutant: "Si c'était pris en considération, ces policiers meurtriers seraient emprisonnés ou au moins inculpés".

Ce ne fut pas du goût de tout le monde. Dès dimanche, dans un communiqué, le syndicat de policiers new yorkais Patrolmen's Benevolent Association, le plus important des syndicats policiers de la métropole, a réclamé le boycott des films de Quentin Tarantino.

Le syndicat dénonce l'hypocrisie d'un réalisateur qui "gagne sa vie en glorifiant la criminalité et la violence". A moins que ce ne soit, selon le syndicat, la raison principale de son "combat" contre la police. "Les policiers que Quentin Tarantino qualifie de meurtriers ne vivent pas dans un univers fait de ses fantasmes pervers pour grand écran, ils risquent et parfois sacrifient leur vie pour protéger des communautés de la véritable criminalité et du désordre", a réagi le syndicat. Qui demande que les New Yorkais n'aillent plus voir ses films.

Le syndicat, au passage, oublie la liberté d'expression (premier amendement de la constitution américaine)  et la liberté de création. Mais nul ne doute que son prochain film, Les huit salopards, qui sort le 25 décembres à New York et le 6 janvier en France, ne devrait pas trop souffrir de ce "boycott".

Rappelons que depuis le début de l'année, 356 personnes ont été tuées par les forces de l'ordre aux Etats-Unis, ce qui inclus les cas de légitime défense. En 2014 on a compté 623 morts, un record depuis le début du siècle.

800 artistes et personnalités lancent l’appel de Calais

Posté par redaction, le 21 octobre 2015

Ils sont 800. Cinéastes, chef op, comédiens, producteurs, mais aussi écrivains, intellectuels, éditeurs, musiciens... De Romain Duris à Omar Sy, de Riad Sattouf à Jeanne Moreau, de Valérie Donzelli à Agnès Jaoui. Ils se sont tous mobilisés avec un appel, doublé d'une pétition sur Change.org, pour alerter une opinion publique de plus en plus apeurée par les migrations mondiales. En jeu, les immigrants installés à Calais, attendant de pouvoir passer au Royaume Uni. Philippe Lioret en avait fait un film, Welcome (photo).

Les conditions de vie à Calais sont si épouvantables que ce bidonville géant est surnommé la Jungle. Une tache noire sur le continent européen qui s'est ancrée ici depuis la fermeture du centre de Sangatte en 2002 et qui a explosé démographiquement à partir de 2010.

Epidémie, viols, famine...

"Cinq à six mille femmes, hommes et enfants, épuisés par un terrible voyage, laissés à eux-mêmes dans des bidonvilles, avec un maigre repas par jour, un accès quasi impossible à une douche ou à des toilettes, une épidémie de gale dévastatrice, des blessures douloureuses, des abcès dentaires non soignés. Et les viols des femmes. Les enfants laissés à eux-mêmes dans les détritus. Les violences policières presque routinières. Les ratonnades organisée par des militants d’extrême droite" rappelle le texte, qui s'interroge: " Jusqu’à quand allons-nous nous taire ?"

"Au prétexte que des conditions de vie moins inhumaines pourraient produire «un appel d’air» envers d’autres réfugiés, le gouvernement de notre pays a décidé de se défausser sur les associations et les bonnes volontés. Celles-ci sont admirables mais ne peuvent pas tout. Ce désengagement de la puissance publique est une honte dans un pays qui même en période de crise, reste la sixième puissance économique mondiale."

Pauvres contre pauvres

Un appel de 800 intellectuels et artistes, relayer en une d'un quotidien national, Libération, peut frapper les esprits. On ne regrettera jamais cette mobilisation, ce sursaut citoyen face aux "discours réactionnaires ou fascisants [qui] ne cessent depuis des années de diviser les gens, d’opposer des catégories toujours plus fragmentées, pour mieux propager leur idéologie haineuse. Aujourd’hui leur propagande avance l’argument qu’il n’y aurait plus de place pour les exilés d’où qu’ils viennent, soi-disant au nom de la défense des plus pauvres des Français". Cela rappelle cette scène dans Pan où les esclaves votent avec ferveur pour la mort de trois d'entre eux sous prétexte que leur tyran en a décidé ainsi....

