Oscars 2016: Spotlight, DiCaprio et Mad Max sacrés par Hollywood

Posté par vincy, le 29 février 2016

Toutes les nominations et le live en direct sur notre compte twitter.

Palmarès très équilibré cette année aux Oscars, avec trois gagnants très différents. Spotlight a remporté le titre de meilleur film, amplement mérité, dans une course très ouverte. Avec deux Oscars, le film a su déjouer les pronostics et démontre une fois de plus qu'on peut faire un cinéma populaire et intelligent, même si le box office n'est pas phénoménal.  Et finalement quoi de mieux pour cette 88e cérémonie très très engagée politiquement, et menée brillament par Chris Rock que de couronner un film lui-même très politique?!

Mad Max Fury Road a triomphé par le nombre et fait une importante razzia dans les catégories techniques avec six Oscars. Le festival de Cannes, qui l'avait présenté en avant-première mondiale, a aussi pu compter sur trois autres prix prestigieux: Le fils de Saul (film en langue étrangère), Vice-Versa (animation) qui fait gagner un 8e Oscar à Pixar et un 10e au groupe Disney dans cette catégorie et Amy comme meilleur documentaire. Pour Le Fils de Saul, c'était la 9e fois que la Hongrie était nommée dans cette catégorie. Le cinéma hongrois n'avait remporté l'Oscar qu'une seule fois, en 1981, avec Mephisto de István Szabó.

Les Oscars ont pour l'instant récompensé de nombreux professionnels non américains, de la danoise Alicia Vikander aux britannique Mark Rylance et Sam Smith (qui fait une fois de plus gagner l'Oscar de la meilleure chanson à James Bond). Sans oublier la pakistanaise Sharmeen Obaid-Chinoy, le chilien Gabriel Osorio Vargas (c'est seulement le 2e Oscar pour ce pays) et bien sur le mexicain Emmanuel Lubezki qui rentre dans l'histoire avec un troisième Oscar consécutif dans sa catégorie (directeur de la photographie) après ceux de Gravity et Birdman. Pour l'italien et la légende de la musique de film Ennio Morricone, la sixième nomination aura été la bonne (même s'il avait déjà reçu un Oscar d'honneur en 2007).

Evidemment on retient surtout le deuxième Oscar consécutif du réalisateur mexicain Alejandro G. Innaritu, un an après Birdman. C'est le troisième cinéaste à réussir cet exploit après Joseph L. Mankiewicz (1948-1949) et John Ford (1940-1941). Il offre surtout l'Oscar tant attendu pour l'un des plus acteurs de ces 20 dernières années: Leonardo DiCaprio. Il l'a enfin eu. C'était le couronnement attendu autant pour la cérémonie que pour la star. Avec trois Oscars "historiques", The Revenant n'aura pas tout perdu.

Film: Spotlight de Tom McCarthy
Réalisateur: Alejandro G. Inarritu (The Revenant)
Acteur: Leonardo DiCaprio ( The Revenant)
Actrice: Brie Larson (Room)
Second-rôle masculin: Mark Rylance (Le Pont des Espions)
Second-rôle féminin: Alicia Vikander (The Danish Girl)
Film d'animation (long métrage): Vice-Versa (Inside Out)
Film documentaire (long métrage): Amy d'Asif Kapadia & James Gay-Rees
Film en langue étrangère: Le fils de Saul de Laszlo Nemes
Court métrage: Stutterer de Benjamin Cleary
Film d'animation (court): Bear Story de Gabriel Osorio Vargas (Chili)
Film documentaire (court): A Girl in the River: The Price of Forgiveness de Sharmeen Obaid-Chinoy
Scénario original: Tom McCarthy & Josh Singer (Spotlight)
Scénario (adaptation): Adam McKay & Charles Randolph, d'après sur le livre The Big Short: Inside the Doomsday Machine de Michael Lewis (The Big Short)
Musique: Ennio Morricone (Les 8 Salopards)
Chanson: Writing's On The Wall (007 Spectre) de Sam Smith et James Napier
Image: Emmanuel Lubezki (The Revenant)
Montage: Margaret Sixel (Mad Max: Fury Road)
Décors: Colin Gibson & Lisa Thompson (Mad Max: Fury Road)
Costumes: Jenny Beavan (Mad Max: Fury Road)
Maquillages et coiffures: Lesley Vanderwalt, Elka Wardega & Damian Martin (Mad Max: Fury Road)
Montage son: Mark Mangini & David White (Mad Max: Fury Road)
Mixage son: Chris Jenkins, Gregg Rudloff & Ben Osmo (Mad Max: Fury Road)
Effets visuels: Andrew Whitehurst, Paul Norris, Mark Ardington & Sara Bennett (Ex Machina)

