Sandrine Bonnaire commence le tournage de sa première fiction

Posté par vincy, le 14 février 2011

Elle s'appelle Sabine, premier film de Sandrine Bonnaire, documentaire hommage à sa soeur, avait marqué les esprits : prix Fipresci à Cannes, où il était sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2007, nomination au César du meilleur documentaire. Depuis ce temps, une idée ne la quitte plus : revenir derrière la caméra. Mais pour un film de fiction. Elle avait en tête, à l'époque, l'histoire d'un sans-abri...

J'enrage de son absence est un drame dont elle a cosigné le scénario avec Jérôme Tonnerre (Les femmes du VIe étage, qui sort cette semaine, Quartier lointain, Confidences trop intimes, avec Bonnaire, Le Bossu, Un coeur en hiver...).

Le tournage débute aujourd'hui, jour de la Saint-Valentin. Et ironie du sort, Bonnaire - réalisatrice a engagé William Hurt, son ex. Autour de la star américaine, qui n'en est pas à son premier film français (Au plus près du Paradis, avec Catherine Deneuve), on retrouvera Alexandra Lamy, Augustin Legrand (actuellement conseiller régional en Île-de-France), et Jalil Mehenni.

Ad Vitam distribuera le film.

Sandrine Bonnaire, qui a publié son autobiographie l'an dernier chez Stock, sera cette année la narratrice du documentaire Bonobos (sortie ce printemps) et actrice dans Monet, la lumière blanche, avec Gérard Depardieu et Michel Galabru.

Berlin 2011 : la 3D déferle sur le festival

Posté par MpM, le 13 février 2011

PinaInvitée désormais inévitable des festivals, la 3D a surgi en force dans cette 61e Berlinale avec pas moins de trois films en relief dans une même journée. Pour commencer, Les contes de la nuit de Michel Ocelot qui cumule les particularités d'être à la fois le seul film français et le long métrage d'animation en compétition. Ensuite, on a enfin découvert le très attendu Pina de Wim Wenders et The cave of forgotten dreams de Werner Herzog. Deux réalisateurs qui mettent la technologie 3D au service du documentaire : Pina est un hommage à la chorégraphe Pina Bausch, décédée subitement en 2009, et The cave of forgotten dreams emmène le spectateur dans la grotte Chauvet, en Ardèche, où ont été découvertes des peintures vieilles de plus de 30 000 ans.

Et cette tendance émergente pourrait bien devenir la règle, si l'on en croit Wim Wenders cité par l'édition quotidienne de The Hollywood reporter à Berlin, qui voit dans le relief l'avenir du documentaire. Il faut avouer que l'on commence enfin à trouver un certain intérêt au cinéma en relief en regardant ces deux films qui ont en commun de recréer directement pour le spectateur une expérience vécue "en live". Wim Wenders n'aurait d'ailleurs pas entrepris ce film si la technologie 3D ne lui avait pas permis de reconstituer le plus fidèlement possible la fluidité et l'expressivité des chorégraphies de Pina Bausch. Le spectateur est tantôt au milieu des danseurs, tantôt dans la salle de spectacle où se déroule le ballet. C'est notamment impressionnant dans les séquences où les danseurs évoluent en groupe ou dans un espace recouvert de chaises, et cela permet d'être au plus près des corps. Visuellement, c'est plutôt une réussite. Mais le film s'essouffle, peut-être pour cause de scénarisation confuse.

Pour Werner Herzog, l'enjeu est encore plus grand, puisqu'il s'agit de permettre au grand public de découvrir les trésors de la grotte Chauvet, bien trop fragile pour être visitée. On évolue ainsi dans ce décor prodigieux de stalactites et de roches, où apparaissent des peintures si bien conservées qu'elles semblent dater de notre époque. Grâce à la 3D, on est vraiment dans la grotte, et chaque dessin se détache presque miraculeusement dans la pénombre. Les séquences extérieures gagnent aussi en saveur et en second degré, créant de petits portraits truculents des différents intervenants. On est bien au-delà du simple film éducatif pour se rapprocher d'une oeuvre esthétiquement et philosophiquement dense.