Il n'y a pas de gens plus misérables ou miséreux que d'autres et cela détruit l'idée même de la République. En prenant la parole, tous ensemble, ces 800 signataires veulent croire que des valeurs universalites et humanistes peuvent contrer la parole incendiaire de certains politiques, les injustices causées par les politiques européennes et nationales et l'opinion de plus en plus répandue que ces exilés de Calais sont des persona non grata au prétexte qu'ils sont clandestins avant d'être des humains.

L'appel demande "solennellement au gouvernement un large plan d’urgence pour sortir la jungle de Calais de l’indignité dans laquelle elle se trouve."

Un appel à l'ancienne

Cependant, comme l'expliquait très bien Céline Sciamma, signataire de l'appel, dans une tribune parue dans le même Libération, samedi dernier, "Il ne fait aujourd’hui plus de doute que nous avons du retard sur nos adversaires intellectuels de droite. Ce sont des athlètes de leur idéologie et, face à eux, nous devons lutter contre un sentiment d’impuissance et d’accablement aussi bien intime que collectif." Sa réflexion visait juste quand elle y écrit: "L’argumentaire est abandonné au profit d’une invocation sentimentale, là où nos adversaires font exactement l’inverse : ils déguisent leurs sentiments, de peur, de haine, en système argumenté. La riposte ne passe plus par la télévision, vieux média peuplé de vieilles personnes s’adressant à leurs semblables. La véritable offensive médiatique de la fachosphère est sur le Web, et c’est cet endroit qu’il faut investir avec force."

Or cet Appel, juste et salvateur, semble davantage une "invocation sentimentale" qu'un "système argumenté". Pire, la riposte proposée se fait dans un quotidien certes encore un peu influent mais diffusé à moins 95000 exemplaires (source OJD), soit à peine plus que La Croix, et qui n'est que le 10e site d'information le plus fréquenté sur Internet et mobile. C'est pour cela, notamment, que nous décidons de relayer cet appel, à notre modeste niveau. Si on veut interpeller les citoyens, c'est bien sur les réseaux sociaux qu'il faut désormais le faire. Et il faudrait que tous les signataires relaient cet appel avec mot-dièse compris sur leurs comptes twitter et pages facebook. Ce qui est loin d'être le cas.

Le cinéma s'engage

Parmi les 800 signataires: Anne Alvaro, Marie Amachoukeli , Mathieu Amalric , Jean-Pierre Améris, Ariane Ascaride , Antoine de Baecque, Josianne Balasko, Jeanne Balibar, Emmanuelle Béart, Alex Beaupain , Xavier Beauvois , Bérénice Bejo, Lucas Belvaux , Emmanuelle Bercot, Enki Bilal, Benjamin Biolay , Jacques Bonnaffé, Rachida Brakni, Thomas Cailley, Robin Campillo, Laurent Cantet, Marilyne Canto, Eric Cantona, Philippe Caubère, Clémentine Célarié, Caroline Champetier , Jean-Louis Comolli, Catherine Corsini, Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, Claire Denis , Alex Descas , Arnaud Desplechin , Vincent Dieutre , Marcial Di Fonzo Bo , Valérie Donzelli , Jean Douchet, Valérie Dréville, Romain Duris, Jérémie Elkaïm , Abbas Fahdel, Philippe Faucon, Pascale Ferran, Laurence Ferreira Barbosa, Jean-Michel Frodon, Valéry Gaillard, Nicole Garcia, Louis Garrel, Philippe Garrel, Gilles Gaston-Dreyfus, Costa-Gavras, Sylvain George, Hyppolite Girardot, Agnès Godard, Jean-Luc Godard, Fabienne Godet, Yann Gonzalez, Romain Goupil, Pascal Greggory , Anouk Grinberg, Robert Guédiguian, Tran Han Hung , Michel Hazavanicius, Agnès Jaoui, Yves Jeuland, Reda Kateb, Cédric Klapisch, Helena Klotz, Nicolas Klotz, Claude Lanzmann, Pascal Légitimus, Louis-Do de Lencquesaing, Anne Le Ny, Serge Le Péron, Pierre Lescure, Sébastien Lifshitz, Thomas Lilti, Virginie Linhart, Jean-Louis Livi, Noémie Lvovsky, Haroun Mahamat Saleh, Abd al Malik, Tonie Marshall, Gilles Marchand, Jean-Louis Martinelli, Corinne Masiero, Laetitia Masson, Antoine Mathieu, Claire Mathon, Macha Méril, Radu Mihaileanu, Patrick Mille, Nadir Mokneche, Dominik Moll, Gérard Mordillat, Jeanne Moreau , Yolande Moreau, Gaspar Noë, Valérie Osouf,, François Ozon, Rithy Panh, Elisabeth Perceval, Thierry de Peretti, Nicolas Philibert, Sylvie Pialat, Bruno Podalydès, Denis Podalydès, Clémence Poésy, Joana Preiss, Katell Quillévéré, Jacques-Remy Girerd, Vincent Rottiers, Jean Rousseau, Christophe Ruggia, Agnès de Sacy , Céline Sallette, Pierre Salvadori, Riad Sattouf, Céline Sciamma, Joann Sfar, Abderrahmane Sissako, Omar Sy, Bertrand Tavernier, Jenny Teng, Danièle Thompson, Serge Toubiana, Gaspard Ulliel, Dominique Valadié, Karin Viard, Hélène Vincent , Régis Wargnier, Bruno Wolkowitch, Paule Zadjermann , Malik Zidi et Rebecca Zlotowski.