Spotlight grand vainqueur des Independent Spirit Awards 2016

Posté par vincy, le 28 février 2016

Si les Oscars sont assez ouverts et pourraient décevoir la Warner, il est certain que le studio se consolera avec cette razzia de prix pour Spotlight aux Independent Spirit Awards. Le film de Tom McCarthy décryptant l'enquête journalistique sur le scandales de prêtres et curés pédophiles de Boston a raflé les principaux prix: film, réalisateur, scénario, montage et le prix Robert Altman qui récompense à la fois des directeurs de castings et l'ensemble des acteurs.

Pour le reste, seuls deux films ont reçu deux prix chacun: Beasts of No Nation avec les deux récompenses pour l'interprétation masculine et Room avec le prix de la meilleure actrice et celui du premier scénario.

Carol, l'un des favoris, a quand même récupéré le prix de la meilleure image. Et surtout Tangerine avec un prix du meilleur second-rôle féminin, a fait l'histoire: Mya Taylor est la première actrice transgenre à être distinguée dans un grand prix américain.

Le palmarès complet:
Meilleur film: Spotlight
Meilleur réalisateur: Tom McCarthy, Spotlight
Meilleur scénario: Tom McCarthy & Josh Singer, Spotlight
Meilleur premier film: The Diary of a Teenage Girl
Meilleur premier scénario: Emma Donoghue, Room (d'après son roman)
Meilleur acteur: Abraham Attah, Beasts of No Nation
Meilleure actrice: Brie Larson, Room
Meilleur second-rôle masculin: Idris Elba, Beasts of No Nation
Meilleur second-rôle féminin: Mya Taylor, Tangerine
Meilleur documentaire: The Look of Silence
Meilleur film international: Le fils de Saul
Meilleure image: Carol
Meilleur montage: Spotlight
Prix John Cassavetes (film à moins de 500000$): Krisha
Prix Robert Altman (casting): Spotlight

César 2016: Le top chic et le top moche

Posté par cynthia, le 27 février 2016

michel fau louane juliette binoche michael douglas

Comme tous les ans, les César réunissent tout le gratin du cinéma français en une soirée. Qui dit gratin, dit tenu vestimentaire au prix de mon salaire annuel (non je ne demande pas une augmentation afin de fouler le tapis rouge de la cérémonie l'année prochaine en robe Dior).

Qui cette année nous a fait rêver ou pas? Voici le top chic et moche de la 41ème cérémonie des César.

Le top Chic:

5) Mélanie Laurent, la petite princesse aux yeux de braise
La belle est venue vêtue d'une robe Armani entièrement noire et fendue sur la jambe. On a adoré! L'actrice, à la réputation narcissique, aurait très bien pu se la raconter hier soir tant elle était jolie à souhait. D'autant plus qu'elle n'est pas repartie les mains vides, puisqu'elle a emporté  le César du meilleur film documentaire. Dédicace à toutes les bitches anti-Mel!
4) Juliette Binoche, le rayon de soleil de la cérémonie
En robe longue blanche et zébrée de doré Roberto Cavalli, la magnifique Juliette Binoche (qu'on ne présente plus) a illuminé la cérémonie. Dommage, il a fallu attendre la fin de la cérémonie pour l'apercevoir... Elle remettait le César du meilleur film. On aurait bien voulu l'avoir devant les yeux pendant trois heures en siène blanche et élégante.
3) Michael Douglas, la classe à l'américaine
D'accord, il a l'âge d'être notre père (et même grand-père pour certain), cependant Michael, gentleman, dégage toujours autant de sex-appeal en costume tiré à quatre épingles. Même Florence Foresti (maîtresse de cérémonie) n'en pouvait plus: "oh j'ai envie de vous étrangler et de vous faire l'amour en même temps"!
2) Soria Zeroual, la magnifique femme traditionnelle qui a dû en faire hurler certains

L'actrice vedette du film Fatima, qui a emporté le César du meilleur film, est arrivée en tenue traditionnelle algérienne et voilée. Brillante de mille feux tel un conte des mille et une nuit, Soria a montré que la beauté pouvait être dans toutes les origines et que notre pays est plus ouvert d'esprit que certains pourraient croire.
1) Raphael Personnaz ou l'homme qui pourrait faire ce qu'il veut de notre corps
Et tel un orgasme que l'on attendait plus, l'acteur Raphael Personnaz est arrivé afin de remettre le César du meilleur second rôle féminin. On peut le dire, il nous a bien réveillés (on s’assoupissait un peu à ce moment là, il faut l'avouer). En costume/cravate, Raphael dégageait plus d'aphrodisiaque qu'un kilo de viagra. Dans notre for intérieur on ne désirait qu'une chose: qu'il nous attache et qu'il joue à Cinquante nuances de cuir avec nous!