Plus classiquement, Michel Ocelot utilise la 3D pour gagner en profondeur de champ et en ampleur. Sans être à 100% convaincant, le relief participe de la magie visuelle du film, qui joue sur le contraste entre les personnages en ombres chinoises et les décors somptueux dans lesquels ils évoluent. On est clairement dans le domaine du conte où humour, rêve, voyage et aventure s'entrecroisent assez simplement. Michel Ocelot y ajoute un message de tolérance, d'universalisme et de générosité, faisant primer l'amour sur les possessions terrestres, la droiture sur le pouvoir. Dommage que la répartition des rôles reste aussi conservatrice entre le personnage masculin, forcément un héros au grand coeur, et le personnage féminin, qui est au mieux une victime, au pire une garce manipulatrice. Les clichés sexistes, dernier bastion à conquérir ? Et là, la 3D ne change rien à l'affaire...

Le discours d’un roi : Sept lauriers aux prix BAFTA

Posté par vincy, le 13 février 2011

Le discours d'un roi a logiquement (presque) tout raflé aux prix BAFTA, les Oscars britanniques.Sept prix dont trois dans la catégorie acteur/actrice, celui du meilleur film et du meilleur film britannique, celui du scénario originale et celui de la musique pour le français Alexandre Desplats.

Cela a quand même laissé quelques trophées (des masques) à des films comme The Social Network (réalisateur et deux autres), Inception (quatre récompenses au total), Black Swan (actrice)... Millénium repart avec celui du meilleur film en langue étrangère.

Christopher Lee et la saga Harry Potter (voir actualité du 3 février) ont reçu un prix d'honneur. Tom Hardy (Inception) a remporté le prix du meilleur espoir face à Gemma Arterton, Andrew Garfield, Aaron Johnson et Emma Stone.

Peu de surprise par conséquent, mais toujours la même critique : pourquoi les prix BAFTA se laissent-ils autant envahir par les productions hollywoodiennes? Il est rassurant de voir qu'un film on ne peut plus anglais que Le discours d'un roi sauve l'honneur national d'un cinéma pourtant vivace...

Le palmarès : (voir toutes les nominations)

Le discours d'un roi : meilleur film, meilleur film britannique, meilleur scénario, meilleur acteur (Colin Firth), meilleur second rôle masculin (Geoffrey Rush), meilleur second rôle féminin (Helena Bonham Carter), meilleure musique (Alexandre Desplat)

Four Lions : nouveau talent britannique

The Social Network : meilleur réalisateur (David Fincher), meilleure adaptation, meilleur montage

Millénium (1) : meilleur film en langue étrangère

Toy Story 3 : meilleur film d'animation

Black Swan : meilleure actrice (Natalie Portman)

True Grit : meilleure image (Roger Deakins)

Inception : meilleure direction artistique, meilleur son, meilleurs effets visuels

Alice au pays des merveilles : meilleurs costumes, meilleurs maquillages

The Egleman Stag : meilleur court métrage animé

Until the River Runs Red : meilleur court métrage

10 nominations aux prix Jutra pour Incendies

Posté par vincy, le 13 février 2011

On ne voit pas comment une razzia pourrait lui échapper. Malgré les nombreuses nominations de ses rivaux, notamment Les amours imaginaires, 10 1/2, ou dans des catégories techniques La cité, Les sept jours du talion et Cabotins, Incendies rafle 10 nominations aux prix Jutra (les César du cinéma québécois). Face à des concurrents dispersés, il est quasiment donné gagnant dans la plupart de ses catégories.

Denis Villeneuve, qui est aussi l'un des deux favoris des prix Génie (Oscars canadiens, voir actualité du 3 février) et nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, part avec une longueur d'avance. Seul choix cruel, la meilleure actrice puisque Mélissa Désormeaux-Poulin (qui joue la fille) et Lubna Azabal (qui incarne la mère) sont en compétition pour la statuette.