Edito: Sexe, fric et coup de gueule

Posté par redaction, le 15 octobre 2015

Dans un mois sort le film Les Suffragettes, avec Carey Mulligan, Brendan Gleeson, Ben Whishaw et Meryl Streep. Le film narre le combat féministe pour réclamer le droit de vote des femmes, il y a un siècle en Angleterre. Un combat violent, où des femmes ont bravé le conservatisme anglais, les convenances sociétales et la pensée conformiste. Bref, la domination masculine. Ce droit de vote "pour tou(te)s" s'est progressivement imposé dans tous les pays. Même l'Arabie Saoudite y réfléchit.

Pourtant l'égalité des sexes reste toujours une cause contemporaine. Jennifer Lawrence, l'actrice la mieux payée d'Hollywood, a eu raison de pousser un coup de gueule cette semaine. On peut ironiser sur le fait qu'elle parle de l'inégalité salariale d'acteurs/actrices payé(e)s avec des chèques à 7 ou 8 chiffres mais elle frappe juste quand elle dit: "Quand j'ai découvert à quel point j'étais moins payée que les heureux détenteurs d'un pénis, je n'étais pas en colère contre Sony. J'étais en colère contre moi-même. J'ai échoué en tant que négociatrice parce que j'ai baissé les bras trop tôt." On se souvient que Meryl Streep avait applaudit longuement Patricia Arquette aux Oscars en février qui disait peu ou prou la même chose. Les actrices vont sans doute ouvrir la voie à un combat qui ne concerne pas qu'Hollywood ou même le cinéma (la situation est identique en France). Qu'Hillary Clinton fasse de l'égalité salariale entre hommes et femmes l'une de ses promesses de campagne montre que c'est bien là la prochaine grande cause féministe.

On espère juste qu'elle sera moins sanglante que pour les Suffragettes...

Les fondus de la Terre brûlée envahissent les écrans: Keep calm et affronte les zombies !

Posté par wyzman, le 7 octobre 2015

Les zombies sont partout. Voilà notre première pensée à la sortie de la projection de La Terre Brûlée - le second volet de la saga Le Labyrinthe. Les plus pessimistes argueront que c'est un beau foutoir quand les autres noteront les différentes inspirations (honorables) du film. Mais cela ne résout pas notre problème : pourquoi voit-on des zombies partout ? Et ne nous dites pas que cela vous a échappé. De Resident Evil à World War Z, de The Walking Dead à Z Nation en passant par Les Revenants ou encore iZombie, nos salles de cinémas et nos téléviseurs sont désormais envahis de mort-vivants. Et même une saga comme Le Labyrinthe n'a pu passer outre le phénomène !

Dans ce nouveau film porté par Dylan O'Brien (Teen Wolf) et adapté très très très librement du roman de James Dashner, un groupe d'adolescents poisseux (mais toujours propres malgré l'absence évidente d'hygiène quotidienne) fuit une organisation dangereuse (forcément) et tente de trouver refuge dans univers qui lui est fortement hostile. Ces ados doivent ainsi traverser un monde post-apocalyptique transformé en désert et survivre à des attaques de mort-vivants. Si ici les créatures ne s'appellent pas "zombies" mais "fondus", le concept reste le même que celui exploité dans les œuvres citées plus haut : les fondus en ont après les humains en bonne santé et possèdent une force considérable. Ils peuvent contaminer les êtres sains d'un seul coup de griffe ou d'une simple morsure. Sans vous dévoiler quoi que ce soit de l'intrigue de ce blockbuster à 60M$, impossible de masquer pour autant une certaine gêne. Pourquoi faut-il qu'il y ait des zombies partout ? Pourquoi le phénomène ne semble pas prêt de s'arrêter ?