Le top Moche:

5) Lou Roy-Collinet en champs de pâquerette
L'actrice nommée aux César est arrivée avec une robe de petite fifille. Candy n'avait qu'à bien se tenir! Bon, elle est jeune me direz-vous... pourtant lorsque l'on regarde les tenues de l'actrice Emma Watson à son âge, le level était déjà bien plus haut. Prends exemple Lou, d'autant que tu es belle comme une Bardot!
4) Diane Rouxel presque seins nus
Samedi soir: vous sortez avec les copines à la chasse à un Jules. Génial votre meilleure copine S connaît un restaurant où le serveur est plutôt sexy. Du coup vous sortez le grand jeu, costard féminin et talons hauts. Mais voilà au moment de partir vous tâchez votre chemise avec une crème au chocolat (oui, vous êtes une grosse gourmande!). Malédiction votre copine vous attend en bas... tant pis vous en filer la veste par-dessus vos seins nus et c'est parti!!!!!
Voilà ce qui a dû arriver à Diane Rouxel en cette 41ème cérémonie des César. Sauf si elle avait prévu un strip-tease au Fouquet's en after?
3) Michel Fau et la peau du raton laveur
Le meilleur allié face au froid c'est le manteau. Le génial et fantasque Michel sait de quoi on parle puisqu'il est carrément parti à la chasse au raton laveur afin de confectionner son manteau pour les César!
Tayooooooooo!!!! Pour la classe on repassera! Et sinon on a d'excellent shampoings bio à lui conseiller...
2) Audrey Lamy au saut du lit
Vendredi soir: vous vous envoyez en l'air tendrement avec votre Jules (le Jules que vous avez réussi à pécho dans le restaurant avec votre costume boobs à l'air libre) lorsque votre téléphone sonne...
"C, c'est moi je suis en bas!" Oh le merdier!! Vous avez oublié votre soirée country avec votre best... pas le temps de prendre une douche... pas le temps de vous habiller...tant pis! Vous jetez votre Jules du lit, arracher les draps et et vous vous enroulez dedans!
Parfait... prête à aller danser à la mode d'Audrey Lamy (qui quand même a su chanter un hymne inspiré aux ingénieurs du son) aux César 2016 ;)
1) Louane en robe licorne/oiseaux et talons trop hauts
Lorsque Louane est arrivée sur scène, nous avons d'abord rigolé grâce à sa sublime démarche! Ma chériiiiiiie lorsque l'on ne sait pas marcher avec des talons, on porte des baskets!!! Tu avais la démarche de la Linéa (pour ceux qui ne connaissent pas, lien: ici)! Ta robe quant à elle, nous a filé la nausée au point que l'on a repeint notre sol! La robe licorne/oiseaux....d'accord, j'adore les licornes (surtout celle de Vanessa Paradis) mais une robe pareille voyons...tu voulais nous faire faire un AVC c'est ça? Pour couronner le tout tu t'es mise à chercher le micro qui était devant toi (BLOOOOOOOONDE) et à parler d'une manière lente et chiante!!!

César 2016 : Une Foresti party faite de Louboutin et d’autres surprises !

Posté par wyzman, le 27 février 2016

Une chose est sûre, la 41ème cérémonie des César qui avait lieu hier soir au Théâtre du Châtelet (Paris) ne nous a pas laissé de marbre. Plus encore et parce qu'elle était présentée par une Florence Foresti survoltée (mais drôle), nous avons passé un très bon moment. Les sacres de Fatima (meilleur film), Mustang (meilleur premier film), Catherine Frot (meilleure actrice) et Vincent Lindon (meilleur acteur) nous ont émus mais il n'y avait pas que ça. Oh non ! Nous aurions même tendance à dire que le meilleur se trouvait ailleurs que dans le palmarès !

On commencera donc par le commencement : Florence Foresti. Introduction géniale, références à Nikita, Itinéraire d'un enfant gâté et Black Swan. Entrée théâtrale et presque fracassante, petit clin d'œil aux #OscarsSoWhite et vannes sur les clichés. Oui, celle qui a déjà été faite Chevalier des Arts et des Lettres a tout compris de l'esprit Canal et sait comment dynamiter une cérémonie peu attirante. Pour cause, elle a passé la soirée à envoyer des piques à tout le monde. On pense notamment à son "Dheepan ? Encore une bonne comédie hein !" envoyé à Jacques Audiard ou le fameux "Vincent Lindon ? C'est un peu notre Leonardo DiCaprio… Toujours nommé, jamais césarisé !" Jusqu'à hier soir. Sans trop forcer sur ses personnages, l'humoriste a prouvé, seule ou "bloquée" avec Vanessa Paradis et sa licorne, qu'elle pouvait faire rire. Vraiment rire !