Le Jutra hommage sera remis à Jean Lapointe (prix Génie et prix Jutra du meilleur acteur en 2005 pour Le dernier tunnel). Il joue dans À l'origine d'un cri, trois fois nommé cette année, dont celle de meilleur second-rôle masculin pour Jean Lapointe. Auteur-compositeur-interprète, humoriste et acteur, il a quitté le Sénat du Canada en décembre 2010 où il siégeait depuis 2001. Il est l'un des comédiens les plus populaires de la Belle Province.

Le Jutra Billet d'or, qui récompense le plus gros succès au box office, sera remis à Piché entre ciel et terre, par ailleurs nommé pour le Jutra du meilleur scénario.

Notons enfin les trois nominations techniques pour le film français Oscar et la dame rose.

Les nominations par films :

Incendies (10) : film, réalisateur, actrice (Lubna Azabal), actrice (Mélissa Désormeaux-Poulin), scénario, image, direction artistique, son, montage, costumes

Les amours imaginaires (5) : film, réalisateur, scénario, montage, coiffure

La cité (5) : réalisateur, image, direction artistique, musique, costumes

Les sept jours du talion (5) : second rôle masculin (Martin Dubreuil), image, son, montage, maquillage

Cabotins (5) : second rôle féminin (Dorothée Berryman), direction artistique, son, costumes, coiffure

10 1/2 (4) : film, réalisateur, acteur (Claude Legault), scénario

Barney's Version (4) : scénario, direction artistique, maquillage, coiffure

La dernière fugue (4)  : acteur (Jacques Godin) second rôle féminin (Isabelle Miquelon), second rôle masculin (Yves Jacques), montage

Curling (3) : film, réalisateur, acteur (Emmanuel Bilodeau)

Les signes vitaux (3) : film, second rôle féminin (Marie Brassard), maquillage

A l'origine d'un cri (3) : second rôle masculin (Jean Lapointe), scénario, montage

Route 132 (3) : acteur (François Papineau), second rôle masculin (Alexis Martin), musique

Reste avec moi (3) : second rôle féminin (Danielle Proulx), second rôle masculin (Gérard Poirier), musique

Le journal d'Aurélie Laflamme (3) : second rôle féminin (Geneviève Chartrand) musique, costumes

Oscar et la dame en rose (3) : son, maquillage, coiffure

Tromper le silence (2) : actrice (Suzanne Clément), image

Trois temps après la mort d'Anna (2) : actrice (Guylaine Tremblay), image

Deux fois une femme (2) : actrice (Evelyne Rompre), maquillage

L'enfant prodige (2) : direction artistique, costumes

Piché entre ciel et terre (1) : scénario

The Trotsky (1) : acteur (Jay Baruchel)

Filière 13 (1) : son

Lucidité passagère (1) : musique

Le poil de la bête (1) : coiffure

Berlin 2011 : l’Egypte s’invite sur le tapis rouge

Posté par MpM, le 12 février 2011

Les réalisateurs égyptiens présents à la Berlinale vendredi soir ont fêté le départ de l'ancien président Hosni Mubarak après 18 jours d'un mouvement populaire sans précédent. Logiquement, ces événements devraient donner lieu à de nombreux fictions et documentaires dans les années à venir. Films que l'on verra peut-être en compétition pour l'Ours d'or ?

De nombreux artistes étaient d'ailleurs en première ligne pendant ces semaines de manifestation, certains tentant de "capter" l'Histoire en marche dans leur pays. Ainsi, la maison de production et de distribution Al Arabia s'est vue offrir des vidéos tournées pendant ces 18 jours et a annoncé son attention de les intégrer à un documentaire sur la révolution égyptienne.

A Berlin, on voit quelques effets de cette révolution : plusieurs réalisateurs égyptiens ont choisi de ne pas faire le déplacement car il leur semblait plus important de continuer à soutenir le mouvement. Et puis, pour beaucoup de festivaliers, l'Egypte reste au centre des préoccupations.

Sahar El Sherbini, la responsable des ventes internationales d'Al Arabia, qui a fait le déplacement, a quant à elle déclaré que le départ de Mubarak allait dynamiser la production cinématographique et artistique du pays. En attendant, bien sûr, toute cette effervescence populaire n'empêche pas la société de faire des affaires et de présenter deux nouveaux films à Berlin... Qui refuserait une occasion supplémentaire de faire la fête ?