Et la réponse est simple : la peur de l'autre. De manière simpliste, certains diront que le zombie est une forme de changement raté, de métissage biologique qui a foiré. Mais c'est plus que faux ! Les zombies qui arpentent tous ces programmes audiovisuels ont tendance à faire resurgir l'instinct de survie des protagonistes mais également une certaine notion de fatalité - dans la mesure où un humain infecté est déjà mort sur le papier ! Plus encore, les zombies semblent aller de pair avec l'idée qu'il n'y a rien de pire qu'une menace qui vient de nos proches. Pas étonnant donc que dans la série Fear The Walking Dead (le spin-off en forme de prequel de The Walking Dead), les zombies ne s'appellent pas (encore) des "zombies" mais des "infectés". Et l'idée est là. Très vite, la famille centrale se retrouve contrainte de tuer ses propres voisins pour espérer rester en vie en attendant de comprendre ce qui se passe. Et tout y est. Peur de l'autre : check. Instinct de survie : check. Menace proche : check.

Et pour ceux qui se le demanderaient : non, la présence de zombies n'enlève rien au charme léger du second volet du Labyrinthe (qui se perd quand même dans son scénario). Parce qu'il y a toujours été question d'expérimentations faites sur l'homme et de la destinée d'un personnage en pleine maturité (Thomas, dont les hormones le conduisent à rêver d'un bisous : pour le dépucelage, on verra plus tard), La Terre Brûlée se regarde avec un certain plaisir (coupable). Qui plus est, nous ne devrions pas attendre longtemps avant que quelqu'un ne réalise que cette saga en dit autant sur les adolescents d'aujourd'hui et leur rapport au monde extérieur que Hunger Games (la plus réussie des franchises "youth adult") et The 100. Les ados doivent survivre à des adultes corrompus (les fondus) autant qu'à un système où l'élite les exploite (l'entité WICKED), tout en essayant de trouver leur place dans un monde qui n'a rien d'accueillant. Passons sur les défauts de l'oeuvre cinématographiques, La terre brûlée s'approche de ces deux œuvres contemporaines que sont Hunger Games et The 100 en rendant la valeur métatextuelle supérieure au scénario. Comme chez les Wachowski. Mais eux, n'ont pas encore fait appel aux zombies pour traduire nos peurs les plus primitives.

A Hollywood et en France, la diversité c’est maintenant ?

Posté par wyzman, le 3 octobre 2015

La diversité. Voilà plusieurs années qu'à Hollywood, c'est le seul mot qu'il convient d'avoir à la bouche pour évoquer les personnages, les acteurs, les scénaristes, les réalisateurs, les producteurs. Bref, toute la chaîne de commandement du septième art ! Qu'il s'agisse de genre, d'orientation sexuelle, de religion ou d'environnement social, l'audiovisuel américain fait son possible pour mettre en avant ses minorités. Et si aujourd'hui le mot nous intéresse plus que jamais, c'est parce ses "effets" se font (enfin) sentir. Si vous suivez l'actualité du box office américain, il ne vous aura pas échappé que durant 5 semaines consécutives, ce sont des films portés par des acteurs de couleur qui en ont pris la tête. Il y a d'abord eu Straight Outta Compton, le biopic basé sur l'histoire du groupe de hip-hop N.W.A. Puis est venu War Room, un drame marital et religieux au succès inespéré. Et une semaine plus tard, c'est le thriller The Perfect Guy qui faisait des merveilles. Comme le fait The Wrap, nous nous demandons si l'intérêt soudain des spectateurs pour ces films va attirer l'attention des grandes pontes d'Hollywood.