Mais elle n'a pas été la seule à plaire à l'audience. Après l'énorme buzz suscité l'an dernier par le "En attendant, moi je ne me fais pas bronzer la bite dans des films de pédés" de Zabou Breitman à Pierre Deladonchamps, les deux comparses ont remis le couvert pour le bonheur de tous. "Il y a des gens biens ce soir…" commence l'acteur révélé dans L'Inconnu du lac. Ce à quoi l'actrice vue dans Nous trois ou rien répond : "Oui, et des pourritures humaines qui vendraient leur mère pour des Louboutin !" Voilà qui est dit. A quand une comédie en commun ?

Quant au reste de la soirée, il aura été marqué par le discours fadasse et récité de Louane Emera, la mine blafarde de Nicolas Duvauchelle et les tendres remerciements de Rod Paradot (meilleur espoir masculin pour La Tête haute). Ses gouttes de sueur et son "Je dois remercier ma mère… C'est elle qui tous les jours croit en moi !" ont attendri l'assistance, les téléspectateurs et Twitter. Nouvel instance de contrôle, le réseau social n'a pas manqué de noter la longueur globale de la cérémonie, le discours en très bon français de Michael Douglas (César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière) et de s'impatienter face au sketch à rallonge de Jonathan Cohen... C'est dommage, jusque-là on tenait le bon bout ! Surtout que Foresti était inspirée quand elle a dénoncé la cabale contre Loubna Abidar en infantilisant ceux qui ne font pas la distinction entre fiction et réalité...

En terminant comme convenu à 00:00, Florence Foresti a tenu son pari. Une très bonne chose. Plus vivante et audacieuse que les éditions passées, cette 41ème cérémonie aura été l'occasion de rendre hommage à toutes les personnalités disparues récemment (et elles sont nombreuses) ainsi que de porter un regard sur l'avenir. Claude Lelouch l'assure : "Préparez vos caméras, il y aura de très belles choses à filmer" en 2016. Mais ce n'est pas fini ! Comme les votants ont consacré les femmes, c'est sans surprise que Christine & the Queens s'en est allé d'une reprise de "It's Only Mystery", la bande originale de Subway, le second film de Luc Besson. Vous l'aurez compris, les César 2016 étaient la meilleure cérémonie depuis bien longtemps !

D'ailleurs l'audience était en hausse par rapport à l'année dernière. FF a séduit 100 000 téléspectateurs de plus malgré une vive concurrence de Koh-Lanta et du Rugby.

Pour découvrir le palmarès complet, c'est par ici.

Les César 2016 sacrent Fatima, Mustang, Catherine Frot et Vincent Lindon

Posté par redaction, le 26 février 2016

Toute la cérémonie sur notre compte twitter. Et le rappel de toutes les nominations.

Fatima, déjà couronné par le Prix Louis-Delluc, est reparti avec trois César dont celui du meilleur film. En nombre de récompenses, il est devancé par Mustang, quatre fois distingué, dont le prix du meilleur prix film. Deux histoires de femmes entre occident et orient, deux films issus de métissage franco-méditerranéen.

On s'étonnera toujours de certains choix, à commencer par Birdman et Le Petit Prince. On sera peut-être déçu que Trois souvenirs de ma jeunesse n'ait pas eu autre chose que le César du meilleur réalisateur pour Arnaud Desplechin, qui était pour la quatrième fois nominé. Ce fut la bonne. Idem pour Vincent Lindon, qui après cinq nominations infructueuses, empoche un César amplement mérité depuis des années, et fait le doublé royal avec son prix d'interprétation à Cannes. Si Michel Fau a étonnament perdu dans la catégorie second-rôle masculin, Catherine Frot a sauvé l'honneur de Marguerite, quatre fois césarisé tout de même, en décrochant son premier César de la meilleure actrice, vingt ans après celui du meilleur second-rôle, trente ans après sa première nomination.

Enfin, avec de nombreux lauréats nés hors de France, le cinéma Français, à l'occasion d'une soirée pleine d'autodérision, emmenée par une Florence Foresti plutôt inspirée, a montré qu'il était ouvert au monde. Michael Douglas, César d'honneur, a très bien su trouver les mots pour rappeler à quel point la culture française était importante. Le tout dans un discours entièrement en français.