Jafar Panahi : Paris, Berlin, Cannes…

Posté par vincy, le 12 février 2011

liberté pour jafar panahi

Paris

Le monde du cinéma se mobilise toujours en soutien à Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov, les deux cinéastes incarcérés par le régime iranien et interdits d'exercer leur profession pour 20 ans. Vendredi, à Paris, une centaine de personnes (réalisateurs, acteurs, producteurs et autres professionnels du cinéma) s'est réunie entre 12h30 et 14h devant la Cinémathèque Française (voir aussi actualité du 11 février). À deux voix, Golshifteh Farahani et Aïssa Maïga ont lu en Persan et en Français la lettre adressée au Festival de Berlin par Jafar Panahi.
"Je souhaite que mes confrères des quatre coins du monde réalisent de grands films de sorte que, lorsque je sortirai de prison, je sois inspiré pour continuer à vivre dans le monde qu'ils ont rêvé dans leurs films", a écrit Jafar Panahi. "Je me soumets à la réalité de la captivité et des geôliers. Je chercherai la manifestation de mes rêves dans vos films. J'espère y retrouver ce dont on m'a dépossédé".

Dans le public on pouvait croiser Léa Drucker, Laurent Tuel, Solveig Anspach, Bertrand Bonello, Alain Riou, Claire Simon... L'initiative a été soutenue par de nombreuses personnalités comme Mathieu Amalric, Renato Berta, Annie Ernaux, Romain Goupil, Cédric Kahn, Nicolas Klotz,Tonie Marshall, Chiara Mastroianni, Annie Maurette, Bulle Ogier, Nicolas Philibert, Michelange Quay, Agnes Varda, ...

Le 11 février, "journée de soutien", avait été choisi comme date symbolique et historique pour l'Iran, puisqu'il correspond au 32è anniversaire de la Révolution.

Berlin

Le Festival de Berlin a décidé de suivre cet appel du 11 février en organisant une journée pour Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov (voir aussi actualité du 20 janvier). Comme à Cannes ou à Venise, Berlin lui a rendu hommage en laissant une chaise vide parmi celles des jurés, prenant clairement position "en faveur de la liberté de l'artiste". La Berlinale avait programmé vendredi une "journée spéciale Jafar Panahi" en projetant ses oeuvres dans ses différentes sections.

"Nous espérons encore qu'il sera en mesure de venir. Nous n'avons pas abandonné. Sa présence dans un festival international est importante et il est important que nous continuions de penser à lui", a déclaré Isabella Rossellini, présidente du jury. "La liberté d'expression c'est la liberté de l'artiste. C'est ce que la Berlinale a voulu marquer en l'invitant, tout en sachant qu'il était possible qu'il ne puisse pas venir: une position claire et marquée en faveur de la liberté de l'artiste".

"Si on ne faisait plus que des films de propagande payés par les gouvernements, ce serait la mort de l'art", a ajouté l'actrice italo-américaine.

Cannes

Caméra D'Or en 1995 à Cannes pour "Le Ballon blanc", Ours d'Argent à Berlin en 2006 pour "Hors-jeu" et Lion d'Or en 2000 à Venise pour "Le Cercle", Jafar Panahi, 50 ans, honoré par tous les grands festivals de cinéma du monde, recevra aussi le Carosse d'or 2011 au prochain Festival de Cannes. La Société des réalisateurs de films qui, chaque année depuis 2002, remet le Carrosse d’Or à l’un des leurs pour « les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production », a décidé d'être « attentive à toute atteinte à la liberté d’expression et de création ». Aussi la SRF affirme soutenir le cinéaste «et tout le peuple iranien dans leur combat pour la démocratie » et vouloir « honorer tous les cinéastes iraniens qui, en exil ou dans leur pays, continuent de faire des films ».

Dixième Carosse d'or de l'histoire, il devrait être absent de la cérémonie, prévue le 12 mai à 19h, lors de la soirée d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs.

À moins que la population iranienne ne s'inspire des événements récents qui bousculent le monde arabe.