Car, qu'on se le dise, cette succession de films comportant une majorité d'acteurs noirs est un cas rare, si ce n'est unique. Va-t-elle se reproduire ? Personne ne peut le prédire. On a déjà débattu de la question de savoir s'il y a trop de noirs à l'écran. Mais en attendant, ce phénomène peut être mis en parallèle avec le succès d'une série telle qu'Empire. Parce que cette dernière compte essentiellement des acteurs noirs (Terrence Howard, Taraji P. Henson, Gabourey Sidibe, etc.), il n'est pas étonnant de voir que les Afro-Américains y soient très réceptifs. Les audiences le prouvent, les taux sur les 18-49 ans (la cible préférée des annonceurs) l'attestent. Malheureusement, il ne faut pas nous emballer. Si la sauce prend aux Etats-Unis, ce n'est malheureusement pas le cas ailleurs.

Dans un pays comme le Royaume-Uni qui ne connaît pourtant pas la barrière de la langue, ils étaient à peine plus de 500.000 curieux à regarder le season premiere. Plus encore, et alors que le DVD de la saison 1 devrait sortir en France le 12 novembre, on ne peut que s'inquiéter de la VF que le Groupe M6 tentera au moment de diffuser la série. Nos oreilles vont saigner - et pas qu'un peu ! L'Amérique semble de plus en plus fière de ses minorités (cf. notre article sur les derniers Emmy Awards) mais préfère les projets portés par des stars déjà bien établies - et supposément bankables. On pense ainsi à Vin Diesel (saga Fast & Furious) chez les Latino-Américains et Denzel Washington (The Equalizer) et Will Smith (saga Men In Black) pour les Afro-Américains. Quant aux Asiatiques, si le nombre d'acteurs engagés est de plus en plus important, aucun d'entre eux n'est à même de faire décoller un blockbuster. Ils restent des seconds-rôles même s'il s'agit de stars en Chine, à Hong Kong ou en Corée du sud. Pour le moment en tout cas.

Quid de la France ? Si le cinéma tend à aborder la diversité avec une décomplexion parfois simulée (souvenez -vous de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu?), le public français n'est pas si réceptif que ça aux œuvres "destinées aux noirs". Samba n'a attiré "que" 3,1 millions de curieux en salles, ce qui semble dérisoire face aux 19,4 millions d'entrées d'Intouchables… En deux semaines, Straight Outta Compton n'a réalisé que 360 000 entrées. Quand How to Get Away with Murder, le thriller produit par Shonda Rhimes et porté par Viola Davis, a attiré 3,3 millions de curieux lors de son lancement, ils n'étaient plus que 399 000 devant le dénouement ! Quant aux œuvres françaises, si elles comptent indéniablement des acteurs de couleur, ce ne sont pas eux qui font décoller les audiences. A titre d'exemple, la série Nos chers voisins ne compte qu'un seul acteur récurrent de couleur (Issa Doumbia). Idem pour Scènes de ménages (Loup-Denis Elion).

Du côté du cinéma français, à l'exception d'Omar Sy, d'une génération déjà bien passée (Roschdy Zem, Sami Bouajilah, Pascal Legitimus) et d'autres humoristes bien identifiables (Jamel Debbouze, Elie Semoun, Gad Elmaleh), ce n'est vraiment pas United Colors of Benetton. Combien de fois une Firmine Richard ou un Isaak de Bankolé se sont plaints d'avoir peu de rôles à jouer... Dans les pays anglo-saxons on est capable de faire jouer Marius des Misérables par un "black". En France, la Comédie Française est désespérément "white". Vous l'aurez compris, en termes de diversité, les Etats-Unis ont un léger coup d'avance et, comparativement, la France semble toujours très blanche... Et plus le temps passe, plus il devient difficile de trouver une explication crédible !

La censure chinoise tolère le personnage homosexuel du prochain film de Wang Chao

Posté par vincy, le 8 septembre 2015

Un vent nouveau soufflerait-il en Chine? Les autorités chinoises ont approuvé le 2 septembre la diffusion en salles d'un film sur un amour homosexuel. Une première dans un pays où toute relation sexuelle est vue d'un mauvais oeil (au point d'aseptiser les scénarios des films internationaux qui souhaiteraient sortir en Chine) et où l'homosexualité est peu tolérée. Pourtant la littérature chinoise n'a jamais caché l'homosexualité, au point de raconter des relations amicales ouvertement ambiguës. L"homosexualité n'est plus une maladie mentale depuis près de 15 ans dans le pays. Et la sodomie a été dépénalisée il y a 18 ans. Reste qu'il est très difficile  d'être homosexuel en Chine et tout aussi compliqué de l'illustrer au cinéma. La communauté LGBT se bat depuis près de 40 ans pour lever la censure. Pour quelques cas médiatiques (mariage factice, gay pride surveillée, bars d'expatriés tolérants), il y a davantage de suicides. Très peu de comédiens revendiquent d'ailleurs leur orientation sexuelle. Bien que tolérée, l'homosexualité reste cachée, même si les mentalités évoluent.