Meilleur film : Fatima de Philippe Faucon
Meilleur réalisateur: Arnaud Desplechin (Trois souvenirs de ma jeunesse)

Meilleur film d'animation: Le Petit Prince de Mark Osborne
Meilleur premier film: Mustang de Deniz Gamze Egüven
Meilleur documentaire: Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent
Meilleur film étranger: Birdman d'Alejandro G. Inarritu (USA-Mexique)
Meilleur court métrage: La contre-allée de Cécile Ducrocq
Meilleur film d'animation (court métrage): Le repas dominical de Céline Devaux

Meilleure actrice: Catherine Frot (Marguerite)
Meilleur acteur: Vincent Lindon (La loi du marché)
Meilleur second rôle féminin: Sidse Babett Knudsen (L'Hermine)
Meilleur second rôle masculin: Benoît Magimel (La tête haute)
Meilleur espoir féminin: Zita Hanrot (Fatima)
Meilleur espoir masculin: Rod Paradot (La tête haute)

Meilleur scénario original: Deniz Gamze Ergüven, Alice Winocour (Mustang)
Meilleur scénario adapté: Philippe Faucon, d'après Prière à la lune de Fatima Elayoubi (Fatima)
Meilleure image: Christophe Offenstein (Valley of Love)
Meilleur montage: Mathilde Van de Moortel (Mustang)
Meilleur son: François Musy, Gabriel Hafner (Marguerite)
Meilleurs décors: Martin Kurel (Marguerite)
Meilleurs costumes: Pierre-Jean Larroque (Marguerite)
Meilleure musique originale: Warren Ellis (Mustang)

La Loi du marché, film le mieux amorti en salles en 2015

Posté par vincy, le 26 février 2016

Le Film Français a publié la semaine dernière son classement des films français les plus rentables, soit le ratio entre le nombre d'entrées et le devis budgétaire des films. Seulement 5 films ont complètement couverts leur budgets: La loi du marché, Demain, Mustang, Much Loved et Babysitting 2. Hormis ce dernier, tous sont nommés aux Césars. Demain est un documentaire. La loi du marché, Mustang et Much Loved était présentés à Cannes. Much Loved a même la particularité d'avoir coûté moins de 700 000 euros. A l'inverse, malgré son budget frôlant les 10 millions d'euros, Babysitting 2 réussi à se faire une place au soleil, surclassant ainsi Connasse princesse des coeurs, Les nouvelles aventures d'Aladin, Papa ou maman, Les profs 2 et Les souvenirs, qui complètent le Top 10.

Notons que deux autres documentaires sont dans le Top 30 (La vie des gens, Le caravage). En revanche, le premier film d'animation est Pourquoi j'ai pas mangé mon père, seulement 50e (mais aussi l'un des plus gros budgets de l'année). Le classement ne prend pas en compte les recettes à l'export (qui changerait considérablement le tableau avec des films comme Taken 3 et Le petit prince).

Ils sont huit nommés au César du meilleur film cette année, et ils n'ont pas connu le même sort au box office.

Côté rentabilité, avec trois films à petits budget qui triomphent en salles, et cinq films du milieu dont seulement deux ont réussi à séduire un public assez large, les inégalités se creusent. A noter que La loi du marché et Mustang sont respectivement 1er et 3e au classement général des films français les plus rentables de l'année.

Omar Sy, acteur français le mieux payé du cinéma français

Posté par vincy, le 26 février 2016

Deux ans après la polémique sur les salaires disproportionnés des comédiens français, les cachets et rémunérations annexes se sont stabilisés. Depuis un an, les aides publiques sont liées à la proportion de ses salaires de "stars" dans le budget (voir le barème retenu par le CNC). Résultat, les cachets sont moins monstrueux mais les bonus se multiplient en cas de succès. Et nombreux sont ceux qui entrent en coproduction. Sans oublier ceux qui multiplient les casquettes: scénario, réalisation, ...

Le Parisien, après avoir interrogé les agents artistiques, a dressé un Top 15 "à la louche" des acteurs et actrices ayant touché le gros lot ces douze derniers mois. "L'époque où les stars du stand-up comme Gad Elmaleh ou Franck Dubosc exigeaient 1 M€ pour des comédies au scénario indigent est bien finie" parait-il. Comme on le sait depuis de nombreuses années les Depardieu, Deneuve, Marceau, Baye peuvent être à l'affiche pour des cachets assez "modestes", surtout si le film n'est pas une grosse production. Dujardin, Boon et Merad s'adaptent aussi aux budgets de films qu'ils veulent absolument faire (respectivement Un + Une, Lolo et Bis).