Reprise : Aladin et la lampe merveilleuse, la version poétique de Jean Image

Posté par Claire Fayau, le 12 février 2011

L'histoire : Depuis son laboratoire dissimulé dans l’oeil du Sphinx, le Magicien d’Afrique complote pour retrouver la lampe merveilleuse qui garantit un pouvoir absolu à quiconque la possède. Le Génie des Ténèbres l’informe que la lampe est cachée dans un pays lointain et que seule une main innocente d’enfant peut s’emparer du trésor. Avec l’aide de son tapis volant, le Magicien voyage jusqu’à une ville remplie de minarets et de jardins merveilleux, où règne un sultan. Il y rencontre Aladin, un garçon pauvre qui vit seul avec sa mère. Se faisant passer pour l’oncle d’Aladin, le Magicien amadoue l’enfant pour servir ses desseins et l’entraîne dans sa quête de la lampe merveilleuse… (in DP)

Mille et une images... : Ce dessin animé de 1969 ressort sur nos écrans tandis que les films d'animation 3D envahissent les salles pour les vacances scolaires. Le contraste est saisissant : Jean Image (le créateur de Jeannot L'intrépide, une sorte de Petit Poucet mais aussi le réalisateur du Baron Munchausen en 1978, sur une musique de Michel Legrand) s'inspire du conte de fées (Les Mille et une nuits) en y ajoutant une touche de poésie toute personnelle. Les dessins sont lumineux, plus proches du culte Le roi et L'oiseau que de l'Aladdin de Disney (pourtant l'un des meilleurs du studio).

Ici , les chansons sont amusantes - plus proches du "Pudding  à l'arsenic" du dessin animé Astérix et Cléopâtre que des chansons d'amour de Disney. Cette rêverie animée devraient plaire aux plus grands par sa finesse, et émerveiller les plus petits. Il mériterait même quelques ateliers cinéma dans les écoles maternelles et primaires.

Ce spectacle enchanteur et fantaisiste, précurseur des créations de Michel Ocelot, est aussi vif que son héros et loufoque que les seconds rôles. Le film n'est as dénué d'énergie mais il reste avant tout un songe fantastique qui inspire une certaine nostalgie du travail artisanal dans l'animation..

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REPRISE LE 9 FÉVRIER 2011, COPIES NEUVES RESTAURÉES

Vesoul 2011 : Rithy Panh et le Cambodge d’aujourd’hui

Posté par kristofy, le 12 février 2011

Le Cambodge est un des deux pays, avec la Corée, qui est à l’honneur du 17ème Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul. On y attendait son réalisateur emblématique, le plus connu à l'étranger, Rithy Panh, qui a une longue histoire avec le Festival, puisqu'il y avait présenté Un soir apèrs la guerre en 1999.

Un réalisateur occupé par son tournage

Mais il n’est pas encore arrivé pour cause de tournage de son nouveau film, Gibier d'élevage, produit par ARTE. Le film est issu de l'Atelier de la Cinéfondation à Cannes. Il a planté sa caméra au Cambodge pour raconter une histoire d'enfants. En 1972, un avion américain bombarde la piste Ho Chi Minh et s'écrase dans les montagnes cambodgiennes. L'unique survivant, un afro-américain, est capturé par les enfants d'un village isolé. Ils le cachent aux yeux des adultes et jouent avec cet homme comme ils le feraient avec un animal domestique jusqu'au jour ou des maquisards Khmers rouges découvrent leur secret... Il s'agit d'une parabole sur l'asservissement du peuple cambodgien par les Khmers rouges. Rithy Panh, dans sa note d'intention évoque une rencontre entre deux mondes : celui des enfants endoctrines par les Khmers rouges et celui d'un pilote noir tombe du ciel. Aux yeux des enfants, par sa nationalité, sa race, sa langue, il n'est pas qu'un ennemi, mais aussi une bête. Gibier d'élevage devrait être prêt pour le prochain Festival de Cannes.

Si Rithy Panh est le plus connu des cinéastes cambodgiens, il n'est cependant pas le seul réalisateur venu de ce petit pays coincé entre le Vietnam, le Laos et la Thaïlande.