Aussi, le fait que À la recherche de Rohmer (Xunzhao Lui Mai / Seek McCartney) soit montré sur les écrans chinois est une réelle avancée dans un pays où la censure est omniprésente. Tourné à Pékin, au Tibet, à Paris et en Provence, le  nouveau film de Wang Chao (L'orphelin d'Anyang, Voiture de luxe, Fantasia) est une histoire sentimentale entre Hang Geng, qui incarne un chinois hétérosexuel, et Jérémie Elkaïm, qui interprète un français homosexuel, entourés d'Hélène Vincent et d'Alice de Lencquesaing (lire aussi notre entretien avec Wang Chao). Cela faisait presqu'un an qu'il attendait son autorisation éventuelle. Il doit sortir cet hiver en Chine. Le film avait obtenu l'Avance sur recettes en 2012, et a été produit par Reboot films en 2013. La post-production est terminée depuis un an.

Le réalisateur s'est emballé sur son blog: "C'est un petit pas pour l'Administration du Film, mais c'est un grand pas pour le monde du cinéma". Si à Hong Kong, l'homosexualité n'a pas représenté trop de problèmes au cinéma (Happy Together de Wong Kar-wai, entre autres), en Chine aucun film dont le personnage principal est homosexuel n'a eu accès aux salles de cinéma, que ce soit East Palace, West Palace de Zhang Yuan (Cannes 1997) ou Nuit d'ivresse printanière de Lou Ye (Cannes 2009).

Ce revirement de la censure chinoise montre que les règles restent très opaques et soumises aux censeurs. Si l'homosexualité n'est plus considérée comme "pornographique et vulgaire" depuis cinq ans, il n'empêche qu'elle freine la liberté de création, à l'opposé de ce qui se réalise à Taïwan.

Alors qu'en France, on revit parfois des épisodes sombres de notre histoire de la censure (Love en est le dernier exemple), la censure chinoise tente quelques signes d'ouverture. Très mesurés. Rappelez-vous ce couple de jeunes chinois se filmant en train de faire l'amour (par derrière) dans une cabine d'essayage d'un grand magasin d'une marque japonaise (ultime trahison?): la vidéo, diffusée sur les réseau, a été rapidement censurée et les exhibitionnistes risquent jusqu'à deux ans de prison. Le socialisme a ses limites et il n'y a qu'un pas pour rappeler que le consumérisme occidental pourrit les valeurs ancestrales de la bonne société chinoise.

Il n'y a donc pas de révolution mais un léger vent nouveau qui souffle sur la Chine. Un homosexuel est toujours moins dangereux pour le régime qu'un dissident réclamant la Liberté.

L’instant zappette: Dear Black people, arrêtez de mourir dans les séries!

Posté par wyzman, le 30 août 2015

*Si vous n'aimez pas les spoilers, ne lisez pas les lignes qui suivent !* L’événement de la semaine passée était sans aucun doute le lancement de Fear The Walking Dead, le spin-off en forme de prequel de la série que l'on ne présente plus : The Walking Dead. Également diffusée sur AMC le dimanche soir, la nouvelle série en chantier a réussi son lancement puisqu'ils étaient pas moins de 10,1 millions d'Américains à suivre ce qui va être une véritable hécatombe. Si aujourd'hui, nous sommes amenés à vous parler de ce pilote, ce n'est pas pour sa qualité (relative) ou pour vous donner de multiples raisons de regarder la série mais pour évoquer l'un de ses désagréments : le traitement des personnages noirs.