Au total, une quarantaine de comédiens et comédiennes peuvent réclamer plus de 500 000 euros. On notera dans ce top 15 qu'on ne trouve que deux femmes, deux acteurs issus de la diversité, un rescapé du Splendid, et au total trois ayant commencé leur carrière avant 1980),un sociétaire de la comédie française, neuf qui se sont fait connaître en tant que "comiques", cinq qui ont tourné avec un cinéaste américain.

  1. Omar Sy - 1,8M€ (2,2 millions d'entrées en moyenne)
  2. Dany Boon - 1,5M€ minimum (2,9 millions)
  3. Kev Adams - 1,5M€ (2,3 millions)
  4. Jean Dujardin - entre 1 et 1,5M€ (1,5 million)
  5. Fabrice Luchini - 1M€ (860 000)
  6. Franck Dubosc - 1M€ (1,4 million)
  7. Jamel Debbouze - 1M€ (2,6 millions)
  8. Sandrine Kiberlain - entre 800K et 1M€ (670 000)
  9. Catherine Frot - entre 700K et 1M€ (845 000)
  10. Kad Merad - 800K€ (1,6 million)
  11. Christian Clavier - 800K€ (2,2 millions)
  12. Vincent Cassel - 600K€ (875 000)
  13. José Garcia - 600K€ (1,2 million)
  14. Gérard Depardieu - 500K€ (1,4 million)
  15. Laurent Lafitte - 500K€ (1 million)

Quand Hollywood s’insurge… contre Hollywood !

Posté par wyzman, le 26 février 2016

Dans un article du New York Times publié mercredi, les acteurs, producteurs, scénaristes et réalisateurs issus de la diversité et qui font la fierté de Hollywood évoquent leurs conditions de travail. Des souvenirs de jeunesse aux plateaux de tournage en passant par les défis à relever, tout y passe. Et contrairement à ce que l'on pensait ou espérait jusque-là, Hollywood est loin d'être le royaume de la diversité et des bisounours. Après la polémique des #OscarsSoWhite et le rapport de l'école de journalisme et de communication d'Annenberg qui indique que seuls 2% des personnages de grosses productions sont ouvertement LGBT, le royaume californien encaisse un nouveau coup dur.

En effet, dans ledit article du New York Times, Sam Esmail le créateur de Mr. Robot affirme : "En grandissant, je pensais que l'homme blanc était la norme, que c'était le personnage de base de chaque histoire." Ken Jeong, la star de Very Bad Trip enchaîne : "Un prof de théâtre de UCLA m'avait donné de bonnes notes après une performance et m'avait dit : 'T'es un bon acteur, c'est pourquoi je te le dis, dégage de L.A. Il n'y a pas de futur pour toi ici. Va en Asie !'" Juste après, America Ferrera, l'ancienne star de la série Ugly Betty lance : "Qu'est-ce que vous faites quand quelqu'un vous dit : 'Ta couleur de peau, c'est pas vraiment ce qu'on recherche' ?"

Scénariste de 12 Years a Slave et showrunner de la série American Crime, John Ridley poursuit : "J'étais déterminé à ce que le personnage principal [d'un film] soit une femme noire et je me souviens des producteurs me disant 'Pourquoi doit-elle être noire ?' et moi leur répondre 'Elle ne doit pas l'être : je veux qu'elle soit noire. Pourquoi vous ne l'envisageriez pas ?'" De son côté Mike Colter (vu dans The Good Wife et Jessica Jones) signale : "Je suis généralement le seul noir dans la pièce. […] Je ne vois pas cela de manière négative, parce que si je commence à le faire, j'ai déjà perdu avant même d'avoir commencé."

Si le rapport d'Annenberg pointe le manque de diversité ethnique, genrée et sexuelle dans l'usine à rêves américaine, tout n'est peut-être pas à jeter. A propos de sa nouvelle série Telenovela, Eva Longoria s'amuse : "C'était réconfortant d'entendre l'équipe dire 'Eva, t'es une sacrée Latina. On va bien devoir caster un mâle blanc à un moment donné' !" De son côté, Jussie Smollett qui incarne le fils gay de Lucious et Cookie Lyon dans Empire se souvient : "Dans un restaurant, ce mec plus âgé est venu me voir et m'a dit 'Je ne veux pas vous déranger, je ne veux pas de selfie, je veux juste vous dire que l'intrigue de Jamal m'a vraiment aidé à parler à mon fils de sa sexualité.'"