Il faut savoir que la plupart des 400 films cambodgiens réalisés entre 1960 et 1975 sont perdus ; le cinéma est quelque chose qui a d’ailleurs presque disparu aujourd’hui : seuls une dizaine de films ont été produits en 2010, ils sont tournés en quelques jours avec du matériel vidéo. Il n’existe plus de lieux de projections au Cambodge (les écrans de cinéma se comptent sur les doigts de la main), et faute de lieu de diffusion, le 7e art est moribond; si quelques films sont piratés sur CD, les noms de Hitchcock, Truffaut ou Spielberg y sont complètement inconnus. A l'inverse, pour la plupart des touristes occidentaux qui visitent le Cambodge, le pays se résume souvent au temple d'Angkor. Le travail de Rithy Panh est de nous ouvrir les yeux sur les conséquences d'un carnage sur une civilisation.

Un pays de survivants

Le Cambodge porte toujours le poids de sa tragique histoire : entre 1975 et 1979 les Khmères rouges causeront un génocide où un quart de la population (près de 2 millions de personnes) trouva la mort. Les divertissement sont bannis (sauf quelques œuvres de propagande), et Rithy Panh est justement l’artisan majeur de la réappropriation de la mémoire détruite par ce régime tyrannique. Vesoul programme 7 films du réalisateur (et une dizaine d’autres réalisés dans les années 60, dont deux inédits, par Norodom Sihanouk, le seul cinéaste qui est aussi roi d’un pays). Parmi ces films :

S21, la machine de mort Khmère rouge, documentaire  qui revient dans l'enfer du camp S21, lieu où ont été déportés, torturés et tués plus de 17 000 personnes. Rithy Pan revient sur ces lieux avec un survivant qui se confronte à d’anciens bourreaux : les geôliers décrivent leur ‘travail’ de ‘destruction’ de prisonniers après les avoir forcé à avouer des complots invraisemblables de trahison. Avec une devise comme ‘mieux vaut arrêter par erreur que laisser l’ennemi nous ronger de l’intérieur’ les Khmères rouges obtenaient de chaque victime une cinquantaine de noms d’autres personnes à arrêter, l’endoctrinement était tel que des enfants ont dénoncé des parents… Les pratiques du camp S21 sont restées impunies faute de procès qui n’a jamais eu lieu.

Les artistes du théâtre brûlé (photo) : Le film s’intéresse aux conséquences du génocide, en particulier d’éradication d’une histoire culturelle avec une absence d’infrastructure. Il y a toujours des artistes mais aucune salle de spectacle, d’autant plus que la télévision est maintenant partout. Dans un théâtre en ruine des comédiens répète une scène sans espoir, trouver de l’argent pour se nourrir au jour le jour est un vrai problème.

Le papier ne peut pas envelopper la braise : Les témoignages déchirants des condition de (sur)vie de prostituées. Vendre son corps est le seul moyen pour certaines femmes pour se nourrir, et aider une partie de sa famille. Elles subissent les pires violences (des clients et des souteneurs), doivent faire face à des grossesses (avortements et naissances), sont victimes de maladies (dont le sida sans même le savoir) et de la drogue… La prostitution est à la fois assumée ("qui fait le bien reçoit le bien, qui fait le mal reçoit de l’argent") et insupportable, comme si cet échappatoire faisait reculer une absence d’avenir.

À travers chacun de ses films Rithy Pan s’intéresse aux différentes facettes du Cambodge en explorant la négation d’humanité par de multiples témoignages.

Une institution singulière : Bophana

En parallèle des films de Rithy Pan, Vesoul présente aussi une sélection de films issus du programme Bophana, qui coproduit le nouveau film du cinéaste. Le centre Bophana est une institution  initiée par Rithy Pan qui a pour objectif  de réunir toutes les archives audiovisuelles du Cambodge afin de sauvegarder (photo) et restaurer une partie du patrimoine culturel du pays. Il est charge aussi d'une éducation audiovisuelle, notamment avec des ateliers pour initier l’émergence de nouvelles œuvres, des diffusions de films...