Annoncée et teasée depuis des mois, Fear The Walking Dead a la particularité d'être portée par des acteurs d'origines ethniques diverses style United Colors of Benetton. La série suit en effet les péripéties d'une famille recomposée. Nick et Alicia sont les enfants (blancs) de Madison. Celle-ci est en ménage avec Travis, lui-même incarné par l'acteur néo-zélandais et de couleur Cliff Curtis. Travis a déjà eu un enfant, Chris, avec Liza, une hispanique. Le meilleur ami de Nick, Calvin, est un jeune Afro-Américain. Idem pour Matt, le petit copain d'Alicia. De la diversité, en veux-tu en voilà ! Malheureusement, si producteurs et scénaristes tenaient ici le bon bout, ils se sont littéralement vautrés au moment d'écrire les prémisses de ce qui va être un bain de sang. Explications.

Dans ce genre d'exercice (le pilote d'une série d'horreur), il est évident qu'il faut un, voire plusieurs morts. Dans Fear The Walking Dead, Calvin, l'ami de Nick, s'avère être son dealer et donc le responsable de son bad trip de la veille. Et un cliché, un ! Plus encore, après une altercation qui mène à la mort de Calvin, celui-ci se retrouve transformé en zombie. Ne nous demandez pas où est la logique, nous nous posons également la question. Mais peu importe ! Transformé, Calvin s'attaque à la mère de Nick avant d'être écrasé par le pick-up familial à de multiples reprises. Et le pilote s'achève sur Calvin, bien amoché, mais encore prêt pour un autre round. Quant à Matt, le petit copain noir d'Alicia, il lui fait faux bond lors d'un rencard et, Fear The Walking Dead oblige, nous supposons qu'il lui est arrivé quelque chose de grave. Comprenez une attaque de zombie.

Questions : pourquoi toujours commencer par sacrifier le personnage noir ? Est-il plus facilement dispensable qu'un autre personnage ? Sa mort est-elle moins signifiante et plus appropriée au moment de lancer une série ? Nous posons la question. Et visiblement, nous ne sommes pas les seuls. Forbes s'amuse déjà à dire que, dans la mesure où le principal du lycée d'Alicia est également un Afro-Américain, on pouvait s'attendre à ce qu'il soit tué et/ou transformé dès le pilote. En face, HitFix fait le parallèle avec The Walking Dead qui, depuis ses débuts, a pris la mauvaise habitude de donner aux personnages Afro-Américains des "storyline minimes juste avant qu'ils ne soient amenés à mourir". Et là, le doute s'empare de nous. L'action de Fear The Walking Dead se situe à Los Angeles, une ville qui compte 4 millions d'habitants intra-muros dont seulement 10% de Noirs. S'il ne fait aucun doute que la série montrera des personnages noirs succomber (ne nous leurrons pas), les scénaristes ne sont pas pour autant allés piocher dans les 49% d'Hispaniques présents à Los Angeles lors du recensement de 2010.

Si la série veut s'affranchir de The Walking Dead, elle a tout intérêt à faire preuve de plus de réalisme ! Hors de toute volonté de politiser son propos, il s'agit d'un simple conseil. Dans Fear The Walking Dead, il n'est pas question de forêts et de bois ou encore de champs mais d'une métropole connue pour sa diversité et son incroyable tolérance. Après la déception Scream (MTV), l'adaptation télé qui s'est débarrassée dans cet ordre de la rousse, la lesbienne et l'Asiatique - faute d'avoir de personnage noir -, il semble qu'aucune nouveauté de cet été ne soit en mesure de lier tension dramatique et bonne représentation de la diversité. Dans la saga cinématographique, il aura tout de même fallu attendre le second volet pour qu'un personnage Afro-Américain apparaisse clairement à l'écran - et décède.

Même UnREAL (Lifetime), drame phénoménal sur les coulisses d'une émission de télé-réalité, n'a pu s'empêcher de faire passer les hispaniques pour des filles exotiques et faciles et les noires pour des aimants à embrouilles vulgaires. Diffusées sur des chaînes du câble, ces trois séries (Fear The Walking Dead, Scream et UnREAL) ne font que confirmer ce que l'on pensait déjà : la diversité se trouve désormais sur les grands networks, dans les œuvres de Oprah Winfrey, Shonda Rhimes et Lee Daniels ou encore Justin Simien (Dear White People) ! Un comble.

Love de Gaspar Noé finalement interdit aux moins de 18 ans

Posté par MpM, le 5 août 2015

loveLa justice a tranché : le film Love de Gaspar Noé doit donc être interdit aux moins de 18 ans en raison de ses scènes de sexe non simulées.