Alors que les Oscars se tiendront comme prévu au Dolby Theatre de Los Angeles ce dimanche soir, Hollywood tente aujourd'hui et plus que jamais de réparer un système visiblement cassé. Des minorités peu présentes devant et derrière la caméra, des personnalités qui appellent au boycott, un présentateur sous pression… Si cette année devait être celle de la reconquête, c'est franchement raté. Par chance, les Emmy Awards, les Golden Globes, les SAG Awards et les NAACP Image Awards donnent désormais le la et ce n'est pas plus mal. Parce que niveau diversité, s'il faudra certainement se contenter du sacre du réalisateur mexicain Alejandro G. Inarritu dimanche soir, on croise d'ores et déjà les doigts pour 2017.

Edito: Chacun pour soi, Dieu s’en fout

Posté par redaction, le 25 février 2016

Vous imaginez bien que cet édito n'était pas celui qui était prévu. On voulait parler des Ours de Berlin, des César du Châtelet, des Oscars d'Hollywood. Du glam, du gold, du glorious. Il y avait tant à dire. Une Berlinale engagée et activiste. Des César au coeur de polémiques (quoi, certains films français ne sont pas dans le "fameux" coffrets?). Des Oscars accusés de discrimination. Mais bon en attendant le grand soir qui couronnera Leonardo DiCaprio, il y a quelque chose de pourri dans cet hiver. Les décès se succèdent à un rythme effrayant. Dernier tombé pour la Culture, François Dupeyron.

Cinéaste en marge du système, il avait préféré écrire des romans plutôt que d'enchaîner les refus de financement de ses projets cinématographiques. Si ses films portaient toujours une forme d'espérance et de foi en la vie, cette chienne de vie qui nous font des bâtons dans les roues, le réalisateur lui désespérait de voir le monde se fracturer sous ses yeux, les Hommes devenir de plus en plus individualistes. Il en a eu des déceptions. Malgré la reconnaissance (César et grands festivals), François Dupeyron a du contourner un peu le système pour que certains films se fassent et même puissent sortir, à l'instar d'Inguélezi (lire notre entretien avec Marie Payen la comédienne principal du film). Mais après des années de déseouvrement, il avait décidé d'exprimer sa rancoeur sur la place publique au moment de la sortie de Mon âme par toi guérie, en 2013 (lire le texte complet).

"La dernière fois qu’une chaîne publique a mis de l’argent dans un de mes films, c’est en 2003. Ca va faire dix ans qu’on me refuse tout !" Et de tout balancer: le système totalitaire qui dépend de la télévision, cette inculture générale, ce nivellement par le bas, ce formatage global.
"Toutes ces dernières années, j’ai essayé un peu de comprendre, je me suis dit qu’ils avaient peut-être raison, que mes scénarios étaient trop ci, ça. J’ai essayé plusieurs styles, plusieurs genres. Et j’ai compris qu’il n’y a rien à comprendre. J’ai perdu mon temps. Depuis quelques années, la mode est aux fiches de lecture. Je ne sais pas qui lit, des jeunes gens sans doute, pas très bien payés. J’en ai demandé deux, pour deux scénarios, pour voir… Deux fois, j’ai eu droit à « Sujet non traité. » Je n’invente pas, « Sujet non traité ». Etait-ce le même lecteur ? Voilà où on en est. Tu ouvres le coffret des Césars, à part trois ou quatre films, tous les autres se ressemblent. Mais le sujet est traité. Merde, le cinéma, c’est pas ça ! C’est même tout le contraire…" expliquait-il.

Dupeyron ne pensait pas savoir écrire, alors il voulait filmer. "Moi, j’ai découvert la vie avec le cinéma, j’ai découvert les hommes, les femmes" disait-il. "Maintenant, je suis sec, ils ont gagné, mais ils n’auront pas ma peau. (...) Je suis marqué au rouge. « Dupeyron, on aime beaucoup ce qu’il fait, mais pas ça. » C’est le refrain, dès que je l’entends, je crains la suite. Alors, puisqu’on ne veut plus de moi, je me tire. Et personne ne s’en apercevra parce que le monde n’a pas besoin de moi pour tourner, et c’est très bien comme ça."

Nous on aimait bien les films de François Dupeyron, sa manière de capter des personnages qui essayaient de ne pas sombrer, son goût pour les décors et les regards. On se souviendra d'une Deneuve en manteau de fourrure errant la nuit sur une aire d'autoroute comme du visage lumineux et bienveillant de Sabine Azéma au Val de Grâce, du sourire un peu triste de Céline Sallette sous le soleil de la Riviera ou de l'allure charismatique d'Omar Sharif dans les rues de Paris.