En étant programmés à Vesoul, c'est la première fois que quatre de ses films sont vus à l'extérieur du pays.

A Blurred way of life de Soa Sopheark montre une jeune fille qui ne peut poursuivre des études car elle doit vendre des journaux pour rapporter un peu d’argent à ses petits frères et sœurs et sa mère malade du sida ; A pedal man de Yos Katank s’attache au quotidien d’un vieux chauffeur de cyclo (vélo-taxi) qui ne peut plus parcourir de longue distance : il gagne une misère et ça ne fera qu'empirer ; My yesterday night de Chan Lida montre le travail précaire d’une femme qui devient chanteuse dans des bars ; I can be who I am de Chhoun Sarin s’intéresse au ‘ladieboy’, ces garçons qui se sentent filles et qui se travestissent, avec la difficulté d’être compris ou non par leur famille et les insultes des autres, …

Ces différents films du programme Bophana reflètent la société actuelle du Cambodge avec une approche documentariste, ce sont en même temps les débuts de jeunes talents prometteurs, qui croient au témoignage par l'image, observent ce pays, certes cicatrisant toujours ses plaies ouvertes, mais poussé par l'énergie de sa mutation.

MK2 rempile avec Assayas et Kiarostami

Posté par vincy, le 12 février 2011

À Berlin, MK2 a confirmé son goût pour la fidélité, et des histoires de jeunesse.

Olivier Assayas, dont MK2 avait distribué ses deux plus importants succès à l'étranger (Carlos et L'heure d'été), commencera le tournage de son film, Après mai, après Cannes. Logique. Le film tourne autour de la jeunesse post-mai68, à travers le regard d'un jeune homme de 17 ans. le film se tournera en Europe et se veut une oeuvre sur l'engagement et un portrait de la jeunesse européenne du début des années 70. Le péril jeune n'est pas loin.

La société continue aussi sa longue histoire avec Abbas Kiarostami, qui tournera The End au Japon. Le réalisateur de Copie conforme a choisi la star nationale Aoi Miyazaki (Eurêka) pour continuer sa nouvelle thématique : comment varient les liaisons amoureuses selon les continents. La jeune étudiante japonais vend son corps pour financer et ses études et tombe dans le piège d'un triangle amoureux, avec son fiancé et un client.

Le premier film est budgété 5,5 millions d'euros et le second 3,5 millions d'euros. Après mai doit être prêt pour Venise 2012 tandis que The End ciblera Cannes 2012.

Jamel Debbouze, Jude Law, Rachel Weisz et Anthony Hopkins dans le nouveau Meirelles

Posté par vincy, le 11 février 2011

Trois ans après l'ouverture du Festival de Cannes avec Blindness, 9 ans après sa révélation, hors-compétition, sur la Croisette avec La cité de Dieu, Fernando Meirelles revient avec un film cosmopolite, 360.

Le film observera les conséquences de relations amoureuses et sexuelles entre des personnages ayant des profils sociaux différents.

Il retrouvera son actrice de The Constant Gardener (2005), Rachel Weisz, qui donnera la réplique Jude Law, Anthony Hopkins, Ben Foster et ... Jamel Debbouze. Le comédien actuellement sur la scène du Casino de Paris pour son nouveau One-Man Show, a déjà tourné en anglais chez Spike Lee en 2004, et s'apprête à le faire dans Belleville Cop, de Rachid Bouchareb, face à Queen Latifah (voir actualité du 8 février).

360, au budget relativement modeste de 11 millions de $, a été scénarisé par Peter Morgan, à qui l'on doit le récent film de Clint Eastwood, Au-delà, mais aussi Frost/Nixon l'heure de vérité, Deux soeurs pour un roi, The Queen et Le dernier roi d'Ecosse. Le script est riré de la pièce La Ronde de l'Autrichien Arthur Schnitzler parue en 1900. La pièce a été de nombreuses fois adaptées, par Max Ophüls notamment, mais aussi Roger Vadim, ou encore Alan Rudoph, ...

Le tournage débute en mars et la sortie aura lieu en 2012.