Cette décision du tribunal administratif de Paris fait suite à sa saisie par l'association Promouvoir qui vise "la promotion des valeurs judéo-chrétiennes dans tous les domaines de la vie sociale" (!) et qui avait déjà obtenu le 1er juin dernier, devant le Conseil d'Etat, l'annulation du visa d'exploitation du film d'horreur américain Saw 3 D Chapitre final après plusieurs années de procédure.

La même organisation s'était déjà battue (en vain) pour obtenir l'interdiction d'Antichrist de Lars von Trier aux moins de 18 ans.

Logiquement, Gaspar Noé a qualifié cette décision d'"aberration", attaquant ouvertement l'avocat de Promouvoir, Patrice André : "On est clairement face à quelqu'un qui est proche de Bruno Mégret, de la Manif pour tous, et qui est dans une stratégie d'autopromotion", a-t-il en effet déclaré au journal Libération. "Mon film est inoffensif, mais il semble déranger. Ce qui m'angoisse, c'est que, à cause de ce genre de choses, des réalisateurs ou producteurs peuvent se mettre à avoir peur. Il y a un risque que les cinéastes ou scénaristes s'autocensurent."

Avant la sortie du film le 15 juillet dernier, la commission de classification des oeuvres du Centre national du cinéma (CNC) avait recommandé par deux fois une interdiction aux moins de 16 ans seulement, avis qui avait finalement été suivi par la ministre de la Culture au moment de délivrer le visa début juillet. Le ministère avait justifié ainsi sa position : "L’évolution des mœurs de la société impose à la Ministre d’arbitrer entre liberté d’expression et mesure de police restrictive, dans un sens par principe favorable à la liberté."

Vincent Maraval, co-producteur du film, a laissé entendre sur Twitter qu'il allait faire appel du jugement, faisant de Love un symbole du retour de bâton moral actuellement observé en France :"La décision est maintenant dans les mains du Conseil d'Etat. On devrait en savoir plus sur la France très bientôt."

Tout en lui laissant la responsabilité de ses paroles, force est de constater que la question va bien au-delà du cas de Love. Il faut en effet rappeler que contrairement à ce que pourrait laisser penser la croisade de l'association Promouvoir, le film était jusqu'à présent interdit aux moins de 16 ans. Aucune chance, donc, qu'un jeune public non averti ne tombe devant des scènes de fellations ou de sexes en érection. Et si l'on considère que le web regorge de contenus pornographiques, on peut quelque peu s'amuser de cette hypocrisie consistant à "protéger" les 16-18 ans qui n'ont pas vraiment attendu Gaspar Noé pour découvrir, en gros plans et en détails, les pratiques sexuelles les plus diverses.

On a clairement le sentiment que derrière la prétendue volonté de "protéger" l’innocence de la jeunesse se dissimule surtout un rejet haineux de tout ce qui touche à la sexualité ainsi que le désir secret de la faire disparaître de la sphère publique. Car entre pudeur et puritanisme, il y a un fossé que franchit allègrement l'association pour laquelle la moindre représentation sexuelle est synonyme de vice. Ces personnes semblent ne toujours pas avoir compris que rien ne les oblige à aller voir un film qui ne leur plaît pas.

Quant à la justice, si elle a suivi le mouvement, c'est probablement parce déterminer si une oeuvre est pornographique, ou pas, demeure relativement subjectif... mais surtout parce que l'attirail juridique à sa disposition est terriblement daté. De nos jours, une interdiction aux moins de 18 ans (verdict légal en cas de "pornographie") n'a plus ni le même sens, ni la même nature qu'autrefois. En revanche, pour les films qui en sont victimes, cela constitue toujours un handicap économique (refus de programmation de certaines salles, contraintes de diffusion télévisée) dont il est difficile de se relever.

Sur le web, les réactions ne manquent pas, la plupart indignées, quelques-unes plus mesurées. Certains font en effet remarquer qu'un sexe en érection est interdit aux moins de dix-huit ans mais que la violence la plus brute n'est presque jamais touchée par ce type d'interdiction. D'autres crient tout simplement à la censure ou au puritanisme. Mais la meilleure réponse est probablement la nouvelle affiche du film, diffusée sur Twitter par Vincent Maraval, et sur laquelle on peut lire : en France, l'amour est désormais interdit aux moins de 18 ans.