Rappelons nous alors la phrase d'Annie Girardot aux César: "Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français, mais le cinéma français m'a manqué. Follement, éperdument, douloureusement." Espérons que les témoignages d'affection seront autant de preuves d'amour posthume. Car, Dupeyron est là, tout à fait mort.

C’est quoi la mort, François Dupeyron? (1950-2016)

Posté par vincy, le 25 février 2016

Il était sensible, engagé, écorché, défenseur des marginaux et des mis-à-l'écart, des êtres abimés et des âmes nobles. François Dupeyron a succombé à sa longue maladie, à l'âge de 65 ans. Dès son premier long métrage, il a laissé son empreinte sur le cinéma français. Drôle d'endroit pour une rencontre. Deneuve, Depardieu, une aire d'autoroute, un duo de légende dans un lieu improbable, nocturne. Pour que le film se fasse, Deneuve est exceptionnellement coproductrice. Dupeyron s'attaque à deux monstres, il a 38 ans, et quatre courts métrages derrière lui, dont La Dragonne, Grand Prix à Clermont-Ferrand, La nuit du hibou et Lamento (tous deux César du meilleur court métrage).

Né le 14 août 1950 dans les Landes, cet écrivain et cinéaste a navigué dans des récits où les individus sont cassés par un accident du destin et tentent de se reconstruire. Après Drôle d'endroit pour une rencontre, et 4 nominations aux César à la clé, il signe Un coeur qui bat (1991), triangle amoureux de mal-aimés, La machine (1994), film un peu raté où il revisite le mythe de Dr Jekyll et Mister Hyde, et C'est quoi la vie? (1999), avec la superbe photo de Tetsuo Nagata, filmé dans les Causses. Ce drame social et romantique est sa première collaboration avec Eric Caravaca (César du meilleur espoir masculin) et lui vaut la Coquille d'or du Festival de San Sebastien.

Il retrouve deux ans plus tard Caravaca pour La Chambre des officiers, fresque sublime et bouleversante sur les gueules cassées de la Grande Guerre. Deux fois césarisé (Tetsuo Nagata pour la photo et André Dussolier pour le second-rôle masculin) sur 8 nominations (dont film et réalisateur), le film fait son avant-première mondiale en compétition à Cannes. Il séduit plus de 700000 spectateurs en France, de loin son plus gros succès.

En 2003, il adapte Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, le dernier grand rôle d'Omar Sharif, en épicier turc et philosophe du 9e arrondissement de Paris. L'acteur recevra le César l'année suivante.

De là, le parcours de Dupeyron sort des sentiers battus et prend des chemins de traverse avec Inguélézi (toujours avec Eric Caravaca), Aide-toi le ciel t'aidera et en 2013, Mon âme par toi guérie, distingué par la critique mais boudé par le public.

En 2009, il reprend la mise en scène de Trésor quand Claude Berri décède. Il a également écrit les scénarios du Fils préféré de Nicole Garcia, d'Un pont entre deux rives de Fred Auburtin et Au plus près du soleil d'Yves Angelo. François Dupeyron a aussi été écrivain avec cinq romans parus entre 2002 et 2010. Ironique de la part de celui qui disait au journal Libération il y a douze ans: "Je suis venu au cinéma, gamin, parce que j'étais nul à l'écrit".

Immigrants clandestins, soldats à la chair meurtrie, femme plaquée, banlieusards oubliés,  fils endeuillé, motard percutant un gamin, François Dupeyron aimait les esprits assombris par la mélancolie ou la tragédie, mais ne rechignait pas à insuffler de la lumière, de l'érotisme ou de la légèreté dans ses histoires. Mais son pessimisme le gagnait souvent, conscient de voir le monde se fracturer devant ses yeux. Il avait fondé l'association militante d'extrême-gauche Cinélutte dans les années 1970. De cet engagement, il a été remercié par un Prix France Culture Cinéma en 2009.

De cet activisme, il avait gardé une rage qui 'est pleinement exprimée lors de la sortie de Mon âme par toi guérie, où, dans son dossier de presse, le cinéaste accusait le cinéma français et son système de financement (lire La colère de François Dupeyron : un « système totalitaire », des « producteurs incultes »). Il en avait souvent souffert. Projets avortés, sorties massacrées. François Dupeyron, malgré son indéniable talent à adapter des romans pour les transformer en oeuvres singulières, a sans aucun doute était l'un des cinéastes français doués qui a été gâché par un cinéma français qui ne le comprenait sans doute pas.